Avec tout le respect que je vous dois, monsieur le ministre, nous ne devons pas visiter les mêmes entreprises. Vous estimez en effet que tout va bien dans l'industrie, alors que dans toutes les grandes entreprises dans lesquelles je me rends, par exemple du secteur automobile, mais pas seulement, les salariés, mais aussi les membres de la direction m'indiquent que le recours à l'intérim et aux CDD est massif.
Or il n'y aura pas de réindustrialisation sans salariés bien rémunérés, monsieur le ministre. C'est une des clefs, car au-delà du patron et des actionnaires – vous savez ce que nous pensons de ces derniers au sein de mon groupe –, il y a le savoir-faire et les compétences des travailleurs et des travailleuses. Du reste, quand ces derniers se mettent en grève, plus rien ne sort des usines, car ce sont eux qui, en premier lieu, font vivre l'entreprise.
Il n'est donc pas possible que ce projet de loi qui vise à faire de la réindustrialisation une priorité n'aborde pas les droits, les compétences et la rémunération des travailleurs et des travailleuses.
Vous estimez que l'apprentissage est une grande réussite, monsieur le ministre. Il est vrai que, pendant longtemps, celui-ci a été dévalorisé. Pour autant, la suppression des Afpa, qui n'ont été remplacées par rien, et l'inquiétude que suscite le projet de réforme du lycée professionnel appellent des réponses.
Il faudra enfin, même si vous ne voulez pas l'entendre, monsieur le ministre, que vous répondiez à la question centrale, celle de la sous-traitance. Il est scandaleux d'exploiter des travailleurs et des travailleuses, y compris des sans-papiers, comme on le fait sur les grands chantiers des Jeux et du Grand Paris Express. Or certains s'en lavent les mains !
Ces chantiers ne sont certes pas des chantiers industriels à proprement parler, mais ces difficultés, tout comme celles que j'ai pointées précédemment, sont intimement liées à la réindustrialisation notre pays. Nous continuerons de le marteler si vous ne voulez pas l'entendre, monsieur le ministre !