Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le constat est alarmant : d'ici à 2026, année où commencera le prochain mandat municipal, plus de 150 secrétaires de mairie en poste dans des communes de Meurthe-et-Moselle partiront à la retraite ; et 80 % des communes de ce département comptent moins de 2 000 habitants.
Ce n'est pas une exception : à l'échelon national, ce sont 42 % des secrétaires de mairie qui partiront dans les dix prochaines années.
Le métier de secrétaire de mairie, peu valorisé et complexe, souffre d'une crise d'attractivité, et les mairies font face à une pénurie sans disposer de moyens pour y remédier.
Le secrétaire – ou plutôt la secrétaire – est un collaborateur essentiel et direct du maire, et un véritable relais pour les habitants. Elles sont le savoir, et bien souvent la mémoire, des communes. Les élus passent, les secrétaires restent…
L'accroissement des compétences communales et intercommunales fait considérablement évoluer ce métier. Les tâches effectuées à ce poste sont diverses et variées : aide à l'élaboration du budget, suivi de celui-ci, gestion des ressources humaines, rédaction de courriers, état civil, listes électorales, cimetière, etc. Certaines secrétaires de mairie, même, montent les dossiers de subvention, y compris pour le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), particulièrement complexes.
Bien qu'indispensables, ces professionnelles ne sont pas suffisamment connues ni reconnues à leur juste valeur.
Les raisons de la pénurie sont nombreuses : manque d'attractivité du métier, faible rémunération, temps partiel, etc. Nombre d'entre elles travaillent pour de petites communes ou des syndicats, et doivent utiliser des outils différents, avec des préfectures, des intercommunalités, des trésoreries différentes, ce qui nécessite de leur part une grande adaptabilité.
Le mal-être est palpable. Les réseaux sociaux valent ce qu'ils valent, mais le groupe Facebook que certaines animent révèle un malaise certain.
Changer l'intitulé du poste n'est pas la solution, monsieur le ministre. Mais c'est une solution pour refléter davantage la réalité et les responsabilités de ce métier.
Un autre aspect, très important, est la formation initiale. En Meurthe-et-Moselle – comme dans la Manche –, le centre de gestion a décidé de créer en 2018, en partenariat avec l'Université de Lorraine, un diplôme universitaire « secrétaire de mairie – gestionnaire administratif ». Cette formation qualifiante et diplômante permet d'apporter les connaissances théoriques et pratiques, puisque le stage de huit mois est souvent effectué dans une commune où la secrétaire de mairie s'apprête à partir à la retraite. À l'issue de cette formation, le taux d'insertion professionnelle est de 90 %.
Il est nécessaire de généraliser ce diplôme universitaire au niveau national pour tenter de répondre à la pénurie de la profession.
Les moyens des communes rurales étant limités, certaines communes n'hésitent pas à mutualiser le recrutement afin d'offrir à ces femmes des postes à temps complet, des avantages sociaux, et même une formation. Cette formation est un enjeu pour la bonne continuité du service public, notamment dans les petites mairies.
Nous devons offrir à ces personnels des conditions de travail décentes, des rémunérations justes et des formations régulières, pour leur permettre de s'adapter aux évolutions du métier. Cela permettra de garantir un service public de qualité et d'assurer la continuité de nos communes.
C'est pourquoi le groupe Les Républicains est favorable à cette proposition de loi telle qu'elle a été adoptée par la commission, et remercie le groupe CRCE d'en avoir pris l'initiative.