Séance en hémicycle du 4 juillet 2023 à 16h22

Résumé de la séance

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La séance

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La séance, suspendue à seize heures vingt, est reprise à seize heures vingt-deux.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique (projet n° 593, texte de la commission n° 778, rapport n° 777).

La procédure accélérée a été engagée sur ce texte.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Monsieur le ministre, mes chers collègues, pour la bonne organisation de nos travaux, je vous précise que nous suspendrons ceux-ci vers dix-neuf heures quinze pour les reprendre à vingt et une heures trente.

Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre délégué.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de la transition numérique et des télécommunications

Monsieur le président, madame la présidente de la commission spéciale, messieurs les rapporteurs, mesdames, messieurs les sénateurs, l'insécurité que nos concitoyens rencontrent au quotidien sur internet sape leur confiance dans la transition numérique.

Tous les Français sont concernés, tous constatent les désordres qui s'accumulent dans l'espace numérique, en particulier les Français les plus vulnérables.

Nos concitoyens les plus modestes, les plus âgés, sont les victimes privilégiées des cybercriminels. Nos enfants sont exposés de manière très précoce à des contenus inappropriés. Nos entreprises, que la loi du plus fort place sous le joug et la dépendance des géants du numérique, sont également concernées. Notre démocratie est soumise aux coups de boutoir incessants des professionnels de la désinformation.

Face à ces désordres, la France agit résolument depuis cinq ans, à tous les niveaux.

Nous agissons au niveau national, grâce à des initiatives parlementaires qui nous ont permis de progresser, notamment en matière de lutte contre la désinformation ou de protection de l'enfance en ligne – je pense au cyberharcèlement.

Nous agissons aussi au niveau européen, avec deux règlements majeurs adoptés l'année dernière durant la présidence française de l'Union européenne.

Nous agissons ensuite au niveau international, avec des initiatives multipartites prises par le Président de la République, et qui ont contribué à éveiller la conscience mondiale sur ce problème de notre siècle.

Le projet de loi que vous allez examiner aujourd'hui a le même objectif, celui d'instaurer un ordre public numérique et de créer des protections nouvelles pour nos concitoyens, nos enfants, nos entreprises, nos collectivités et notre démocratie.

Ce texte s'est formé à partir de trois affluents.

Le premier de ces affluents, ce sont les deux règlements européens adoptés l'année dernière sous la présidence française de l'Union européenne, qui sont d'application directe, mais qui nécessitent que nous modifiions notre droit pour qu'ils puissent correctement s'appliquer dans notre pays.

Le premier règlement, le règlement sur les services numériques, le Digital Services Act (DSA), fait entrer les grandes plateformes des réseaux sociaux dans l'ère de la responsabilité. Il leur impose des obligations de modération. Il les contraint à analyser et à corriger le risque systémique qu'elles font peser sur la santé de leurs utilisateurs, mais aussi sur la sécurité publique. Les événements récents ont confirmé à quel point il était nécessaire et urgent qu'un tel règlement puisse intervenir. Enfin, ce règlement impose des interdictions nouvelles, par exemple la publicité ciblée sur les mineurs.

Le deuxième règlement, le règlement sur les marchés numériques, le Digital Markets Act (DMA), a pour objet de rétablir l'équité commerciale et de mettre fin à un certain nombre d'abus de position dominante dans l'économie numérique. Il définit vingt-six pratiques anticoncurrentielles, qui seront désormais interdites dans l'Union européenne : autopréférence, utilisation par un service d'une entreprise de données personnelles collectées sur un autre de ses services, interopérabilité entre les messageries, etc.

Le deuxième affluent, ce sont vos travaux parlementaires, mesdames, messieurs les sénateurs, notamment ceux qui ont porté sur l'exposition de mineurs aux contenus pornographiques. Je pense au rapport de Laurence Rossignol, de Laurence Cohen, d'Annick Billon et d'Alexandra Borchio Fontimp. Je pense également au rapport qui a été rendu par Amel Gacquerre, Franck Montaugé et Sophie Primas sur la souveraineté numérique. Je pense, enfin, aux récents travaux de Catherine Morin-Desailly, de Florence Blatrix Contat et d'André Gattolin sur la proposition de règlement sur les données.

Nous n'avons fait que reprendre ni plus ni moins, mesdames, messieurs les sénateurs, certaines des propositions figurant dans ces rapports et qu'il me paraissait important de mettre en œuvre le plus vite possible.

Le troisième affluent, ce sont les consultations citoyennes qui ont été menées sous l'égide du Conseil national de la refondation, et qui ont inspiré certaines des mesures de ce projet de loi, notamment en ce qui concerne la lutte contre le cyberharcèlement.

En définitive, ce projet de loi vise à instaurer des protections nouvelles que je décrirai brièvement, en soulignant les apports décisifs des travaux de la commission spéciale, qui s'est réunie la semaine dernière pour examiner le texte.

Au chapitre de la protection de nos concitoyens, on recense trois mesures fortes.

La première mesure vise à donner une base légale au filtre anti-arnaque, qui servira de rempart contre les campagnes de SMS et de mails frauduleux. Nous avons tous déjà reçu un SMS ou un mail du compte personnel de formation ou de la sécurité sociale, nous invitant à suivre un lien malveillant, et nous avons tous hésité à cliquer. C'est ainsi que 18 millions de Français ont été victimes de la cybercriminalité l'année dernière, dont la moitié a perdu de l'argent.

Évidemment, ce sont nos concitoyens les plus fragiles, les plus éloignés du numérique, qui sont les plus susceptibles de se faire ainsi entraîner dans la spirale infernale de l'usurpation d'identité dont ils mettent parfois plus d'une décennie à sortir. Il faut donc, grâce à ce filtre anti-arnaque, couper le mal à la racine et dévitaliser le commerce de ces pirates, qui font de nos tablettes et de nos smartphones l'instrument de leur racket.

La deuxième mesure est une peine complémentaire de bannissement des réseaux sociaux pour une période de six mois, portée à un an en cas de récidive, pour les personnes reconnues coupables de cyberharcèlement ainsi que d'autres faits de violences en ligne. Le cyberharcèlement se propage comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Les responsables sont une minorité d'internautes se comportant parfois comme des chefs de meute, qui désignent les victimes à la vindicte de leur communauté et qui déclenchent sur celles-ci des raids de violence et de haine.

Grâce à cette disposition, qui est inspirée de la peine complémentaire d'interdiction de stade, nous voulons une fois de plus couper le mal à la racine en privant ces chefs de meute de leur caisse de résonnance, en confisquant leur notoriété et en rendant impossible la récidive.

À cet égard, je salue les travaux du rapporteur Loïc Hervé, qui a permis d'étendre cette peine complémentaire dans un certain nombre de dimensions afin que le juge qui décidera de s'en saisir puisse dûment traiter cette question de la récidive sur les réseaux sociaux.

La troisième mesure de protection de nos concitoyens est l'encadrement des nouveaux types de jeux en ligne. Nous définirons un régime pionnier et protecteur des utilisateurs pour encadrer les jeux numériques fondés sur les technologies du Web3. Il s'agit là de créer les conditions pour que ces activités puissent se développer en France, tout en assurant le plus haut niveau de protection aux mineurs et en garantissant la lutte effective contre le blanchiment et le terrorisme.

Je remercie le rapporteur Patrick Chaize d'avoir su préciser la définition de l'expérimentation, pendant une durée de trois ans, au cours de laquelle ces activités vont pouvoir se déployer, entourées d'un certain nombre de garanties. Il faut bien le confesser, la copie initiale du Gouvernement consistait en une simple habilitation à légiférer par ordonnance. Je salue donc les efforts du Sénat en ce sens.

Au chapitre de la protection des mineurs, notons deux mesures fortes.

La première mesure consiste à donner à l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) le pouvoir d'ordonner le blocage, le déréférencement et des amendes dissuasives à l'encontre des sites pornographiques qui ne vérifieront pas l'âge des utilisateurs.

Grâce à la loi du 30 juillet 2020 visant à protéger les victimes de violences conjugales, l'obligation est faite aux sites pornographiques de vérifier l'âge de leurs utilisateurs. Cette obligation n'est toujours pas respectée à l'heure actuelle. Une procédure est en cours devant le tribunal judiciaire de Paris, qui rendra son verdict vendredi prochain.

Constatant les délais de cette procédure, le rapport de Mmes Billon, Borchio Fontimp, Cohen et Rossignol a ouvert un certain nombre de pistes supplémentaires, dont cette faculté donnée à l'Arcom d'ordonner en quelques semaines le blocage des sites pornographiques pour les affaires à venir. Bientôt, cette disposition nous permettra d'agir plus vite et plus fort.

La deuxième mesure de protection des enfants est la création d'une peine d'un an d'emprisonnement et de 250 000 euros d'amende pour les hébergeurs qui ne retireront pas les contenus pédopornographiques qui leur sont signalés par la police et la gendarmerie en moins de vingt-quatre heures, sur le modèle de la sanction qui s'applique au non-retrait des contenus terroristes.

L'année dernière, 74 000 demandes de retrait de tels contenus ont été adressées aux hébergeurs. Il fallait donc assortir cette obligation de retrait d'une sanction, ainsi que le prévoit fort opportunément ce texte.

Au chapitre de la protection de nos entreprises et de nos collectivités, on retrouve deux mesures.

Pour nos entreprises, il s'agit d'encadrer les avoirs commerciaux, de prévoir des règles d'interopérabilité et d'interdire les frais de transfert sur le marché de l'infonuagique, c'est-à-dire du cloud. Ce marché est en effet extrêmement concentré entre les mains d'une poignée d'acteurs, qui tiennent nos entreprises dans une situation de dépendance et d'assujettissement. Là aussi, il faut en finir avec la loi du plus fort.

Le Sénat a formulé des propositions dans un certain nombre de rapports. Nous y avons été très sensibles avec Bruno Le Maire, car la souveraineté en matière de numérique et de cloud est pour nous une priorité. Vous trouverez donc dans ce projet de loi, affinées par les travaux de la commission spéciale, des mesures qui nous permettront de rendre leur liberté aux entreprises de notre pays et de leur donner un peu d'air.

Pour les collectivités, il s'agit de créer une base de données unique afin qu'elles puissent mieux réguler l'activité des meublés de tourisme. Une expérimentation a eu lieu ces dernières années, associant cinq collectivités et cinq plateformes de location : nous proposons de la pérenniser. Il est nécessaire que les collectivités, pour vérifier la bonne application du droit, en particulier la limite de cent vingt nuitées par an, puissent se tourner vers un interlocuteur unique de manière à s'assurer que toutes les règles sont bien respectées sur leur territoire.

Enfin, je tiens à souligner une mesure de protection de notre démocratie, avec le pouvoir donné à l'Arcom de mettre en demeure et d'ordonner le blocage des sites qui diffuseront des médias frappés par les sanctions internationales comme celles que l'Union européenne a prises à l'encontre de RT France et de Sputnik.

La désinformation sur internet est l'une des menaces les plus lourdes qui pèsent sur nos démocraties. Nos ennemis dévoient la liberté d'expression pour instiller le mensonge dans le débat public. Cette mesure complétera notre arsenal pour nous permettre de lutter contre la désinformation.

Ce projet de loi, je l'ai souligné devant la commission spéciale, a vocation à être enrichi et renforcé par le Parlement, singulièrement par le Sénat.

Je serai, pour ma part, attentif à ce que nous veillions collectivement à ne pas franchir deux lignes rouges.

La première de ces lignes rouges est de veiller à ce que les compromis que la France a portés au niveau européen, et qui ont donné lieu aux règlements sur les services numériques et sur les marchés numériques, soient respectés. Il s'agit bien évidemment de compromis : la France n'a pas pu obtenir tout ce qu'elle aurait voulu, mais le fait qu'il s'agisse de compromis européens leur donne toute leur force. C'est en faisant levier grâce au marché unique européen que nous avons ainsi pu obtenir un certain nombre de concessions, et que les sanctions associées au non-respect de ces règlements seront d'une sévérité suffisamment dissuasive pour que les géants du numérique modifient une bonne fois pour toutes leur comportement.

La deuxième ligne rouge est de ne pas enfreindre – car cela pourrait constituer une tentation pour mettre fin à tous les désordres que nous constatons au quotidien dans l'espace numérique – certaines des libertés fondamentales sur lesquelles repose notre fonctionnement démocratique : la liberté d'expression, la liberté d'information et la liberté de communication.

Il nous faudra faire preuve de discernement durant nos débats afin que vos propositions et les nôtres se tiennent bien entre ces deux lignes rouges : le respect des compromis obtenus par la France au niveau européen et le respect des libertés fondamentales sur lesquelles repose notre démocratie.

Je compte évidemment sur le Sénat pour enrichir et renforcer ce texte, qui suivra ensuite son chemin vers l'Assemblée nationale. Je vous remercie par avance de la qualité de nos échanges.

Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et UC, ainsi qu'au banc des commissions. – M. Bruno Belin applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Monsieur le ministre, je salue la présence à vos côtés de Mme Charlotte Caubel, secrétaire d'État auprès de la Première ministre, chargée de l'enfance.

La parole est à M. le rapporteur.

Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, je voudrais commencer par un constat qui, je le crois, est partagé sur toutes les travées de cette assemblée et, au-delà, par tous les Français : il n'est plus possible d'imaginer une vie sans internet.

Le numérique n'est pas un simple outil technique : il a changé, sans retour possible, nos manières de communiquer, de consommer, d'agir, et même, dans une certaine mesure, de penser et de concevoir le monde.

Si internet est un formidable vecteur de créativité, d'échanges et de transparence, il comporte, comme le monde réel, sa part de violence et de laideur. L'actualité se fait l'écho, hélas ! de l'avancée de la cybercriminalité, du cyberharcèlement, des cyberarnaques, bref, de l'irruption de comportements qui, illicites dans notre vie de tous les jours, trouvent dans l'espace numérique un nouveau champ d'action.

Tel est l'enjeu de ce texte, du moins pour les articles dont j'ai la charge en tant que rapporteur : faire du continent internet un lieu plus sûr pour mieux protéger ses utilisateurs, en priorité les plus vulnérables.

Sécuriser l'espace numérique, ce n'est ni plus ni moins qu'y garantir le respect des règles qui s'appliquent au quotidien.

La liberté ne peut plus servir de prétexte à celles et à ceux qui vont sur internet pour harceler ou humilier, ou pour répandre un discours de haine et d'infamie. Elle ne peut pas, non plus, servir d'excuse pour accepter que les plus jeunes soient exposés à des contenus choquants ou violents qui les empêchent de se construire sereinement.

Le règlement sur les services numériques permettra, en la matière, de grandes avancées. Le Gouvernement a voulu aller plus loin en y intégrant des mesures complémentaires, par exemple sur la lutte contre les contenus illicites ou sur l'interdiction d'accès des mineurs aux sites pornographiques.

Monsieur le ministre, soyez assuré que le Sénat soutient votre choix, à tel point que nous avons souhaité, nous aussi, apporter notre pierre à l'édifice.

Nous l'avons fait en commission spéciale puisque nous avons enrichi et remanié votre texte, en bonne intelligence avec les acteurs du numérique et avec les services publics concernés, que nous avons reçus en dépit du trop bref délai qui nous était imparti.

Nous avons pleinement souscrit au changement de méthode que vous suggérez pour réguler les sites pornographiques, défendu dans les articles 1er et 2, à travers l'établissement, par l'Arcom, d'un référentiel obligatoire pour les systèmes de vérification d'âge.

Nous avons également approuvé l'octroi, toujours à l'Arcom, d'un pouvoir de mise en demeure et de sanction afin que cette vérification d'âge soit effective ou, à défaut, que les sites récalcitrants soient bloqués.

Ces mesures, directement inspirées du rapport de la délégation aux droits des femmes du Sénat sur les pratiques de l'industrie pornographique, devraient permettre de « massifier » notre réponse face à la prolifération de contenus pornographiques en accès libre sur internet, et ainsi de protéger davantage les mineurs, qu'il s'agisse des enfants ou des jeunes adolescents.

Pour renforcer la solidité du dispositif, nous avons cependant fusionné les deux procédures de mise en demeure et de sanction prévues à l'encontre de l'éditeur, notamment parce qu'elles empiétaient sur une éventuelle procédure pénale.

Le système que nous avons imaginé est plus simple : il y aurait une mise en demeure de l'éditeur de se conformer au référentiel avec une sanction pécuniaire plus ou moins importante à la clé selon que l'éditeur n'a mis en place aucun contrôle d'âge ou qu'il a mis en place un dispositif non conforme au référentiel.

Après cette mise en demeure à l'éditeur, et si l'Arcom constate que le site est accessible aux mineurs, alors elle pourrait demander des mesures de blocage et de déréférencement directement aux fournisseurs d'accès à internet et aux moteurs de recherche.

Nous nous sommes aussi intéressés au volet pénal de votre texte. Vous proposez de créer une nouvelle peine complémentaire de « bannissement ». Nous en avons étendu le champ, notamment pour que le juge puisse priver ceux qui prétendent intimider les élus en ligne du droit d'accéder aux plateformes numériques. Ce faisant, nous sommes dans notre rôle de défenseurs des collectivités territoriales et de la démocratie locale.

Néanmoins, la mission du Sénat ne se limite pas qu'à cela, et je vous proposerai aujourd'hui d'aller plus loin en créant, pour celles et ceux qui tiennent en ligne des propos offensants ou injurieux, un délit d'outrage en ligne passible d'une sanction immédiate prenant la forme d'une amende forfaitaire délictuelle.

J'émets le souhait, monsieur le ministre, que nous puissions avancer sur le recours aux plaintes en ligne pour ce nouveau délit : il faut que les victimes puissent facilement faire appel aux forces de l'ordre pour qu'il soit mis fin au harcèlement, aux menaces et aux insultes.

Nous enverrons ainsi un message clair à celles et à ceux qui pensent, à tort, que l'écran de leur ordinateur les protège de la loi : tout ce qui est interdit dans le monde réel l'est aussi en ligne, et ceux qui ne l'ont pas encore compris doivent en subir les conséquences.

Nous aurons également, à la faveur de ce texte, un débat important sur les émeutes qui ont marqué notre pays depuis la mort du jeune Nahel. Dans un climat propice aux violences les plus abjectes, des élus locaux ont été lâchement insultés, intimidés ou attaqués. Pendant les jours et les nuits que nous venons de traverser, les réseaux sociaux ont joué un rôle indéniable dans la propagation des pillages et des violences.

Je ne doute pas que nous aurons l'occasion d'en débattre durant l'examen de ce texte, sans tabou, mais sans s'éloigner non plus des principes qui fondent l'État de droit dans notre pays.

Applaudissements sur les travées des groupes UC et RDPI, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Annick Billon applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, le projet de loi que nous examinons aujourd'hui, sous couvert d'un vernis médiatique et de l'ajout de quelques mesures spécifiques à la France, est en réalité un projet de loi portant diverses dispositions d'adaptation au droit de l'Union européenne (Ddadue) qui ne dit pas son nom !

Ne l'oublions pas, nous devons aussi reconnaître que ce texte est très attendu, à la fois par les citoyens, par les entreprises, mais aussi par les parlementaires que nous sommes.

Nous regrettons le manque de concertation préalable de la part du Gouvernement avec les principaux acteurs économiques concernés, ainsi que le manque de prise en compte des avis des autorités administratives indépendantes sur ce texte, mais la navette parlementaire est encore longue, ce qui devrait nous permettre de procéder aux ajustements nécessaires

Ce projet de loi est une étape supplémentaire pour nous assurer de la bonne application de plusieurs règlements européens sur le numérique, sur les marchés numériques, sur la gouvernance des données et sur l'accès aux données. Autant de textes ambitieux, difficiles à négocier, que nous devrons très prochainement respecter afin de vivre dans un environnement numérique plus juste, plus équitable et plus sûr.

La protection est au cœur des préoccupations de ce texte. Les actes de cybermalveillance font désormais partie de notre quotidien : c'est une réalité à laquelle nous nous sommes tristement habitués, alors que nous ne devrions pas !

Le piratage de nos comptes, la réception de messages d'arnaque par SMS ou par mail, l'usage détourné de nos coordonnées bancaires et de nos moyens de paiement ou même, dans le pire des cas, l'usurpation de notre identité en ligne sont désormais monnaie courante.

C'est pourquoi nous avons renforcé le dispositif national de filtrage des sites frauduleux, prévu à l'article 6, afin de le rendre plus opérationnel, plus protecteur, et de responsabiliser l'ensemble des intermédiaires techniques concernés par les mesures de blocage. Nous devons apaiser la vie en ligne de nos concitoyens.

Apaisement et protection : voilà ce que nous devons viser aujourd'hui ; voilà ce que je souhaite proposer, en tant que parlementaire, dans le cadre de l'examen d'un projet de loi qui vise à mieux nous protéger dans l'espace numérique.

L'actualité de ces derniers jours nous a beaucoup marqués. Les réseaux sociaux jouent un rôle d'amplification et de massification des appels à la violence à l'encontre des élus, des forces de l'ordre, des personnes dépositaires de l'autorité publique, des bâtiments et des installations publics.

Nous ne pouvons pas rester indifférents et nous devons apporter une réponse ferme face la passivité des réseaux sociaux.

La succession de réunions bien-pensantes ne suffit pas : il faut agir, ou du moins essayer de le faire, mettre des propositions sur la table, en discuter et avoir un débat à ce sujet.

C'est tout l'objet de ma démarche et c'est pourquoi j'ai souhaité déposer, à titre individuel, un amendement visant à mieux responsabiliser les réseaux sociaux dans la modération des contenus faisant appel à la violence. Nous en débattrons.

Ce projet de loi s'intéresse aussi à la vie en ligne des entreprises dans l'économie numérique et aux problématiques concurrentielles. Nous devons nous y attaquer de front, afin de faciliter le développement de solutions technologiques françaises, européennes et souveraines.

Sur le marché de l'informatique en nuage, l'entrée est gratuite et facile, grâce à l'octroi de « crédits cloud ». En commission spéciale, nous avons plafonné l'octroi de ces crédits à un an, une mesure qui, selon l'Autorité de la concurrence, va dans le bon sens, même si nous pouvons encore préciser les dispositions des articles 7 à 10 de ce texte, lesquels anticipent l'entrée en vigueur du règlement européen sur les données.

Si l'entrée sur le marché est facile, la sortie l'est beaucoup moins, les acteurs dominants ayant mis en place de véritables péages qui prennent la forme de facturation abusive de frais sortants de données. En commission spéciale, nous avons autorisé de façon transitoire ces frais, sous réserve qu'ils soient facturés à des coûts réels, sous le contrôle de l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) : les acteurs dominants du marché doivent savoir que l'État les regarde de près.

Si l'espace numérique doit être mieux sécurisé et mieux régulé, nous ne devons pas non plus empêcher les innovations permises par l'économie numérique. Au contraire, nous devons anticiper ces innovations, afin d'identifier au plus vite les risques qu'elles peuvent représenter, pour n'en tirer que le meilleur et assurer des retombées économiques favorables à notre pays.

C'est pour cela que j'ai souhaité réécrire intégralement l'article 15 relatif aux jeux à objets numériques monétisables (Jonum), le recours à une habilitation à légiférer par ordonnance nous étant apparu inacceptable. Nous avons donc proposé une première définition juridique des Jonum et nous les avons autorisés à titre expérimental pendant trois ans, sous le contrôle de l'Autorité nationale des jeux, le temps d'élaborer un cadre réglementaire approprié et protecteur.

Les évolutions technologiques étant rapides, difficilement prévisibles, nous avons également renforcé les pouvoirs du pôle d'expertise de la régulation numérique (PEReN), afin de nous aider à mieux comprendre les logiques de fonctionnement des plateformes numériques et des moteurs de recherche. C'est indispensable ! D'ailleurs, la France demeure avant-gardiste sur ce point : nous devons continuer dans cette voie et être plus exigeants vis-à-vis des grands acteurs du numérique.

Voilà donc, mes chers collègues, les grandes lignes de ma feuille de route pour ce projet de loi.

Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et UC et sur des travées du groupe RDPI.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à Mme Florence Blatrix Contat.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Florence Blatrix Contat

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, la révolution numérique transforme profondément nos sociétés : 40 % des vingt plus grandes entreprises du monde s'appuient sur un modèle économique basé sur ce que l'on appelle le « capitalisme de plateforme » ; nos modes de communication se digitalisent ; nos démocraties sont impactées par les fake news.

Il était devenu urgent de réguler ces entreprises, dont le modèle économique repose sur une accumulation de données, massivement exploitées par des algorithmes aussi puissants qu'opaques.

Nous ne pouvons donc que saluer l'engagement de l'Union européenne dans la régulation de cette jungle numérique.

Le règlement sur les services numériques encadre la fourniture de services d'intermédiation en ligne dans le marché intérieur pour responsabiliser les grandes plateformes numériques. Il permet, en particulier, de lutter contre les contenus illicites et d'interdire la publicité ciblée visant les mineurs.

Le règlement sur les marchés numériques, quant à lui, vise à lutter contre les pratiques anticoncurrentielles dans l'économie des plateformes en ligne, qui enferment les utilisateurs dans leurs applications et empêchent le développement de nouveaux concurrents.

Avec la présidente de la commission spéciale, Catherine Morin-Desailly, nous avions, en tant que rapporteures de deux propositions de résolution européenne (PPRE) sur ces textes, porté l'ambition du Sénat en la matière.

Nous pouvons nous réjouir que certaines de nos propositions aient été retenues dans les textes finals : je pense notamment à la meilleure prise en compte des écosystèmes des plateformes, de leur chiffre d'affaires mondial, de leur importance en matière d'audience, ainsi que des services secondaires qui ont été ajoutés.

Debut de section - PermalienPhoto de Florence Blatrix Contat

Il faut souligner également l'inclusion, comme nous l'avions recommandé, des très grands moteurs de recherche dans le périmètre des obligations ou l'interdiction de la publicité ciblée sur les mineurs dans les réseaux sociaux numériques (RSN).

Le projet de loi que nous examinons aujourd'hui est un texte d'adaptation de ces règlements européens sur les services numériques et sur les marchés numériques ; il anticipe également le règlement sur les données.

Sur la forme, je ne reviendrai pas sur les délais très courts pour examiner un texte peu abouti, peu concerté, comme nous avons pu le constater lors de nos auditions.

Je tiens donc à saluer le travail de nos rapporteurs, qui ont largement contribué à préciser et à améliorer le texte.

Au-delà de cette adaptation de notre droit au paquet numérique, ce texte a également pour ambition de sécuriser les échanges en ligne. Ma collègue Laurence Rossignol y reviendra.

Sur le volet économique, le projet de loi a pour objet de remédier aux dysfonctionnements du marché de l'informatique en nuage. Les enjeux sont énormes : souveraineté, protection des données, compétitivité, transformation numérique de notre économie. Le marché européen de l'informatique en nuage pourrait passer de 53 milliards d'euros en 2020 à 560 milliards d'euros en 2030, soit une croissance de plus de 25 % par an. Or cette croissance est captée à 80 % par trois acteurs américains qui ont totalement verrouillé le marché.

En conséquence, le cloud européen est relégué à des segments de niche, avec une part tombée de 27 % en 2017 à 13 % en 2022.

Face à ce rouleau compresseur, les mesures du projet de loi nous paraissent insuffisantes.

Aussi, nous proposons d'aller plus loin pour rendre plus efficace l'encadrement des « crédits cloud » et d'agir plus fortement sur des pratiques déloyales bien identifiées de vente liée ou manifestement discriminatoires, autant de freins à l'interopérabilité et à la circulation des données.

La commission spéciale a souhaité que les fournisseurs d'informatique en nuage fassent preuve de davantage de transparence quant à l'utilisation des données de leurs utilisateurs, notamment face au risque lié à l'extraterritorialité, qui permet à certains États de s'imposer au-delà de leurs frontières et d'accéder à des données sensibles de notre économie.

En ce domaine, la mesure concernant la transparence relative au risque d'extraterritorialité que nous avons adoptée en commission spéciale a un objectif : permettre aux utilisateurs de cloud de savoir où sont leurs données, qui peut y accéder et ce qui en est fait. Cette disposition, que vous voulez supprimer, monsieur le ministre, n'a d'autre but que d'informer et protéger les entreprises.

Une plus grande transparence devrait contribuer à rétablir la confiance.

Je souhaite enfin attirer l'attention sur les conditions de réussite des nouvelles régulations européennes. Les années à venir seront déterminantes. Au-delà des moyens importants à donner aux régulateurs et autorités compétentes, nous devrons faire la preuve de notre capacité à mobiliser l'ensemble des acteurs et des parties prenantes de l'écosystème numérique.

Notre pays doit reprendre la main sur son destin numérique, et la régulation n'y suffira pas. Il faudra une véritable impulsion pour inscrire l'effort de souveraineté numérique dans la durée, comme de nombreux rapports sénatoriaux l'ont préconisé.

Applaudissements sur les travées du groupe SER. – Mme la présidente de la commission spéciale applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, comme tous les ans depuis bientôt une dizaine d'années nous est soumis un texte de loi portant diverses dispositions pour réguler l'espace numérique et l'activité des plateformes. La dernière grande loi qui a tenté d'appréhender ces sujets de façon globale est la loi pour la confiance dans l'économie numérique du 21 juin 2004. Par la suite, les gouvernements successifs lui ont apporté des correctifs – des rustines, diront certains –, pour adapter le droit français à la réglementation européenne ou satisfaire des demandes politiques circonstancielles.

Dans la dernière période ont ainsi été promulguées la loi du 16 août 2022 portant diverses dispositions d'adaptation au droit de l'Union européenne en matière de prévention de la diffusion de contenus à caractère terroriste en ligne et la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République, dont les articles 36 à 46 concernent la lutte contre les discours de haine et les contenus illicites en ligne. Ils faisaient suite à la censure quasiment totale de la loi du 24 juin 2020 visant à lutter contre les contenus haineux sur internet.

Notre droit en matière numérique est ainsi composé de couches successives, accumulées sans grande cohérence d'ensemble. Cette stratification pourrait ravir l'archéologue que je suis, mais force est de reconnaître qu'elle rend notre législation de moins en moins intelligible et efficiente.

Nous tentons de pallier les défaillances de ces textes sans jamais apprécier la capacité des pouvoirs publics à les faire appliquer. Ce foisonnement législatif amphigourique masque surtout le renoncement de l'État à définir une stratégie numérique nationale qui embrasse à la fois la défense des libertés individuelles, la gestion numérique des services publics, la régulation des relations entre les usagers et les plateformes et la capacité d'indépendance de nos infrastructures industrielles.

En matière juridique, peut-être serait-il utile, monsieur le ministre, de mettre en chantier un code du numérique pour tenter de redonner un peu de cohérence à cet ensemble de plus en plus hétéroclite. Dans l'immédiat, avec ce texte, nous sommes réduits, encore une fois, à un travail d'adaptation de deux règlements européens sur les services numériques et sur les marchés numériques.

Ce cadre est d'autant plus contraignant que la loi confortant le respect des principes de la République avait repris, par une forme d'anticipation, l'essentiel de la réglementation européenne. Nous discutons donc d'une mise en conformité du droit français avec le droit européen qui a déjà été réalisée pour l'essentiel.

Il est indéniable que ces deux règlements, s'ajoutant à celui sur la protection des données, donnent aux citoyens de l'Union européenne des garanties fondamentales. D'aucuns considèrent qu'ils sont autant de freins à l'innovation et qu'ils vont accroître les distorsions de concurrence entre les entreprises européennes et celles qui peuvent continuer de développer sans entrave leur captation de données. Je suis, au contraire, confiant dans le discernement des utilisateurs, qui préféreront des systèmes qui leur donnent la maîtrise de leurs données personnelles.

Néanmoins, s'agissant du règlement relatif à un marché unique des services numériques, je regrette vivement que son article 8 consacre le principe de responsabilité limitée des hébergeurs. Je vous donne lecture de cet article : « Les fournisseurs de services intermédiaires ne sont soumis à aucune obligation générale de surveiller les informations qu'ils transmettent ou stockent ou de rechercher activement des faits ou des circonstances révélant des activités illégales. »

Par leur proposition de résolution européenne, devenue résolution européenne du Sénat le 14 janvier 2022, nos collègues Florence Blatrix Contat et Catherine Morin-Desailly avaient vivement déploré l'absence de remise en cause de ce principe de responsabilité limitée des hébergeurs. Elles avaient appelé de leurs vœux la mise en œuvre d'un « régime européen de responsabilité renforcée spécifique pour les fournisseurs de service intermédiaire utilisant des algorithmes d'ordonnancement des contenus ».

Sans préjuger l'efficacité des dispositions que nous allons voter, je tire de l'expérience de la mise en œuvre des précédentes législations le sentiment qu'il est impossible de réguler l'activité des hébergeurs sans leur imposer ce régime de responsabilité renforcée.

Aussi, monsieur le ministre, je crois qu'il serait de bonne politique que vous engagiez, avec la représentation nationale, dans le cadre du suivi de l'application de cette loi, une réflexion de fond sur la responsabilité des hébergeurs.

Applaudissements sur les travées du groupe CRCE, ainsi que sur des travées des groupes SER, UC et Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à Mme Catherine Morin-Desailly.

Applaudissements sur les travées du groupe UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, j'interviens aujourd'hui au nom de mon groupe politique, mais également en ma qualité de présidente de la commission spéciale chargée d'examiner ce projet de loi.

Je voudrais tout d'abord remercier très sincèrement mes deux collègues rapporteurs, Patrick Chaize et Loïc Hervé, qui, sur un projet de loi extrêmement complexe, protéiforme, et examiné dans des délais très resserrés, ont fait montre d'un investissement exceptionnel. Le texte de la commission en porte la marque, avec 66 amendements adoptés sur leur initiative, qui ont, je le crois, profondément amélioré le projet de loi.

Monsieur le ministre, mes chers collègues, comme vous le savez, je travaille moi-même sur les sujets liés au numérique depuis longtemps, dans le cadre de mes anciennes fonctions de présidente de la commission de la culture ou de membre de la commission des affaires européennes.

Il y a dix ans, au nom de cette dernière, j'alertais sur le risque de voir l'Europe devenir une « colonie du monde numérique », prédisant les risques et les dépendances dangereuses dans lesquelles nous allions nous retrouver à défaut d'une stratégie globale incluant une régulation offensive. J'espère ne pas être victime de la malédiction de Cassandre, condamnée par Apollon à voir ses oracles ignorés…

Si nous sommes enfin réunis aujourd'hui pour étudier un texte visant à sécuriser et réguler l'espace numérique, gageons que nous saurons enfin rattraper notre retard.

Je tiens à le dire clairement : les travaux conduits ces dernières années au Sénat par de nombreux collègues, dans toutes les commissions, n'ont jamais remis en cause les potentialités de l'internet. Accès à l'information et à la connaissance, réactivité et fluidité des échanges : si l'internet n'a rien inventé, il a offert, il faut le dire, de nouvelles facilités.

En même temps, nous constatons chaque jour de nouvelles et graves dérives, des risques et des menaces – y compris étrangères - croissants pour nos modèles économiques, sociaux, culturels, politiques et démocratiques. Il suffit de voir les terribles événements des derniers jours, qui ont de nouveau démontré que les réseaux sociaux sont bien trop souvent asociaux, faisant monter en visibilité, par le jeu des algorithmes opaques, les images les plus incitatives à la violence et les propos les plus contestables.

Dans un autre registre, les travaux de la commission de la culture sur la désinformation et le cyberharcèlement ou les travaux de notre délégation aux droits des femmes sur l'industrie pornographique ont sinistrement éclairé notre assemblée sur les conséquences dramatiques d'une absence totale de régulation de l'internet pour nos jeunes, exposés à de nombreuses menaces, à des contenus dégradants, inadaptés. Ils peuvent même être victimes de certaines pratiques.

Nous mesurons aussi chaque jour la mainmise d'un nombre restreint de grands acteurs extra-européens, aux comportements prédateurs et aux profits insensés, que l'on a laissés au fil du temps se déployer sur toute la chaîne de valeur, et verrouiller techniquement, juridiquement et financièrement ce marché si prometteur du numérique.

Trop longtemps, l'Europe n'a appréhendé le « réseau des réseaux » qu'à travers le prisme de ses usages, au soi-disant bénéfice du consommateur, ne se posant pas la question de savoir si nous serions acteurs ou non de ce nouveau monde.

Trop longtemps, on a cru, avec beaucoup de naïveté, qu'il suffisait de nous caler sur la législation américaine, notamment avec la directive e-commerce de 2000, pour voir notre économie prendre le virage du numérique et nos entreprises lutter à armes égales dans la cour des grands. Cruelle erreur !

Bien qu'alertés par un Edward Snowden ou une Frances Haugen, ou encore par l'affaire Cambridge Analytica, c'est la crise sanitaire puis la guerre en Ukraine qui auront provoqué notre sursaut en faveur d'une politique de reconquête de notre souveraineté numérique. Après le règlement général sur la protection des données (RGPD), voici donc enfin les prémices d'une véritable régulation.

Les règlements européens sur les marchés et services numériques, ainsi que sur les données, dont le texte que nous examinons permet l'adaptation dans notre droit, sont donc, monsieur le ministre, une étape importante. Une étape, parce que je suis convaincue, comme nous l'avons dit depuis longtemps dans nos rapports de la commission affaires européennes – j'en profite pour saluer son président actuel, Jean-François Rapin –, comme le dit aujourd'hui le rapport de la commission d'enquête TikTok, qu'il faudra aller plus loin demain en conférant aux plateformes un véritable statut et une vraie responsabilité, comme l'a rappelé Pierre Ouzoulias.

Il faut en tout cas remercier Thierry Breton, qui a su pousser ces projets de règlement pour parvenir à des accords. Soyons fiers aussi qu'ils aient été adoptés sous la présidence française de l'Union européenne, et que la position du Sénat, exprimée à travers plusieurs résolutions européennes, ait été en partie entendue.

Ce texte est ambitieux ; il faut le mettre à votre crédit, monsieur le ministre. Je pense en particulier à l'adoption par anticipation des mesures contenues dans le data act, encore en discussion au niveau européen, qui visent à rééquilibrer le marché européen de l'informatique en nuage, un secteur fortement concentré autour de trois acteurs américains qui captent 70 % des parts de ce marché en France, comme dans le monde, et qui pourrait atteindre plus de 1 200 milliards d'euros d'ici à 2025.

Maintenant, nous avons besoin, au plus haut niveau de l'État et de nos administrations, d'une doctrine de responsabilité numérique. Il est temps de vraiment travailler ensemble à notre autonomie technologique, en matière non seulement de renseignement et de cyber, mais également de traitement des données dites « sensibles » ou relevant d'infrastructures critiques, comme la santé, l'énergie, les transports. Nous devons faire du recours à des technologies extra-européennes une exception à motiver spécifiquement.

La tendance à recourir à celles-ci, qui nous place sous la coupe de législations étrangères, comme pour la plateforme des données de santé, n'est plus acceptable. Il en est de même de l'autodénigrement permanent de nos propres entreprises, savamment cultivé par de puissants lobbies extra-européens intégrés l'air de rien dans les milieux académiques, politiques et dans notre haute administration. Il faut que cela change.

Monsieur le ministre, les impératifs de sécurité nationale peuvent tout à fait justifier des exemptions aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et au droit des marchés publics européens, surtout quand les marchés étrangers eux-mêmes sont fermés à nos propres entreprises.

Il est donc temps de considérer, via un Small Business Act et un Buy European Act, la commande publique comme un levier pour dynamiser la compétitivité de l'informatique en nuage.

À cet égard, l'autorité publique a un devoir d'exemplarité dans la promotion de cahiers des charges fondés sur nos valeurs européennes. Elle doit s'astreindre à une exigence en matière de souveraineté, de création d'emplois locaux, de conformité aux obligations fiscales, et offrir des garanties d'interopérabilité, de portabilité et de réversibilité des données.

Vous l'avez compris, mes chers collègues, le numérique doit être traité comme un sujet régalien, de souveraineté, et prendre toute sa place dans notre réarmement industriel et technologique.

Il est vraiment plus que temps de reprendre en main notre destin numérique, pour paraphraser le titre d'un de mes rapports de 2018 sur l'urgence de la formation, autre sujet vital. En effet, monsieur le ministre, nous avons besoin d'une montée en compétences numériques de tous.

Aujourd'hui, l'intelligence artificielle est devenue le plus important des enjeux. Comme avec l'internet voilà vingt ans, elle offre autant d'opportunités qu'elle présente de risques. J'espère qu'en 2043 nous n'examinerons pas un texte visant à sécuriser et réguler l'intelligence artificielle, car il y aura alors des chances qu'il ait été rédigé par des cerveaux de silicium produits à l'étranger…

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

C'est forts de ces réflexions, agrémentées d'un peu d'humour pour conclure, qu'avec les rapporteurs et les membres de la commission spéciale nous avons à cœur d'améliorer ce texte, d'animer le débat qui s'ouvre, et ce dans la recherche d'un juste équilibre, que vous avez appelé de vos vœux, entre rigueur d'une régulation exigeante et respect de nos libertés fondamentales.

Nous avons souhaité mettre en place un environnement se situant entre le modèle américain, c'est-à-dire business above all, ce fameux capitalisme de surveillance théorisé par Shoshana Zuboff, et le modèle du crédit social porté par le parti communiste chinois. Nous avons en tête un modèle humano-centré conforme aux valeurs européennes.

Applaudissements sur les travées des groupes UC, RDSE, RDPI et INDEP, ainsi que sur des travées du groupe CRC.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, la transition numérique est à la croisée des chemins, entre promesses et menaces.

Catalyseur d'un bouleversement profond de nos modèles et puissant levier vers de nouvelles voies de progrès et de compétitivité, elle est néanmoins porteuse de risques pour les individus et les entreprises qui interagissent et opèrent quotidiennement dans notre espace numérique.

Face à ce véritable défi auquel notre société, ses usages et ses tissus économiques et financiers sont et seront confrontés, nous devons développer une lecture claire et globale quant à son impact sur nos vies et la manière dont il reconditionne notre environnement économique, social, culturel et humain.

Bien que ce projet de loi se soit fait dans la hâte, j'espère qu'il saura se nourrir de nos débats afin de construire les garde-fous nécessaires à la confiance indispensable de nos concitoyens et partenaires économiques pour le succès de la transition numérique.

L'actualité rend tristement compte du chemin à parcourir et du besoin d'agir.

Terreau de nombreux fantasmes et de nouvelles croyances, les nouvelles technologies, l'intelligence artificielle ou les smart et big data cristallisent les craintes d'une perte de savoir-faire et de savoir-être chez nos concitoyens, tant par leur ambivalence que par leur complexité croissante et l'accélération du rythme auquel elles se déploient et évoluent.

Si les nouvelles technologies et la numérisation de notre société exercent un pouvoir de fascination important dans les imaginaires, au point d'alimenter tant des utopies que des dystopies, ces deux versants ont tout autant d'éléments à nous apprendre sur notre façon d'appréhender les transformations numériques de nos usages et la technologie.

Notre rapport à cette dernière, d'un point de vue social, culturel et sociétal, est créateur d'ambivalences et d'injonctions paradoxales. Adopter la technologie sans réserve est un dangereux idéal. Si son développement est prometteur et source de progrès, pour autant, son déploiement incontrôlé et irréfléchi peut mener à des dérives extrêmes pouvant être tout aussi inadaptées qu'une résistance massive et indifférenciée.

C'est pourquoi cette course au progrès, transcendée par une technophilie que nos sociétés postmodernes valorisent, au point d'en faire une norme de jugement, doit être encadrée afin que ce nouvel espace soit sécurisé et régulé.

Le groupe RDSE ne peut qu'apporter son soutien à l'initiative portée par le Gouvernement visant à créer les conditions d'un environnement numérique propice à la confiance, à la loyauté et à l'équité de l'économie et des échanges sociétaux sur ces nouvelles interfaces numériques.

Au demeurant, par un amendement que je présenterai lors de l'examen du texte, je reviendrai sur un phénomène conséquent de l'une des menaces numériques, à laquelle nos hôpitaux, collectivités territoriales et entreprises sont confrontés de manière exponentielle : la consultation et l'usage de données issues de piratages.

Graves violations du droit à la vie privée, ces cyberattaques déstabilisent parfois durablement le fonctionnement des établissements et entreprises qui en sont victimes. S'il nous faut les combattre et les condamner plus efficacement, l'usage des données qui en sont issues doit tout autant être réprimé.

D'ailleurs, si le Gouvernement entend évoquer dans ce projet de loi les désordres croissants de l'espace numérique, ses fauteurs de troubles ou ses disparités entre acteurs, il parle trop rarement de celles et de ceux qui s'engagent bénévolement pour le pacifier. Aussi, le groupe RDSE regrette que la commission spéciale ait écarté, au titre de l'article 45, les amendements portés par Nathalie Delattre visant à apporter un cadre juridique plus protecteur et plus clair aux hackers éthiques.

Enfin, si nous louons les dispositions de ce texte qui ambitionnent de durcir la législation en place par la création d'une peine complémentaire de blocage d'un compte d'accès aux plateformes en ligne d'une personne condamnée, lorsque ce compte a été utilisé pour plusieurs délits, tels que le harcèlement moral ou sexuel, nous souhaitons encore davantage de fermeté.

En effet, nous défendrons un bannissement total des réseaux sociaux et des services en ligne de l'utilisateur aux agissements délictueux, et pas seulement la suspension des comptes utilisés pour commettre l'infraction. L'impunité à l'encontre des auteurs de cyberharcèlement doit cesser au plus vite. Nous ne pouvons pas permettre à l'utilisateur délinquant de se déporter sur d'autres plateformes afin de poursuivre ses agissements délictueux.

C'est conscient des multiples enjeux entourant la transition numérique et la constitution d'un marché unique du numérique européen que le groupe RDSE souhaite s'associer à la structuration et à la régulation de notre espace numérique. Si la plus grande difficulté de la transformation numérique est de changer la roue de la voiture sans l'arrêter, faisons en sorte de suivre la cadence pour ne pas nous laisser distancer et subir ses évolutions permanentes.

Applaudissements sur les travées des groupes RDSE et RDPI.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à Mme Alexandra Borchio Fontimp.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Alexandra Borchio Fontimp

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, « un viol psychique » : voilà les termes utilisés par de nombreux spécialistes pour qualifier les conséquences de l'exposition de nos plus jeunes à des contenus pornographiques.

Qu'est-ce qu'un viol psychique ? C'est un enfant traumatisé, dont chaque moment est accompagné d'images qui reviennent inlassablement lui voler son innocence.

Le numérique est un progrès, mes chers collègues. C'est indéniable. Mais, collectivement, nous n'avons pas su protéger les plus fragiles de la violence de certains contenus diffusés sans garde-fous.

Ce cyberespace offre aujourd'hui un accès illimité et sans contrôle réel à des contenus préjudiciables. Il favorise le développement de toutes les formes de criminalité, sans oublier la diffusion d'informations fausses.

Nous pouvons encore réagir. Nous devons dorénavant véritablement agir pour protéger nos mineurs, en les éduquant aux dangers de cet espace de libertés, parfois délétère, mais pas seulement : en sensibilisant les parents, en leur rappelant leur responsabilité, sans jamais pour autant nier celle de l'État quant à la régulation des contenus.

C'est une chaîne collective, solidaire que nous devons bâtir afin que chaque contenu inapproprié au jeune public ne soit plus accessible, afin que les réseaux sociaux ne soient plus complices d'un déferlement de haine.

Le cyberharcèlement fauche en plein vol de nombreux adolescents et adultes. Ramification devenue inévitable du harcèlement à l'école ou encore au travail, cette pression numérique fait trop de victimes.

Les marches blanches ne suffisent plus. Les tweets d'émotion, loin de réconforter, révoltent désormais, et les annonces ne semblent jamais se transformer en engagements.

Même si ce n'est pas assez, je veux profiter de cette prise de parole pour rappeler que, sur ce sujet, qui fait consensus au Parlement et au Gouvernement, des avancées ont été permises. La régulation de l'espace numérique est au cœur des travaux du Sénat, et les textes examinés ces derniers mois démontrent l'objectif commun de mettre fin à cette anarchie.

Coauteure du rapport sur les dérives de l'industrie pornographique, puis rapporteure sur la proposition de loi visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne, j'ai pu constater les obstacles pratiques qui s'imposent au législateur, mais j'ai surtout été confortée dans l'idée que ce combat doit se poursuivre jusqu'à parvenir à un dispositif qui protège enfin nos enfants.

À cet effet, je salue les dispositions du Gouvernement qui reprennent les propositions émanant de notre Haute Assemblée, rappelant ainsi la nécessité de mener cette bataille ensemble.

Au reste, ce ne sont pas uniquement les parlementaires et le Gouvernement qui doivent se mobiliser : c'est aussi toute la chaîne du numérique. C'est la raison pour laquelle, avec mes collègues Annick Billon et Catherine Morin-Desailly, nous souhaitons associer à cet effort les boutiques d'applications logicielles, elles aussi responsables de la diffusion de contenus inadaptés aux mineurs.

Au regard des avancées permises par les rapporteurs Patrick Chaize et Loïc Hervé, je tenais à souligner la qualité de leur travail et leur détermination à améliorer toute mesure visant à mieux protéger nos concitoyens.

À ce titre, je veux saluer les apports de notre commission spéciale, présidée par Catherine Morin-Desailly. Elle a renforcé la solidité juridique du dispositif en créant une procédure unique de mise en demeure et de sanction vis-à-vis de l'éditeur de site pornographique.

Je salue également les avancées faisant du bannissement une sanction réellement efficace, notamment concernant les violences contre les élus, mais aussi les menaces et les intimidations à l'encontre de tout dépositaire de l'autorité publique.

Ces dispositifs viendront, je l'espère, apporter une réponse forte à ceux qui utilisent l'internet pour répandre des discours haineux, humiliants et offensants.

Avant de conclure, je veux aborder l'ampleur du phénomène du deepfake, qui touche, dans 99 % des cas, des femmes. Il faut, à mon sens, envoyer un signal fort aux auteurs de cette technique, qui consiste à créer de toutes pièces, grâce à l'intelligence artificielle, des images ou des vidéos à caractère sexuel, sans le consentement de la victime, bien sûr, et à les publier dans le seul but de nuire.

Cette technologie, proche du réel, fait l'objet d'un amendement du Gouvernement, qu'il convient de renforcer afin d'accroître la protection des victimes. J'aurai l'occasion d'y revenir durant l'examen du texte.

Enfin, ce projet de loi permettra également de soutenir l'innovation, afin de positionner nos entreprises comme acteurs des nouveaux marchés, tout en limitant les risques qu'elles encourent.

Mes chers collègues, vous l'aurez compris, les membres du groupe Les Républicains soutiennent pleinement l'objectif de ce texte. Nous resterons particulièrement attentifs à sa bonne application.

Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC et RDPI.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre-Jean Verzelen

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, internet et les réseaux sociaux bouleversent nos sociétés, nos repères, nos démocraties. Chacun d'entre nous les utilise pour s'informer, se divertir, communiquer.

Cette affirmation est encore plus vraie en ce qui concerne les jeunes. Le temps qu'ils passent sur leurs téléphones ne cesse d'augmenter. Les réseaux sociaux deviennent, pour un certain nombre, l'unique fenêtre sur le monde extérieur.

Par leur modèle économique fondé sur des contenus choquants, Twitter, TikTok, Snapchat et consorts ont radicalisé les courants de pensée. Ils ont contribué à l'aggravation des fractures au sein des États.

Internet et les réseaux sociaux posent la question des limites de la liberté d'expression. Sur ce plan, il faut faire la part des choses. Parfois, ils permettent le meilleur, comme lorsque, en septembre dernier, ils ont informé et ont contribué à mobiliser les soutiens à la liberté des femmes iraniennes. Mais, bien souvent, ils permettent de mettre en avant et de répandre de fausses informations ou servent de vecteurs à des campagnes mensongères. Nous avons d'ailleurs pu les voir à l'œuvre dans l'engrenage des violences inacceptables de ces derniers jours.

Cela justifie qu'ait été créée une commission d'enquête sénatoriale sur l'action de TikTok.

L'omniprésence d'internet et des réseaux sociaux pose une question fondamentale : un État souverain, dans l'Union européenne, peut-il leur imposer un cadre ? Quel est notre poids face aux Gafam – Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft – ? Quelle est notre capacité à agir et à obtenir des résultats concrets ? C'est tout l'enjeu du texte dont nous débattons.

L'adoption du règlement européen DSA permettra de donner corps à la formule du commissaire européen Thierry Breton : « Tout ce qui est interdit hors ligne doit l'être en ligne. »

L'Union européenne a récemment pris des mesures afin d'interdire, sur son territoire, les canaux de désinformation de certains États, qui sont devenus spécialistes en la matière. Plusieurs dispositions du texte prévoient une réaction plus rapide, et c'est tant mieux.

La publication de contenus illicites n'est pas anodine. Une infraction n'est pas moins grave lorsqu'elle est commise sur internet. Le harcèlement en ligne n'est pas moins violent que le harcèlement dans une cour d'école. Il est parfois pire, avec des conséquences plus graves. Nous avons tous à l'esprit les drames récents. Le rapport de notre collègue Colette Mélot a mis en lumière l'ampleur et la gravité de ces phénomènes. Il est urgent d'agir pour que ces violences cessent.

La peine complémentaire de suspension de compte est plus que pertinente, à condition toutefois que la plateforme s'engage à ce que la personne condamnée ne puisse contourner cette suspension par l'ouverture d'autres comptes, avec différents pseudonymes. La commission spéciale a été particulièrement attentive à ce sujet.

De même, il y a longtemps que l'interdiction de la pornographie aux moins de 18 ans aurait dû être appliquée. Les conséquences négatives de celle-ci sur la santé mentale des plus jeunes ne sont plus à démontrer. Le projet de loi contient plusieurs dispositions en ce sens.

Encore plus que lutter contre les contenus illicites, nous devons faire respecter les règles d'une concurrence saine et loyale entre les acteurs. Sur ce sujet, comme sur le précédent, les Gafam ne doivent pas nous dicter leur loi.

Le DMA entrera bientôt en vigueur. Il doit permettre aux entreprises européennes de se développer sans subir les abus de position dominante et les pratiques anticoncurrentielles des grands acteurs. Le projet de loi procède aux adaptations qui s'imposent.

Enfin, l'entrée en vigueur prochaine du Data Governance Act (DGA) doit être saluée. La captation, la gestion et la protection des données à caractère personnel doivent être renforcées. C'est un sujet majeur. En effet, nous devons rattraper notre retard et, dans le même temps, nous donner les moyens d'accompagner les entrepreneurs, les start-up, les licornes qui seront les leaders de demain.

Il est nécessaire de procéder à des adaptations de notre droit pour assurer l'application directe des règlements européens qui vont dans le bon sens. Néanmoins, soyons vigilants sur un sujet, même s'il ne figure pas exactement dans le texte que nous étudions : il s'agit du transfert qui vise à confier l'ensemble des contentieux de tous les pays européens au régulateur irlandais. Le nombre de dossiers à traiter fait courir un risque d'embouteillage, donc d'allongement des délais et, disons-le, un risque d'influence des Gafam sur les décisions, puisque l'ensemble de leurs sièges sociaux sont situés en Irlande.

Le groupe Les Indépendants – République et Territoires soutient les mesures portées par ce texte et votera en faveur de son adoption.

Internet ne doit plus et ne peut plus être un espace d'impunité. Nous sommes sur le bon chemin. Il y a encore du travail. Notre responsabilité est de le poursuivre ensemble.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, dans nos vies d'aujourd'hui, l'espace virtuel et la réalité matérielle sont intriqués.

Ces derniers jours en ont été une démonstration à la fois éclairante et effrayante. La propagation fulgurante du sentiment d'injustice lié à la mort du jeune Nahel et la flambée d'émeutes, de violences et de pillages inacceptables sur tout le territoire sont en grande partie le fait du partage instantané et démultiplié sur les multiples plateformes qui nous connectent, qui connectent les communautés.

Les grandes plateformes ont aujourd'hui capté l'attention et les données de la majorité d'entre nous et font commerce de la polarisation grandissante de nos sociétés.

Notre société est aujourd'hui confrontée au défi majeur d'une économie basée sur la disruption, le dépassement des normes et le contournement des régulations, qui percute son contrat social.

Le présent texte est, à cet égard, d'une importance majeure. « Sécuriser et réguler l'espace numérique » : tel est son intitulé. Tel est notre défi aujourd'hui.

Les algorithmes trient et organisent notre espace informationnel. Nos données personnelles deviennent la proie de toutes les convoitises du capitalisme de surveillance.

Comme elle a su le faire avec le RGPD, l'Union européenne, qui constitue le premier marché mondial, a travaillé pour construire des règlements solides et adaptatifs. Les règlements européens DMA, pour lutter contre les aspects anticoncurrentiels des géants du net, ou DSA, pour lutter notamment contre la haine en ligne et la désinformation, sont les plus connus.

Le texte que nous examinons aujourd'hui vise en partie à transposer ces textes, mais il va plus loin et se veut plus global.

Son objectif est donc de sécuriser et de réguler.

Sa première ambition est de sécuriser, et, tout d'abord, de sécuriser certains publics vulnérables en ligne.

Ainsi, les premiers articles entendent protéger les mineurs de l'accès aux sites pornographiques en instaurant un âge légal effectif. L'intention est évidemment louable, mais nous allons buter sur une question quasi aussi vieille qu'internet. Comme je l'ai dit dans cet hémicycle il y a quelques jours, à l'occasion de l'examen de la proposition de loi visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne, à l'heure actuelle, en France comme partout dans le monde, personne ne dispose de solution technique qui soit à la fois satisfaisante du point de vue de l'efficacité et protectrice des libertés individuelles.

Je reste donc extrêmement réservé sur le caractère opérationnel du référentiel que nous demandons à l'Arcom de concevoir. Voilà plusieurs années que l'Arcom et la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) se penchent sur le sujet et, il faut dire les choses comme elles sont, la solution technique n'existe pas à l'heure actuelle. L'équation à résoudre entre contrôle d'âge, protection de la vie privée et sécurité des données paraît, pour l'instant, difficile à résoudre. Nous proposerons plusieurs amendements pour tenter de mieux cerner les contours de ce référentiel.

Le projet de loi vise également à sécuriser le public face aux cyberviolences. À cet égard, le texte comporte plusieurs mesures intéressantes, notamment sur la peine complémentaire de bannissement des réseaux sociaux ou la lutte renforcée contre la pédopornographie.

Nous en faisons tous les jours le constat : les femmes sont particulièrement prises pour cible sur les réseaux sociaux. Un phénomène de meute se développe et des situations de harcèlement inacceptables surviennent au vu et au su de tous.

Il est temps d'en finir. C'est pourquoi nous vous proposerons d'enrichir encore les mesures du texte en la matière, avec une amende forfaitaire délictuelle pour les outrages sexistes en ligne, un renforcement des missions de la plateforme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements (Pharos), l'interopérabilité des messageries des réseaux sociaux ou encore la suspension du compte comme mesure de contrôle judiciaire. La peur doit changer de camp, y compris en ligne.

La seconde ambition de ce texte est de réguler.

Il régule le business des clouds, pour une plus grande protection des consommateurs.

Il régule le milieu de la location de biens meublés, répondant ainsi à une demande très forte des collectivités. Nous nous réjouissons de la présence de cet article, particulièrement bienvenu, dans le texte.

Il régule, enfin, les jeux dits « à objets numériques monétisables », mais, sur ce sujet, nous sommes plus que circonspects.

La rédaction initiale du texte prévoyait de donner au Gouvernement une autorisation de légiférer par ordonnance, sans plus de précision. Cette rédaction a été réduite, en commission spéciale, à une simple expérimentation, ce qui est mieux, mais toujours pas satisfaisant. En effet, ces objets – pour être plus précis, ces jetons non fongibles, fondés sur l'expérience de gains et échangeables en ligne – se situent à la limite entre le jeu vidéo à vocation spéculative et le jeu d'argent pur et simple. Nous considérons que les enjeux, notamment en termes d'addiction et de mise en danger financière, sont trop importants et mériteraient un texte dédié, qui pourrait également traiter la question des cryptoactifs.

Enfin, pour réguler, il faut des régulateurs. Le texte de loi ne les a pas oubliés. Arcom, Arcep, Cnil : les trois agences se voient confier de très nombreuses missions dans l'espace numérique. Reste une inconnue : celle des moyens qui leur seront confiés pour remplir ces nouvelles missions. Sur ce point, le prochain projet de loi de finances devra prendre sérieusement acte du présent projet de loi ; nous y veillerons.

Pour conclure, j'aborde la discussion de ce projet de loi avec un esprit constructif. Hormis les réserves que j'ai pu émettre lors de la discussion générale et quelques autres, que je vous présenterai par voie d'amendement, je prends acte d'un certain équilibre dans les mesures du texte. C'est cette recherche d'équilibre qui doit nous animer lorsque l'on traite du numérique.

Nous avons à cœur de préserver à la fois la liberté, l'anonymat et le foisonnement créatif que seuls permettent les espaces libres sur internet, tout en préservant la dignité des personnes qui le font vivre.

Ni surveillance généralisée ni far west, mais contrôle des données et transparence et régulation des plateformes : voilà notre ligne directrice.

À la lecture de ce texte, j'ai l'impression que c'est aussi celle de nos rapporteurs et de notre ministre, ce dont je me réjouis.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Debut de section - PermalienPhoto de Ludovic Haye

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, nous entamons aujourd'hui l'examen d'un texte technique et particulièrement attendu, résultant de négociations internationales menées de longue date par notre gouvernement.

Ce texte a pour objectif principal de protéger nos concitoyens, nos enfants, nos entreprises et notre démocratie, dans sa globalité.

Il s'appuie sur l'axiome suivant : « Ce qui est interdit dans le monde réel doit aussi l'être en ligne. »

Vous le savez, mes chers collègues, la transition numérique est double. Elle est une formidable opportunité d'ouverture et de croissance, comme l'Histoire en a peu connu, mais elle constitue également un risque majeur pour nos sociétés démocratiques, en ce qu'elle accélère et facilite les opérations de manipulation et la divulgation de fausses informations, et en ce qu'elle permet la naissance de nouvelles formes de harcèlement, de violence et de délinquance. Nous en avons malheureusement eu un exemple concret ces derniers jours.

Le titre Ier de ce texte de loi porte sur la protection des mineurs en ligne. Sur ce sujet, je salue le travail mené par le Gouvernement et mes collègues Xavier Iacovelli et Julien Bargeton, qui se matérialise ici par des mesures concrètes et opérationnelles pour protéger nos enfants. De fait, aujourd'hui, la pornographie est encore trop facilement accessible en quelques clics.

Je souhaite également m'attarder sur les dispositions du projet de loi concourant à la constitution d'un marché unique du numérique européen, qui prévoient les mesures nécessaires à l'adaptation du droit national et à la mise en œuvre de trois règlements européens, que la présidente de notre commission spéciale, Catherine Morin-Desailly, connaît parfaitement bien : le règlement DMA sur les services et marchés numériques ; le règlement DSA, relatif à un marché unique des services numériques ; le règlement DGA, portant sur la gouvernance européenne des données.

Nous le savons, le numérique ne peut être traité simplement à l'échelle nationale, d'autant plus que la situation d'oligopole que connaissent la plupart des marchés liés au numérique rend l'échelle communautaire européenne bien plus pertinente.

Par ailleurs, le temps législatif est particulièrement déconnecté du temps de développement du numérique, qu'il s'agisse de ses structures ou de ses pratiques. La régulation du secteur numérique est donc autant nécessaire que complexe.

À ce titre, je tiens à saluer le travail du ministère chargé de la transition numérique et des télécommunications. En effet, préserver la formidable opportunité de développement économique du secteur, tout en régulant ses excès, relève parfois de l'orfèvrerie.

Pour favoriser le développement de l'économie du numérique en France, il est essentiel que le cadre réglementaire mis en place protège rigoureusement nos concitoyens, tout en préservant une part de souplesse, afin de s'adapter à mesure des évolutions technologiques et d'usages. Le filtre numérique, tel que proposé ici, en est un parfait exemple.

Il devra se coupler à un travail de police et de traque des filières internationales qui se sont constituées. Irrémédiablement, le monde entier sera amené à coopérer pour les démanteler, car nul ne sera épargné. Les pays les plus laxistes aujourd'hui ne le seront jamais : ce n'est qu'une question de temps.

