L’avenir, la liberté et la souveraineté : voilà, monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, les défis majeurs que suscite l’essor de l’intelligence artificielle générative.
À l’heure où 100 millions de personnes ont les yeux rivés sur leur écran pour admirer les prouesses aussi extraordinaires qu’effrayantes du robot ChatGPT, la société semble programmée pour une forme d’obsolescence de ses modes de production et d’éducation.
Monsieur le ministre, vous avez qualifié l’intelligence artificielle générative, de façon assez légère et péremptoire, de « perroquet approximatif »… Je crois que vous n’avez pas pris la mesure de la révolution en cours.
Les balbutiements de cette technologie – car nous n’en sommes qu’aux balbutiements – dépassent déjà les performances de tous les outils que nous connaissions jusqu’ici. Les équilibres économiques du monde vont être bouleversés, et Google pourrait être remisé au rang de curiosité du passé.
Alors que la parole publique et les fonctions électives sont plus que jamais remises en question dans notre pays, le peuple va chercher les réponses à ses questions auprès d’algorithmes pré-entraînés dont la capacité stupéfiante à singer l’intelligence humaine crée les conditions d’une dystopie nouvelle.
Les craintes que nous éprouvons, mais aussi les chances que nous entrevoyons avec une telle technologie ne font que rappeler l’intrusion du numérique dans nos vies depuis de nombreuses années.
Nous assistons à l’extension de l’ubérisation au domaine de la pensée. Cela pose la question de la liberté et du rapport à la réalité. Créées dans la Silicon Valley, ces technologies diffusent un conformisme idéologique fidèle au progressisme de ses concepteurs et aux références anglo-saxonnes. C’est donc l’esprit critique et notre souveraineté qui sont menacés.
L’intelligence artificielle générative représente aussi une occasion de développer le secteur de la santé et de refondre l’éducation nationale en un système d’instruction tourné vers l’innovation et l’ingénierie. Le monde accélère. Monsieur le ministre, il faudrait vous mettre, ou vous remettre, en marche !