Je vais faire un petit pas de côté par rapport à ce qui vient d'être dit. Nous devons essayer d'embrasser à la fois les problèmes liés à la transition et nos besoins de compétitivité et de souveraineté alimentaire.
Il faut savoir que nous manquons d'éleveurs en ovins. Pas en ovins bio, mais en ovins ! Vous ne pouvez pas dénoncer le fait que nous devions aller chercher des ovins en dehors des frontières et n'exiger que du bio. Vous le savez, ces marchés sont compliqués. J'ai aussi besoin de reconquérir quasiment 60 % de la filière fruits et légumes et de répondre à l'ensemble des besoins des consommateurs français, qui veulent parfois du bio, parfois autre chose.
Le corollaire de ce que vous revendiquez, c'est une capacité coercitive sur l'alimentation de nos concitoyens. Je ne pense pas que ce soit ce à quoi vous aspirez…
Si je veux assurer notre souveraineté, rien que pour ces deux seules filières, j'ai besoin de l'ensemble des modèles. J'ai cependant une petite différence avec Mme Primas : je pense que nous avons besoin d'encourager les transitions. Mais nous avons aussi besoin de reconquérir notre souveraineté ! Sinon, nous parlons dans le vide. Nous pouvons toujours donner notre préférence pour tel ou tel type de produits, mais si les gens n'en veulent pas… À la fin des fins, cela encourage ce qui vient de l'extérieur.
À cet égard, l'exemple de la moutarde est très parlant. Si j'ai bien compris, monsieur Salmon, vous proposez qu'il n'y ait pas de moutarde tout court si elle n'est pas produite en France.