Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, vous avez certainement entendu parler de Shein, allégorie de la fast-fashion : t-shirts à 2 euros, robes à 9 euros et accessoires de mode défiant toute concurrence. Tel est le prix de l'esclavage moderne.
Le 5 mai, cette enseigne chinoise a ouvert en plein cœur de notre capitale, et pour la seconde fois, une boutique éphémère, où des milliers de Français se sont précipités pour effectuer des achats.
À qui pouvons-nous jeter la pierre ? Au consommateur, qui, faisant face à l'inflation, souhaite acheter à moindre coût, ou au Gouvernement, qui permet que ce géant chinois exploitant les Ouïghours comme main-d'œuvre forcée s'installe librement sur notre sol en toute impunité ?
La marque Shein enregistre un chiffre d'affaires de 30 milliards d'euros. Pourtant, elle ne rémunère ses employés ouïghours qu'une poignée de centimes, cela bien entendu sans contrat de travail et dans des conditions on ne peut plus exécrables.
Le 9 juin 2022, la veille de la Journée nationale de commémoration de l'abolition de l'esclavage, le Parlement européen a cherché à protéger le peuple ouïghour en interdisant l'import de produits issus de leur travail forcé, mais sans s'en donner véritablement les moyens.
Si la réalité des persécutions que subit ce peuple ne fait plus débat, si la nature même d'un génocide se profile, l'effectivité limitée des mesures européennes nous invite à vouloir aller plus loin pour défendre le respect des droits de l'homme.
Trop d'enseignes de géants de la mode que nous avons tous fréquentées au moins une fois font des profits colossaux en vendant ces articles produits en Chine au mépris des droits de l'homme. Au mois d'avril dernier, le combat des ONG contre ces pratiques a été classé sans suite. Le besoin de nouveaux instruments apparaît évident.
La proposition de résolution dont nous débattons aujourd'hui vise à assurer une meilleure traçabilité, afin qu'il soit démontré que ces produits importés ne sont pas issus du travail forcé ouïghour et que l'industrie textile, pour ne citer qu'elle, ne puisse plus se cacher derrière son ignorance.
Mes chers collègues, puisque tout reste à faire, puisque des textes ambitieux sont nécessaires, apportons notre soutien à cette cause juste. Pour que l'histoire ne puisse pas, plus tard, nous juger pour notre inaction, adoptons aujourd'hui cette résolution. Ne disons pas, plus tard, que nous ne savions pas.