Intervention de Marc Fesneau

Réunion du 16 mai 2023 à 16h00
Ferme france — Question préalable

Marc Fesneau, ministre :

Mais vous avez raison de saluer la façon dont la concertation a été menée pour faire en sorte que nous ayons, avec les professionnels, les collectivités et les responsables agricoles un dialogue qui me paraît fructueux.

Ensuite, vous remettez en cause – de manière un peu paradoxale, mais on peut être à contre-emploi – le fait que nous ayons ouvert un questionnaire. Je vous indique qu'il y a eu 40 000 réponses. Je n'ai d'ailleurs pas prétendu qu'il s'agissait d'un dispositif de participation citoyenne. Même si j'ai été ministre délégué chargé des relations avec le Parlement et de la participation citoyenne, je n'ai jamais prétendu qu'il s'agissait en l'occurrence d'un exercice de participation citoyenne. J'avais simplement besoin, à travers ce questionnaire, dans un dialogue direct, de sentir un certain nombre de choses, sans prétendre que cela avait une vocation académique. Cela n'empêche pas d'ailleurs que nous travaillons aussi avec les jeunes sur cette question.

Vous avez mille fois raison de dire que la définition de la politique agricole constitue une décision structurante pour notre société. C'est d'ailleurs là-dessus que nous travaillons. Pour autant, cela doit-il empêcher le Sénat de se saisir d'un certain nombre de sujets ? Je ne le crois pas.

Par définition, une loi d'orientation a vocation à embrasser un champ plus large que celui de la compétitivité, qui est le fil rouge de la présente proposition de loi. La mention dans le texte d'une urgence sur un horizon de cinq ans n'est pas incompatible avec la volonté qui est la nôtre de nous projeter sur une période de trente ans ou quarante ans.

En outre, et je tenais à le souligner, il n'y a pas, d'un côté, les défenseurs de l'environnement et de la santé et, de l'autre, les défenseurs de je ne sais quels intérêts. Nous sommes tous défenseurs de l'intérêt général. Il y a sur toutes ces travées, ministre de l'agriculture compris, des gens qui pensent à l'intérêt général ! §Ils ont, eux aussi, des familles, des amis, des préoccupations et des inquiétudes concernant l'environnement. Ne nous drapons pas dans des postures, les uns contre les autres. Dans ce genre de débat, je trouve que cela est, au fond, à la fois caricatural et assez désagréable. Nous aussi, nous défendons à la fois l'agriculture et la nécessité des transitions. C'est en tout cas ce que j'essaie de faire et ce que je crois que vous essayez tous de faire.

On est toujours pris en contradiction avec soi-même. Je vais vous donner un exemple. Vous avez été de ceux qui ont demandé de remettre en cause l'avis de l'Anses sur la grippe aviaire. Vous disiez qu'il n'était pas normal d'imposer ainsi des mesures de confinement beaucoup trop lourdes – alors que c'était la demande de l'Anses – et vous demandiez, dans une logique économique, en lien avec un certain nombre de gens et de syndicats, la sortie du confinement pour les élevages dits autarciques. Cela ne vous posait pas de problèmes ! Ce n'était pas une question !

Il était normal que vous vous interrogiez ainsi sur les difficultés que cette mesure contre la grippe aviaire pouvait entraîner d'un point de vue économique. Mais quand une telle question est soulevée par vous, dans ce sens, elle ne vous pose pas de difficultés. Or je pense que nous parlons ici du même sujet.

Personne ne remet en cause les prérogatives de l'Anses, pas plus ici qu'ailleurs. En revanche, tout le monde peut se dire, comme l'a très bien dit Mme la rapporteure, qu'un équilibre est à trouver, sur certains sujets, entre la dimension économique et les nécessités et contingences environnementales et de santé publique. Or c'est ce que vous nous aviez demandé, par exemple, sur la grippe aviaire.

La phosphine est un sujet que je connais bien pour en avoir débattu publiquement. Nous nous trouvons tout de même dans une situation où des personnes, de l'autre côté de la Méditerranée, attendent nos céréales pour se nourrir. Ce ne sont pas de petits sujets, monsieur Salmon ! §

Il ne suffit pas de claquer des doigts et de dire qu'il faut interdire ces produits, sans se soucier de ce qui arrive à des populations qui sont soumises à une contrainte de sécurité alimentaire et qui réclament. Donner des leçons me paraît un peu risqué

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