Il m'apparaît également fondamental d'aborder le sujet de l'inclusion numérique, qui, finalement, relève moins de la loi, mais en assure la meilleure application possible.

Nos collectivités territoriales attendent aujourd'hui également un message clair et une organisation structurée dans l'accompagnement numérique qu'elles demandent.

En 2018, le Gouvernement annonçait une stratégie nationale pour un numérique inclusif, qui a permis la structuration de hubs territoriaux dans les régions, le déploiement de passes numériques pour les usagers les plus en difficulté et le lancement du dispositif Aidants Connect, réduisant ainsi de manière significative la fracture numérique.

En avril dernier, vous présentiez, monsieur le ministre, la feuille de route du Gouvernement sur l'inclusion numérique, comportant, parmi ses mesures phares, l'engagement de l'État à structurer un fonds d'ingénierie dédié à cette inclusion et à accompagner les acteurs locaux pour mieux territorialiser la politique en la matière. La bonne exécution de cette feuille de route est une des conditions de la bonne application des mesures de protection de nos concitoyens, de nos élus et de notre démocratie que porte ce projet de loi. La meilleure sécurité en ligne nécessite l'acculturation de la population aux outils numériques, à leur bon usage et aux risques qu'ils portent.

Enfin, permettez-moi de saluer le large spectre d'action du projet de loi qui nous est soumis aujourd'hui, lequel offre des outils et un cadre de protection renforcé tant aux mineurs qu'aux adultes, tant aux amateurs qu'aux professionnels.

Cet espace numérique est le nôtre. Il est devenu un bien commun et, comme toute ressource, il doit être protégé et régulé.

L'écran n'arrête pas la loi. C'est le message que je retiendrai de ce projet de loi, utile et salutaire pour notre pays.

Ce texte est un pilier d'un espace numérique sécurisé et n'obère nullement les opportunités économiques qu'offre le numérique. C'est pourquoi notre groupe le soutiendra et le votera.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à Mme Laurence Rossignol.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, je concentrerai mon propos sur l'article 1er de ce projet de loi, et particulièrement sur la question du référentiel.

Je veux d'abord saluer l'intention du Gouvernement de faire un pas en avant dans la lutte contre la toxicité de l'industrie pornographique.

Mais je veux tout de même partager avec vous mon sentiment que, dans cette affaire, on se laisse encore un peu embrouiller par le lobby du porno.

Ce lobby est puissant, insidieux, infiltré. Le nombre de connexions uniques en France – 19 millions par mois – donne une idée de sa présence…

Faisons une petite comparaison. Imaginons, par exemple, qu'un buraliste prétende ne pas appliquer l'interdiction de vente de tabac aux mineurs au motif qu'il ne sait pas comment identifier l'âge des consommateurs, et que ces derniers affirment refuser de présenter une pièce d'identité au motif que cela porterait atteinte à leur vie privée. Tout le monde trouverait alors que la ficelle est grosse…

Or c'est exactement ce que fait l'industrie pornographique depuis trois ans – depuis la loi du 30 juillet 2020. Elle affirme qu'elle ne peut appliquer la loi.

Je crains que le référentiel ne valide a posteriori leur raisonnement et leur refus d'appliquer la loi. En effet, en conditionnant l'application de la loi à un futur référentiel, nous inversons, d'une certaine manière, la charge de la preuve : ce ne sera pas aux diffuseurs des contenus pornographiques de prouver qu'ils ont tout fait pour interdire l'accès aux mineurs ; le mistigri passera dans les mains de l'Arcom, qui devra apporter aux sites les outils nécessaires à l'application de la loi.

Nous devrons bien préciser, dans le débat parlementaire, que les sites auront l'obligation non seulement de se conformer au référentiel, mais aussi de bloquer l'accès des mineurs par tout moyen, en l'état de l'art, c'est-à-dire compte tenu de l'ensemble des évolutions technologiques qui ne manqueront pas de se produire entre l'examen du projet de loi et l'adoption du référentiel, dont rien ne nous dit qu'il sera adopté dans le délai prévu de six mois, vu qu'il n'y a pas de sanction…

Le montage que nous faisons est extraordinaire. Pourquoi n'avons-nous pas choisi, par exemple, celui qui fonctionne assez bien pour l'accès des mineurs aux sites de jeux d'argent en ligne ?

C'est à cet instant que surgit le fameux secret de la vie privée, brandi par les consommateurs de porno pour se protéger. Cet argument est une mystification. Tout d'abord, le secret de la vie privée concerne non pas le recueil de données, qui sont confiées en toute liberté par leur titulaire, mais la diffusion de ces données.

Beaucoup d'entre nous confient des données assez sensibles à Doctolib : personne ne sollicite un tiers de confiance parce que personne ne pense que Doctolib va vendre ces données ! D'ailleurs, dans le cas contraire, des sanctions pourraient s'appliquer.

En revanche, nous considérons que les sites pornos pourraient diffuser les données et, pour nous en prémunir, nous passons par un système qui leur facilite grandement la vie.

Cette affaire de vie privée érigée en valeur constitutionnelle absolue pose un autre problème, et je pense que Mme la secrétaire d'État Charlotte Caubel y sera sensible. Il nous faut concilier deux principes constitutionnels : le respect de la vie privée et l'intérêt supérieur de l'enfant.

Quand deux millions de mineurs sont biberonnés aux vidéos pornos, je considère, pour ma part, que c'est le secret de la vie privée qui doit s'adapter au devoir de protection des enfants, et non l'inverse.

Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Toine Bourrat

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, cet hémicycle et les magistrats qui le surplombent ont vu passer des textes qui, comme celui que nous examinons aujourd'hui, se sont trouvé charger d'une valeur sociale et morale, d'une dimension historique assez considérable.

Traiter du numérique et de son influence sur la sécurité de notre jeunesse, c'est s'engager consciemment à relever un lourd défi d'avenir.

Aucun d'entre nous ne remet en cause le progrès, la technologie, le rétrécissement du monde, devenu plus accessible et dynamique.

Mais nous sommes les garants de l'ordre public et d'un intérêt général bouleversé par la violence numérique.

Ce qui est proscrit dans la vie réelle, dans les rapports physiques, sensibles et je dirais « charnels », doit l'être aussi sur internet. C'est parce que la toile est devenue l'extension de tous les aspects de la vie que le sursaut doit advenir.

S'assurer que les libertés individuelles n'empiètent pas sur les droits d'autrui, c'est la mission du Parlement, et ce doit être la nôtre aujourd'hui, pour sécuriser un environnement numérique où tout se peut, sans contrôle, sans règle ferme et donc sans responsabilité.

Mes chers collègues, nous faisons face, depuis une vingtaine d'années, à ce bouleversement civilisationnel, à ce choc techno-scientifique qui a fait entrer tous les dangers de la vie d'adulte au sein même de l'enfance, ou plutôt qui, par la connexion continue et l'intrusion sans limites, empêche les mineurs de s'extraire des dangers du monde, face auquel ils ne sont pas encore armés.

Dès lors que ce constat est posé, nous convenons tous ici que notre énergie doit se porter sur les plus fragiles : les mineurs. Car ce sont eux qui, dans la fleur de l'âge, où tout se forme et se construit, à cette étape charnière où l'on apprend la vie en société sans se connaître encore soi-même, essuient tous les impacts de la cybermalveillance.

Ce texte est, certes, une avancée louable et saluée, par la transposition qu'il opère des règlements européens tant annoncés depuis 2020. Cependant, nous sommes en droit d'attendre plus de lui.

Le bât blesse principalement sur la réactivité dans le traitement des signalements.

Aujourd'hui, en raison d'un délai d'instruction et de vérification de la réalité des contenus haineux ou inappropriés signalés, il faut plusieurs semaines, voire des mois avant que ces contenus, à l'origine de lourds traumatismes, parfois irréversibles, sur la santé psychique des jeunes mineurs, ne fassent l'objet d'un retrait.

Je vous proposerai donc un amendement visant à garantir un traitement spécifique lorsqu'un signalement est opéré par un mineur numérique faisant lui-même l'objet d'une publication cybermalveillante signalée.

Mais ne nous leurrons pas, mes chers collègues ! Quelles que soient les contraintes légales que nous imposerons aux plateformes, elles ne produiront d'effets que si ces dernières se dotent des moyens humains nécessaires au traitement immédiat des signalements et au retrait en temps réel des contenus haineux.

Quelles que soient les contraintes légales que nous imposerons aux plateformes, elles ne produiront d'effets, comme l'a si justement souligné Frances Haugen ici même, qu'à la condition que soit mis en place un traitement localisé, par des équipes formées dans le pays et maîtrisant ainsi la langue dans laquelle est produit le contenu haineux.

Debut de section - PermalienPhoto de Toine Bourrat

L'intelligence artificielle est, certes, une avancée, mais rien ne remplace le contrôle humain. En effet, comment imaginer qu'un artéfact, qu'une machine parvienne seule à protéger l'homme de son invention ?

Pour fixer des limites et insérer nos critères civiques et moraux dans le progrès, il nous faut des hommes formés, sensibles aux dérives dont ils peuvent être eux-mêmes victimes, des hommes toujours irremplaçables dès lors qu'il s'agit de « prendre soin », d'« éduquer » et de « modérer ».

Mais, encore une fois, restons lucides, mes chers collègues ! Tant qu'aucune contrainte ne pèsera sur les plateformes pour qu'elles se dotent des moyens humains nécessaires, rien ne se fera.

Fort heureusement, le Parlement a récemment fixé une majorité numérique. Fixée à 15 ans, elle délimite clairement les âges de la vie où les dangers de l'internet sont plus ou moins mesurés, intégrés, donc limités par la conscience d'un être formé pour cela. Fixée à 15 ans, elle place le parent au cœur de l'éducation du mineur, puisque son consentement sera obligatoire pour s'inscrire sur un réseau social.

Mais préserver les acquis n'est plus suffisant, mes chers collègues. Dans la mondialisation, c'est une guerre de conquête qu'il nous faut mener. Je n'ose dire « une révolution culturelle », mais l'esprit est là.

Force doit rester à la loi. Et la loi, c'est l'Homme, avec un grand H. En effet, gouverner – je le rappelle en regardant cet hémicycle où d'autres plaidoyers furent prononcés, où d'autres causes furent défendues –, c'est bel et bien contraindre pour protéger ceux qui se trouvent dans la fleur de l'âge, un âge où tout se détermine et où tout se construit.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à Mme Patricia Demas.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Patricia Demas

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui pour discuter du projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique, et je salue à mon tour le travail de notre commission spéciale et de ses deux rapporteurs.

Les dispositions de ce texte, techniques et diverses, recouvrent un enjeu très concret : assurer la protection des citoyens et le respect de nos valeurs dans l'espace numérique. Elles dessinent des avancées que je tiens à souligner.

La transition numérique est un puissant levier de progrès économique et social. C'est également un moteur de la transition écologique. Pourtant, les possibilités offertes par le numérique comportent des risques indéniables, auxquels les auteurs de ce texte tentent de répondre, au travers de plusieurs dispositions. J'en aborderai deux.

Je pense tout d'abord à la protection des mineurs vis-à-vis des contenus présentant un caractère pornographique ou pédopornographique. Ainsi, l'article 2, tel qu'amendé en commission, tend à renforcer les pouvoirs d'intervention de l'Arcom dans la lutte contre l'accès des mineurs à ce type de sites, dans le prolongement du rapport d'information de notre délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes sur l'industrie de la pornographie.

Je pense ensuite la protection des internautes dans l'environnement numérique vis-à-vis des actions de propagande en ligne, de cyberharcèlement et d'hameçonnage. En complément des mesures inscrites dans le projet de loi, je souhaite mettre en avant l'enjeu essentiel de la lutte contre l'illectronisme et de l'éducation aux usagers numériques confrontés aux risques de fraude en ligne, qui concernent en particulier les personnes les plus vulnérables.

Ce texte vise à traduire en droit français la réglementation européenne sur le numérique, qui est notamment constituée du DMA et du DSA.

Au-delà de la nécessaire adaptation de notre droit au cadre européen, ce texte doit permettre à la France d'être un acteur moteur de la régulation digitale en Europe. Le Sénat s'inscrit d'ailleurs pleinement dans cette ambition, au travers de la loi de 2021 visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique en France, issue d'une proposition du sénateur Patrick Chaize.

Par ailleurs, je voudrais aborder un sujet qui requiert notre attention aiguë : la souveraineté numérique des pouvoirs publics, et plus spécifiquement des collectivités territoriales. En effet, nombre d'acteurs soulignent les risques induits par la dépendance des collectivités territoriales vis-à-vis des Gafam, que ce soit en matière financière ou, de façon plus préoccupante encore, en matière de cybersécurité.

La hausse considérable des tarifs de l'abonnement à la dernière version de Microsoft Office a récemment conduit des collectivités à chercher d'autres solutions bureautiques. En pratique, toutefois, changer de fournisseur est souvent difficile, car il existe des barrières techniques, voire commerciales, à l'interopérabilité des services. Or un tel enfermement auprès d'un unique fournisseur rend les systèmes informatiques moins résilients en cas de cyberattaque. Plus encore, le développement des offres collaboratives à travers le cloud soulève des questions sur l'utilisation que des gouvernements étrangers pourraient faire de données stockées sur les serveurs détenus par des Gafam.

Toutes ces raisons plaident en faveur du développement d'une offre française, voire européenne, de logiciels métiers et bureautiques, qui soit attractive et résiliente pour les collectivités territoriales, y compris pour les plus petites, qui auront besoin d'un accompagnement technique et financier adapté.

Monsieur le ministre, dans le prolongement de ce texte il me semble donc indispensable que l'État élabore rapidement une stratégie nationale sur ce sujet, en lien avec les collectivités territoriales. §

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La discussion générale est close.

Nous passons à la discussion du texte de la commission spéciale.

TITRE Ier

PROTECTION DES MINEURS EN LIGNE

Section 1

Renforcement des pouvoirs de l'autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique en matière de protection en ligne des mineurs

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 33, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Avant l'article 1er

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai de trois mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport établissant les besoins financiers et humains de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, de la Commission nationale de l'informatique et des libertés et de l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse résultant des nouvelles missions qui leur seront confiées par la présente loi, ainsi que la manière dont ces besoins seront traduits lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2024.

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Il s'agit d'un amendement d'appel, qui vise à demander au Gouvernement quelques informations.

Ce projet de loi tend à élargir les missions de plusieurs régulateurs de l'espace numérique. Ainsi, l'Arcom devient responsable du référentiel technique pour le contrôle de l'accès aux sites pornographiques. Des pouvoirs d'injonction administrative à l'encontre des sites et des fournisseurs d'accès lui sont également confiés, tout comme la capacité de prononcer des sanctions ou de demander le retrait de contenus.

De surcroît, l'Arcep sera responsable de la partie relative au cloud. Elle sera notamment chargée d'établir un référentiel d'interopérabilité et de portabilité des données. Ses pouvoirs d'enquête seront aussi renforcés.

Par ailleurs, la Cnil sera chargée de la protection des données individuelles durant tous ces processus.

Enfin, les missions du PEReN sont renforcées.

Ces nouvelles attributions auront des conséquences qui pèseront lourdement sur les épaules des autorités administratives indépendantes, dont les missions ne cessent d'être élargies au gré des propositions de loi adoptées par le Parlement. Ainsi, lors de son audition, le président de l'Arcom a indiqué que confier aux autorités de régulation des missions supplémentaires nécessite de renforcer leurs moyens humains et financiers. Or nous n'avons pas entendu beaucoup de déclarations du Gouvernement à ce sujet. En tant que législateur, il est de notre devoir de nous assurer que les moyens seront à la hauteur des ambitions de ce texte.

C'est pourquoi, par cet amendement d'appel, j'aimerais entendre le Gouvernement sur le sujet de l'augmentation des moyens de ces différentes autorités administratives indépendantes, en vue de la préparation du projet de loi de finances pour l'année 2024.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Je comprends très bien l'esprit de l'amendement de notre collègue, M. Dossus. Ce projet de loi va considérablement accroître les missions de l'Arcom, de la Cnil et de l'Arcep.

La demande de rapport au Gouvernement ne semble toutefois pas être la bonne méthode. En effet, les rapporteurs spéciaux et pour avis du projet de loi de finances peuvent déjà intégrer dans le périmètre de leur questionnaire budgétaire la question des moyens de ces autorités au regard de leurs nouvelles missions.

Ce débat aura bien évidemment lieu lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2024. C'est la raison pour laquelle je vous demanderai de retirer votre amendement, mon cher collègue.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Monsieur le sénateur, mon avis est le même que celui de M. le rapporteur, mais je vais tout de même essayer de vous apporter quelques éléments de réponse.

Aussi bien pour les règlements européens qui ont déjà été évoqués que pour les dispositions de nos textes de droit interne, il est évidemment indispensable que les autorités administratives indépendantes concernées disposent des moyens nécessaires pour leur exécution.

Dans la loi de finances pour 2023, quelque 15 équivalents temps plein (ETP) supplémentaires ont été budgétés pour l'Arcom, en prévision des nouvelles missions qui lui seront confiées pour la mise en œuvre du DSA. Par ailleurs, la Commission européenne s'est elle aussi dotée de moyens supplémentaires via le recrutement d'une centaine d'agents chargés de l'exécution des règlements DMA et DSA. Enfin, comme l'a rappelé M. le rapporteur, nous aurons ces débats au moment de l'examen du projet de loi de finances pour 2024, auquel je vous invite à contribuer, notamment sur ces aspects-là, aux côtés des rapporteurs spéciaux évidemment.

L'article 10 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique est ainsi rédigé :

« Art. 10. – I. – L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique veille à ce que les contenus pornographiques mis à la disposition du public par un service de communication au public en ligne ne puissent pas être accessibles aux mineurs et en conséquence, à ce que les personnes dont l'activité est d'éditer un tel service de communication au public en ligne vérifient préalablement l'âge de leurs utilisateurs.

« Elle établit et publie à cette fin, dans un délai de six mois après la promulgation de la présente loi, après avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés, un référentiel déterminant les caractéristiques techniques applicables aux systèmes de vérification de l'âge mis en place pour l'accès aux services de communication au public en ligne qui mettent à la disposition du public des contenus pornographiques, en matière de fiabilité du contrôle de l'âge des utilisateurs et de respect de leur vie privée.

« II. –

Supprimé

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, il y a un an, avec mes collègues Alexandra Borchio Fontimp, Laurence Cohen et Laurence Rossignol, nous achevions six mois de travaux qui ont apporté une véritable expertise sur l'industrie pornographique. Jusqu'alors, ce sujet était un grand absent du débat public, a fortiori des politiques publiques.

La pornographie, disponible sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, pour tous, a des conséquences graves sur les mineurs : addiction, comportements et pratiques sexuelles à risque, entre autres. Les conséquences ne se limitent pas seulement aux plus jeunes, mais se répercutent également dans l'ensemble de notre société.

Dans notre rapport d'information intitulé Porno : l'enfer du décor, nous soulignons l'importance d'imposer un véritable contrôle de l'âge des internautes avant tout accès à un contenu pornographique. Nous insistons sur l'importance et l'urgence d'appliquer enfin la loi. À la suite de l'adoption de l'amendement de notre collègue Marie Mercier en 2020, la loi oblige désormais les propriétaires de site pornographique à mettre en place un contrôle d'accès à destination des mineurs.

Or l'Arcom n'a toujours pas fait usage de la compétence qui lui a été donnée de publier des lignes directrices relatives à la fiabilité des procédés techniques sur le contrôle de l'âge et des utilisateurs.

Nous jugeons donc primordial que l'Autorité adopte une démarche proactive. Nous suggérons de faire mention au sein de ces lignes directrices de la nécessité d'opérer le contrôle de l'âge dès l'entrée sur le site, avant de pouvoir visionner la moindre image, même floutée.

À cet article 1er, il ne s'agit ni plus ni moins que de faire appliquer la loi ; nous ne pouvons plus nous satisfaire de tentatives. Le contrôle de l'âge doit enfin être une réalité ; il doit enfin être effectif et fiable !

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Je suis saisi de neuf amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

Les deux premiers sont identiques.

L'amendement n° 3 est présenté par Mmes Rossignol et Blatrix Contat, MM. Kanner, Cardon, Durain, Féraud et Redon-Sarrazy, Mme S. Robert et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

L'amendement n° 88 est présenté par Mme Cohen, M. Ouzoulias, Mme Lienemann et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Alinéa 3

Rédiger ainsi cet alinéa :

« Les services de communication au public en ligne qui mettent à disposition du public des contenus pornographiques mettent en place des mesures de vérification d'âge empêchant l'accès des mineurs à ces contenus.

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour présenter l'amendement n° 3.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Cet amendement vise à supprimer la mention du référentiel dans l'article 1er. Tel que rédigé, cet article tendrait, je le crains, à créer une obligation de moyens minimale pour les sites pornographiques, qui se contenteraient ainsi de satisfaire au référentiel.

Au contraire, il faut inverser la charge de la preuve : c'est aux sites d'apporter la preuve qu'ils ont, par tous les moyens, mis en œuvre les outils nécessaires pour interdire les mineurs d'accéder à leurs contenus.

Par ailleurs, comme je l'ai mentionné précédemment, il y a une concomitance malheureuse… Nous attendons le jugement que le tribunal judiciaire de Paris rendra le 7 juillet prochain. Or il porte justement sur le fait que les sites prétendent ne pas avoir la possibilité de mettre en œuvre l'obligation inscrite dans la loi de 2020.

Aussi, d'un certain point de vue, en votant aujourd'hui un référentiel, nous confirmons le fait qu'ils n'avaient pas les outils pour le faire ; c'est très embêtant ! C'est pour cela qu'il serait raisonnable de supprimer un tel référentiel, pour les trois prochains jours et pour l'avenir.

Peut-être pourrions-nous également préciser à tout le moins que le référentiel n'est qu'un des moyens – ce n'est pas le seul – permettant aux sites pornographiques de se conformer à la loi.

Tel est l'objet de mon amendement. J'espère être suivie, car il est raisonnable et, surtout, adapté au réel !

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Laurence Cohen, pour présenter l'amendement n° 88.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Cet amendement est identique à celui que vient de présenter ma collègue Laurence Rossignol pour le groupe socialiste.

Il vise à responsabiliser davantage les plateformes pornographiques en supprimant le référentiel d'exigences techniques établi par l'Arcom.

Il est important de dire que nous envoyons un message fort aux plateformes pornographiques.

Plus personne ne peut ignorer aujourd'hui les ravages de l'accès à des contenus pornographiques sur les mineurs. Je rappelle qu'un tiers des mineurs de moins de 15 ans se rend chaque mois sur un site pornographique, comme vient de l'indiquer notre collègue Annick Billon.

Selon nous, la suppression du référentiel d'exigences techniques ne signifie pas l'absence de régulation ou de responsabilité, bien au contraire ! Cela doit nous conduire à rechercher des solutions plus efficaces et mieux adaptées pour empêcher l'accès des mineurs à ces contenus. Nous devons explorer d'autres voies pour mettre en place des mécanismes de filtrage et de contrôle plus efficaces, en collaboration avec les plateformes pornographiques, les experts en technologie et les organismes de régulation compétents.

Nous ne pouvons laisser la responsabilité de la protection des mineurs aux seuls parents ou aux seuls systèmes de contrôle parental, soyons-en conscients ! Il faut reconnaître la part de responsabilité des plateformes pornographiques ! Elles doivent jouer un rôle actif dans la prévention de l'accès des mineurs à leurs contenus.

C'est tout le sens de notre amendement, et je souhaite, comme Laurence Rossignol, qu'il soit voté par la majorité des sénateurs et des sénatrices.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 130, présenté par M. L. Hervé, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :

I. − Alinéa 3

Supprimer les mots :

dans un délai de six mois après la promulgation de la présente loi,

II. − Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :

− L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique établit et publie le référentiel mentionné au I dans un délai de six mois après la promulgation de la présente loi.

La parole est à M. le rapporteur.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 62 rectifié bis, présenté par M. Fialaire, Mme N. Delattre, MM. Bilhac, Cabanel, Corbisez, Gold et Guérini, Mme Guillotin, M. Guiol, Mme Pantel et MM. Requier et Roux, est ainsi libellé :

Alinéa 3

Après le mot :

avis

insérer le mot :

conforme

La parole est à M. Bernard Fialaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

Cet amendement s'inscrit dans le cadre de l'élaboration du référentiel déterminant les caractéristiques techniques applicables aux systèmes de vérification de l'âge. Il s'agit notamment de ceux qui sont mis en place pour accéder aux services de communication au public en ligne qui proposent des contenus pornographiques.

Cet amendement vise à soumettre le référentiel établi par l'Arcom à un avis conforme de la Cnil, dans le but de permettre à cette dernière de veiller à la protection des libertés et d'élaborer un référentiel coercitif de qualité. En effet, tel que rédigé, l'article 1er du présent projet de loi ne détaille pas le type d'avis rendu par la Cnil dans l'élaboration dudit référentiel.

Cet amendement permettrait ainsi à la Cnil, forte de son expertise et de l'attention qu'elle porte à la protection des libertés, d'être pleinement associée à l'élaboration de ce référentiel coercitif.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 34, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Alinéa 3

Remplacer les mots :

et de respect de leur vie privée

par les mots :

, de respect de leur vie privée et d'empreinte environnementale du numérique

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Je vais présenter une série d'amendements visant à mieux définir le référentiel, mais je précise que je voterai les amendements identiques n° 3 et 88 de Mmes Rossignol et Cohen.

L'amendement n° 34 vise à ajouter un critère relatif à l'empreinte environnementale. Il est classique pour notre groupe de favoriser l'écoconception des logiciels produits par l'État.

Certes, nous ne nions pas que la consommation d'énergie liée aux vidéos sur internet est massive, tout comme l'est celle qui est liée à la consultation de contenus pornographiques. Toutefois, nous pensons qu'il est important d'introduire des critères d'écoconception, d'autant plus quand un tel dispositif résulte d'une injonction d'État.

Nous souhaitons que les mécanismes de vérification de l'âge des plateformes comportent un équilibre entre efficacité, protection des données personnelles et protection de l'environnement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 37, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Alinéa 3

Compléter cet alinéa par les mots :

et de leur anonymat en ligne

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Nous pensons que le référentiel doit garantir le respect de l'anonymat en ligne. Dans la même logique, nous souhaitons garantir la protection de l'anonymat en ligne dans l'établissement de ce référentiel. L'anonymat est l'un des éléments centraux d'internet depuis sa création. C'est la base de la protection de la vie privée.

Cet anonymat, garanti depuis le début de l'existence d'un espace libre, a permis l'émergence d'idées, de concepts et de technologies nouvelles, dont certaines ont changé la face du monde.

Cet anonymat ne doit être remis en cause que dans de très rares cas et toujours sous le contrôle du juge. La vérification de l'âge pour accéder à un site ne représente pas un motif suffisant pour lever cet anonymat.

C'est pourquoi nous proposons de mentionner en toutes lettres que cet anonymat devra être respecté par les mécanismes de vérification de l'âge des sites et donc être intégré aux critères du référentiel établi par l'Arcom.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 36, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Alinéa 3

Compléter cet alinéa par les mots :

ainsi que de garantie de protection de leurs données personnelles, en s'assurant notamment que ces dernières ne soient ni exploitées, pour des fins autres que celles établies par le référentiel, ni cédées ni vendues à des tiers

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Le référentiel doit respecter la protection des données, et nous proposerons des dispositifs en ce sens.

Il est de notre responsabilité, en tant que législateurs, de nous assurer que lors du contrôle de l'âge par les plateformes concernées, les données collectées ne serviront qu'à cette fin.

Aussi, nous proposons d'écrire explicitement que les données collectées ne pourront être exploitées à d'autres fins ni être cédées ou revendues.

Dans la rédaction actuelle du texte, seul le respect de la vie privée est mentionné. Cette référence nous paraît bien trop large et imprécise.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 38, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Alinéa 3

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Les systèmes de vérification de l'âge sont rendus accessibles au public sous un format ouvert et librement réutilisable.

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

La transparence logicielle, incarnée sur internet par l'open source, est une garantie fondamentale pour les libertés publiques. Lorsqu'un logiciel, un code ou un programme sont consultables librement, toute personne disposant d'un minimum de bagage technique peut s'assurer de son contenu et de son bon fonctionnement.

Pour nous, cette exigence de transparence s'impose d'autant plus quand des données personnelles sont en jeu, comme c'est le cas pour le contrôle de l'âge, prévu à l'article 1er de ce texte. Il n'y a ici ni secret industriel à défendre ni un enjeu de propriété intellectuelle si important qu'il s'imposerait aux questions de défense de l'anonymat, des données personnelles et des libertés numériques ; du reste, ce référentiel est imposé à tous.

Ainsi, les utilisateurs ont le droit de constater par eux-mêmes la façon dont sont utilisées leurs informations personnelles lors du contrôle de l'âge qui est réalisé sur les plateformes. Tel est l'objet de cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 35, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Alinéa 3

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Le référentiel interdit explicitement l'usage des technologies de reconnaissance biométriques.

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Nous pensons que le référentiel doit interdire l'usage des technologies biométriques. L'article 1er du projet de loi tend à confier à l'Arcom le soin de définir ce référentiel. Il déterminera des exigences techniques auxquelles devront répondre les systèmes de vérification d'âge des sites comportant des contenus pornographiques.

L'objectif est de s'assurer de l'âge des utilisateurs et des utilisatrices de ces plateformes, afin qu'aucun mineur n'y ait accès. L'établissement de ce référentiel doit à l'heure actuelle respecter deux critères définis en amont : la fiabilité du contrôle de l'âge et le respect de la vie privée. Nous proposons d'ajouter d'autres critères, mais d'interdire la reconnaissance faciale. Bien sûr, cela pourrait être une solution technique pour s'assurer de l'identité ou de l'âge de l'utilisateur, mais elle comporte de nombreux risques, notamment du point de vue de la protection de la vie privée et de la collecte des données anthropométriques.

Ces risques rendent éthiquement impossible l'usage de cette technologie pour vérifier l'âge des personnes. C'est pourquoi il est proposé de les interdire.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Les deux amendements identiques n° 3 et 88 ont pour objet de supprimer la création d'un référentiel pour les systèmes de vérification de l'âge, inscrite à l'article 1er.

Or cette mesure reprend la recommandation n° 14 du rapport d'information de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes – il nous a inspirés pour un certain nombre de mesures et d'amendements –, dont vous êtes toutes les deux auteures, mesdames Rossignol et Cohen. Aussi, je suis un peu étonné des amendements que vous présentez.

Je ne pense pas qu'imposer aux plateformes pornographiques des systèmes de vérification de l'âge conformes à un référentiel établi par l'Arcom risque de les déresponsabiliser. C'est bien sur ces plateformes que repose la responsabilité pénale de ne pas laisser les mineurs accéder à leurs contenus.

Par ailleurs, le référentiel deviendrait la base d'un nouveau pouvoir de mise en demeure et de sanction de l'Arcom, pouvant aboutir au blocage des sites. Vous comprendrez que la commission spéciale émette un avis défavorable sur ces deux amendements identiques.

L'amendement n° 62 rectifié bis présenté par M. Fialaire, qui dispose que l'avis de la Cnil doit être conforme, ne répond pas à une demande de la Commission, que nous avons interrogée à ce propos.

En effet, il n'y a pas lieu de donner à une autorité administrative indépendante la prééminence sur une autre, alors qu'elles travaillent main dans la main sur ce dispositif ; nous en avons même eu le témoignage lors de l'audition commune des trois présidents de la Cnil, de l'Arcom et de l'Arcep. Notre avis est donc défavorable.

En réponse à l'amendement n° 34 de M. Dossus et de ses collègues, je rappelle que le principal objet de l'article 1er est de mettre en place des systèmes de contrôle d'âge fiables et respectueux des données personnelles, c'est-à-dire, en l'espèce, du RGPD. L'aspect environnemental doit être pris en compte, à condition que cette première étape ait été franchie, monsieur Dossus.

Par ailleurs, c'est davantage le visionnage des sites pornographiques, vu leur poids dans la bande passante, que le contrôle des sites qui poserait une difficulté. (Mme la secrétaire d'État manifeste son approbation.) Madame la secrétaire d'État, je vous vois opiner du chef !

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

S'agissant de l'amendement n° 37 relatif à l'anonymat en ligne, je rappelle que l'objet du référentiel est bien de protéger la vie privée des utilisateurs. Dans ce cadre, l'Arcom, la Cnil et le PEReN semblent enclins à suggérer, parmi d'autres solutions, un système de double anonymat et non simplement d'anonymat, comme vous semblez le proposer, mon cher collègue.

En effet, l'anonymat peut nécessairement être levé à un moment donné pour vérifier l'âge de l'utilisateur. En revanche, il est préconisé que la levée de l'anonymat se fasse auprès d'un tiers de confiance et non directement auprès de l'éditeur de la plateforme pornographique. La rédaction que vous proposez ne convient donc pas.

Par ailleurs, il ne semble pas utile d'entrer trop dans le détail des caractéristiques qui seront inscrites dans le référentiel. Selon nous, c'est aux deux autorités administratives indépendantes, qui ont la compétence technique et juridique plus encore que nous autres parlementaires, de se prononcer sur cette question, chacune selon son champ de compétences, et d'adapter ces caractéristiques au fil du temps et des évolutions technologiques. Notre avis est donc défavorable.

L'amendement n° 36 nous semble satisfait. C'est bien ce que recouvre la notion de respect de la vie privée des utilisateurs, déjà inscrite à l'alinéa 3, qui justifie précisément l'avis de la Cnil. La commission spéciale en demande le retrait ; à défaut son avis serait défavorable.

J'en viens à l'amendement n° 38 relatif à la question du format ouvert et librement réutilisable des systèmes de vérification de l'âge. L'objet de cet amendement me semble déjà assuré par le RGPD lui-même, qui dispose dans son article 15, qui est d'application directe en droit interne – il s'agit d'un règlement –, que le responsable du traitement fournit une copie des données à caractère personnel faisant l'objet d'un traitement. S'agissant du format des logiciels utilisés pour le contrôle de l'âge, il faut d'abord regarder les solutions disponibles sur le marché, me semble-t-il. Il est trop tôt pour imposer un format plutôt qu'un autre. Aussi, j'émets un avis défavorable.

Enfin, en réponse à l'amendement n° 35, qui tend à exclure l'utilisation de technologies de reconnaissance biométrique, je pense qu'il faut laisser la Cnil poser les limites qui lui semblent utiles aux systèmes de vérification de l'âge. Actuellement et dans l'attente de systèmes plus vertueux, elle s'est déclarée favorable à des procédés d'estimation de l'âge reposant sur une analyse faciale et non pas une reconnaissance faciale. Il s'agirait donc d'analyser les traits du visage, afin d'en apprécier la juvénilité, et non d'identifier une personne. À cela s'ajoute la condition que ces procédés soient mis en œuvre par un tiers.

Il faut en effet être pragmatique dans l'attente de développement de solutions par le marché. Monsieur Dossus, je ne voudrais pas que l'adoption de votre amendement empêche la mise en œuvre de solutions pragmatiques, respectueuses de la vie privée, mais qui seraient des évolutions technologiques que les plateformes trouveraient par elles-mêmes. Aussi, j'émets un avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Mesdames, messieurs les sénateurs, d'où vient le principe du référentiel, sur lequel l'Arcom va pouvoir s'appuyer pour ordonner le blocage et le déréférencement de sites pornographiques qui ne vérifieraient pas l'âge de leurs utilisateurs ?

On en trouve d'abord l'origine dans le décret d'application de la loi du 30 juillet 2020, qui décrit la procédure par laquelle l'Arcom peut mettre en demeure les sites pornographiques et saisir le tribunal judiciaire de Paris pour obtenir leur blocage et leur déréférencement.

Ce référentiel, comme l'a rappelé M. le rapporteur, on le retrouve ensuite à la page 127 et à la recommandation n° 14 du rapport de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. Il s'agit d'une condition pour que l'Arcom, assurée que le niveau de sécurité juridique est suffisamment élevé, puisse ordonner le blocage des sites pornographiques.

Comme M. le rapporteur l'a également rappelé, si nous n'avons pas de référentiel, en réalité, c'est non pas sur les plateformes que nous rejetons la responsabilité, mais sur le juge. Croyez-moi, les plateformes ne vont pas se précipiter pour mettre en place des systèmes de vérification d'âge extrêmement fiables !

Elles vont mettre en œuvre la première solution venue, et charge aux juges ensuite de déterminer si, oui ou non, la solution est acceptable, suffisamment fiable ou protectrice de telles ou telles données personnelles.

En réalité, le référentiel vient sécuriser la capacité de l'Arcom à ordonner le blocage et le déréférencement. Et puisque nous prévoyons dans les articles 1er et 2 d'aller beaucoup plus vite, en contournant la procédure judiciaire, pour procéder à ce blocage, il faut que nous puissions fixer, à tout le moins, les conditions dans lesquelles le blocage et le déréférencement puissent être prononcés par l'Arcom.

Je veux faire observer qu'il n'y a aucun lien, ou plutôt qu'il ne doit y avoir aucune interférence, contrairement à ce que vous semblez envisager, madame la sénatrice Rossignol, entre la procédure judiciaire, qui est en cours depuis un an et demi devant le tribunal judiciaire de Paris, dont le verdict est attendu vendredi prochain, et les articles 1er et 2 du présent projet de loi.

Les dispositions de ces derniers articles ne seront applicables que pour les affaires ayant trait à des poursuites qui auront été engagées à partir du 1er janvier 2024, comme le prévoit l'article 36. D'ici là, le droit existant s'applique. Or que faut-il faire pour que les plateformes soient en conformité avec le droit existant ? Eh bien, pour le dire de façon imagée, il leur suffit de se baisser et de ramasser n'importe quel système de vérification d'âge pour satisfaire aux prescriptions légales. Comme l'ont dit Mme la secrétaire d'État, la Cnil et moi-même, nombre de systèmes d'estimation de l'âge existent aujourd'hui et sont librement accessibles sur le marché, comme pour l'utilisation de la carte de crédit pour un paiement à zéro euro. Tous ces systèmes seront en vigueur jusqu'au 31 décembre 2023. Il n'y a donc aucune raison ni pour les sites ni pour le juge d'aller chercher la moindre référence dans le texte que le Parlement adoptera à l'issue de son examen, puisque ses dispositions ne s'appliqueront qu'à l'avenir, pour des affaires futures.

Pour revenir à la discussion des amendements, je demande le retrait des amendements identiques n° 3 et 88, qui tendent à supprimer le référentiel ; à défaut, j'émettrai un avis défavorable.

Je répète mon argument principal : dans la mesure où il s'agit de demander à l'Arcom de prendre une décision assez lourde, à savoir ordonner en quelques semaines le blocage et le déréférencement du site, celle-ci doit pouvoir s'appuyer sur un référentiel. Peu importe si ce dernier est souple et permet simplement d'assurer ou d'attester un minimum de fiabilité des solutions de vérification d'âge retenues.

L'amendement n° 130 du rapporteur vise à pousser l'Arcom à publier ce référentiel dans les six mois, soit d'ici au 1er janvier 2024, date à laquelle l'article 2 entrera en vigueur. L'Arcom devrait être en mesure de publier le référentiel dans ces délais ; le Gouvernement s'en remet donc à la sagesse du Sénat.

L'amendement n° 62 rectifié bis, de Bernard Fialaire, et les amendements n° 34, 37, 36, 38 et 35, de Thomas Dossus, soulèvent tous des questions légitimes relatives au RGPD, à l'empreinte environnementale, à l'open source, etc. Je propose à leurs auteurs de bien vouloir les retirer, car nous préférons conserver un référentiel souple, à même de permettre à l'Arcom d'ordonner le blocage et le déréférencement en toute sécurité. Les sites pornographiques pourraient en effet tirer argument d'un référentiel excessivement complexe et coûteux pour ne pas s'y conformer.

Le Gouvernement émet un avis de sagesse sur l'amendement du rapporteur, qui vise à demander à l'Arcom de publier le référentiel dans les six mois, et propose de ne pas toucher à la rédaction initiale de l'article.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mais n'est-ce pas déjà ce que prévoit le texte de la commission ?

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Oui madame Rossignol, vous êtes bien à l'origine de cette disposition adoptée en commission, avec mon avis favorable.

Notre amendement n° 130 ne fait que déplacer cette disposition du texte de la loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique, dite LCEN, vers le présent projet de loi.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Oui madame Rossignol, vous êtes bien à l'origine de cette disposition adoptée en commission, avec mon avis favorable.

Notre amendement n° 130 ne fait que déplacer cette disposition du texte de la loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique, dite LCEN, vers le présent projet de loi.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Monsieur le rapporteur, il ne m'avait pas échappé que le référentiel figurait dans les préconisations du rapport de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes.

Notre rapport d'information, élaboré il y a un an, a été publié en septembre. Depuis lors, l'état de l'art a évolué. J'ai rencontré des spécialistes de la procédure judiciaire et je crains que ce référentiel ne soit qu'une obligation de moyens pour les sites. Il ne devrait pas permettre de faire appliquer la loi.

Vous l'avez d'ailleurs vous-même reconnu, monsieur le ministre, en déclarant que les sites n'auront qu'à se baisser pour mettre en place des outils conformes au référentiel…

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Sous le contrôle du juge !

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Monsieur le rapporteur, il ne m'avait pas échappé que le référentiel figurait dans les préconisations du rapport de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes.

Notre rapport d'information, élaboré il y a un an, a été publié en septembre dernier. Depuis lors, l'état de l'art a évolué. J'ai rencontré des spécialistes de la procédure judiciaire et je crains que ce référentiel ne se traduise que par une obligation de moyens à l'égard des sites. Il ne permettra pas, à lui seul, de faire appliquer la loi.

Vous l'avez d'ailleurs vous-même reconnu, monsieur le ministre, en déclarant que les sites n'auront qu'à se baisser pour mettre en place des outils conformes au référentiel…

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Soit, mais je ne vois pas ce que le référentiel apportera.

Je voudrais à tout le moins préciser que les sites ne devront pas se conforment pas qu'au seul référentiel. En outre, ce dernier devra être régulièrement mis à jour. La volonté des sites d'appliquer la loi sera aussi évaluée en fonction de l'état de l'art et des technologies, car leurs outils évolueront probablement plus rapidement que le référentiel.

Oui, monsieur le rapporteur, j'ai changé d'avis. J'espère que vous serez aussi soucieux de reprendre les préconisations du rapport de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes lorsque nous examinerons l'amendement n° 83 de Mme Cohen, qui en est également issu…

Monsieur le ministre, j'ai quelques notions de droit et je connais les règles de rétroactivité de la loi pénale. Je sais bien que les affaires en cours seront jugées d'après la loi en vigueur. Mais ce qui se dit au Parlement sur le droit en vigueur peut éventuellement peser… Un appel n'est pas exclu.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Sous le contrôle du juge !

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Soit, mais je ne vois pas ce que le référentiel apportera.

Je voudrais à tout le moins préciser que les sites ne devront pas se conforment qu'au seul référentiel. En outre, ce dernier devra être régulièrement mis à jour. La volonté des sites d'appliquer la loi sera aussi évaluée en fonction de l'état de l'art et des technologies, car les outils évolueront probablement plus vite que le référentiel.

Oui, monsieur le rapporteur, j'ai changé d'avis. J'espère que vous serez aussi soucieux de reprendre les préconisations du rapport de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes lorsque nous examinerons l'amendement n° 83 de Mme Cohen, qui en est également issu…

Monsieur le ministre, j'ai quelques notions de droit et je connais le principe de non-rétroactivité de la loi pénale. Je sais bien que les affaires en cours seront jugées d'après la loi en vigueur. Mais ce qui se dit au Parlement sur le droit en vigueur peut éventuellement peser… Un appel n'est pas exclu.

Les amendements ne sont pas adoptés.

Les amendements ne sont pas adoptés.

L'amendement est adopté.

L'amendement est adopté.

L'amendement n'est pas adopté.

L'amendement n'est pas adopté.

L'amendement n'est pas adopté.

L'amendement n'est pas adopté.

L'amendement n'est pas adopté.

L'amendement n'est pas adopté.

L'amendement n'est pas adopté.

L'amendement n'est pas adopté.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 83, présenté par Mme Cohen, M. Ouzoulias, Mme Lienemann et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 3

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Le service de communication au public en ligne qui diffuse des contenus pornographiques prévoit l'affichage d'un écran noir tant que l'âge de l'internaute n'a pas été vérifié.

La parole est à Mme Laurence Cohen.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Par cet amendement, nous proposons une mesure concrète pour protéger les mineurs de l'exposition à des contenus pornographiques inappropriés en ligne. Elle s'inspire de la recommandation n° 13 du rapport d'information : Porno, l'enfer du décor, qui a mis en évidence les risques et les conséquences néfastes auxquels les mineurs peuvent être confrontés lorsqu'ils accèdent à des contenus pornographiques.

L'affichage d'un écran noir tant que l'âge de l'internaute n'a pas été vérifié constituerait une mesure efficace pour limiter l'accès des mineurs à ces contenus. Ce faisant, nous encourageons les sites internet à caractère pornographique à adopter des mesures de contrôle et de prévention de l'accès des mineurs, conformément à leurs responsabilités éthiques et légales.

L'affichage d'un écran noir permet en outre de sensibiliser les utilisateurs, en particulier les mineurs, sur la nécessité de respecter les restrictions d'âge et promeut une utilisation responsable d'internet. Cette mesure s'inscrit dans une démarche de prévention, en évitant en amont aux mineurs d'accéder involontairement à des contenus qui pourraient nuire à leur développement et à leur bien-être.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 83, présenté par Mme Cohen, M. Ouzoulias, Mme Lienemann et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 3

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Le service de communication au public en ligne qui diffuse des contenus pornographiques prévoit l'affichage d'un écran noir tant que l'âge de l'internaute n'a pas été vérifié.

La parole est à Mme Laurence Cohen.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Par cet amendement, nous proposons une mesure concrète pour protéger les mineurs d'une exposition à des contenus pornographiques inappropriés en ligne. Elle s'inspire de la recommandation n° 13 du rapport d'information intitulé Porno : l'enfer du décor, qui a mis en évidence les risques et les conséquences néfastes auxquels les mineurs peuvent être confrontés lorsqu'ils accèdent à des contenus pornographiques.

L'affichage d'un écran noir tant que l'âge de l'internaute n'a pas été vérifié constituerait une mesure efficace pour limiter l'accès des mineurs à ces contenus. Ce faisant, nous encourageons les sites internet à caractère pornographique à adopter des mesures de contrôle et de prévention de l'accès des mineurs, conformément à leurs responsabilités éthiques et légales.

L'affichage d'un écran noir permet en outre de sensibiliser les utilisateurs, en particulier les mineurs, sur la nécessité de respecter les restrictions d'âge et promeut une utilisation responsable d'internet. Cette mesure s'inscrit dans une démarche de prévention, en évitant en amont aux mineurs d'accéder involontairement à des contenus qui pourraient nuire à leur développement et à leur bien-être.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Cette précision relève du contenu du référentiel. J'imagine que l'Arcom s'inspirera des travaux parlementaires, et notamment du rapport de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes.

Nous avons veillé à ne pas inscrire le détail du référentiel dans le présent article, afin de laisser de la souplesse aux deux autorités chargées de son élaboration, l'Arcom et la Cnil, qui pourront le faire évoluer au gré des avancées technologiques.

Je vous demande donc de bien vouloir retirer votre amendement ; à défaut, j'y serai défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Cette précision relève du contenu du référentiel. J'imagine que l'Arcom s'inspirera des travaux parlementaires, et notamment du rapport de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes.

Nous avons veillé à ne pas inscrire le détail du référentiel dans le présent article, afin de laisser de la souplesse aux deux autorités chargées de son élaboration, l'Arcom et la Cnil, qui pourront le faire évoluer au gré des avancées technologiques.

Je vous demande donc de bien vouloir retirer votre amendement ; à défaut, j'y serai défavorable.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Madame la sénatrice, je comprends pourquoi vous souhaitez cet écran noir : même avec une vérification d'âge, le site internet peut faire apparaître des images explicites, éventuellement sur le côté de l'écran. Je suis tout à fait d'accord avec vous et c'est précisément la raison pour laquelle nous voulons un référentiel.

Il faudra donc pousser l'Arcom à tenir compte de cette recommandation de votre excellent rapport. La vérification d'âge, ce n'est pas une blague ; les sites doivent l'effectuer de manière très sérieuse. Tant que son âge n'a pas été vérifié, l'utilisateur ne doit avoir accès à aucun contenu pornographique.

Votre proposition montre combien il est difficile de poser une simple obligation de résultat en la matière. Nous devons fixer quelques obligations de moyens pour permettre à l'Arcom d'user de son pouvoir de police administrative en ordonnant le blocage et le déréférencement d'un site.

Je vous demanderai également de bien vouloir retirer votre amendement. Toutefois, je m'engage à pousser l'Arcom à retenir le principe de l'écran noir pour l'établissement du référentiel dans les six prochains mois.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Laurence Cohen, pour explication de vote.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Madame la sénatrice, je comprends pourquoi vous souhaitez cet écran noir : même avec une vérification d'âge, le site internet peut faire apparaître des images explicites, éventuellement sur le côté de l'écran. Je suis tout à fait d'accord avec vous et c'est précisément la raison pour laquelle nous voulons un référentiel.

Il faudra donc pousser l'Arcom à tenir compte de cette recommandation de votre excellent rapport. La vérification d'âge, ce n'est pas une blague ; les sites doivent l'effectuer de manière très sérieuse. Tant que son âge n'a pas été vérifié, l'utilisateur ne doit avoir accès à aucun contenu pornographique.

Votre proposition montre combien il est difficile de poser une simple obligation de résultat en la matière. Nous devons fixer quelques obligations de moyens pour permettre à l'Arcom d'user de son pouvoir de police administrative en ordonnant le blocage et le déréférencement d'un site.

Je vous demanderai également de bien vouloir retirer votre amendement. Toutefois, je m'engage à pousser l'Arcom à retenir le principe de l'écran noir pour l'établissement du référentiel dans les six prochains mois.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Merci, monsieur le ministre, de vos explications détaillées. Toutefois, je m'étonne.

Notre rapport est considéré comme extrêmement sérieux. Il a été adopté par la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes et le Sénat a adopté une proposition de résolution appelant à faire de la lutte contre les violences pornographiques une priorité de politique publique.

Quand nous avons pris nos bâtons de pèlerine pour présenter notre rapport d'information dans différents ministères, tous nous ont accueillies avec beaucoup d'intérêt et de bienveillance et nous ont dit qu'ils allaient s'appuyer sur notre rapport d'information.

Nous sommes à l'heure des travaux pratiques et nous formulons des propositions claires et nettes. Mais on nous dit désormais : « c'est intéressant, mais nous venons de faire quelque chose de très sérieux, nul besoin de mettre cette mesure en application… » Franchement, cela ne me convainc pas. Allez sur les sites pornographique et vous verrez tout l'intérêt d'un écran noir !

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Laurence Cohen, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Merci, monsieur le ministre, de vos explications détaillées. Toutefois, je m'étonne.

Notre rapport est considéré comme extrêmement sérieux. Il a été adopté par la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes et le Sénat a adopté une proposition de résolution appelant à faire de la lutte contre les violences pornographiques une priorité de politique publique.

Quand nous avons pris nos bâtons de pèlerine pour présenter notre rapport d'information dans différents ministères, tous nous ont accueillies avec beaucoup d'intérêt et de bienveillance et nous ont dit qu'ils allaient s'appuyer sur notre rapport d'information.

Nous sommes à l'heure des travaux pratiques et nous formulons des propositions claires et nettes ; or on nous dit désormais : « c'est intéressant, mais nous venons de faire quelque chose de très sérieux, nul besoin de mettre cette mesure en application… » Franchement, cela ne me convainc pas. Allez sur les sites pornographiques et vous verrez tout l'intérêt d'un écran noir !

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Monsieur le ministre, vous voulez faire au mieux et je vous donne acte de votre bonne volonté. Toutefois, nous sommes législateurs.

Vous savez que notre proposition d'écran noir est efficace. Mais lorsque vous nous répondez qu'il faudra pousser l'Arcom à prendre en compte cette proposition sénatoriale, cela ne me satisfait pas. Je n'ai ni l'intention ni les moyens de pousser l'Arcom. Ils font d'ailleurs un peu ce qu'ils veulent par rapport au Parlement… Nous les auditionnons, mais n'avons aucun moyen de les « pousser » – vous en avez certainement plus que nous, monsieur le ministre.

Je ne suis pas certaine qu'il faille laisser ce sujet au seul référentiel. Le meilleur moyen de garantir l'effectivité de cette mesure, c'est de voter l'amendement : plus besoin alors de pousser l'Arcom !

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Annick Billon, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Monsieur le ministre, vous voulez faire au mieux et je vous donne acte de votre bonne volonté. Toutefois, nous sommes législateurs.

Vous savez que notre proposition d'écran noir est efficace. Lorsque vous nous répondez qu'il faudra pousser l'Arcom à prendre en compte cette proposition sénatoriale, cela ne me satisfait pas. Je n'ai ni l'intention ni les moyens de pousser l'Arcom. Ils font d'ailleurs un peu ce qu'ils veulent par rapport au Parlement : nous les auditionnons, mais n'avons aucun moyen de les « pousser » – vous en avez certainement plus que nous, monsieur le ministre.

Je ne suis pas certaine qu'il faille laisser ce sujet dépendre du seul référentiel. Le meilleur moyen de garantir l'effectivité de cette mesure, c'est de voter l'amendement : plus besoin, alors, de pousser l'Arcom !

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Le rapport d'information Porno : l'enfer du décor contient vingt-trois propositions, dont celle sur l'écran noir.

Le premier volet de nos propositions visait à imposer dans le débat public la lutte contre les violences pornographiques, grande absente et du débat public et de nos politiques publiques.

Nous le constatons dans notre débat d'aujourd'hui : il faut une volonté politique pour enfin appliquer la loi sur le contrôle de l'âge des utilisateurs. Monsieur le ministre, comme le soulignent mes deux collègues coauteures dudit rapport, nous avons besoin que le Gouvernement s'engage pour garantir que les mineurs n'auront pas accès à ces contenus.

Le référentiel devra évoluer, comme la technique qui évolue tous les jours. Nous avons besoin de garanties, car l'Arcom, lorsqu'elle a été entendue au Sénat, s'est montrée assez réticente à appliquer des dispositions législatives en vigueur.

Je suivrai l'avis de la commission spéciale, mais je vous demande un engagement pour qu'enfin l'Arcom se plie à la volonté politique d'interdire l'accès des mineurs aux sites pornographiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Annick Billon, pour explication de vote.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Neuf recommandations du rapport de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes ont été reprises dans le périmètre ministériel dont j'ai la responsabilité. Certaines ont même structuré les premiers articles du présent projet de loi. Nous avons lu votre rapport avec beaucoup d'intérêt et d'attention et lui avons emprunté un certain nombre de propositions.

Nous devons trouver une ligne de crête qui nous permette de maintenir une obligation de résultat pour les sites pornographiques sans renoncer à fixer des moyens minimaux à mettre en œuvre, dont l'écran noir.

Je ne doute pas que l'Arcom, lorsqu'elle rédigera son référentiel, prendra en compte les différentes recommandations de votre rapport. Je n'ai pas autorité sur l'Arcom, mais je préconiserai, avec Mme la secrétaire d'État chargée de l'enfance, que votre proposition d'écran noir soit prise en compte par l'Arcom et par la Cnil.

Prévoyons dans la loi un référentiel souple, …

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Le rapport d'information Porno : l'enfer du décor contient vingt-trois propositions, dont celle sur l'écran noir.

Le premier volet de nos propositions visait à imposer dans le débat public la lutte contre les violences pornographiques, grande absente et du débat public et de nos politiques publiques.

Nous le constatons dans notre débat d'aujourd'hui : il faut une volonté politique pour enfin appliquer la loi sur le contrôle de l'âge des utilisateurs. Monsieur le ministre, comme le soulignent mes deux collègues coauteures dudit rapport, nous avons besoin que le Gouvernement s'engage pour garantir que les mineurs n'auront pas accès à ces contenus.

Le référentiel devra évoluer, à l'instar de la technique, qui évolue tous les jours. Nous avons besoin de garanties, car l'Arcom, lorsqu'elle a été entendue au Sénat, s'est montrée assez réticente à appliquer certaines dispositions législatives en vigueur.

Je suivrai l'avis de la commission spéciale, mais je vous demande un engagement pour qu'enfin l'Arcom se plie à la volonté politique d'interdire l'accès des mineurs aux sites pornographiques.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Neuf recommandations du rapport de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes ont été reprises dans le périmètre ministériel dont j'ai la responsabilité. Certaines ont même structuré les premiers articles du présent projet de loi. Nous avons lu votre rapport avec beaucoup d'intérêt et d'attention et lui avons emprunté un certain nombre de propositions.

Nous devons trouver une ligne de crête qui nous permette de maintenir une obligation de résultat pour les sites pornographiques sans renoncer à fixer des moyens minimaux à mettre en œuvre, dont l'écran noir.

Je ne doute pas que l'Arcom, lorsqu'elle rédigera son référentiel, prendra en compte les différentes recommandations de votre rapport. Je n'ai pas autorité sur l'Arcom, mais je préconiserai, avec Mme la secrétaire d'État chargée de l'enfance, la prise en compte de votre proposition d'écran noir par l'Arcom et par la Cnil.

Prévoyons dans la loi un référentiel souple, …

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

… qui ne soit pas trop contraignant et qui puisse évoluer, afin que les mesures entrent rapidement en application.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

… qui ne soit pas trop contraignant et qui puisse évoluer, afin que les mesures entrent rapidement en application.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

M. Loïc Hervé, rapporteur. Madame Cohen, sans vouloir faire de mauvais esprit, permettez-moi de relever qu'après avoir proposé la suppression du référentiel, vous demandez maintenant qu'il soit plus précis.

Mme Laurence Rossignol le conteste.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

M. Loïc Hervé, rapporteur. Madame Cohen, sans vouloir faire de mauvais esprit, permettez-moi de relever qu'après avoir proposé la suppression du référentiel, vous demandez maintenant qu'il soit plus précis.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Regardons attentivement la proposition du rapport de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes : il s'agit d'inscrire l'écran noir dans les lignes directrices du référentiel de l'Arcom – c'est écrit noir sur blanc. Il n'a jamais été prévu de l'inscrire dans la loi !

Dans ce texte de régulation et de sécurisation du numérique, le Gouvernement nous propose d'ajouter des mesures relatives au contrôle de l'âge pour interdire l'accès aux mineurs en suivant certaines des préconisations de votre rapport. Or vous demandez des mesures qui ne figurent même pas dans votre rapport ! Conservons de la cohérence.

Le ministre et moi avons eu des paroles fortes. N'allons pas non plus trop loin ! D'autres options auraient été possibles : le renvoi à un décret en Conseil d'État ou l'inscription du contenu du référentiel dans la loi. Nous avons décidé d'en confier la rédaction aux deux autorités françaises les plus légitimes, juridiquement et techniquement : l'Arcom, après avis de la Cnil. Sur ce point, nous sommes cohérents et très proches des préconisations de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, dont je suis très fier d'être membre.

Mme Laurence Rossignol le conteste.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Regardons attentivement la proposition du rapport de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes : il s'agit d'inscrire l'écran noir dans les lignes directrices du référentiel de l'Arcom – c'est écrit noir sur blanc. Il n'a jamais été prévu de l'inscrire dans la loi !

Dans ce texte de régulation et de sécurisation du numérique, le Gouvernement nous propose d'ajouter des mesures relatives au contrôle de l'âge pour interdire l'accès aux mineurs en suivant certaines des préconisations de votre rapport. Or vous demandez maintenant des mesures qui n'y figurent même pas ! Conservons de la cohérence.

Le ministre et moi avons eu des paroles fortes. N'allons pas non plus trop loin ! D'autres options auraient été possibles : le renvoi à un décret en Conseil d'État ou l'inscription du contenu du référentiel dans la loi. Nous avons décidé d'en confier la rédaction aux deux autorités françaises les plus légitimes, juridiquement et techniquement : l'Arcom, après avis de la Cnil. Sur ce point, nous sommes cohérents et très proches des préconisations de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, dont je suis très fier d'être membre.

Debut de section - Permalien
Charlotte Caubel

Je soutiens les arguments de M. le rapporteur et de M. le ministre. Nul ne peut douter de l'engagement du Gouvernement, et du mien en particulier, pour que cette interdiction d'accès aux sites pornographiques pour les moins de 18 ans devienne réalité.

Pour pouvoir donner des pouvoirs importants et efficaces à l'Arcom, et réduire ainsi les trop longs délais judiciaires actuels, il fallait donner une base légale au référentiel. Mais inscrire le contenu du référentiel dans la loi irait trop loin, car ce cadre juridique très formel imposerait de repasser devant le législateur à chaque évolution technologique.

Ne fixons pas le contenu du référentiel dans la loi et conservons de la souplesse. Je m'engage, avec le Gouvernement, à ce que les délais soient tenus et à ce que les principes de l'intérêt supérieur de l'enfant et du respect de la vie privée soient pris en compte, à égalité.

Ce référentiel doit rester souple et constamment adaptable en fonction de l'évolution technologique.

Debut de section - Permalien
Charlotte Caubel

Je soutiens les arguments de M. le rapporteur et de M. le ministre. Nul ne peut douter de l'engagement du Gouvernement, et du mien en particulier, à faire en sorte que l'interdiction d'accès aux sites pornographiques des moins de 18 ans devienne réalité.

Pour pouvoir octroyer des pouvoirs importants et efficaces à l'Arcom, et réduire ainsi les trop longs délais judiciaires actuels, il fallait donner une base légale au référentiel. Mais inscrire le contenu du référentiel dans la loi irait trop loin, car ce cadre juridique très formel imposerait de repasser devant le législateur à chaque évolution technologique.

Ne fixons pas le contenu du référentiel dans la loi et conservons de la souplesse. Je m'engage, avec le Gouvernement, à ce que les délais soient tenus et à ce que les principes de l'intérêt supérieur de l'enfant et du respect de la vie privée soient pris en compte, à égalité.

Ce référentiel doit rester souple et constamment adaptable en fonction de l'évolution technologique.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 84, présenté par Mme Cohen, M. Ouzoulias, Mme Lienemann et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 3

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Les services de communication au public en ligne diffusant des contenus pornographiques doivent afficher, dès l'entrée de l'internaute sur la plateforme, des messages d'avertissement concernant des contenus violents, précisant qu'il s'agit d'actes sexuels non simulés, pouvant constituer des infractions criminelles ou délictuelles.

La parole est à Mme Laurence Cohen.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Je ne voudrais pas laisser M. le rapporteur dans le flou : l'amendement n° 83 était un amendement de repli par rapport à l'amendement n° 88. Sachons raison garder…

J'en viens à l'amendement n° 84. Nous appuyant sur la recommandation n° 3 du rapport d'information, nous souhaitons imposer aux sites pornographiques l'affichage de messages d'avertissement sur leurs contenus violents, précisant qu'il s'agit d'actes sexuels non simulés pouvant constituer des infractions criminelles ou délictuelles. Cette précision est essentielle dans la mesure où rien n'est simulé, ainsi que nous l'avons constaté tout au long de nos travaux : quand une femme pleure et crie, elle pleure et crie vraiment !

Tous ceux qui consultent ces sites, et pas seulement les mineurs, doivent savoir qu'il s'agit d'actes réels, non simulés.

Je me réjouis que le Gouvernement soit attentif à nos recommandations. J'espère que les choses évolueront. Lorsque nous l'avons entendue, l'Arcom, qui a certainement besoin de plus de moyens humains et financiers, n'a pas fait preuve d'une grande appétence – c'est le moins que l'on puisse dire – à travailler sur ces questions.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 84, présenté par Mme Cohen, M. Ouzoulias, Mme Lienemann et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 3

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Les services de communication au public en ligne diffusant des contenus pornographiques doivent afficher, dès l'entrée de l'internaute sur la plateforme, des messages d'avertissement concernant des contenus violents, précisant qu'il s'agit d'actes sexuels non simulés, pouvant constituer des infractions criminelles ou délictuelles.

