Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, la France compte actuellement près de 200 casinos, répartis dans 63 départements ; 38 départements français en sont donc totalement dépourvus. Rappelons que ces établissements sont également des complexes de loisirs intégrant des spectacles, des animations culturelles et artistiques, de la restauration, etc.
Lancée par Napoléon en 1804 afin de lutter contre la clandestinité des jeux d'argent, l'implantation de casinos dans notre pays est régie par une loi de 1906, qui souhaitait la réserver aux villes thermales ou balnéaires. Par conséquent, l'implantation des casinos est très hétérogène sur le territoire, avec une très forte présence le long du littoral, dans les grandes stations touristiques et dans les villes d'eau, en lien étroit avec le tourisme, donc, mais sous une forme restrictive.
Partant de ce constat, Catherine Deroche, Claude Nougein et moi-même avons d'abord souhaité, grâce à la proposition de loi que nous soumettons à votre examen aujourd'hui, élargir le champ des possibles en la matière et rectifier ce que l'on peut considérer aujourd'hui comme une inégalité territoriale, tout en restant fidèles à cette caractéristique touristique.
Tous ceux qui connaissent le beau département du Maine-et-Loire le savent, la ville de Saumur remplit parfaitement ce premier critère, elle qui se trouve au cœur du parc régional Anjou-Touraine et qui est posée sur ce fleuve royal qu'est la Loire. Parmi ses nombreux atouts, nous pouvons citer son château, ses troglodytes, ses caves et même son marathon, qui s'est tenu dimanche dernier.
Nous sommes convaincus qu'il faut renforcer l'attractivité de cette belle ville, que l'on dit souvent endormie. Il ne fait aucun doute que l'implantation d'un casino contribuerait à la fois au renforcement de son rayonnement touristique et à son développement économique.
Il ne faut pas oublier que les casinos sont des établissements créateurs d'emploi, souvent le principal employeur de la localité dans laquelle ils sont implantés. Cela représente environ 15 000 emplois directs, que ce soit pour l'activité de jeux ou pour la restauration-hôtellerie, l'animation, l'accueil, la sécurité, auxquels s'ajoutent 30 000 emplois indirects. L'implantation d'un casino à Saumur, sujet régulièrement mis sur la table depuis plusieurs décennies, entraînera la création d'une centaine d'emplois.
Enfin, les retombées financières potentielles se mesurent aussi sur le budget des collectivités locales concernées, à hauteur de 30 % à Deauville, par exemple. Soutenir ce projet donnerait incontestablement des marges de manœuvre intéressantes aux élus pour lancer des initiatives créatrices de valeur.
Il est évidemment une autre dimension, tout aussi essentielle, la filière équine. L'école de cavalerie et ses nombreux manèges font partie des véritables fiertés et de l'histoire de cette sous-préfecture du Maine-et-Loire.
Saumur, ville du cheval s'il en est, accueille le siège social de l'Institut français du cheval et de l'équitation, l'IFCE, institut public au service de la filière équine qui assure la gestion du Cadre noir de Saumur et des haras nationaux, dépositaire d'un patrimoine matériel et immatériel unique qu'il lui appartient d'entretenir et de valoriser.
Or cet établissement souffre depuis quelques années d'un désengagement financier de l'État, fragilisant l'ensemble de la filière. Particulièrement sensibles au soutien qu'il convient de lui apporter, c'est en étroite collaboration avec l'IFCE que nous avons souhaité écrire cette modification de l'article L. 321-1 du code de la sécurité intérieure, qui régit l'implantation des casinos dans notre pays.
Toutefois, comme toute modification dérogatoire d'un texte de loi existant, il convient d'être mesuré. C'est dans cet esprit d'équilibre que nous avons limité cette nouvelle dérogation aux communes accueillant des sites historiques de haras nationaux ou du Cadre noir.
Pour le dire clairement, cela ne concernerait que quelques villes, en particulier Saumur et Arnac-Pompadour, y compris avec la nouvelle rédaction issue des travaux de la commission, sous la conduite de son rapporteur François Bonhomme, dont je salue l'excellent travail.
Je conclus cette intervention par la question de l'accès aux jeux d'argent. Dans l'absolu, on peut considérer que toute mesure de facilitation pourrait inciter un public plus nombreux à céder à la tentation, voire à tomber dans les affres de l'addiction, dont on connaît les dangers potentiels. Ce serait à mon sens tenir un discours d'un autre temps, en faisant abstraction des changements radicaux de pratiques que l'on observe depuis une dizaine d'années.
Rien de plus facile aujourd'hui, y compris pour des foyers aux revenus modestes, que d'acheter un jeu à gratter ou de s'inscrire sur une plateforme de jeux en ligne. Le buraliste connaît bien ses clients et sait les mettre en garde contre des dépenses excessives. De même, le croupier d'un casino a l'expérience nécessaire pour repérer le joueur qui s'enflamme et dont la banqueroute pourrait nuire à l'établissement lui-même.
Pour toutes ces raisons, mes chers collègues, je vous remercie du soutien que vous pourrez apporter à cette proposition de loi. §