Intervention de Vanina Paoli-Gagin

Réunion du 11 avril 2023 à 14h30
Avenir de la ressource en eau : comment en améliorer la gestion — Suite d'un débat organisé à la demande de la délégation sénatoriale à la prospective

Photo de Vanina Paoli-GaginVanina Paoli-Gagin :

Madame la présidente, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, lors de son dernier discours devant le Parlement néo-zélandais, Jacinda Ardern, ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande, a déclaré que le changement climatique définissait notre génération de politiciens. Je partage cette affirmation.

Sur toutes les travées de cet hémicycle et sur tous les bancs de celui de la rue de l'Université, malgré des sensibilités différentes, nous essayons de lutter contre le dérèglement climatique et ses effets. Nos visions pour y parvenir ne sont à l'évidence pas les mêmes.

Pourtant, les conséquences sont déjà là. Nous les subissons et essayons de nous adapter. C'est en cela que, quoi que nous pensions et même si nous avons beau ne pas nous occuper du changement climatique, on peut dire que celui-ci s'occupe de nous.

L'avenir de la ressource en eau en est l'exemple parfait. Je ne pense pas me tromper : nous souhaitons tous une gestion améliorée de cette ressource vitale.

L'eau régule l'ensemble du cycle de vie et notre environnement : nos mers et océans abritent une biodiversité essentielle à la vie et absorbent une part importante de notre pollution en CO2. L'accès à l'eau, à travers le monde, est l'un des principaux enjeux pour nombre de populations et, bien souvent, malheureusement, la source de conflits meurtriers. Face à cette rareté, les solutions impliquent de travailler à l'échelle mondiale, à la chaîne d'approvisionnement globale en eau, à commencer par les glaciers.

La qualité de l'eau est évidemment tout aussi importante. Les récentes détections dans notre eau potable d'un pesticide interdit depuis des années relancent ce sujet. Madame la secrétaire d'État, quelles sont les pistes envisagées en matière de gestion pour juguler des risques de ce type ? Comment s'attaquer aux causes de ces pollutions ? Surtout, comment accélérer – je vous sais sensible à ce sujet – les homologations de nouveaux produits, comme les biocontrôles, en substitution aux pesticides chimiques, sachant que l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) et ses homologues européens sont sursaturés ?

Le stress hydrique que nous subissons depuis l'été dernier, par périodes répétées et toujours plus fréquentes, participe à nos questionnements sur l'état de cette ressource. Si nous faisons le point sur la qualité de l'eau, son manque, sur certains de nos territoires, ainsi que sur les hausses de sa consommation, nous devons inévitablement parler gestion.

C'est là que la vision libérale de l'écologie que défend le groupe Les Indépendants – République et Territoires prend tout son sens. Il est impossible de revenir en arrière, avec les méthodes d'autres siècles, pour gérer une ressource confrontée à de nouvelles problématiques. Nous sommes simplement trop avancés dans le changement climatique ; les solutions qui comptent viendront de l'innovation et de la recherche. Nous ne pouvons nous adapter qu'en regardant devant, avec un devoir d'anticiper et de prévenir.

Il faut réaliser les investissements nécessaires dans nos réseaux, dans un pilotage optimisé et une gestion intelligente de l'eau. Le système a besoin de clarifications quant aux responsabilités qui incombent à chacun, notamment au sein des collectivités.

Je salue le plan sobriété que vous avez lancé, madame la secrétaire d'État, avec certains de vos collègues. Nombre de ses propositions rejoignent ce en quoi nous croyons et ce sur quoi nous axons notre travail.

J'évoquais à l'instant la recherche et l'innovation : il est pertinent d'actualiser nos projections hydrologiques et d'évaluer les perspectives. Nous serons plus réactifs dans une gestion que je conçois comme flexible, pour une adaptation rapide. Je suis, à cet égard, particulièrement sensible aux outils qui nous permettront de prendre en compte l'aménagement de nos territoires, dans leurs spécificités. En effet, la ressource en eau n'est pas la même en Aveyron, dans l'Aube ou en Corse. Nous devons partager nos bonnes pratiques et trouver les solutions et les meilleurs instruments en fonction de nos besoins propres, qui dépendent des territoires dans lesquels nous sommes.

Vous le savez, je crois aussi beaucoup en la sensibilisation et la formation, madame la secrétaire d'État. Nous avons besoin de gens formés dans la gestion de l'eau et de sa préservation. Qu'envisagez-vous concernant la formation, notamment d'ingénieurs, en ce domaine ?

Sur le volet financement, votre plan met en lumière une nouvelle génération d'Aqua Prêts à taux bonifié. Pouvez-vous nous expliquer les évolutions que vous prévoyez ? Quid du crédit d'impôt sur les récupérateurs d'eau dans les zones en tension ? Nous avons également besoin de vos éclairages sur ce sujet.

Enfin, je ne saurais conclure sans évoquer le sujet de la tarification progressive de l'eau, sur laquelle le Conseil économique, social et environnemental (Cese) sera saisi. Je forme le vœu que le plus d'acteurs possible, notamment des praticiens, soient associés à la réflexion.

La gestion de notre ressource en eau sera de plus en plus complexifiée par le changement climatique. Une bonne gestion impliquera un pilotage fin, qui devra allier flexibilité et adaptabilité, pour répondre à tous les enjeux de nos territoires. La recherche et l'innovation devront nous y aider.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion