Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, la gravité de la crise que traverse notre école est réelle. Une défiance s’installe peu à peu. Le niveau d’ensemble baisse. Le métier d’enseignant attire de moins en moins.
Pourtant, l’école et ses enseignants sont en première ligne pour transmettre à notre jeunesse les grandes valeurs de la République. La citoyenneté, la laïcité et la culture de l’engagement sont au cœur des missions de l’école, qui est un acteur majeur de l’égalité des chances. Ce contrat liant la République à ses enfants et futurs citoyens est aujourd’hui à renouveler.
L’école a aujourd’hui besoin d’un nouveau souffle et de perspectives renouvelées.
C’est tout l’objet de cette proposition de loi, qui s’attelle à ce vaste chantier, notamment sur l’égalité des chances, tout d’abord, en proposant la création d’un service public de soutien scolaire. En effet, nous constatons que c’est un véritable sujet de fracture sociale au sein des familles ; il a d’ailleurs été exacerbé pendant la crise sanitaire et le confinement en 2020.
Ensuite, en ce qui concerne les savoirs fondamentaux, le texte tend à réarmer les enseignants du premier degré en améliorant leur formation. Il est prévu de créer des écoles supérieures du professorat des écoles, qui prépareraient aux concours et qui formeraient les enseignants stagiaires. Cela représenterait une véritable avancée pour mieux préparer les enseignants du premier degré à l’apprentissage des savoirs fondamentaux.
Cette proposition de loi vise également à accroître l’autonomie des établissements par voie d’expérimentation. Il est en effet essentiel de donner aux établissements la capacité d’initiative et d’innovation qui s’impose. Cela participe aussi à la motivation des enseignants. Peut-être faudrait-il s’inspirer du système éducatif des pays nordiques, qui repose sur l’autonomie des professeurs, et sur celui du Portugal, qui tend à décentraliser le processus de recrutement et à octroyer davantage d’autonomie aux établissements.
De plus, il faut aller plus loin, me semble-t-il, en réformant le statut de directeur d’école, afin de renforcer son rôle, notamment dans les écoles les plus importantes.
L’auteur du texte n’a pas non plus oublié la ruralité. Une approche différenciée est défendue en matière scolaire. Les territoires ruraux nécessitent des critères spécifiques et adaptés aux défis auxquels ils doivent faire face.
Ce texte prévoit également qu’une décision de fermeture de classe sera soumise à l’avis du conseil municipal ou intercommunal. Il est absolument essentiel d’associer davantage les élus locaux dans ce processus, car les conséquences tant humaines que financières d’une telle décision sont lourdes pour les territoires.
En matière de laïcité, cette proposition de loi vise à étendre notamment aux accompagnateurs le principe de neutralité politique et religieuse lors de sorties scolaires. La laïcité est l’un des grands principes qui doivent être réaffirmés dans l’école de la République.
En 2021, l’Ifop a publié une étude pour la fondation Jean-Jaurès et Charlie Hebdo, quelques mois après l’assassinat de Samuel Paty. L’enquête souligne un fait important : 34 % des professeurs en réseau d’éducation prioritaire ont témoigné de perturbations lors des cérémonies d’hommage. Par ailleurs, selon le rapport de Jean-Pierre Obin, la moitié des professeurs déclarent s’être autocensurés pour éviter des incidents avec certains élèves.
Ces chiffres doivent nous alerter et nous pousser à agir au plus près des difficultés dont témoignent les enseignants et à les soutenir dans l’exercice de leur noble mission. Nous devons cesser les petits renoncements du quotidien qui font reculer la République et son idéal.
Mes chers collègues, nous devons, ensemble, engager un grand chantier pour refonder les bases de notre école républicaine. Elle doit être émancipatrice, préparer nos enfants aux défis de demain et les guider sur le chemin ardu de la connaissance.
Nous devons mener une véritable réforme structurelle pour que les établissements disposent d’une plus grande autonomie et le personnel, de plus de liberté et de capacité d’initiative, afin de mieux s’adapter aux besoins des élèves.
Le mérite de cette proposition de loi est de poser quelques premières pierres et d’ouvrir la porte à d’autres améliorations.
C’est un très bon signal que notre assemblée s’empare de ce sujet qui nous tient à cœur et qui est le moteur de l’espérance républicaine.
C’est pour cela que je salue le travail de l’auteur de cette proposition de loi, Max Brisson, et du rapporteur, Jacques Grosperrin. Notre groupe votera en faveur de ce texte.