Selon nous, la création d'un haut-commissaire à la compétitivité des filières agricoles et alimentaires n'apportera pas de réponse à la crise profonde que connaît le monde agricole. En effet, outre le fait que la compétitivité ne se décrète pas, elle ne saurait se résumer à une question de volumes et de prix dans une recherche d'optimisation économique.
Comme le souligne très justement le CESE dans son avis de 2018 : « La compétitivité ne peut se limiter à comparer des coûts de production et de vente ou les volumes et les prix de produits souvent standardisés. »
La compétitivité inclut une large palette d'enjeux sanitaires, environnementaux, sociaux, alimentaires, fonciers, ce qui n'apparaît pas dans la proposition de loi.
Et ce qui tue notre agriculture, ce n'est pas le manque de compétitivité, entendu dans un sens restreint, voire dépassé ; c'est bien la guerre des prix à laquelle se livrent les enseignes de la grande distribution et les grands groupes de l'agroalimentaire, ainsi que la concurrence entre États membres.
C'est bien la financiarisation et la banalisation du secteur agricole qui met en danger le modèle d'agriculture familiale. C'est bien le libre jeu du marché et la course effrénée au meilleur rendement qui entraînent une forte volatilité des prix, préjudiciable aux agriculteurs comme aux consommateurs. Le libre jeu du marché est en ce sens contreproductif dans le domaine de l'alimentation.
Enfin, il nous semble qu'en lieu et place d'une énième instance, il importe de s'appuyer sur l'existant. Je pense notamment au Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux, présidé par le ministre chargé de l'agriculture. Cet organisme assure des missions de conseil, d'expertise, d'évaluation, d'audit et d'inspection, sur des questions stratégiques comme l'agroécologie, la lutte contre le changement climatique, la gestion de crises de marché ou de crises sanitaires, ainsi que l'appui à l'international. Il peut aussi participer à la conception des lois.
Dès lors, il nous semble que la création d'un haut-commissariat serait redondante.