En ce qui concerne l'amendement n° 128, j'approuve, comme pour l'amendement n° 127, l'objectif du Gouvernement. Les montages ou les deepfakes à caractère sexuel, qui ont pour but d'humilier une personne ou d'exercer sur elle un chantage, pullulent sur certains sites : c'est inacceptable.
Le Gouvernement propose, pour mieux protéger les victimes, de créer une nouvelle infraction qui serait pénalisée à la même hauteur que le revenge porn. Je trouve ce choix judicieux et j'y adhère sans réserve.
Nous aurons peut-être une question à régler dans la suite de la navette sur le régime des montages ou des deepfakes à caractère sexuel qui affichent leur propre nature, c'est-à-dire ceux qui sont clairement et explicitement présentés comme des faux. Dans ces cas, les montages pourraient d'une certaine manière relever du droit à la caricature ou constituer des illustrations n'ayant pas pour objet de porter tort à la personne visée.
En effet, l'article 226-8 du code pénal établit une différence entre les montages qui se font passer pour des vrais et ceux qui sont affichés comme fictifs. Cela me semble effectivement une garantie non négligeable quant au respect de la liberté d'expression, même si j'ai du mal à imaginer un contexte dans lequel un montage ou un deepfake pornographique serait l'expression d'une liberté… Il est vrai que certaines images peuvent être à cheval entre différents types de graphisme, si je puis dire.
Néanmoins, j'ai quelques doutes juridiques et je ne voudrais pas que, sur un enjeu aussi important, nous prenions le risque d'une censure constitutionnelle – c'est quasiment devenu une obsession pour moi !