La création des Espé en 2013, à la suite de la suppression des IUFM sous le quinquennat précédent, avait pour objet d'associer la formation professionnalisante sur le terrain et la formation universitaire. Comme l'a dit Sylvie Robert, la formation délivrée dans les Espé permettait aux professeurs des écoles et aux enseignants de l'enseignement secondaire de bénéficier et de s'adosser à la recherche universitaire.
Malheureusement, on constate aujourd'hui que le master, même si c'est une bonne chose pour la profession, prive l'éducation nationale d'un vivier, celui des écoles normales. J'ai connu ces écoles pour y avoir été recruté à la fin des années 1960 : elles accueillaient les enfants des classes populaires.
Aujourd'hui, il est difficile de recruter les jeunes issus des familles les plus modestes au niveau du master, car les conditions pour y accéder diffèrent de celles auxquelles on recrutait les élèves à l'époque. Ces derniers étaient formés durant trois ans dans une école normale, avant de suivre pendant trois nouvelles années une formation professionnelle.
Le mieux n'est pas toujours le plus simple, et le plus simple n'est pas toujours le plus profitable en matière de formation.
La formation dans les Inspé souffre d'un manque de pédagogie : les élèves au professorat demandent à être mieux formés dans ce domaine, le plus difficile à conquérir pour les nouveaux enseignants. Ces derniers auront toujours la possibilité d'acquérir des savoirs fondamentaux et livresques, mais pas celle de maîtriser les pratiques pédagogiques.