Vous mentionnez l'Inflation Reduction Act. Mais, comme vous le savez, l'Europe bénéficie d'un énorme avantage compétitif : ses brevets, sa technologie, sa recherche et son développement.
Nous avons en Europe plus de brevets dédiés à l'hydrogène qu'il n'en existe partout ailleurs dans le monde. La France est particulièrement forte de sa capacité à innover : en la matière, elle est au deuxième rang mondial, et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) dispose du plus gros portefeuille de brevets au monde : profitons-en. Tirons parti de cet avantage technologique, que nous ne possédons pas dans d'autres industries traditionnelles, pour investir.
Investir, aujourd'hui, cela veut effectivement dire subventionner. Vous l'avez rappelé : les États-Unis, chantres du libéralisme, sont eux aussi entrés dans la course aux subventions. Leur stratégie est extrêmement ambitieuse, au risque, d'ailleurs, d'avoir des effets délétères.
Oui, nous allons continuer de subventionner cette technologie. Oui, nous allons continuer de subventionner les investissements pour que la France et l'Europe développent une industrie souveraine, à même de s'inscrire dans la durée.
Devrions-nous agir dans un cadre public ? J'en doute. Nous le faisons dans un certain nombre de domaines. Vous le savez : l'entreprise Électricité de France, qui va construire l'essentiel des futurs réacteurs nucléaires, est sur le point d'être nationalisée à 100 %. Si je ne m'abuse, cette mesure prend effet aujourd'hui même, la justice ayant donné son blanc-seing au Gouvernement. C'est tout au plus une question de jours.
Pour ce qui concerne l'électricité d'origine nucléaire, nous croyons à la souveraineté publique. Mais les enjeux auxquels nous sommes confrontés au sujet de l'hydrogène, tant en matière d'innovation que de financement, sont bien trop grands et les solutions bien trop diverses pour que l'État puisse, à la place d'autres, choisir ce qui est bon.
Nous croyons à l'innovation. Nous croyons à l'entrepreneuriat. Évidemment, les subventions seront extrêmement encadrées, notamment par les règles européennes. Mais, selon nous, ce modèle est le meilleur, car il est le mieux à même de nous fournir de l'hydrogène…