Intervention de Jean-Pierre Decool

Réunion du 10 mai 2023 à 15h00
Respect du droit à l'image des enfants — Adoption en procédure accélérée d'une proposition de loi dans le texte de la commission

Photo de Jean-Pierre DecoolJean-Pierre Decool :

Monsieur le président, monsieur le garde des sceaux, mes chers collègues, le développement de l'usage du numérique présente bien des avantages, notamment en permettant de conserver un lien social et familial malgré la distance géographique.

La diffusion de photographies de famille ou de vidéos sur les réseaux sociaux remplace nos anciens albums photos. Une fête de famille, des vacances, des loisirs, un événement sportif ou culturel, la fête de l'école… : tout est prétexte à partager la vie de ses enfants.

Or si la généralisation de l'usage d'internet et des réseaux sociaux dans nos vies a fait émerger de nouvelles opportunités, elle expose également nos concitoyens à de nouveaux risques et menaces que nous devons prendre en considération.

En effet, dans le cyberespace, ces photos, ces vidéos, ces renseignements personnels peuvent être visualisés et repartagés à l'insu des intéressés. Ainsi, la moitié des photographies qui s'échangent sur les forums pédopornographiques auraient été initialement publiées par les parents sur les réseaux sociaux. Ces derniers diffusent bien souvent des photos et des vidéos de leurs enfants sans penser à tous ces risques ; il est urgent de mieux les informer !

Aussi, en raison de la surexposition grandissante de l'image de l'enfant et de l'usage malveillant qui pourrait en être fait par des tiers, il semble primordial d'adapter notre arsenal juridique pour mieux appréhender l'exercice des droits des enfants dans cet environnement numérique.

La proposition de loi que nous examinons cet après-midi ne réglera pas tous les problèmes. Elle ne rendra pas non plus à certains parents le bon sens qui leur manque, mais elle permettra sensibilisation et responsabilisation des parents pour protéger les droits des enfants.

En faisant œuvre de pédagogie, elle aura le mérite de rappeler à tous que l'enfant n'est pas un objet, mais une personne titulaire de droits fondamentaux pour sa propre construction, comme le droit à l'image.

Lors de l'examen du texte en commission, des modifications utiles et pertinentes ont été apportées.

Je rejoins la position de la commission, qui a consacré de façon expresse l'obligation des parents de veiller au respect de la vie privée de leur enfant, y compris de son droit à l'image, au titre de leurs prérogatives liées à l'exercice de l'autorité parentale.

Je me réjouis également que la commission ait souhaité que la diffusion au public d'images relatives à la vie privée d'un enfant – photos ou vidéos – nécessite l'accord des deux parents.

De plus, je me félicite que la commission ait renforcé le pouvoir de la Cnil en cas d'atteinte aux droits des mineurs. Ainsi pourra-t-elle agir en demandant de bloquer un site internet dans les cas où l'éditeur ne répondrait pas aux demandes d'effacement ou ne prouverait pas avoir obtenu l'accord des deux parents pour la publication concernant l'enfant.

Monsieur le garde des sceaux, mes chers collègues, à l'ère de l'ultra-digitalisation, les enfants sont plus que jamais mis en danger par leur surexposition sur internet, particulièrement sur les réseaux sociaux. Il est donc nécessaire que nous nous accordions sur un texte opérant, afin de continuer à garantir à l'ensemble des mineurs une protection suffisante.

Le groupe Les Indépendants accompagnera toute démarche tendant à préserver les intérêts de l'enfant. Avec conviction, il votera en faveur de cette proposition de loi, utilement modifiée en commission.

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