Je saisis l’opportunité de cet amendement puisque les précédents ont été rejetés.
On peut écrire « autonomie stratégique européenne » à chaque ligne dans les textes, mais toutes les décisions prises depuis le début de la guerre en Ukraine nous éloignent de cette perspective. Le débat était déjà compliqué lorsqu’il s’agissait simplement d’inscrire cette formule dans les documents d’orientation de l’Europe sur ces sujets ; à présent, nous nous dirigeons dans la direction opposée.
Comme je l’ai souligné hier, la remilitarisation de l’Europe se fait essentiellement au profit des industries d’armement américaines. Nous donnons des gages, nous avons laissé faire l’adhésion de la Suède et de la Finlande, qui pourrait aboutir à Vilnius, sous le chantage de la Turquie, en obligeant ces pays à signer un mémorandum avec elle sur les conditions de leur adhésion. Nous tressons, en outre, des lauriers à des régimes politiques d’Europe de l’Est qui s’écartent de notre conception démocratique.
Tout cela nous éloigne de l’autonomie stratégique européenne. Nous devons l’admettre car, quoi que nous écrivions, l’incompatibilité persiste entre autonomie stratégique européenne et commandement intégré de l’Otan.
Monsieur le ministre, vous avez évoqué ce sujet : il faudra un jour choisir entre les deux ; affirmer que ces notions sont compatibles ne nous permet pas de traiter de manière approfondie et sérieuse la question d’une éventuelle autonomie stratégique européenne.