La parole est à Mme Laurence Cohen.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Je ne voudrais pas laisser M. le rapporteur dans le flou : l'amendement n° 83 était un amendement de repli par rapport à l'amendement n° 88. Sachons raison garder… J'en viens à l'amendement n° 84.

Nous appuyant sur la recommandation n° 3 du rapport d'information, nous souhaitons imposer aux sites pornographiques l'affichage de messages d'avertissement sur leurs contenus violents, précisant qu'il s'agit d'actes sexuels non simulés pouvant constituer des infractions criminelles ou délictuelles. Cette précision est essentielle dans la mesure où rien n'est simulé, ainsi que nous l'avons constaté tout au long de nos travaux : quand une femme pleure et crie, elle pleure et crie vraiment ! Tous ceux qui consultent ces sites, et pas seulement les mineurs, doivent savoir qu'il s'agit d'actes réels, non simulés.

Je me réjouis que le Gouvernement soit attentif à nos recommandations. J'espère que les choses évolueront. Lorsque nous l'avons entendue, l'Arcom, qui a certainement besoin de plus de moyens humains et financiers, n'a pas fait preuve d'une grande appétence – c'est le moins que l'on puisse dire – à travailler sur ces questions.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

L'amendement n° 71 de Mme Billon, avant l'article 4, concerne également la question des avertissements. J'en préfère la rédaction et l'emplacement, afin de bien distinguer l'accès des mineurs aux contenus pornographiques.

Je ne suis pas opposé à votre amendement n° 84, mais pas à cet endroit-là et dans une rédaction différente. J'en demande donc le retrait.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

L'amendement n° 71 de Mme Billon, avant l'article 4, concerne également la question des avertissements. J'en préfère la rédaction et l'emplacement, qui permettent de bien distinguer l'accès des mineurs aux contenus pornographiques.

Je ne suis pas opposé à votre amendement n° 84, mais pas à cet endroit-là et dans une rédaction différente : j'en demande donc le retrait.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 84 est retiré.

Je mets aux voix l'article 1er, modifié.

L'article 1 er est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 84 est retiré.

Je mets aux voix l'article 1er, modifié.

Article 2

I. – Après l'article 10 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique, il est inséré un article 10-1 ainsi rédigé :

« Art. 10 -1. – I. – Lorsqu'une personne dont l'activité est d'éditer un service de communication au public en ligne permettant d'avoir accès à des contenus pornographiques ne met pas en œuvre un système de vérification de l'âge conforme aux caractéristiques techniques du référentiel mentionné à l'article 10, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique lui fait part de ses observations par une lettre motivée, remise par tout moyen propre à en établir la date de réception. Le destinataire de cette lettre dispose d'un délai de quinze jours pour présenter ses observations en retour.

« À l'expiration de ce délai, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique peut, le cas échéant après avis du président de la Commission nationale de l'informatique et des libertés, mettre en demeure la personne dont l'activité est d'éditer un service de communication au public en ligne permettant l'accès à des contenus pornographiques de se conformer, dans un délai de quinze jours, aux caractéristiques techniques du référentiel mentionné au même article 10. Cette mise en demeure peut être assortie d'une injonction de prendre toute mesure de nature à empêcher l'accès des mineurs aux contenus incriminés. L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique rend publique cette mise en demeure.

« II. – Lorsque la personne dont l'activité est d'éditer un service de communication au public en ligne mettant à la disposition du public des contenus pornographiques ne se conforme pas à la mise en demeure à l'expiration de ce délai, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique peut, après avis du président de la Commission nationale de l'informatique et des libertés, prononcer une sanction pécuniaire dans les conditions prévues à l'article 42-7 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication.

« Le montant de la sanction prend en compte la nature, la gravité et la durée du manquement ainsi que les avantages tirés de ce manquement et les manquements commis précédemment.

« Lorsque la personne dont l'activité est d'éditer un service de communication au public en ligne permettant d'avoir accès à des contenus pornographiques a mis en œuvre un système de vérification de l'âge qui n'est pas conforme au référentiel de l'article 10 de la présente loi, la sanction ainsi prononcée ne peut excéder 75 000 euros ou 1 % du chiffre d'affaires mondial hors taxes réalisé au cours de l'exercice précédent, le plus élevé des deux montants étant retenu. Ce maximum est porté à 150 000 euros ou 2 % du chiffre d'affaires mondial hors taxes en cas de réitération du manquement dans un délai de cinq ans à compter de la date à laquelle la première décision de sanction est devenue définitive.

« Lorsque la personne dont l'activité est d'éditer un service de communication au public en ligne permettant d'avoir accès à des contenus pornographiques n'a mis en œuvre aucun système de vérification de l'âge ou s'est contenté d'une déclaration de majorité, la sanction ainsi prononcée ne peut excéder 250 000 euros ou 4 % du chiffre d'affaires mondial hors taxes réalisé au cours de l'exercice précédent, le plus élevé des deux montants étant retenu. Ce maximum est porté à 500 000 euros ou 6 % du chiffre d'affaires mondial hors taxes en cas de réitération du manquement dans un délai de cinq ans à compter de la date à laquelle la première décision de sanction est devenue définitive.

« Les sanctions pécuniaires sont recouvrées comme les créances de l'État étrangères à l'impôt et au domaine.

« II bis

« Les utilisateurs des services de communication au public en ligne auxquels l'accès est empêché sont dirigés vers une page d'information de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique indiquant les motifs de la mesure de blocage.

« L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique peut également notifier les adresses électroniques de ces services de communication au public en ligne ainsi que celles des services qui reprennent le même contenu, en totalité ou de manière substantielle et qui présentent les mêmes modalités d'accès, aux moteurs de recherche ou aux annuaires, lesquels disposent d'un délai de cinq jours afin de faire cesser le référencement du service de communication au public en ligne.

« Une copie des notifications adressées aux fournisseurs de services d'accès à internet et aux moteurs de recherche ou aux annuaires est adressée simultanément à la personne dont l'activité est d'éditer le service de communication au public en ligne concernée.

« Les mesures prévues au présent II bis sont prononcées pour une durée maximale de vingt-quatre mois. Leur nécessité est réévaluée, d'office ou sur demande, au minimum tous les douze mois. Lorsque les faits mentionnés au premier alinéa du I ne sont plus constitués, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique avise sans délai les destinataires des notifications prévues au présent II bis de la levée de ces mesures.

« L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique rend public chaque année un rapport d'activité sur les conditions d'exercice et les résultats de son activité, qui précise notamment le nombre de décisions d'injonction et les suites qui y ont été données, ainsi que le nombre d'adresses électroniques qui ont fait l'objet d'une mesure de blocage d'accès ou de déréférencement. Ce rapport est remis au Gouvernement et au Parlement.

« III. – Sans préjudice des articles L. 521-1 et L. 521-2 du code de justice administrative, les personnes mentionnées aux I et II bis du présent article peuvent demander au président du tribunal administratif ou au magistrat délégué par celui-ci l'annulation des mesures mentionnées aux mêmes I et II bis dans un délai de cinq jours à compter de leur réception.

« Il est statué sur la légalité de la notification dans un délai d'un mois à compter de la saisine. L'audience est publique.

« Les jugements rendus en application des premier et deuxième alinéas du présent III sont susceptibles d'appel dans un délai de dix jours à compter de leur notification. Dans ce cas, la juridiction d'appel statue dans un délai de trois mois à compter de sa saisine.

« IV. – Pour tout manquement aux obligations définies au II bis du présent article, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique peut, dans les conditions prévues à l'article 42-7 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, prononcer une sanction pécuniaire.

« Toutefois, aucune sanction ne peut être prononcée lorsqu'en raison de motifs de force majeure ou d'impossibilité de fait qui ne lui sont pas imputables, la personne concernée est placée dans l'impossibilité de respecter l'obligation qui lui a été faite, ou lorsque la procédure prévue au III du présent article a été engagée, tant qu'elle n'a pas fait l'objet d'une décision devenue définitive.

« Le montant de la sanction prend en compte la nature, la gravité et la durée du manquement ainsi que les avantages tirés de ce manquement et les manquements commis précédemment.

« Pour les manquements aux obligations prévues au II bis, le montant de la sanction ne peut excéder la somme de 75 000 euros ou une somme équivalente à 1 % du chiffre d'affaires mondial hors taxes, le plus élevé des deux montants étant retenu. Ce maximum est porté à 150 000 euros ou 2 % du chiffre d'affaires mondial hors taxes en cas de réitération du manquement dans un délai de cinq ans à compter de la date à laquelle la première décision de sanction est devenue définitive.

« Les sanctions pécuniaires sont recouvrées comme les créances de l'État étrangères à l'impôt et au domaine.

« V. – Les agents de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique peuvent, s'ils ont été spécialement habilités à cet effet par l'autorité et assermentés dans les conditions prévues au 2° du I de l'article 19 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée, constater par procès-verbal qu'un service de communication au public en ligne mettant à la disposition du public des contenus pornographiques ne met pas en œuvre un système de vérification de l'âge conforme aux caractéristiques techniques du référentiel mentionné à l'article 10 de la présente loi ou permet à des mineurs d'avoir accès à un contenu pornographique.

« VI. – Les conditions d'application du présent article sont précisées par décret en Conseil d'État. »

II

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

En septembre dernier, nous avons rendu publiques les vingt-trois recommandations du rapport Porno : l'enfer du décor. Nous les avons présentées à plusieurs membres du Gouvernement, notamment à vous, monsieur le ministre.

Les travaux du Sénat ont permis d'éveiller la conscience collective sur la pornographie. Nous proposons de nouvelles mesures pour protéger les victimes de cette industrie, majoritairement des mineurs et des femmes. Je tiens à vous remercier, monsieur le ministre, d'avoir intégré une dizaine de nos recommandations dans le présent projet de loi.

Les chiffres sont connus : un tiers des moins de 13 ans et deux tiers des moins de 15 ans ont déjà eu accès à des images pornographiques. Nous venons de voter l'obligation faite à l'Arcom de publier des lignes directrices pour rendre effectif le contrôle de l'âge des utilisateurs de ces sites. Cet article 2 vise à confier à cette autorité de régulation, qui est déjà compétente sur la lutte contre la haine en ligne, un pouvoir de sanction en la matière.

En matière de pornographie, l'Arcom a pour l'instant obligation de saisir le tribunal judiciaire de Paris. Or les délais judiciaires sont longs et les sites pornographiques trop nombreux pour que cette méthode soit viable et efficace.

Pour reprendre l'image de M. Gordon Choisel, président de l'association Ennocence, que la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes a entendu, il s'agit de mettre en demeure le dealer du coin de la rue d'arrêter de dealer, faute de quoi on appellera la police…

Le Sénat attendait cette refonte de la procédure afin que la loi soit enfin respectée. Je regrette cependant la faiblesse des sanctions administratives : des amendes plus lourdes auraient eu un effet dissuasif.

En résumé, nous devons toucher au porte-monnaie pour rendre la vie impossible à ceux qui ne respectent pas la loi, à cette industrie qui se développe massivement depuis une vingtaine d'années et qui est aux mains d'experts non pas du sexe, mais de la finance.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 82, présenté par Mme Cohen, M. Ouzoulias, Mme Lienemann et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 3, première et deuxième phrases, alinéa 4, alinéa 6, première phrase, alinéa 9, première et dernière phrases, alinéas 11 et 18

Remplacer le mot :

peut

par le mot :

doit

II. – Alinéa 23

Remplacer le mot :

peuvent

par le mot :

doivent

La parole est à Mme Laurence Cohen.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

En septembre dernier, nous avons rendu publiques les vingt-trois recommandations du rapport Porno : l'enfer du décor. Nous les avons présentées à plusieurs membres du Gouvernement, notamment à vous, monsieur le ministre.

Les travaux du Sénat ont permis d'éveiller la conscience collective sur la pornographie. Nous proposons de nouvelles mesures pour protéger les victimes de cette industrie, majoritairement des mineurs et des femmes. Je tiens à vous remercier, monsieur le ministre, d'avoir intégré une dizaine de nos recommandations dans le présent projet de loi.

Les chiffres sont connus : un tiers des moins de 13 ans et deux tiers des moins de 15 ans ont déjà eu accès à des images pornographiques. Nous venons de voter l'obligation faite à l'Arcom de publier des lignes directrices pour rendre effectif le contrôle de l'âge des utilisateurs de ces sites. Cet article 2 vise à confier à cette autorité de régulation, qui est déjà compétente sur la lutte contre la haine en ligne, un pouvoir de sanction en la matière.

Pour ce qui concerne la pornographie, l'Arcom a pour l'instant obligation de saisir le tribunal judiciaire de Paris. Or les délais judiciaires sont longs et les sites pornographiques trop nombreux pour que cette méthode soit viable et efficace.

Pour reprendre l'image de M. Gordon Choisel, président de l'association Ennocence, que la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes a entendu, il s'agit de mettre en demeure le dealer du coin de la rue d'arrêter de dealer, faute de quoi on appellera la police…

Le Sénat attendait cette refonte de la procédure afin que la loi soit enfin respectée. Je regrette cependant la faiblesse des sanctions administratives : des amendes plus lourdes auraient eu un effet dissuasif.

En résumé, nous devons toucher au porte-monnaie pour rendre la vie impossible à ceux qui ne respectent pas la loi, à cette industrie qui se développe massivement depuis une vingtaine d'années et qui est aux mains d'experts non pas du sexe, mais de la finance.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

C'est simple : nous voulons que la sanction soit automatique, et non pas seulement possible, lorsque la loi n'est pas respectée... C'est indispensable compte tenu de tout ce qui a été dit précédemment sur l'industrie pornographique.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 82, présenté par Mme Cohen, M. Ouzoulias, Mme Lienemann et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 3, première et deuxième phrases, alinéa 4, alinéa 6, première phrase, alinéa 9, première et dernière phrases, alinéas 11 et 18

Remplacer le mot :

peut

par le mot :

doit

II. – Alinéa 23

Remplacer le mot :

peuvent

par le mot :

doivent

La parole est à Mme Laurence Cohen.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

C'est simple : nous voulons que la sanction soit automatique, et non pas seulement possible, lorsque la loi n'est pas respectée... C'est indispensable compte tenu de tout ce qui a été dit précédemment de l'industrie pornographique.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Lorsque l'on confère à une autorité administrative indépendante un pouvoir de mise en demeure et de sanction, il faut lui laisser la liberté de décider de l'engagement de cette procédure. C'est la rédaction habituelle. L'avis de la commission est donc défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Lorsque l'on confère à une autorité administrative indépendante un pouvoir de mise en demeure et de sanction, il faut lui laisser la liberté de décider de l'engagement de cette procédure. La rédaction retenue dans le texte est habituelle : avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 41, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 3, première phrase

Remplacer les mots :

mettre en demeure

par les mots :

saisir le président du tribunal judiciaire de Paris aux fins d'ordonner, selon la procédure accélérée au fond, que

et les mots :

de se conformer

par les mots :

se conforme

II. – Alinéa 4

Remplacer le mot :

prononcer

par les mots :

saisir le président du tribunal judiciaire de Paris aux fins d'ordonner, selon la procédure accélérée au fond,

La parole est à M. Thomas Dossus.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Notre amendement vise à rétablir le contrôle du juge avant chaque injonction ou sanction de l'Arcom.

La protection des enfants est fondamentale, mais le pouvoir de prononcer des injonctions et des sanctions doit s'exercer dans le respect de l'État de droit : ce pouvoir doit être encadré afin d'éviter toute dérive, instrumentalisation ou censure.

Le droit en vigueur prévoit la possibilité d'une censure judiciaire, c'est-à-dire un contrôle du juge avant toute opération de blocage. Nous souhaitons revenir sur la censure purement administrative prévue par cet article. N'ouvrons pas cette boîte de Pandore par les temps qui courent…

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 41, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 3, première phrase

Remplacer les mots :

mettre en demeure

par les mots :

saisir le président du tribunal judiciaire de Paris aux fins d'ordonner, selon la procédure accélérée au fond, que

et les mots :

de se conformer

par les mots :

se conforme

II. – Alinéa 4

Remplacer le mot :

prononcer

par les mots :

saisir le président du tribunal judiciaire de Paris aux fins d'ordonner, selon la procédure accélérée au fond,

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Notre amendement vise à rétablir le contrôle du juge avant chaque injonction ou sanction de l'Arcom.

La protection des enfants est fondamentale, mais le pouvoir de prononcer des injonctions et des sanctions doit s'exercer dans le respect de l'État de droit : ce pouvoir doit être encadré afin d'éviter toute dérive, instrumentalisation ou censure.

Le droit en vigueur prévoit la possibilité d'une censure judiciaire, c'est-à-dire un contrôle du juge avant toute opération de blocage. Nous souhaitons revenir sur la censure purement administrative prévue par cet article. N'ouvrons pas cette boîte de Pandore par les temps qui courent.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

La commission spéciale s'est prononcée en faveur du changement de méthode proposé par le Gouvernement et qui correspond à la recommandation n° 12 du rapport de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes : « Confier à l'Arcom la possibilité de prononcer des sanctions administratives, aux montants dissuasifs, à l'encontre des sites pornographiques accessibles aux mineurs ».

C'est ce qui a été fait pour l'Autorité nationale des jeux (ANJ) : la procédure judiciaire de blocage a été transformée en procédure administrative par la loi du 2 mars 2022 visant à démocratiser le sport en France. L'ANJ a constaté une accélération des délais et un plus grand nombre de sites bloqués.

J'espère qu'il en sera de même pour l'Arcom, car nous devons absolument réussir à empêcher nos jeunes d'accéder si facilement aux sites pornographiques.

La commission est défavorable à cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

La commission spéciale s'est prononcée en faveur du changement de méthode que le Gouvernement a proposé et qui correspond à la recommandation n° 12 du rapport de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes : « Confier à l'Arcom la possibilité de prononcer des sanctions administratives, aux montants dissuasifs, à l'encontre des sites pornographiques accessibles aux mineurs ».

C'est ce qui a été fait pour l'Autorité nationale des jeux (ANJ) : la procédure judiciaire de blocage a été transformée en procédure administrative par la loi du 2 mars 2022 visant à démocratiser le sport en France. L'ANJ a constaté une accélération des délais et un plus grand nombre de sites bloqués.

J'espère qu'il en sera de même pour l'Arcom, car nous devons absolument réussir à empêcher nos jeunes d'accéder si facilement aux sites pornographiques.

La commission est défavorable à cet amendement.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 131, présenté par M. L. Hervé, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :

Alinéa 4

Remplacer les mots :

mettant à la disposition du public

par les mots :

permettant d'avoir accès à

et les mots :

de ce délai

par les mots :

du délai de quinze jours mentionné au second alinéa du I

La parole est à M. le rapporteur.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 131, présenté par M. L. Hervé, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :

Alinéa 4

Remplacer les mots :

mettant à la disposition du public

par les mots :

permettant d'avoir accès à

et les mots :

de ce délai

par les mots :

du délai de quinze jours mentionné au second alinéa du I

La parole est à M. le rapporteur.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Avis favorable, monsieur le président.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Avis favorable, monsieur le président.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 63 rectifié bis, présenté par M. Fialaire, Mme N. Delattre, MM. Bilhac, Corbisez, Gold et Guérini, Mme Guillotin, M. Guiol, Mme Pantel et MM. Requier, Roux et Cabanel, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 6

1° Première phrase

Supprimer les mots :

75 000 euros ou

et les mots :

, le plus élevé des deux montants étant retenu

2° Seconde phrase

Supprimer les mots :

150 000 euros ou

II. – Alinéa 7

1° Première phrase

Supprimer les mots :

250 000 euros ou

et les mots :

, le plus élevé des deux montants étant retenu

2° Seconde phrase

Supprimer les mots :

500 000 euros ou

III. – Alinéa 21

1° Première phrase

Supprimer les mots :

la somme de 75 000 euros ou

et les mots :

, le plus élevé des deux montants étant retenu

2° Seconde phrase

Supprimer les mots :

à 150 000 euros ou

La parole est à M. Bernard Fialaire.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

Notre amendement vise à durcir les sanctions pécuniaires prévues par le présent article. Il s'agit des sanctions qui seraient appliquées par l'Arcom aux éditeurs de services de communication au public en ligne permettant d'avoir accès à des contenus pornographiques qui ne mettraient pas en œuvre de système de vérification de l'âge ou dont ledit système serait non conforme au référentiel.

Les sanctions prévues en pourcentage du chiffre d'affaires annuel mondial – 1 %, 2 %, 4 % ou 6 % – lorsque le système de vérification de l'âge est non conforme ou absent, ou en cas de récidive semblent proportionnées. En revanche, les montants des amendes, de 75 000 euros à 500 000 euros, semblent insuffisants : certaines plateformes peuvent en effet être tentées de continuer de diffuser leurs contenus en intégrant ces montants à leur budget.

Nous nous étonnons aussi que la mention « le plus élevé des deux montants étant retenu » n'ait pas été prévue en cas de récidive de l'éditeur.

Cette approximation jette un flou sur notre volonté de lutter contre l'accès des mineurs aux sites pornographiques ; cet amendement vise à le lever.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 63 rectifié bis, présenté par M. Fialaire, Mme N. Delattre, MM. Bilhac, Corbisez, Gold et Guérini, Mme Guillotin, M. Guiol, Mme Pantel et MM. Requier, Roux et Cabanel, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 6

1° Première phrase

Supprimer les mots :

75 000 euros ou

et les mots :

, le plus élevé des deux montants étant retenu

2° Seconde phrase

Supprimer les mots :

150 000 euros ou

II. – Alinéa 7

1° Première phrase

Supprimer les mots :

250 000 euros ou

et les mots :

, le plus élevé des deux montants étant retenu

2° Seconde phrase

Supprimer les mots :

500 000 euros ou

III. – Alinéa 21

1° Première phrase

Supprimer les mots :

la somme de 75 000 euros ou

et les mots :

, le plus élevé des deux montants étant retenu

2° Seconde phrase

Supprimer les mots :

à 150 000 euros ou

La parole est à M. Bernard Fialaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

Notre amendement vise à durcir les sanctions pécuniaires prévues par le présent article. Il s'agit des sanctions qui seraient appliquées par l'Arcom aux éditeurs de services de communication au public en ligne permettant d'avoir accès à des contenus pornographiques qui ne mettraient pas en œuvre de système de vérification de l'âge ou dont ledit système serait non conforme au référentiel.

Les sanctions prévues en pourcentage du chiffre d'affaires annuel mondial – 1 %, 2 %, 4 % ou 6 % –, lorsque le système de vérification de l'âge est non conforme ou absent, ou en cas de récidive, semblent proportionnées. En revanche, les montants des amendes, de 75 000 euros à 500 000 euros, semblent insuffisants : certaines plateformes peuvent en effet être tentées de continuer de diffuser leurs contenus en intégrant ces montants à leur budget.

Nous nous étonnons aussi que la mention « le plus élevé des deux montants étant retenu » n'ait pas été prévue en cas de récidive de l'éditeur.

Cette approximation jette un flou sur notre volonté de lutter contre l'accès des mineurs aux sites pornographiques ; cet amendement vise à le lever.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Il semble nécessaire de conserver un plancher exprimé en euros.

C'est bien le montant le plus élevé qui est retenu dans tous les cas : ainsi, un site générant plus de 7, 5 millions d'euros serait passible d'une amende supérieure à 75 000 euros s'il met en place un système non conforme au référentiel de l'Arcom.

En revanche, un site affichant un faible chiffre d'affaires encourrait tout de même une amende de 75 000 euros.

L'avis est donc défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Il semble nécessaire de conserver un plancher exprimé en euros.

C'est bien le montant le plus élevé qui est retenu dans tous les cas : ainsi, un site générant plus de 7, 5 millions d'euros serait passible d'une amende supérieure à 75 000 euros s'il met en place un système non conforme au référentiel de l'Arcom.

En revanche, un site affichant un faible chiffre d'affaires encourrait tout de même une amende de 75 000 euros.

L'avis est donc défavorable.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Je partage l'avis du rapporteur : le plus élevé des deux montants étant retenu, il n'est pas nécessaire de supprimer les plafonds monétaires – au contraire !

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Je partage l'avis du rapporteur : le plus élevé des deux montants étant retenu, il n'est pas nécessaire de supprimer les plafonds monétaires – au contraire !

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 63 rectifié bis est retiré.

L'amendement n° 66 rectifié bis, présenté par M. Fialaire, Mme N. Delattre, MM. Bilhac, Corbisez, Gold et Guérini, Mme Guillotin, M. Guiol, Mme Pantel et MM. Requier, Roux et Cabanel, est ainsi libellé :

Alinéas 6, 7 et 21, secondes phrases

Remplacer le mot :

cinq

par le mot :

dix

La parole est à M. Bernard Fialaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

Cet amendement vise à prolonger de cinq à dix ans le délai permettant d'alourdir les amendes à l'encontre de l'éditeur d'un service de communication publique en ligne offrant un accès à des contenus pornographiques, afin de rendre le nouveau dispositif plus coercitif et dissuasif, en prévision d'une récidive éventuelle.

La réitération d'un manquement de mise en conformité au référentiel du système de vérification de l'âge, ou d'une absence de ce système lui-même, dans un délai de cinq ans à partir de la date à laquelle la première sanction est devenue définitive permet d'alourdir la sanction financière imposée à l'éditeur en infraction. Il nous paraît toutefois plus pertinent de prolonger cette période à dix ans, afin d'amplifier l'effet dissuasif de ce dispositif.

Les sites pornographiques français xvideos.com ou xnxx.com, par exemple, ont enregistré respectivement 3, 22 milliards et 2, 58 milliards de visites en 2019, dont une part significative provenant de mineurs. Ces deux sites figurent parmi les douze sites internet les plus visités au monde, surpassant même Netflix en termes de fréquentation.

De son côté, le site canadien PornHub affiche un chiffre d'affaires effrayant de 500 millions de dollars.

Il nous appartient donc de limiter autant que possible la diffusion de tels contenus à nos mineurs en frappant économiquement plus fort et plus longtemps, de manière à dissuader ces sites d'intégrer simplement les amendes encourues dans leur budget.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 63 rectifié bis est retiré.

L'amendement n° 66 rectifié bis, présenté par M. Fialaire, Mme N. Delattre, MM. Bilhac, Corbisez, Gold et Guérini, Mme Guillotin, M. Guiol, Mme Pantel et MM. Requier, Roux et Cabanel, est ainsi libellé :

Alinéas 6, 7 et 21, secondes phrases

Remplacer le mot :

cinq

par le mot :

dix

La parole est à M. Bernard Fialaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

Cet amendement vise à prolonger de cinq à dix ans le délai permettant d'alourdir les amendes à l'encontre de l'éditeur d'un service de communication publique en ligne offrant un accès à des contenus pornographiques, afin de rendre le nouveau dispositif plus coercitif et dissuasif, en prévision d'une récidive éventuelle.

La réitération d'un manquement de mise en conformité au référentiel du système de vérification de l'âge, ou d'une absence de ce système lui-même, dans un délai de cinq ans à partir de la date à laquelle la première sanction est devenue définitive permet d'alourdir la sanction financière imposée à l'éditeur en infraction. Il nous paraît toutefois plus pertinent d'étendre cette période à dix ans, afin d'amplifier l'effet dissuasif de ce dispositif.

Les sites pornographiques français xvideos.com ou xnxx.com, par exemple, ont enregistré respectivement 3, 22 milliards et 2, 58 milliards de visites en 2019, dont une part significative provenant de mineurs. Ces deux sites figurent parmi les douze sites internet les plus visités au monde, surpassant même Netflix en termes de fréquentation.

De son côté, le site canadien PornHub affiche un chiffre d'affaires effrayant de 500 millions de dollars.

Il nous appartient donc de limiter autant que possible la diffusion de tels contenus à nos mineurs en frappant économiquement plus fort et plus longtemps, de manière à dissuader ces sites d'intégrer simplement les amendes encourues dans leur budget.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Cet amendement vise à allonger la durée pendant laquelle il peut y avoir une aggravation de l'amende pour réitération.

La durée de cinq ans correspond toutefois à ce qui est prévu dans le code pénal en matière délictuelle ; elle nous est apparue comme proportionnée.

C'est la raison pour laquelle la commission est défavorable à cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Cet amendement vise à allonger la durée pendant laquelle l'amende peut être aggravée pour réitération.

La durée de cinq ans correspond toutefois à ce qui est prévu dans le code pénal en matière délictuelle. Elle nous est apparue comme proportionnée, raison pour laquelle la commission est défavorable à cet amendement.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 46 rectifié quater, présenté par Mmes Noël et Garriaud-Maylam, MM. Gremillet, D. Laurent et Chatillon, Mme Muller-Bronn, MM. Charon, Joyandet et Bouchet et Mmes Thomas, Belrhiti, Pluchet et Berthet, est ainsi libellé :

I. - Alinéa 9, première phrase

Après le mot :

internet

insérer les mots :

ou aux fournisseurs de systèmes de résolution de nom de domaine définis au II de l'article 12 de la présente loi

II. - Alinéa 12

Après le mot :

internet

insérer les mots :

, aux fournisseurs de systèmes de résolution de nom de domaine

La parole est à Mme Sylviane Noël.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Sylviane Noël

Le présent amendement vise à élargir la liste des acteurs susceptibles de contribuer à la lutte contre les sites pornographiques en y incluant, aux côtés des fournisseurs de services d'accès à internet, toutes les personnes pouvant prendre des mesures utiles sur demande de l'autorité administrative compétente afin d'aboutir à une meilleure effectivité du dispositif.

En l'état actuel de la rédaction, les personnes qui fournissent des navigateurs internet, au sens de l'article 2 du règlement du Parlement européen et du Conseil relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique, ne sont pas incluses dans le dispositif. Il en va de même des systèmes d'exploitation mentionnés à l'article 32 du code des postes et des communications électroniques.

Le présent amendement tend par conséquent à inclure dans le champ de l'article, en sus des fournisseurs de services d'accès à internet, les navigateurs et systèmes d'exploitation qui font de la résolution de nom de domaine (DNS).

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 46 rectifié quater, présenté par Mmes Noël et Garriaud-Maylam, MM. Gremillet, D. Laurent et Chatillon, Mme Muller-Bronn, MM. Charon, Joyandet et Bouchet et Mmes Thomas, Belrhiti, Pluchet et Berthet, est ainsi libellé :

I. - Alinéa 9, première phrase

Après le mot :

internet

insérer les mots :

ou aux fournisseurs de systèmes de résolution de nom de domaine définis au II de l'article 12 de la présente loi

II. - Alinéa 12

Après le mot :

internet

insérer les mots :

, aux fournisseurs de systèmes de résolution de nom de domaine

La parole est à Mme Sylviane Noël.

Debut de section - PermalienPhoto de Sylviane Noël

Le présent amendement vise à élargir la liste des acteurs susceptibles de contribuer à la lutte contre les sites pornographiques en y incluant, aux côtés des fournisseurs de services d'accès à internet, toutes les personnes pouvant prendre des mesures utiles sur demande de l'autorité administrative compétente afin d'aboutir à une meilleure effectivité du dispositif.

En l'état actuel de la rédaction, les personnes qui fournissent des navigateurs internet, au sens de l'article 2 du règlement du Parlement européen et du Conseil relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique, ne sont pas incluses dans le dispositif. Il en va de même des systèmes d'exploitation mentionnés à l'article 32 du code des postes et des communications électroniques.

Le présent amendement tend par conséquent à inclure dans le champ de l'article, en sus des fournisseurs de services d'accès à internet, les navigateurs et systèmes d'exploitation qui font de la résolution de nom de domaine (DNS).

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Cet amendement vise à élargir le champ des demandes de blocage et à étendre la possibilité pour l'Arcom de recourir à une telle mesure.

Nous sommes tout à fait favorables à cette excellente proposition.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Cet amendement vise à élargir le champ des demandes de blocage et à étendre la possibilité pour l'Arcom de recourir à une telle mesure.

Nous sommes tout à fait favorables à cette excellente proposition.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Madame la sénatrice, cet amendement et le suivant relèvent du même esprit que d'autres amendements que nous retrouvons à différents articles, notamment à l'article 4 et à l'article 6.

Cet amendement vise en particulier à inclure les fournisseurs de résolution de DNS parmi les acteurs concernés. C'est une avancée notable qui nous aidera à préciser la mise en œuvre des dispositifs.

Le Gouvernement émet donc un avis favorable sur cet amendement, qui tend à intégrer à la fois les résolveurs DNS et les fournisseurs d'accès à internet.

L'avis sera similaire concernant les amendements à venir sur les articles 4 et 6, car il s'agit de conserver les deux simultanément. Nous respectons votre approche légitime et admirable visant à clarifier et à préciser progressivement le droit en matière de blocage par le biais de ces systèmes.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Madame la sénatrice, cet amendement et le suivant relèvent du même esprit que d'autres amendements que nous retrouvons à différents articles, notamment à l'article 4 et à l'article 6.

Cet amendement vise en particulier à inclure les fournisseurs de résolution de DNS parmi les acteurs concernés. C'est une avancée notable qui nous aidera à préciser la mise en œuvre des dispositifs.

Le Gouvernement émet donc un avis favorable sur cet amendement, qui tend à intégrer à la fois les résolveurs DNS et les fournisseurs d'accès à internet.

L'avis sera similaire concernant les amendements à venir sur les articles 4 et 6, car il s'agit de conserver les deux simultanément. Nous respectons votre approche légitime et admirable visant à clarifier et à préciser progressivement le droit en matière de blocage par le biais de ces systèmes.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 47 rectifié ter, présenté par Mmes Noël et Garriaud-Maylam, MM. Gremillet, D. Laurent et Chatillon, Mme Muller-Bronn, MM. Charon, Joyandet et Bouchet et Mmes Thomas, Belrhiti, Del Fabro, Pluchet et Berthet, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 9, deuxième phrase

Remplacer les mots :

quarante-huit heures

par les mots :

, fixé par l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, qui ne peut être inférieur à deux jours ouvrés

II. – Alinéa 11

Remplacer les mots :

cinq jours

par les mots :

, fixé par l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, qui ne peut être inférieur à deux jours ouvrés

La parole est à Mme Sylviane Noël.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Sylviane Noël

Cet amendement tend à uniformiser les délais prévus aux différents articles du présent projet de loi visant à empêcher l'accès à des contenus illicites ou dans les projets de loi en cours – en particulier le projet de loi de programmation militaire – en les fixant à deux jours ouvrés minimum, au choix de l'Arcom.

Le délai laissé aux moteurs de recherche et annuaires pour le déréférencement des services s'alignerait ainsi sur celui des autres acteurs.

Ce délai minimum de deux jours ouvrés se justifie également par la nécessité d'organiser la mobilisation des agents habilités à effectuer ces blocages chez les acteurs concernés.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 47 rectifié ter, présenté par Mmes Noël et Garriaud-Maylam, MM. Gremillet, D. Laurent et Chatillon, Mme Muller-Bronn, MM. Charon, Joyandet et Bouchet et Mmes Thomas, Belrhiti, Del Fabro, Pluchet et Berthet, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 9, deuxième phrase

Remplacer les mots :

quarante-huit heures

par les mots :

, fixé par l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, qui ne peut être inférieur à deux jours ouvrés

II. – Alinéa 11

Remplacer les mots :

cinq jours

par les mots :

, fixé par l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, qui ne peut être inférieur à deux jours ouvrés

La parole est à Mme Sylviane Noël.

Debut de section - PermalienPhoto de Sylviane Noël

Cet amendement tend à uniformiser les délais prévus aux différents articles du présent projet de loi visant à empêcher l'accès à des contenus illicites ou dans les projets de loi en cours – en particulier le projet de loi de programmation militaire – en les fixant à deux jours ouvrés minimum, au choix de l'Arcom.

Le délai laissé aux moteurs de recherche et annuaires pour le déréférencement des services s'alignerait ainsi sur celui des autres acteurs.

Ce délai minimum de deux jours ouvrés se justifie également par la nécessité d'organiser la mobilisation des agents habilités à effectuer ces blocages chez les acteurs concernés.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

L'amendement n° 47 rectifié ter, qui reprend les demandes des opérateurs télécoms, vise à laisser à l'Arcom le soin de fixer le délai d'exécution des mesures de blocage et de déréférencement, en imposant un délai minimal de deux jours ouvrés et, ainsi, à aligner le sort des moteurs de recherche sur celui des fournisseurs d'accès à internet.

Le délai de quarante-huit heures semble suffisamment clair : les fournisseurs d'accès ont des services spécialisés pour traiter ce genre de demande et l'Arcom ne nous a signalé aucune difficulté en la matière.

Pour ces raisons, la commission spéciale est défavorable à cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

L'amendement n° 47 rectifié ter, qui reprend les demandes des opérateurs télécoms, vise à laisser à l'Arcom le soin de fixer le délai d'exécution des mesures de blocage et de déréférencement, en imposant un délai minimal de deux jours ouvrés et, ainsi, à aligner le sort des moteurs de recherche sur celui des fournisseurs d'accès à internet.

Le délai de quarante-huit heures semble suffisamment clair : les fournisseurs d'accès ont des services spécialisés pour traiter ce genre de demande et l'Arcom ne nous a signalé aucune difficulté en la matière.

Pour ces raisons, la commission spéciale est défavorable à cet amendement.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Le Gouvernement partage l'avis de la commission spéciale : avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Le Gouvernement partage l'avis de la commission spéciale : avis défavorable.

L'amendement n'est pas adopté.

L'amendement n'est pas adopté.

L'article 2 est adopté.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 121 rectifié, présenté par Mmes Morin-Desailly, Billon, Borchio Fontimp et M. Mercier, est ainsi libellé :

Après l'article 2

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article 6-7 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique dans sa rédaction résultant de la loi n° … du … visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne, il est inséré un article 6-… ainsi rédigé :

« Art. 6 - …. - I. – Les boutiques d'applications logicielles vérifient l'âge de leurs utilisateurs.

« Les boutiques d'applications logicielles, pour satisfaire à l'obligation mentionnée au premier alinéa du présent I, utilisent des systèmes de vérification de l'âge dont les caractéristiques techniques sont conformes à un référentiel élaboré par l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique après avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés.

« II. – Le fait pour une boutique d'applications logicielles de ne pas satisfaire à l'obligation prévue au I est puni d'une amende ne pouvant excéder 1 % de son chiffre d'affaires mondial pour l'exercice précédent. »

La parole est à Mme Catherine Morin-Desailly.

Après l'article 2

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Monsieur le président, je me propose de présenter également l'amendement n° 111 rectifié bis.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 121 rectifié, présenté par Mmes Morin-Desailly, Billon, Borchio Fontimp et M. Mercier, est ainsi libellé :

Après l'article 2

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article 6-7 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique dans sa rédaction résultant de la loi n° … du … visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne, il est inséré un article 6-… ainsi rédigé :

« Art. 6 - …. - I. – Les boutiques d'applications logicielles vérifient l'âge de leurs utilisateurs.

« Les boutiques d'applications logicielles, pour satisfaire à l'obligation mentionnée au premier alinéa du présent I, utilisent des systèmes de vérification de l'âge dont les caractéristiques techniques sont conformes à un référentiel élaboré par l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique après avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés.

« II. – Le fait pour une boutique d'applications logicielles de ne pas satisfaire à l'obligation prévue au I est puni d'une amende ne pouvant excéder 1 % de son chiffre d'affaires mondial pour l'exercice précédent. »

La parole est à Mme Catherine Morin-Desailly.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

J'appelle donc en discussion l'amendement n° 111 rectifié bis, présenté par Mmes Morin-Desailly, Billon, Borchio Fontimp et M. Mercier, M. Levi, Mme Noël, MM. Laugier, Duffourg, Le Nay et Kern, Mme Guidez, MM. Canévet et Détraigne et Mmes Jacquemet, Férat et Herzog, et ainsi libellé :

Après l'article 2

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article 6-7 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique dans sa rédaction résultant de la loi n° … du … visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne, il est inséré un article 6-… ainsi rédigé :

« Art. 6 -…. – I. – En cas d'inexécution de la mise en demeure prévue au II de l'article 6-7, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique peut demander aux boutiques d'applications logicielles d'empêcher le téléchargement de l'application logicielle en cause. Elles disposent d'un délai de quarante-huit heures pour satisfaire cette demande.

« II. – En cas d'inexécution de la mise en demeure prévue au I de l'article 10-1 et dans l'hypothèse où l'éditeur du service de communication au public en ligne concerné donne accès aux contenus pornographiques au moyen d'une application logicielle ou édite des applications qui reprennent ces contenus, en totalité ou de manière substantielle et selon les mêmes modalités d'accès, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique peut demander aux boutiques d'applications logicielles d'empêcher le téléchargement des applications logicielles en cause. Elles disposent d'un délai de quarante-huit heures pour satisfaire cette demande.

« III.- Les mesures prévues aux I et II du présent article sont demandées pour une durée maximale de vingt-quatre mois. Leur nécessité est réévaluée, d'office ou sur demande, au minimum tous les douze mois. Lorsque les faits justifiant les demandes prévues aux I et II ne sont plus constitués, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique avise sans délai les destinataires de celles-ci de la levée des mesures.

« IV. – Le fait pour une boutique d'applications logicielles de ne pas satisfaire aux obligations prévues aux I à III du présent article est puni d'une amende ne pouvant excéder 1 % de son chiffre d'affaires mondial pour l'exercice précédent.

« V. – Un décret en Conseil d'État, pris après avis de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, détermine les modalités d'application du présent article. »

Veuillez poursuivre, ma chère collègue.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Monsieur le président, je me propose de présenter également l'amendement n° 111 rectifié bis.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Ces amendements s'inscrivent dans la continuité des débats engagés lors de l'examen de la proposition de loi visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne et concernent tous deux le contrôle de l'âge.

L'amendement n° 121 rectifié est assez fort ; il vise à imposer aux boutiques d'applications logicielles la vérification de l'âge de leurs utilisateurs en fonction d'un référentiel conçu par l'Arcom, et ainsi à sensibiliser des acteurs essentiels de l'accès à internet.

L'amendement n° 111 rectifié bis a pour objet de responsabiliser davantage les gestionnaires de boutiques d'applications, tels que l'Apple Store et Google Play, qui sont des intermédiaires indispensables et dont le rôle dans la lutte contre la diffusion de contenus illicites et d'applications problématiques demeure sous-estimé.

Cet amendement, que je porte avec plusieurs collègues, notamment Annick Billon, Alexandra Borchio Fontimp et Marie Mercier, vise à autoriser l'Arcom à demander aux gestionnaires des boutiques d'applications d'empêcher le téléchargement d'une application diffusant des contenus à caractère pornographique, mais aussi de réseaux sociaux en ligne, ne respectant pas les obligations légales de vérification d'âge en vigueur.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

J'appelle donc en discussion l'amendement n° 111 rectifié bis, présenté par Mmes Morin-Desailly, Billon, Borchio Fontimp et M. Mercier, M. Levi, Mme Noël, MM. Laugier, Duffourg, Le Nay et Kern, Mme Guidez, MM. Canévet et Détraigne et Mmes Jacquemet, Férat et Herzog, et ainsi libellé :

Après l'article 2

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article 6-7 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique dans sa rédaction résultant de la loi n° … du … visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne, il est inséré un article 6-… ainsi rédigé :

« Art. 6 -…. – I. – En cas d'inexécution de la mise en demeure prévue au II de l'article 6-7, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique peut demander aux boutiques d'applications logicielles d'empêcher le téléchargement de l'application logicielle en cause. Elles disposent d'un délai de quarante-huit heures pour satisfaire cette demande.

« II. – En cas d'inexécution de la mise en demeure prévue au I de l'article 10-1 et dans l'hypothèse où l'éditeur du service de communication au public en ligne concerné donne accès aux contenus pornographiques au moyen d'une application logicielle ou édite des applications qui reprennent ces contenus, en totalité ou de manière substantielle et selon les mêmes modalités d'accès, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique peut demander aux boutiques d'applications logicielles d'empêcher le téléchargement des applications logicielles en cause. Elles disposent d'un délai de quarante-huit heures pour satisfaire cette demande.

« III.- Les mesures prévues aux I et II du présent article sont demandées pour une durée maximale de vingt-quatre mois. Leur nécessité est réévaluée, d'office ou sur demande, au minimum tous les douze mois. Lorsque les faits justifiant les demandes prévues aux I et II ne sont plus constitués, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique avise sans délai les destinataires de celles-ci de la levée des mesures.

« IV. – Le fait pour une boutique d'applications logicielles de ne pas satisfaire aux obligations prévues aux I à III du présent article est puni d'une amende ne pouvant excéder 1 % de son chiffre d'affaires mondial pour l'exercice précédent.

« V. – Un décret en Conseil d'État, pris après avis de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, détermine les modalités d'application du présent article. »

Veuillez poursuivre, chère collègue.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Ces amendements s'inscrivent dans la continuité des débats engagés lors de l'examen de la proposition de loi visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne. Ils concernent tous deux le contrôle de l'âge.

L'amendement n° 121 rectifié est assez fort : il tend à imposer aux boutiques d'applications logicielles la vérification de l'âge de leurs utilisateurs en fonction d'un référentiel conçu par l'Arcom, et ainsi à sensibiliser des acteurs essentiels de l'accès à internet.

L'amendement n° 111 rectifié bis vise à responsabiliser davantage les gestionnaires de boutiques d'applications, tels que l'Apple Store et Google Play, qui sont des intermédiaires indispensables et dont le rôle dans la lutte contre la diffusion de contenus illicites et d'applications problématiques demeure sous-estimé.

Cet amendement, que je défends avec plusieurs collègues, notamment Annick Billon, Alexandra Borchio Fontimp et Marie Mercier, vise à autoriser l'Arcom à demander aux gestionnaires des boutiques d'applications d'empêcher le téléchargement d'une application diffusant des contenus à caractère pornographique, mais aussi de réseaux sociaux en ligne, ne respectant pas les obligations légales de vérification d'âge en vigueur.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

En ce qui concerne l'amendement n° 121 rectifié, il me semble vertueux de prévoir des vérifications d'âge au plus près de l'utilisateur à chaque fois que cela est possible et, éventuellement, de cumuler les dispositifs.

En l'espèce, pour autant, il me semble qu'il manque une partie de la procédure, car il n'est pas indiqué quelle suite serait donnée à cette vérification. Reviendrait-il au magasin d'empêcher le téléchargement d'applications qui seraient interdites aux moins de 18 ans ou de 15 ans ? Selon quels critères ?

À l'inverse, les éditeurs des applications subissant des restrictions liées à l'âge pourraient-ils interroger les magasins d'application pour vérifier l'âge de l'utilisateur ? Pouvons-nous adopter cet amendement comme une première étape vers un système plus complet ?

Je préfère interroger le Gouvernement à ce sujet.

Pour ce qui est l'amendement n° 111 rectifié bis, l'objectif de ses auteurs est de bloquer à la source les applications de sites qui ne respectent pas leurs obligations de vérification d'âge.

Ce dispositif serait mis en œuvre sous le contrôle de l'Arcom, après mise en demeure des éditeurs concernés.

Il s'agit d'un complément bienvenu à l'article 2 du projet de loi comme à la proposition de loi visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne, laquelle devrait être prochainement promulguée par le Président de la République.

La commission spéciale est donc favorable à ce dernier amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

En ce qui concerne l'amendement n° 121 rectifié, il me semble vertueux de prévoir des vérifications d'âge au plus près de l'utilisateur à chaque fois que cela est possible et, éventuellement, de cumuler les dispositifs.

En l'espèce, pour autant, il me semble qu'il manque une partie de la procédure, car il n'est pas indiqué quelle suite serait donnée à cette vérification. Reviendrait-il au magasin d'empêcher le téléchargement d'applications qui seraient interdites aux moins de 18 ans ou de 15 ans ? Selon quels critères ?

À l'inverse, les éditeurs des applications subissant des restrictions liées à l'âge pourraient-ils interroger les magasins d'application pour vérifier l'âge de l'utilisateur ? Pouvons-nous adopter cet amendement comme une première étape vers un système plus complet ?

Je préfère interroger le Gouvernement à ce sujet.

Pour ce qui est de l'amendement n° 111 rectifié bis, l'objectif de ses auteurs est de bloquer à la source les applications de sites qui ne respectent pas leurs obligations de vérification d'âge.

Ce dispositif serait mis en œuvre sous le contrôle de l'Arcom, après mise en demeure des éditeurs concernés.

Il s'agit d'un complément bienvenu à l'article 2 du projet de loi comme à la proposition de loi visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne, laquelle devrait être prochainement promulguée par le Président de la République.

La commission spéciale est donc favorable à ce dernier amendement.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Je vous remercie pour ces deux amendements, madame Morin-desailly, qui nous permettent d'avancer dans la réflexion sur la vérification de l'âge.

Je suggère que vous retiriez l'amendement n° 121 rectifié en faveur de l'amendement n° 111 rectifié bis.

La question de la vérification de l'âge se pose de manière prégnante aujourd'hui, notamment en ce qui concerne l'exposition des enfants à des contenus pornographiques, mais aussi pour l'accès à d'autres services, y compris les réseaux sociaux.

Le Sénat a récemment adopté une proposition de loi obligeant les réseaux sociaux à vérifier l'âge de leurs utilisateurs et à recueillir le consentement parental pour ceux d'entre eux qui sont âgés de moins de 15 ans.

Pour les sites pornographiques, il s'agit d'imposer l'installation obligatoire d'un vérificateur d'âge à l'entrée ; la même mesure est envisagée pour les réseaux sociaux.

Néanmoins, comme l'a souligné le rapporteur, nous devons également prendre en compte les boutiques d'applications, qui sont le vecteur par lequel nos enfants, en particulier, accèdent à un certain nombre de ces applications, qu'ils peuvent télécharger et installer sur leurs téléphones.

L'amendement n° 121 rectifié vise à imposer aux boutiques d'applications de vérifier l'âge de l'utilisateur, indépendamment de l'application que celui-ci souhaite télécharger. C'est une approche plus large que celle que vous aviez proposée lors de l'examen de la proposition de loi visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne.

Il s'agit donc, tout d'abord, d'une vérification de l'âge qui englobe aussi le téléchargement d'applications non soumises à des restrictions d'âge, qui peuvent être consultées aussi bien par les adultes que par les enfants.

Ensuite, je vous confirme que je vais signer ce soir le décret d'application de la loi du 2 mars 2022 visant à renforcer le contrôle parental sur les moyens d'accès à internet, portée par Bruno Studer, qui s'appliquera donc dans les mois à venir.

La France deviendra ainsi le premier pays au monde à généraliser ce contrôle parental, ce qui, dans une certaine mesure, devrait permettre d'atteindre l'objectif recherché au travers de cet amendement, car des paramètres sur les téléphones permettront de limiter l'accès des mineurs en fonction de leur âge.

Enfin, nous souhaitons tenir les éditeurs d'applications comme responsables de cette vérification d'âge, plutôt que de la déléguer aux seules boutiques d'applications. Si, actuellement, deux acteurs majeurs se partagent confortablement ce marché, le règlement sur les marchés numériques (DMA, pour Digital Markets Act), qui entrera en vigueur prochainement, instaurera une concurrence entre les boutiques d'applications.

De nouveaux acteurs, y compris français et européens, entreront donc sur le marché, que nous ne souhaitons pas lester dès le départ d'une obligation supplémentaire, alors que cette responsabilité pourrait être attribuée aux éditeurs.

En revanche, l'amendement n° 111 rectifié bis présente un avantage significatif : il vise à instaurer la même obligation que celle que l'on impose aux sites pornographiques – vérifier l'âge sous peine de blocage ou de déréférencement –, mais aussi, depuis la proposition de loi visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne, aux réseaux sociaux.

Si cet amendement est adopté, c'est par le biais des boutiques d'applications que les réseaux sociaux comme les sites diffusant des contenus pornographiques pourront être déréférencés s'ils ne mettent pas en place la vérification de l'âge.

Ainsi, cet amendement tend à renforcer considérablement le dispositif des articles 1er et 2 du présent projet de loi, mais également celui de la proposition de loi sur la majorité numérique, que le Sénat a adoptée voilà peu.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Je vous remercie pour ces deux amendements, madame Morin-desailly, qui nous permettent d'avancer dans la réflexion sur la vérification de l'âge.

Je suggère que vous retiriez l'amendement n° 121 rectifié en faveur de l'amendement n° 111 rectifié bis.

La question de la vérification de l'âge se pose de manière prégnante aujourd'hui, notamment en ce qui concerne l'exposition des enfants à des contenus pornographiques, mais aussi pour l'accès à d'autres services, y compris les réseaux sociaux.

Le Sénat a récemment adopté une proposition de loi obligeant les réseaux sociaux à vérifier l'âge de leurs utilisateurs et à recueillir le consentement parental pour ceux d'entre eux qui sont âgés de moins de 15 ans.

Pour les sites pornographiques, il s'agit d'imposer l'installation obligatoire d'un vérificateur d'âge à l'entrée ; la même mesure est envisagée pour les réseaux sociaux.

Néanmoins, comme l'a souligné le rapporteur, nous devons également prendre en compte les boutiques d'applications, qui sont le vecteur par lequel nos enfants accèdent à un certain nombre de ces applications, qu'ils peuvent télécharger et installer sur leurs téléphones.

L'amendement n° 121 rectifié vise à imposer aux boutiques d'applications de vérifier l'âge de l'utilisateur, indépendamment de l'application que celui-ci souhaite télécharger. C'est une approche plus large que celle que vous aviez proposée lors de l'examen de la proposition de loi visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne.

Il s'agit donc, tout d'abord, d'une vérification de l'âge qui englobe aussi le téléchargement d'applications non soumises à des restrictions d'âge, qui peuvent être consultées aussi bien par les adultes que par les enfants.

Ensuite, je vous confirme que je vais signer ce soir le décret d'application de la loi du 2 mars 2022 visant à renforcer le contrôle parental sur les moyens d'accès à internet, portée par Bruno Studer, qui s'appliquera donc dans les mois à venir.

La France deviendra ainsi le premier pays au monde à généraliser ce contrôle parental, ce qui, dans une certaine mesure, devrait permettre d'atteindre l'objectif visé au travers de cet amendement, car des paramètres sur les téléphones permettront de limiter l'accès des mineurs en fonction de leur âge.

Enfin, nous souhaitons tenir les éditeurs d'applications comme responsables de cette vérification d'âge, plutôt que de la déléguer aux seules boutiques d'applications. Si, actuellement, deux acteurs majeurs se partagent confortablement ce marché, le règlement sur les marchés numériques (DMA, pour Digital Markets Act), qui entrera en vigueur prochainement, instaurera une concurrence entre les boutiques d'applications.

De nouveaux acteurs, y compris français et européens, entreront donc sur le marché. Nous ne souhaitons pas les lester dès le départ d'une obligation supplémentaire, alors que cette responsabilité pourrait être attribuée aux éditeurs.

En revanche, l'amendement n° 111 rectifié bis présente un avantage significatif : il vise à instaurer la même obligation que celle que l'on impose aux sites pornographiques – vérifier l'âge sous peine de blocage ou de déréférencement –, mais aussi, depuis la proposition de loi visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne, aux réseaux sociaux.

Si cet amendement est adopté, c'est par le biais des boutiques d'applications que les réseaux sociaux comme les sites diffusant des contenus pornographiques pourront être déréférencés s'ils ne mettent pas en place la vérification de l'âge.

Ainsi, cet amendement tend à renforcer considérablement le dispositif des articles 1er et 2 du présent projet de loi, mais également celui de la proposition de loi sur la majorité numérique, que le Sénat a adoptée voilà peu.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Cet échange était utile.

Mon premier amendement visait surtout à appeler notre attention sur l'importance du contrôle par les parents, ou au moins de la mise en place d'une vérification permettant de garantir qu'un mineur ne puisse avoir accès à tout type de contenu. Dans ce processus, les boutiques d'applications ont une responsabilité.

Pour autant, monsieur le ministre, vous m'avez convaincue, notamment en rappelant l'existence de la loi Studer et de l'instauration du contrôle parental. Ce dispositif permettra, en effet, de superviser l'accès à certains contenus.

De plus, je me satisfais de l'avis favorable que vous émettez sur l'amendement n° 111 rectifié bis, qui découle de nos discussions lors des débats sur la loi visant à instaurer une majorité numérique, et qui trouve ici sa pleine justification.

Je retire donc l'amendement n° 121 rectifié au profit de l'amendement n° 111 rectifié bis.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Cet échange était utile.

Mon premier amendement visait surtout à appeler notre attention sur l'importance du contrôle par les parents, ou au moins de la mise en place d'une vérification permettant de garantir qu'un mineur ne puisse avoir accès à tout type de contenu. Dans ce processus, les boutiques d'applications ont une responsabilité.

Pour autant, monsieur le ministre, vous m'avez convaincue, notamment en rappelant l'existence de la loi Studer et de l'instauration du contrôle parental. Ce dispositif permettra, en effet, de superviser l'accès à certains contenus.

De plus, je me satisfais de l'avis favorable que vous émettez sur l'amendement n° 111 rectifié bis, qui découle de nos discussions lors des débats sur la loi visant à instaurer une majorité numérique et qui trouve ici sa pleine justification.

Je retire donc l'amendement n° 121 rectifié au profit de l'amendement n° 111 rectifié bis.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 2.

Section 2

Pénalisation du défaut d'exécution en vingt-quatre heures d'une demande de l'autorité administrative de retrait de contenu pédopornographique

L'amendement est adopté.

Photo de Pierre Laurent

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 2.

Section 2

Pénalisation du défaut d'exécution en vingt-quatre heures d'une demande de l'autorité administrative de retrait de contenu pédopornographique

Article 3

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme la présidente de la commission spéciale, sur l'article.

La loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique est ainsi modifiée :

1° L'article 6-2 est ainsi rédigé :

« Art. 6 -2. – I. – Si un fournisseur de services d'hébergement n'a jamais fait l'objet d'une demande en application de l'article 6-1 en vue de retirer une image ou représentation de mineurs présentant un caractère pornographique relevant de l'article 227-23 du code pénal, l'autorité administrative mentionnée à l'article 6-1 de la présente loi communique à ladite personne des informations sur les procédures et les délais applicables, au moins douze heures avant d'émettre la demande de retrait.

« II. – Si la personne mentionnée au I du présent article ne peut se conformer à une demande de retrait pour des motifs tenant à la force majeure ou à une impossibilité de fait qui ne lui sont pas imputables, y compris pour des raisons techniques ou opérationnelles objectivement justifiables, elle informe de ces motifs, sans retard indu, l'autorité administrative qui a émis la demande de retrait.

« Le délai indiqué au deuxième alinéa de l'article 6-1 commence à courir dès que les motifs mentionnés au premier alinéa du présent II ont cessé d'exister.

« Si la personne mentionnée au I ne peut se conformer à une demande de retrait, au motif que cette dernière contient des erreurs manifestes ou ne contient pas suffisamment d'informations pour en permettre l'exécution, elle informe de ces motifs, sans retard indu, l'autorité administrative qui a émis la demande de retrait, et demande les éclaircissements nécessaires.

« Le délai indiqué au deuxième alinéa de l'article 6-1 commence à courir dès que le fournisseur de services d'hébergement a reçu les éclaircissements nécessaires.

« III. – Lorsqu'un fournisseur de services d'hébergement retire une image ou représentation de mineurs présentant un caractère pornographique relevant de l'article 227-23 du code pénal, il en informe, dans les meilleurs délais, le fournisseur de contenus en précisant les motifs qui ont conduit au retrait de l'image ou de la représentation et des droits dont il dispose pour contester la demande de retrait devant la juridiction administrative compétente. Il lui transmet en outre une copie de la demande de retrait. » ;

2° Après le même article 6-2, sont insérés des articles 6-2-1 et 6-2-2 ainsi rédigés :

« Art. 6 -2 -1. – I. – Le fait, pour les fournisseurs de services d'hébergement, de ne pas retirer les images ou les représentations de mineurs présentant un caractère pornographique relevant de l'article 227-23 du code pénal dans un délai de vingt-quatre heures à compter de la réception de la demande de retrait prévue à l'article 6-1 de la présente loi, est puni d'un an d'emprisonnement et de 250 000 euros d'amende.

« Lorsque l'infraction définie au premier alinéa du présent article est commise de manière habituelle par une personne morale, le montant de l'amende peut être porté à 4 % de son chiffre d'affaires mondial hors taxes de l'exercice précédent.

« II. – Les personnes morales déclarées responsables pénalement, dans les conditions prévues à l'article 121-2 du code pénal, des infractions définies au I du présent article encourent, outre l'amende suivant les modalités prévues à l'article 131-38 du code pénal, les peines prévues aux 2° et 9° de l'article 131-39 du même code. L'interdiction prévue au 2° du même article 131-39 est prononcée pour une durée de cinq ans au plus et porte sur l'activité professionnelle dans l'exercice ou à l'occasion de laquelle l'infraction a été commise.

« Art. 6 -2 -2. – I. – Sans préjudice des articles L. 521-1 et L. 521-2 du code de justice administrative, les fournisseurs de services d'hébergement et les fournisseurs de contenus concernés par une demande en application de l'article 6-1 de la présente loi en vue de retirer une image ou représentation de mineurs présentant un caractère pornographique relevant de l'article 227-23 du code pénal ainsi que la personnalité qualifiée mentionnée à l'article 6-1 de la présente loi peuvent demander au président du tribunal administratif ou au magistrat délégué par celui-ci l'annulation de cette demande, dans un délai de quarante-huit heures à compter, soit, de sa réception, soit, s'agissant du fournisseur de contenus, du moment où il est informé par le fournisseur de services d'hébergement du retrait du contenu.

« II. – Il est statué sur la légalité de l'injonction de retrait dans un délai de soixante-douze heures à compter de la saisine. L'audience est publique.

« III. – Les jugements rendus sur la légalité de la décision en application du I sont susceptibles d'appel dans un délai de dix jours à compter de leur notification. Dans ce cas, la juridiction d'appel statue dans un délai d'un mois à compter de sa saisine.

« IV. – Les modalités d'application du présent article sont précisées par décret en Conseil d'État. »

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Dans le cadre de ses travaux, la commission spéciale, que j'ai l'honneur de présider, a entendu les représentants de la plateforme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements (Pharos), ainsi que ceux d'Europol.

Pharos effectue un travail remarquable de traitement des signalements de contenus illicites. Actuellement, ses prérogatives les plus larges concernent deux domaines spécifiques : la lutte contre la pédopornographie et les contenus à caractère terroriste.

Elle a le pouvoir de demander le retrait de tels contenus aux hébergeurs et, à défaut, d'imposer un blocage ou un déréférencement aux fournisseurs d'accès à internet et aux moteurs de recherche.

Ce mécanisme fonctionne bien. Il connaîtra probablement une évolution avec l'entrée en vigueur du règlement sur les services numériques (RSN), puisque Pharos devra fournir les informations permettant aux hébergeurs de justifier le retrait d'un contenu auprès de son fournisseur.

Dans le cadre de leurs travaux, certains membres de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes se sont interrogés sur la possibilité d'élargir les compétences de Pharos à d'autres types d'infractions, tels que les actes de torture, de barbarie, de viol ou d'inceste. Ces suggestions ont été notamment formulées par Mme Laurence Rossignol.

Nous convenons tous que ces contenus représentent des infractions graves, qui n'ont pas leur place sur internet. Cependant, nous nous interrogeons quant à la manière de les intégrer dans le champ des injonctions administratives de Pharos.

Nous avons souhaité interroger ses responsables à ce sujet. Ils nous ont indiqué qu'une telle évolution emporterait un changement radical du cadre de fonctionnement de Pharos et nécessiterait des moyens considérables.

Monsieur le ministre, prenez-vous en compte ces considérations, notamment dans la perspective du projet de loi de finances, à l'occasion duquel le rôle et la mission de Pharos pourraient être redéfinis ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme la présidente de la commission spéciale, sur l'article.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Dans le cadre de ses travaux, la commission spéciale, que j'ai l'honneur de présider, a entendu les représentants de la plateforme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements (Pharos), ainsi que ceux d'Europol.

Pharos effectue un travail remarquable de traitement des signalements de contenus illicites. Actuellement, ses prérogatives les plus larges concernent deux domaines spécifiques : la lutte contre la pédopornographie et les contenus à caractère terroriste.

