Intervention de André Dulait

Réunion du 14 octobre 2009 à 14h30
Victimes des essais nucléaires français — Discussion d'un projet de loi en procédure accélérée

Photo de André DulaitAndré Dulait :

Tout d’abord, il me paraît important de rappeler les nécessités et les impératifs stratégiques qui ont conduit la France à adopter une politique de défense fondée sur le développement de son arsenal nucléaire.

Voilà quarante ans, notre pays a forgé sa stratégie de défense sur une volonté d’indépendance. L’indépendance et l’autonomie militaires se sont traduites par le choix délibéré d’une politique d’armement nucléaire. Et, dans un contexte géopolitique aussi complexe et mouvant que celui que nous connaissions, ce choix s’est révélé être le bon.

C’est cette même politique de défense qui nous a permis d’occuper une place reconnue sur la scène internationale, notamment au sein des membres permanents du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies.

C’est aussi cette politique d’armement qui garantit la préservation des intérêts vitaux de notre pays.

Pour ce faire, la France a procédé à des essais nucléaires dans le Sahara algérien et en Polynésie française. Au total, deux cent dix essais, atmosphériques ou souterrains, ont été réalisés. Ils ont participé à l’élaboration d’une véritable force de dissuasion nucléaire, pilier de la sécurité de notre pays et de nos concitoyens.

Cependant, dès que cela a été techniquement possible, la France a eu recours aux simulations informatiques.

Parallèlement à ce programme de simulations, choix aussi courageux qu’ambitieux, la France s’est investie dans le désarmement. Elle a adhéré au traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

Depuis, la France a arrêté sa production de matière fissile et a engagé le démantèlement des installations du Centre d’expérimentation du Pacifique.

Cette page de l’histoire nucléaire française, du début à la fin des essais, ne doit pas être appréhendée à la légère. Un simple raccourci entre essais et indemnisation ne correspondrait pas à la réalité. Notre pays n’a pas joué à l’apprenti sorcier.

Après chacun des essais, tant au Sahara qu’en Polynésie, des relevés radiologiques ont été effectués. Des précautions ont été prises. Les effets ont été mesurés, recensés et archivés. La preuve en est que nous retrouvons l’ensemble des données recueillies dans les rapports que mes collègues ont cités.

Des protocoles de protection des personnels ont été mis en place, mais cela a été fait au regard des données scientifiques disponibles et de l’état d’avancement des connaissances à l’époque.

L’expertise nucléaire de la France et les données relatives aux rayonnements ionisants étaient loin d’atteindre le niveau des connaissances dont disposent les experts onusiens aujourd’hui.

Dès la fin des essais, le gouvernement de l’époque a entrepris une politique d’évaluation des effets des essais en Polynésie et a lancé de lourds travaux de dépollution des sites d’expérimentation.

Rappelons qu’en janvier 2004 le Président de la République avait souhaité, à la suite de la décision conjointe des ministères de la défense et de la santé, la création du Comité de liaison pour la coordination du suivi sanitaire des essais nucléaires. Le CSSEN avait pour missions de dresser le bilan des données disponibles sur les expositions aux rayonnements ionisants durant les essais, de définir et de caractériser les pathologies susceptibles d’être radio-induites et de déterminer les catégories des personnes ayant pu être exposées aux rayonnements ionisants.

Par ailleurs, je souhaite rappeler que la Polynésie a connu deux grandes campagnes de réhabilitation des installations de l’ex-direction des expérimentations nucléaires.

Tout cela témoigne de l’engagement de la République envers les Polynésiens. Ces sujets sont graves et ne doivent pas être abordés à travers le prisme trop souvent réducteur et déformé des rapports de la métropole à l’égard d’une collectivité territoriale ultramarine.

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