Intervention de Michel Savin

Réunion du 12 avril 2023 à 15h00
Jeux olympiques et paralympiques de 2024 — Vote sur l'ensemble

Photo de Michel SavinMichel Savin :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, nous nous retrouvons pour le dernier tour de piste du projet de loi relatif aux jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 et portant diverses autres dispositions.

Notre groupe se réjouit que les deux chambres aient réussi à se retrouver sur l'essentiel lors de la commission mixte paritaire pour faire en sorte que la phase opérationnelle de cet événement international se déroule dans de bonnes conditions.

Si une partie de notre hémicycle a beaucoup reproché à ce projet de loi de n'être dédié qu'à la sécurité, nous pensons pour notre part qu'il était nécessaire, dans un contexte de risque d'attentat, mais également après le fiasco du Stade de France, de tirer tous les enseignements pour ne plus jamais reproduire les mêmes erreurs dans l'organisation de grands événements sportifs internationaux.

La panique et le chaos qui ont régné avant la finale de la Ligue des champions, qui devait être un jour de fête pour les amateurs de sport, sont une honte pour notre pays. Il est donc inimaginable de reproduire un tel traumatisme l'an prochain pour des Jeux d'été que la France attend depuis cent ans. Nos athlètes se préparent depuis des années afin d'être prêts pour cette compétition. Nous leur devons, vous leur devez, d'organiser au mieux ces Jeux.

Notre pays doit être préparé à accueillir une manifestation aussi exceptionnelle par son ampleur, son périmètre et sa durée. Il s'agit, d'une part, d'accompagner la performance des sportifs et, d'autre part, de garantir des conditions d'accueil dignes pour le grand public.

Sur le premier volet, le Sénat a renforcé la réglementation en matière de lutte contre le dopage et facilité l'offre de soins pour les athlètes. Sur le second, relatif à l'accueil du public, nos débats ont été plus « sportifs ».

L'article 7, qui renforce la vidéosurveillance en autorisant le traitement des images collectées via la vidéoprotection, fait partie des points de tension. Le texte issu de la commission mixte paritaire autorise une expérimentation, tout en offrant des garanties pour éviter les abus. Aucun système d'identification biométrique n'est autorisé, pas plus que les rapprochements ou mises en relation automatisées avec d'autres traitements de données. Le public sera informé au préalable du traitement des données recueillies. Le représentant de l'État dans le département ou, à Paris, le préfet de police, sera régulièrement informé des conditions de traitement et en fera part aux maires des communes concernées, ainsi qu'à la Cnil. Il pourra également suspendre l'autorisation ou y mettre fin, à tout moment.

D'autres points ont été revus par le Sénat en première lecture. Je pense au renforcement des peines encourues pour intrusion ou tentative d'intrusion frauduleuse dans une enceinte sportive en cas de récidive.

Des inquiétudes persistent malgré tout en matière de sécurité, par exemple sur la sécurisation des sites de compétition. Alors que le secteur fait face à une pénurie de main-d'œuvre, les sociétés de sécurité pourraient rencontrer des difficultés pour recruter et former les 22 000 agents, notamment les femmes, nécessaires chaque jour pour assurer la sécurité et le contrôle à l'entrée des sites.

Ces inquiétudes commencent à s'ancrer profondément et amènent à s'interroger sur un éventuel recours à l'armée. La semaine dernière, le chef d'état-major des armées confirmait justement, devant nos collègues députés, la mise à disposition de 10 000 militaires en renfort, pour assurer la sécurisation des jeux Olympiques et Paralympiques. Vous-même, madame la ministre, avez évoqué récemment la possibilité de recruter hors de France, peut-être dans des pays francophones.

Ces incertitudes, qui forcent l'État et le Comité d'organisation des jeux Olympiques et Paralympiques (Cojop) à envisager tous les scénarios possibles, pourraient devenir des défaillances si des solutions ne sont pas trouvées rapidement.

À ces questions que nous nous posons depuis des mois s'ajoutent de nouvelles inquiétudes. Lors de la première lecture au Sénat, je vous alertai déjà sur les angles morts concernant les volontaires de Paris 2024 : contrôle des candidats, hébergement des volontaires venant des différentes régions, etc.

Nous constatons d'ores et déjà la multiplication des appels au sabotage sur les réseaux sociaux, de la part de militants se revendiquant de l'écologie politique ou de la gauche anticapitaliste. Ils s'opposent à la tenue des Jeux et au principe même du bénévolat et veulent être engagés comme bénévoles pour ensuite déserter ou dégrader des biens. C'est en amont qu'il faut identifier et contrer ces risques d'infiltration par des groupes qui se mobilisent dès maintenant pour gâcher un moment très attendu.

Madame la ministre, il reste donc des points auxquels ce texte ne répond pas et vous pourrez compter sur le Sénat pour rester vigilant jusqu'en juillet 2024. Les Français comptent sur vous pour tout mettre en œuvre afin d'éviter que Paris 2024 ne monte sur le podium des événements sportifs ratés.

Prendre à bras-le-corps tous ces aspects des Jeux est la condition indispensable pour que, le jour J, nous profitions du spectacle et célébrions ensemble le sport. §

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