Les interconnexions du système qui régit nos activités économiques et sociales sont très fragiles. Les câbles sous-marins peuvent être détériorés et l'intégrité des données peut être menacée. Edward Snowden a révélé que les États-Unis ont profité de leur centralité dans le réseau pour surveiller et capter des données numériques d'autres pays. D'ailleurs, ce ne sont pas les seuls. De nouvelles routes numériques maritimes, comme le câble qui relie le Portugal au Brésil, sont en train de se créer. Mais l'ensemble est très vulnérable : dix des treize serveurs qui abritent toutes les utilisations d'internet sont détenus aux États-Unis et la totalité de la gestion du réseau est entre les mains d'acteurs privés. À partir du moment où l'on considère qu'il s'agit d'un enjeu stratégique et vital, voire d'un bien commun de l'humanité, quelle gouvernance mondiale peut-on envisager ?
La crise actuelle nous fait redécouvrir la convention de Montreux, issue de la crise des détroits dans les années 1930. Nous voyons bien aujourd'hui l'importance stratégique des détroits de Malacca et de Singapour. Des bases militaires s'implantent. Quelle régulation internationale pour garantir la continuité des connexions du trafic maritime dans ces détroits stratégiques, même en cas de conflit ?