Intervention de Jean-François Longeot

Réunion du 6 juin 2023 à 9h30
Questions orales — Risques pour le système électrique d'une interdiction des chaudières au gaz dans le secteur du bâtiment

Photo de Jean-François LongeotJean-François Longeot :

Monsieur le ministre, je souhaite appeler votre attention sur l’instabilité que créerait une éventuelle interdiction des chaudières au gaz sur notre système énergétique.

Rappelons-le, lors des périodes les plus froides, le gaz fournit jusqu’à 50 % des besoins en énergie du pays. Se priver du gaz reviendrait donc à se priver de capacités pilotables capables de fournir toute l’énergie consommée pendant les jours les plus froids. Les scénarios de Réseau de transport d’électricité (RTE) et de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) prévoient le maintien de 6, 5 millions à 10 millions de logements chauffés au gaz à l’horizon de 2050, dont plusieurs millions avec des pompes à chaleur hybrides.

La pompe à chaleur hybride, association d’une pompe à chaleur électrique de puissance optimisée à une chaudière gaz à très haute performance énergétique, permet de diminuer la consommation de gaz chez les particuliers et de préserver l’équilibre du système électrique en hiver. Face aux risques pesant sur la sécurité d’approvisionnement, pourquoi se priver d’un tel outil de flexibilité ?

L’interdiction des chaudières au gaz aurait également des effets dévastateurs sur la pointe électrique et la sécurité d’approvisionnement. Les écarts entre offre et demande pourraient, s’ils se cumulaient, atteindre lors des pointes hivernales en 2050 entre 30 et 50 gigawatts, voire davantage si les interconnexions avec les pays voisins n’étaient pas mobilisables ou si des solutions de flexibilité plurijournalières et saisonnières ne permettaient pas de compenser l’intermittence de la production des énergies renouvelables. Aucun scénario de RTE n’anticipe une telle situation.

De plus, l’interdiction des chaudières au gaz exigerait des investissements supplémentaires sur le réseau électrique, alors que les investissements nécessaires sur le système électrique à l’horizon de 2050 sont déjà estimés entre 750 milliards et 1 000 milliards d’euros. En revanche, le développement des gaz verts ne nécessite pas d’investissements lourds : l’investissement nécessaire sur les moyens de production et les infrastructures est évalué à 150 milliards d’euros.

Monsieur le ministre, je souhaiterais connaître la position du Gouvernement sur l’interdiction d’installer des chaudières au gaz dans les logements et savoir comment vous comptez tenir compte, dans votre politique nationale de décarbonation des logements, des enjeux de résilience du système énergétique que j’ai soulevés.

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