Elle a le pouvoir de demander le retrait de tels contenus aux hébergeurs et, à défaut, d'imposer un blocage ou un déréférencement aux fournisseurs d'accès à internet et aux moteurs de recherche.

Ce mécanisme fonctionne bien. Il connaîtra probablement une évolution avec l'entrée en vigueur du règlement sur les services numériques (RSN), puisque Pharos devra fournir les informations permettant aux hébergeurs de justifier le retrait d'un contenu auprès de son fournisseur.

Dans le cadre de leurs travaux, certains membres de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes se sont interrogés sur la possibilité d'élargir les compétences de Pharos à d'autres types d'infractions, tels que les actes de torture, de barbarie, de viol ou d'inceste. Ces suggestions ont été notamment formulées par Mme Laurence Rossignol.

Nous convenons tous que ces contenus représentent des infractions graves, qui n'ont pas leur place sur internet. Cependant, nous nous interrogeons quant à la manière de les intégrer dans le champ des injonctions administratives de Pharos.

Nous avons souhaité interroger ses responsables à ce sujet. Ils nous ont indiqué qu'une telle évolution emporterait un changement radical du cadre de fonctionnement de Pharos et nécessiterait des moyens considérables.

Monsieur le ministre, prenez-vous en compte ces considérations, notamment dans la perspective du projet de loi de finances, à l'occasion duquel le rôle et la mission de Pharos pourraient être redéfinis ?

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Je souhaite appeler l'attention sur la question du revenge porn, une réalité tragiquement mise en exergue dans notre rapport intitulé Porno : l'enfer du décor. Cette pratique consiste à rendre accessible en ligne, à l'insu des personnes concernées – qui sont très majoritairement des femmes – des contenus à caractère sexuel.

La loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique a introduit l'article 226-2-1 dans le code pénal, sanctionnant sévèrement les auteurs de tels actes.

De surcroît, la loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique prévoit le retrait rapide de ces contenus illicites.

Pourtant, les témoignages glaçants que nous avons recueillis, et que nous continuons de recevoir, révèlent une méconnaissance alarmante de ces dispositions protectrices. Les victimes ne sont pas suffisamment écoutées, entendues, orientées et conseillées, et ne sont donc pas conscientes de l'existence d'une telle procédure.

Je souhaite souligner avec force cet aspect, qui me paraît essentiel : à quoi bon voter des lois si leur méconnaissance les rend inutiles ?

Dès lors, je m'adresse à vous, monsieur le ministre, pour solliciter la mise en place d'actions réelles, rapides et concrètes. Chacune et chacun doit connaître l'existence de ce régime protecteur et doit être en mesure d'y recourir en toute connaissance de cause.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Je souhaite appeler l'attention sur la question du revenge porn, une réalité tragiquement mise en exergue dans notre rapport intitulé Porno : l'enfer du décor. Cette pratique consiste à rendre accessible en ligne, à l'insu des personnes concernées – qui sont très majoritairement des femmes – des contenus à caractère sexuel.

La loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique a introduit l'article 226-2-1 dans le code pénal, sanctionnant sévèrement les auteurs de tels actes.

De surcroît, la loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique prévoit le retrait rapide de ces contenus illicites.

Pourtant, les témoignages glaçants que nous avons recueillis, et que nous continuons de recevoir, révèlent une méconnaissance alarmante de ces dispositions protectrices. Les victimes ne sont pas suffisamment écoutées, entendues, orientées et conseillées, et ne sont donc pas conscientes de l'existence d'une telle procédure.

Je souhaite souligner avec force cet aspect, qui me paraît essentiel : à quoi bon voter des lois si leur méconnaissance les rend inutiles ?

Dès lors, je m'adresse à vous, monsieur le ministre, pour solliciter la mise en place d'actions réelles, rapides et concrètes. Chacune et chacun doit connaître l'existence de ce régime protecteur et doit être en mesure d'y recourir en toute connaissance de cause.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Nous voterons cet article 3, qui impose une sanction pénale à l'encontre des hébergeurs ne satisfaisant pas à la demande de l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC) de procéder au retrait sous vingt-quatre heures d'un contenu en ligne présentant un caractère pédopornographique relevant de l'article 227-23 du code pénal.

Nous avions déposé un amendement, qui a malheureusement été jugé irrecevable au regard de l'article 40. Notre objectif était de renforcer les pouvoirs de police administrative de Pharos dans la lutte contre les contenus choquants et dangereux sur internet, ce qui rejoint les propos tenus par la présidente Catherine Morin-Desailly.

Nous entendions ainsi introduire de nouveaux critères tels que la représentation d'actes de torture et de barbarie, ainsi que de viols. Ces actes représentent des formes extrêmes de violence et de violation des droits humains ; leur diffusion sur internet peut avoir des conséquences graves sur les individus qui y sont exposés.

En renforçant les pouvoirs de police administrative de Pharos, nous entendions renforcer également notre capacité à prévenir et à endiguer la propagation de contenus choquants et dangereux en ligne. Pharos joue un rôle central dans la collecte et dans l'analyse des signalements concernant ces contenus. En lui conférant des pouvoirs accrus, nous aurions amélioré notre capacité à agir rapidement et efficacement pour les supprimer et enquêter sur leur origine.

Les auditions menées dans le cadre du rapport d'information Porno : l'enfer du décor de la délégation aux droits des femmes nous ont démontré les lacunes et les limites actuelles du système. La lutte contre ces contenus ne relève pas uniquement de la responsabilité des utilisateurs individuels, elle nécessite également une action coordonnée des autorités compétentes.

En raison des contraintes imposées aux parlementaires par la Constitution, nous n'avons pas pu formaliser ces propositions au travers d'un amendement, ce qui explique cette intervention.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 132, présenté par M. L. Hervé, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :

I.− Après l'alinéa 1

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

... L'article 6-2 devient l'article 6-5 ;

II.− Alinéa 2

Remplacer le mot :

rédigé

par le mot :

rétabli

La parole est à M. le rapporteur.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Nous voterons cet article 3, qui impose une sanction pénale à l'encontre des hébergeurs ne satisfaisant pas à la demande de l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC) de procéder au retrait sous vingt-quatre heures d'un contenu en ligne présentant un caractère pédopornographique relevant de l'article 227-23 du code pénal.

Nous avions déposé un amendement, qui a malheureusement été jugé irrecevable au titre de l'article 40. Notre objectif était de renforcer les pouvoirs de police administrative de Pharos dans la lutte contre les contenus choquants et dangereux sur internet, ce qui rejoint les propos tenus par la présidente Catherine Morin-Desailly.

Nous entendions ainsi introduire de nouveaux critères tels que la représentation d'actes de torture et de barbarie, ainsi que de viols. Ces actes représentent des formes extrêmes de violence et de violation des droits humains ; leur diffusion sur internet peut avoir des conséquences graves sur les individus qui y sont exposés.

En renforçant les pouvoirs de police administrative de Pharos, nous entendions renforcer également notre capacité à prévenir et à endiguer la propagation de contenus choquants et dangereux en ligne. Pharos joue un rôle central dans la collecte et dans l'analyse des signalements concernant ces contenus. En lui conférant des pouvoirs accrus, nous aurions amélioré notre capacité à agir rapidement et efficacement pour les supprimer et enquêter sur leur origine.

Les auditions menées dans le cadre du rapport d'information Porno : l'enfer du décor de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes nous ont démontré les lacunes et les limites actuelles du système. La lutte contre ces contenus ne relève pas uniquement de la responsabilité des utilisateurs individuels ; elle nécessite également une action coordonnée des autorités compétentes.

En raison des contraintes imposées aux parlementaires par la Constitution, nous n'avons pu formaliser ces propositions au travers d'un amendement, ce qui explique cette intervention.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 132, présenté par M. L. Hervé, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :

I.− Après l'alinéa 1

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

... L'article 6-2 devient l'article 6-5 ;

II.− Alinéa 2

Remplacer le mot :

rédigé

par le mot :

rétabli

La parole est à M. le rapporteur.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Favorable.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Favorable.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 79, présenté par Mme Cohen, M. Ouzoulias, Mme Lienemann et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Alinéa 3, au début

Insérer une phrase ainsi rédigée :

Tout contenu à caractère sexuellement explicite doit être retiré ou bloqué à la demande de la personne filmée, immédiatement et gratuitement, sans avoir à attendre une collaboration des plateformes.

La parole est à Mme Laurence Cohen.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Nous reprenons ici la recommandation n° 10 du rapport Porno : l'enfer du décor, qui vise à exiger le retrait ou le blocage immédiat et gratuit de tout contenu à caractère sexuellement explicite, à la demande de la personne filmée.

Cette question est primordiale : lors des auditions effectuées par la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes et au travers du travail des associations de soutien aux victimes, nous avons constaté que les femmes ayant participé à des contenus pornographiques et demandant leur retrait n'obtenaient pas souvent satisfaction.

Cela devient un véritable combat, de surcroît coûteux. Nous demandons donc, aux côtés des victimes elles-mêmes, que ces retraits se fassent aussi rapidement que possible et sans frais.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 79, présenté par Mme Cohen, M. Ouzoulias, Mme Lienemann et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Alinéa 3, au début

Insérer une phrase ainsi rédigée :

Tout contenu à caractère sexuellement explicite doit être retiré ou bloqué à la demande de la personne filmée, immédiatement et gratuitement, sans avoir à attendre une collaboration des plateformes.

La parole est à Mme Laurence Cohen.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Nous reprenons ici la recommandation n° 10 du rapport Porno : l'enfer du décor, qui vise à exiger le retrait ou le blocage immédiat et gratuit de tout contenu à caractère sexuellement explicite, à la demande de la personne filmée.

Cette question est primordiale : lors des auditions effectuées par la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes et au travers du travail des associations de soutien aux victimes, nous avons constaté que les femmes ayant participé à des contenus pornographiques et demandant leur retrait n'obtenaient pas souvent satisfaction.

Cela devient un véritable combat, de surcroît coûteux. Nous demandons donc, aux côtés des victimes elles-mêmes, que ces retraits se fassent aussi rapidement que possible et sans frais.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Cet amendement ne me semble pas se trouver à la bonne place, puisque l'article 3 concerne les pouvoirs de Pharos relativement aux contenus pédopornographiques.

Il me semble par ailleurs que, de par son caractère général, l'adoption de cet amendement viendrait remettre en cause le droit des contrats : une personne rémunérée pour participer à un tournage de film sexuellement explicite pourrait à tout moment exiger le retrait de ce film, quand bien même elle aurait cédé ses droits d'artiste interprète ou ses droits à l'image dans des conditions normales.

Je préfère la rédaction de l'amendement n° 70 rectifié de Mme Billon, qui sera discuté avant l'article 4, et qui me semble plus compatible avec le droit des contrats.

Je demande donc le retrait de cet amendement ; à défaut, j'y serai défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Cet amendement ne me semble pas se trouver à la bonne place, puisque l'article 3 concerne les pouvoirs de Pharos par rapport aux contenus pédopornographiques.

Il me semble par ailleurs que, de par son caractère général, l'adoption de cet amendement viendrait remettre en cause le droit des contrats : une personne rémunérée pour participer à un tournage de film sexuellement explicite pourrait à tout moment exiger le retrait de ce film, quand bien même elle aurait cédé ses droits d'artiste interprète ou ses droits à l'image dans des conditions normales.

Je préfère la rédaction de l'amendement n° 70 rectifié de Mme Billon, qui sera discuté avant l'article 4, et qui me semble plus compatible avec le droit des contrats.

Je demande donc le retrait de cet amendement ; à défaut, j'y serai défavorable.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Si l'esprit de l'amendement n° 70 rectifié de Mme Annick Billon est le même, je retire le mien à son profit ; pour autant, monsieur le rapporteur, je suis perplexe quant à votre explication.

Nous pourrions débattre des histoires de contrat dans le domaine en question : nous avons observé que, pour les personnes exploitées et contraintes à produire des contenus violents, des actes de barbarie, dans des conditions déplorables, le contrat ne représente rien. Il leur est extorqué et on peut tout leur faire subir en son nom.

Je me permets donc d'apporter un bémol à vos propos, mais je retire néanmoins mon amendement en faveur de celui d'Annick Billon : l'essentiel est que cette mesure soit adoptée.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 79 est retiré.

L'amendement n° 126, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Alinéa 8

Remplacer cet alinéa par cinq alinéas ainsi rédigés :

« III.- Lorsqu'un fournisseur de services d'hébergement retire une image ou représentation de mineurs présentant un caractère pornographique relevant de l'article 227-23 du code pénal, il en informe, dans les meilleurs délais, le fournisseur de contenu en précisant les motifs qui ont conduit au retrait de l'image ou de la représentation, la possibilité de solliciter la transmission d'une copie de l'injonction de retrait et les droits dont il dispose pour contester la demande de retrait devant la juridiction administrative compétente.

« Sur demande du fournisseur de contenus, le fournisseur de services d'hébergement transmet une copie de l'injonction de retrait.

« Les obligations prévues aux deux premiers alinéas ne s'appliquent pas lorsque l'autorité compétente qui a émis la demande de retrait décide qu'il est nécessaire et proportionné de ne pas divulguer d'informations pour ne pas entraver le bon déroulement des actions de prévention, de détection, de recherche et de poursuite des auteurs de l'infraction prévue au même article 227-23.

« En pareil cas, l'autorité compétente informe le fournisseur de services d'hébergement de sa décision en précisant sa durée d'application, aussi longue que nécessaire, mais ne pouvant excéder six semaines à compter de ladite décision, et le fournisseur de services d'hébergement ne divulgue aucune information sur le retrait du contenu au fournisseur de ce dernier.

« Ladite autorité compétente peut prolonger cette période d'une nouvelle période de six semaines, lorsque la non-divulgation continue d'être justifiée. En pareil cas, elle en informe le fournisseur de services d'hébergement. » ;

La parole est à M. le ministre délégué.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Si l'esprit de l'amendement n° 70 rectifié de Mme Annick Billon est le même, je retire le mien à son profit ; pour autant, monsieur le rapporteur, je suis perplexe quant à votre explication.

Nous pourrions débattre des histoires de contrat dans le domaine en question : nous avons observé que, pour les personnes exploitées et contraintes à tourner des contenus violents, des actes de barbarie, dans des conditions déplorables, le contrat ne représente rien. Il leur est extorqué et on peut tout leur faire subir en son nom.

Je me permets donc d'apporter un bémol à vos propos, mais je retire néanmoins mon amendement en faveur de celui d'Annick Billon : l'essentiel est que cette mesure soit adoptée.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Cet amendement vise à permettre de différer l'information de l'éditeur d'un contenu pédopornographique qui a été retiré si Pharos – c'est-à-dire la police et la gendarmerie – estime que cette divulgation risque d'entraver le bon déroulement des actions de prévention, de détection, de recherche et de poursuite des responsables.

Cette possibilité de différer l'information de l'éditeur existe déjà dans d'autres domaines, et il est suggéré ici, compte tenu du sujet de l'article 3, de l'appliquer afin de confondre plus facilement les auteurs qui diffusent de la pédopornographie.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 79 est retiré.

L'amendement n° 126, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Alinéa 8

Remplacer cet alinéa par cinq alinéas ainsi rédigés :

« III.- Lorsqu'un fournisseur de services d'hébergement retire une image ou représentation de mineurs présentant un caractère pornographique relevant de l'article 227-23 du code pénal, il en informe, dans les meilleurs délais, le fournisseur de contenu en précisant les motifs qui ont conduit au retrait de l'image ou de la représentation, la possibilité de solliciter la transmission d'une copie de l'injonction de retrait et les droits dont il dispose pour contester la demande de retrait devant la juridiction administrative compétente.

« Sur demande du fournisseur de contenus, le fournisseur de services d'hébergement transmet une copie de l'injonction de retrait.

« Les obligations prévues aux deux premiers alinéas ne s'appliquent pas lorsque l'autorité compétente qui a émis la demande de retrait décide qu'il est nécessaire et proportionné de ne pas divulguer d'informations pour ne pas entraver le bon déroulement des actions de prévention, de détection, de recherche et de poursuite des auteurs de l'infraction prévue au même article 227-23.

« En pareil cas, l'autorité compétente informe le fournisseur de services d'hébergement de sa décision en précisant sa durée d'application, aussi longue que nécessaire, mais ne pouvant excéder six semaines à compter de ladite décision, et le fournisseur de services d'hébergement ne divulgue aucune information sur le retrait du contenu au fournisseur de ce dernier.

« Ladite autorité compétente peut prolonger cette période d'une nouvelle période de six semaines, lorsque la non-divulgation continue d'être justifiée. En pareil cas, elle en informe le fournisseur de services d'hébergement. » ;

La parole est à M. le ministre délégué.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Cet amendement vise à permettre de différer l'information de l'éditeur d'un contenu pédopornographique qui a été retiré si Pharos – c'est-à-dire la police et la gendarmerie – estime que cette divulgation risque d'entraver le bon déroulement des actions de prévention, de détection, de recherche et de poursuite des responsables.

Cette possibilité de différer l'information de l'éditeur existe déjà dans d'autres domaines. Nous suggérons de l'appliquer ici, compte tenu de l'objet de l'article 3, afin de confondre plus facilement les auteurs qui diffusent de la pédopornographie.

L'amendement est adopté.

L'amendement est adopté.

L'article 3 est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures trente.

La séance est suspendue.

L'article 3 est adopté.

La séance, suspendue à dix-neuf heures quinze,

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures trente.

La séance est suspendue.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La séance est reprise.

Mes chers collègues, nous poursuivons la discussion du projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique.

La séance, suspendue à dix-neuf heures quinze,

Photo de Pascale Gruny

La séance est reprise.

Mes chers collègues, nous poursuivons la discussion du projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique.

projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Dans l'examen du texte de la commission, nous en sommes parvenus, au sein de la section 2 du titre Ier, aux amendements tendant à insérer un article additionnel après l'article 3.

TITRE Ier

PROTECTION DES MINEURS EN LIGNE

Section 2

Pénalisation du défaut d'exécution en vingt-quatre heures d'une demande de l'autorité administrative de retrait de contenu pédopornographique

Photo de Pascale Gruny

Dans l'examen du texte de la commission, nous en sommes parvenus, au sein de la section 2 du titre Ier, aux amendements tendant à insérer un article additionnel après l'article 3.

Photo de Pascale Gruny

L'amendement n° 89, présenté par Mme M. Vogel, MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge et M. Salmon, est ainsi libellé :

Après l'article 3

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le 9° de l'article 222-24 du code pénal est ainsi rétabli :

« 9° Lorsque des images ou vidéos de la commission du viol sont transmis en temps réel par un moyen de communication électronique à un ou plusieurs commanditaires. »

La parole est à M. Thomas Dossus.

Après l'article 3

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Nous reprenons la séance en abordant un sujet difficile, puisque cet amendement de ma collègue Mélanie Vogel vise à créer, dans le code pénal, une nouvelle infraction réprimant le viol retransmis en direct en ligne.

Depuis quelques années, l'on observe en effet une nouvelle pratique choquante, terrible, mais pourtant bien réelle qu'est la retransmission en direct en ligne des images d'un viol à un commanditaire.

Ce phénomène intolérable, également nommé viol en retransmission en direct, viol en live streaming ou viol en ligne, est commis en plusieurs actes : le commanditaire contacte le futur auteur réel des faits, le plus souvent via une plateforme en ligne, afin de lui demander de commettre un viol et de filmer ce crime contre rémunération. Le commanditaire détaille parfois précisément comment il souhaite que le crime se déroule. La victime, elle, est souvent un proche de l'auteur réel des faits.

Une fois ce terrible accord conclu, l'auteur réel des faits et le commanditaire mettent en place une visioconférence ou un appel vidéo durant lequel l'auteur des faits commet le crime, dont les images sont alors retransmises en direct au commanditaire.

Le commanditaire est bel et bien responsable de ce viol, qui n'aurait pas été commis sans son paiement.

L'on me dira sans doute que cet amendement est satisfait, car le violeur comme le commanditaire d'un viol risquent, dans certains cas – mais pas dans tous, or les détails importent –, jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle.

En effet, si ce viol en ligne est commis sur une mineure de 15 ans, il s'agit d'un fait aggravant qui porte la peine encourue de quinze ans à vingt ans de réclusion criminelle. Mais si ce viol en ligne ne correspond à aucun des cas de figure énumérés à l'article L. 222-24 du code pénal, la peine encourue ne sera que de quinze ans de réclusion criminelle.

Par cet amendement, nous proposons donc de porter à vingt ans de réclusion criminelle la peine encourue pour tous les viols commis en ligne.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 89, présenté par Mme M. Vogel, MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge et M. Salmon, est ainsi libellé :

Après l'article 3

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le 9° de l'article 222-24 du code pénal est ainsi rétabli :

« 9° Lorsque des images ou vidéos de la commission du viol sont transmis en temps réel par un moyen de communication électronique à un ou plusieurs commanditaires. »

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Nous reprenons la séance en abordant un sujet difficile, puisque cet amendement de ma collègue Mélanie Vogel vise à créer, dans le code pénal, une nouvelle infraction réprimant le viol retransmis en direct en ligne.

Depuis quelques années, l'on observe en effet une nouvelle pratique choquante, terrible, mais pourtant bien réelle : la retransmission en direct en ligne des images d'un viol à un commanditaire.

Ce phénomène intolérable, également nommé viol en retransmission en direct, viol en live streaming ou viol en ligne, est commis en plusieurs actes : le commanditaire contacte le futur auteur réel des faits, le plus souvent via une plateforme en ligne, afin de lui demander de commettre un viol et de filmer ce crime contre rémunération. Le commanditaire détaille parfois précisément comment il souhaite que le crime se déroule. La victime, quant à elle, est souvent un proche de l'auteur réel des faits.

Une fois ce terrible accord conclu, l'auteur réel des faits et le commanditaire mettent en place une visioconférence ou un appel vidéo durant lequel l'auteur des faits commet le crime, dont les images sont alors retransmises en direct au commanditaire.

Le commanditaire est bel et bien responsable de ce viol, qui n'aurait pas été commis sans son paiement.

On me dira sans doute que cet amendement est satisfait, car le violeur comme le commanditaire d'un viol risquent, dans certains cas – mais pas dans tous, or les détails importent –, jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle.

En effet, si ce viol en ligne est commis sur une mineure de 15 ans, il s'agit d'un fait aggravant qui porte la peine encourue de quinze ans à vingt ans de réclusion criminelle. Mais si ce viol en ligne ne correspond à aucun des cas de figure énumérés à l'article L. 222-24 du code pénal, la peine encourue ne sera que de quinze ans de réclusion criminelle.

Par cet amendement, nous proposons donc de porter à vingt ans de réclusion criminelle la peine encourue pour tous les viols commis en ligne.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Les auteurs de l'amendement entendent mieux lutter contre les viols d'enfants qui sont diffusés en temps réel sur internet. Ils visent plus précisément les cas où un commanditaire prend contact par internet avec les familles pour la commission d'un tel crime.

Je ne peux que vous rejoindre sur le fond, mon cher collègue : la commission spéciale ne néglige aucunement la gravité de tels actes. Je relève toutefois que l'amendement est satisfait par le droit en vigueur.

En effet, le code pénal prévoit deux circonstances aggravantes qui permettent de couvrir ce cas d'espèce, puisque la peine de vingt ans est déjà encourue lorsque la victime est un mineur de moins de 15 ans et lorsque la mise en relation entre l'auteur et la victime a été faite par l'utilisation d'un réseau de communications électroniques.

Telles sont les raisons pour lesquelles je vous demande de bien vouloir retirer cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Les auteurs de l'amendement entendent mieux lutter contre les viols d'enfants diffusés en temps réel sur internet. Ils visent plus précisément les cas où un commanditaire prend contact par internet avec les familles pour la commission d'un tel crime.

Je ne peux que vous rejoindre sur le fond, mon cher collègue : la commission spéciale ne néglige aucunement la gravité de tels actes. Je relève toutefois que l'amendement est satisfait par le droit en vigueur.

En effet, le code pénal prévoit deux circonstances aggravantes qui permettent de couvrir ce cas d'espèce, puisque la peine de vingt ans est déjà encourue lorsque la victime est un mineur de moins de 15 ans et lorsque la mise en relation entre l'auteur et la victime s'est faite au travers d'un réseau de communications électroniques.

Telles sont les raisons pour lesquelles je vous demande de bien vouloir retirer cet amendement.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Monsieur le rapporteur, êtes-vous certain que dans l'article du code pénal que vous citez, l'âge de la victime est une circonstance aggravante, non pas seulement pour l'auteur, mais aussi pour le commanditaire du viol ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Monsieur le rapporteur, êtes-vous certain que dans l'article du code pénal que vous citez, l'âge de la victime est une circonstance aggravante, non pas seulement pour l'auteur, mais aussi pour le commanditaire du viol ?

Debut de section - Permalien
Charlotte Caubel

En tout état de cause, et bien que nous ne disposions pas d'une jurisprudence en la matière, le commanditaire pourra être poursuivi au titre de sa complicité avec l'auteur des faits réels et passible des mêmes peines. Nous avons donc les moyens de mener une répression efficace.

Debut de section - Permalien
Charlotte Caubel

En tout état de cause, et bien que nous ne disposions pas d'une jurisprudence en la matière, le commanditaire pourra être poursuivi au titre de sa complicité avec l'auteur des faits réels et passible des mêmes peines. Nous avons donc les moyens de mener une répression efficace.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Comme la procureure de la République l'avait indiqué devant la mission d'information sur l'industrie de la pornographie, les juges ne manquent pas tant d'articles du code pénal pour fonder leurs poursuites que d'enquêteurs pour parvenir à identifier les auteurs et les poursuivre.

Je crois que sur les cent cinquante auteurs de ce type de commandes qui sont identifiés par les services de cybercriminalité, seulement une trentaine sont poursuivis, faute de pouvoir engager toutes les enquêtes.

Nous avons donc d'abord besoin d'enquêteurs.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Comme la procureure de la République l'avait indiqué devant la mission d'information sur l'industrie de la pornographie, les juges ne manquent pas tant d'articles du code pénal pour fonder leurs poursuites que d'enquêteurs pour parvenir à identifier les auteurs et les poursuivre.

Je crois que sur les cent cinquante auteurs de ce type de commandes qui sont identifiés par les services de cybercriminalité, seulement une trentaine sont poursuivis, faute de pouvoir engager toutes les enquêtes.

Nous avons donc d'abord besoin d'enquêteurs.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Pour vous répondre, madame Rossignol, le 2° de l'article L. 222-24 du code pénal précise que le viol, tel que défini à l'article L. 222-23 du même code, est puni de vingt ans de réclusion criminelle dès lors qu'il est commis sur un mineur de 15 ans. L'âge de la victime est donc une circonstance aggravante pour l'auteur des faits comme pour le commanditaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Pour vous répondre, madame Rossignol, le 2° de l'article L. 222-24 du code pénal précise que le viol, tel que défini à l'article L. 222-23 du même code, est puni de vingt ans de réclusion criminelle dès lors qu'il est commis sur un mineur de 15 ans. L'âge de la victime est donc une circonstance aggravante pour l'auteur des faits comme pour le commanditaire.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 90, présenté par Mme M. Vogel, MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge et M. Salmon, est ainsi libellé :

Après l'article 3

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le Gouvernement remet au Parlement, dans les six mois à compter de la promulgation de la loi, un rapport dressant les moyens mis en œuvre pour lutter contre les viols commandités en ligne via des plateformes de retransmission en direct.

La parole est à M. Thomas Dossus.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

L'amendement n° 89 visant à modifier le code pénal n'ayant pas été adopté, le présent amendement de repli a pour objet de demander la remise d'un rapport relatif à la répression des viols commandités en ligne et retransmis en direct.

Puisqu'il semble difficile de légiférer sur ce phénomène inquiétant dans le cadre du présent projet de loi, nous souhaitons en effet que le Gouvernement rédige un rapport dressant la liste des moyens mis en œuvre pour lutter contre les viols commandités en ligne via des plateformes de retransmission en direct.

Bien que plusieurs articles de presse abordent ce sujet bien connu des enquêtrices et des enquêteurs de l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), qui, au 6 décembre 2021, poursuivaient 300 Français suspectés d'avoir commis un viol en ligne, on nous oppose fréquemment que ce phénomène serait mal connu. Nous demandons donc un rapport pour remédier à cette situation.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 90, présenté par Mme M. Vogel, MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge et M. Salmon, est ainsi libellé :

Après l'article 3

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le Gouvernement remet au Parlement, dans les six mois à compter de la promulgation de la loi, un rapport dressant les moyens mis en œuvre pour lutter contre les viols commandités en ligne via des plateformes de retransmission en direct.

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

L'amendement n° 89 n'ayant pas été adopté, le présent amendement de repli a pour objet de demander la remise d'un rapport relatif à la répression des viols commandités en ligne et retransmis en direct.

Puisqu'il semble difficile de légiférer sur ce phénomène inquiétant dans le cadre du présent projet de loi, nous souhaitons que le Gouvernement rédige un rapport dressant la liste des moyens mis en œuvre pour lutter contre les viols commandités en ligne via des plateformes de retransmission en direct.

Bien que plusieurs articles de presse abordent ce sujet bien connu des enquêtrices et des enquêteurs de l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), qui, au 6 décembre 2021, poursuivaient 300 Français suspectés d'avoir commis un viol en ligne, on nous oppose fréquemment que ce phénomène serait mal connu. Nous demandons donc un rapport pour remédier à cette situation.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Mon cher collègue, vous connaissez la jurisprudence du Sénat sur les demandes de rapport : je demande donc le retrait de cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Mon cher collègue, vous connaissez la jurisprudence du Sénat sur les demandes de rapport : je demande donc le retrait de cet amendement.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

TITRE II

PROTECTION DES CITOYENS DANS L'ENVIRONNEMENT NUMÉRIQUE

L'amendement n'est pas adopté.

Photo de Pascale Gruny

TITRE II

PROTECTION DES CITOYENS DANS L'ENVIRONNEMENT NUMÉRIQUE

Photo de Pascale Gruny

L'amendement n° 71 rectifié, présenté par Mmes Billon, Borchio Fontimp et M. Mercier, est ainsi libellé :

Avant l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article 1-2 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique, dans sa rédaction résultant de l'article 22 de la présente loi, il est inséré un article 1-… ainsi rédigé :

« Art. 1-…. - Les personnes dont l'activité est d'éditer un service de communication au public en ligne mettant à disposition du public des contenus pornographiques affichent, avant tout accès à un contenu simulant la commission d'un crime ou d'un délit mentionné au deuxième alinéa du présent article, un message avertissant l'utilisateur du caractère illégal des comportements ainsi représentés. Ce message est clair, lisible, unique et compréhensible.

« Le premier alinéa est applicable aux infractions prévues par la section 3 du chapitre II et par le paragraphe 2 de la section 5 du chapitre VII du titre II du livre II du code pénal.

« La commission simulée d'un crime ou d'un délit est appréciée en fonction du titre du contenu ainsi que des mots-clés, expressions ou autres entrées renvoyant vers ledit contenu.

« Tout manquement à cette obligation est puni des peines prévues à l'article 1-2 de la présente loi.

« Tout contenu qui ne fait pas l'objet d'un message d'avertissement en violation du présent article est illicite au sens de l'article 3, paragraphe h, du règlement (UE) 2022/2065 du Parlement européen et du Conseil du 19 octobre 2022 relatif à un marché unique des services numériques et modifiant la directive 2000/31/CE. »

La parole est à Mme Annick Billon.

Avant l'article 4

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Les travaux du Sénat ont mis en évidence le caractère systémique et massif des violences perpétrées envers les femmes dans le milieu de la pornographie.

La massification de la pornographie en ligne et l'industrialisation de ce secteur économique ont eu pour conséquence, d'une part, la construction d'un système de domination et de violences faites aux femmes dans l'industrie pornographique et, d'autre part, l'affirmation d'une division sexuée et racialisée des rôles dans les rapports sexuels, emportant un ensemble de stéréotypes misogynes, racistes, lesbophobes et hypersexualisés poussés à l'extrême.

Afin de lutter contre ce phénomène, le présent amendement tend à imposer aux éditeurs de sites pornographiques de faire apparaître un message alertant le consommateur sur le caractère illégal des comportements représentés. Ce message devra s'afficher avant la diffusion de tout contenu comportant la simulation ou la représentation d'un viol, d'une agression sexuelle ou d'une infraction commise contre un mineur, qui sont autant d'infractions lourdement réprimées par le code pénal.

Permettez-moi, pour illustrer tout l'intérêt de cet amendement, de relever l'un des paradoxes auxquels nous sommes confrontés.

Les publicités pour des boissons alcoolisées doivent afficher un message de prévention – « L'abus d'alcool est dangereux pour la santé » –, mais les vidéos pornographiques qui proposent des infractions pénalement répréhensibles ne présentent aucun message de sensibilisation.

Je précise que le non-respect de cette obligation serait puni d'une amende de 75 000 euros et d'un an d'emprisonnement.

Les contenus porteurs des infractions précitées et qui ne seraient pas précédés d'un message d'avertissement seraient soumis aux obligations prévues par ce texte en matière de notification, de détection et de mise hors d'accès.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 71 rectifié, présenté par Mmes Billon, Borchio Fontimp et M. Mercier, est ainsi libellé :

Avant l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article 1-2 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique, dans sa rédaction résultant de l'article 22 de la présente loi, il est inséré un article 1-… ainsi rédigé :

« Art. 1-…. - Les personnes dont l'activité est d'éditer un service de communication au public en ligne mettant à disposition du public des contenus pornographiques affichent, avant tout accès à un contenu simulant la commission d'un crime ou d'un délit mentionné au deuxième alinéa du présent article, un message avertissant l'utilisateur du caractère illégal des comportements ainsi représentés. Ce message est clair, lisible, unique et compréhensible.

« Le premier alinéa est applicable aux infractions prévues par la section 3 du chapitre II et par le paragraphe 2 de la section 5 du chapitre VII du titre II du livre II du code pénal.

« La commission simulée d'un crime ou d'un délit est appréciée en fonction du titre du contenu ainsi que des mots-clés, expressions ou autres entrées renvoyant vers ledit contenu.

« Tout manquement à cette obligation est puni des peines prévues à l'article 1-2 de la présente loi.

« Tout contenu qui ne fait pas l'objet d'un message d'avertissement en violation du présent article est illicite au sens de l'article 3, paragraphe h, du règlement (UE) 2022/2065 du Parlement européen et du Conseil du 19 octobre 2022 relatif à un marché unique des services numériques et modifiant la directive 2000/31/CE. »

La parole est à Mme Annick Billon.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Les travaux du Sénat ont mis en évidence le caractère systémique et massif des violences perpétrées envers les femmes dans le milieu de la pornographie.

La massification de la pornographie en ligne et l'industrialisation de ce secteur économique ont eu pour conséquence, d'une part, la construction d'un système de domination et de violences faites aux femmes dans l'industrie pornographique et, d'autre part, l'affirmation d'une division sexuée et racialisée des rôles dans les rapports sexuels, emportant un ensemble de stéréotypes misogynes, racistes, lesbophobes et hypersexualisés poussés à l'extrême.

Afin de lutter contre ce phénomène, le présent amendement tend à imposer aux éditeurs de sites pornographiques de faire apparaître un message alertant le consommateur sur le caractère illégal des comportements représentés. Ce message devra s'afficher avant la diffusion de tout contenu comportant la simulation ou la représentation d'un viol, d'une agression sexuelle ou d'une infraction commise contre un mineur, qui sont autant d'infractions lourdement réprimées par le code pénal.

Permettez-moi, pour illustrer tout l'intérêt de cet amendement, de relever l'un des paradoxes auxquels nous sommes confrontés.

Les publicités pour des boissons alcoolisées doivent afficher un message de prévention – « L'abus d'alcool est dangereux pour la santé » –, mais les vidéos pornographiques qui proposent des infractions pénalement répréhensibles ne présentent aucun message de sensibilisation.

Je précise que le non-respect de cette obligation serait puni d'une amende de 75 000 euros et d'un an d'emprisonnement.

Les contenus porteurs des infractions précitées et qui ne seraient pas précédés d'un message d'avertissement seraient soumis aux obligations prévues par ce texte en matière de notification, de détection et de mise hors d'accès.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Cet amendement tend à compléter l'article 2, qui vise à empêcher l'accès des mineurs aux contenus pornographiques.

La présente proposition s'appliquerait à tout utilisateur, quel que soit son âge, puisque les éditeurs des sites pornographiques auraient l'obligation de diffuser des messages d'avertissement avant de rendre possible la visualisation de contenus violents. Le caractère illégal des pratiques concernées dans la vie réelle serait ainsi rappelé.

À défaut, les contenus deviendraient illicites et pourraient donner lieu aux procédures habituelles de signalement auprès des hébergeurs.

Comme je l'ai indiqué précédemment, la commission spéciale est favorable à cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Cet amendement tend à compléter l'article 2, qui vise à empêcher l'accès des mineurs aux contenus pornographiques.

La présente proposition s'appliquerait à tout utilisateur, quel que soit son âge, puisque les éditeurs des sites pornographiques auraient l'obligation de diffuser des messages d'avertissement avant de rendre possible la visualisation de contenus violents. Le caractère illégal des pratiques concernées dans la vie réelle serait ainsi rappelé.

À défaut, les contenus deviendraient illicites et pourraient donner lieu aux procédures habituelles de signalement auprès des hébergeurs.

Comme je l'ai indiqué précédemment, la commission spéciale est favorable à cet amendement.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Si je partage votre intention, madame la sénatrice, j'estime qu'il convient de travailler davantage cette proposition dans le cadre de la navette.

Pour l'heure, je m'en remets à la sagesse du Sénat.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Cohen, pour explication de vote.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Si je partage votre intention, madame la sénatrice, j'estime qu'il convient de travailler davantage cette proposition dans le cadre de la navette.

Pour l'heure, je m'en remets à la sagesse du Sénat.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Nous avions déposé un amendement similaire à l'article 1er, mais le rapporteur nous a indiqué qu'il serait plus opportun d'introduire ce dispositif en cet endroit du texte.

Nous soutenons donc le présent amendement. Il importe que celui-ci soit adopté : je rappelle qu'un certain nombre de producteurs et d'acteurs sont actuellement mis en examen pour traite d'êtres humains, viol en réunion et proxénétisme aggravé.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Cohen, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Nous avions déposé un amendement similaire à l'article 1er, mais le rapporteur nous a indiqué qu'il serait plus opportun d'introduire ce dispositif en cet endroit du texte.

Nous soutenons donc le présent amendement. Il importe que celui-ci soit adopté : je rappelle qu'un certain nombre de producteurs et d'acteurs sont actuellement mis en examen pour traite d'êtres humains, viol en réunion et proxénétisme aggravé.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Nous voterons également cet amendement, dont nous connaissons bien la genèse, l'intention et la portée.

Son adoption permettra que les éditeurs de certains contenus pornographiques diffusés sur internet qui constituent des infractions pénales, et dont les éditeurs pourraient d'ores et déjà être poursuivis à ce titre mais ne le sont pas, puissent être poursuivis.

À défaut d'une telle disposition, je ne vois pas par quelle magie les éditeurs pourraient être poursuivis, car c'est l'accès, non pas seulement des mineurs, mais de l'ensemble des usagers des sites pornographiques aux contenus visés qui est en cause.

En permettant d'identifier clairement la nature illicite de ces contenus, nous compliquons la vie des éditeurs de sites pornographiques, ce qui est notre but assumé.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Marie Mercier, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Nous voterons également cet amendement, dont nous connaissons bien la genèse, l'intention et la portée.

Son adoption permettra de poursuivre les éditeurs de certains contenus pornographiques diffusés sur internet qui constituent d'ores et déjà des infractions pénales, mais qui ne sont pas poursuivis à ce titre.

À défaut d'une telle disposition, je ne vois pas par quelle magie les éditeurs pourraient être poursuivis, car c'est l'accès, non pas seulement des mineurs, mais de l'ensemble des usagers des sites pornographiques aux contenus visés qui est en cause.

En permettant d'identifier clairement la nature illicite de ces contenus, nous compliquons la vie des éditeurs de sites pornographiques, ce qui est notre but assumé.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie Mercier

Je soutiendrai moi aussi cet amendement.

Plus largement, je souhaite que le texte que nous sommes en train d'écrire ensemble protège vraiment les enfants, ce dont je doute.

La loi du 30 juillet 2020 visant à protéger les victimes de violences conjugales, dont le décret d'application n'a été pris que quatorze mois après la promulgation, n'est toujours pas appliquée, sans que l'on sache pourquoi.

Sur ma proposition, le Sénat avait adopté un amendement visant à imposer aux éditeurs de sites pornographiques le contrôle de l'âge des usagers. Or les éditeurs n'ont absolument pas respecté cette obligation.

À la suite de 500 contrôles d'huissier attestant de telles défaillances, l'Arcom a déféré les éditeurs fautifs en justice. Le tribunal a imposé aux parties de rencontrer un médiateur, procédé que l'Arcom a dénoncé.

Dans trois jours, vendredi 7 juillet, le tribunal se prononcera sur la peine encourue par les éditeurs. Nous saurons alors si la justice est capable de faire appliquer la loi.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Marie Mercier, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie Mercier

Je soutiendrai moi aussi cet amendement.

Plus largement, je souhaite que le texte que nous sommes en train d'écrire ensemble protège vraiment les enfants, ce dont je doute.

La loi du 30 juillet 2020 visant à protéger les victimes de violences conjugales, dont le décret d'application n'a été pris que quatorze mois après la promulgation, n'est toujours pas appliquée, sans que l'on sache pourquoi.

Sur ma proposition, le Sénat avait adopté un amendement visant à imposer aux éditeurs de sites pornographiques le contrôle de l'âge des usagers. Or les éditeurs n'ont absolument pas respecté cette obligation.

À la suite de 500 contrôles d'huissier attestant de telles défaillances, l'Arcom a déféré les éditeurs fautifs en justice. Le tribunal a imposé aux parties de rencontrer un médiateur, procédé que l'Arcom a dénoncé.

Dans trois jours, vendredi 7 juillet, le tribunal se prononcera sur la peine encourue par les éditeurs. Nous saurons alors si la justice est capable de faire appliquer la loi.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 4.

L'amendement n° 70 rectifié, présenté par Mmes Billon, Borchio Fontimp et M. Mercier, est ainsi libellé :

Avant l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article 6-1 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique, il est inséré un article 6-1 … ainsi rédigé :

« Art. 6 -1 …. - Les fournisseurs de services d'hébergement définis au 2 du I de l'article 6 de la présente loi agissent promptement pour retirer tout contenu pornographique signalé par une personne représentée dans ce contenu comme étant diffusé en violation de l'accord de cession de droits, ou pour rendre l'accès à celui-ci impossible, dès lors que ce signalement est notifié conformément à l'article 16 du règlement (UE) 2022/2065 du Parlement européen et du Conseil du 19 octobre 2022 relatif à un marché unique des services numériques et modifiant la directive 2000/31/CE. »

La parole est à Mme Annick Billon.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

La loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique a instauré un « droit à l'oubli » pour les contenus à caractère pornographique diffusés à l'insu des personnes exposées, pratique dénommée revenge porn.

Ce doit à l'oubli est cependant inexistant lorsque la vidéo a fait l'objet d'un « contrat », avec toutes les précautions dont il convient d'assortir ce terme. Bien souvent, les seuls contrats signés par les personnes participant à des tournages pornographiques sont en effet des contrats de cession de droits à l'image sur un territoire et pour une durée illimitée.

Pour le retrait d'une vidéo mise en ligne, les producteurs réclament entre 3 000 et 5 000 euros, soit dix fois plus que la rémunération perçue pour le tournage du contenu visé.

Cet amendement a pour objet de permettre aux personnes qui ont tourné dans un film pornographique d'obtenir sans délai le retrait de ce contenu dès lors qu'il continue à être diffusé sur internet au-delà de la période contractuelle ou lorsque la diffusion ne respecte pas les modalités prévues.

Il s'inscrit dans la démarche que vous avez engagée, monsieur le ministre, en annonçant la constitution d'un groupe de travail conjoint avec la Chancellerie sur cette question spécifique.

Ce dispositif devra être complété par une futur loi encadrant les relations contractuelles relatives à la cession de droits à l'image.

Si les conclusions du rapport sénatorial Porno : l'enfer du décor n'appelaient pas à des mesures réglementaristes, force est de constater qu'il n'existe actuellement pas d'autre solution satisfaisante pour venir en aide aux femmes victimes de l'industrie pornographique. Il s'agit donc d'une première étape pour mieux protéger les acteurs et actrices de vidéos pornographiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 4.

L'amendement n° 70 rectifié, présenté par Mmes Billon, Borchio Fontimp et M. Mercier, est ainsi libellé :

Avant l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article 6-1 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique, il est inséré un article 6-1 … ainsi rédigé :

« Art. 6 -1 …. - Les fournisseurs de services d'hébergement définis au 2 du I de l'article 6 de la présente loi agissent promptement pour retirer tout contenu pornographique signalé par une personne représentée dans ce contenu comme étant diffusé en violation de l'accord de cession de droits, ou pour rendre l'accès à celui-ci impossible, dès lors que ce signalement est notifié conformément à l'article 16 du règlement (UE) 2022/2065 du Parlement européen et du Conseil du 19 octobre 2022 relatif à un marché unique des services numériques et modifiant la directive 2000/31/CE. »

La parole est à Mme Annick Billon.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

La loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique a instauré un « droit à l'oubli » pour les contenus à caractère pornographique diffusés à l'insu des personnes exposées, pratique dénommée revenge porn.

Ce doit à l'oubli est cependant inexistant lorsque la vidéo a fait l'objet d'un « contrat », avec toutes les précautions dont il convient d'assortir ce terme. Bien souvent, les seuls contrats signés par les personnes participant à des tournages pornographiques sont en effet des contrats de cession de droits à l'image sur un territoire et pour une durée illimitée.

Pour le retrait d'une vidéo mise en ligne, les producteurs réclament entre 3 000 et 5 000 euros, soit dix fois plus que la rémunération perçue pour le tournage du contenu visé.

Cet amendement a pour objet de permettre aux personnes qui ont tourné dans un film pornographique d'obtenir sans délai le retrait de ce contenu dès lors qu'il continue d'être diffusé sur internet au-delà de la période contractuelle ou lorsque la diffusion ne respecte pas les modalités prévues.

Il s'inscrit dans la démarche que vous avez engagée, monsieur le ministre, en annonçant la constitution d'un groupe de travail conjoint avec la Chancellerie sur cette question spécifique.

Ce dispositif devra être complété par une future loi encadrant les relations contractuelles relatives à la cession de droits à l'image.

Si les conclusions du rapport sénatorial Porno : l'enfer du décor n'appelaient pas à des mesures réglementaristes, force est de constater qu'il n'existe actuellement pas d'autre solution satisfaisante pour venir en aide aux femmes victimes de l'industrie pornographique. Il s'agit donc d'une première étape pour mieux protéger les acteurs et actrices de vidéos pornographiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Cet amendement tend à clarifier le statut des vidéos pornographiques qui sont diffusées au-delà des conditions fixées par les accords de cession de droits avec les personnes filmées.

Les dispositions qu'il est proposé d'introduire permettraient aux personnes qui veulent obtenir le retrait de ces vidéos de s'appuyer sur une base légale claire vis-à-vis des hébergeurs et des plateformes.

Comme le rappellent les auteures de cet amendement, ces dispositions ne permettraient de résoudre qu'une partie des difficultés. Il faudrait aussi, parallèlement, imposer des modalités de cession suffisamment claires dans les contrats. Il nous faudra donc aller plus loin, dans le cadre d'un autre débat.

La commission spéciale est favorable à cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Cet amendement tend à clarifier le statut des vidéos pornographiques diffusées au-delà des conditions fixées par les accords de cession de droits avec les personnes filmées.

Les dispositions qu'il est proposé d'introduire permettraient aux personnes qui veulent obtenir le retrait de ces vidéos de s'appuyer sur une base légale claire vis-à-vis des hébergeurs et des plateformes.

Comme le rappellent les auteures de cet amendement, ces dispositions ne permettraient de résoudre qu'une partie des difficultés. Il faudrait aussi, parallèlement, imposer des modalités de cession suffisamment claires dans les contrats. Il nous faudra donc aller plus loin, dans le cadre d'un autre débat.

La commission spéciale est favorable à cet amendement.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Si la période de diffusion prévue contractuellement est terminée ou si les conditions de diffusion ne sont pas respectées, le contenu devient, de fait, illicite et son retrait peut être demandé par la personne concernée. En la matière, le droit à l'oubli est donc bien effectif.

Lors des consultations que nous avons menées auprès des victimes de l'industrie numérique, les créatrices de contenus en ligne nous ont indiqué que les sites pornographiques répondent en général bien plus rapidement que d'autres plateformes à leurs demandes de retrait d'images ou de vidéos leur appartenant et postées par des tiers.

En tout état de cause, comme vous l'avez indiqué, madame la sénatrice, votre proposition n'a pas vocation à épuiser le sujet, car la durée des contrats peut faire l'objet d'abus.

J'estime que nous devons remédier à cette difficulté en mettant autour de la table des experts du droit des contrats et des experts du RGPD. Nous pourrons ainsi faire aboutir la demande que vous m'avez adressée dans le cadre des travaux de la commission spéciale.

Pour l'heure, je demande le retrait de cet amendement ; à défaut, j'y serai défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Si la période de diffusion prévue contractuellement est terminée ou si les conditions de diffusion ne sont pas respectées, le contenu devient de fait illicite et son retrait peut être demandé par la personne concernée. En la matière, le droit à l'oubli est bien effectif.

Lors des consultations que nous avons menées auprès des victimes de l'industrie numérique, les créatrices de contenus en ligne nous ont indiqué que les sites pornographiques répondent en général bien plus rapidement que d'autres plateformes à leurs demandes de retrait d'images ou de vidéos leur appartenant et postées par des tiers.

En tout état de cause, comme vous l'avez indiqué, madame la sénatrice, votre proposition n'a pas vocation à épuiser le sujet, car la durée des contrats peut faire l'objet d'abus.

J'estime que nous devons remédier à cette difficulté en mettant autour de la table des experts du droit des contrats et des experts du RGPD. Nous pourrons ainsi faire aboutir la demande que vous m'avez adressée dans le cadre des travaux de la commission spéciale.

Pour l'heure, je demande le retrait de cet amendement ; à défaut, j'y serai défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mes chers collègues, il est d'autant plus important d'adopter cet amendement que le Parlement européen débat actuellement d'une directive sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique. Une première version a été adoptée par la commission des droits des femmes et de l'égalité des genres et sera débattue lors d'une séance plénière le 13 juillet prochain, avant que ne s'engage le trilogue.

Le Conseil européen a donc lui aussi préparé une version finale. Même si celle-ci ne sera pas adoptée en l'état à l'issue du trilogue, force est de constater que cette version est troublante, pour ne pas dire très inquiétante.

Il y est en effet indiqué que la diffusion d'images ou de vidéos montrant des activités explicites de sexualité ou de parties intimes de personnes publiques ne saurait être considérée comme illégale au regard de la liberté d'expression, en particulier de la liberté de partager des informations et des idées.

En adoptant l'amendement proposé par Annick Billon et Alexandra Borchio Fontimp, nous indiquons clairement que la France considère que l'on ne peut partager des images de personnalités publiques sans leur accord.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Cohen, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mes chers collègues, il est d'autant plus important d'adopter cet amendement que le Parlement européen débat actuellement d'une directive sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique. Une première version a été adoptée par la commission des droits des femmes et de l'égalité des genres et sera débattue lors d'une séance plénière le 13 juillet prochain, avant que ne s'engage le trilogue.

Le Conseil européen a donc lui aussi préparé une version finale. Même si celle-ci ne sera pas adoptée en l'état à l'issue du trilogue, force est de constater que cette version est troublante, pour ne pas dire très inquiétante.

Il y est en effet indiqué que la diffusion d'images ou de vidéos montrant des activités explicites de sexualité ou de parties intimes de personnes publiques ne saurait être considérée comme illégale au regard de la liberté d'expression, en particulier de la liberté de partager des informations et des idées.

En adoptant l'amendement proposé par Annick Billon et Alexandra Borchio Fontimp, nous indiquons clairement que la France considère que l'on ne peut partager des images de personnalités publiques sans leur accord.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Encore une fois, nous avions déposé un amendement similaire que M. le rapporteur a jugé moins opportun, car moins bien placé que celui-ci. En tout état de cause, mes chers collègues, il s'agit d'une proposition très importante.

En effet, comme je l'ai indiqué précédemment, monsieur le ministre, demander le retrait de vidéos ou d'images à caractère pornographique s'apparente à un véritable parcours de la combattante pour les personnes concernées. Lorsqu'on ne leur oppose pas un refus, on leur demande en effet en contrepartie du retrait des contenus de s'acquitter de sommes qui dépassent largement ce qu'elles ont perçu au titre de la réalisation desdits contenus.

J'attire par ailleurs votre attention, monsieur le ministre, sur la grande prudence avec laquelle il convient de considérer les contrats.

Dans le cadre des travaux de la mission d'information sur l'industrie de la pornographie réalisée au nom de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, nous avons en effet constaté que les femmes qui s'adonnent à la réalisation d'images ou de vidéos pornographiques sont en général précarisées et fragilisés, si bien qu'elles sont à la merci de ceux qui les encadrent.

De ce fait, les conditions dans lesquelles le contrat est conclu rendent bien souvent celui-ci caduc, car il est en réalité extorqué. Il me paraît donc compliqué de faire valoir le contrat.

Avec l'ensemble de mon groupe, je soutiendrai cet amendement qui vise à introduire des dispositions extrêmement importantes pour les victimes.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Cohen, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Dominique Vérien, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Encore une fois, nous avions déposé un amendement similaire que M. le rapporteur a jugé moins opportun, car moins bien placé que celui-ci. En tout état de cause, mes chers collègues, il s'agit d'une proposition très importante.

En effet, comme je l'ai indiqué précédemment, monsieur le ministre, demander le retrait de vidéos ou d'images à caractère pornographique s'apparente à un véritable parcours de la combattante pour les personnes concernées. Lorsqu'on ne leur oppose pas un refus, on leur demande en effet en contrepartie du retrait des contenus de s'acquitter de sommes qui dépassent largement ce qu'elles ont perçu au titre de la réalisation desdits contenus.

J'attire par ailleurs votre attention, monsieur le ministre, sur la grande prudence avec laquelle il convient de considérer les contrats.

Dans le cadre des travaux de la mission d'information sur l'industrie de la pornographie réalisée au nom de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, nous avons en effet constaté que les femmes qui s'adonnent à la réalisation d'images ou de vidéos pornographiques sont en général précarisées et fragilisés, si bien qu'elles sont à la merci de ceux qui les encadrent.

De ce fait, les conditions dans lesquelles le contrat est conclu rendent bien souvent celui-ci caduc, car il est en réalité extorqué. Il me paraît donc compliqué de faire valoir la force du contrat.

Avec l'ensemble de mon groupe, je soutiendrai cet amendement, qui vise à introduire des dispositions extrêmement importantes pour les victimes.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Vérien

Les femmes concernées ont le plus souvent été abusées, mes chers collègues.

On leur a fait croire qu'elles allaient gagner de l'argent en tournant des images qui seraient diffusées très loin de chez elles, et elles découvrent que leur voisin y a immédiatement accès.

Certaines ont dû démissionner de leur poste, car elles ont été reconnues, par exemple par un client se présentant à l'accueil de la banque dans laquelle l'une d'entre elles travaillait.

En somme, on leur a menti.

Vous avez donc raison de dire que le contrat devrait être beaucoup mieux encadré, monsieur le rapporteur.

Et vous avez raison de dire qu'il faudra compléter cet amendement, monsieur le ministre. Et c'est justement la raison pour laquelle il convient de le voter, car cela vous incitera à retravailler ce dispositif pour faire en sorte qu'une solution soit trouvée à l'issue de la navette, afin que ces femmes n'aient plus à débourser jusqu'à dix fois ce qu'elles ont perçu pour obtenir le retrait d'un contenu. Il est fréquent, en effet, qu'on leur demande 5 000 euros quand on ne les a rémunérées tout au plus que 500 euros.

En règle générale, les femmes qui s'adonnent à ces pratiques sont dans le besoin. Nous devons les protéger et nous aurons tout le temps de la navette parlementaire pour le faire. Votons donc cet amendement, mes chers collègues !

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Dominique Vérien, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Vérien

Les femmes concernées ont le plus souvent été abusées, mes chers collègues.

On leur a fait croire qu'elles allaient gagner de l'argent en tournant des images qui seraient diffusées très loin de chez elles, et elles découvrent que leur voisin y a immédiatement accès.

Certaines ont dû démissionner de leur poste, car elles ont été reconnues, par exemple par un client se présentant à l'accueil de la banque dans laquelle l'une d'entre elles travaillait.

En somme, on leur a menti. Vous avez donc raison de dire que le contrat devrait être beaucoup mieux encadré, monsieur le rapporteur.

Et vous avez raison de dire qu'il faudra compléter cet amendement, monsieur le ministre. C'est justement la raison pour laquelle il convient de le voter : son adoption vous incitera à retravailler ce dispositif pour faire en sorte qu'une solution soit trouvée à l'issue de la navette, afin que ces femmes n'aient plus à débourser jusqu'à dix fois ce qu'elles ont perçu pour obtenir le retrait d'un contenu – il est fréquent, en effet, qu'on leur demande 5 000 euros quand on ne les a rémunérées tout au plus que 500 euros.

En règle générale, les femmes qui s'adonnent à ces pratiques sont dans le besoin. Nous devons les protéger et nous aurons tout le temps de la navette parlementaire pour le faire. Votons donc cet amendement, mes chers collègues !

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Annick Billon, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Je remercie vivement M. le rapporteur de son avis favorable.

Je maintiendrai mon amendement, monsieur le ministre, car, comme le soulignait à l'instant ma collègue Dominique Vérien, nous aurons tout le temps de l'améliorer au cours de la navette, que ce soit lors des débats à l'Assemblée nationale ou de la réunion de la commission mixte paritaire.

Je tiens particulièrement à cet amendement, car avec mes collègues Alexandra Borchio-Fontimp, Laurence Rossignol et Laurence Cohen, coauteures du rapport d'information Porno : l'enfer du décor et présentes en séance ce soir, nous avons assisté à une audition à huis clos qui nous a profondément marquées.

Si nous devons protéger les mineurs comme nous l'avons fait dans les précédents articles de ce projet de loi, nous devons aussi protéger les femmes qui, si elles ont effectivement signé un contrat et perçu une rémunération, n'en n'ont pas moins été piégées.

Je pense notamment au témoignage d'une jeune femme qui avait signé un contrat pour payer son loyer, à un moment où son métier était non essentiel, et qui, par la suite, s'est retrouvée contrainte.

Mes chers collègues, nous nous devons de voter cet amendement pour toutes ces victimes qui nous ont fait part des actes de barbarie qu'elles ont subi le temps d'un tournage ou d'un week-end, et dont le témoignage nous a profondément touchées.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Annick Billon, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Je remercie vivement M. le rapporteur de son avis favorable.

Je maintiendrai mon amendement, monsieur le ministre, car, comme le soulignait à l'instant ma collègue Dominique Vérien, nous aurons tout le temps d'améliorer le dispositif au cours de la navette, que ce soit lors des débats à l'Assemblée nationale ou lors de la réunion de la commission mixte paritaire.

Je tiens particulièrement à cet amendement, car avec mes collègues Alexandra Borchio-Fontimp, Laurence Rossignol et Laurence Cohen, coauteures du rapport d'information Porno : l'enfer du décor et présentes en séance ce soir, nous avons assisté à une audition à huis clos qui nous a profondément marquées.

Si nous devons protéger les mineurs comme nous l'avons fait dans les précédents articles de ce projet de loi, nous devons aussi protéger les femmes qui, si elles ont effectivement signé un contrat et perçu une rémunération, n'en ont pas moins été piégées.

Je pense notamment au témoignage d'une jeune femme qui avait signé un contrat pour payer son loyer, à un moment où son métier était non essentiel, et qui, par la suite, s'est retrouvée contrainte.

Mes chers collègues, nous nous devons de voter cet amendement pour toutes ces victimes qui nous ont fait part des actes de barbarie qu'elles ont subis le temps d'un tournage ou d'un week-end et dont le témoignage nous a profondément touchées.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 4.

L'amendement n° 87, présenté par M. Ouzoulias, Mme Lienemann et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Avant l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai d'un an, le Gouvernement présente sa stratégie de développement et de déploiement d'un système d'exploitation français à l'ensemble du matériel numérique des administrations publiques, permettant d'assurer une souveraineté numérique.

La parole est à M. Pierre Ouzoulias.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

Avec cet amendement, nous changeons totalement de sujet, puisqu'il est question des systèmes d'exploitation informatique.

Le « G » et le « A » de Gafam – je préfère éviter de citer le nom de ces marques – contrôlent 99 % des systèmes d'exploitation de nos téléphones, tandis que le « G », le « A » et le « M » contrôlent 93 % des systèmes d'exploitation de nos ordinateurs.

La quasi-inexistence de système d'exploitation alternatif pose des difficultés, notamment pour les administrations de l'État, car on ne peut garantir que les systèmes utilisés par les fonctionnaires ne soient pas dotés de portes dérobées par lesquelles un tiers pourrait pénétrer pour voler des données.

Un journaliste qui a lu attentivement cet amendement m'a signalé, et je l'en remercie, que depuis 2011, l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) développe le système d'exploitation Clip OS. Pour l'heure, ce système d'exploitation n'est toutefois pas prêt.

Par cet amendement, nous proposons que le Gouvernement engage un plan visant à doter les administrations françaises d'un système d'exploitation indépendant et alternatif.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 4.

L'amendement n° 87, présenté par M. Ouzoulias, Mme Lienemann et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Avant l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai d'un an, le Gouvernement présente sa stratégie de développement et de déploiement d'un système d'exploitation français à l'ensemble du matériel numérique des administrations publiques, permettant d'assurer une souveraineté numérique.

La parole est à M. Pierre Ouzoulias.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

Avec cet amendement, nous changeons totalement de sujet, puisqu'il est question des systèmes d'exploitation informatique.

Le « G » et le « A » de Gafam – je préfère éviter de citer le nom de ces marques – contrôlent 99 % des systèmes d'exploitation de nos téléphones, tandis que le « G », le « A » et le « M » contrôlent 93 % des systèmes d'exploitation de nos ordinateurs.

La quasi-inexistence de système d'exploitation alternatif pose des difficultés, notamment pour les administrations de l'État, car on ne peut garantir que les systèmes utilisés par les fonctionnaires ne soient pas dotés de portes dérobées par lesquelles un tiers pourrait pénétrer pour voler des données.

Un journaliste qui a lu attentivement cet amendement m'a signalé, et je l'en remercie, que l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) développe depuis 2011 le système d'exploitation Clip OS. Pour l'heure, ce système d'exploitation n'est pas prêt.

Par cet amendement, nous proposons que le Gouvernement engage un plan visant à doter les administrations françaises d'un système d'exploitation indépendant et alternatif.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Aujourd'hui, le marché des systèmes d'exploitation est fortement concentré. Il se caractérise par un nombre restreint d'acteurs dominants, essentiellement américains. C'est un marché libre et concurrentiel.

Si l'utilisation d'une solution étrangère n'est pas nécessairement une mauvaise chose, il est vrai qu'elle comporte des risques liés à l'extraterritorialité du droit.

Vous soulevez donc un véritable sujet et je vous en remercie, mon cher collègue. Pour autant, j'estime qu'il n'y a pas lieu de préciser, dans la loi, que le Gouvernement présente une stratégie à ce sujet. Cela relève de la communication du Gouvernement, que je souhaite entendre sur ce point.

Je demande donc l'avis du Gouvernement.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Aujourd'hui, le marché des systèmes d'exploitation est fortement concentré. Il se caractérise par un nombre restreint d'acteurs dominants, essentiellement américains. C'est un marché libre et concurrentiel.

Si l'utilisation d'une solution étrangère n'est pas nécessairement une mauvaise chose, il est vrai qu'elle comporte des risques liés à l'extraterritorialité du droit.

