Intervention de Laurent Duplomb

Mission d'information Méthanisation — Réunion du 30 mars 2021 à 16h30
Audition de représentants d'organisations syndicales agricoles — Audition de Mm. Olivier dauGer administrateur en charge des questions climatiques de la fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles fnsea christophe chatet membre du conseil d'administration des jeunes agriculteurs georges baroni responsable de la commission énergie de la confédération paysanne et alain sambourg représentant de la coordination rurale

Photo de Laurent DuplombLaurent Duplomb, sénateur :

Avant d'évoquer tout ce que la méthanisation rejette, il me semble essentiel de nous interroger sur les raisons qui nous conduisent à faire de la méthanisation. Elle a été mise en avant pour contribuer à la sortie des énergies fossiles. Pour sortir des énergies fossiles, nous avons deux solutions : ou bien créer de l'énergie renouvelable non fossile avec les barrages, les éoliennes, le photovoltaïque ou la méthanisation ; ou bien encore revenir à la force tractée que nos ancêtres ont connue, c'est-à-dire utiliser des animaux capables de tirer une charrue ou une charrette. Un tiers de la production fourragère française était utilisé dans la force de traction il y a encore quelques décennies. Quand j'entends que le méthane a un pouvoir de GES 24 fois supérieur à celui du CO2, je rappelle qu'un animal qui mange du fourrage ne produit pas de CO2 mais du méthane. Quand ce même fourrage alimente un méthaniseur pour produire du gaz qui permet d'avoir une compensation par rapport à la force de traction que pourrait apporter un animal, c'est un bien pour la planète, c'est une voie de sortie des énergies fossiles. Il faut regarder les choses avec objectivité.

Je suis d'accord, comme l'ont indiqué les quatre intervenants conviés à cette table ronde, pour que la méthanisation demeure proportionnée à la taille des exploitations agricoles. Je souhaite que les capitaux investis proviennent des agriculteurs, pour éviter toute méthanisation incontrôlée, très capitalistique, où les agriculteurs deviendraient de simples fournisseurs de manières premières, sans bénéficier réellement des fruits de leur travail.

Sur les CIVEs et sur les colzas, il y a en France une règle qui n'existe pas en Allemagne. Quand 15 % de la culture principale peuvent être utilisés dans le méthaniseur, certains agriculteurs ne sont-ils pas incités à produire des CIVEs qui passent par du maïs irrigué ? Une limite aussi importante crée des inconvénients. Peut-être serait-il préférable d'avoir un hectare de maïs en culture principale, plutôt que d'avoir du maïs irrigué pour le faire passer en culture dérobée ? Ce débat doit être ouvert, comme celui sur la culture du chanvre, utilisé comme matériau d'isolation, qui n'est pas une culture alimentaire.

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