Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, le seul et maigre mérite de cette proposition de loi est de montrer que de véritables projets de société sous-tendent la vision de l'école dans notre pays.
Pour notre part, nous portons une vision clairement de gauche : celle d'une école ayant pour objectif l'égalité des chances et la justice sociale ; celle d'une école qui offre le plus haut niveau de connaissances à des enfants, qui deviendront ainsi, quel que soit leur parcours ultérieur, des citoyens et des travailleurs conscients et responsables ; celle d'une école qui apporte plus à ceux dont le patrimoine culturel est moindre, ce qui est intrinsèquement lié à la condition sociale.
Et le temps n'émousse pas cette conviction, au contraire !
Face aux bouleversements technologiques et scientifiques, qui peut résumer l'éducation à un socle minimal de connaissances ? Face aux enjeux démocratiques, qui peut raisonnablement considérer que nos jeunes doivent être formés à l'obéissance plutôt qu'apprendre à développer leur esprit critique et leur capacité à se forger une opinion solide, éclairée par l'Histoire, par exemple ? À l'évidence, les auteurs de cette proposition de loi, dont la vision est clairement de droite, et même réactionnaire §: la blouse devient uniforme ; l'autorité devient hiérarchique ; le recentrage sur le lire-écrire-compter frappe jusqu'à la formation des enseignants.
La « main invisible du marché », son cortège de mises en concurrence, et l'idée selon laquelle seul ce qui relève du privé serait efficace ont également pris toute leur place dans ce texte.
Mes chers collègues, vous n'êtes pas à une contradiction près, votre proposition consistant, de fait, à créer une forme de séparatisme, alors qu'il faudrait renforcer l'école de la République.