Vous soulevez donc un véritable sujet et je vous en remercie, mon cher collègue. Pour autant, j'estime qu'il n'y a pas lieu de préciser dans la loi que le Gouvernement présente une stratégie à ce sujet. Cela relève de la communication du Gouvernement, dont je sollicite l'avis.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Le Gouvernement a déjà présenté sa stratégie pour atteindre la souveraineté en matière numérique, en choisissant de placer au cœur du plan France 2030, annoncé à l'automne 2021, les briques de l'infrastructure numérique sur lesquelles nous voulons accentuer nos efforts pour faciliter l'émergence d'acteurs français.

Ces briques sont le cloud, l'intelligence artificielle, la cybersécurité, le quantique et les réseaux de 5G et de 6G.

Ce qui se rapproche le plus de ce dispositif, même s'il ne s'agit pas exactement un système d'exploitation (OS), c'est la stratégie d'accélération que nous avons mise en place pour le cloud. Dans ce cadre, le secrétariat général pour l'investissement (SGPI) avait lancé plusieurs appels à manifestation d'intérêt, notamment pour que se développent en France des suites collaboratives.

Celles-ci constituent l'entrée par laquelle nous découvrons les systèmes d'exploitation, puisqu'elles reflètent la manière dont nous interagissons avec les outils de l'ordinateur dans notre quotidien. C'est ainsi que des acteurs comme Jamespot ou Wimi, et leurs partenaires, ont pu bénéficier de plusieurs dizaines de millions d'euros de subventions au titre du plan France 2030 pour développer des suites collaboratives souveraines.

Toutefois, cela n'est qu'un des exemples de tous les instruments de financement – appels à manifestation d'intérêt, appels à projet, partenariats d'innovation ou encore programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR) –, qui sont prévus dans le cadre de ce plan, dans les cinq domaines que j'ai évoqués, et qui doivent nous permettre de faire émerger des acteurs souverains.

Autrement dit, la stratégie du Gouvernement est connue et elle est reprise dans les stratégies d'accélération du plan France 2030.

Pour ces raisons, le Gouvernement demande le retrait de cet amendement ; à défaut, il y sera défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme la présidente de la commission spéciale.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot

Le Gouvernement a déjà présenté sa stratégie pour atteindre la souveraineté en matière numérique en choisissant de placer au cœur du plan France 2030, annoncé à l'automne 2021, les briques de l'infrastructure numérique sur lesquelles nous voulons accentuer nos efforts pour faciliter l'émergence d'acteurs français.

Ces briques sont le cloud, l'intelligence artificielle, la cybersécurité, le quantique et les réseaux de 5G et de 6G.

Ce qui se rapproche le plus de ce dispositif, même s'il ne s'agit pas exactement un système d'exploitation (OS), c'est la stratégie d'accélération que nous avons mise en place pour le cloud. Dans ce cadre, le secrétariat général pour l'investissement (SGPI) avait lancé plusieurs appels à manifestation d'intérêt, notamment pour que se développent en France des suites collaboratives.

Celles-ci constituent l'entrée par laquelle nous découvrons les systèmes d'exploitation, puisqu'elles reflètent la manière dont nous interagissons avec les outils de l'ordinateur dans notre quotidien. C'est ainsi que des acteurs comme Jamespot ou Wimi, et leurs partenaires, ont pu bénéficier de plusieurs dizaines de millions d'euros de subventions au titre du plan France 2030 pour développer des suites collaboratives souveraines.

Toutefois, cela n'est qu'un des exemples de tous les instruments de financement – appels à manifestation d'intérêt, appels à projets, partenariats d'innovation ou encore programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR) –, qui sont prévus dans le cadre de ce plan, dans les cinq domaines que j'ai évoqués, et qui doivent nous permettre de faire émerger des acteurs souverains.

Autrement dit, la stratégie du Gouvernement est connue et reprise dans les stratégies d'accélération du plan France 2030.

Pour ces raisons, le Gouvernement demande le retrait de cet amendement ; à défaut, il y sera défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Je comprends l'amendement de notre collègue, monsieur le ministre, car pendant trop longtemps la stratégie du Gouvernement en faveur d'une souveraineté numérique n'a pas du tout été claire pour nous.

Dans cet hémicycle, nous avons interrogé votre prédécesseur à de très nombreuses reprises sur la recherche de solutions souveraines pour des plateformes dont les données à traiter étaient éminemment sensibles – je pense notamment à la plateforme des données de santé. On nous répondait, sans faire dans le détail, qu'il n'y avait pas de solution française – circulez, il n'y a rien à voir !

Vous comprendrez donc, monsieur le ministre, que le Sénat, très attentif à ce sujet, observe avec satisfaction que les travaux que vous menez contribuent réellement à changer de braquet, pour ainsi dire, et nous vous en remercions. Il est plutôt rassurant de constater que ces questions de souveraineté commencent enfin à être prises en compte.

Comme je l'ai rappelé dans mon propos liminaire, nous avons une exigence : il est temps que l'État se dote d'une doctrine et qu'il l'énonce clairement. Cela vaut aussi pour les différentes administrations : lorsque l'on échange avec la direction interministérielle du numérique (Dinum), il semble qu'il n'existe pas vraiment de stratégie, de sorte que chaque ministère agit comme il l'entend dans son coin. Ainsi, l'on a vu le ministère de l'éducation nationale confier ses données à Microsoft sans appel d'offre spécifique. Les exemples de ce type sont légion.

Il faut maintenant nous inscrire dans une phase où la stratégie sera claire. Certes, comme l'a dit le rapporteur, ce texte n'est sans doute pas le bon véhicule pour énoncer cette stratégie. Au demeurant, nous serons très attentifs, dans le dialogue que nous aurons avec vous au cours des semaines et des mois à venir, à faire en sorte que cette doctrine puisse enfin s'élaborer pour clarifier la situation en matière de souveraineté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme la présidente de la commission spéciale.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Quel est maintenant l'avis de la commission spéciale ?

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Je comprends l'amendement de notre collègue, monsieur le ministre, car pendant trop longtemps la stratégie du Gouvernement en faveur d'une souveraineté numérique n'a pas du tout été claire pour nous.

Dans cet hémicycle, nous avons interrogé votre prédécesseur à de très nombreuses reprises sur la recherche de solutions souveraines pour des plateformes dont les données à traiter étaient éminemment sensibles – je pense notamment à la plateforme des données de santé. On nous répondait, sans faire dans le détail, qu'il n'y avait pas de solution française – circulez, il n'y a rien à voir !

Vous comprendrez donc, monsieur le ministre, que le Sénat, très attentif à ce sujet, observe avec satisfaction que les travaux que vous menez contribuent réellement à changer de braquet et nous vous en remercions. Il est plutôt rassurant de constater que ces questions de souveraineté commencent enfin à être prises en compte.

Comme je l'ai rappelé dans mon propos liminaire, nous avons une exigence : il est temps que l'État se dote d'une doctrine et qu'il l'énonce clairement. Cela vaut aussi pour les différentes administrations : lorsque l'on échange avec la direction interministérielle du numérique (Dinum), il semble qu'il n'existe pas vraiment de stratégie, de sorte que chaque ministère agit comme il l'entend dans son coin. Ainsi, le ministère de l'éducation nationale a confié ses données à Microsoft sans appel d'offres spécifique. Les exemples de ce type sont légion.

Il faut maintenant nous inscrire dans une phase où la stratégie sera claire. Certes, comme l'a dit le rapporteur, ce texte n'est sans doute pas le bon véhicule pour énoncer cette stratégie. Au demeurant, nous serons très attentifs, dans le dialogue que nous aurons avec vous au cours des semaines et des mois à venir, à faire en sorte que cette doctrine puisse enfin être élaborée pour clarifier la situation en matière de souveraineté.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

La commission suit l'avis du Gouvernement : défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Quel est maintenant l'avis de la commission spéciale ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Pierre Ouzoulias, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

La commission suit l'avis du Gouvernement : défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

Monsieur le ministre, vous venez de mentionner les suites collaboratives. J'en utilise une, LibreOffice, qui est libre de droits. Elle est excellente et je vous la conseille.

Toutefois, s'il n'y a pas de système d'exploitation, les failles restent les mêmes. Or, dans ce que vous avez décrit de la stratégie du Gouvernement, vous n'avez pas cité le système d'exploitation. À mon sens, il est important d'en faire un objectif prioritaire dans la stratégie de l'État, parce que c'est de lui que tout découle. Par conséquent, je maintiens mon amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Pierre Ouzoulias, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

Monsieur le ministre, vous venez de mentionner les suites collaboratives. J'en utilise une, LibreOffice, qui est libre de droits. Elle est excellente et je vous la conseille.

Toutefois, s'il n'y a pas de système d'exploitation, les failles restent les mêmes. Or, dans ce que vous avez décrit de la stratégie du Gouvernement, vous n'avez pas cité le système d'exploitation. À mon sens, il est important d'en faire un objectif prioritaire dans la stratégie de l'État, parce que c'est de lui que tout découle. Par conséquent, je maintiens mon amendement.

L'amendement n'est pas adopté.

Article 4

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 48 rectifié quater, présenté par Mmes Noël et Garriaud-Maylam, MM. Gremillet, D. Laurent et Chatillon, Mme Muller-Bronn, MM. Charon, Joyandet et Bouchet et Mmes Thomas, Belrhiti, Pluchet et Berthet, est ainsi libellé :

Alinéa 16

Après le mot :

internet

insérer les mots :

ou aux fournisseurs de systèmes de résolution de nom de domaine définis au II de l'article 12 de la présente loi

La parole est à Mme Sylviane Noël.

I. – La loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication est ainsi modifiée :

1° A

1° B

« III. – Par dérogation aux I et II, les services de médias audiovisuels à la demande relevant de la compétence de la France en application des articles 43-4 et 43-5 ou mentionnés au second alinéa de l'article 43-2 peuvent être diffusés sans formalité préalable. » ;

1° C

1° Après le même premier alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« Les éditeurs et distributeurs de services de communication audiovisuelle, les opérateurs de réseaux satellitaires et les prestataires techniques auxquels ces personnes recourent peuvent être mis en demeure de respecter les obligations imposées par les dispositions prises sur le fondement de l'article 215 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne portant sur l'interdiction de diffusion de contenus de services de communication audiovisuelle. » ;

2° Le premier alinéa de l'article 42-10 est ainsi modifié :

a) À la première phrase, après le mot : « loi », sont insérés les mots : « ou de la règlementation européenne prise sur le fondement de l'article 215 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne portant sur l'interdiction de diffusion de contenus de services de communication audiovisuelle » ;

b)

« Les articles 1er, 15, 42, 42-1, 42-7 et 42-10 de la présente loi sont applicables aux services de médias audiovisuels à la demande diffusés en France ne relevant pas de la compétence d'un autre État membre de l'Union européenne, d'un autre État partie à l'accord sur l'Espace économique européen ou d'un autre État partie à la Convention européenne, du 5 mai 1989, sur la télévision transfrontière. » ;

II. – L'article 11 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique est ainsi rédigé :

« Art. 11. – I. – L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique peut mettre en demeure toute personne mentionnée au I de l'article 1-1 de la présente loi de retirer les contenus ou de faire cesser la diffusion des contenus qui contreviennent aux dispositions prises sur le fondement de l'article 215 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne portant sur l'interdiction de diffusion de contenus provenant des personnes visées par les sanctions. La personne destinataire de la mise en demeure dispose d'un délai de soixante-douze heures pour présenter ses observations.

« II. – À l'expiration de ce délai et en cas d'inexécution, l'autorité peut notifier aux fournisseurs de services d'accès à internet la liste des adresses électroniques des services de communication au public en ligne hébergeant ou diffusant des contenus provenant des personnes ayant fait l'objet de la mise en demeure, afin qu'elles empêchent dans un délai fixé par l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique l'accès à ces adresses. Toutefois, en l'absence d'éléments d'identification des personnes mentionnées au I de l'article 1-1 de la présente loi, l'autorité peut procéder à cette notification sans avoir préalablement demandé le retrait ou la cessation de la diffusion des contenus dans les conditions prévues au même I.

« L'autorité peut également notifier les adresses électroniques dont les contenus contreviennent aux dispositions mentionnées au I du présent article aux moteurs de recherche ou aux annuaires, lesquels prennent toute mesure utile destinée à faire cesser leur référencement.

« III. – L'autorité peut agir d'office ou sur saisine du ministère public ou de toute personne physique ou morale.

« IV. – En cas de méconnaissance de l'obligation de retirer les contenus ou de faire cesser la diffusion des contenus mentionnés au I du présent article, l'autorité peut prononcer à l'encontre de l'auteur de ce manquement, dans les conditions prévues à l'article 42-7 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, une sanction pécuniaire dont le montant, fixé en fonction de la gravité du manquement, ne peut excéder 4 % du chiffre d'affaires hors taxes réalisé au cours du dernier exercice clos calculé sur une période de douze mois ou, en l'absence de chiffre d'affaires, 250 000 euros. Ce maximum est porté à 6 % en cas de réitération du manquement dans un délai de cinq ans à compter de la date à laquelle la première décision de sanction est devenue définitive ou, en l'absence de chiffre d'affaires, à 500 000 euros. La méconnaissance de l'obligation d'empêcher l'accès aux adresses notifiées ou de prendre toute mesure utile destinée à faire cesser le référencement du service de communication au public en ligne en application du second alinéa du II du présent article peut être sanctionnée dans les mêmes conditions. Dans ce dernier cas, l'amende ne peut toutefois excéder 1 % du chiffre d'affaires hors taxes réalisé au cours du dernier exercice clos calculé sur une période de douze mois ou, en l'absence de chiffre d'affaires, 75 000 euros. Ce maximum est porté à 2 % en cas de réitération du manquement dans un délai de cinq ans à compter de la date à laquelle la première décision de sanction est devenue définitive ou, en l'absence de chiffre d'affaires, à 150 000 euros.

« Lorsque sont prononcées, à l'encontre de la même personne, une amende administrative en application du présent article et une amende pénale en application de l'article 459 du code des douanes à raison des mêmes faits, le montant global des amendes prononcées ne dépasse pas le maximum légal le plus élevé des sanctions encourues.

« V

Debut de section - PermalienPhoto de Sylviane Noël

Sur le modèle de celui que j'ai défendu à l'article 2, cet amendement vise à élargir la liste des acteurs susceptibles de contribuer à la lutte contre les sites faisant l'objet de sanctions européennes en y incluant, aux côtés des fournisseurs de services d'accès à internet, toutes les personnes pouvant prendre des mesures utiles sur la demande de l'autorité administrative compétente, afin d'aboutir à une meilleure effectivité du dispositif.

En effet, en l'état actuel de la rédaction, les personnes qui fournissent des navigateurs internet au sens de l'article 2 du règlement européen relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique ne sont pas inclues dans le dispositif. Il en est de même pour les systèmes d'exploitation mentionnés à l'article L. 32 du code des postes et des communications électroniques.

Le présent amendement vise donc à inclure dans le champ de l'article, en sus des fournisseurs de services d'accès à internet, les navigateurs et systèmes d'exploitation qui font de la résolution de nom de domaine.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 48 rectifié quater, présenté par Mmes Noël et Garriaud-Maylam, MM. Gremillet, D. Laurent et Chatillon, Mme Muller-Bronn, MM. Charon, Joyandet et Bouchet et Mmes Thomas, Belrhiti, Pluchet et Berthet, est ainsi libellé :

Alinéa 16

Après le mot :

internet

insérer les mots :

ou aux fournisseurs de systèmes de résolution de nom de domaine définis au II de l'article 12 de la présente loi

La parole est à Mme Sylviane Noël.

Debut de section - PermalienPhoto de Sylviane Noël

Sur le modèle de celui que j'ai défendu à l'article 2, cet amendement vise à élargir la liste des acteurs susceptibles de contribuer à la lutte contre les sites faisant l'objet de sanctions européennes en y incluant, aux côtés des fournisseurs de services d'accès à internet, toutes les personnes pouvant prendre des mesures utiles sur la demande de l'autorité administrative compétente, afin d'aboutir à une meilleure effectivité du dispositif.

En effet, en l'état actuel de la rédaction, les personnes qui fournissent des navigateurs internet au sens de l'article 2 du règlement européen relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique ne sont pas inclues dans le dispositif. Il en est de même pour les systèmes d'exploitation mentionnés à l'article L. 32 du code des postes et des communications électroniques.

Le présent amendement vise donc à inclure dans le champ de l'article, en sus des fournisseurs de services d'accès à internet, les navigateurs et systèmes d'exploitation qui font de la résolution de nom de domaine.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

L'amendement est adopté.

L'amendement est adopté.

L'article 4 est adopté.

Photo de Pascale Gruny

L'amendement n° 127, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article 226-8 du code pénal est ainsi modifié :

1° Le premier alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée : « Est assimilé à l'infraction mentionnée au présent alinéa et puni des mêmes peines le fait de publier par quelque voie que ce soit, un contenu visuel ou sonore généré par un traitement algorithmique et reproduisant l'image ou les paroles d'une personne, sans son consentement, s'il n'apparaît pas à l'évidence qu'il s'agit d'un contenu généré algorithmiquement ou s'il n'en est pas expressément fait mention. » ;

2° Il est ajouté un alinéa ainsi rédigé :

« Ces peines sont portées à deux ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende lorsque la publication du montage ou du contenu généré par un traitement algorithmique a été réalisé en utilisant un service de communication au public en ligne. »

La parole est à M. le ministre délégué.

Après l'article 4

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot

Cet amendement vise à renforcer l'article 226-8 du code pénal, qui punit d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende « le fait de publier, par quelque voie que ce soit, le montage réalisé avec les paroles ou l'image d'une personne sans son consentement, s'il n'apparaît pas à l'évidence qu'il s'agit d'un montage ou s'il n'en est pas expressément fait mention. »

Le moment nous semble venu de renforcer ce dispositif en y incluant les hypertrucages, ou deepfakes, c'est-à-dire des montages conçus à l'aide d'algorithmes qui permettent de multiplier la capacité d'exposition du public à de fausses informations, voire de déclencher ou de favoriser le déclenchement de cyberattaques.

Le terme « montage » retenu dans la rédaction de l'article 226-8 n'est pas suffisamment précis pour désigner les hypertrucages, contre lesquels nous devons agir.

Je précise que Mme Borchio-Fontimp a déposé un amendement dont nous débattrons dans quelques instants concernant l'usage des hypertrucages dans la pornographie, où ils sont très présents.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 127, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article 226-8 du code pénal est ainsi modifié :

1° Le premier alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée : « Est assimilé à l'infraction mentionnée au présent alinéa et puni des mêmes peines le fait de publier par quelque voie que ce soit, un contenu visuel ou sonore généré par un traitement algorithmique et reproduisant l'image ou les paroles d'une personne, sans son consentement, s'il n'apparaît pas à l'évidence qu'il s'agit d'un contenu généré algorithmiquement ou s'il n'en est pas expressément fait mention. » ;

2° Il est ajouté un alinéa ainsi rédigé :

« Ces peines sont portées à deux ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende lorsque la publication du montage ou du contenu généré par un traitement algorithmique a été réalisé en utilisant un service de communication au public en ligne. »

La parole est à M. le ministre délégué.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot

Cet amendement vise à renforcer l'article 226-8 du code pénal, qui punit d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende « le fait de publier, par quelque voie que ce soit, le montage réalisé avec les paroles ou l'image d'une personne sans son consentement, s'il n'apparaît pas à l'évidence qu'il s'agit d'un montage ou s'il n'en est pas expressément fait mention. »

Le moment nous semble venu de renforcer ce dispositif en y incluant les hypertrucages, ou deepfakes, c'est-à-dire des montages conçus à l'aide d'algorithmes qui permettent de multiplier la capacité d'exposition du public à de fausses informations, voire de déclencher ou de favoriser le déclenchement de cyberattaques.

Le terme « montage » retenu dans la rédaction de l'article 226-8 n'est pas suffisamment précis pour désigner les hypertrucages, contre lesquels nous devons agir.

Je précise que Mme Borchio-Fontimp a déposé un amendement dont nous débattrons dans quelques instants concernant l'usage des hypertrucages dans la pornographie, où ils sont très présents.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Par cet amendement, le Gouvernement s'attaque à une véritable difficulté, déjà identifiée en avril 2023 dans le rapport d'information des députés Gosselin et Latombe sur les enjeux de l'utilisation d'images de sécurité dans le domaine public, celle de la pénalisation des deepfakes – c'est-à-dire de vidéos réalisées par l'intelligence artificielle et dont la ressemblance avec le réel est parfois si forte qu'on ne peut les distinguer avec certitude d'une vidéo classique.

Nos collègues députés craignaient que les deepfakes ne soient pas couverts par le droit en vigueur, notamment par l'article 226-8 du code pénal. Il s'agit en effet d'images complètement artificielles et non pas de montages au sens strict du terme.

Monsieur le ministre, l'adoption de votre amendement permettrait de combler cette lacune et de protéger les citoyens contre le risque d'un détournement malveillant de leur image : la commission spéciale y est favorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Pierre Ouzoulias, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Par cet amendement, le Gouvernement s'attaque à une véritable difficulté, déjà identifiée en avril 2023 dans le rapport d'information des députés Gosselin et Latombe sur les enjeux de l'utilisation d'images de sécurité dans le domaine public, celle de la pénalisation des deepfakes – c'est-à-dire de vidéos réalisées par l'intelligence artificielle et dont la ressemblance avec le réel est parfois si forte qu'on ne peut les distinguer avec certitude d'une vidéo classique.

Nos collègues députés craignaient que les deepfakes ne soient pas couverts par le droit en vigueur, notamment par l'article 226-8 du code pénal. Il s'agit en effet d'images complètement artificielles et non pas de montages au sens strict du terme.

Monsieur le ministre, l'adoption de votre amendement permettrait de combler cette lacune et de protéger les citoyens contre le risque d'un détournement malveillant de leur image : la commission spéciale y est favorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

Monsieur le ministre, je comprends parfaitement l'objet de votre amendement dans ses modalités techniques et j'y souscris.

Toutefois, l'exemple récent de la reconstitution par des algorithmes de la voix du général de Gaulle prononçant l'appel du 18 juin introduit un léger doute. Son consentement n'ayant pu être recueilli, cette reconstitution algorithmique tomberait sous le coup du dispositif proposé, ce qui ne va pas sans poser problème.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Pierre Ouzoulias, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

Monsieur le ministre, je comprends parfaitement l'objet de votre amendement dans ses modalités techniques, et j'y souscris.

Toutefois, l'exemple récent de la reconstitution par des algorithmes de la voix du général de Gaulle prononçant l'appel du 18 juin introduit un léger doute. Son consentement n'ayant pu être recueilli, cette reconstitution algorithmique tomberait sous le coup du dispositif proposé, ce qui ne va pas sans poser problème.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Cette reconstitution ne tomberait pas sous le coup de cet amendement. Outre l'obligation d'obtenir le consentement de la personne concernée, il est précisé que les hypertrucages visés sont ceux pour lesquels il n'apparaît pas à l'évidence qu'il s'agit d'un contenu généré algorithmiquement ou pour lesquels il n'en est pas expressément fait mention.

En l'espèce, il est communément admis que la personne concernée est décédée et que ses propos ont été recomposés ou reconstitués.

Puisque l'on applique aux hypertrucages le même tarif, si je puis dire, que celui que l'on appliquerait aux montages plus traditionnels, je ne pense pas que la reconstitution que vous évoquez tomberait sous le coup du dispositif proposé.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. François Bonhomme, pour explication de vote.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Cette reconstitution ne tomberait pas sous le coup de cet amendement. Outre l'obligation d'obtenir le consentement de la personne concernée, il est précisé que les hypertrucages visés sont ceux pour lesquels il n'apparaît pas à l'évidence qu'il s'agit d'un contenu généré algorithmiquement ou pour lesquels il n'en est pas expressément fait mention. En l'espèce, il est communément admis que la personne concernée est décédée et que ses propos ont été recomposés ou reconstitués.

Puisque l'on applique aux hypertrucages le même tarif, si je puis dire, que celui que l'on appliquerait aux montages plus traditionnels, je ne pense pas que la reconstitution que vous évoquez tomberait sous le coup du dispositif proposé.

Debut de section - PermalienPhoto de François Bonhomme

Le sujet a toute son importance dans la mesure où le développement des deepfakes. illustre les progrès inquiétants de l'intelligence artificielle. On le constate chaque jour et l'actualité récente a encore illustré ce risque majeur.

L'année dernière, Europol avait déjà mis en exergue le potentiel de déstabilisation des deepfakes et appelé les États à intervenir sur le sujet.

Monsieur le ministre, je ne peux que soutenir votre initiative. Il faut accorder une attention toute particulière au développement des hypertrucages.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. François Bonhomme, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de François Bonhomme

Le sujet a toute son importance dans la mesure où le développement des deepfakes illustre les progrès inquiétants de l'intelligence artificielle. On le constate chaque jour et l'actualité récente a encore illustré ce risque majeur.

L'année dernière, Europol avait déjà mis en exergue le potentiel de déstabilisation des deepfakes et appelé les États à intervenir sur le sujet.

Monsieur le ministre, je ne peux que soutenir votre initiative. Il faut accorder une attention toute particulière au développement des hypertrucages.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 4.

Je suis saisie de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

Les amendements n° 5 rectifié et 78 rectifié sont identiques.

L'amendement n° 5 rectifié est présenté par Mmes Rossignol et Blatrix Contat, MM. Kanner, Cardon, Durain, Féraud et Redon-Sarrazy, Mme S. Robert et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

L'amendement n° 78 rectifié est présenté par Mme Cohen, M. Ouzoulias, Mme Lienemann et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le dernier alinéa de l'article 227-23 du code pénal est ainsi rédigé :

« Les dispositions du présent article sont également applicables aux images pornographiques revêtant l'intention de représenter un mineur, intention appréciée par le contenu, par les images ou par les titres donnés aux images. »

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour présenter l'amendement n° 5 rectifié.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Les amendements n° 5 rectifié, 7 rectifié et 8 rectifié ont tous le même objet.

L'article 227-23 du code pénal vise « le fait, en vue de sa diffusion, de fixer, d'enregistrer ou de transmettre l'image ou la représentation d'un mineur, lorsque cette image ou cette représentation présente un caractère pornographique ». Or, il est appliqué de manière restrictive, sans doute parce qu'il faut s'adapter aux moyens dont disposent les enquêteurs.

En réalité, Pharos et Europol tendent à instaurer une distinction assez claire entre pédocriminalité et pédopornographie. Le patron d'Europol n'a d'ailleurs pas manqué de le souligner lors de son audition, en précisant qu'il parlait uniquement de pédocriminalité et non de pédopornographie.

Quelle est la différence entre les deux ? La pédocriminalité consiste à commettre des abus sexuels et des viols sur un mineur et à en diffuser les images. Il faut que la victime soit réellement mineure.

Quant à la pédopornographie, elle consiste à représenter un mineur dans de telles situations, ce qui est également visé par l'article 227-23 du code pénal.

Dans les faits, on se concentre sur les mises en scène de mineurs violés et victimes d'abus sexuels. Or il existe aussi quantités d'images sur les sites pornographiques qui représentent des mineurs. Tous ceux qui mentionnent le mot « teens » ou « écolières », proposent des images qui mettent en scène la sexualité d'un majeur avec une mineure. Peu importe que la jeune fille ait réellement 18 ans ou non, l'intention est de représenter une écolière ou une petite fille.

Pour le moment, ces images continuent d'être diffusées sur internet. En effet, Pharos se concentre sur la pédocriminalité et ne pourchasse pas la pédopornographie. Même si toutes les images sont visionnées, les critères utilisés pour les contrôler consistent seulement à savoir si la jeune fille est pubère et si elle a des poils et des seins. Lorsque c'est le cas, les images passent, car la plateforme cible uniquement celles où figurent réellement des enfants.

Ces amendements visent à ce que l'intention de mettre en scène la sexualité d'un majeur avec un mineur reçoive un traitement égal à celui qui s'applique lorsque la victime est réellement mineure.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 4.

Je suis saisie de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

Les amendements n° 5 rectifié et 78 rectifié sont identiques.

L'amendement n° 5 rectifié est présenté par Mmes Rossignol et Blatrix Contat, MM. Kanner, Cardon, Durain, Féraud et Redon-Sarrazy, Mme S. Robert et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

L'amendement n° 78 rectifié est présenté par Mme Cohen, M. Ouzoulias, Mme Lienemann et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le dernier alinéa de l'article 227-23 du code pénal est ainsi rédigé :

« Les dispositions du présent article sont également applicables aux images pornographiques revêtant l'intention de représenter un mineur, intention appréciée par le contenu, par les images ou par les titres donnés aux images. »

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour présenter l'amendement n° 5 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Cohen, pour présenter l'amendement n° 78 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Les amendements n° 5 rectifié, 7 rectifié et 8 rectifié ont tous le même objet.

L'article 227-23 du code pénal vise « le fait, en vue de sa diffusion, de fixer, d'enregistrer ou de transmettre l'image ou la représentation d'un mineur, lorsque cette image ou cette représentation présente un caractère pornographique ». Or, il est appliqué de manière restrictive, sans doute parce qu'il faut s'adapter aux moyens dont disposent les enquêteurs.

En réalité, Pharos et Europol tendent à instaurer une distinction assez claire entre pédocriminalité et pédopornographie. Le patron d'Europol n'a d'ailleurs pas manqué de le souligner lors de son audition, en précisant qu'il parlait uniquement de pédocriminalité et non de pédopornographie.

Quelle est la différence entre les deux ? La pédocriminalité consiste à commettre des abus sexuels et des viols sur un mineur et à en diffuser les images. Il faut que la victime soit réellement mineure.

Quant à la pédopornographie, elle consiste à représenter un mineur dans de telles situations, ce qui est également visé par l'article 227-23 du code pénal.

Dans les faits, on se concentre sur les mises en scène de mineurs violés et victimes d'abus sexuels. Or il existe aussi quantité d'images sur les sites pornographiques qui représentent des mineurs. Tous ceux qui comportent des rubriques « teens » ou « écolières », par exemple, proposent des images qui mettent en scène la sexualité d'un majeur avec une mineure. Peu importe que la jeune fille ait réellement 18 ans ou non, l'intention est de représenter une écolière ou une petite fille.

Pour le moment, ces images continuent d'être diffusées sur internet. En effet, Pharos se concentre sur la pédocriminalité et ne pourchasse pas la pédopornographie. Même si toutes les images sont visionnées, les critères utilisés pour les contrôler consistent seulement à savoir si la jeune fille est pubère et si elle a des poils et des seins. Lorsque c'est le cas, les images passent, car la plateforme cible uniquement celles où figurent réellement des enfants.

Ces amendements visent à ce que l'intention de mettre en scène la sexualité d'un majeur avec un mineur reçoive un traitement égal à celui qui s'applique lorsque la victime est réellement mineure.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Cohen, pour présenter l'amendement n° 78 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 7 rectifié, présenté par Mmes Rossignol et Blatrix Contat, MM. Kanner, Cardon, Durain, Féraud et Redon-Sarrazy, Mme S. Robert et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le dernier alinéa de l'article 227-23 du code pénal est ainsi rédigé :

« Les dispositions du présent article sont également applicables aux images pornographiques d'une personne dont l'aspect physique est celui d'un mineur. »

La parole est à Mme Laurence Rossignol.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 7 rectifié, présenté par Mmes Rossignol et Blatrix Contat, MM. Kanner, Cardon, Durain, Féraud et Redon-Sarrazy, Mme S. Robert et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le dernier alinéa de l'article 227-23 du code pénal est ainsi rédigé :

« Les dispositions du présent article sont également applicables aux images pornographiques d'une personne dont l'aspect physique est celui d'un mineur. »

La parole est à Mme Laurence Rossignol.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Je comprends l'intention des auteurs de l'amendement n° 5 rectifié, qui veulent renforcer la lutte contre la pédopornographie en interdisant des contenus présentant la simulation de rapport pédocriminels.

Nous parlons donc de contenus qui mettent en scène deux personnes majeures, qui ont consenti à être filmées et à ce que leur image soit diffusée. L'objectif est d'éviter que, sous couvert de fiction, on ne vienne faire l'apologie de comportements interdits et réprimés par le code pénal. Je comprends parfaitement la logique de cet amendement, qui est aussi celle de ceux qui suivent.

Toutefois, si la cause est noble, la solution que vous proposez pose des difficultés d'ordre juridique. En effet, elle consiste ni plus ni moins à pénaliser les images d'une relation entre deux personnes majeures.

Premièrement, je considère que cette orientation est dangereuse et qu'elle est très probablement contraire à la Constitution.

Je relève que le champ d'application de votre amendement ne se restreindrait pas aux sites pornographiques. En effet, dans la mesure où celui-ci vise à modifier un article du code pénal, toutes les productions, quelle qu'en soit la nature, seraient concernées. Il suffit de relire l'article 227-23 pour le constater : il vise ainsi toute « image » ou « représentation » qui « présente un caractère pornographique ».

Cette définition très large rend le dispositif particulièrement dangereux, a fortiori s'il devait être conjugué avec les dispositions de l'amendement n° 8 rectifié, que nous examinerons dans quelques instants, qui vise à interdire de filmer, même sans diffusion, des rapports sexuels impliquant toute personne mineure, y compris au sens de l'article 227-23.

Si nous adoptons ces deux amendements identiques ainsi que l'amendement n° 8 rectifié, il sera interdit à deux personnes majeures de se filmer, même pour un usage complètement privé, dès lors que l'une d'entre elles serait déguisée en personne mineure.

Deuxièmement, il faut mesurer les conséquences de l'adoption de ces amendements identiques sur le travail des agents chargés de lutter contre la pornographie, notamment dans le cadre de Pharos. Nous tenons d'ailleurs à saluer ces derniers ; ils effectuent un travail remarquable et difficile – les auditions ont été éloquentes à cet égard.

Ces agents utilisent des critères relativement simples pour sélectionner les contenus, ce qui permet un blocage rapide et massif. À l'inverse, les conditions posées dans les dispositions de votre amendement quant au contenu, aux images et au titre supposent de mener un travail d'analyse au cas par cas que les agents ne peuvent réaliser, faute de moyens suffisants.

Je crains donc que, bien involontairement, l'adoption de cet amendement ne vienne déstabiliser l'action de Pharos et nuire à l'efficacité du travail de blocage des contenus pédocriminels, qui doit être la priorité des priorités.

Troisièmement, je crois que le Sénat doit faire preuve de cohérence et tenir compte des importants travaux menés par la délégation aux droits des femmes – nous en avons longuement parlé depuis le début de l'examen du texte. Que dit sur le sujet le rapport d'information Porno : l'enfer du décor ? – en effet, quand les contenus impliquent deux personnes majeures, il s'agit bien de pornographie et non de pédocriminalité. Il indique clairement que les principaux responsables des contenus hardcore, violents et dégradants sont non pas les producteurs, mais les grandes plateformes, ou « tubes », prêtes à diffuser n'importe quel contenu tant que c'est rentable.

Je me permets de citer ce rapport d'information, madame Rossignol, car vous êtes comme moi membre de la délégation aux droits des femmes.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Ce n'est certes pas mon cas, mais je l'ai voté et promu, y compris dans mon territoire.

On assiste depuis une quinzaine d'années à une concentration du secteur économique de la diffusion de la pornographie. L'acteur économique clef n'est plus le studio, producteur de contenu, mais la plateforme numérique, vecteur de diffusion massive de contenus. Le besoin massif de nouveaux contenus pour alimenter ces plateformes a notamment constitué le point de départ de pratiques favorisant les violences sexistes et sexuelles envers les femmes, leur exploitation sexuelle, ainsi que la production de contenus de plus en plus trash et violents pour alimenter les intérêts économiques de cette véritable industrie du sexe.

Ce sont donc les plateformes qu'il faut cibler, comme le propose Mme Billon au travers de son amendement. C'est là qu'il faut agir et non dans le code pénal.

Enfin et surtout, l'adoption de votre amendement aurait pour effet de pénaliser de la même manière l'enregistrement d'images impliquant de très jeunes enfants et un film mettant en scène deux personnes majeures.

Vous voulez instaurer une peine d'emprisonnement de cinq ans, voire sept ans si le film a été diffusé sur internet, pour un contenu qui traduit l'intention – j'insiste sur ce terme – de représenter un mineur, quand bien même la personne en question serait en réalité majeure.

Le législateur doit-il vraiment mettre sur le même plan un jeu de rôles entre adultes consentants et des images qui représentent – pardon de le dire crûment – le viol d'un enfant ? Est-ce là la ligne que nous voulons suivre ? En tout cas, ce n'est pas la mienne.

J'en suis navré, mais la commission spéciale est défavorable aux amendements identiques n° 5 rectifié et 78 rectifié, de même qu'à l'amendement n° 7 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Je comprends l'intention des auteurs de ces amendements, qui veulent renforcer la lutte contre la pédopornographie en interdisant des contenus présentant la simulation de rapport pédocriminels.

Nous parlons donc de contenus qui mettent en scène deux personnes majeures, qui ont consenti à être filmées et à ce que leur image soit diffusée. L'objectif est d'éviter que, sous couvert de fiction, on ne vienne faire l'apologie de comportements interdits et réprimés par le code pénal. Je comprends parfaitement la logique de cet amendement, qui est aussi celle de ceux qui suivent.

Toutefois, si la cause est noble, la solution que vous proposez pose des difficultés d'ordre juridique. En effet, elle consiste ni plus ni moins à pénaliser les images d'une relation entre deux personnes majeures.

Premièrement, je considère que cette orientation est dangereuse et qu'elle est très probablement contraire à la Constitution.

Je relève que le champ d'application de votre amendement ne se restreindrait pas aux sites pornographiques. En effet, dans la mesure où celui-ci vise à modifier un article du code pénal, toutes les productions, quelle qu'en soit la nature, seraient concernées. Il suffit de relire l'article 227-23 pour le constater : il vise ainsi toute « image » ou « représentation » qui « présente un caractère pornographique ».

Cette définition très large rend le dispositif particulièrement dangereux, a fortiori s'il devait être conjugué avec les dispositions de l'amendement n° 8 rectifié, que nous examinerons dans quelques instants, qui vise à interdire de filmer, même sans diffusion, des rapports sexuels impliquant toute personne mineure, y compris au sens de l'article 227-23.

Si nous adoptons ces deux amendements identiques ainsi que l'amendement n° 8 rectifié, il sera interdit à deux personnes majeures de se filmer, même pour un usage complètement privé, dès lors que l'une d'entre elles serait déguisée en personne mineure.

Deuxièmement, il faut mesurer les conséquences de l'adoption de ces amendements identiques sur le travail des agents chargés de lutter contre la pornographie, notamment dans le cadre de Pharos. Nous tenons d'ailleurs à saluer ces derniers ; ils effectuent un travail remarquable et difficile – les auditions ont été éloquentes à cet égard.

Ces agents utilisent des critères relativement simples pour sélectionner les contenus, ce qui permet un blocage rapide et massif. À l'inverse, les conditions posées dans les dispositions de votre amendement quant au contenu, aux images et au titre supposent de mener un travail d'analyse au cas par cas que les agents ne peuvent réaliser, faute de moyens.

Je crains donc que, bien involontairement, l'adoption de cet amendement ne vienne déstabiliser l'action de Pharos et nuire à l'efficacité du travail de blocage des contenus pédocriminels, qui doit être la priorité des priorités.

Troisièmement, je crois que le Sénat doit faire preuve de cohérence et tenir compte des importants travaux menés par la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. Quand les contenus impliquent deux personnes majeures, il s'agit bien de pornographie et non de pédocriminalité.

Le rapport d'information Porno : l'enfer du décor indique clairement que les principaux responsables des contenus hardcore, violents et dégradants sont non pas les producteurs, mais les grandes plateformes, ou « tubes », prêtes à diffuser n'importe quel contenu tant que c'est rentable – je me permets de citer ce rapport d'information, madame Rossignol, car vous êtes comme moi membre de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mme Laurence Rossignol. Je suis même auteure du rapport.

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Cohen, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 8 rectifié, présenté par Mmes Rossignol et Blatrix Contat, MM. Kanner, Cardon, Durain, Féraud et Redon-Sarrazy, Mme S. Robert et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Au premier alinéa de l'article 227-23 du code pénal, les mots : «. Lorsque l'image ou la représentation concerne un mineur de quinze ans, ces faits sont punis » sont remplacés par le signe : «, ».

La parole est à Mme Laurence Rossignol.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Ce n'est certes pas mon cas, mais je l'ai voté et promu, y compris dans mon territoire.

On assiste depuis une quinzaine d'années à une concentration du secteur économique de la diffusion de la pornographie. L'acteur économique clef n'est plus le studio, producteur de contenu, mais la plateforme numérique, vectrice de diffusion massive de contenus. Le besoin massif de nouveaux contenus pour alimenter ces plateformes a notamment constitué le point de départ de pratiques favorisant les violences sexistes et sexuelles envers les femmes, leur exploitation sexuelle, ainsi que la production de contenus de plus en plus trash et violents pour alimenter les intérêts économiques de cette véritable industrie du sexe.

Ce sont donc les plateformes qu'il faut cibler, comme le propose Mme Billon au travers de son amendement. C'est là qu'il faut agir et non dans le code pénal.

Enfin et surtout, l'adoption de votre amendement aurait pour effet de pénaliser de la même manière l'enregistrement d'images impliquant de très jeunes enfants et un film mettant en scène deux personnes majeures.

Vous voulez instaurer une peine d'emprisonnement de cinq ans, voire sept ans si le film a été diffusé sur internet, pour un contenu qui traduit l'intention – j'insiste sur ce terme – de représenter un mineur, quand bien même la personne en question serait en réalité majeure.

Le législateur doit-il vraiment mettre sur le même plan un jeu de rôles entre adultes consentants et des images qui représentent – pardon de le dire crûment – le viol d'un enfant ? Est-ce là la ligne que nous voulons suivre ? En tout cas, ce n'est pas la mienne.

J'en suis navré, mais la commission spéciale est défavorable aux amendements identiques n° 5 rectifié et 78 rectifié, de même qu'à l'amendement n° 7 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Monsieur le rapporteur, pardonnez-moi, mais il me semble que vous faites une confusion lorsque vous évoquez des jeux de rôles entre deux adultes consentants quand nous parlons de représentation.

Qu'entendons-nous par « représentation » sinon une situation dans laquelle un homme se retrouve face à la représentation d'une mineure, c'est-à-dire face à une personne en jupette, en socquettes et portant des couettes – accoutrement qui figure celui d'une enfant –, sur laquelle on commet un viol ? Ce type d'image pousse à l'inceste et incite au viol.

C'est entretenir la confusion que de dire qu'il s'agit de deux adultes consentants. Il s'agit en réalité d'une incitation à l'inceste, puisque ces images laissent à penser que l'on peut abuser d'une enfant. Voilà ce que nous voulons dénoncer au travers de ces amendements.

Nous avons travaillé sur le sujet et le rapport d'information Porno : l'enfer du décor confirme notre position : quand on se bat contre l'industrie pornographique, on ne peut accepter la diffusion d'images qui pousseront à commettre des crimes. Allez donc regarder les sites en question : aucun doute n'est permis sur la volonté de représenter des enfants.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 8 rectifié est retiré.

La parole est à Mme Laurence Cohen, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Notre amendement n° 78 rectifié est identique à l'amendement n° 5 rectifié.

Monsieur le rapporteur, pardonnez-moi, mais il me semble que vous faites une confusion lorsque vous évoquez des jeux de rôles entre deux adultes consentants quand nous parlons de représentation. En effet, qu'entendons-nous par là sinon une situation dans laquelle un homme se retrouve face à la représentation d'une mineure, c'est-à-dire face à une personne en jupette, en socquettes et portant des couettes – accoutrement qui figure celui d'une enfant –, sur laquelle on commet un viol ? Ce type d'image pousse à l'inceste et incite au viol.

C'est entretenir la confusion que de dire qu'il s'agit de deux adultes consentants. Il s'agit en réalité d'une incitation à l'inceste, puisque ces images laissent à penser qu'on peut abuser d'une enfant. Voilà ce que nous voulons dénoncer au travers de ces amendements.

Nous avons travaillé sur le sujet et le rapport d'information Porno : l'enfer du décor confirme notre position : quand on se bat contre l'industrie pornographique, on ne peut pas accepter la diffusion d'images qui pousseront à commettre des crimes. Allez donc regarder les sites en question : aucun doute n'est permis sur la volonté de représenter des enfants.

Debut de section - Permalien
Charlotte Caubel

Tout d'abord, pour être parfaitement claire, ce sont les associations qui nous demandent de ne plus employer le terme « pédopornographie » pour lui préférer celui de « pédocriminalité ». Il ne s'agit donc pas pour nous d'opposer la pédopornographie à la pédocriminalité, mais d'utiliser ce dernier terme de manière globale.

Criminaliser la pédopornographie ne me pose donc aucun problème, dans la mesure où nous le faisons déjà à travers le concept de pédocriminalité.

En outre, dans une logique de représentation par des images, il me paraît compliqué – c'est une certitude lorsqu'on écoute les enquêteurs – d'intégrer une notion supplémentaire d'intention. La loi est claire quant aux sanctions à prévoir dans le cas d'images représentant des mineurs dans une situation d'inceste. Mais il est beaucoup plus difficile de déterminer l'intention derrière la représentation d'un déguisement.

Dans la pratique, cela ajouterait des difficultés juridiques et compliquerait la tâche des enquêteurs, alors que l'on a déjà du mal à engager des poursuites quand il s'agit d'images de viol en ligne, de viol d'enfants ou d'images représentant des enfants en situation de pornographie, c'est-à-dire dans des cas de pédocriminalité.

Je me rallie à l'avis du rapporteur, car nous devons nous en tenir à nos objectifs principaux, même si je comprends ce que veulent dire les auteurs de ces amendements sur ce qui relève de l'intention et de l'incitation. Il est grand temps de concentrer notre action sur la répression des crimes réels, en y mettant les moyens nécessaires.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Cohen, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Monsieur le rapporteur, pardonnez-moi, mais il me semble que vous faites une confusion lorsque vous évoquez des jeux de rôles entre deux adultes consentants. La question qui se pose ici est celle de la « représentation », pour reprendre les termes du code pénal.

Or qu'entendre par « représentation » sinon une situation dans laquelle un homme se retrouve face à la représentation d'une mineure, c'est-à-dire face à une personne en jupette, en socquettes et portant des couettes – accoutrement qui figure celui d'une enfant –, sur laquelle on commet un viol ? Ce type d'image pousse à l'inceste et incite au viol.

C'est entretenir la confusion que de dire qu'il s'agit de deux adultes consentants. Il s'agit en réalité d'une incitation à l'inceste, puisque ces images laissent à penser que l'on peut abuser d'une enfant. Voilà ce que nous voulons dénoncer au travers de ces amendements.

Nous avons travaillé sur le sujet et le rapport d'information Porno : l'enfer du décor confirme notre position : quand on se bat contre l'industrie pornographique, on ne peut accepter la diffusion d'images qui pousseront à commettre des crimes. Allez donc regarder les sites en question : aucun doute n'est permis sur la volonté de représenter des enfants.

Debut de section - Permalien
Charlotte Caubel

Tout d'abord, pour être parfaitement claire, nous supprimons le terme « pédopornographie » parce que les associations nous demandent de ne plus l'employer et de privilégier celui de « pédocriminalité ». Il ne s'agit donc pas pour nous d'opposer la pédopornographie à la pédocriminalité, mais d'utiliser ce dernier terme de manière globale.

Par conséquent, l'argument qui consiste à dire qu'il faut criminaliser la pédopornographie ne me pose pas de problème, dans la mesure où nous le faisons déjà à travers le concept de pédocriminalité.

En outre, quand on est dans une logique de représentation par des images, il me paraît compliqué – c'est une certitude lorsqu'on écoute les enquêteurs – d'intégrer une notion supplémentaire d'intention. La loi est claire quant aux sanctions à prévoir dans le cas d'images représentant des mineurs dans une situation d'inceste. Mais quand il s'agit de déterminer l'intention derrière la représentation d'un déguisement, le cas est plus difficile.

Dans la pratique, cela ajouterait des difficultés en matière juridique et d'enquête alors que l'on a déjà du mal à engager des poursuites quand il s'agit d'images de viol en ligne, de viol d'enfants ou d'images représentant les enfants en situation de pornographie c'est-à-dire dans des cas de pédocriminalité.

Je me rallie donc à l'avis du rapporteur car il nous faut garder nos objectifs principaux. Même si je comprends ce que veulent dire les auteurs de ces amendements sur ce qui relève de l'intention et de l'incitation, il est grand temps de concentrer notre action sur la répression des crimes réels, en y mettant les moyens nécessaires.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Ces amendements visent à modifier le code pénal. Il s'agit donc de toucher à des dispositions qui donneront lieu à un procès pénal et d'évoquer des situations d'une certaine gravité. Dès lors, on ne peut se permettre d'être approximatif.

L'interprétation du juge est large dans notre pays ; essayons donc d'être aussi concrets que possible dans nos propositions.

En matière pénale, on ne criminalise pas l'intention : notre collègue Elsa Schalck l'a rappelé en commission de manière très éloquente. En tant que rapporteur issu de la commission des lois, je me dois également d'être le gardien de ces grands principes du droit pénal.

Par ailleurs, la matérialité des faits doit l'emporter : soit ce sont des adultes, soit ce sont des enfants. S'il s'agit d'adultes, même s'ils jouent la comédie, cela reste des adultes.

Élargir tous les concepts du droit pour tenir compte de ceux qui se font passer pour des enfants alors que nous savons tous qu'ils ne le sont pas, c'est aller tout droit vers la censure du Conseil constitutionnel. Cela vaut pour cet amendement, mais aussi pour d'autres à l'endroit desquels je ferai preuve de la même fermeté.

Certes, votre argumentaire obéit à un autre raisonnement, auquel je ne suis pas totalement insensible. Toutefois, me faisant le gardien de la loi pénale telle qu'elle s'exerce dans notre pays, je rappelle que l'intention ne peut être criminalisée et que la matérialité primera toujours sur la fiction.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - Permalien
Charlotte Caubel

Tout d'abord, pour être parfaitement claire, ce sont les associations qui nous demandent de ne plus employer le terme « pédopornographie » pour lui préférer celui de « pédocriminalité ». Il ne s'agit donc pas pour nous d'opposer la pédopornographie à la pédocriminalité, mais d'utiliser ce dernier terme de manière globale.

Criminaliser la pédopornographie ne me pose donc aucun problème, dans la mesure où nous le faisons déjà à travers le concept de pédocriminalité.

En outre, dans une logique de représentation par des images, il me paraît compliqué – à entendre les enquêteurs, c'est même une certitude – d'intégrer une notion supplémentaire d'intention. La loi est claire quant aux sanctions à prévoir dans le cas d'images représentant des mineurs dans une situation d'inceste. Mais il est beaucoup plus difficile de déterminer l'intention derrière la représentation d'un déguisement.

Dans la pratique, cela ajouterait des difficultés juridiques et compliquerait la tâche des enquêteurs, alors que l'on a déjà du mal à engager des poursuites quand il s'agit d'images de viol en ligne, de viol d'enfants ou d'images représentant des enfants en situation de pornographie, c'est-à-dire dans des cas de pédocriminalité.

Je me rallie à l'avis du rapporteur, car nous devons nous en tenir à nos objectifs principaux, même si je comprends ce que veulent dire les auteurs de ces amendements sur ce qui relève de l'intention et de l'incitation. Il est grand temps de concentrer notre action sur la répression des crimes réels, en y mettant les moyens nécessaires.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Ces amendements visent à modifier le code pénal. Il s'agit donc de toucher à des dispositions qui donneront lieu à un procès pénal mettant en cause des parties, dans des situations d'une certaine gravité. On ne peut donc pas être approximatif.

L'interprétation du juge est large dans notre pays ; essayons donc d'être aussi concrets que possible dans nos propositions.

Tout d'abord, en matière pénale, on ne criminalise pas l'intention : notre collègue Elsa Schalck l'a rappelé en commission de manière très éloquente. En tant que rapporteur issu de la commission des lois, je me dois également d'être le gardien de ces grands principes du droit pénal.

Ensuite, la matérialité des faits doit l'emporter : soit ce sont des adultes, soit ce sont des enfants. S'il s'agit d'adultes, même s'ils jouent la comédie, cela reste des adultes.

Élargir tous les concepts du droit pour tenir compte de ceux qui se font passer pour des enfants alors que nous savons tous qu'ils ne le sont pas, c'est aller tout droit vers la censure du Conseil constitutionnel. Cela vaut pour cet amendement, mais aussi pour d'autres sur laquelle je ferai preuve de la même fermeté.

Certes, votre argumentaire obéit à un autre raisonnement et je n'y suis pas totalement insensible. Toutefois, me faisant le gardien de la loi pénale telle qu'elle s'exerce dans notre pays, je rappelle que l'intention ne peut pas être criminalisée et que la matérialité primera toujours sur la fiction.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Je suis très surprise par le tour que prend cette discussion.

Je m'attendais à d'autres arguments de votre part, monsieur le rapporteur. Je m'attendais notamment à ce que vous me disiez que mon amendement était satisfait en ce qui concerne les mineurs.

Mon but, en le déposant, était d'approfondir notre compréhension de l'article 227-23 du code pénal. Celui-ci prévoit en effet que l'image ou la représentation d'un mineur présentant un caractère pornographique est une infraction pénale. Le terme « représentation » vise le fait de vouloir montrer un mineur, peu importe que la personne incarnant cette représentation soit mineure.

La question que nous devons nous poser est de savoir si l'article 227-23 permet de faire retirer toutes les rubriques qui inondent les sites pornographiques sur internet et dont la classification relève d'une intention pédocriminelle, c'est-à-dire de l'intention de représenter la sexualité d'un majeur avec un mineur ?

Vous posez comme postulat, monsieur le rapporteur, qu'il s'agit de deux adultes ; mais personne n'en sait rien, pas même les enquêteurs. De ce qu'ils nous ont dit, madame la secrétaire d'État, j'ai compris qu'ils cherchaient à voir, image par image, si le jeune représenté était bien mineur. C'est sur ce critère qu'ils s'appuient pour lancer ou non des poursuites. Nous proposons simplement qu'ils puissent le faire sur une base plus large.

Vous avez tous suivi l'affaire Bastien Vivès. Où la situez-vous par rapport à nos débats ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Ces amendements visent à modifier le code pénal. Il s'agit donc de toucher à des dispositions qui donneront lieu à un procès pénal et d'évoquer des situations d'une certaine gravité. Dès lors, on ne peut se permettre d'être approximatif.

L'interprétation du juge est large dans notre pays ; essayons donc d'être aussi concrets que possible dans nos propositions.

En matière pénale, on ne criminalise pas l'intention : notre collègue Elsa Schalck l'a rappelé en commission de manière très éloquente. En tant que rapporteur issu de la commission des lois, je me dois également d'être le gardien de ces grands principes du droit pénal.

Par ailleurs, la matérialité des faits doit l'emporter : soit ce sont des adultes, soit ce sont des enfants. S'il s'agit d'adultes, même s'ils jouent la comédie, cela reste des adultes.

Élargir tous les concepts du droit pour tenir compte de ceux qui se font passer pour des enfants alors que nous savons tous qu'ils ne le sont pas, c'est aller tout droit vers la censure du Conseil constitutionnel. Cela vaut pour cet amendement, mais aussi pour d'autres à l'endroit desquels je ferai preuve de la même fermeté.

Certes, votre argumentaire obéit à un autre raisonnement, auquel je ne suis pas totalement insensible. Toutefois, me faisant le gardien de la loi pénale telle qu'elle s'exerce dans notre pays, je rappelle que l'intention ne peut être criminalisée et que la matérialité primera toujours sur la fiction.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Je suis très surprise par le tour que prend cette discussion car je m'attendais à d'autres arguments de votre part, monsieur le rapporteur. Je m'attendais notamment à ce que vous me disiez que mon amendement était satisfait en ce qui concerne les mineurs.

Mon but en le déposant était d'approfondir la compréhension que nous avions de l'article 227-23 du code pénal. Celui-ci prévoit en effet que l'image ou la représentation d'un mineur présentant un caractère pornographique est une infraction pénale. Par « représentation », on entend que l'on veut montrer un mineur, ce qui ne signifie pas que la personne représentée sera forcément mineure.

Telle est du moins la question que nous devons poser. Est-ce que l'article 227-23 permet de faire retirer toutes les rubriques qui inondent les sites pornographiques sur internet et qui sont toutes classifiées dans une intention pédocriminelle, c'est-à-dire dans l'intention de représenter la sexualité d'un majeur avec un mineur ?

Vous posez comme postulat, monsieur le rapporteur, qu'il s'agit de deux adultes, mais personne n'en sait rien, pas même les enquêteurs. De ce qu'ils nous ont dit, madame la secrétaire d'État, j'ai compris qu'ils cherchaient à voir, image par image, si le jeune représenté était bien mineur. En effet, tel est le critère qui leur permet de lancer des poursuites ou pas. Or, nous proposons qu'ils puissent le faire de manière large.

Par ailleurs, vous avez tous suivi l'affaire Bastien Vivès. Où la situez-vous par rapport à nos débats ?

Les amendements ne sont pas adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Je suis très surprise par le tour que prend cette discussion.

Je m'attendais à d'autres arguments de votre part, monsieur le rapporteur. Je m'attendais notamment à ce que vous me disiez que mon amendement était satisfait en ce qui concerne les mineurs.

Mon but, en le déposant, était d'approfondir notre compréhension de l'article 227-23 du code pénal. Celui-ci prévoit en effet que l'image ou la représentation d'un mineur présentant un caractère pornographique est une infraction pénale. Le terme « représentation » vise le fait de vouloir montrer un mineur, peu importe que la personne incarnant cette représentation soit majeure.

La question que nous devons nous poser est de savoir si l'article 227-23 permet de faire retirer toutes les rubriques qui inondent les sites pornographiques sur internet et dont la classification relève d'une intention pédocriminelle, c'est-à-dire de l'intention de représenter la sexualité d'un majeur avec un mineur ?

Vous posez comme postulat, monsieur le rapporteur, qu'il s'agit de deux adultes ; mais personne n'en sait rien, pas même les enquêteurs. De ce qu'ils nous ont dit, madame la secrétaire d'État, j'ai compris qu'ils cherchaient à voir, image par image, si le jeune représenté était bien mineur. C'est sur ce critère qu'ils s'appuient pour lancer ou non des poursuites. Nous proposons simplement qu'ils puissent le faire sur une base plus large.

Vous avez tous suivi l'affaire Bastien Vivès. Où la situez-vous par rapport à nos débats ?

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 8 rectifié, présenté par Mmes Rossignol et Blatrix Contat, MM. Kanner, Cardon, Durain, Féraud et Redon-Sarrazy, Mme S. Robert et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Au premier alinéa de l'article 227-23 du code pénal, les mots : «. Lorsque l'image ou la représentation concerne un mineur de quinze ans, ces faits sont punis » sont remplacés par le signe : «, ».

La parole est à Mme Laurence Rossignol.

Les amendements ne sont pas adoptés.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 8 rectifié est retiré.

L'amendement n° 6 rectifié, présenté par Mmes Rossignol et Blatrix Contat, MM. Kanner, Cardon, Durain, Féraud et Redon-Sarrazy, Mme S. Robert et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article 227-23 du code pénal est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Les dispositions du présent article sont applicables dès lors qu'elles ont pour intention de représenter des relations sexuelles de caractère incestueux. »

La parole est à Mme Laurence Rossignol.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Nos discussions sont difficiles tant l'écart est grand entre ce que la loi prévoit en matière d'incrimination possible, l'ensemble des infractions pénales commises par l'industrie pornographique au travers des contenus diffusés et la réalité des enquêtes menées et des poursuites engagées. Cet écart est tel que nous ne savons jamais exactement de quoi nous parlons.

Certes, charger la loi ne permet pas toujours d'aller plus loin ; mais la loi, dans certains cas, ne permet pas de poursuivre.

Cet amendement concerne l'inceste et c'est encore la même histoire : en ouvrant les rubriques des sites pornographiques, sans même avoir besoin de regarder les vidéos, il est possible d'accéder à des contenus intitulés « en famille », « entre frères et sœurs », « beau-père-belle-fille »…

C'est tout ce que nous combattons, tout ce que nous cherchons à faire reculer dans notre pays, tout ce contre quoi la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) et Édouard Durand sont mobilisés. C'est un fléau !

On considère que deux enfants par classe sont victimes d'inceste ; or ces enfants sont surexposés en raison de la banalisation de l'inceste par l'industrie pornographique. Comment voulez-vous que nous, pouvoirs publics et parlementaires, luttions contre le fléau de l'inceste si tout un chacun peut consulter un site et considérer l'inceste comme un fantasme parmi d'autres.

Que ce soit un fantasme n'est pas grave ; une collègue me disait voilà quelques jours que je voulais légiférer sur les fantasmes. Non, je veux légiférer non pas sur les fantasmes, mais sur les contenus représentant l'inceste, le banalisant, le transformant en une pratique sexuelle excitante pour les hommes qui consultent des sites pornographiques ! C'est cela qui est inacceptable !

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 8 rectifié, présenté par Mmes Rossignol et Blatrix Contat, MM. Kanner, Cardon, Durain, Féraud et Redon-Sarrazy, Mme S. Robert et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Au premier alinéa de l'article 227-23 du code pénal, les mots : «. Lorsque l'image ou la représentation concerne un mineur de quinze ans, ces faits sont punis » sont remplacés par le signe : «, ».

La parole est à Mme Laurence Rossignol.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Les arguments développés sur les amendements précédents valent aussi pour celui-ci, même s'il s'agit ici d'inceste et non de pédocriminalité : avis défavorable.

Par ailleurs, lorsque j'emploie le terme« inceste », je vise l'inceste réprimé par le droit pénal – les acceptions de ce mot diffèrent selon que l'on consulte le code pénal ou le Larousse.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Les arguments déjà développés pour justifier l'avis de la commission sur les amendements précédents sont également valables pour cet amendement, même si ce dernier vise cette fois l'inceste et non plus la pédocriminalité.

La commission émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

Par ailleurs, lorsque j'utilise le mot inceste, il s'agit de l'inceste réprimé par le droit pénal – je vous prie de m'excuser de faire de nouveau référence à ce droit.

En effet, les acceptions de ce mot diffèrent dans le code pénal et dans le Larousse.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 8 rectifié est retiré.

L'amendement n° 6 rectifié, présenté par Mmes Rossignol et Blatrix Contat, MM. Kanner, Cardon, Durain, Féraud et Redon-Sarrazy, Mme S. Robert et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article 227-23 du code pénal est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Les dispositions du présent article sont applicables dès lors qu'elles ont pour intention de représenter des relations sexuelles de caractère incestueux. »

La parole est à Mme Laurence Rossignol.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Nos discussions sont difficiles tant l'écart est grand entre ce que la loi prévoit en matière d'incrimination possible, l'ensemble des infractions pénales commises par l'industrie pornographique au travers des contenus diffusés et la réalité des enquêtes menées et des poursuites engagées. Cet écart est tel que nous ne savons jamais exactement de quoi nous parlons.

Certes, charger la loi ne permet pas toujours d'aller plus loin ; mais la loi, dans certains cas, ne permet pas de poursuivre.

Cet amendement concerne l'inceste, et c'est encore la même histoire : en ouvrant les rubriques des sites pornographiques, sans même avoir besoin de regarder les vidéos, il est possible d'accéder à des contenus intitulés « en famille », « entre frères et sœurs », « beau-père-belle-fille »…

C'est tout ce que nous combattons, tout ce que nous cherchons à faire reculer dans notre pays, tout ce contre quoi la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) et Édouard Durand sont mobilisés. C'est un fléau !

On considère que deux enfants par classe sont victimes d'inceste ; or ces enfants sont surexposés en raison de la banalisation de l'inceste par l'industrie pornographique. Comment voulez-vous que nous, pouvoirs publics et parlementaires, luttions contre le fléau de l'inceste si tout un chacun peut consulter un site et considérer l'inceste comme un fantasme parmi d'autres.

Que ce soit un fantasme n'est pas grave ; une collègue me disait voilà quelques jours que je voulais légiférer sur les fantasmes. Non, je veux légiférer non pas sur les fantasmes, mais sur les contenus représentant l'inceste, le banalisant, le transformant en une pratique sexuelle excitante pour les hommes qui consultent des sites pornographiques. C'est cela qui est inacceptable !

