Madame la ministre, je souhaite vous interroger sur la pénurie d’offre de soins dans les régions frontalières.
Permettez-moi d’illustrer mon propos en prenant l’exemple de ce qu’il se passe chez moi, dans le sud du Haut-Rhin, un territoire bordé par la frontière suisse.
De manière générale, si 87 % des territoires métropolitains sont considérés comme des déserts médicaux, la situation est plus prégnante encore dans les territoires transfrontaliers où toujours plus de médecins, d’infirmiers, d’aides-soignants franchissent chaque jour la frontière pour travailler en Suisse, où leur salaire est parfois multiplié par trois.
Actuellement, notre territoire dispose d’un nombre de médecins généralistes inférieur de 19 % à la moyenne observée dans la région Grand Est. Ce phénomène concerne l’ensemble de l’offre de soins.
Dans ce contexte marqué par une pénurie de soignants, et notamment de spécialistes, la clinique de Saint-Louis, récemment reprise par le groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud-Alsace (GHRMSA), a perdu les médecins libéraux qui y exerçaient.
Nous manquions déjà de praticiens. À présent, ce sont les 80 000 habitants de l’agglomération qui sont dans l’impossibilité de se faire soigner.
Je suis par ailleurs régulièrement alertée par certaines familles et par les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) eux-mêmes sur le fait que ces derniers ne sont plus en mesure, pour les mêmes raisons, d’accueillir dignement nos aînés.
Dans certains de ces établissements, qui fonctionnent en flux tendu et sont régulièrement en mode dégradé, j’ai vu des cadres et des membres de la direction assurer eux-mêmes la toilette des personnes âgées et servir les repas, faute de personnel suffisant.
En tentant comme ils le peuvent de fournir les services indispensables aux patients, les personnels s’épuisent si bien qu’ils n’hésitent plus à franchir la frontière, afin de profiter de salaires plus élevés et de conditions de travail plus satisfaisantes.
Madame la ministre, quelle place ont les territoires frontaliers dans votre politique de santé ? Quelles mesures comptez-vous prendre pour y retenir le personnel médical ? Quelles solutions envisagez-vous pour assurer une prise en charge digne, notamment de nos anciens, dans nos hôpitaux et nos Ehpad ?