Cet amendement a pour objet de reconsidérer la stratégie dite 3D – défense, diplomatie et développement.
En effet, cette approche peut paraître très satisfaisante, voire rassurante, sur le papier ; mais, dans les faits, en particulier au Sahel, elle n’a pas été une réussite. Le volet développement, notamment dans le champ de l’humanitaire, en est resté le parent pauvre.
Pire encore, le travail des ONG dans des territoires extrêmement dangereux a été entravé, car il est apparu comme trop marqué par l’opération militaire et comme manquant d’indépendance par rapport au pouvoir politique. Les intervenants sur le terrain, en particulier les bénévoles, qui sont souvent des locaux, ont été mis dans une situation où leur sécurité était menacée.
Certes, il n’est pas question de proscrire les relations que les militaires peuvent entretenir avec les ONG et qui fonctionnent parfois très bien. En effet, certains projets que l’Agence française de développement (AFD) a menés avec l’armée ont été une réussite. Toutefois, les ONG sont unanimes – le terme n’est pas trop fort, croyez-moi – à ne plus vouloir porter d’étiquette politico-militaire avant de se rendre dans des zones de conflit extrêmement dangereuses pour y apporter de l’aide alimentaire ou y dispenser des soins de première urgence. Elles seraient trop marquées par l’opération militaire.
Cela ne relève pas de vous, monsieur le ministre, mais les conséquences ont parfois été très lourdes par le passé. Alors que la situation était très tendue dans certains pays africains, le ministre a été obligé de publier un communiqué de presse indiquant qu’il fallait interrompre la coopération. On voit combien le lien entre les ONG et les militaires peut être dangereux.
Je voudrais modérer l’enthousiasme général qui s’exprime en faveur de la stratégie 3D, alors même qu’elle ne fonctionne pas.