Debut de section - Permalien
Charlotte Caubel

À mon sens, les textes permettent déjà d'engager des poursuites.

Ainsi, pour ce qui concerne l'affaire Bastien Vivès, que vous avez évoquée, une enquête pénale est en cours et je m'en réjouis. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je n'ai pas saisi le procureur de la République en application de l'article 40 du code de procédure pénale.

À partir du moment où la représentation visée est celle d'une mineure et d'un membre de sa famille, le droit en vigueur est largement suffisant.

J'appelle votre attention sur les précédents amendements que vous avez défendus et qui visaient à déduire des tenues portées par une personne que celle-ci est représentée comme une mineure. J'y ai été défavorable en raison des difficultés pratiques que leur adoption aurait emportées pour les enquêteurs.

En revanche, nos services d'enquête doivent se consacrer à la lutte contre les sites entièrement dédiés à la diffusion de représentations de mineurs et qui banalisent les relations sexuelles avec des mineurs. Il s'agit donc davantage d'une question de moyens et de dynamique d'enquête.

Je considère que la loi permet déjà de mettre un terme à ce type d'images, raison pour laquelle le Gouvernement est également défavorable à cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Les arguments développés sur les amendements précédents valent aussi pour celui-ci, même s'il s'agit ici d'inceste et non de pédocriminalité : avis défavorable.

Par ailleurs, lorsque j'emploie le terme« inceste », je vise l'inceste réprimé par le droit pénal – les acceptions de ce mot diffèrent en effet selon que l'on consulte le code pénal ou le Larousse.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 122 rectifié quater, présenté par MM. Chaize, Retailleau, Bascher et Mandelli, Mmes Demas, Dumont, Jacques et Berthet, MM. Somon, Burgoa et C. Vial, Mmes Malet, V. Boyer et Eustache-Brinio, M. Bouchet, Mmes Lavarde et Bourrat, M. Calvet, Mme Bellurot, MM. Sido, Allizard, Bazin et Mouiller, Mmes Deseyne, Estrosi Sassone et Joseph, M. Perrin, Mmes Garnier et Gosselin, MM. Rapin et Brisson, Mmes Di Folco, Richer et L. Darcos, MM. Panunzi et Genet, Mmes Puissat, F. Gerbaud, Chauvin, M. Mercier et Borchio Fontimp, MM. Hugonet et D. Laurent, Mmes Micouleau et Belrhiti, M. B. Fournier, Mmes Del Fabro et Lassarade, MM. Klinger, Chevrollier, Piednoir et Gremillet, Mme Ventalon, MM. Lefèvre et Anglars, Mmes Pluchet et Schalck, MM. Malhuret, Tabarot et Bouloux et Mme de Cidrac, est ainsi libellé :

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Lorsqu'il est constaté des émeutes ou des mouvements populaires portant atteinte à l'ordre public ou à la sécurité publique et incitant de façon manifeste à la violence contre des personnes dépositaires de l'autorité publique, à la dégradation des bâtiments ou des installations publics ou à l'intrusion en leur sein, l'autorité administrative compétente peut émettre des injonctions de retrait à l'encontre de tout service de réseau social en ligne pour retirer ou bloquer l'accès des contenus, dans un délai de deux heures à compter de la réception de ladite injonction, incitant de façon manifeste aux émeutes, à la violence contre les personnes dépositaires de l'autorité publique, à la dégradation des bâtiments ou des installations publics ou à l'intrusion en leur sein.

II. – La méconnaissance de l'obligation mentionnée au présent I est punie d'un an d'emprisonnement et de 250 000 € d'amende.

III. – Les modalités d'application du présent article sont définies par décret en Conseil d'État.

La parole est à M. Patrick Chaize.

Debut de section - Permalien
Charlotte Caubel

À mon sens, les textes permettent déjà d'engager des poursuites.

Ainsi, pour ce qui concerne l'affaire Bastien Vivès, que vous avez évoquée, une enquête pénale est en cours et je m'en réjouis. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je n'ai pas saisi le procureur de la République en application de l'article 40 du code de procédure pénale.

À partir du moment où la représentation visée est celle d'une mineure et d'un membre de sa famille, le droit en vigueur est largement suffisant.

J'appelle votre attention sur les précédents amendements que vous avez défendus et qui visaient à déduire des tenues portées par une personne que celle-ci est représentée comme une mineure. J'y ai été défavorable en raison des difficultés pratiques que leur adoption aurait emportées pour les enquêteurs.

En revanche, nos services d'enquête doivent se consacrer à la lutte contre les sites entièrement dédiés à la diffusion de représentations de mineurs et qui banalisent les relations sexuelles avec des mineurs. Il s'agit donc davantage d'une question de moyens et de dynamique d'enquête.

Je considère que la loi permet déjà de mettre un terme à ce type d'images, raison pour laquelle le Gouvernement est également défavorable à cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

L'actualité de ces derniers jours témoigne des effets amplificateurs des réseaux sociaux sur les émeutes et les mouvements populaires violents.

La démultiplication des messages, des images, des vidéos et des rediffusions en direct des émeutes ou des mouvements populaires violents amplifie la participation à ces émeutes ou mouvements, en augmente le niveau de violence, conduisant ainsi à des atteintes inacceptables à l'encontre de personnes dépositaires de l'autorité publique, mais aussi à des dégradations et intrusions inadmissibles envers les bâtiments et installations publics.

La passivité des réseaux sociaux appelle une réponse plus ferme. Le présent amendement a pour objet de permettre aux autorités administratives compétentes d'émettre des injonctions de retrait à l'encontre des réseaux sociaux afin qu'ils retirent ou bloquent, dans un délai de deux heures, les contenus incitant de façon manifeste à la violence, notamment envers les personnes dépositaires de l'autorité publique.

Je veux enfin rendre hommage à nos forces de sécurité qui œuvrent chaque jour et chaque nuit, avec courage, pour maintenir l'ordre et qui se trouvent désemparées face à ces nouveaux outils, qui bénéficient de façon injuste aux casseurs.

Dans un débat sur la sécurisation et la régulation de l'espace numérique, je ne pouvais occulter ce sujet d'actualité.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Pierre-Jean Verzelen applaudit également.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 122 rectifié quater, présenté par MM. Chaize, Retailleau, Bascher et Mandelli, Mmes Demas, Dumont, Jacques et Berthet, MM. Somon, Burgoa et C. Vial, Mmes Malet, V. Boyer et Eustache-Brinio, M. Bouchet, Mmes Lavarde et Bourrat, M. Calvet, Mme Bellurot, MM. Sido, Allizard, Bazin et Mouiller, Mmes Deseyne, Estrosi Sassone et Joseph, M. Perrin, Mmes Garnier et Gosselin, MM. Rapin et Brisson, Mmes Di Folco, Richer et L. Darcos, MM. Panunzi et Genet, Mmes Puissat, F. Gerbaud, Chauvin, M. Mercier et Borchio Fontimp, MM. Hugonet et D. Laurent, Mmes Micouleau et Belrhiti, M. B. Fournier, Mmes Del Fabro et Lassarade, MM. Klinger, Chevrollier, Piednoir et Gremillet, Mme Ventalon, MM. Lefèvre et Anglars, Mmes Pluchet et Schalck, MM. Malhuret, Tabarot et Bouloux et Mme de Cidrac, est ainsi libellé :

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Lorsqu'il est constaté des émeutes ou des mouvements populaires portant atteinte à l'ordre public ou à la sécurité publique et incitant de façon manifeste à la violence contre des personnes dépositaires de l'autorité publique, à la dégradation des bâtiments ou des installations publics ou à l'intrusion en leur sein, l'autorité administrative compétente peut émettre des injonctions de retrait à l'encontre de tout service de réseau social en ligne pour retirer ou bloquer l'accès des contenus, dans un délai de deux heures à compter de la réception de ladite injonction, incitant de façon manifeste aux émeutes, à la violence contre les personnes dépositaires de l'autorité publique, à la dégradation des bâtiments ou des installations publics ou à l'intrusion en leur sein.

II. – La méconnaissance de l'obligation mentionnée au présent I est punie d'un an d'emprisonnement et de 250 000 euros d'amende.

III. – Les modalités d'application du présent article sont définies par décret en Conseil d'État.

La parole est à M. Patrick Chaize.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Patrick Chaize souhaite rendre inaccessibles les contenus qui appellent à la violence pendant les périodes d'émeutes, dans un délai de deux heures, par injonction de l'autorité administrative adressée aux réseaux sociaux.

Mon cher collègue, vous soulevez un débat essentiel et je vous en remercie. Toutefois, à ce stade, je considère qu'il s'agit d'un amendement d'appel.

Je profite de cette occasion pour rendre hommage, comme vous, à tous les élus locaux qui ont été agressés au cours de ces journées et de ces nuits d'émeutes, notamment au maire de L'Haÿ-les-Roses, ainsi qu'au jeune sapeur-pompier qui a donné sa vie pour lutter contre un incendie allumé par des inconscients, qui ne sont rien d'autre que des criminels.

En notre nom à tous, mes chers collègues, je veux assurer tous les élus locaux et tous les policiers, gendarmes et pompiers du soutien total, résolu, sans faille du Sénat.

Nous ne laisserons pas faire les délinquants qui abiment la démocratie. Nous devons être inflexibles face à ceux qui prennent prétexte de la mort d'un jeune homme de 17 ans pour casser, incendier, dégrader les bâtiments publics et privés, face à ceux qui profitent d'un drame absolu pour s'en prendre à nos maires.

Or il est impossible de nier le rôle important joué par les réseaux sociaux dans la propagation des pillages, des violences et des atteintes de toute nature à l'autorité de l'État qui ont suivi la mort du jeune Nahel.

Il faut le rappeler à tous ceux qui se croient protégés par l'écran de leur téléphone : quels que soient les moyens par lesquels elles sont commises, l'incitation à la violence et la diffusion d'images représentant des crimes ou des délits sont punies par la loi .Ceux qui se prêtent à ces actes insupportables encourent des peines méritées de prison ferme.

Grâce à la commission spéciale sur le projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique et au Sénat, ils encourront bientôt une peine de bannissement. En effet, c'est bien sur notre initiative que les délits d'appel à l'attroupement armé et d'atteinte à la démocratie ont été ajoutés dans le périmètre de cette nouvelle peine complémentaire, la semaine dernière.

C'est aussi grâce au Sénat que la peine de bannissement pourra s'appliquer à ceux qui harcèlent et insultent les élus sur les réseaux sociaux.

Monsieur le ministre, sans évoquer les déclarations les plus récentes du Président de la République, j'en profite pour vous interpeller sur celles de votre collègue garde des sceaux, qui a appelé à « péter les comptes Snapchat ».

Ces propos ont suscité des interrogations, celles de Patrick Chaize et de nous tous, sur la manière dont la justice est en mesure, aujourd'hui, en droit positif, de répondre ou non à cet impératif.

Je sollicite donc l'avis du Gouvernement sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

L'actualité de ces derniers jours témoigne des effets amplificateurs des réseaux sociaux sur les émeutes et les mouvements populaires violents.

La démultiplication des messages, des images, des vidéos et des rediffusions en direct des émeutes ou des mouvements populaires violents renforce la participation à ces émeutes ou mouvements, en augmente le niveau de violence, conduisant ainsi non seulement à des atteintes inacceptables à l'encontre de personnes dépositaires de l'autorité publique, mais aussi à des dégradations et intrusions inadmissibles envers les bâtiments et installations publics.

La passivité des réseaux sociaux appelle une réponse plus ferme. Le présent amendement a pour objet de permettre aux autorités administratives compétentes d'émettre des injonctions à l'encontre des réseaux sociaux afin qu'ils retirent ou bloquent, dans un délai de deux heures, les contenus incitant de façon manifeste à la violence, notamment envers les personnes dépositaires de l'autorité publique.

Je veux enfin rendre hommage à nos forces de sécurité, qui œuvrent chaque jour et chaque nuit avec courage pour maintenir l'ordre et qui se trouvent désemparées face à ces nouveaux outils, qui bénéficient de façon injuste aux casseurs.

Dans un débat sur la sécurisation et la régulation de l'espace numérique, je ne pouvais occulter ce sujet d'actualité.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Pierre-Jean Verzelen applaudit également.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Monsieur le sénateur Patrick Chaize, je vous remercie d'avoir défendu cet amendement qui me permet de rendre compte de l'action du Gouvernement quant au rôle joué par les réseaux sociaux au cours de la semaine tragique qui vient de s'écouler.

Tout d'abord, je partage le constat : les réseaux sociaux ont indéniablement joué un rôle dans l'amplification de la violence. Toutefois, les racines de cette violence, qui s'est propagée dans le pays, ne sont pas à chercher, à mon sens, dans les réseaux sociaux.

Ces derniers ont contribué à amplifier la violence de deux façons.

La première est liée à l'existence de certaines fonctionnalités proposées par ces plateformes qui, indépendamment du caractère licite ou illicite des messages postés, ont facilité les regroupements et le développement de dynamiques émeutières.

La deuxième a trait à la diffusion d'images qui ont peut-être participé à la glorification ou à la banalisation des faits de de violence.

Face à cela, dès les premières heures et les premiers jours, le Gouvernement a appelé les plateformes à prendre leurs responsabilités.

Ainsi, vendredi dernier, à la mi-journée, avec le ministre de l'intérieur, j'ai convoqué les quatre principales plateformes.

Il s'agissait tout d'abord de leur rappeler leurs obligations légales : celle de retirer les contenus illicites qui leur sont signalés par les autorités et celle transmettre promptement les données demandées sur réquisition des autorités administrative et judiciaire afin d'identifier les détenteurs de comptes ou pour les besoins de l'enquête.

Nous leur avons aussi demandé d'aller un peu au-delà de leurs obligations légales et d'anticiper les termes du règlement relatif à un marché unique des services numériques, dit règlement sur les services numériques ou Digital Services Act (DSA), que le présent projet de loi permet de mettre en œuvre dans notre pays. Il s'agit, par exemple, de la nécessité d'analyser et de corriger le risque systémique qu'elles font peser sur la sécurité publique.

Avant l'adoption du règlement sur les services numériques, les plateformes avaient pour seule responsabilité de retirer les contenus qui leur étaient signalés et de répondre aux réquisitions des autorités administratives et judiciaires. Désormais, en sus de ces obligations, assorties de sanctions plus lourdes, elles devront se montrer bien plus attentives à la manière dont leur fonctionnement, par viralité, a enclenché ou amplifié des dynamiques émeutières comme celles qui se sont produites cette semaine.

Avec les services du ministère de l'intérieur, j'ai convoqué aujourd'hui une nouvelle réunion pour dresser le bilan de la semaine, obtenir des chiffres et vérifier que les quatre principales plateformes ont bien répondu à leurs obligations.

Force est de constater qu'elles l'ont fait : plusieurs milliers de contenus illicites ont été retirés, plusieurs centaines de comptes ont été supprimés et les plateformes ont répondu à plusieurs dizaines de réquisitions.

Par ailleurs, elles ont toutes pris un certain nombre de mesures pour atténuer les effets amplificateurs de leurs paramètres de fonctionnement sur la violence en raison de la viralité.

Si je comprends l'objet de cet amendement, je ne peux, comme je l'ai indiqué lors de nos échanges avec son auteur, qu'y être défavorable en raison d'un risque très élevé d'inconstitutionnalité du dispositif proposé.

À la suite de la saisine du Conseil constitutionnel par les sénateurs, la loi visant à lutter contre les contenus haineux sur internet, dite loi Avia, a été partiellement censurée, notamment les dispositions prévoyant l'obligation de retrait des contenus illicites en vingt-quatre heures pour les hébergeurs et les éditeurs de contenus en raison de leur caractère haineux, dont le non-respect était pénalement sanctionné.

En l'espèce, il s'agit non pas de vingt-quatre heures, mais de deux heures, soit un délai bien plus court.

La loi Avia a été partiellement censurée par le Conseil constitutionnel, à juste titre, car les hébergeurs auraient dû retirer très rapidement les contenus signalés pour éviter des peines d'emprisonnement et des amende se chiffrant en centaines de millions d'euros sans vérifier si lesdits contenus étaient véritablement illicites.

À mon sens, cet argument s'entend parfaitement, même s'il faut être très exigeant à l'égard des hébergeurs ou des plateformes.

Le règlement sur les services numériques prévoit d'ailleurs des sanctions allant jusqu'à 6 % du chiffre d'affaires mondial et au bannissement de l'Union européenne en cas de manquements répétés. Ce sont des sanctions lourdes.

Il faut leur imposer de prendre leurs responsabilités, sans toutefois les conduire à ne pas respecter la liberté d'expression. Nous n'avons pas encore tout à fait trouvé les bonnes formules.

J'y insiste, je comprends l'intention de M. Chaize. Aussi me semble-t-il important de trouver, de la façon la plus constructive, structurée et préparée possible, un moyen permettant aux plateformes de mettre en place, dans des moments comme ceux que nous venons de vivre, dès la première heure, les mesures nécessaires pour éviter ces phénomènes de viralité ou de géolocalisation qui ont indéniablement facilité les dynamiques émeutières de cette semaine.

Engageons cette réflexion à la faveur de la navette parlementaire. Le Président de la République vient d'appeler à na pas prendre à chaud des mesures trop dures que l'on pourrai regretter par la suite.

Monsieur le sénateur, je vous propose d'engager cette réflexion ensemble, mais aussi avec le ministre de la justice ou son représentant et avec les rapporteurs de l'Assemblée nationale, pour trouver la rédaction qui nous conviendra d'ici au mois de septembre et faire en sorte qu'elle soit adoptée à l'Assemblée nationale, ce dont je me porte garant.

Je vous propose de nous réunir dès la semaine prochaine, une fois que les rapporteurs de l'Assemblée nationale auront été désignés, pour commencer à travailler sur ce sujet. Je vous saurai gré de bien vouloir accepter cette proposition.

Le Gouvernement demande le retrait de cet amendement, afin d'engager le travail sur des bases sereines ; à défaut, il y sera défavorable.

Murmures sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Monsieur le rapporteur, suivez-vous l'avis du Gouvernement sur cet amendement ?

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Patrick Chaize souhaite rendre inaccessibles les contenus qui appellent à la violence pendant les périodes d'émeutes, dans un délai de deux heures, par injonction de l'autorité administrative adressée aux réseaux sociaux.

Mon cher collègue, vous soulevez un débat essentiel et je vous en remercie. Toutefois, à ce stade, je considère qu'il s'agit d'un amendement d'appel.

Je profite de cette occasion pour rendre hommage, comme vous, à tous les élus locaux qui ont été agressés au cours de ces journées et de ces nuits d'émeutes, notamment au maire de L'Haÿ-les-Roses, ainsi qu'au jeune sapeur-pompier qui a donné sa vie pour lutter contre un incendie allumé par des inconscients, qui ne sont rien d'autre que des criminels.

En notre nom à tous, mes chers collègues, je veux assurer tous les élus locaux et tous les policiers, gendarmes et pompiers du soutien total, résolu, sans faille du Sénat.

Nous ne laisserons pas faire les délinquants qui abiment la démocratie. Nous devons être inflexibles face à ceux qui prennent prétexte de la mort d'un jeune homme de 17 ans pour casser, incendier, dégrader les bâtiments publics et privés, face à ceux qui profitent d'un drame absolu pour s'en prendre à nos maires.

Or il est impossible de nier le rôle important joué par les réseaux sociaux dans la propagation des pillages, des violences et des atteintes de toute nature à l'autorité de l'État qui ont suivi la mort du jeune Nahel.

Il faut le rappeler à tous ceux qui se croient protégés par l'écran de leur téléphone : quels que soient les moyens par lesquels elles sont commises, l'incitation à la violence et la diffusion d'images représentant des crimes ou des délits sont punies par la loi .Ceux qui se prêtent à ces actes insupportables encourent des peines méritées de prison ferme.

Grâce à la commission spéciale sur le projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique et au Sénat, ils encourront bientôt une peine de bannissement. En effet, c'est bien sur notre initiative que les délits d'appel à l'attroupement armé et d'atteinte à la démocratie ont été ajoutés dans le périmètre de cette nouvelle peine complémentaire, la semaine dernière.

C'est aussi grâce au Sénat que la peine de bannissement pourra s'appliquer à ceux qui harcèlent et insultent les élus sur les réseaux sociaux.

Monsieur le ministre, sans évoquer les déclarations les plus récentes du Président de la République, j'en profite pour vous interpeller sur celles de votre collègue garde des sceaux, qui a appelé à « péter les comptes Snapchat ».

Ces propos ont suscité des interrogations, celles de Patrick Chaize et de nous tous, sur la manière dont la justice est en mesure, aujourd'hui, en droit positif, de répondre ou non à cet impératif.

Je sollicite donc l'avis du Gouvernement sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Quel est maintenant l'avis de la commission spéciale ?

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Si j'ai bien compris, l'objectif de Patrick Chaize, qui tirait profit du périmètre de ce projet de loi, était que nous puissions débattre ce soir à la lumière de ce qui se passe dans le pays depuis une semaine.

Ce débat est de nature à éclairer le vote du Sénat.

M. le ministre vient de proposer la mise en place d'un groupe de travail, proposition qui me semble très honnête et à laquelle je souscrirais bien volontiers si cela ne tenait qu'à moi.

En effet, l'objectif est non pas le vote de ce soir, mais le vote de la loi et sa promulgation après l'examen du Conseil constitutionnel.

L'objectif que nous devons garder à l'esprit est donc de parvenir à une rédaction suffisamment consensuelle pour passer les différentes étapes de la navette parlementaire et, in fine, ne pas être censurée par le Conseil constitutionnel avant de l'inscrire dans la loi commune.

Dans ce cas, nous avons intérêt à nous mettre autour d'une table pour trouver la rédaction la plus fluide et la plus équilibrée entre la réponse aux impérieuses nécessités du moment et la garantie des libertés publiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Si j'ai bien compris, Patrick Chaize souhaiter profiter du périmètre de ce projet de loi pour débattre de ce qui se passe dans le pays depuis une semaine et éclairer ainsi le vote du Sénat.

M. le ministre vient de proposer la mise en place d'un groupe de travail, proposition qui me semble très honnête et à laquelle je souscrirais bien volontiers si cela ne tenait qu'à moi. En effet, l'objectif est non pas le vote de ce soir, mais le vote de la loi et sa promulgation après l'examen du Conseil constitutionnel.

Il s'agit donc de parvenir à une rédaction suffisamment consensuelle pour passer les différentes étapes de la navette parlementaire et éviter, in fine, qu'elle ne soit censurée par le Conseil constitutionnel avant son inscription dans la loi commune.

Dans ce cas, nous avons intérêt à nous mettre autour d'une table pour trouver la rédaction la plus fluide et la plus équilibrée entre la réponse aux impérieuses nécessités du moment et la garantie des libertés publiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme la présidente de la commission spéciale.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Monsieur le sénateur Patrick Chaize, je vous remercie d'avoir défendu cet amendement, qui me permet de rendre compte de l'action du Gouvernement quant au rôle joué par les réseaux sociaux au cours de la semaine tragique qui vient de s'écouler.

Tout d'abord, je partage le constat : les réseaux sociaux ont indéniablement joué un rôle dans l'amplification de la violence. Toutefois, les racines de cette violence, qui s'est propagée dans le pays, ne sont pas à chercher, à mon sens, dans lesdits réseaux.

Ces derniers ont contribué à amplifier la violence de deux façons.

La première est liée à l'existence de certaines fonctionnalités proposées par ces plateformes. Indépendamment du caractère licite ou illicite des messages postés, celles-ci ont facilité les regroupements et le développement de dynamiques émeutières.

La deuxième a trait à la diffusion d'images qui ont peut-être participé à la glorification ou à la banalisation des faits de de violence.

Face à cette situation, dès les premières heures et les premiers jours, le Gouvernement a appelé les plateformes à prendre leurs responsabilités.

Ainsi, vendredi dernier, à la mi-journée, avec le ministre de l'intérieur, j'ai convoqué les quatre principales plateformes.

Il s'agissait tout d'abord de leur rappeler leurs obligations légales : celle de retirer les contenus illicites qui leur sont signalés par les autorités et celle de transmettre promptement les données demandées sur réquisition des autorités administrative et judiciaire afin d'identifier les détenteurs de comptes ou pour les besoins de l'enquête.

Nous leur avons aussi demandé d'aller un peu au-delà de leurs obligations légales et d'anticiper les termes du règlement DSA, que le présent projet de loi permet de mettre en œuvre dans notre pays. Il s'agit, par exemple, de la nécessité d'analyser et de corriger le risque systémique qu'elles font peser sur la sécurité publique.

Avant l'adoption du règlement sur les services numériques, les plateformes avaient pour seule responsabilité de retirer les contenus qui leur étaient signalés et de répondre aux réquisitions des autorités administratives et judiciaires. Désormais, en sus de ces obligations, assorties de sanctions plus lourdes, elles devront se montrer bien plus attentives à la manière dont leur fonctionnement, par viralité, a enclenché ou amplifié des dynamiques émeutières comme celles qui se sont produites cette semaine.

Avec les services du ministère de l'intérieur, j'ai convoqué aujourd'hui une nouvelle réunion pour dresser le bilan de la semaine, obtenir des chiffres et vérifier que les quatre principales plateformes ont bien répondu à leurs obligations.

Force est de constater qu'elles l'ont fait : plusieurs milliers de contenus illicites ont été retirés, plusieurs centaines de comptes ont été supprimés et les plateformes ont répondu à plusieurs dizaines de réquisitions.

Par ailleurs, elles ont toutes pris un certain nombre de mesures pour atténuer les effets amplificateurs de leurs paramètres de fonctionnement sur la violence via la viralité.

Si je comprends l'objet de cet amendement, je ne peux, comme je l'ai indiqué lors de nos échanges avec son auteur, qu'y être défavorable en raison d'un risque très élevé d'inconstitutionnalité du dispositif proposé.

À la suite de la saisine du Conseil constitutionnel par les sénateurs, la loi visant à lutter contre les contenus haineux sur internet, dite loi Avia, a été partiellement censurée, notamment les dispositions prévoyant l'obligation de retrait des contenus illicites en vingt-quatre heures pour les hébergeurs et les éditeurs de contenus en raison de leur caractère haineux, dont le non-respect était pénalement sanctionné.

En l'espèce, il s'agit non pas de vingt-quatre heures, mais de deux heures, soit un délai bien plus court.

La loi Avia a été partiellement censurée par le Conseil constitutionnel, à juste titre, car les hébergeurs auraient dû retirer très rapidement les contenus signalés pour éviter des peines d'emprisonnement et des amendes se chiffrant en centaines de millions d'euros sans pouvoir vérifier si lesdits contenus étaient véritablement illicites.

À mon sens, cet argument s'entend parfaitement, même s'il faut être très exigeant à l'égard des hébergeurs ou des plateformes.

Le règlement sur les services numériques prévoit d'ailleurs des sanctions allant jusqu'à 6 % du chiffre d'affaires mondial et au bannissement de l'Union européenne en cas de manquements répétés. Ce sont des sanctions lourdes.

Il faut leur imposer de prendre leurs responsabilités, sans toutefois les conduire à ne pas respecter la liberté d'expression. Nous n'avons pas encore tout à fait trouvé les bonnes formules.

J'y insiste, je comprends l'intention de M. Chaize. Aussi me semble-t-il important de trouver, de la façon la plus constructive, structurée et préparée possible, un moyen permettant aux plateformes de mettre en place, dans des moments comme ceux que nous venons de vivre, dès la première heure, les mesures nécessaires pour éviter ces phénomènes de viralité ou de géolocalisation qui ont indéniablement facilité les dynamiques émeutières de cette semaine.

Engageons cette réflexion à la faveur de la navette parlementaire. Le Président de la République vient d'appeler à na pas prendre à chaud des mesures trop dures que l'on pourrait regretter par la suite.

Monsieur le sénateur, je vous propose d'engager cette réflexion ensemble, mais aussi avec le ministre de la justice ou son représentant et avec les rapporteurs de l'Assemblée nationale, pour trouver la rédaction qui nous conviendra d'ici au mois de septembre et faire en sorte qu'elle soit adoptée à l'Assemblée nationale, ce dont je me porte garant.

Je vous propose de nous réunir dès la semaine prochaine, une fois que les rapporteurs de l'Assemblée nationale auront été désignés, pour commencer à travailler sur ce sujet. Je vous saurais gré de bien vouloir accepter cette proposition.

Le Gouvernement demande le retrait de cet amendement, afin d'engager le travail sur des bases sereines ; à défaut, il y sera défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

J'attire l'attention du Sénat sur nos travaux antérieurs.

J'ai eu l'honneur d'être rapporteure du projet de loi relatif à la lutte contre la manipulation de l'information avec Christophe-André Frassa, ainsi que du projet de loi Avia.

Comme vous l'avez d'ailleurs rappelé, monsieur le ministre, nous avions saisi le Conseil constitutionnel du projet de loi Avia, qui avait censuré les dispositions de ce texte qui visaient au retrait des contenus dans les vingt-quatre heures.

Si nous votions ce dispositif qui accorde seulement deux heures pour retirer le contenu contestable, déclaré comme étant illicite, nous nous mettrions en difficulté et nous serions en contradiction avec ce que le Sénat a voté de manière constante.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme la présidente de la commission spéciale.

Murmures sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Je voudrais attirer l'attention du Sénat sur nos travaux antérieurs.

J'ai eu l'honneur de rapporter la loi relative à la lutte contre la manipulation de l'information avec Christophe-André Frassa et la loi Avia.

Comme vous l'avez rappelé, monsieur le ministre, le Conseil constitutionnel, saisi par les sénateurs, avait censuré les dispositions de ce dernier texte qui visaient au retrait des contenus dans les vingt-quatre heures.

Si nous votions ce dispositif, qui accorde seulement deux heures pour retirer le contenu contestable, signalé comme étant illicite, nous serions en contradiction avec ce que le Sénat a voté de manière constante.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Quel est maintenant l'avis de la commission spéciale ?

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Je rappelle que lors de l'examen du projet de loi relatif à la lutte contre la manipulation de l'information, plusieurs groupes avaient déposé une motion tendant à opposer la question préalable et nous n'avions même pas discuté du texte pour ces mêmes raisons.

Je comprends parfaitement l'objet de cet amendement et, je me tourne vers vous, monsieur le ministre, la nécessité d'une réflexion sur le rôle des plateformes dans la diffusion de tels contenus.

Le DSA va être mis en œuvre ; nous allons donc voir comment il fonctionne. Si cela ne fonctionne pas bien, il faudra donc revoir notre copie et se montrer intraitable.

Je le redis, devant ma collègue Florence Blatrix Contat que je prends à témoin : les plateformes doivent absolument être enfin redevables et responsables de ce qui se passe sur les réseaux sociaux. En effet, leurs algorithmes amplifient de toute façon les contenus, parce qu'elles sont à la recherche du profit davantage que de la sécurité.

D'ailleurs, d'après des articles qui ont circulé ces derniers jours, l'utilisation de bots depuis l'étranger par certaines plateformes comme TikTok faisait monter en puissance ces contenus et contribuait à diffuser toujours plus ces images répréhensibles qui ont aussi conforté les émeutiers dans leur action.

Par conséquent, la responsabilité de ces plateformes est un vrai sujet, comme le sera sans doute, à l'avenir, celui d'un véritable statut.

Nous verrons comment le DSA sera appliqué – il faut qu'il le soit –, nous devons être intraitables, comme l'a déclaré Thierry Breton à Elon Musk qui s'interrogeait sur son application.

Toutefois, j'attire l'attention sur le risque d'être fortement en contradiction avec ce que nous avons voté, ce que le Conseil constitutionnel ne manquera pas de remarquer.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Si j'ai bien compris, Patrick Chaize souhaitait profiter du périmètre de ce projet de loi pour débattre de ce qui se passe dans le pays depuis une semaine et éclairer ainsi le vote du Sénat.

M. le ministre vient de proposer la mise en place d'un groupe de travail, proposition qui me semble très honnête et à laquelle je souscrirais bien volontiers si cela ne tenait qu'à moi. En effet, l'objectif est non pas le vote de ce soir, mais le vote de la loi et sa promulgation après l'examen du Conseil constitutionnel.

Il s'agit donc de parvenir à une rédaction suffisamment consensuelle pour passer les différentes étapes de la navette parlementaire et éviter, in fine, qu'elle ne soit censurée par le Conseil constitutionnel avant son inscription dans la loi commune.

Dans ce cas, nous avons intérêt à nous mettre autour d'une table pour trouver la rédaction la plus fluide et la plus équilibrée entre la réponse aux impérieuses nécessités du moment et la garantie des libertés publiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Pierre Ouzoulias, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Lors de l'examen du projet de loi relatif à la lutte contre la manipulation de l'information, plusieurs groupes avaient déposé une motion tendant à opposer la question préalable et nous n'avions même pas discuté du texte pour ces mêmes raisons.

Je comprends parfaitement l'objet de cet amendement. Monsieur le ministre, je me tourne vers vous pour évoquer la nécessaire réflexion à mener sur le rôle des plateformes dans la diffusion de tels contenus.

Le DSA va être mis en œuvre ; si le dispositif ne fonctionne pas bien, il faudra revoir notre copie et nous montrer intraitables.

Je le redis devant ma collègue Florence Blatrix Contat, que je prends à témoin : les plateformes doivent absolument être redevables et responsables de ce qui se passe sur les réseaux sociaux. Leurs algorithmes amplifient les contenus, parce qu'elles sont à la recherche plus du profit que de la sécurité.

Selon des articles publiés ces derniers jours, l'utilisation de bots depuis l'étranger par certaines plateformes comme TikTok a fait monter en puissance ces contenus et contribué à diffuser toujours davantage ces images répréhensibles qui ont conforté les émeutiers dans leur action.

La responsabilité de ces plateformes est un vrai sujet, comme le sera sans doute, à l'avenir, celui d'un véritable statut.

Nous devons être intraitables dans l'application du DSA, comme l'a déclaré Thierry Breton à Elon Musk.

Encore une fois, j'attire votre attention sur le risque de nous retrouver en contradiction avec nos votes constants, ce que le Conseil constitutionnel ne manquera pas de remarquer.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme la présidente de la commission spéciale.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

Monsieur le ministre, cher collègue, je partage tout à fait le constat dressé sur le rôle des réseaux sociaux.

Je m'associe également à vos marques de soutien aux élus et aux forces de police.

Toutefois, je dois rappeler moi aussi, comme l'ont fait M. le ministre et Mme la présidente Morin-Desailly, que vous aviez déféré au Conseil constitutionnel la loi Avia avec un argumentaire très clair.

Je me permets de lire la décision du Conseil qui reprend ce que vous aviez écrit : « l'atteinte portée à la liberté d'expression et de communication serait disproportionnée en raison de l'absence de garanties suffisantes. En outre, ils soutiennent que ces dispositions imposeraient à l'ensemble des éditeurs et hébergeurs des sujétions impossibles à satisfaire et méconnaîtraient, ce faisant, le principe d'égalité devant les charges publiques. »

Le Conseil constitutionnel vous a donné entièrement raison ; c'est pour cela qu'il censuré quasiment en totalité la loi Avia.

Par conséquent, pour rédiger un amendement, il faudrait repartir de la décision du Conseil constitutionnel n° 2020-801 DC du 18 juin 2020, …

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Pierre Ouzoulias, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Je voudrais attirer l'attention du Sénat sur nos travaux antérieurs.

J'ai eu l'honneur de rapporter la loi relative à la lutte contre la manipulation de l'information avec Christophe-André Frassa et la loi Avia.

Comme vous l'avez rappelé, monsieur le ministre, le Conseil constitutionnel, saisi par les sénateurs, avait censuré les dispositions de ce dernier texte qui visaient au retrait des contenus dans les vingt-quatre heures.

Si nous votions ce dispositif, qui accorde seulement deux heures pour retirer le contenu contestable, signalé comme étant illicite, nous serions en contradiction avec ce que le Sénat a voté de manière constante.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

Je partage tout à fait le constat dressé sur le rôle des réseaux sociaux. Je m'associe également à vos marques de soutien et aux élus et aux forces de police.

Toutefois, je dois rappeler, comme l'ont fait M. le ministre et Mme la présidente Morin-Desailly, que vous aviez déféré au Conseil constitutionnel la loi Avia avec un argumentaire très clair.

Je me permets de lire la décision du Conseil, qui reprend ce que vous aviez écrit : « l'atteinte portée à la liberté d'expression et de communication serait disproportionnée en raison de l'absence de garanties suffisantes. En outre, ils soutiennent que ces dispositions imposeraient à l'ensemble des éditeurs et hébergeurs des sujétions impossibles à satisfaire et méconnaîtraient, ce faisant, le principe d'égalité devant les charges publiques. »

Le Conseil constitutionnel vous a donné entièrement raison ; c'est pour cela qu'il censuré en quasi-totalité la loi Avia.

Par conséquent, pour rédiger un amendement, il faudrait repartir de la décision du Conseil constitutionnel n° 2020-801 DC du 18 juin 2020, …

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

… fondée sur une jurisprudence très précise relative à ce qu'il est possible de faire ou pas, dont vous vous êtes manifestement écartée.

Pour cette raison, à l'instar de ma collègue, je pense que le Conseil constitutionnel censurerait ce texte si votre amendement était adopté, de la même façon qu'il a censuré la loi Avia.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Lors de l'examen du projet de loi relatif à la lutte contre la manipulation de l'information, plusieurs groupes avaient déposé une motion tendant à opposer la question préalable pour ces mêmes raisons, et nous n'avions même pas discuté du texte.

Je comprends parfaitement l'objet de cet amendement. Monsieur le ministre, je me tourne vers vous pour évoquer la nécessaire réflexion à mener sur le rôle des plateformes dans la diffusion de tels contenus.

Le DSA va être mis en œuvre ; si le dispositif ne fonctionne pas bien, il faudra revoir notre copie et nous montrer intraitables.

Je le redis devant ma collègue Florence Blatrix Contat, que je prends à témoin : les plateformes doivent absolument être redevables et responsables de ce qui se passe sur les réseaux sociaux. Leurs algorithmes amplifient les contenus, parce qu'elles sont plus à la recherche du profit qu'à celle de la sécurité.

Selon des articles publiés ces derniers jours, l'utilisation de bots depuis l'étranger par certaines plateformes comme TikTok a fait monter en puissance ces contenus et contribué à diffuser toujours davantage ces images répréhensibles qui ont conforté les émeutiers dans leur action.

La responsabilité de ces plateformes est un vrai sujet, comme le sera sans doute, à l'avenir, celui d'un véritable statut.

Nous devons être intraitables dans l'application du DSA, comme l'a déclaré Thierry Breton à Elon Musk.

Encore une fois, j'attire votre attention sur le risque de nous retrouver en contradiction avec nos votes constants, ce que le Conseil constitutionnel ne manquera pas de remarquer.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Pierre Ouzoulias, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

… fondée sur une jurisprudence très précise relative à ce qu'il est possible de faire ou pas, dont vous vous êtes manifestement écarté.

Pour cette raison, à l'instar de ma collègue, je pense que le Conseil constitutionnel censurerait ce texte si votre amendement était adopté, de la même façon qu'il a censuré la loi Avia.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Comme je l'ai indiqué dans mon intervention lors de la discussion générale, nous avons constaté que les plateformes avaient joué un rôle de propagateur de ces émeutes effrayant : cela a flambé partout, les pillages se sont multipliés et sont évidemment inacceptables.

Voilà moins d'une semaine, alors que j'interrogeais ici le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin sur la loi de 2017 relative à la sécurité publique, dite loi Cazeneuve, celui-ci m'accusait de vouloir légiférer à chaud, ce qui était dangereux selon lui.

Or moins de six jours plus tard est déposé un amendement écrit à chaud et mal écrit, puisque s'il était voté tel quel, il aurait peu de chances de passer, sinon la navette parlementaire, à tout le moins la censure du Conseil constitutionnel, comme cela a été souligné.

Je partage les propos de M. le rapporteur. En effet, le champ d'application de la peine de bannissement a été élargi en commission, ce qui me semble être déjà une bonne étape, et le risque de censure est assez important.

Je voudrais rappeler que la vérité – ou une partie de cette vérité – sur les circonstances du drame de Nanterre a été révélé par une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux qui s'est propagée et qui a été diffusée massivement, ce qui a permis de voir une version des faits, pour une fois, qui n'est pas celle traditionnellement déclarée par la police.

Or qu'est-ce qui empêchera bientôt de juger que cette vidéo a incité à l'émeute et de demander son retrait comme c'était le souhait à l'époque de la loi pour une sécurité globale préservant les libertés ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Thomas Dossus, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

Mes chers collègues, je partage tout à fait le constat dressé sur le rôle des réseaux sociaux. Je m'associe également à vos marques de soutien et aux élus et aux forces de police.

Toutefois, je dois rappeler, comme l'ont fait M. le ministre et Mme la présidente Morin-Desailly, que vous aviez déféré au Conseil constitutionnel la loi Avia avec un argumentaire très clair.

Je me permets de lire la décision du Conseil, qui reprend ce que vous aviez écrit : « l'atteinte portée à la liberté d'expression et de communication serait disproportionnée en raison de l'absence de garanties suffisantes. En outre, ils soutiennent que ces dispositions imposeraient à l'ensemble des éditeurs et hébergeurs des sujétions impossibles à satisfaire et méconnaîtraient, ce faisant, le principe d'égalité devant les charges publiques. »

Le Conseil constitutionnel vous a donné entièrement raison et a censuré en quasi-totalité la loi Avia.

Par conséquent, pour rédiger un amendement efficace, il faudrait repartir de la décision du Conseil constitutionnel n° 2020-801 DC du 18 juin 2020, …

M. Patrick Chaize manifeste son désaccord.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Comme je l'ai souligné lors de la discussion générale, les plateformes ont joué un rôle effrayant de propagateur de ces émeutes : partout, la violence a flambé et les pillages – inacceptables – se sont multipliés.

Voilà moins d'une semaine, alors que j'interrogeais ici même le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin sur la loi de 2017 relative à la sécurité publique, dite loi Cazeneuve, celui-ci m'accusait de vouloir légiférer à chaud, ce qui était dangereux selon lui.

Or moins de six jours plus tard est déposé un amendement écrit à chaud, et plutôt mal écrit dans la mesure où, s'il était voté, il aurait du mal à survivre à la navette comme à la censure du Conseil constitutionnel.

Je partage les propos de M. le rapporteur : le champ d'application de la peine de bannissement a été élargi en commission, ce qui me semble déjà une bonne étape. Le risque de censure est assez important.

Je voudrais aussi rappeler que la vérité – ou une partie de cette vérité – sur les circonstances du drame de Nanterre a été révélé par une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux qui s'est propagée et qui a été diffusée massivement, ce qui a permis de voir une version des faits qui ne correspondait pas à celle traditionnellement déclarée par la police.

Or comment empêcher que cette vidéo soit considérée comme ayant incité à l'émeute et donc retirée, comme le proposait à l'époque la loi pour une sécurité globale préservant les libertés ?

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Ce type d'amendement m'inquiète, tout comme les propos du Président de la République qui propose de couper les réseaux sociaux, comme cela se pratique dans des régimes autoritaires ou, à tout le moins, moins démocrates que le nôtre.

M. Patrick Chaize manifeste son désaccord.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

… fondée sur une jurisprudence très précise relative à ce qu'il est possible de faire ou pas, dont vous vous êtes manifestement écarté.

Pour cette raison, à l'instar de ma collègue, je pense que le Conseil constitutionnel censurerait ce texte si votre amendement était adopté, de la même façon qu'il a censuré la loi Avia.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Thomas Dossus, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Ce type d'amendement m'inquiète, tout comme les mots du Président de la République qui propose de couper les réseaux sociaux, comme cela se pratique dans des régimes autoritaires, sinon moins démocrates que le nôtre.

Debut de section - PermalienPhoto de Didier Mandelli

J'ai bien écouté les arguments de M. le rapporteur, de la présidente de la commission spéciale et de M. le ministre.

Dans le passé, nous avons eu ce genre de discussions, lors de l'examen du projet de loi Avia auquel vous avez fait référence, mais également lors de celui du projet de loi d'orientation des mobilités.

Dans le cadre de l'examen de ce dernier projet de loi, nous avons voté un amendement qui avait été travaillé, à l'époque, avec la commission des lois au nom de laquelle Françoise Gatel était le rapporteur pour avis, tandis que j'étais rapporteur au nom de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable.

Nous avions inscrit dans ce projet de loi la suppression pendant deux heures des publications d'une communauté sur le réseau social Coyote ou un autre réseau assimilé afin d'éviter qu'une personne en fuite et ayant commis un acte criminel soit informée de la présence des forces de l'ordre sur son parcours.

Un précédent avait eu lieu en Bretagne : un criminel avait profité de ces publications pour commettre d'autres crimes.

Par conséquent, cette disposition existe et n'a pas été censurée par le Conseil constitutionnel.

Monsieur le ministre, j'ai entendu votre appel à la discussion et à l'échange afin de bâtir quelque chose de cohérent ; la navette parlementaire devrait permettre d'y parvenir dans de bonnes conditions.

J'invite et j'encourage mon éminent collègue Patrick Chaize à maintenir cet amendement que je voterai, bien sûr en tant que cosignataire, mais aussi parce que les arguments avancés ne m'ont pas convaincu à 100 %.

Il me semble que nous pouvons aller au-delà de ce qui est aujourd'hui proposé par le Gouvernement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Didier Mandelli, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Comme je l'ai souligné lors de la discussion générale, les plateformes ont joué un rôle effrayant dans la propagation de ces émeutes : partout, la violence a flambé et les pillages – inacceptables – se sont multipliés.

Voilà moins d'une semaine, alors que j'interrogeais ici même le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin sur la loi de 2017 relative à la sécurité publique, dite loi Cazeneuve, celui-ci m'accusait de vouloir légiférer à chaud, ce qui était dangereux selon lui. Or, moins de six jours plus tard, est déposé un amendement écrit à chaud, et plutôt mal écrit – le dispositif proposé aurait en effet bien du mal à survivre à la navette comme à la censure du Conseil constitutionnel.

Je partage les propos de M. le rapporteur : le champ d'application de la peine de bannissement a été élargi en commission, ce qui me semble déjà une bonne étape. Le risque de censure est assez important.

Je voudrais aussi rappeler que la vérité – ou une partie de cette vérité – sur les circonstances du drame de Nanterre a été révélée par une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux qui s'est propagée et qui a été diffusée massivement, ce qui a permis de voir une version des faits qui ne correspondait pas à celle traditionnellement déclarée par la police.

Comment aurait-on pu empêcher que cette vidéo soit considérée comme ayant incité à l'émeute, et qu'elle soit donc retirée, comme le prévoyait à l'époque la loi pour une sécurité globale préservant les libertés ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Cédric Vial, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Didier Mandelli

J'ai bien écouté les arguments de M. le rapporteur, de la présidente de la commission spéciale et de M. le ministre.

Dans le passé, nous avons eu ce genre de discussions, à l'occasion de la loi Avia et de la loi d'orientation des mobilités (LOM).

Lors de l'examen de ce dernier texte, nous avions voté un amendement, qui avait été travaillé avec Françoise Gatel, rapporteur pour avis de la commission des lois, alors que j'étais le rapporteur de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable, qui visait à inscrire dans la loi la suppression des publications d'une communauté sur le réseau social Coyote ou un autre réseau assimilé pendant deux heures, afin d'éviter qu'une personne en fuite et ayant commis un acte criminel soit informée de la présence des forces de l'ordre sur son parcours. Nous nous étions inspirés d'un précédent : en Bretagne, un criminel avait profité de ces publications pour commettre d'autres exactions.

Or cette disposition n'avait pas été censurée par le Conseil constitutionnel.

Monsieur le ministre, j'ai entendu votre appel à la discussion et à l'échange afin de bâtir quelque chose de cohérent ; la navette parlementaire devrait permettre d'y parvenir dans de bonnes conditions.

J'invite et j'encourage mon éminent collègue Patrick Chaize à maintenir cet amendement que je voterai, bien sûr en tant que cosignataire, mais aussi parce que les arguments avancés ne m'ont pas convaincu à 100 %.

Il me semble que nous pouvons aller au-delà de ce qui est aujourd'hui proposé par le Gouvernement.

M. Patrick Chaize manifeste son désaccord.

Debut de section - PermalienPhoto de Cédric Vial

Monsieur le ministre, j'irai dans le même sens que mon collègue Mandelli.

Nous sommes tous d'accord sur l'intention, ce qui est déjà une bonne chose. L'objet de cet amendement semble réunir un quasi-consensus, modulo peut-être l'appréciation de M. Dossus.

Nous sommes également tous d'accord pour reconnaître que la rédaction de cet amendement pourrait être améliorée. Dont acte !

Néanmoins, j'ai cosigné cet amendement et je souhaite que mon collègue Patrick Chaize le maintienne, car la navette parlementaire permettra de le modifier.

Monsieur le ministre, vous n'y êtes peut-être pas pour grand-chose, mais la crédibilité du banc du Gouvernement est complètement émoussée, lorsque celui-ci nous assure que le travail se fera plus tard.

Vos collègues Bruno Le Maire, Gabriel Attal ou Jean-Noël Guérini ont épuisé la confiance de nos collègues sénateurs.

Par conséquent, nous préférons que cet amendement soit adopté, quitte à être modifié ensuite, plutôt que de se laisser bercer par la promesse d'un travail soi-disant transpartisan à venir. (

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Cédric Vial, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Ce type d'amendement m'inquiète, au même titre que les mots du Président de la République qui propose de couper les réseaux sociaux, comme cela se pratique dans des régimes autoritaires, sinon moins démocrates que le nôtre.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Mes chers collègues, à la demande de M. le ministre, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

Debut de section - PermalienPhoto de Cédric Vial

Monsieur le ministre, j'irai dans le même sens que mon collègue Mandelli.

Nous sommes tous d'accord sur l'intention, ce qui est déjà une bonne chose. L'objet de cet amendement semble réunir un quasi-consensus, modulo peut-être l'appréciation de M. Dossus.

Nous sommes également tous d'accord pour reconnaître que la rédaction de cet amendement pourrait être améliorée. Dont acte !

Néanmoins, j'ai cosigné cet amendement et je souhaite que mon collègue Patrick Chaize le maintienne, car la navette parlementaire permettra de le modifier.

Monsieur le ministre, vous n'y êtes peut-être pas pour grand-chose, mais la crédibilité du Gouvernement est complètement émoussée lorsqu'il nous assure que le travail sera fait, mais plus tard ! Vos collègues Bruno Le Maire, Gabriel Attal ou Jean-Noël Guérini ont épuisé la confiance des sénateurs.

Par conséquent, nous préférons adopter cet amendement, quitte à le modifier au cours de la navette, plutôt que de se laisser bercer par la promesse d'un travail soi-disant transpartisan à venir. (

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Didier Mandelli, pour explication de vote.

La séance, suspendue à vingt-deux heures cinquante-six,

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Mes chers collègues, à la demande de M. le ministre, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

Debut de section - PermalienPhoto de Didier Mandelli

J'ai bien écouté les arguments de M. le rapporteur, de la présidente de la commission spéciale et de M. le ministre.

Dans le passé, nous avons eu ce genre de discussions, à l'occasion de la loi Avia et de la loi d'orientation des mobilités (LOM).

Lors de l'examen de ce dernier texte, nous avions voté un amendement, qui avait été travaillé avec Françoise Gatel, rapporteur pour avis de la commission des lois, alors que j'étais le rapporteur de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable, qui visait à inscrire dans la loi la suppression des publications d'une communauté sur le réseau social Coyote ou un autre réseau assimilé pendant deux heures, afin d'éviter qu'une personne en fuite et ayant commis un acte criminel soit informée de la présence des forces de l'ordre sur son parcours. Nous nous étions inspirés d'un précédent : en Bretagne, un criminel avait profité de ces publications pour commettre d'autres exactions.

Or cette disposition n'avait pas été censurée par le Conseil constitutionnel.

Monsieur le ministre, j'ai entendu votre appel à la discussion et à l'échange afin de bâtir quelque chose de cohérent ; la navette parlementaire devrait permettre d'y parvenir dans de bonnes conditions.

J'invite et j'encourage mon éminent collègue Patrick Chaize à maintenir cet amendement, que je voterai, non seulement en tant que cosignataire, mais aussi parce que les arguments avancés ne m'ont pas convaincu à 100 %.

Il me semble que nous pouvons aller au-delà de ce qui est aujourd'hui proposé par le Gouvernement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La séance est reprise.

La parole est à M. Patrick Chaize, pour explication de vote.

La séance, suspendue à vingt-deux heures cinquante-six,

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Cédric Vial, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Il beaucoup été fait état de la loi visant à lutter contre les contenus haineux sur internet, dite loi Avia.

Or, pour la rédaction du présent amendement, ma philosophie a été inspirée en réalité par les dispositions de la loi d'orientation des mobilités (LOM) visant à lutter contre des applications de type Coyote, qui prévoient non pas un délai de deux heures, mais un effet immédiat. Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas possible dans le cadre de ce texte !

Par ailleurs, ce matin même, le Président de la République a proposé de bloquer les réseaux sociaux ; cela va bien plus loin que le simple retrait de contenus qui est prévu dans mon amendement…

Enfin, je souligne que cet amendement a été signé par nombre de nos collègues, ce qui atteste de son intérêt.

Néanmoins, monsieur le ministre, j'ai entendu votre proposition. Vous l'aurez compris, en demandant le retrait de mon amendement, vous me mettez en grande difficulté vis-à-vis de mes collègues. Néanmoins, je veux bien passer outre et le retirer, à condition que soient organisées les réunions de travail que vous avez évoquées.

Je vous demanderai donc de nous soumettre, dès demain, une date pour l'engagement de ces travaux, auxquels les dispositions de cet amendement, qui ont le mérite d'être d'ores et déjà construites, serviraient de base.

J'ai conscience que ledit amendement, qui a été rédigé dans l'urgence, est imparfait et perfectible. Mais, je le répète, ses dispositions me semblent constituer une base de travail légitime.

Je retire donc mon amendement, madame la présidente.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La séance est reprise.

La parole est à M. Patrick Chaize, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Cédric Vial

Monsieur le ministre, j'irai dans le même sens que mon collègue Mandelli.

Nous sommes tous d'accord sur l'intention, ce qui est déjà une bonne chose. L'objet de cet amendement semble réunir un quasi-consensus, modulo peut-être l'appréciation de M. Dossus.

Nous sommes également tous d'accord pour reconnaître que la rédaction de cet amendement pourrait être améliorée. Dont acte !

Néanmoins, j'ai cosigné cet amendement et je souhaite que mon collègue Patrick Chaize le maintienne, car la navette parlementaire permettra d'en modifier les dispositions.

Monsieur le ministre, vous n'y êtes peut-être pas pour grand-chose, mais la crédibilité du Gouvernement est complètement émoussée lorsqu'il nous assure que le travail sera fait, mais plus tard ! Vos collègues Bruno Le Maire, Gabriel Attal ou Jean-Noël Guérini ont épuisé la confiance des sénateurs.

Par conséquent, nous préférons adopter cet amendement, quitte à le modifier au cours de la navette, plutôt que de se laisser bercer par la promesse d'un travail soi-disant transpartisan à venir. (

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Il beaucoup été fait état de la loi visant à lutter contre les contenus haineux sur internet, dite loi Avia.

Or, pour la rédaction du présent amendement, ma philosophie a été inspirée en réalité par les dispositions de la loi d'orientation des mobilités (LOM) visant à lutter contre des applications de type Coyote, qui prévoient non pas un délai de deux heures, mais un effet immédiat. Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas possible dans le cadre de ce texte !

Par ailleurs, ce matin même, le Président de la République a proposé de bloquer les réseaux sociaux ; cela va bien plus loin que le simple retrait de contenus qui est prévu dans mon amendement…

Enfin, je souligne que cet amendement a été signé par nombre de nos collègues, ce qui atteste de son intérêt.

Néanmoins, monsieur le ministre, j'ai entendu votre proposition. Vous l'aurez compris, en demandant le retrait de mon amendement, vous me mettez en grande difficulté vis-à-vis de mes collègues. Néanmoins, je veux bien passer outre et le retirer, à condition que soient organisées les réunions de travail que vous avez évoquées.

Je vous demanderai donc de nous soumettre, dès demain, une date pour l'engagement de ces travaux, auxquels les dispositions de cet amendement, qui ont le mérite d'être d'ores et déjà construites, serviraient de base.

J'ai conscience que ledit amendement, qui a été rédigé dans l'urgence, est imparfait et perfectible. Mais, je le répète, ses dispositions me semblent constituer une base de travail légitime.

Je retire donc mon amendement, madame la présidente.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Mes chers collègues, à la demande de M. le ministre, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

Debut de section - PermalienPhoto de Cédric Vial

M. Cédric Vial. Je le reprends, madame la présidente !

La séance, suspendue à vingt-deux heures cinquante-cinq,

Exclamations.

Debut de section - PermalienPhoto de Cédric Vial

M. Cédric Vial. Je le reprends, madame la présidente !

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La séance est reprise.

La parole est à M. Patrick Chaize, pour explication de vote.

Exclamations.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Il beaucoup été fait état de la loi visant à lutter contre les contenus haineux sur internet, dite loi Avia.

Or, pour la rédaction du présent amendement, ma philosophie a été inspirée en réalité par les dispositions de la loi d'orientation des mobilités (LOM) visant à lutter contre des applications de type Coyote, qui prévoient non pas un délai de deux heures, mais un effet immédiat. Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas possible dans le cadre de ce texte !

Par ailleurs, ce matin même, le Président de la République a proposé de bloquer les réseaux sociaux ; cela va bien plus loin que le simple retrait de contenus qui est prévu dans mon amendement…

Enfin, je souligne que cet amendement a été signé par nombre de nos collègues, ce qui atteste de son intérêt.

Néanmoins, monsieur le ministre, j'ai entendu votre proposition. Vous l'aurez compris, en demandant le retrait de mon amendement, vous me mettez en grande difficulté vis-à-vis de mes collègues. Néanmoins, je veux bien passer outre et le retirer, à condition que soient organisées les réunions de travail que vous avez évoquées.

Je vous demanderai donc de nous soumettre, dès demain, une date pour l'engagement de ces travaux, auxquels les dispositions de cet amendement, qui ont le mérite d'être d'ores et déjà construites, serviraient de base.

J'ai conscience que ledit amendement, qui a été rédigé dans l'urgence, est imparfait et perfectible. Mais, je le répète, ses dispositions me semblent constituer une base de travail légitime.

Je retire donc mon amendement, madame la présidente.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

C'est impossible, mon cher collègue : vous ne pouvez reprendre un amendement dont vous êtes cosignataire.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

Monsieur le ministre, vous pourriez répondre à M. Chaize !

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

C'est impossible, mon cher collègue : vous ne pouvez reprendre un amendement dont vous êtes cosignataire.

Debut de section - PermalienPhoto de Cédric Vial

M. Cédric Vial. Je le reprends, madame la présidente !

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

Monsieur le ministre, vous pourriez répondre à M. Chaize !

Exclamations.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Monsieur le sénateur, je vous proposerai une date dès demain, pour que nous puissions travailler ensemble.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Monsieur le sénateur, je vous proposerai une date dès demain, pour que nous puissions travailler ensemble.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

C'est impossible, mon cher collègue : vous ne pouvez reprendre un amendement dont vous êtes cosignataire.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

En prenant un peu de distance avec les événements que nous connaissons depuis une semaine, vous constaterez qu'il nous faudra apporter des réponses qu'il est très difficile, comme l'a dit le Président de la République, de trouver à chaud.

Nous sommes ici rassemblés pour légiférer sur l'espace numérique et avons devant nous encore quelques heures de débat, puis une navette parlementaire.

L'examen du texte à l'Assemblée nationale sera l'occasion de porter une disposition nouvelle, et la commission mixte paritaire mettra tout le monde d'accord. Nous espérons, bien sûr, comme l'a justement rappelé le rapporteur, que l'ensemble du texte sera validé, ensuite, par le Conseil constitutionnel.

Saisissons-nous de ce sujet : sur la base de la rédaction proposée par Patrick Chaize, construisons ensemble, notamment avec les rapporteurs des deux assemblées, un dispositif qui pourra être adopté à l'Assemblée nationale.

Nous parviendrons ainsi à un dispositif équilibré et solide, qui nous permettra, après que nous aurons identifié les points à régler et tiré les leçons de la semaine écoulée, de disposer des outils nécessaires pour prévenir à l'avenir ce type d'événements.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

Monsieur le ministre, vous pourriez répondre à M. Chaize !

Jean-Noël Barrot, ministre délégué

En prenant un peu de distance avec les événements que nous connaissons depuis une semaine, vous constaterez qu'il nous faudra apporter des réponses qu'il est très difficile, comme l'a dit le Président de la République, de trouver à chaud.

Nous sommes ici rassemblés pour légiférer sur l'espace numérique et avons devant nous encore quelques heures de débat, puis une navette parlementaire.

L'examen du texte à l'Assemblée nationale sera l'occasion de porter une disposition nouvelle, et la commission mixte paritaire mettra tout le monde d'accord. Nous espérons, bien sûr, comme l'a justement rappelé le rapporteur, que l'ensemble du texte sera validé, ensuite, par le Conseil constitutionnel.

Saisissons-nous de ce sujet : sur la base de la rédaction proposée par Patrick Chaize, construisons ensemble, notamment avec les rapporteurs des deux assemblées, un dispositif qui pourra être adopté à l'Assemblée nationale.

Nous parviendrons ainsi à un dispositif équilibré et solide, qui nous permettra, après que nous aurons identifié les points à régler et tiré les leçons de la semaine écoulée, de disposer des outils nécessaires pour prévenir à l'avenir ce type d'événements.

Article 5

Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Monsieur le sénateur, je vous proposerai une date dès demain, pour que nous puissions travailler ensemble.

Photo de Pascale Gruny

L'amendement n° 68 rectifié bis, présenté par M. Fialaire, Mme N. Delattre, MM. Bilhac, Corbisez, Gold et Guérini, Mme Guillotin, M. Guiol, Mme Pantel et MM. Requier, Roux et Cabanel, est ainsi libellé :

Alinéa 3, première phrase

Après les mots :

ayant été utilisés

insérer les mots :

, ou non,

La parole est à M. Bernard Fialaire.

Le code pénal est ainsi modifié :

1° L'article 131-35-1 est ainsi rétabli :

« Art. 131 -35 -1. – I. – Pour les délits mentionnés au II du présent article, le tribunal peut ordonner à titre complémentaire la suspension du ou des comptes d'accès à un ou plusieurs services en ligne ayant été utilisés pour commettre l'infraction, y compris si ces services n'ont pas constitué le moyen unique ou principal de cette commission. Le présent alinéa s'applique aux comptes d'accès aux services de plateforme en ligne définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, aux services de réseaux sociaux en ligne et aux services de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828.

« La suspension est prononcée pour une durée maximale de 6 mois ; cette durée est portée à un an lorsque la personne est en état de récidive légale.

« Le prononcé de la peine complémentaire mentionnée au premier alinéa et la dénomination du compte d'accès ayant été utilisé pour commettre l'infraction est signifié aux fournisseurs de services concernés. À compter de cette signification et pour la durée d'exécution de la peine complémentaire, ils procèdent au blocage du ou des comptes précités et mettent en œuvre, dans les limites prévues par l'article 46 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, des mesures permettant de procéder au blocage des autres comptes d'accès à leur service éventuellement détenus par la personne condamnée et d'empêcher la création de nouveaux comptes par la même personne.

« Le fait, pour le fournisseur, de ne pas procéder au blocage du ou des comptes visés par la peine complémentaire est puni de 75 000 euros d'amende.

« Pour l'exécution de la peine complémentaire mentionnée au premier alinéa et par dérogation au troisième alinéa de l'article 702-1 du code de procédure pénale, la première demande de relèvement de cette peine peut être portée par la personne condamnée devant la juridiction compétente à l'issue d'un délai de trois mois après la décision initiale de condamnation.

