Votre présence, cet après-midi, traduit la volonté de notre mission d'information, volonté partagée par l'ensemble des groupes politiques du Sénat, de mieux comprendre ce phénomène et sa démultiplication dans l'espace « cyber ».
Nous voulions donc avoir votre éclairage, car nos premières auditions l'ont montré, ce sont les enseignants qui sont les premiers à être confrontés à ces violences « en meute » contre un élève. Le harcèlement scolaire est un fléau surtout quand il s'opère dans le monde « cyber » de façon anonyme, hors de l'enceinte physique de l'école, ce qui en décuple les effets dévastateurs. Mais à la base, il débute presque toujours dans un établissement d'éducation.
Nous avons vu que depuis dix ans le ministère avait pris la mesure du phénomène et mené d'importantes opérations de sensibilisation et de lutte contre ce fléau. Mais d'évidence, cela ne semble pas suffisant quand on sait que le harcèlement scolaire touche près de 700 000 élèves.
Vous le savez, la volonté de notre mission d'information, qui est partagée par l'ensemble des groupes politiques du Sénat, est de placer les victimes et leurs proches au centre de notre attention. Au-delà de ces différentes interrogations, nous voulons, à l'issue de nos travaux en septembre, aboutir à des conclusions opérationnelles en nous appuyant sur l'ensemble des parties concernées. Votre regard est donc très important pour bien cerner et définir la notion, apprécier son ampleur et ses manifestations, mais aussi décrire le rôle de l'enseignant face au phénomène et évoquer les difficultés auxquelles il peut être confronté dans les situations de harcèlement.
Pour ne plus tarder, et afin d'entrer dans le coeur de notre sujet, je vous propose donc à tour de rôle de vous présenter et de préciser votre approche du harcèlement scolaire. Permettez-moi de vous poser deux questions pour lancer le débat et qui peuvent servir de fil conducteur à vos interventions successives.
Estimez-vous que les enseignants, et de manière générale les personnels de l'éducation nationale (directeurs d'école, CPE, chefs d'établissements) soient suffisamment formés et armés pour détecter les harcèlements, y compris les cyberharcèlements qui se déroulent en dehors des salles de cours ? Dans les précédentes auditions, il a été souligné la nécessité de détecter les signaux faibles de harcèlement.
Par ailleurs, quelle est la procédure suivie face à un cas de harcèlement scolaire ?
Après vos interventions, je passerai la parole à Colette Mélot, notre rapporteure, pour qu'elle puisse vous poser un certain nombre de questions. Et je donnerai la parole à l'ensemble de nos collègues qui le souhaitent.
Avant de commencer, je propose un rapide tour de table pour permettre à chacun de se présenter.