Très clairement, quelques chiffres nous manquent.
Même en prenant pour hypothèse qu’il faut en urgence rééquilibrer le régime de retraite et que la question ne concerne que les salariés, en oubliant le basculement des revenus du travail vers le capital depuis trente ans, il n’en reste pas moins qu’un élément aurait été extrêmement intéressant à connaître, monsieur le ministre.
En effet, si la réforme avait augmenté la durée de cotisation pour tout le monde, sans report à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite, qui aurait contribué au rééquilibrage ? Dans ce cas, ç’aurait plutôt été les classes moyennes supérieures, voire très supérieures.
Or votre réforme fait payer par les salariés les plus modestes, ceux dont l’espérance de vie est la plus faible – cela a été rappelé plusieurs fois –, la retraite de ceux qui ont les meilleurs boulots dans notre société.
Cela s’inscrit dans une logique ancienne, mise en place probablement avant la formation de votre gouvernement, mais l’élection du Président Macron l’a exacerbée et elle a été, en quelque sorte, industrialisée.
Le leurre des 1 200 euros n’a pas tenu le temps du débat ; nous avons d’ailleurs adressé nos remerciements à ceux qui ont permis cet éclaircissement.
Par conséquent, votre réforme apparaît profondément injuste. Elle participe à la fracturation de la société française et au délitement de sa cohésion. Il est encore temps de revenir en arrière.