« II. – Les délits pour lesquels cette peine complémentaire est encourue sont :

« 1° Les délits prévus aux articles 222-33, 222-33-1-1, 222-33-2, 222-33-2-1, 222-33-2-2, 222-33-2-3 et au deuxième alinéa de l'article 222-33-3 ;

« 2° Les délits prévus aux articles 225-4-13, 225-5, 225-6 et 225-10 ;

« 3° Les délits prévus aux articles 226-1 à 226-3, 226-4-1 et 226-8 ;

« 4° Les délits prévus aux articles 227-4-2 et 227-22 à 227-24 ;

« 5° Les délits prévus aux articles 223-1-1, 226-10, 226-21, 226-22, 413-13 et 413-14 ;

« 6° Les délits prévus aux articles 312-10 à 312-12 ;

« 7° Les délits de provocation prévus aux articles 211-2, 223-13, 227-18 à 227-21, 412-8 et 431-6 ;

« 8° Le délit prévu à l'article 421-2-5 ;

« 9° Les délits prévus aux articles 431-1, 433-3 et 433-3-1 ;

« 10° Les délits prévus aux cinquième, septième et huitième alinéas de l'article 24 et à l'article 24 bis de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. » ;

a) Après le 12°, il est inséré un 12° bis ainsi rédigé :

« 12° bis L'interdiction, pour une durée de trois ans au plus, d'accéder à un ou plusieurs services de plateforme en ligne définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, services de réseaux sociaux en ligne et services de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828 ; les dispositions du présent alinéa s'appliquent lorsque l'infraction a été commise en recourant à un service en ligne, y compris si celui-ci n'a pas été le moyen unique ou principal de cette commission ; »

b) Au dernier alinéa, après la référence : « 12° », est insérée la référence : «, 12° bis » ;

« 13° bis Lorsque l'infraction a été commise en recourant à un service en ligne, y compris si celui-ci n'a pas été le moyen unique ou principal de cette commission, s'abstenir d'accéder à certains services désignés par la juridiction ; les dispositions du présent alinéa sont applicables aux services de plateforme en ligne tels que définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, aux services de réseaux sociaux en ligne et aux services de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828 ; ».

II

« 9° bis Ne pas accéder, pour une durée qui ne saurait excéder six mois, à un ou des services de plateforme en ligne définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, services de réseaux sociaux en ligne et services de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828 ; ».

Photo de Bernard Fialaire

L'article 5 du projet de loi confère au juge la capacité de prononcer une peine complémentaire de suspension du ou des comptes d'accès à un ou plusieurs services en ligne ayant été utilisés pour commettre l'infraction.

Or la suppression desdits comptes n'empêchera pas l'utilisateur délinquant de se déporter vers d'autres plateformes, afin de poursuivre ses agissements délictueux.

Cet amendement vise donc à permettre au juge d'ordonner la suppression de tous les comptes d'accès à un ou plusieurs services en ligne existants ou nouvellement créés, qu'ils aient été utilisés ou non pour commettre l'infraction, dès lors que les conditions techniques et juridiques sont garanties.

J'entends bien qu'un tel élargissement doit être entouré de garanties, afin de répondre au principe constitutionnel de proportionnalité des peines, également appelé principe de nécessité des peines, et conforme à la protection de la liberté d'expression et de communication.

C'est pourquoi, premièrement, le prononcé de cette peine complémentaire revêt un caractère facultatif laissé à l'appréciation du juge ; deuxièmement, le juge doit être en mesure d'affirmer que le délinquant sera susceptible de poursuivre ces délits sur d'autres plateformes, notamment à l'aune de ses agissements passés ; troisièmement, cette peine complémentaire est encourue seulement en cas de condamnation pour des infractions graves commises au moyen d'un service de plateforme en ligne.

Enfin, s'agissant des sanctions restreignant la liberté d'expression, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a jugé, dans l'arrêt Affaire M ouvement raëlien suisse c. Suisse du 13 juillet 2012, que l'interdiction d'accès à un média pouvait être considérée comme justifiée et proportionnée, notamment dès lors qu'il existe des possibilités de diffusion des idées par le biais d'autres médias et canaux.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 68 rectifié bis, présenté par M. Fialaire, Mme N. Delattre, MM. Bilhac, Corbisez, Gold et Guérini, Mme Guillotin, M. Guiol, Mme Pantel et MM. Requier, Roux et Cabanel, est ainsi libellé :

Alinéa 3, première phrase

Après les mots :

ayant été utilisés

insérer les mots :

, ou non,

La parole est à M. Bernard Fialaire.

Jean-Noël Barrot, ministre délégué

En prenant un peu de distance avec les événements que nous connaissons depuis une semaine, vous constaterez qu'il nous faudra apporter des réponses qu'il est très difficile, comme l'a dit le Président de la République, de trouver à chaud.

Nous sommes ici rassemblés pour légiférer sur l'espace numérique et avons devant nous encore quelques heures de débat, puis une navette parlementaire.

L'examen du texte à l'Assemblée nationale sera l'occasion de porter une disposition nouvelle, et la commission mixte paritaire mettra tout le monde d'accord. Nous espérons, bien sûr, comme l'a justement rappelé le rapporteur, que l'ensemble du texte sera validé, ensuite, par le Conseil constitutionnel.

Saisissons-nous de ce sujet : sur la base de la rédaction proposée par Patrick Chaize, construisons ensemble, notamment avec les rapporteurs des deux assemblées, un dispositif qui pourra être adopté à l'Assemblée nationale.

Nous parviendrons ainsi à un dispositif équilibré et solide, qui nous permettra, après que nous aurons identifié les points à régler et tiré les leçons de la semaine écoulée, de disposer des outils nécessaires pour prévenir à l'avenir ce type d'événements.

Photo de Pascale Gruny

Quel est l'avis de la commission spéciale ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

L'article 5 du projet de loi confère au juge la capacité de prononcer une peine complémentaire de suspension du ou des comptes d'accès à un ou plusieurs services en ligne ayant été utilisés pour commettre l'infraction.

Or la suppression desdits comptes n'empêchera pas l'utilisateur délinquant de se déporter vers d'autres plateformes, afin de poursuivre ses agissements délictueux.

Cet amendement vise donc à permettre au juge d'ordonner la suppression de tous les comptes d'accès à un ou plusieurs services en ligne existants ou nouvellement créés, qu'ils aient été utilisés ou non pour commettre l'infraction, dès lors que les conditions techniques et juridiques sont garanties.

J'entends bien qu'un tel élargissement doit être entouré de garanties, afin de répondre au principe constitutionnel de proportionnalité des peines, également appelé principe de nécessité des peines, et conforme à la protection de la liberté d'expression et de communication.

C'est pourquoi, premièrement, le prononcé de cette peine complémentaire revêt un caractère facultatif laissé à l'appréciation du juge ; deuxièmement, le juge doit être en mesure d'affirmer que le délinquant sera susceptible de poursuivre ces délits sur d'autres plateformes, notamment à l'aune de ses agissements passés ; troisièmement, cette peine complémentaire est encourue seulement en cas de condamnation pour des infractions graves commises au moyen d'un service de plateforme en ligne.

Enfin, s'agissant des sanctions restreignant la liberté d'expression, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a jugé, dans l'arrêt Affaire M ouvement raëlien suisse c. Suisse du 13 juillet 2012, que l'interdiction d'accès à un média pouvait être considérée comme justifiée et proportionnée, notamment dès lors qu'il existe des possibilités de diffusion des idées par le biais d'autres médias et canaux.

Article 5

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Si cet amendement était adopté, le juge pourrait prévoir, à titre de peine complémentaire, non seulement le blocage du ou des comptes qui ont permis la commission de l'infraction, mais aussi celui des autres comptes de la personne condamnée.

Cette piste a été explorée par le Gouvernement et par votre serviteur, mais elle semble contraire à la Constitution. Il ne me paraît pas judicieux de prendre ce risque. Au demeurant, il est plausible que les infractions donnant lieu au prononcé de cette peine complémentaire soient commises en utilisant plusieurs comptes et plusieurs plateformes.

La nouvelle rédaction adoptée par la commission spéciale garantit que le juge puisse prononcer le blocage de tous les comptes d'accès concernés. Cette rédaction intermédiaire permet de répondre en partie à votre argumentaire, mon cher collègue.

L'avis de la commission spéciale est donc défavorable.

Le code pénal est ainsi modifié :

1° L'article 131-35-1 est ainsi rétabli :

« Art. 131 -35 -1. – I. – Pour les délits mentionnés au II du présent article, le tribunal peut ordonner à titre complémentaire la suspension du ou des comptes d'accès à un ou plusieurs services en ligne ayant été utilisés pour commettre l'infraction, y compris si ces services n'ont pas constitué le moyen unique ou principal de cette commission. Le présent alinéa s'applique aux comptes d'accès aux services de plateforme en ligne définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, aux services de réseaux sociaux en ligne et aux services de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828.

« La suspension est prononcée pour une durée maximale de 6 mois ; cette durée est portée à un an lorsque la personne est en état de récidive légale.

« Le prononcé de la peine complémentaire mentionnée au premier alinéa et la dénomination du compte d'accès ayant été utilisé pour commettre l'infraction est signifié aux fournisseurs de services concernés. À compter de cette signification et pour la durée d'exécution de la peine complémentaire, ils procèdent au blocage du ou des comptes précités et mettent en œuvre, dans les limites prévues par l'article 46 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, des mesures permettant de procéder au blocage des autres comptes d'accès à leur service éventuellement détenus par la personne condamnée et d'empêcher la création de nouveaux comptes par la même personne.

« Le fait, pour le fournisseur, de ne pas procéder au blocage du ou des comptes visés par la peine complémentaire est puni de 75 000 euros d'amende.

« Pour l'exécution de la peine complémentaire mentionnée au premier alinéa et par dérogation au troisième alinéa de l'article 702-1 du code de procédure pénale, la première demande de relèvement de cette peine peut être portée par la personne condamnée devant la juridiction compétente à l'issue d'un délai de trois mois après la décision initiale de condamnation.

« II. – Les délits pour lesquels cette peine complémentaire est encourue sont :

« 1° Les délits prévus aux articles 222-33, 222-33-1-1, 222-33-2, 222-33-2-1, 222-33-2-2, 222-33-2-3 et au deuxième alinéa de l'article 222-33-3 ;

« 2° Les délits prévus aux articles 225-4-13, 225-5, 225-6 et 225-10 ;

« 3° Les délits prévus aux articles 226-1 à 226-3, 226-4-1 et 226-8 ;

« 4° Les délits prévus aux articles 227-4-2 et 227-22 à 227-24 ;

« 5° Les délits prévus aux articles 223-1-1, 226-10, 226-21, 226-22, 413-13 et 413-14 ;

« 6° Les délits prévus aux articles 312-10 à 312-12 ;

« 7° Les délits de provocation prévus aux articles 211-2, 223-13, 227-18 à 227-21, 412-8 et 431-6 ;

« 8° Le délit prévu à l'article 421-2-5 ;

« 9° Les délits prévus aux articles 431-1, 433-3 et 433-3-1 ;

« 10° Les délits prévus aux cinquième, septième et huitième alinéas de l'article 24 et à l'article 24 bis de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. » ;

a) Après le 12°, il est inséré un 12° bis ainsi rédigé :

« 12° bis L'interdiction, pour une durée de trois ans au plus, d'accéder à un ou plusieurs services de plateforme en ligne définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, services de réseaux sociaux en ligne et services de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828 ; les dispositions du présent alinéa s'appliquent lorsque l'infraction a été commise en recourant à un service en ligne, y compris si celui-ci n'a pas été le moyen unique ou principal de cette commission ; »

b) Au dernier alinéa, après la référence : « 12° », est insérée la référence : «, 12° bis » ;

« 13° bis Lorsque l'infraction a été commise en recourant à un service en ligne, y compris si celui-ci n'a pas été le moyen unique ou principal de cette commission, s'abstenir d'accéder à certains services désignés par la juridiction ; les dispositions du présent alinéa sont applicables aux services de plateforme en ligne tels que définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, aux services de réseaux sociaux en ligne et aux services de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828 ; ».

II

« 9° bis Ne pas accéder, pour une durée qui ne saurait excéder six mois, à un ou des services de plateforme en ligne définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, services de réseaux sociaux en ligne et services de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828 ; ».

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Si cet amendement était adopté, le juge pourrait prévoir, à titre de peine complémentaire, non seulement le blocage du ou des comptes qui ont permis la commission de l'infraction, mais aussi celui des autres comptes de la personne condamnée.

Cette piste a été explorée par le Gouvernement et par votre serviteur, mais elle semble contraire à la Constitution. Il ne me paraît pas judicieux de prendre ce risque. Au demeurant, il est plausible que les infractions donnant lieu au prononcé de cette peine complémentaire soient commises en utilisant plusieurs comptes et plusieurs plateformes.

La nouvelle rédaction adoptée par la commission spéciale garantit que le juge puisse prononcer le blocage de tous les comptes d'accès concernés. Cette rédaction intermédiaire permet de répondre en partie à votre argumentaire, mon cher collègue.

L'avis de la commission spéciale est donc défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 68 rectifié bis, présenté par M. Fialaire, Mme N. Delattre, MM. Bilhac, Corbisez, Gold et Guérini, Mme Guillotin, M. Guiol, Mme Pantel et MM. Requier, Roux et Cabanel, est ainsi libellé :

Alinéa 3, première phrase

Après les mots :

ayant été utilisés

insérer les mots :

, ou non,

La parole est à M. Bernard Fialaire.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

L'article 5 du projet de loi confère au juge la capacité de prononcer une peine complémentaire de suspension du ou des comptes d'accès à un ou plusieurs services en ligne ayant été utilisés pour commettre l'infraction.

Or la suppression desdits comptes n'empêchera pas l'utilisateur délinquant de se déporter vers d'autres plateformes, afin de poursuivre ses agissements délictueux.

Cet amendement vise donc à permettre au juge d'ordonner la suppression de tous les comptes d'accès à un ou plusieurs services en ligne existants ou nouvellement créés, qu'ils aient été utilisés ou non pour commettre l'infraction, dès lors que les conditions techniques et juridiques sont garanties.

J'entends bien qu'un tel élargissement doit être entouré de garanties, afin de répondre au principe constitutionnel de proportionnalité des peines, également appelé principe de nécessité des peines, et conforme à la protection de la liberté d'expression et de communication.

C'est pourquoi, premièrement, le prononcé de cette peine complémentaire revêt un caractère facultatif laissé à l'appréciation du juge ; deuxièmement, le juge doit être en mesure d'affirmer que le délinquant sera susceptible de poursuivre ces délits sur d'autres plateformes, notamment à l'aune de ses agissements passés ; troisièmement, cette peine complémentaire est encourue seulement en cas de condamnation pour des infractions graves commises au moyen d'un service de plateforme en ligne.

Enfin, s'agissant des sanctions restreignant la liberté d'expression, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a jugé, dans l'arrêt Affaire M ouvement raëlien suisse c. Suisse du 13 juillet 2012, que l'interdiction d'accès à un média pouvait être considérée comme justifiée et proportionnée, notamment dès lors qu'il existe des possibilités de diffusion des idées par le biais d'autres médias et canaux.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Si cet amendement était adopté, le juge pourrait prévoir, à titre de peine complémentaire, non seulement le blocage du ou des comptes qui ont permis la commission de l'infraction, mais aussi celui des autres comptes de la personne condamnée.

Cette piste a été explorée par le Gouvernement et par votre serviteur, mais elle semble contraire à la Constitution. Il ne me paraît pas judicieux de prendre ce risque. Au demeurant, il est plausible que les infractions donnant lieu au prononcé de cette peine complémentaire soient commises en utilisant plusieurs comptes et plusieurs plateformes.

La nouvelle rédaction adoptée par la commission spéciale garantit que le juge puisse prononcer le blocage de tous les comptes d'accès concernés. Cette rédaction intermédiaire permet de répondre en partie à votre argumentaire, mon cher collègue.

L'avis de la commission spéciale est donc défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Je suis saisie de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 133, présenté par M. L. Hervé, au nom de la commission, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 5, seconde phrase

Remplacer le mot :

précités

par les mots :

faisant l'objet d'une suspension

II. – Alinéa 6

Remplacer les mots :

visés par la peine complémentaire

par les mots :

faisant l'objet d'une suspension

III. – Alinéa 21

Remplacer le mot :

accéder

par les mots :

utiliser un compte d'accès

IV. – Alinéa 24

Remplacer les mots :

accéder à certains services désignés par la juridiction

par les mots :

utiliser un compte d'accès à certains services en ligne désignés par la juridiction de condamnation ou par le juge d'application des peines

V. – Alinéas 25 et 26

Rédiger ainsi ces alinéas :

II. – Après le 19° de l'article 41-2 du code de procédure pénale, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« ...° Ne pas utiliser, pour une durée qui ne saurait excéder six mois, un compte d'accès à un ou des services de plateforme en ligne définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, services de réseaux sociaux en ligne et services de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828. »

La parole est à M. lerapporteur.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Il s'agit d'un amendement rédactionnel et de clarification.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Je suis saisie de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 133, présenté par M. L. Hervé, au nom de la commission, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 5, seconde phrase

Remplacer le mot :

précités

par les mots :

faisant l'objet d'une suspension

II. – Alinéa 6

Remplacer les mots :

visés par la peine complémentaire

par les mots :

faisant l'objet d'une suspension

III. – Alinéa 21

Remplacer le mot :

accéder

par les mots :

utiliser un compte d'accès

IV. – Alinéa 24

Remplacer les mots :

accéder à certains services désignés par la juridiction

par les mots :

utiliser un compte d'accès à certains services en ligne désignés par la juridiction de condamnation ou par le juge d'application des peines

V. – Alinéas 25 et 26

Rédiger ainsi ces alinéas :

II. – Après le 19° de l'article 41-2 du code de procédure pénale, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« ...° Ne pas utiliser, pour une durée qui ne saurait excéder six mois, un compte d'accès à un ou des services de plateforme en ligne définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, services de réseaux sociaux en ligne et services de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828. »

La parole est à M. lerapporteur.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 116, présenté par MM. Haye, Patriat, Iacovelli, Bargeton et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 21

Remplacer les mots :

lorsque l'infraction a été commise en recourant à un service en ligne, y compris si celui-ci n'a pas été le moyen unique ou principal de cette commission

par les mots :

pour les délits prévus au II de l'article 131-35-1 du présent code

II. – Alinéa 24

Remplacer les mots :

Lorsque l'infraction a été commise en recourant à un service en ligne, y compris si celui-ci n'a pas été le moyen unique ou principal de cette commission

par les mots :

Pour les délits prévus au II de l'article 131-35-1 du présent code

III. – Alinéa 26

Compléter cet alinéa par les mots :

Les dispositions du présent alinéa s'appliquent pour les délits prévus au II de l'article 131-35-1 du code pénal

La parole est à M. Ludovic Haye.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Il s'agit d'un amendement rédactionnel et de clarification.

Debut de section - PermalienPhoto de Ludovic Haye

Cet amendement vise à calquer la liste des délits pouvant déclencher ces nouveaux dispositifs de bannissement numérique sur celle des délits pouvant déclencher la peine complémentaire prévue à l'article 131-35-1 du code pénal.

Au sein de la commission spéciale, nous avons proposé de nouvelles modalités d'application du bannissement numérique. Or les peines limitatives de la liberté d'expression rendent nécessaires des garanties fortes en termes de proportionnalité, de champ d'application et de durée.

Cet amendement vise à apporter ces garanties.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 116, présenté par MM. Haye, Patriat, Iacovelli, Bargeton et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 21

Remplacer les mots :

lorsque l'infraction a été commise en recourant à un service en ligne, y compris si celui-ci n'a pas été le moyen unique ou principal de cette commission

par les mots :

pour les délits prévus au II de l'article 131-35-1 du présent code

II. – Alinéa 24

Remplacer les mots :

Lorsque l'infraction a été commise en recourant à un service en ligne, y compris si celui-ci n'a pas été le moyen unique ou principal de cette commission

par les mots :

Pour les délits prévus au II de l'article 131-35-1 du présent code

III. – Alinéa 26

Compléter cet alinéa par les mots :

Les dispositions du présent alinéa s'appliquent pour les délits prévus au II de l'article 131-35-1 du code pénal

La parole est à M. Ludovic Haye.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Ludovic Haye

Cet amendement vise à calquer la liste des délits pouvant déclencher ces nouveaux dispositifs de bannissement numérique sur celle des délits pouvant déclencher la peine complémentaire prévue à l'article 131-35-1 du code pénal.

Au sein de la commission spéciale, nous avons proposé de nouvelles modalités d'application du bannissement numérique. Or les peines limitatives de la liberté d'expression rendent nécessaires des garanties fortes en termes de proportionnalité, de champ d'application et de durée.

Cet amendement vise à apporter ces garanties.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Je suis saisie de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 133, présenté par M. L. Hervé, au nom de la commission, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 5, seconde phrase

Remplacer le mot :

précités

par les mots :

faisant l'objet d'une suspension

II. – Alinéa 6

Remplacer les mots :

visés par la peine complémentaire

par les mots :

faisant l'objet d'une suspension

III. – Alinéa 21

Remplacer le mot :

accéder

par les mots :

utiliser un compte d'accès

IV. – Alinéa 24

Remplacer les mots :

accéder à certains services désignés par la juridiction

par les mots :

utiliser un compte d'accès à certains services en ligne désignés par la juridiction de condamnation ou par le juge d'application des peines

V. – Alinéas 25 et 26

Rédiger ainsi ces alinéas :

II. – Après le 19° de l'article 41-2 du code de procédure pénale, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« ...° Ne pas utiliser, pour une durée qui ne saurait excéder six mois, un compte d'accès à un ou des services de plateforme en ligne définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, services de réseaux sociaux en ligne et services de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828. »

La parole est à M. lerapporteur.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Vous proposez, mon cher collègue, de limiter l'application du bannissement, en tant que modalité d'exécution des peines, aux délits visés par ledit bannissement prononcé en tant que peine complémentaire. Or c'est tout l'inverse de ce que la commission spéciale a voulu faire !

Si nous adoptions votre amendement, on ne pourrait jamais bannir une personne qui a commis un crime, car la liste à laquelle vous faites référence ne comporte que des délits. En d'autres termes, et pour illustrer mon propos, si un prédateur sexuel ayant recruté ses victimes sur internet était placé en liberté conditionnelle, on ne pourrait, à la fin de sa peine, lui interdire d'aller sur certains réseaux sociaux.

Là encore, il convient de mener une réflexion pour trouver le bon équilibre. Je pourrais accepter votre amendement si vous proposiez que le bannissement soit encouru seulement pour certains crimes et délits bien identifiés. Mais votre rédaction est beaucoup trop restrictive, et elle aurait pour conséquence de priver cette nouvelle arme de sa portée. Vous manquez ainsi l'occasion de mieux protéger les victimes et la société.

Nous avons prévu à cet égard, je vous le rappelle, que le juge ne puisse prononcer le bannissement que si l'auteur est condamné pour une infraction commise en ligne. Ce garde-fou d'importance me semble pleinement garantir la conformité à la Constitution du texte adopté par la commission.

Je sollicite donc le retrait de cet amendement, lequel deviendrait d'ailleurs sans objet si l'amendement n° 133 que je viens de présenter était adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Il s'agit d'un amendement rédactionnel et de clarification.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Vous proposez, mon cher collègue, de limiter l'application du bannissement, en tant que modalité d'exécution des peines, aux délits visés par ledit bannissement prononcé en tant que peine complémentaire. Or c'est tout l'inverse de ce que la commission spéciale a voulu faire !

Si nous adoptions votre amendement, on ne pourrait jamais bannir une personne qui a commis un crime, car la liste à laquelle vous faites référence ne comporte que des délits. En d'autres termes, et pour illustrer mon propos, si un prédateur sexuel ayant recruté ses victimes sur internet était placé en liberté conditionnelle, on ne pourrait, à la fin de sa peine, lui interdire d'aller sur certains réseaux sociaux.

Là encore, il convient de mener une réflexion pour trouver le bon équilibre. Je pourrais accepter votre amendement si vous proposiez que le bannissement soit encouru seulement pour certains crimes et délits bien identifiés. Mais votre rédaction est beaucoup trop restrictive, et elle aurait pour conséquence de priver cette nouvelle arme de sa portée. Vous manquez ainsi l'occasion de mieux protéger les victimes et la société.

Nous avons prévu à cet égard, je vous le rappelle, que le juge ne puisse prononcer le bannissement que si l'auteur est condamné pour une infraction commise en ligne. Ce garde-fou d'importance me semble pleinement garantir la conformité à la Constitution du texte adopté par la commission.

Je sollicite donc le retrait de cet amendement, lequel deviendrait d'ailleurs sans objet si l'amendement n° 133 que je viens de présenter était adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 116, présenté par MM. Haye, Patriat, Iacovelli, Bargeton et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 21

Remplacer les mots :

lorsque l'infraction a été commise en recourant à un service en ligne, y compris si celui-ci n'a pas été le moyen unique ou principal de cette commission

par les mots :

pour les délits prévus au II de l'article 131-35-1 du présent code

II. – Alinéa 24

Remplacer les mots :

Lorsque l'infraction a été commise en recourant à un service en ligne, y compris si celui-ci n'a pas été le moyen unique ou principal de cette commission

par les mots :

Pour les délits prévus au II de l'article 131-35-1 du présent code

III. – Alinéa 26

Compléter cet alinéa par les mots :

Les dispositions du présent alinéa s'appliquent pour les délits prévus au II de l'article 131-35-1 du code pénal

La parole est à M. Ludovic Haye.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Je souhaite, tout d'abord, saluer le travail du rapporteur Loïc Hervé, qui, partant de cet article 5 créant une peine complémentaire de bannissement pour les personnes reconnues coupables de certains délits, a prévu que ledit bannissement puisse être prononcé dans le cadre du sursis probatoire, de la composition pénale ou comme peine alternative à une peine d'emprisonnement. Ce triple dispositif vient s'ajouter au dispositif initial, et c'est une bonne chose.

Le Gouvernement considère cependant que, pour garantir la sécurité juridique du dispositif, il faut l'entourer de toutes les précautions ayant prévalu lors de la rédaction de l'article 5. Il convient ainsi d'apporter des précisions portant sur la durée du bannissement et sur les délits ou crimes pouvant faire l'objet du bannissement prononcé en tant que tel ou en tant que peine complémentaire.

C'est la raison pour laquelle j'émets un avis favorable sur l'amendement n° 133 qu'a présenté M. le rapporteur et qui vise à apporter des précisions à cet égard.

En ce qui concerne l'amendement n° 116, l'avis est également favorable, même s'il est probable que cette disposition devienne sans objet, dans la mesure où il tend à circonscrire la liste des délits pour lesquels le juge a la faculté de prononcer une peine de bannissement dans les trois cas ouverts par le rapporteur – composition pénale, sursis probatoire et peine alternative.

Debut de section - PermalienPhoto de Ludovic Haye

Cet amendement vise à calquer la liste des délits pouvant déclencher ces nouveaux dispositifs de bannissement numérique sur celle des délits pouvant déclencher la peine complémentaire prévue à l'article 131-35-1 du code pénal.

Au sein de la commission spéciale, nous avons proposé de nouvelles modalités d'application du bannissement numérique. Or les peines limitatives de la liberté d'expression rendent nécessaires des garanties fortes en termes de proportionnalité, de champ d'application et de durée.

Cet amendement vise à apporter ces garanties.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Je souhaite, tout d'abord, saluer le travail du rapporteur Loïc Hervé, qui, partant de cet article 5 créant une peine complémentaire de bannissement pour les personnes reconnues coupables de certains délits, a prévu que ledit bannissement puisse être prononcé dans le cadre du sursis probatoire, de la composition pénale ou comme peine alternative à une peine d'emprisonnement. Ce triple dispositif vient s'ajouter au dispositif initial, et c'est une bonne chose.

Le Gouvernement considère cependant que, pour garantir la sécurité juridique du dispositif, il faut l'entourer de toutes les précautions ayant prévalu lors de la rédaction de l'article 5. Il convient ainsi d'apporter des précisions portant sur la durée du bannissement et sur les délits ou crimes pouvant faire l'objet du bannissement prononcé en tant que tel ou en tant que peine complémentaire.

C'est la raison pour laquelle j'émets un avis favorable sur l'amendement n° 133 qu'a présenté M. le rapporteur et qui vise à apporter des précisions à cet égard.

En ce qui concerne l'amendement n° 116, l'avis est également favorable, même s'il est probable que cette disposition devienne sans objet, dans la mesure où il tend à circonscrire la liste des délits pour lesquels le juge a la faculté de prononcer une peine de bannissement dans les trois cas ouverts par le rapporteur – composition pénale, sursis probatoire et peine alternative.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Vous proposez, mon cher collègue, de limiter l'application du bannissement, en tant que modalité d'exécution des peines, aux délits visés par ledit bannissement prononcé en tant que peine complémentaire. Or c'est tout l'inverse de ce que la commission spéciale a voulu faire !

Si nous adoptions votre amendement, on ne pourrait jamais bannir une personne qui a commis un crime, car la liste à laquelle vous faites référence ne comporte que des délits. En d'autres termes, et pour illustrer mon propos, si un prédateur sexuel ayant recruté ses victimes sur internet était placé en liberté conditionnelle, on ne pourrait, à la fin de sa peine, lui interdire d'aller sur certains réseaux sociaux.

Là encore, il convient de mener une réflexion pour trouver le bon équilibre. Je pourrais accepter votre amendement si vous proposiez que le bannissement soit encouru seulement pour certains crimes et délits bien identifiés. Mais votre rédaction est beaucoup trop restrictive, et elle aurait pour conséquence de priver cette nouvelle arme de sa portée. Vous manquez ainsi l'occasion de mieux protéger les victimes et la société.

Nous avons prévu à cet égard, je vous le rappelle, que le juge ne puisse prononcer le bannissement que si l'auteur est condamné pour une infraction commise en ligne. Ce garde-fou d'importance me semble pleinement garantir la conformité à la Constitution du texte adopté par la commission.

Je sollicite donc le retrait de cet amendement, lequel deviendrait d'ailleurs sans objet si l'amendement n° 133 que je viens de présenter était adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

En conséquence, l'amendement n° 116 n'a plus d'objet.

L'amendement n° 117 rectifié, présenté par MM. Haye, Patriat, Iacovelli, Bargeton et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 9

Supprimer la référence :

II. – Alinéa 11

Rédiger ainsi cet alinéa :

« 3° Les délits prévus aux articles 226-1 à 226-2-1, 226-4-1, 226-8 et 226-8-1 ;

III. – Alinéa 15

Remplacer la référence :

par les mots :

et au deuxième alinéa de l'article 431-6

La parole est à M. Ludovic Haye.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Ludovic Haye

Cet amendement vise à modifier la liste des délits, en retenant ceux qui sont punis de deux ans de prison minimum et de 30 000 euros d'amende – à l'exception des délits de presse –, qui constituent des abus de liberté d'expression et qui sont en lien direct avec l'utilisation des réseaux sociaux. Je rejoins ici les propos de Patrick Chaize.

La commission spéciale a élargi la liste de délits pouvant faire l'objet de la peine complémentaire prévue à l'article 5 du présent projet de loi. Il s'agit, au travers de cet amendement, d'affirmer le respect du principe de proportionnalité des peines.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

En conséquence, l'amendement n° 116 n'a plus d'objet.

L'amendement n° 117 rectifié, présenté par MM. Haye, Patriat, Iacovelli, Bargeton et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 9

Supprimer la référence :

II. – Alinéa 11

Rédiger ainsi cet alinéa :

« 3° Les délits prévus aux articles 226-1 à 226-2-1, 226-4-1, 226-8 et 226-8-1 ;

III. – Alinéa 15

Remplacer la référence :

par les mots :

et au deuxième alinéa de l'article 431-6

La parole est à M. Ludovic Haye.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Je souhaite, tout d'abord, saluer le travail du rapporteur Loïc Hervé, qui, partant de cet article 5 créant une peine complémentaire de bannissement pour les personnes reconnues coupables de certains délits, a prévu que ledit bannissement puisse être prononcé dans le cadre du sursis probatoire, de la composition pénale ou comme peine alternative à une peine d'emprisonnement. Ce triple dispositif vient s'ajouter au dispositif initial, et c'est une bonne chose.

Le Gouvernement considère cependant que, pour garantir la sécurité juridique du dispositif, il faut l'entourer de toutes les précautions ayant prévalu lors de la rédaction de l'article 5. Il convient ainsi d'apporter des précisions portant sur la durée du bannissement et sur les délits ou crimes pouvant faire l'objet du bannissement prononcé en tant que tel ou en tant que peine complémentaire.

C'est la raison pour laquelle j'émets un avis favorable sur l'amendement n° 133 qu'a présenté M. le rapporteur et qui vise à apporter des précisions à cet égard.

En ce qui concerne l'amendement n° 116, l'avis est également favorable, même s'il est probable que cette disposition devienne sans objet, dans la mesure où il tend à circonscrire la liste des délits pour lesquels le juge a la faculté de prononcer une peine de bannissement dans les trois cas ouverts par le rapporteur – composition pénale, sursis probatoire et peine alternative.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Le sous-amendement n° 143, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Amendement 117, alinéas 4 à 11

Remplacer ces alinéas par dix-sept alinéas ainsi rédigés :

II. – Alinéa 10

Remplacer les mots :

, 225-6 et 225-10

par les mots :

et 225-6

III. – Alinéa 11

Rédiger ainsi cet alinéa :

« 3° Le délit prévu à l'article 226-2-1 ;

IV. – Alinéa 13

Supprimer la référence :

V. – Alinéa 15

Rédiger ainsi cet alinéa :

« 7° Les délits prévus aux articles 211-2, 223-13, 223-14, 227-18, 227-18-1, 227-21, 412-8 et au deuxième alinéa de l'article 431-6 ;

VI. – Alinéa 17

Supprimer la référence :

La parole est à M. le ministre délégué.

Debut de section - PermalienPhoto de Ludovic Haye

Cet amendement vise à modifier la liste des délits, en retenant ceux qui sont punis de deux ans de prison minimum et de 30 000 euros d'amende – à l'exception des délits de presse –, qui constituent des abus de liberté d'expression et qui sont en lien direct avec l'utilisation des réseaux sociaux. Je rejoins ici les propos de Patrick Chaize.

La commission spéciale a élargi la liste de délits pouvant faire l'objet de la peine complémentaire prévue à l'article 5 du présent projet de loi. Il s'agit, au travers de cet amendement, d'affirmer le respect du principe de proportionnalité des peines.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Ce sous-amendement vise, comme l'amendement n° 117 rectifié que vient de présenter M. Haye, à préciser la liste des délits en retenant ceux qui, punis de sanctions lourdes, constituent des abus de liberté d'expression et sont en lien direct avec l'utilisation des réseaux sociaux.

Il me semble important de circonscrire le champ des délits pour lesquels le juge a la faculté de prononcer, notamment, la peine de bannissement, afin de garantir la sécurité du dispositif.

Je suis donc favorable à l'amendement n° 117 rectifié, sous réserve de l'adoption de ce sous-amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Le sous-amendement n° 143, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Amendement 117, alinéas 4 à 11

Remplacer ces alinéas par dix-sept alinéas ainsi rédigés :

II. – Alinéa 10

Remplacer les mots :

, 225-6 et 225-10

par les mots :

et 225-6

III. – Alinéa 11

Rédiger ainsi cet alinéa :

« 3° Le délit prévu à l'article 226-2-1 ;

IV. – Alinéa 13

Supprimer la référence :

V. – Alinéa 15

Rédiger ainsi cet alinéa :

« 7° Les délits prévus aux articles 211-2, 223-13, 223-14, 227-18, 227-18-1, 227-21, 412-8 et au deuxième alinéa de l'article 431-6 ;

VI. – Alinéa 17

Supprimer la référence :

La parole est à M. le ministre délégué.

L'amendement est adopté.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Ce sous-amendement vise, comme l'amendement n° 117 rectifié que vient de présenter M. Haye, à préciser la liste des délits en retenant ceux qui, punis de sanctions lourdes, constituent des abus de liberté d'expression et sont en lien direct avec l'utilisation des réseaux sociaux.

Il me semble important de circonscrire le champ des délits pour lesquels le juge a la faculté de prononcer, notamment, la peine de bannissement, afin de garantir la sécurité du dispositif.

Je suis donc favorable à l'amendement n° 117 rectifié, sous réserve de l'adoption de ce sous-amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

En conséquence, l'amendement n° 116 n'a plus d'objet.

L'amendement n° 117 rectifié, présenté par MM. Haye, Patriat, Iacovelli, Bargeton et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 9

Supprimer la référence :

II. – Alinéa 11

Rédiger ainsi cet alinéa :

« 3° Les délits prévus aux articles 226-1 à 226-2-1, 226-4-1, 226-8 et 226-8-1 ;

III. – Alinéa 15

Remplacer la référence :

par les mots :

et au deuxième alinéa de l'article 431-6

La parole est à M. Ludovic Haye.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

En ce qui concerne l'amendement n° 117 rectifié du groupe RDPI, que nous avons examiné ce matin, la commission spéciale s'était déclarée prête à émettre un avis favorable sous réserve de plusieurs rectifications, lesquelles ont été apportées.

Or le Gouvernement revient sur ces rectifications au travers de son sous-amendement n° 143.

Pour ma part, je demeure favorable à cet amendement approuvé par la commission spéciale, laquelle a suivi sa position constante depuis le début de nos travaux sur ce texte, mais j'émets un avis tout à fait défavorable sur le sous-amendement du Gouvernement.

Debut de section - PermalienPhoto de Ludovic Haye

Cet amendement vise à modifier la liste des délits, en retenant ceux qui sont punis de deux ans de prison minimum et de 30 000 euros d'amende – à l'exception des délits de presse –, qui constituent des abus de liberté d'expression et qui sont en lien direct avec l'utilisation des réseaux sociaux. Je rejoins ici les propos de Patrick Chaize.

La commission spéciale a élargi la liste de délits pouvant faire l'objet de la peine complémentaire prévue à l'article 5 du présent projet de loi. Il s'agit, au travers de cet amendement, d'affirmer le respect du principe de proportionnalité des peines.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

En ce qui concerne l'amendement n° 117 rectifié du groupe RDPI, que nous avons examiné ce matin, la commission spéciale s'était déclarée prête à émettre un avis favorable sous réserve de plusieurs rectifications, lesquelles ont été apportées.

Or le Gouvernement revient sur ces rectifications au travers de son sous-amendement n° 143.

Pour ma part, je demeure favorable à cet amendement approuvé par la commission spéciale, laquelle a suivi sa position constante depuis le début de nos travaux sur ce texte, mais j'émets un avis tout à fait défavorable sur le sous-amendement du Gouvernement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Le sous-amendement n° 143, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Amendement 117, alinéas 4 à 11

Remplacer ces alinéas par dix-sept alinéas ainsi rédigés :

II. – Alinéa 10

Remplacer les mots :

, 225-6 et 225-10

par les mots :

et 225-6

III. – Alinéa 11

Rédiger ainsi cet alinéa :

« 3° Le délit prévu à l'article 226-2-1 ;

IV. – Alinéa 13

Supprimer la référence :

V. – Alinéa 15

Rédiger ainsi cet alinéa :

« 7° Les délits prévus aux articles 211-2, 223-13, 223-14, 227-18, 227-18-1, 227-21, 412-8 et au deuxième alinéa de l'article 431-6 ;

VI. – Alinéa 17

Supprimer la référence :

La parole est à M. le ministre délégué.

Le sous-amendement n'est pas adopté.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Ce sous-amendement vise, comme l'amendement n° 117 rectifié que vient de présenter M. Haye, à préciser la liste des délits en retenant ceux qui, punis de sanctions lourdes, constituent des abus de liberté d'expression et sont en lien direct avec l'utilisation des réseaux sociaux.

Il me semble important de circonscrire le champ des délits pour lesquels le juge a la faculté de prononcer, notamment, la peine de bannissement, afin de garantir la sécurité du dispositif.

Je suis donc favorable à l'amendement n° 117 rectifié, sous réserve de l'adoption de ce sous-amendement.

Le sous-amendement n'est pas adopté.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

En ce qui concerne l'amendement n° 117 rectifié du groupe RDPI, que nous avons examiné ce matin, la commission spéciale s'était déclarée prête à émettre un avis favorable sous réserve de plusieurs rectifications, lesquelles ont été apportées.

Or le Gouvernement revient sur ces rectifications au travers de son sous-amendement n° 143.

Pour ma part, je demeure favorable à cet amendement approuvé par la commission spéciale, laquelle a suivi sa position constante depuis le début de nos travaux sur ce texte, mais j'émets un avis tout à fait défavorable sur le sous-amendement du Gouvernement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 118, présenté par MM. Haye, Patriat, Iacovelli, Bargeton et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, est ainsi libellé :

Alinéa 21

Remplacer les mots :

trois ans

par les mots :

six mois

La parole est à M. Ludovic Haye.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Ludovic Haye

Cet amendement vise à calquer la durée du nouveau dispositif de bannissement numérique dans le cadre d'une peine susceptible d'être prononcée à la place de l'emprisonnement – ou en même temps –, au titre de l'article 131-6 du code pénal, sur celle de la peine complémentaire prévue à l'article 131-35-1 du même code, soit six mois.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 118, présenté par MM. Haye, Patriat, Iacovelli, Bargeton et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, est ainsi libellé :

Alinéa 21

Remplacer les mots :

trois ans

par les mots :

six mois

La parole est à M. Ludovic Haye.

Le sous-amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Ludovic Haye

Cet amendement vise à calquer la durée du nouveau dispositif de bannissement numérique dans le cadre d'une peine susceptible d'être prononcée à la place de l'emprisonnement – ou en même temps –, au titre de l'article 131-6 du code pénal, sur celle de la peine complémentaire prévue à l'article 131-35-1 du même code, soit six mois.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Je ne crois pas qu'il y ait un risque constitutionnel à prévoir une durée de trois ans pour le bannissement comme alternative à l'emprisonnement. Pour mémoire, cette durée est un maximum, de même importance que la durée maximale prévue dans le même cadre pour une interdiction de paraître.

Pour autant, en opportunité, je comprends l'argument des auteurs de l'amendement, et il me semble non pas nécessaire, mais raisonnable de limiter cette durée à six mois : pour se réinsérer, un condamné a besoin de mener une vie relativement normale, et nous entraverions cet objectif en prévoyant une durée de bannissement trop longue. Je trouve toutefois que la durée de six mois est un peu courte.

C'est pourquoi, avec courage

L'amendement est adopté.

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Je ne crois pas qu'il y ait un risque constitutionnel à prévoir une durée de trois ans pour le bannissement comme alternative à l'emprisonnement. Pour mémoire, cette durée est un maximum, de même importance que la durée maximale prévue dans le même cadre pour une interdiction de paraître.

Pour autant, en opportunité, je comprends l'argument des auteurs de l'amendement, et il me semble non pas nécessaire, mais raisonnable de limiter cette durée à six mois : pour se réinsérer, un condamné a besoin de mener une vie relativement normale, et nous entraverions cet objectif en prévoyant une durée de bannissement trop longue. Je trouve toutefois que la durée de six mois est un peu courte.

C'est pourquoi, avec courage

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 118, présenté par MM. Haye, Patriat, Iacovelli, Bargeton et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, est ainsi libellé :

Alinéa 21

Remplacer les mots :

trois ans

par les mots :

six mois

La parole est à M. Ludovic Haye.

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Ludovic Haye

Cet amendement vise à calquer la durée du nouveau dispositif de bannissement numérique dans le cadre d'une peine susceptible d'être prononcée à la place de l'emprisonnement – ou en même temps –, au titre de l'article 131-6 du code pénal, sur celle de la peine complémentaire prévue à l'article 131-35-1 du même code, soit six mois.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Il est toujours intéressant de comparer les différentes libertés, en l'occurrence la liberté d'expression et celle de paraître.

Il faut tout de même se souvenir que le juge constitutionnel considère généralement la valeur de la liberté d'expression comme plus élevée que celle de la liberté de mouvement et de circulation ou de la liberté de paraître.

Je propose donc de suivre la position de M. Haye, en fixant à six mois la durée de la peine de bannissement. Une fois le dispositif éprouvé, il sera toujours temps de le faire évoluer, si nécessaire.

La peine de bannissement qui figurait dans le projet de loi initial était déjà un dispositif tout neuf. Les trois dispositifs que la commission spéciale y a introduits à juste titre, sur l'initiative de M. le rapporteur, sont également nouveaux.

Si nous voulons nous assurer que le juge constitutionnel les valide, il convient de prendre les précautions d'usage, quitte à ce que les paramètres – durée, liste des délits concernés, etc. – soient revus, une fois établi le respect de la proportionnalité de ces peines.

L'avis du Gouvernement sur cet amendement est donc tout à fait favorable.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Il est toujours intéressant de comparer les différentes libertés, en l'occurrence la liberté d'expression et celle de paraître.

Il faut tout de même se souvenir que le juge constitutionnel considère généralement la valeur de la liberté d'expression comme plus élevée que celle de la liberté de mouvement et de circulation ou de la liberté de paraître.

Je propose donc de suivre la position de M. Haye, en fixant à six mois la durée de la peine de bannissement. Une fois le dispositif éprouvé, il sera toujours temps de le faire évoluer, si nécessaire.

La peine de bannissement qui figurait dans le projet de loi initial était déjà un dispositif tout neuf. Les trois dispositifs que la commission spéciale y a introduits à juste titre, sur l'initiative de M. le rapporteur, sont également nouveaux.

Si nous voulons nous assurer que le juge constitutionnel les valide, il convient de prendre les précautions d'usage, quitte à ce que les paramètres – durée, liste des délits concernés, etc. – soient revus, une fois établi le respect de la proportionnalité de ces peines.

L'avis du Gouvernement sur cet amendement est donc tout à fait favorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Je ne crois pas qu'il y ait un risque constitutionnel à prévoir une durée de trois ans pour le bannissement comme alternative à l'emprisonnement. Pour mémoire, cette durée est un maximum, de même importance que la durée maximale prévue dans le même cadre pour une interdiction de paraître.

Pour autant, en opportunité, je comprends l'argument des auteurs de l'amendement, et il me semble non pas nécessaire, mais raisonnable de limiter cette durée à six mois : pour se réinsérer, un condamné a besoin de mener une vie relativement normale, et nous entraverions cet objectif en prévoyant une durée de bannissement trop longue. Je trouve toutefois que la durée de six mois est un peu courte.

C'est pourquoi, avec courage

L'amendement est adopté.

Sourires.

L'amendement est adopté.

L'article 5 est adopté.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Il est toujours intéressant de comparer les différentes libertés, en l'occurrence la liberté d'expression et celle de paraître.

Il faut tout de même se souvenir que le juge constitutionnel considère généralement la valeur de la liberté d'expression comme plus élevée que celle de la liberté de mouvement et de circulation ou de la liberté de paraître.

Je propose donc de suivre la position de M. Haye, en fixant à six mois la durée de la peine de bannissement. Une fois le dispositif éprouvé, il sera toujours temps de le faire évoluer, si nécessaire.

La peine de bannissement qui figurait dans le projet de loi initial était déjà un dispositif tout neuf. Les trois dispositifs que la commission spéciale y a introduits à juste titre, sur l'initiative de M. le rapporteur, sont également nouveaux.

Si nous voulons nous assurer que le juge constitutionnel les valide, il convient de prendre les précautions d'usage, quitte à ce que les paramètres – durée, liste des délits concernés, etc. – soient revus, une fois établi le respect de la proportionnalité de ces peines.

L'avis du Gouvernement sur cet amendement est donc tout à fait favorable.

Photo de Pascale Gruny

L'amendement n° 106, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Le I de l'article 222-33-1-1 du code pénal est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« 9° Lorsqu'il a été commis par l'utilisation d'un service de communication au public en ligne ou par le biais d'un support numérique ou électronique, que ce soit par la diffusion de contenus accessibles au public ou par l'envoi de messages émis par la voie de communications électroniques. »

II. – L'article 60-1-2 du code de procédure pénale est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« …° La procédure porte sur l'infraction mentionnée au 9° de l'article 222-33-1-1 du code pénal. »

La parole est à M. Thomas Dossus.

Après l'article 5

Photo de Thomas Dossus

Cet amendement vise à créer une amende forfaitaire pour les outrages sexistes commis en ligne.

D'après un rapport de 2021 de l'inspection générale de la police nationale (IGPN), récemment rendu public, 2 350 faits d'outrage sexiste ont été recensés par le ministère de l'intérieur entre août 2018 et décembre 2020, mais seulement 15 % des auteurs ont été identifiés et très peu de sanctions ont été prononcées.

Comme il est indiqué dans le rapport, l'outrage sexiste est une infraction difficile à constater dans l'espace public, car il est rarement commis en présence de policiers.

À la suite de la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur (Lopmi), l'outrage sexiste et sexuel est devenu un délit le 1er avril 2023. L'amende qui y est associée est passée de 1 500 euros à 3 750 euros. Malheureusement pour les victimes, la répression plus sévère de cet outrage risque de ne pas suffire, le manque de preuves les empêchant souvent d'obtenir réparation.

Or, si de tels actes commis dans la rue ou dans les transports sont difficiles à caractériser, ils sont beaucoup plus faciles à prouver lorsqu'ils sont commis en ligne – messages privés, posts publics sur les réseaux sociaux. Les outrages sexistes et sexuels en ligne laissent des traces !

C'est la raison pour laquelle nous proposons de créer une amende forfaitaire spécifiquement dédiée aux outrages sexistes et sexuels commis en ligne. Cette amende, particulièrement dissuasive, permettrait de lutter plus efficacement contre ces injures, qui n'ont leur place ni dans la rue ni sur internet.

Je précise que cet amendement a été rédigé en concertation avec l'association StopFisha.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 106, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Le I de l'article 222-33-1-1 du code pénal est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« 9° Lorsqu'il a été commis par l'utilisation d'un service de communication au public en ligne ou par le biais d'un support numérique ou électronique, que ce soit par la diffusion de contenus accessibles au public ou par l'envoi de messages émis par la voie de communications électroniques. »

II. – L'article 60-1-2 du code de procédure pénale est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« …° La procédure porte sur l'infraction mentionnée au 9° de l'article 222-33-1-1 du code pénal. »

La parole est à M. Thomas Dossus.

Photo de Pascale Gruny

Quel est l'avis de la commission spéciale ?

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Cet amendement vise à créer une amende forfaitaire pour les outrages sexistes commis en ligne.

D'après un rapport de 2021 de l'inspection générale de la police nationale (IGPN), récemment rendu public, 2 350 faits d'outrage sexiste ont été recensés par le ministère de l'intérieur entre août 2018 et décembre 2020, mais seulement 15 % des auteurs ont été identifiés et très peu de sanctions ont été prononcées.

Comme il est indiqué dans le rapport, l'outrage sexiste est une infraction difficile à constater dans l'espace public, car il est rarement commis en présence de policiers.

À la suite de la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur (Lopmi), l'outrage sexiste et sexuel est devenu un délit le 1er avril 2023. L'amende qui y est associée est passée de 1 500 euros à 3 750 euros. Malheureusement pour les victimes, la répression plus sévère de cet outrage risque de ne pas suffire, le manque de preuves les empêchant souvent d'obtenir réparation.

Or, si de tels actes commis dans la rue ou dans les transports sont difficiles à caractériser, ils sont beaucoup plus faciles à prouver lorsqu'ils sont commis en ligne – messages privés, posts publics sur les réseaux sociaux. Les outrages sexistes et sexuels en ligne laissent des traces !

C'est la raison pour laquelle nous proposons de créer une amende forfaitaire spécifiquement dédiée aux outrages sexistes et sexuels commis en ligne. Cette amende, particulièrement dissuasive, permettrait de lutter plus efficacement contre ces injures, qui n'ont leur place ni dans la rue ni sur internet.

Je précise que cet amendement a été rédigé en concertation avec l'association StopFisha.

Photo de Loïc Hervé

Cet amendement tend à intégrer au délit d'outrage sexiste ou sexuel les infractions commises en ligne. Il a pour objet de garantir une répression rapide des comportements dégradants, hostiles ou discriminatoires qui se produisent en ligne, en les soumettant à une amende forfaitaire délictuelle.

Je partage l'avis des auteurs de l'amendement sur ce sujet. J'ai d'ailleurs moi-même déposé un amendement dont les dispositions procèdent du même état d'esprit.

Cependant, la solution proposée ne peut pas être acceptée en l'état, car elle pose deux difficultés juridiques.

Premièrement, elle s'insère dans un dispositif qui touche la vie réelle : elle vise les comportements, alors qu'il faudrait cibler la diffusion de contenus.

Deuxièmement, notre code de procédure pénale ne permet pas de procéder à une réquisition pour identifier l'auteur d'une infraction commise en ligne si celle-ci n'est pas punie d'au moins un an d'emprisonnement.

Or l'outrage sexiste et sexuel n'est pas sanctionné par une peine de prison. En pratique, les policiers et gendarmes ne pourront identifier l'auteur de l'outrage avec certitude et ne pourront a fortiori lui infliger une amende.

Pour ces raisons, je sollicite le retrait de cet amendement ; à défaut, j'y serais défavorable.

Après l'article 5

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Cet amendement tend à intégrer au délit d'outrage sexiste ou sexuel les infractions commises en ligne. Il a pour objet de garantir une répression rapide des comportements dégradants, hostiles ou discriminatoires qui se produisent en ligne, en les soumettant à une amende forfaitaire délictuelle.

Je partage l'avis des auteurs de l'amendement sur ce sujet. J'ai d'ailleurs moi-même déposé un amendement dont les dispositions procèdent du même état d'esprit.

Cependant, la solution proposée ne peut pas être acceptée en l'état, car elle pose deux difficultés juridiques.

Premièrement, elle s'insère dans un dispositif qui touche la vie réelle : elle vise les comportements, alors qu'il faudrait cibler la diffusion de contenus.

Deuxièmement, notre code de procédure pénale ne permet pas de procéder à une réquisition pour identifier l'auteur d'une infraction commise en ligne si celle-ci n'est pas punie d'au moins un an d'emprisonnement.

Or l'outrage sexiste et sexuel n'est pas sanctionné par une peine de prison. En pratique, les policiers et gendarmes ne pourront identifier l'auteur de l'outrage avec certitude et ne pourront a fortiori lui infliger une amende.

Pour ces raisons, je sollicite le retrait de cet amendement ; à défaut, j'y serais défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 106, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Le I de l'article 222-33-1-1 du code pénal est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« 9° Lorsqu'il a été commis par l'utilisation d'un service de communication au public en ligne ou par le biais d'un support numérique ou électronique, que ce soit par la diffusion de contenus accessibles au public ou par l'envoi de messages émis par la voie de communications électroniques. »

II. – L'article 60-1-2 du code de procédure pénale est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« …° La procédure porte sur l'infraction mentionnée au 9° de l'article 222-33-1-1 du code pénal. »

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Cet amendement vise à créer une amende forfaitaire pour les outrages sexistes commis en ligne.

D'après un rapport de 2021 de l'inspection générale de la police nationale (IGPN), récemment rendu public, 2 350 faits d'outrage sexiste ont été recensés par le ministère de l'intérieur entre août 2018 et décembre 2020, mais seulement 15 % des auteurs ont été identifiés et très peu de sanctions ont été prononcées.

Comme il est indiqué dans le rapport, l'outrage sexiste est une infraction difficile à constater dans l'espace public, car il est rarement commis en présence de policiers.

À la suite de la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur (Lopmi), l'outrage sexiste et sexuel est devenu un délit le 1er avril 2023. L'amende qui y est associée est passée de 1 500 euros à 3 750 euros. Malheureusement pour les victimes, la répression plus sévère de cet outrage risque de ne pas suffire, le manque de preuves les empêchant souvent d'obtenir réparation.

Or, si de tels actes commis dans la rue ou dans les transports sont difficiles à caractériser, ils sont beaucoup plus faciles à prouver lorsqu'ils sont commis en ligne – messages privés, posts publics sur les réseaux sociaux. Les outrages sexistes et sexuels en ligne laissent des traces !

C'est la raison pour laquelle nous proposons de créer une amende forfaitaire spécifiquement dédiée aux outrages sexistes et sexuels commis en ligne. Cette amende, particulièrement dissuasive, permettrait de lutter plus efficacement contre ces injures, qui n'ont leur place ni dans la rue ni sur internet.

Je précise que cet amendement a été rédigé en concertation avec l'association StopFisha.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Cet amendement tend à intégrer au délit d'outrage sexiste ou sexuel les infractions commises en ligne. Il a pour objet de garantir une répression rapide des comportements dégradants, hostiles ou discriminatoires qui se produisent en ligne, en les soumettant à une amende forfaitaire délictuelle.

Je partage l'avis des auteurs de l'amendement sur ce sujet. J'ai d'ailleurs moi-même déposé un amendement dont les dispositions procèdent du même état d'esprit.

Cependant, la solution proposée ne peut pas être acceptée en l'état, car elle pose deux difficultés juridiques.

Premièrement, elle s'insère dans un dispositif qui touche la vie réelle : elle vise les comportements, alors qu'il faudrait cibler la diffusion de contenus.

Deuxièmement, notre code de procédure pénale ne permet pas de procéder à une réquisition pour identifier l'auteur d'une infraction commise en ligne si celle-ci n'est pas punie d'au moins un an d'emprisonnement.

Or l'outrage sexiste et sexuel n'est pas sanctionné par une peine de prison. En pratique, les policiers et gendarmes ne pourront identifier l'auteur de l'outrage avec certitude et ne pourront a fortiori lui infliger une amende.

Pour ces raisons, je sollicite le retrait de cet amendement ; à défaut, j'y serais défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 134, présenté par M. L. Hervé, au nom de la commission, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après la section 4 du chapitre II du titre II du live II du code pénal, est insérée une section 4 … ainsi rédigée :

« Section 4 …

« De l'outrage en ligne

« Art. 222-33-1-2. – I. – Est puni de 3 750 euros d'amende et d'un an d'emprisonnement le fait, hors les cas prévus aux articles 222-17 à 222-18-1, 222-33-1 et 222-33-2 à 222-33-2-3 du code pénal et aux troisième et quatrième alinéas de l'article 33 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, de diffuser en ligne tout contenu qui soit porte atteinte à la dignité d'une personne ou présente à son égard un caractère injurieux, dégradant ou humiliant, soit crée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.

« Est considéré comme diffusé en ligne au sens du présent article, tout contenu transmis au moyen d'un service de plateforme en ligne définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, d'un service de réseaux sociaux en ligne ou d'un service de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828.

« Les personnes reconnues coupables du délit prévu au présent article encourent également les peines complémentaires suivantes :

« 1° La peine de stage prévue aux 1°, 4°, 5° ou 7° de l'article 131-5-1 du présent code ;

« 2° L'interdiction d'utiliser un compte d'accès à un service en ligne prévue au 12° bis de l'article 131-6 ; cette interdiction est prononcée pour une durée de six mois au plus.

« II. – Pour le délit prévu au I du présent article, l'action publique peut être éteinte, dans les conditions prévues aux articles 495-17 à 495-25 du code de procédure pénale, par le versement d'une amende forfaitaire d'un montant de 300 euros. Le montant de l'amende forfaitaire minorée est de 250 euros et le montant de l'amende forfaitaire majorée est de 600 euros.

« Art. 222-33 -1-3. – I. – L'infraction définie à l'article 222-33-1-2 est punie de 7 500 euros d'amende et d'un an d'emprisonnement lorsqu'elle est commise :

« 1° Par une personne qui abuse de l'autorité que lui confèrent ses fonctions ;

« 2° Sur un mineur ;

« 3° Sur une personne dont la particulière vulnérabilité due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse est apparente ou connue de son auteur ;

« 4° Sur une personne dont la particulière vulnérabilité ou dépendance résultant de la précarité de sa situation économique ou sociale est apparente ou connue de son auteur ;

« 5° Par plusieurs personnes agissant en qualité d'auteur ou de complice ;

« 6° En raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre, vraie ou supposée, de la victime ;

« 7° Par une personne qui commet la même infraction en étant en état de récidive dans les conditions prévues au second alinéa de l'article 132-11.

« II. – Pour le délit prévu au I du présent article, y compris en cas de récidive, l'action publique peut être éteinte, dans les conditions prévues aux articles 495-17 à 495-25 du code de procédure pénale, par le versement d'une amende forfaitaire d'un montant de 600 euros. Le montant de l'amende forfaitaire minorée est de 500 euros et le montant de l'amende forfaitaire majorée est de 1 200 euros. »

La parole est à M. lerapporteur.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Les auditions conduites par le rapporteur et la commission spéciale ont mis au jour les difficultés posées, en matière de harcèlement en ligne, par la réponse pénale classique.

En effet, le cyberharcèlement ne fait pas l'objet d'une définition autonome dans le code pénal. Il se trouve couvert par les infractions existantes de harcèlement, qu'il s'agisse de harcèlement simple, de harcèlement scolaire ou de harcèlement de la part du conjoint.

Or il s'agit de faits graves et passibles de peines lourdes, qui supposent, légitimement, la tenue d'un procès et, en amont de celui-ci, la conduite d'une enquête, parfois longue, pour garantir le respect des droits de toutes les parties – notamment le principe du contradictoire. La sanction pénale intervient ainsi plusieurs mois, voire plusieurs années, après la commission des faits.

Face à ce constat, le présent amendement vise à créer un délit d'outrage en ligne, inspiré de l'outrage sexiste et sexuel et pouvant faire l'objet d'une sanction immédiate par le biais d'une amende forfaitaire délictuelle, outil qui a fait la preuve de son efficacité pour certains délits. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, sur l'initiative du Gouvernement, nous l'avons largement étendu dans le cadre de la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur (Lopmi), dont j'étais l'un des deux rapporteurs.

Cette nouvelle infraction serait caractérisée de la façon suivante.

Elle porterait sur la diffusion, par le biais d'une plateforme en ligne – au sens du règlement européen sur les services numériques (DSA) –, de contenus de toute nature portant atteinte à la dignité d'une personne ou présentant à son égard un caractère injurieux, dégradant ou humiliant, ou créant à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.

En revanche, l'infraction ne serait pas constituée si les faits sont de nature à tomber dans le champ des délits existants de harcèlement, de menace ou d'injure publique aggravée, plus lourdement réprimés, ou dans celui de l'outrage sexiste ou sexuel.

Elle serait de nature délictuelle, sa répression étant alourdie dès lors qu'elle s'est accompagnée d'une circonstance aggravante.

Elle serait passible, sous sa forme simple, d'une amende de 3 750 euros et d'un d'emprisonnement ou du paiement d'une amende forfaitaire délictuelle (AFD) de 300 euros, et, sous sa forme aggravée, d'une amende de 7 500 euros ou du paiement d'une AFD de 600 euros.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 134, présenté par M. L. Hervé, au nom de la commission, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après la section 4 du chapitre II du titre II du live II du code pénal, est insérée une section 4 … ainsi rédigée :

« Section 4 …

« De l'outrage en ligne

« Art. 222-33-1-2. – I. – Est puni de 3 750 euros d'amende et d'un an d'emprisonnement le fait, hors les cas prévus aux articles 222-17 à 222-18-1, 222-33-1 et 222-33-2 à 222-33-2-3 du code pénal et aux troisième et quatrième alinéas de l'article 33 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, de diffuser en ligne tout contenu qui soit porte atteinte à la dignité d'une personne ou présente à son égard un caractère injurieux, dégradant ou humiliant, soit crée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.

« Est considéré comme diffusé en ligne au sens du présent article, tout contenu transmis au moyen d'un service de plateforme en ligne définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, d'un service de réseaux sociaux en ligne ou d'un service de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828.

« Les personnes reconnues coupables du délit prévu au présent article encourent également les peines complémentaires suivantes :

« 1° La peine de stage prévue aux 1°, 4°, 5° ou 7° de l'article 131-5-1 du présent code ;

« 2° L'interdiction d'utiliser un compte d'accès à un service en ligne prévue au 12° bis de l'article 131-6 ; cette interdiction est prononcée pour une durée de six mois au plus.

« II. – Pour le délit prévu au I du présent article, l'action publique peut être éteinte, dans les conditions prévues aux articles 495-17 à 495-25 du code de procédure pénale, par le versement d'une amende forfaitaire d'un montant de 300 euros. Le montant de l'amende forfaitaire minorée est de 250 euros et le montant de l'amende forfaitaire majorée est de 600 euros.

