Je pense qu'il s'agit d'un amendement d'appel, car, tels qu'ils sont proposés dans ce tableau, les objectifs visés ne sont pas complètement atteignables.
L'urgence, comme l'a indiqué Philippe Folliot, doit être de remporter la bataille de la fidélisation. Le ministère des armées est un grand ministère employeur, et le solde entre les recrutements et les départs doit rester positif. L'enjeu n'est pas tant de parvenir à embaucher que d'être capable de conserver certains personnels, bien ciblés.
Deux catégories, notamment, méritent une attention particulière. Tout d'abord, celle des sous-officiers. Ces derniers constituent la structure de notre modèle d'armée. Or, au fil des ans, sous l'effet des revalorisations du Smic et du point d'indice de la fonction publique, l'écart s'est réduit entre la solde de la troupe et celle des premiers grades de sous-officiers – sergent ou second-maître, sergent-chef – et évidemment ce déséquilibre se retrouve dans l'ensemble de la pyramide des grades. Tel est le premier combat que nous devons mener. C'est le message que nous devons envoyer à nos armées – car celles-ci nous regardent –, avant de parler des chiffres, même si, à cet égard, les amendements adoptés par la commission vont dans le bon sens.
La seconde catégorie de métiers pour lesquels il existe un enjeu important en termes de fidélisation, et également d'ouvertures de nouveaux postes, est celle des métiers du cyber. Les professionnels de ce secteur sont particulièrement « chassés » par le privé : on voit ainsi malheureusement de jeunes gens, qui ont été formés et qui ont travaillé pendant quatre ou cinq ans au sein des différentes structures cyber du ministère, quitter ce dernier pour des raisons salariales ou pour satisfaire un désir de mobilité – le problème est complexe. Le même phénomène s'observe à la DGSE.
Réussir à fidéliser ces deux catégories constitue un combat clef pour la réussite de la programmation militaire.
La programmation comporte aussi une trajectoire d'augmentation des ETP du ministère. Il n'est pas possible de comparer les lois de programmation entre elles : jadis, l'enjeu était d'augmenter les effectifs des structures de combat, par exemple des régiments d'infanterie. Aujourd'hui, l'enjeu concerne plutôt la guerre électronique ou la transformation cyber de l'armée de terre.
La trajectoire présentée correspond aussi aux besoins des employeurs, à leurs capacités d'embauche, et aussi à leur capacité à fidéliser.
Pour ces raisons, je demande le retrait de cet amendement ; à défaut, l'avis sera défavorable.
Chaque année, lors du bilan de l'exécution de la loi de programmation militaire, le ministre des armées viendra au Parlement expliquer comment le Gouvernement est parvenu à remplir ses objectifs, ou pourquoi, au contraire, il n'y est pas parvenu, en donnant des éléments d'analyse qui permettent d'avoir une approche qualitative : en effet, remplir l'objectif pour la troupe n'est pas la même chose que le remplir pour la DGSE ou pour les fonctions de soutien.