Intervention de Sylvie Magne

Mission d'information sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement — Réunion du 9 juin 2021 à 16h35
Audition des représentants des syndicats de l'enseignement

Sylvie Magne, infirmière scolaire, membre du bureau national de la FSU :

Je souhaitais revenir sur la question de la relation entre les différents partenaires. Je pense que le traitement des situations de harcèlement fonctionne et il faut qu'il y ait cette notion d'équipe. On ne peut pas faire les choses tout seul, mais il faut savoir respecter les missions de chacun. Il est important de ne jamais être seul face à une situation de harcèlement. Des protocoles sont mis en place, et fonctionnent plutôt bien. Ils prévoient d'intervenir et de ne pas être seul : ni face à la personne victime, ni face aux harceleurs, ni même face aux témoins. Cette notion d'un travail groupé pour aller dans le même sens va du haut de la direction de l'établissement, à tous les personnels. C'est très important. La vigilance est l'affaire de tous. Les relations qui fonctionnent correctement permettent de prendre en charge des situations de façon plus efficace et plus pertinente.

Nous parlions précédemment du besoin de libérer la parole, de mettre des interlocuteurs face aux élèves, qui soient effectivement formés pour la recevoir.

Je voulais revenir aussi sur l'impact à court, moyen et long termes qu'auront les situations de harcèlement, que l'on soit victime ou harceleur. Il est nécessaire de mettre en place avec l'équipe pédagogique - assistantes sociales, infirmières, CPE, enseignants aussi car dans la classe on observe évidemment les choses - une prise en charge des élèves dans la durée. Les élèves qui ont subi des phénomènes de harcèlement sont consommateurs d'infirmeries. Ils ont besoin d'un suivi régulier, d'appui et d'étayage pour passer ces moments difficiles. C'est aussi pour nous l'occasion, durant ces consultations, de faire le lien avec les familles, dont le rôle est important dans ces problématiques.

La prévention est essentielle et les séances d'éducation à la santé doivent effectivement être développées et aborder ces thématiques. Il faut renforcer les compétences psychosociales au niveau du premier degré. Nous savons que plus la prévention est faite tôt, plus elle aura de chances de fonctionner. Au lycée, les actions de prévention s'avèrent déjà plus compliquées. Plus les élèves grandissent, moins ils sont perméables à certains types d'actions de prévention.

Les actions au premier degré pour renforcer les compétences psychosociales, l'estime de soi, la capacité à réagir, sont extrêmement importantes. De même, pour les plus grands, la sensibilisation à la place des réseaux sociaux, aux dangers et à l'utilisation, sont des choses tout à fait nécessaires.

Sur les partenaires extérieurs, vous posiez la question : à qui fait-on appel ? Tout dépend des problématiques locales. Dans certains endroits nous aurons la chance d'avoir une « maison des adolescents » avec laquelle nous pouvons travailler correctement. Seulement, dans d'autres endroits, elle n'est pas tout près, les jeunes n'y ont pas forcément un accès facilité, et les liaisons avec les professionnels sont, dans ce cas, compliquées à établir. Cela dépend vraiment du « tissu » existant à l'endroit où l'on se trouve, et il y a de gros progrès à faire là-dessus.

Trop de jeunes ne peuvent pas accéder aux nombreuses structures existantes. Nous sommes ainsi obligés de travailler localement avec plusieurs partenaires, même si on ne s'interdit pas d'élargir le champ des personnes avec qui nous travaillons.

Les actions innovantes se mettent en place quand toute la communauté éducative et pédagogique est prête à « mouiller le maillot » sur cette problématique. Les actions ont dans ce cas des chances de pouvoir fonctionner. En revanche, les échecs arrivent probablement quand il y a des injonctions descendantes, lorsqu'il nous est demandé de faire tel ou tel type d'action.

C'est ce que l'on voit se développer au sein de l'Éducation nationale depuis un certain temps, en lien avec les agences régionales de santé (ARS) qui ont un programme précis d'intervention, ce qui peut ne pas fonctionner car ne correspondant pas à un besoin local.

Il faut vraiment s'appuyer, pour éviter les échecs, sur l'analyse que les différents professionnels ont d'un établissement, des jeunes qui le fréquentent, et de toutes les problématiques qui l'entourent. Des travaux doivent être menés dans ce cadre-là auprès des services de prévention des municipalités, où des personnels formés travaillent avec la police et la gendarmerie : c'est un mécanisme intéressant qui permet d'avoir un regard croisé.

Sur les actions c'est donc pour l'instant très interdépendants des ressources locales ou un peu plus élargies.

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