Intervention de Pierre Louault

Réunion du 16 mai 2023 à 16h00
Ferme france — Discussion d'une proposition de loi dans le texte de la commission

Photo de Pierre LouaultPierre Louault :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, aujourd'hui, nous faisons face à une réalité : l'agriculture française est de moins en moins compétitive, et les jeunes ne veulent plus devenir agriculteurs. Dans un certain nombre de branches professionnelles, on travaille 70 heures par semaine pour gagner la moitié du Smic. Il est urgent de prévoir un certain nombre de moyens, afin que l'agriculture française redevienne compétitive.

Nous avons laissé notre industrie s'effondrer, tout comme notre production nucléaire. Les conséquences pour notre souveraineté sont graves. Allons-nous à présent regarder notre agriculture disparaître ? Allons-nous assister sans réagir, jour après jour, à la dégradation de notre souveraineté industrielle et alimentaire ?

C'est pour éviter cela que nous avons décidé de proposer cette loi d'urgence agricole, qui a été enrichie par les travaux de notre rapporteur Sophie Primas lors de son examen en commission.

Les mesures qui y figurent sont fortes, mais alors qu'un fruit et un légume sur deux consommés en France sont importés, comme la moitié des poulets, et que les éleveurs laitiers doivent travailler 70 heures par semaine pour gagner la moitié d'un Smic, nous avons besoin de mesures fortes.

Ces mesures sont fortes, mais elles n'en sont pas moins empreintes de bon sens ! Réduction des normes, baisse des charges, sécurisation de l'accès à l'eau, levée des freins à l'innovation : voilà ce dont nos agriculteurs ont besoin.

Ces mesures ne sont pas non plus anti-écologiques, comme on peut parfois l'entendre dire dans cet hémicycle : est-ce une régression que de permettre l'épandage de pesticides très ponctuellement sur des zones ultra-ciblées plutôt que d'arroser tout un champ ?

Je conclurai en évoquant une disposition du texte qui me tient à cœur, la création d'un livret Agri. Cette idée n'est pas nouvelle au Sénat et, comme bien souvent, elle fait son chemin.

Ce livret permettra aux agriculteurs d'obtenir des prêts, à l'heure où les taux d'intérêt remontent, et donc d'investir pour leur adaptation et leur résilience face au changement climatique. Quant aux Français, ils pourront placer leur argent disponible sur un nouveau livret réglementé et ainsi témoigner de leur attachement à leur agriculture.

Le Gouvernement annonce un plan de relance pour l'industrie prévoyant une réduction de moitié des délais administratifs. Cette mesure doit être étendue à l'ensemble du secteur agricole, qui n'en peut plus, lui non plus, de la surrèglementation. Le moral des agriculteurs est au plus bas. Les jeunes ne veulent plus exercer ce métier. Or on ne forme pas un agriculteur en quelques mois.

Cette proposition de loi va permettre d'accompagner les agriculteurs dans ce changement.

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