Madame la ministre, je tenais absolument à intervenir aujourd’hui pour soutenir cette proposition de loi.
Nous entendons des réticences d’ordre organisationnel et budgétaire. Je pense qu’il faut les dépasser. Pour vous en convaincre, permettez-moi de porter la voix d’habitants de mon département, situés dans la plaine d’Aunis, à proximité de La Rochelle. Là, entre 2009 et 2018, six enfants au moins ont développé des cancers. L’histoire est connue, la presse nationale l’a relatée à plusieurs reprises – encore hier, dans l’hebdomadaire Le 1, dont je vous recommande la lecture.
Concrètement, qu’est-ce qui a permis aux médecins des familles concernées de vérifier leur constat empirique de cas anormalement concentrés de cancers ? Qu’est-ce qui a permis d’objectiver la situation pour agir ? Eh bien, vous n’en serez pas surprise, il s’agit de l’existence d’un registre des cancers. Sans cela, un temps précieux aurait été perdu.
Ce registre a montré combien il était nécessaire dans le cas d’espèce. Est-il suffisant pour autant ? Loin de là ! Depuis qu’il a permis de partager le constat, le chemin restant à parcourir pour établir les causalités et déterminer les facteurs de risque sociaux et environnementaux est long et laborieux. Et les parents et citoyens de la plaine d’Aunis font preuve d’un esprit de responsabilité et d’un sang-froid remarquables.
L’agglomération de La Rochelle joue avec volontarisme un rôle qui – cela me coûte de le dire – devrait être celui de l’État, qui rase les murs sur le sujet. C’est l’agglomération qui organise des réunions publiques, qui commande des campagnes de mesures de qualité de l’air, qui demande à ses agents de consacrer du temps pour faire se parler les acteurs de terrain – familles, élus, médecins, entreprises, agriculteurs, associations, etc.
Je voulais donc saisir l’occasion de ce débat pour vous demander, madame la ministre, de passer un message à votre excellent collègue ministre de l’agriculture. Il s’était engagé à nous transmettre, pour septembre 2022, une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), toujours repoussée depuis lors sans aucune explication – y compris à l’adresse des journalistes qui l’interrogent. Cela devient indécent et ne peut entraîner que de la suspicion.
Or, pour éviter la suspicion – c’est notre sujet – et pour permettre un débat constructif, rien de mieux que des données ouvertes et accessibles. Les difficultés pour établir les causalités et les prises de conscience sur les cadres sociaux et environnementaux favorisant les cancers suffisent à justifier que nous ne privions pas 75 % du territoire national de cette première étape indispensable de caractérisation des foyers de cancer, comme nous en avons bénéficié en Charente-Maritime.
C’est donc avec conviction que je voterai avec mon groupe cette proposition de loi.