Intervention de Céline Brulin

Réunion du 6 avril 2023 à 10h30
Revalorisation du statut de secrétaire de mairie — Adoption d'une proposition de loi dans le texte de la commission

Photo de Céline BrulinCéline Brulin :

Ce sont les maires qui en parlent le mieux. Ils attendent de pouvoir travailler en symbiose avec la secrétaire de mairie. Combien d’entre eux se sentent complètement démunis quand ces chevilles ouvrières communales viennent à manquer, et ce d’autant plus que la dématérialisation des procédures s’accroît, que les trésoreries se sont éloignées, distendant parfois les liens avec le percepteur, que les intercommunalités se sont agrandies, accentuant les difficultés des plus petites communes à se faire entendre, que l’État abandonne parfois ses propres missions, celles d’assurer l’égalité républicaine, l’égalité territoriale, par exemple, mais se fait plus intrusif et plus procédurier à l’égard des communes ?

J’ai été interpellée voilà un peu plus d’un an par des élus de la Seine-Maritime, parce qu’il manquait une cinquantaine de secrétaires de mairie dans mon département. Il en manque désormais une centaine, d’après l’Association départementale des maires de la Seine-Maritime, et près de 2 000 à l’échelle du pays.

De nombreuses secrétaires de mairie nous font aussi régulièrement part des obstacles qu’elles rencontrent et, surtout, de leurs nombreuses propositions pour faire reconnaître et rendre attractive leur profession.

Je sais que nous en avons tous ici pleinement conscience, comme c’est le cas des associations d’élus qui travaillent depuis plusieurs mois maintenant à des propositions permettant de revaloriser ce métier.

Quelque 30 % des secrétaires de mairie sont appelées à partir à la retraite d’ici à 2030. Il faut donc impérativement en recruter de nouvelles – ou de nouveaux –, faute de quoi le fonctionnement de nos communes, les services qu’elles rendent au quotidien, les projets, les réalisations attendues par les habitants en pâtiront.

Se pencher sur le sort des secrétaires de mairie est une question de justice à l’égard de celles – je dis volontairement celles, car ce sont à 94 % des femmes – qui exercent ce métier mal connu, mal considéré, mal rémunéré.

C’est aussi un enjeu en matière de service public de proximité, de maillage territorial, voire de cohésion nationale.

Nous constatons actuellement un nombre de démissions jamais égalé parmi les élus locaux. Je n’en tire pas de conclusions trop hâtives, mais sans doute le sentiment d’abandon que vivent les élus de nos petites communes et qu’éprouvent d’ailleurs nombre de nos concitoyens n’est-il pas étranger à ce phénomène. Ils ont besoin d’être accompagnés dans des missions qui se complexifient, besoin d’être soutenus dans un engagement qui peut parfois sembler ingrat, besoin que le temps et l’énergie qu’ils consacrent à leur mandat trouvent toute leur utilité, toute leur efficacité.

De ce point de vue, les secrétaires de mairie, leurs compétences, leur rôle aux côtés des maires, des adjoints, de l’ensemble des conseillers municipaux, sont décisifs.

C’est un peu de l’existence même de nos communes qui se joue. Nos communes, au cœur de la République, n’existeraient pas sans les élus qui les font vivre en s’appuyant sur les secrétaires de mairie. C’est vers eux que se tourne même le plus jupitérien des présidents à chaque nouvelle crise.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion