Intervention de Sonia Backès

Réunion du 12 avril 2023 à 15h00
Gratitude et reconnaissance du sénat aux membres des forces de l'ordre — Adoption d'une proposition de résolution

Sonia Backès, secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer, chargée de la citoyenneté :

Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, avant tout, permettez-moi d'avoir une pensée émue pour le gendarme Yannick Pierre et l'adjudant de réserve Patrick Hervé, décédés hier au cours d'une opération de lutte contre la délinquance routière, et plus largement pour la grande famille de la gendarmerie nationale, une nouvelle fois endeuillée. Elle paie le lourd tribut de son engagement.

Ensuite, je vous prie d'excuser Gérald Darmanin, qui tenait à être présent pour apporter son soutien à cette proposition de résolution et exprimer, lui aussi, sa reconnaissance aux forces de l'ordre. Vous le savez, il est aux Pays-Bas avec le Président de la République.

Je tiens à remercier les présidents de groupe Bruno Retailleau et Hervé Marseille d'avoir déposé ce texte, qui nous donne l'occasion d'exprimer la gratitude de la Nation à ces femmes et à ces hommes qui ont choisi de protéger nos vies, parfois au péril de la leur : l'actualité nous le rappelle tristement.

En préambule, je vous livrerai un sentiment personnel. En tant que Calédonienne, j'ai vécu il n'y a pas si longtemps les affres d'une guerre civile fratricide, ce que, chez nous – votre assemblée le sait bien –, nous appelons très pudiquement « les événements ».

Je sais que la paix doit être conservée à tout prix. Je ne sais que trop bien le rôle central joué par nos forces de l'ordre dans cette entreprise. Je sais quelle fut leur importance, lorsque 2 000 de leurs représentants sont venus, il y a deux ans, garantir que s'exerce sereinement le droit à l'autodétermination des Calédoniens. Nous savons ce que nous leur devons.

Partout, les forces de l'ordre s'engagent pour la France et les Français : à Paris, pour garantir la liberté de manifester ; à Sainte-Soline, pour lutter contre ceux qui tentent de mettre à genoux notre République ; à Nouméa, à 22 000 kilomètres de la métropole, pour honorer la parole de la France dans les outre-mer.

Que les femmes et les hommes qui constituent les forces de sécurité intérieure soient assurés de l'entier soutien et de la totale reconnaissance du ministère de l'intérieur et des outre-mer.

Ces forces sont les seules garantes de l'ordre public, de l'ordre républicain, du seul ordre qui vaille. Leur rôle est inscrit dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, qui précise en son article XII : « La garantie des droits de l'homme et du citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l'avantage de tous. »

Cette force, ce sont les femmes et les hommes qui s'engagent au quotidien pour la sécurité des Français.

C'est la force qui garantit le droit à la liberté contre ceux qui veulent saper le fonctionnement de nos institutions et de notre démocratie ; la force qui garantit le droit à la propriété contre ceux qui brûlent les voitures, les immeubles et les portes de mairie ; la force qui garantit le droit à la sûreté et l'ordre républicain contre ceux qui pratiquent la guérilla urbaine et s'en prennent aux outils de travail de nos agriculteurs, à nos commerces, bref aux honnêtes travailleurs.

Cet engagement au service de la protection des droits des Françaises et des Français, nos forces de l'ordre le déploient partout en France. Elles sont bien sûr à l'œuvre sur le territoire métropolitain, où elles ont été particulièrement sollicitées ces derniers mois, mais elles agissent aussi dans nos territoires ultramarins, que ce soit aux Antilles, pour lutter contre l'insécurité et le trafic de drogue, qui gangrènent le territoire, ou en Guyane, pour combattre les cartels et les orpailleurs. J'ai d'ailleurs une pensée émue pour le major Arnaud Blanc, mort dans l'exercice de ses fonctions, dans cette lutte de chaque instant contre ceux qui pillent et détruisent sans vergogne le territoire guyanais.

Nos forces de l'ordre interviennent également à Mayotte pour freiner l'immigration comorienne, qui place nos concitoyens mahorais dans une situation insoutenable.

Dans le Pacifique enfin, en Polynésie française, à Wallis-et-Futuna ou en Nouvelle-Calédonie, elles sont engagées sur un large spectre de missions et concourent, entre autres, à la préservation du fragile écosystème qui fait la richesse de nos îles océaniennes.

Pourtant, ces dernières semaines, ceux-là mêmes qui garantissent l'État de droit et la sécurité de tous les Français ont été la cible d'attaques inacceptables. Cocktails Molotov, pavés, insultes, appels à la haine : depuis le 19 janvier dernier, première journée de mobilisation contre la réforme des retraites, nous assistons à une montée en puissance de la violence à l'encontre de nos forces de l'ordre.

Plus de 1 800 policiers et gendarmes ont été blessés depuis cette date, dont 1 381 au cours des quatre dernières semaines.

Ces attaques sont d'autant plus graves que certains partis les passent sous silence. Pis encore, il arrive que telle ou telle critique politique injuste cache, en fait, une bienveillance insidieuse pour les casseurs de Notre-Dame-des-Landes et de Sainte-Soline.

Ne nous y trompons pas : cette violence cherche à fracturer la société en s'attaquant aux institutions de la République, en discréditant les forces et l'ordre et en contestant la légitimité parlementaire.

Notre discours ne peut souffrir la moindre ambiguïté. Il ne saurait être à géométrie variable. Le devoir de nos forces de l'ordre est avant tout de permettre l'exercice de la liberté de s'exprimer lors de manifestations déclarées et autorisées. Il y va de l'honneur des policiers et des gendarmes : nos forces de l'ordre garantissent, pour chacun d'entre nous, la liberté d'exprimer dans le respect de la loi ses attentes, ses opinions, son mécontentement et son opposition.

Ce rappel étant formulé, nous avons toutes et tous constaté l'extrémisme de groupuscules dont les membres sont responsables de grandes violences. Je pense notamment à un certain groupement, Les Soulèvements de la Terre, dont les membres ont envahi des entreprises, commis des exactions graves contre les forces de l'ordre, détruit nombre de biens et lancé plusieurs appels à l'insurrection.

Face à ces organisations factieuses, la main du Gouvernement ne tremble pas. Nous avons pris les mesures qui s'imposent pour maintenir l'ordre dans notre pays. C'est pourquoi Gérald Darmanin a engagé la dissolution de ce groupement.

Je puis vous assurer de la pleine mobilisation des services de renseignement pour anticiper et détecter la formation et les actions de groupuscules, d'ultragauche comme d'ultradroite, …

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion