Alors que les infrastructures de stockage d’eau à des fins agricoles suscitent débats, critiques et contentieux et que les sécheresses se multiplient, l’article 15 prévoit de déclarer automatiquement d’intérêt général majeur les ouvrages de stockage d’eau.
Les écologistes ne s’opposent ni à l’irrigation ni au stockage de l’eau – je le rappelle, parce qu’il est facile de caricaturer –, mais nous estimons que ces solutions doivent intervenir en dernier recours, une fois que tous les leviers de sobriété ont été mis en œuvre, notamment les pratiques agronomiques permettant de retenir l’eau dans les sols. Je rappelle que 93 % de notre agriculture est une agriculture pluviale, qui n’a donc pas besoin d’irrigation.
Déclarer ces projets d’intérêt général majeur sans aucun encadrement ni garde-fou ne nous semble pas la solution. Certes, l’article a été modifié en commission pour tenter d’atténuer la mesure, en l’articulant avec le principe de l’usage partagé et les hiérarchies des usages de l’eau, mais cette précision est insuffisante.
Si l’irrigation est nécessaire dans certains cas, elle doit être conditionnée à des pratiques agroécologiques et au soutien à la souveraineté alimentaire, et non être déclarée comme présumée d’intérêt général majeur. L’objectif est de placer l’usage agricole de l’eau au même niveau que l’eau potable et l’usage sanitaire, ainsi que le bon fonctionnement des milieux aquatiques déjà largement mis à mal.
Des alternatives à l’actuelle généralisation de l’irrigation existent : produire sur des sols vivants et avec des principes d’agroécologie. La priorité, face à la raréfaction de la ressource en eau, doit être de discuter des changements à opérer. La répartition des volumes d’eau d’irrigation entre les filières et le rôle de ces dernières au sein de stratégies territoriales doivent retenir toute notre attention.