Intervention de Gwenaël Le Guevel

Mission d'information sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement — Réunion du 9 juin 2021 à 16h35
Audition des représentants des syndicats de l'enseignement

Gwenaël Le Guevel, conseiller fédéral du SGEN-CFDT (syndicat général de l'éducation nationale - confédération française du travail) :

Il est essentiel de libérer la parole. Certains élèves ne parlent pas par peur d'être vus comme des « balances ». Ce qui n'est pas encore assez développé, ce sont des lieux, du temps institués dans la classe, c'est-à-dire définis dans l'emploi du temps de l'élève. Les heures de vie de classe sont sous-utilisées. Des conseils d'élèves pourraient être mis en place au primaire. Certains enseignants le font. C'est à encourager, pour que l'élève sente qu'il y a un temps prévu dans la semaine. Cela permettrait également de différer, car souvent on est dans le registre de l'émotionnel. Ces temps doivent permettre d'éduquer à l'empathie. Aujourd'hui, de manière caricaturale, le temps de classe est considéré comme un temps pour les mathématiques et le français. D'ailleurs certains enseignants estiment avoir passé un CAPES pour enseigner telle ou telle matière et pas pour éduquer à l'empathie.

Le dispositif « élèves sentinelles » est intéressant. En effet, nous vivons dans une époque où l'on individualise et médicalise beaucoup de choses. Ce dispositif permet de voir le harcèlement comme un phénomène communautaire. L'idée des sentinelles est de ne surtout pas agir contre les harceleurs. Cela peut sembler contre-intuitif, et nous étions surpris au départ. Or, si les élèves agissent contre le ou les harceleurs, cela risque de mal se passer. Mais, ils ont la main - et on peut les aider - pour agir dans deux directions : vers la victime pour lui dire qu'ils sont là et lui rappeler que ce qui lui arrive n'est pas normal. En effet, les victimes finissent par douter d'elles-mêmes, se remettent en cause. Par ailleurs, les sentinelles peuvent agir envers les spectateurs, pour les bousculer, agir sur la norme - « et si c'était toi », « mets-toi à la place ». Cela rejoint l'idée de l'empathie.

Je rejoins également des précédentes déclarations de mes collègues. Nous avons dans le département des collèges de 600 à 700 élèves avec même pas un poste entier d'infirmiers. On ne peut pas travailler convenablement dans ces conditions.

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