« Art. 222-33 -1-3. – I. – L'infraction définie à l'article 222-33-1-2 est punie de 7 500 euros d'amende et d'un an d'emprisonnement lorsqu'elle est commise :

« 1° Par une personne qui abuse de l'autorité que lui confèrent ses fonctions ;

« 2° Sur un mineur ;

« 3° Sur une personne dont la particulière vulnérabilité due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse est apparente ou connue de son auteur ;

« 4° Sur une personne dont la particulière vulnérabilité ou dépendance résultant de la précarité de sa situation économique ou sociale est apparente ou connue de son auteur ;

« 5° Par plusieurs personnes agissant en qualité d'auteur ou de complice ;

« 6° En raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre, vraie ou supposée, de la victime ;

« 7° Par une personne qui commet la même infraction en étant en état de récidive dans les conditions prévues au second alinéa de l'article 132-11.

« II. – Pour le délit prévu au I du présent article, y compris en cas de récidive, l'action publique peut être éteinte, dans les conditions prévues aux articles 495-17 à 495-25 du code de procédure pénale, par le versement d'une amende forfaitaire d'un montant de 600 euros. Le montant de l'amende forfaitaire minorée est de 500 euros et le montant de l'amende forfaitaire majorée est de 1 200 euros. »

La parole est à M. lerapporteur.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Les auditions conduites par le rapporteur et la commission spéciale ont mis au jour les difficultés posées, en matière de harcèlement en ligne, par la réponse pénale classique.

En effet, le cyberharcèlement ne fait pas l'objet d'une définition autonome dans le code pénal. Il se trouve couvert par les infractions existantes de harcèlement, qu'il s'agisse de harcèlement simple, de harcèlement scolaire ou de harcèlement de la part du conjoint.

Or il s'agit de faits graves et passibles de peines lourdes, qui supposent, légitimement, la tenue d'un procès et, en amont de celui-ci, la conduite d'une enquête, parfois longue, pour garantir le respect des droits de toutes les parties – notamment le principe du contradictoire. La sanction pénale intervient ainsi plusieurs mois, voire plusieurs années, après la commission des faits.

Face à ce constat, le présent amendement vise à créer un délit d'outrage en ligne, inspiré de l'outrage sexiste et sexuel et pouvant faire l'objet d'une sanction immédiate par le biais d'une amende forfaitaire délictuelle, outil qui a fait la preuve de son efficacité pour certains délits. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, sur l'initiative du Gouvernement, nous l'avons largement étendu dans le cadre de la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur (Lopmi), dont j'étais l'un des deux rapporteurs.

Cette nouvelle infraction serait caractérisée de la façon suivante.

Elle porterait sur la diffusion, par le biais d'une plateforme en ligne – au sens du règlement européen sur les services numériques (DSA) –, de contenus de toute nature portant atteinte à la dignité d'une personne ou présentant à son égard un caractère injurieux, dégradant ou humiliant, ou créant à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.

En revanche, l'infraction ne serait pas constituée si les faits sont de nature à tomber dans le champ des délits existants de harcèlement, de menace ou d'injure publique aggravée, plus lourdement réprimés, ou dans celui de l'outrage sexiste ou sexuel.

Elle serait de nature délictuelle, sa répression étant alourdie dès lors qu'elle s'est accompagnée d'une circonstance aggravante.

Elle serait passible, sous sa forme simple, d'une amende de 3 750 euros et d'un d'emprisonnement ou du paiement d'une amende forfaitaire délictuelle (AFD) de 300 euros, et, sous sa forme aggravée, d'une amende de 7 500 euros ou du paiement d'une AFD de 600 euros.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Monsieur le rapporteur, vous avez fait allusion à la Lopmi.

Dans sa décision du 19 janvier 2023 relative à cette loi, le Conseil constitutionnel a estimé que la procédure de l'amende forfaitaire n'était possible qu'à la condition de porter sur des délits punis d'une peine d'emprisonnement qui ne peut être supérieure à trois ans et dont les éléments constitutifs peuvent être aisément constatés, et de ne mettre en œuvre que des peines d'amende de faible montant.

Or les infractions dont il s'agit nécessitent des enquêtes parfois approfondies pour identifier les auteurs, ce qui n'est à première vue pas tout à fait compatible avec l'AFD.

Par ailleurs, la nature des contenus illicites en ligne doit souvent faire l'objet d'une appréciation juridique et les zones grises sont importantes – je laisse de côté les contenus les plus univoques, qui font l'objet des mesures dont nous avons discuté il y a quelques heures. C'est peu compatible avec le caractère automatique de l'amende forfaitaire.

Compte tenu de ces réserves, je demande le retrait de cet amendement.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Thomas Dossus, pour explication de vote.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Monsieur le rapporteur, vous avez fait allusion à la Lopmi.

Dans sa décision du 19 janvier 2023 relative à cette loi, le Conseil constitutionnel a estimé que la procédure de l'amende forfaitaire n'était possible qu'à la condition de porter sur des délits punis d'une peine d'emprisonnement qui ne peut être supérieure à trois ans et dont les éléments constitutifs peuvent être aisément constatés, et de ne mettre en œuvre que des peines d'amende de faible montant.

Or les infractions dont il s'agit nécessitent des enquêtes parfois approfondies pour identifier les auteurs, ce qui n'est à première vue pas tout à fait compatible avec l'AFD.

Par ailleurs, la nature des contenus illicites en ligne doit souvent faire l'objet d'une appréciation juridique et les zones grises sont importantes – je laisse de côté les contenus les plus univoques, qui font l'objet des mesures dont nous avons discuté il y a quelques heures. C'est peu compatible avec le caractère automatique de l'amende forfaitaire.

Compte tenu de ces réserves, je demande le retrait de cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 134, présenté par M. L. Hervé, au nom de la commission, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après la section 4 du chapitre II du titre II du live II du code pénal, est insérée une section 4 … ainsi rédigée :

« Section 4 …

« De l'outrage en ligne

« Art. 222-33-1-2. – I. – Est puni de 3 750 euros d'amende et d'un an d'emprisonnement le fait, hors les cas prévus aux articles 222-17 à 222-18-1, 222-33-1 et 222-33-2 à 222-33-2-3 du code pénal et aux troisième et quatrième alinéas de l'article 33 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, de diffuser en ligne tout contenu qui soit porte atteinte à la dignité d'une personne ou présente à son égard un caractère injurieux, dégradant ou humiliant, soit crée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.

« Est considéré comme diffusé en ligne au sens du présent article, tout contenu transmis au moyen d'un service de plateforme en ligne définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, d'un service de réseaux sociaux en ligne ou d'un service de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828.

« Les personnes reconnues coupables du délit prévu au présent article encourent également les peines complémentaires suivantes :

« 1° La peine de stage prévue aux 1°, 4°, 5° ou 7° de l'article 131-5-1 du présent code ;

« 2° L'interdiction d'utiliser un compte d'accès à un service en ligne prévue au 12° bis de l'article 131-6 ; cette interdiction est prononcée pour une durée de six mois au plus.

« II. – Pour le délit prévu au I du présent article, l'action publique peut être éteinte, dans les conditions prévues aux articles 495-17 à 495-25 du code de procédure pénale, par le versement d'une amende forfaitaire d'un montant de 300 euros. Le montant de l'amende forfaitaire minorée est de 250 euros et le montant de l'amende forfaitaire majorée est de 600 euros.

« Art. 222-33 -1-3. – I. – L'infraction définie à l'article 222-33-1-2 est punie de 7 500 euros d'amende et d'un an d'emprisonnement lorsqu'elle est commise :

« 1° Par une personne qui abuse de l'autorité que lui confèrent ses fonctions ;

« 2° Sur un mineur ;

« 3° Sur une personne dont la particulière vulnérabilité due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse est apparente ou connue de son auteur ;

« 4° Sur une personne dont la particulière vulnérabilité ou dépendance résultant de la précarité de sa situation économique ou sociale est apparente ou connue de son auteur ;

« 5° Par plusieurs personnes agissant en qualité d'auteur ou de complice ;

« 6° En raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre, vraie ou supposée, de la victime ;

« 7° Par une personne qui commet la même infraction en étant en état de récidive dans les conditions prévues au second alinéa de l'article 132-11.

« II. – Pour le délit prévu au I du présent article, y compris en cas de récidive, l'action publique peut être éteinte, dans les conditions prévues aux articles 495-17 à 495-25 du code de procédure pénale, par le versement d'une amende forfaitaire d'un montant de 600 euros. Le montant de l'amende forfaitaire minorée est de 500 euros et le montant de l'amende forfaitaire majorée est de 1 200 euros. »

La parole est à M. lerapporteur.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Le délit que vous souhaitez créer, monsieur le rapporteur, s'inspire du délit d'outrage sexiste et sexuel.

Or vous mentionnez explicitement dans l'objet de l'amendement que l'infraction donnant lieu à ce délit ne sera pas constituée si les faits sont de nature à tomber dans le champ des délits existants, comme le harcèlement ou l'outrage sexiste et sexuel. J'ai du mal à comprendre ce dispositif...

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Thomas Dossus, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Les auditions conduites par le rapporteur et la commission spéciale ont mis au jour les difficultés posées, en matière de harcèlement en ligne, par la réponse pénale classique.

En effet, le cyberharcèlement ne fait pas l'objet d'une définition autonome dans le code pénal. Il se trouve couvert par les infractions existantes de harcèlement, qu'il s'agisse de harcèlement simple, de harcèlement scolaire ou de harcèlement de la part du conjoint.

Or il s'agit de faits graves et passibles de peines lourdes, qui supposent, légitimement, la tenue d'un procès et, en amont de celui-ci, la conduite d'une enquête, parfois longue, pour garantir le respect des droits de toutes les parties – notamment le principe du contradictoire. La sanction pénale intervient ainsi plusieurs mois, voire plusieurs années, après la commission des faits.

Face à ce constat, le présent amendement vise à créer un délit d'outrage en ligne, inspiré de l'outrage sexiste et sexuel et pouvant faire l'objet d'une sanction immédiate par le biais d'une amende forfaitaire délictuelle, outil qui a fait la preuve de son efficacité pour certains délits. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, sur l'initiative du Gouvernement, nous l'avons largement étendu dans le cadre de la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur (Lopmi), dont j'étais l'un des deux rapporteurs.

Cette nouvelle infraction serait caractérisée de la façon suivante.

Elle porterait sur la diffusion, par le biais d'une plateforme en ligne – au sens du règlement européen sur les services numériques (DSA) –, de contenus de toute nature portant atteinte à la dignité d'une personne ou présentant à son égard un caractère injurieux, dégradant ou humiliant, ou créant à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.

En revanche, l'infraction ne serait pas constituée si les faits sont de nature à tomber dans le champ des délits existants de harcèlement, de menace ou d'injure publique aggravée, plus lourdement réprimés, ou dans celui de l'outrage sexiste ou sexuel.

Elle serait de nature délictuelle, sa répression étant alourdie dès lors qu'elle s'est accompagnée d'une circonstance aggravante.

Elle serait passible, sous sa forme simple, d'une amende de 3 750 euros et d'un d'emprisonnement ou du paiement d'une amende forfaitaire délictuelle (AFD) de 300 euros, et, sous sa forme aggravée, d'une amende de 7 500 euros ou du paiement d'une AFD de 600 euros.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Le délit que vous souhaitez créer, monsieur le rapporteur, s'inspire du délit d'outrage sexiste et sexuel.

Or vous mentionnez explicitement dans l'objet de l'amendement que l'infraction donnant lieu à ce délit ne sera pas constituée si les faits sont de nature à tomber dans le champ des délits existants, comme le harcèlement ou l'outrage sexiste et sexuel. J'ai du mal à comprendre ce dispositif...

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Mon cher collègue, en matière d'infraction pénale, en l'espèce constitutive d'un délit, les faits sont rattachés à une infraction ou à une autre. L'amende forfaitaire est exclusive d'un autre dispositif.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Monsieur le rapporteur, vous avez fait allusion à la Lopmi.

Dans sa décision du 19 janvier 2023 relative à cette loi, le Conseil constitutionnel a estimé que la procédure de l'amende forfaitaire n'était possible qu'à la condition de porter sur des délits punis d'une peine d'emprisonnement qui ne peut être supérieure à trois ans et dont les éléments constitutifs peuvent être aisément constatés, et de ne mettre en œuvre que des peines d'amende de faible montant.

Or les infractions dont il s'agit nécessitent des enquêtes parfois approfondies pour identifier les auteurs, ce qui n'est à première vue pas tout à fait compatible avec l'AFD.

Par ailleurs, la nature des contenus illicites en ligne doit souvent faire l'objet d'une appréciation juridique et les zones grises sont importantes – je laisse de côté les contenus les plus univoques, qui font l'objet des mesures dont nous avons discuté il y a quelques heures. C'est peu compatible avec le caractère automatique de l'amende forfaitaire.

Compte tenu de ces réserves, je demande le retrait de cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Mon cher collègue, en matière d'infraction pénale, en l'espèce constitutive d'un délit, les faits sont rattachés à une infraction ou à une autre. L'amende forfaitaire est exclusive d'un autre dispositif.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Thomas Dossus, pour explication de vote.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Le délit que vous souhaitez créer, monsieur le rapporteur, s'inspire du délit d'outrage sexiste et sexuel.

Or vous mentionnez explicitement dans l'objet de l'amendement que l'infraction donnant lieu à ce délit ne sera pas constituée si les faits sont de nature à tomber dans le champ des délits existants, comme le harcèlement ou l'outrage sexiste et sexuel. J'ai du mal à comprendre ce dispositif...

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 5.

Je suis saisie d'un amendement et d'un sous-amendement faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 128, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article 226-8 du code pénal, il est inséré un article 226-8-1 ainsi rédigé :

« Art. 226 -8 -1. — Est puni de deux ans d'emprisonnement et de 60 000 euros d'amende le fait de publier, sans son consentement, par quelque voie que ce soit, le montage réalisé avec les paroles ou l'image d'une personne, et présentant un caractère sexuel. Est assimilé à l'infraction mentionnée au présent alinéa et puni des mêmes peines le fait de publier par quelque voie que ce soit, un contenu visuel ou sonore généré par un traitement algorithmique et reproduisant l'image ou les paroles d'une personne, sans son consentement, et présentant un caractère sexuel. »

La parole est à M. le ministre délégué.

L'amendement est adopté.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Mesdames, messieurs les sénateurs, vous avez précédemment adopté un amendement qui vise à intégrer les hypertrucages ou deepfakes dans le dispositif de l'article 226-8 du code pénal.

Or l'amendement n° 128 et le sous-amendement n° 129 rectifié bis ont pour objet les hypertrucages pornographiques, qui représentent l'immense majorité des hypertrucages. Mais je vais laisser Mme Borchio-Fontimp présenter le dispositif qu'elle a conçu et que nous avons concrétisé tous deux au travers de cet amendement et de ce sous-amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 5.

Je suis saisie d'un amendement et d'un sous-amendement faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 128, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article 226-8 du code pénal, il est inséré un article 226-8-1 ainsi rédigé :

« Art. 226 -8 -1. — Est puni de deux ans d'emprisonnement et de 60 000 euros d'amende le fait de publier, sans son consentement, par quelque voie que ce soit, le montage réalisé avec les paroles ou l'image d'une personne, et présentant un caractère sexuel. Est assimilé à l'infraction mentionnée au présent alinéa et puni des mêmes peines le fait de publier par quelque voie que ce soit, un contenu visuel ou sonore généré par un traitement algorithmique et reproduisant l'image ou les paroles d'une personne, sans son consentement, et présentant un caractère sexuel. »

La parole est à M. le ministre délégué.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Mon cher collègue, en matière d'infraction pénale, en l'espèce constitutive d'un délit, les faits sont rattachés à une infraction ou à une autre. L'amende forfaitaire est exclusive d'un autre dispositif.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Le sous-amendement n° 129 rectifié bis, présenté par Mme Borchio Fontimp, MM. H. Leroy, Tabarot et Bascher, Mme V. Boyer, M. Genet, Mme Pluchet, MM. Anglars et Bacci, Mmes Bellurot, Belrhiti et Berthet, MM. Bouchet, Bouloux, Calvet et Cambon, Mmes L. Darcos, Del Fabro, Di Folco, Garriaud-Maylam et F. Gerbaud, M. Houpert, Mmes Imbert et Joseph, M. Klinger, Mme Lassarade, M. Lefèvre, Mmes M. Mercier et Noël et MM. Pellevat, Perrin, Piednoir, Rapin, Reichardt, Rietmann et Saury, est ainsi libellé :

Amendement n° 128

Compléter cet amendement par deux alinéas ainsi rédigés :

« Lorsque le délit prévu au premier alinéa est commis par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables.

« Ces peines sont portées à trois ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende lorsque la publication du montage ou du contenu généré par un traitement algorithmique a été réalisé en utilisant un service de communication au public en ligne. »

La parole est à Mme Alexandra Borchio Fontimp.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Mesdames, messieurs les sénateurs, vous avez précédemment adopté un amendement qui vise à intégrer les hypertrucages ou deepfakes dans le dispositif de l'article 226-8 du code pénal.

Or l'amendement n° 128 et le sous-amendement n° 129 rectifié bis ont pour objet les hypertrucages pornographiques, qui représentent l'immense majorité des hypertrucages. Mais je vais laisser Mme Borchio-Fontimp présenter le dispositif qu'elle a conçu et que nous avons concrétisé tous deux au travers de cet amendement et de ce sous-amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Alexandra Borchio Fontimp

Le deepfake est le nom de cet hypertrucage qui consiste à publier, sans le consentement d'une personne, un montage réalisé avec les paroles ou l'image de cette dernière, ayant un caractère pornographique et réalisable à l'aide de l'intelligence artificielle.

Ce nouveau fléau concerne, dans 99 % des cas, des femmes. Le Gouvernement s'est saisi de cet enjeu, mais des précisions sont nécessaires.

Ce sous-amendement vise à en apporter deux : d'une part, il tend à faciliter l'utilisation des moyens légaux pour déterminer les personnes responsables d'un tel acte ; d'autre part, il a pour objet de prévoir une sanction en conséquence, c'est-à-dire trois ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende, lorsque cet hypertrucage est publié via un service de communication au public en ligne.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Le sous-amendement n° 129 rectifié bis, présenté par Mme Borchio Fontimp, MM. H. Leroy, Tabarot et Bascher, Mme V. Boyer, M. Genet, Mme Pluchet, MM. Anglars et Bacci, Mmes Bellurot, Belrhiti et Berthet, MM. Bouchet, Bouloux, Calvet et Cambon, Mmes L. Darcos, Del Fabro, Di Folco, Garriaud-Maylam et F. Gerbaud, M. Houpert, Mmes Imbert et Joseph, M. Klinger, Mme Lassarade, M. Lefèvre, Mmes M. Mercier et Noël et MM. Pellevat, Perrin, Piednoir, Rapin, Reichardt, Rietmann et Saury, est ainsi libellé :

Amendement n° 128

Compléter cet amendement par deux alinéas ainsi rédigés :

« Lorsque le délit prévu au premier alinéa est commis par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables.

« Ces peines sont portées à trois ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende lorsque la publication du montage ou du contenu généré par un traitement algorithmique a été réalisé en utilisant un service de communication au public en ligne. »

La parole est à Mme Alexandra Borchio Fontimp.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Alexandra Borchio Fontimp

Le deepfake est le nom de cet hypertrucage qui consiste à publier, sans le consentement d'une personne, un montage réalisé avec les paroles ou l'image de cette dernière, ayant un caractère pornographique et réalisable à l'aide de l'intelligence artificielle.

Ce nouveau fléau concerne, dans 99 % des cas, des femmes. Le Gouvernement s'est saisi de cet enjeu, mais des précisions sont nécessaires.

Ce sous-amendement vise à en apporter deux : d'une part, il tend à faciliter l'utilisation des moyens légaux pour déterminer les personnes responsables d'un tel acte ; d'autre part, il a pour objet de prévoir une sanction en conséquence, c'est-à-dire trois ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende, lorsque cet hypertrucage est publié via un service de communication au public en ligne.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 5.

Je suis saisie d'un amendement et d'un sous-amendement faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 128, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article 226-8 du code pénal, il est inséré un article 226-8-1 ainsi rédigé :

« Art. 226 -8 -1. — Est puni de deux ans d'emprisonnement et de 60 000 euros d'amende le fait de publier, sans son consentement, par quelque voie que ce soit, le montage réalisé avec les paroles ou l'image d'une personne, et présentant un caractère sexuel. Est assimilé à l'infraction mentionnée au présent alinéa et puni des mêmes peines le fait de publier par quelque voie que ce soit, un contenu visuel ou sonore généré par un traitement algorithmique et reproduisant l'image ou les paroles d'une personne, sans son consentement, et présentant un caractère sexuel. »

La parole est à M. le ministre délégué.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

En ce qui concerne l'amendement n° 128, j'approuve, comme pour l'amendement n° 127, l'objectif du Gouvernement. Les montages ou les deepfakes à caractère sexuel, qui ont pour but d'humilier une personne ou d'exercer sur elle un chantage, pullulent sur certains sites : c'est inacceptable.

Le Gouvernement propose, pour mieux protéger les victimes, de créer une nouvelle infraction qui serait pénalisée à la même hauteur que le revenge porn. Je trouve ce choix judicieux et j'y adhère sans réserve.

Nous aurons peut-être une question à régler dans la suite de la navette sur le régime des montages ou des deepfakes à caractère sexuel qui affichent leur propre nature, c'est-à-dire ceux qui sont clairement et explicitement présentés comme des faux. Dans ces cas, les montages pourraient d'une certaine manière relever du droit à la caricature ou constituer des illustrations n'ayant pas pour objet de porter tort à la personne visée.

En effet, l'article 226-8 du code pénal établit une différence entre les montages qui se font passer pour des vrais et ceux qui sont affichés comme fictifs. Cela me semble effectivement une garantie non négligeable quant au respect de la liberté d'expression, même si j'ai du mal à imaginer un contexte dans lequel un montage ou un deepfake pornographique serait l'expression d'une liberté… Il est vrai que certaines images peuvent être à cheval entre différents types de graphisme, si je puis dire.

Néanmoins, j'ai quelques doutes juridiques et je ne voudrais pas que, sur un enjeu aussi important, nous prenions le risque d'une censure constitutionnelle – c'est quasiment devenu une obsession pour moi !

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Mesdames, messieurs les sénateurs, vous avez précédemment adopté un amendement qui vise à intégrer les hypertrucages ou deepfakes dans le dispositif de l'article 226-8 du code pénal.

Or l'amendement n° 128 et le sous-amendement n° 129 rectifié bis ont pour objet les hypertrucages pornographiques, qui représentent l'immense majorité des hypertrucages. Mais je vais laisser Mme Borchio-Fontimp présenter le dispositif qu'elle a conçu et que nous avons concrétisé tous deux au travers de cet amendement et de ce sous-amendement.

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

En ce qui concerne l'amendement n° 128, j'approuve, comme pour l'amendement n° 127, l'objectif du Gouvernement. Les montages ou les deepfakes à caractère sexuel, qui ont pour but d'humilier une personne ou d'exercer sur elle un chantage, pullulent sur certains sites : c'est inacceptable.

Le Gouvernement propose, pour mieux protéger les victimes, de créer une nouvelle infraction qui serait pénalisée à la même hauteur que le revenge porn. Je trouve ce choix judicieux et j'y adhère sans réserve.

Nous aurons peut-être une question à régler dans la suite de la navette sur le régime des montages ou des deepfakes à caractère sexuel qui affichent leur propre nature, c'est-à-dire ceux qui sont clairement et explicitement présentés comme des faux. Dans ces cas, les montages pourraient d'une certaine manière relever du droit à la caricature ou constituer des illustrations n'ayant pas pour objet de porter tort à la personne visée.

En effet, l'article 226-8 du code pénal établit une différence entre les montages qui se font passer pour des vrais et ceux qui sont affichés comme fictifs. Cela me semble effectivement une garantie non négligeable quant au respect de la liberté d'expression, même si j'ai du mal à imaginer un contexte dans lequel un montage ou un deepfake pornographique serait l'expression d'une liberté… Il est vrai que certaines images peuvent être à cheval entre différents types de graphisme, si je puis dire.

Néanmoins, j'ai quelques doutes juridiques et je ne voudrais pas que, sur un enjeu aussi important, nous prenions le risque d'une censure constitutionnelle – c'est quasiment devenu une obsession pour moi !

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Le sous-amendement n° 129 rectifié bis, présenté par Mme Borchio Fontimp, MM. H. Leroy, Tabarot et Bascher, Mme V. Boyer, M. Genet, Mme Pluchet, MM. Anglars et Bacci, Mmes Bellurot, Belrhiti et Berthet, MM. Bouchet, Bouloux, Calvet et Cambon, Mmes L. Darcos, Del Fabro, Di Folco, Garriaud-Maylam et F. Gerbaud, M. Houpert, Mmes Imbert et Joseph, M. Klinger, Mme Lassarade, M. Lefèvre, Mmes M. Mercier et Noël et MM. Pellevat, Perrin, Piednoir, Rapin, Reichardt, Rietmann et Saury, est ainsi libellé :

Amendement n° 128

Compléter cet amendement par deux alinéas ainsi rédigés :

« Lorsque le délit prévu au premier alinéa est commis par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables.

« Ces peines sont portées à trois ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende lorsque la publication du montage ou du contenu généré par un traitement algorithmique a été réalisé en utilisant un service de communication au public en ligne. »

La parole est à Mme Alexandra Borchio Fontimp.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Sous réserve de l'engagement du Gouvernement de retravailler ce sujet avec nos collègues de l'Assemblée nationale, j'émets donc un avis favorable sur l'amendement.

De même, je suis bien sûr favorable, madame Borchio Fontimp, à votre sous-amendement qui tend à apporter une précision tout à fait bienvenue, dans le cadre d'un travail de coconstruction intelligente auquel je souscris.

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Alexandra Borchio Fontimp

Le deepfake est le nom de cet hypertrucage qui consiste à publier, sans le consentement d'une personne, un montage réalisé avec les paroles ou l'image de cette dernière, ayant un caractère pornographique et réalisable à l'aide de l'intelligence artificielle.

Ce nouveau fléau concerne, dans 99 % des cas, des femmes. Le Gouvernement s'est saisi de cet enjeu, mais des précisions sont nécessaires.

Ce sous-amendement vise à en apporter deux : d'une part, il tend à faciliter l'utilisation des moyens légaux pour déterminer les personnes responsables d'un tel acte ; d'autre part, il a pour objet de prévoir une sanction en conséquence, c'est-à-dire trois ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende, lorsque cet hypertrucage est publié via un service de communication au public en ligne.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Monsieur le ministre, confirmez-vous l'avis favorable du Gouvernement sur le sous-amendement n° 129 rectifié bis ?

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Sous réserve de l'engagement du Gouvernement de retravailler ce sujet avec nos collègues de l'Assemblée nationale, j'émets donc un avis favorable sur l'amendement.

De même, je suis bien sûr favorable, madame Borchio Fontimp, à votre sous-amendement qui tend à apporter une précision tout à fait bienvenue, dans le cadre d'un travail de coconstruction intelligente auquel je souscris.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Tout à fait, madame la présidente.

Par ailleurs, monsieur le rapporteur, je m'engage à sécuriser le dispositif dans le cadre de la navette.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Monsieur le ministre, confirmez-vous l'avis favorable du Gouvernement sur le sous-amendement n° 129 rectifié bis ?

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

En ce qui concerne l'amendement n° 128, j'approuve, comme pour l'amendement n° 127, l'objectif du Gouvernement. Les montages ou les deepfakes à caractère sexuel, qui ont pour but d'humilier une personne ou d'exercer sur elle un chantage, pullulent sur certains sites : c'est inacceptable.

Le Gouvernement propose, pour mieux protéger les victimes, de créer une nouvelle infraction qui serait pénalisée à la même hauteur que le revenge porn. Je trouve ce choix judicieux et j'y adhère sans réserve.

Nous aurons peut-être une question à régler dans la suite de la navette sur le régime des montages ou des deepfakes à caractère sexuel qui affichent leur propre nature, c'est-à-dire ceux qui sont clairement et explicitement présentés comme des faux. Dans ces cas, les montages pourraient d'une certaine manière relever du droit à la caricature ou constituer des illustrations n'ayant pas pour objet de porter tort à la personne visée.

En effet, l'article 226-8 du code pénal établit une différence entre les montages qui se font passer pour des vrais et ceux qui sont affichés comme fictifs. Cela me semble effectivement une garantie non négligeable quant au respect de la liberté d'expression, même si j'ai du mal à imaginer un contexte dans lequel un montage ou un deepfake pornographique serait l'expression d'une liberté… Il est vrai que certaines images peuvent être à cheval entre différents types de graphisme, si je puis dire.

Néanmoins, j'ai quelques doutes juridiques et je ne voudrais pas que, sur un enjeu aussi important, nous prenions le risque d'une censure constitutionnelle – c'est quasiment devenu une obsession pour moi !

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Tout à fait, madame la présidente.

Par ailleurs, monsieur le rapporteur, je m'engage à sécuriser le dispositif dans le cadre de la navette.

Sourires.

Le sous-amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Sous réserve de l'engagement du Gouvernement de retravailler ce sujet avec nos collègues de l'Assemblée nationale, j'émets donc un avis favorable sur l'amendement.

De même, je suis bien sûr favorable, madame Borchio Fontimp, à votre sous-amendement qui tend à apporter une précision tout à fait bienvenue, dans le cadre d'un travail de coconstruction intelligente auquel je souscris.

Le sous-amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Monsieur le ministre, confirmez-vous l'avis favorable du Gouvernement sur le sous-amendement n° 129 rectifié bis ?

L'amendement est adopté.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Tout à fait, madame la présidente.

Par ailleurs, monsieur le rapporteur, je m'engage à sécuriser le dispositif dans le cadre de la navette.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 5.

Je suis saisie de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 9 rectifié bis, présenté par Mmes Rossignol et Blatrix Contat, MM. Kanner, Cardon, Durain, Féraud et Redon-Sarrazy, Mme S. Robert et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après le 3° bis de l'article 138 du code de procédure pénale, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« …° Ne pas être inscrit et ne pas se rendre sur certaines applications ou certains sites internet, déterminés par le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention ; ».

La parole est à Mme Laurence Rossignol.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Cet amendement vise l'article 138 du code de procédure pénale, qui est consacré au périmètre du contrôle judiciaire.

Cet article, qui a été élaboré avant l'intrusion d'internet dans nos vies et dans l'activité judiciaire, permet au juge des libertés et de la détention (JLD) ou au juge d'instruction de restreindre un certain nombre de libertés, notamment celle d'aller et venir, en interdisant l'accès à certains lieux. Mais il ne prévoit rien sur la fréquentation des sites internet ou des applications.

Aussi, l'amendement n° 9 rectifié bis tend à insérer un alinéa après le 3° bis de l'article 138 du code de procédure pénale pour permettre au juge d'instruction ou au JLD d'interdire l'accès à des sites.

Certains auront reconnu à quelle situation judiciaire vise à répondre mon amendement : il s'agit de l'affaire dite du violeur de Tinder. L'instruction de cette affaire a commencé en 2015 et elle n'est, me semble-t-il, toujours pas close. Cet homme a été écroué et mis en détention provisoire pendant un temps, avant d'être relâché. Il fait aujourd'hui l'objet d'un contrôle judiciaire, mais, depuis sa libération, il a continué à utiliser la même application de rencontres, ainsi que d'autres, et il a déjà fait deux ou trois nouvelles victimes.

Il a été reproché à la justice de ne pas lui avoir interdit de consulter les sites de rencontres sur lesquels il recrutait ses victimes. Mais le juge n'en a pas la possibilité. L'objet de cet amendement est donc d'étendre ses pouvoirs.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 5.

Je suis saisie de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 9 rectifié bis, présenté par Mmes Rossignol et Blatrix Contat, MM. Kanner, Cardon, Durain, Féraud et Redon-Sarrazy, Mme S. Robert et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après le 3° bis de l'article 138 du code de procédure pénale, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« …° Ne pas être inscrit et ne pas se rendre sur certaines applications ou certains sites internet, déterminés par le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention ; ».

La parole est à Mme Laurence Rossignol.

Le sous-amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 44, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après le 3° bis de l'article 138 du code de procédure pénale, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« ...° Lorsque l'infraction a été commise en recourant à un service en ligne, y compris si celui-ci n'a pas été le moyen unique ou principal de cette commission, ne pas accéder à certains services désignés par le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention ; les dispositions du présent alinéa sont applicables aux services de plateforme en ligne tels que définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, aux services de réseaux sociaux en ligne et aux services de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828 ; »

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Cet amendement vise l'article 138 du code de procédure pénale, qui est consacré au périmètre du contrôle judiciaire.

Cet article, qui a été élaboré avant l'intrusion d'internet dans nos vies et dans l'activité judiciaire, permet au juge des libertés et de la détention (JLD) ou au juge d'instruction de restreindre un certain nombre de libertés, notamment celle d'aller et venir, en interdisant l'accès à certains lieux. Mais il ne prévoit rien sur la fréquentation des sites internet ou des applications.

Aussi, l'amendement n° 9 rectifié bis tend à insérer un alinéa après le 3° bis de l'article 138 du code de procédure pénale pour permettre au juge d'instruction ou au JLD d'interdire l'accès à des sites.

Certains auront reconnu à quelle situation judiciaire vise à répondre mon amendement : il s'agit de l'affaire dite du violeur de Tinder. L'instruction de cette affaire a commencé en 2015 et elle n'est, me semble-t-il, toujours pas close. Cet homme a été écroué et mis en détention provisoire pendant un temps, avant d'être relâché. Il fait aujourd'hui l'objet d'un contrôle judiciaire, mais, depuis sa libération, il a continué à utiliser la même application de rencontres, ainsi que d'autres, et il a déjà fait deux ou trois nouvelles victimes.

Il a été reproché à la justice de ne pas lui avoir interdit de consulter les sites de rencontres sur lesquels il recrutait ses victimes. Mais le juge n'en a pas la possibilité. L'objet de cet amendement est donc d'étendre ses pouvoirs.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Dans le même esprit, cet amendement vise à faire en sorte que le bannissement des réseaux sociaux puisse être ordonné en tant que mesure de contrôle judiciaire.

Le texte que nous examinons prévoit une peine complémentaire de suspension du ou des comptes ayant servi à commettre le délit en cas de condamnation pour cyberharcèlement, haine en ligne et plusieurs autres délits en ligne. C'est une bonne chose, mais, malheureusement, les condamnations sont encore trop rares pour que cette mesure soit réellement efficace.

En complément de ce dispositif, nous proposons que la suspension des comptes puisse également être une mesure de contrôle judiciaire. Le juge d'instruction ou le JLD pourra demander la suspension du compte pendant le temps de l'instruction.

Cette proposition fait sens, puisque les mesures de contrôle judiciaire permettent précisément d'empêcher la récidive. Je précise que cet amendement a été rédigé en concertation avec l'association StopFisha.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 44, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après le 3° bis de l'article 138 du code de procédure pénale, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« ...° Lorsque l'infraction a été commise en recourant à un service en ligne, y compris si celui-ci n'a pas été le moyen unique ou principal de cette commission, ne pas accéder à certains services désignés par le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention ; les dispositions du présent alinéa sont applicables aux services de plateforme en ligne tels que définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, aux services de réseaux sociaux en ligne et aux services de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828 ; »

La parole est à M. Thomas Dossus.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Dans le même esprit, cet amendement vise à faire en sorte que le bannissement des réseaux sociaux puisse être ordonné en tant que mesure de contrôle judiciaire.

Le texte que nous examinons prévoit une peine complémentaire de suspension du ou des comptes ayant servi à commettre le délit en cas de condamnation pour cyberharcèlement, haine en ligne et plusieurs autres délits en ligne. C'est une bonne chose, mais, malheureusement, les condamnations sont encore trop rares pour que cette mesure soit réellement efficace.

En complément de ce dispositif, nous proposons que la suspension des comptes puisse également être une mesure de contrôle judiciaire. Le juge d'instruction ou le JLD pourra demander la suspension du compte pendant le temps de l'instruction.

Cette proposition fait sens, puisque les mesures de contrôle judiciaire permettent précisément d'empêcher la récidive. Je précise que cet amendement a été rédigé en concertation avec l'association StopFisha.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 5.

Je suis saisie de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 9 rectifié bis, présenté par Mmes Rossignol et Blatrix Contat, MM. Kanner, Cardon, Durain, Féraud et Redon-Sarrazy, Mme S. Robert et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après le 3° bis de l'article 138 du code de procédure pénale, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« …° Ne pas être inscrit et ne pas se rendre sur certaines applications ou certains sites internet, déterminés par le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention ; ».

La parole est à Mme Laurence Rossignol.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

L'amendement de Mme Rossignol n'est pas tout à fait analogue à celui de M. Dossus, puisqu'il vise à permettre aux juges de prononcer un bannissement dans le cadre d'un contrôle judiciaire. Nous avons déjà évoqué cette question, qui m'interpelle véritablement.

Cependant, sa rédaction pose problème, car elle n'est pas harmonisée avec celle qui a été retenue en commission spéciale à l'article 5 pour les alternatives aux poursuites et l'exécution des peines. Les infractions pénales respectent le principe de légalité, et le terme « certaines applications ou certains sites internet » est bien trop large à cet égard.

Au surplus, il faudrait exiger un lien entre l'infraction et cette modalité de contrôle judiciaire, donc limiter le bannissement aux contrôles judiciaires qui ont lieu dans le cadre d'une enquête sur une infraction commise en ligne ; à défaut, on ne voit pas pourquoi et comment cette interdiction pourra s'appliquer.

Je demande donc le retrait de cet amendement, au profit de l'amendement de M. Dossus visant à intégrer la possibilité pour le juge de prononcer un bannissement dans le cadre d'un contrôle judiciaire. Cette disposition reprend les grandes lignes établies par la commission spéciale s'agissant des alternatives aux poursuites et de l'exécution des peines, et j'en remercie M. Dossus et ses collègues.

Toutefois, nous sommes dans un cadre différent, puisque, contrairement aux personnes ciblées par l'article 5, tel qu'il a été adopté par la commission spéciale, et qui soit sont condamnées, soit ont reconnu leur culpabilité, les personnes soumises à un contrôle judiciaire sont seulement mises en cause dans une enquête judiciaire et n'ont pas encore été jugées.

Il faut trouver un équilibre entre ce grand principe du droit qu'est la présomption d'innocence – il irrigue l'intégralité du code pénal et nous devons l'avoir toujours en tête quand nous légiférons en matière pénale – et la protection des victimes, avec l'élimination la plus large possible du risque de récidive, en particulier dans le cadre du contrôle judiciaire évoqué par Laurence Rossignol, grâce aux mesures prises par le juge, comme l'interdiction d'entrer en contact avec certaines telle ou l'interdiction de la fréquentation de tel ou tel lieu.

C'est la raison pour laquelle je souhaiterais obtenir l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 44.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Cet amendement vise l'article 138 du code de procédure pénale, qui est consacré au périmètre du contrôle judiciaire.

Cet article, qui a été élaboré avant l'intrusion d'internet dans nos vies et dans l'activité judiciaire, permet au juge des libertés et de la détention (JLD) ou au juge d'instruction de restreindre un certain nombre de libertés, notamment celle d'aller et venir, en interdisant l'accès à certains lieux. Mais il ne prévoit rien sur la fréquentation des sites internet ou des applications.

Aussi, l'amendement n° 9 rectifié bis tend à insérer un alinéa après le 3° bis de l'article 138 du code de procédure pénale pour permettre au juge d'instruction ou au JLD d'interdire l'accès à des sites.

Certains auront reconnu à quelle situation judiciaire vise à répondre mon amendement : il s'agit de l'affaire dite du violeur de Tinder. L'instruction de cette affaire a commencé en 2015 et elle n'est, me semble-t-il, toujours pas close. Cet homme a été écroué et mis en détention provisoire pendant un temps, avant d'être relâché. Il fait aujourd'hui l'objet d'un contrôle judiciaire, mais, depuis sa libération, il a continué à utiliser la même application de rencontres, ainsi que d'autres, et il a déjà fait deux ou trois nouvelles victimes.

Il a été reproché à la justice de ne pas lui avoir interdit de consulter les sites de rencontres sur lesquels il recrutait ses victimes. Mais le juge n'en a pas la possibilité. L'objet de cet amendement est donc d'étendre ses pouvoirs.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

L'amendement de Mme Rossignol n'est pas tout à fait analogue à celui de M. Dossus, puisqu'il vise à permettre aux juges de prononcer un bannissement dans le cadre d'un contrôle judiciaire. Nous avons déjà évoqué cette question, qui m'interpelle véritablement.

Cependant, sa rédaction pose problème, car elle n'est pas harmonisée avec celle qui a été retenue en commission spéciale à l'article 5 pour les alternatives aux poursuites et l'exécution des peines. Les infractions pénales respectent le principe de légalité, et le terme « certaines applications ou certains sites internet » est bien trop large à cet égard.

Au surplus, il faudrait exiger un lien entre l'infraction et cette modalité de contrôle judiciaire, donc limiter le bannissement aux contrôles judiciaires qui ont lieu dans le cadre d'une enquête sur une infraction commise en ligne ; à défaut, on ne voit pas pourquoi et comment cette interdiction pourra s'appliquer.

Je demande donc le retrait de cet amendement, au profit de l'amendement de M. Dossus visant à intégrer la possibilité pour le juge de prononcer un bannissement dans le cadre d'un contrôle judiciaire. Cette disposition reprend les grandes lignes établies par la commission spéciale s'agissant des alternatives aux poursuites et de l'exécution des peines, et j'en remercie M. Dossus et ses collègues.

Toutefois, nous sommes dans un cadre différent, puisque, contrairement aux personnes ciblées par l'article 5, tel qu'il a été adopté par la commission spéciale, et qui soit sont condamnées, soit ont reconnu leur culpabilité, les personnes soumises à un contrôle judiciaire sont seulement mises en cause dans une enquête judiciaire et n'ont pas encore été jugées.

Il faut trouver un équilibre entre ce grand principe du droit qu'est la présomption d'innocence – il irrigue l'intégralité du code pénal et nous devons l'avoir toujours en tête quand nous légiférons en matière pénale – et la protection des victimes, avec l'élimination la plus large possible du risque de récidive, en particulier dans le cadre du contrôle judiciaire évoqué par Laurence Rossignol, grâce aux mesures prises par le juge, comme l'interdiction d'entrer en contact avec certaines telle ou l'interdiction de la fréquentation de tel ou tel lieu.

C'est la raison pour laquelle je souhaiterais obtenir l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 44.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 44, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après le 3° bis de l'article 138 du code de procédure pénale, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« ...° Lorsque l'infraction a été commise en recourant à un service en ligne, y compris si celui-ci n'a pas été le moyen unique ou principal de cette commission, ne pas accéder à certains services désignés par le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention ; les dispositions du présent alinéa sont applicables aux services de plateforme en ligne tels que définis au 4° du I de l'article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, aux services de réseaux sociaux en ligne et aux services de plateformes de partage de vidéo au sens du règlement 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et modifiant les directives (UE) 2019/1937 et (UE) 2020/1828 ; »

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

L'amendement n° 9 rectifié bis a pour objet la création d'un tout nouveau dispositif, visant non pas la suspension du compte d'accès aux services de plateformes en ligne, mais l'interdiction de toute utilisation, y compris à des fins d'information, d'un ou de plusieurs services de plateformes en ligne.

Je comprends l'intention, mais cette proposition me semble disproportionnée, et cela à plusieurs titres : quant à son champ d'application, puisque la mesure est susceptible de s'appliquer à toute infraction punie d'une peine d'emprisonnement ; quant à sa durée, puisqu'elle pourrait trouver à s'appliquer durant tout le temps du contrôle judiciaire ; enfin, quant à ses effets, puisqu'il paraît excessif d'interdire tout accès à un service de plateforme en ligne, y compris ceux qui sont accessibles sans compte d'accès à des fins d'information d'ordre général.

Comme je le disais précédemment, nous avons essayé de veiller, lors de la rédaction initiale du projet de loi et pendant les échanges que nous avons eus avec le rapporteur de la commission spéciale sur les trois dispositifs nouveaux créés, à circonscrire la durée et les infractions visées et à encadrer les types de comptes bannis et de plateformes concernées.

En visant le contrôle judiciaire, les deux amendements visent un champ bien trop ouvert, qui entraîne une insécurité juridique très forte, me semble-t-il.

Le Gouvernement demande donc le retrait de ces amendements, faute de quoi il émettrait un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Dans le même esprit, cet amendement vise à faire en sorte que le bannissement des réseaux sociaux puisse être ordonné en tant que mesure de contrôle judiciaire.

Le texte que nous examinons prévoit une peine complémentaire de suspension du ou des comptes ayant servi à commettre le délit en cas de condamnation pour cyberharcèlement, haine en ligne et plusieurs autres délits en ligne. C'est une bonne chose, mais, malheureusement, les condamnations sont encore trop rares pour que cette mesure soit réellement efficace.

En complément de ce dispositif, nous proposons que la suspension des comptes puisse également être une mesure de contrôle judiciaire. Le juge d'instruction ou le JLD pourra demander la suspension du compte pendant le temps de l'instruction.

Cette proposition fait sens, puisque les mesures de contrôle judiciaire permettent précisément d'empêcher la récidive. Je précise que cet amendement a été rédigé en concertation avec l'association StopFisha.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

L'amendement n° 9 rectifié bis a pour objet la création d'un tout nouveau dispositif, visant non pas la suspension du compte d'accès aux services de plateformes en ligne, mais l'interdiction de toute utilisation, y compris à des fins d'information, d'un ou de plusieurs services de plateformes en ligne.

Je comprends l'intention, mais cette proposition me semble disproportionnée, et cela à plusieurs titres : quant à son champ d'application, puisque la mesure est susceptible de s'appliquer à toute infraction punie d'une peine d'emprisonnement ; quant à sa durée, puisqu'elle pourrait trouver à s'appliquer durant tout le temps du contrôle judiciaire ; enfin, quant à ses effets, puisqu'il paraît excessif d'interdire tout accès à un service de plateforme en ligne, y compris ceux qui sont accessibles sans compte d'accès à des fins d'information d'ordre général.

Comme je le disais précédemment, nous avons essayé de veiller, lors de la rédaction initiale du projet de loi et pendant les échanges que nous avons eus avec le rapporteur de la commission spéciale sur les trois dispositifs nouveaux créés, à circonscrire la durée et les infractions visées et à encadrer les types de comptes bannis et de plateformes concernées.

En visant le contrôle judiciaire, les deux amendements visent un champ bien trop ouvert, qui entraîne une insécurité juridique très forte, me semble-t-il.

Le Gouvernement demande donc le retrait de ces amendements, faute de quoi il émettrait un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Je n'ai pas la même lecture que vous de mon amendement, monsieur le ministre. Je ne crois pas qu'il tende à poser une interdiction générale, y compris pour des sites d'information, en visant « certaines applications ou certains sites internet ».

Voilà quelques années que je dépose des amendements, notamment pour modifier le code pénal. Or, à chaque fois, le garde des sceaux – c'est souvent lui qui se trouve au banc du Gouvernement – me répond qu'il faut faire confiance au juge, en particulier au JLD.

Aujourd'hui, on me dit : « Ouh là là, votre amendement est liberticide, son adoption peut donner lieu à de nombreuses dérives. » Mais non ! Ce n'est pas possible. Cette disposition permettrait simplement que des mesures de contrôle judiciaire soient prises par le juge d'instruction ou le JLD, à qui je fais — comme on me le dit depuis dix ans – une totale confiance, puisque j'ai fini par être convaincue par le garde des sceaux. §Faisons donc confiance aux juges !

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

L'amendement de Mme Rossignol n'est pas tout à fait analogue à celui de M. Dossus, puisqu'il vise à permettre aux juges de prononcer un bannissement dans le cadre d'un contrôle judiciaire. Nous avons déjà évoqué cette question, qui m'interpelle véritablement.

Cependant, sa rédaction pose problème, car elle n'est pas harmonisée avec celle qui a été retenue en commission spéciale à l'article 5 pour les alternatives aux poursuites et l'exécution des peines. Les infractions pénales respectent le principe de légalité, et le terme « certaines applications ou certains sites internet » est bien trop large à cet égard.

Au surplus, il faudrait exiger un lien entre l'infraction et cette modalité de contrôle judiciaire, donc limiter le bannissement aux contrôles judiciaires qui ont lieu dans le cadre d'une enquête sur une infraction commise en ligne ; à défaut, on ne voit pas pourquoi et comment cette interdiction pourra s'appliquer.

Je demande donc le retrait de cet amendement, au profit de l'amendement de M. Dossus visant à intégrer la possibilité pour le juge de prononcer un bannissement dans le cadre d'un contrôle judiciaire. Cette disposition reprend les grandes lignes établies par la commission spéciale s'agissant des alternatives aux poursuites et de l'exécution des peines, et j'en remercie M. Dossus et ses collègues.

Toutefois, nous sommes dans un cadre différent, puisque, contrairement aux personnes ciblées par l'article 5, tel qu'il a été adopté par la commission spéciale, et qui soit sont condamnées, soit ont reconnu leur culpabilité, les personnes soumises à un contrôle judiciaire sont seulement mises en cause dans une enquête judiciaire et n'ont pas encore été jugées.

Il faut trouver un équilibre entre ce grand principe du droit qu'est la présomption d'innocence – il irrigue l'intégralité du code pénal et nous devons l'avoir toujours en tête quand nous légiférons en matière pénale – et la protection des victimes, avec l'élimination la plus large possible du risque de récidive, en particulier dans le cadre du contrôle judiciaire évoqué par Laurence Rossignol, grâce aux mesures prises par le juge, comme l'interdiction d'entrer en contact avec certaines telle ou l'interdiction de la fréquentation de tel ou tel lieu.

C'est la raison pour laquelle je souhaiterais obtenir l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 44.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Monsieur le rapporteur, la commission spéciale s'en remet-elle à l'avis défavorable du Gouvernement sur l'amendement n° 44 ?

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Je n'ai pas la même lecture que vous de mon amendement, monsieur le ministre. Je ne crois pas qu'il tende à poser une interdiction générale, y compris pour des sites d'information, en visant « certaines applications ou certains sites internet ».

Voilà quelques années que je dépose des amendements, notamment pour modifier le code pénal. Or, à chaque fois, le garde des sceaux – c'est souvent lui qui se trouve au banc du Gouvernement – me répond qu'il faut faire confiance au juge, en particulier au JLD.

Aujourd'hui, on me dit : « Ouh là là, votre amendement est liberticide, son adoption peut donner lieu à de nombreuses dérives. » Mais non ! Ce n'est pas possible. Cette disposition permettrait simplement que des mesures de contrôle judiciaire soient prises par le juge d'instruction ou le JLD, à qui je fais — comme on me le dit depuis dix ans – une totale confiance, puisque j'ai fini par être convaincue par le garde des sceaux. §Faisons donc confiance aux juges !

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Monsieur le rapporteur, la commission spéciale s'en remet-elle à l'avis défavorable du Gouvernement sur l'amendement n° 44 ?

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

L'amendement n° 9 rectifié bis a pour objet la création d'un tout nouveau dispositif, visant non pas la suspension du compte d'accès aux services de plateformes en ligne, mais l'interdiction de toute utilisation, y compris à des fins d'information, d'un ou de plusieurs services de plateformes en ligne.

Je comprends l'intention, mais cette proposition me semble disproportionnée, et cela à plusieurs titres : quant à son champ d'application, puisque la mesure est susceptible de s'appliquer à toute infraction punie d'une peine d'emprisonnement ; quant à sa durée, puisqu'elle pourrait trouver à s'appliquer durant tout le temps du contrôle judiciaire ; enfin, quant à ses effets, puisqu'il paraît excessif d'interdire tout accès à un service de plateforme en ligne, y compris ceux qui sont accessibles sans compte d'accès à des fins d'information d'ordre général.

Comme je le disais précédemment, nous avons essayé de veiller, lors de la rédaction initiale du projet de loi et pendant les échanges que nous avons eus avec le rapporteur de la commission spéciale sur les trois dispositifs nouveaux créés, à circonscrire la durée et les infractions visées et à encadrer les types de comptes bannis et de plateformes concernées.

En visant le contrôle judiciaire, les deux amendements visent un champ bien trop ouvert, qui entraîne une insécurité juridique très forte, me semble-t-il.

Le Gouvernement demande donc le retrait de ces amendements, faute de quoi il émettrait un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Je n'ai pas la même lecture que vous de mon amendement, monsieur le ministre. Je ne crois pas qu'il tende à poser une interdiction générale, y compris pour des sites d'information, en visant « certaines applications ou certains sites internet ».

Voilà quelques années que je dépose des amendements, notamment pour modifier le code pénal. Or, à chaque fois, le garde des sceaux – c'est souvent lui qui se trouve au banc du Gouvernement – me répond qu'il faut faire confiance au juge, en particulier au JLD.

Aujourd'hui, on me dit : « Ouh là là, votre amendement est liberticide, son adoption peut donner lieu à de nombreuses dérives. » Mais non ! Ce n'est pas possible. Cette disposition permettrait simplement que des mesures de contrôle judiciaire soient prises par le juge d'instruction ou le JLD, à qui je fais — comme on me le dit depuis dix ans – une totale confiance, puisque j'ai fini par être convaincue par le garde des sceaux. §Faisons donc confiance aux juges !

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Monsieur le rapporteur, la commission spéciale s'en remet-elle à l'avis défavorable du Gouvernement sur l'amendement n° 44 ?

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 43, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article 6-1 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique est ainsi modifié :

1° À la première phrase du premier alinéa, après les mots : « même code », sont insérés les mots : « ou contre la diffusion de paroles ou d'images présentant un caractère sexuel en l'absence d'accord de la personne relevant de l'article 226-2-1 dudit code » et les mots : « et 227-23 » sont remplacés par les mots : «, 227-23 et 226-2-1 » ;

2° À la première phrase du deuxième alinéa, les mots : « et 227-23 » sont remplacés par les mots : «, 227-23 et 226-2-1 » ;

3° À la première phrase du quatrième alinéa, les mots : « et 227-23 » sont remplacés par les mots : «, 227-23 et 226-2-1 ».

La parole est à M. Thomas Dossus.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Cet amendement vise à renforcer les moyens de la plateforme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements (Pharos) pour retirer les contenus de pornodivulgation. En effet, la divulgation non consentie de photos intimes en ligne est un problème massif, qui touche principalement les femmes et les jeunes filles.

D'après une enquête du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes parue en 2022, plus de 19 % des jeunes femmes entre 17 et 19 ans ont déjà reçu des messages relevant de la pornodivulgation, c'est-à-dire une photo ou une vidéo à caractère sexuel montrant une personne qu'elles connaissent et envoyée sans l'accord de cette dernière.

Par ailleurs, 11 % d'entre elles ont déjà reçu des menaces de publication de photos ou vidéos intimes d'elles sur les réseaux sociaux.

Pourtant, aujourd'hui, lorsque les contenus sont signalés, ils peinent à être déréférencés par les plateformes. Bien que la pornodivulgation soit punie par la loi, le nombre d'infractions relevées et sanctionnées reste très faible.

Pour pallier ces problèmes, nous proposons de renforcer les pouvoirs de police administrative de Pharos prévus à l'article 6-1 de la loi pour la confiance dans l'économie numérique, en intégrant un nouveau critère relatif à la lutte contre la diffusion de contenus à caractère sexuel sans le consentement de la personne.

Cet amendement a été rédigé en concertation avec l'association StopFisha.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 43, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article 6-1 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique est ainsi modifié :

1° À la première phrase du premier alinéa, après les mots : « même code », sont insérés les mots : « ou contre la diffusion de paroles ou d'images présentant un caractère sexuel en l'absence d'accord de la personne relevant de l'article 226-2-1 dudit code » et les mots : « et 227-23 » sont remplacés par les mots : «, 227-23 et 226-2-1 » ;

2° À la première phrase du deuxième alinéa, les mots : « et 227-23 » sont remplacés par les mots : «, 227-23 et 226-2-1 » ;

3° À la première phrase du quatrième alinéa, les mots : « et 227-23 » sont remplacés par les mots : «, 227-23 et 226-2-1 ».

La parole est à M. Thomas Dossus.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Cet amendement vise à renforcer les moyens de la plateforme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements (Pharos) pour retirer les contenus de pornodivulgation. En effet, la divulgation non consentie de photos intimes en ligne est un problème massif, qui touche principalement les femmes et les jeunes filles.

D'après une enquête du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes parue en 2022, plus de 19 % des jeunes femmes entre 17 et 19 ans ont déjà reçu des messages relevant de la pornodivulgation, c'est-à-dire une photo ou une vidéo à caractère sexuel montrant une personne qu'elles connaissent et envoyée sans l'accord de cette dernière.

Par ailleurs, 11 % d'entre elles ont déjà reçu des menaces de publication de photos ou vidéos intimes d'elles sur les réseaux sociaux.

Pourtant, aujourd'hui, lorsque les contenus sont signalés, ils peinent à être déréférencés par les plateformes. Bien que la pornodivulgation soit punie par la loi, le nombre d'infractions relevées et sanctionnées reste très faible.

Pour pallier ces problèmes, nous proposons de renforcer les pouvoirs de police administrative de Pharos prévus à l'article 6-1 de la loi pour la confiance dans l'économie numérique, en intégrant un nouveau critère relatif à la lutte contre la diffusion de contenus à caractère sexuel sans le consentement de la personne.

Cet amendement a été rédigé en concertation avec l'association StopFisha.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Les auteurs de cet amendement veulent accentuer la lutte contre la diffusion au public sur internet de photos et vidéos intimes sans l'accord de la personne filmée. Ces contenus constituent une infraction et peuvent à ce titre être signalés aux hébergeurs pour qu'ils les retirent et à Pharos pour déclencher des enquêtes.

M. Dossus veut aller plus loin, en les assimilant aux contenus pédopornographiques et terroristes, pour lesquels Pharos dispose d'un pouvoir renforcé de demande de retrait et de blocage vis-à-vis des fournisseurs d'accès à internet et aux moteurs de recherche.

On l'a dit, mais il faut le réaffirmer à l'occasion de l'examen de cet amendement, il ne nous semble pas opportun de trop élargir le champ d'action de Pharos, qui, pour cette mission très spécifique, est concentré sur le « haut du spectre » des infractions – cela semble la terminologie la mieux adaptée, puisqu'il faut établir une hiérarchie des différentes finalités de la plateforme ! –, en cohérence avec la législation européenne.

En effet, cette législation a prévu des dispositifs dérogatoires pour les contenus terroristes – c'est le règlement européen relatif à la lutte contre la diffusion des contenus à caractère terroriste en ligne, dit TCO, adopté en avril 2021 – et les abus sexuels sur mineurs – c'est le règlement dit CSAM, qui est en cours de discussion.

Je le redis, nous essayons de garder la même ligne et de concentrer Pharos sur ses missions centrales de lutte contre les contenus pédocriminels et contre les contenus terroristes.

La commission spéciale émet donc un avis défavorable.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Les auteurs de cet amendement veulent accentuer la lutte contre la diffusion au public sur internet de photos et vidéos intimes sans l'accord de la personne filmée. Ces contenus constituent une infraction et peuvent à ce titre être signalés aux hébergeurs pour qu'ils les retirent et à Pharos pour déclencher des enquêtes.

M. Dossus veut aller plus loin, en les assimilant aux contenus pédopornographiques et terroristes, pour lesquels Pharos dispose d'un pouvoir renforcé de demande de retrait et de blocage vis-à-vis des fournisseurs d'accès à internet et aux moteurs de recherche.

On l'a dit, mais il faut le réaffirmer à l'occasion de l'examen de cet amendement, il ne nous semble pas opportun de trop élargir le champ d'action de Pharos, qui, pour cette mission très spécifique, est concentré sur le « haut du spectre » des infractions – cela semble la terminologie la mieux adaptée, puisqu'il faut établir une hiérarchie des différentes finalités de la plateforme ! –, en cohérence avec la législation européenne.

En effet, cette législation a prévu des dispositifs dérogatoires pour les contenus terroristes – c'est le règlement européen relatif à la lutte contre la diffusion des contenus à caractère terroriste en ligne, dit TCO, adopté en avril 2021 – et les abus sexuels sur mineurs – c'est le règlement dit CSAM, qui est en cours de discussion.

Je le redis, nous essayons de garder la même ligne et de concentrer Pharos sur ses missions centrales de lutte contre les contenus pédocriminels et contre les contenus terroristes.

La commission spéciale émet donc un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 43, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article 6-1 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique est ainsi modifié :

1° À la première phrase du premier alinéa, après les mots : « même code », sont insérés les mots : « ou contre la diffusion de paroles ou d'images présentant un caractère sexuel en l'absence d'accord de la personne relevant de l'article 226-2-1 dudit code » et les mots : « et 227-23 » sont remplacés par les mots : «, 227-23 et 226-2-1 » ;

2° À la première phrase du deuxième alinéa, les mots : « et 227-23 » sont remplacés par les mots : «, 227-23 et 226-2-1 » ;

3° À la première phrase du quatrième alinéa, les mots : « et 227-23 » sont remplacés par les mots : «, 227-23 et 226-2-1 ».

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Cet amendement vise à renforcer les moyens de la plateforme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements (Pharos) pour retirer les contenus de pornodivulgation. En effet, la divulgation non consentie de photos intimes en ligne est un problème massif, qui touche principalement les femmes et les jeunes filles.

D'après une enquête du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes parue en 2022, plus de 19 % des jeunes femmes entre 17 et 19 ans ont déjà reçu des messages relevant de la pornodivulgation, c'est-à-dire une photo ou une vidéo à caractère sexuel montrant une personne qu'elles connaissent et envoyée sans l'accord de cette dernière.

Par ailleurs, 11 % d'entre elles ont déjà reçu des menaces de publication de photos ou vidéos intimes d'elles sur les réseaux sociaux.

Pourtant, aujourd'hui, lorsque les contenus sont signalés, ils peinent à être déréférencés par les plateformes. Bien que la pornodivulgation soit punie par la loi, le nombre d'infractions relevées et sanctionnées reste très faible.

Pour pallier ces problèmes, nous proposons de renforcer les pouvoirs de police administrative de Pharos prévus à l'article 6-1 de la loi pour la confiance dans l'économie numérique, en intégrant un nouveau critère relatif à la lutte contre la diffusion de contenus à caractère sexuel sans le consentement de la personne.

Cet amendement a été rédigé en concertation avec l'association StopFisha.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Ma curiosité pour les cavernes de cette maison dans lesquelles sont appliqués les articles 40 et 45 de la Constitution est sans limites ! J'ai déposé des amendements quasiment identiques à celui de M. Dossus pour élargir les pouvoirs de Pharos qui ont été déclarés irrecevables sur le fondement de l'article 40.

Je ne suis ni de nature jalouse ni du genre à dénoncer mes petits camarades

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Les auteurs de cet amendement veulent accentuer la lutte contre la diffusion au public sur internet de photos et vidéos intimes sans l'accord de la personne filmée. Ces contenus constituent une infraction et peuvent à ce titre être signalés aux hébergeurs pour qu'ils les retirent et à Pharos pour déclencher des enquêtes.

M. Dossus veut aller plus loin, en les assimilant aux contenus pédopornographiques et terroristes, pour lesquels Pharos dispose d'un pouvoir renforcé de demande de retrait et de blocage vis-à-vis des fournisseurs d'accès à internet et aux moteurs de recherche.

On l'a dit, mais il faut le réaffirmer à l'occasion de l'examen de cet amendement, il ne nous semble pas opportun de trop élargir le champ d'action de Pharos, qui, pour cette mission très spécifique, est concentré sur le « haut du spectre » des infractions – cela semble la terminologie la mieux adaptée, puisqu'il faut établir une hiérarchie des différentes finalités de la plateforme ! –, en cohérence avec la législation européenne.

En effet, cette législation a prévu des dispositifs dérogatoires pour les contenus terroristes – c'est le règlement européen relatif à la lutte contre la diffusion des contenus à caractère terroriste en ligne, dit TCO, adopté en avril 2021 – et les abus sexuels sur mineurs – c'est le règlement dit CSAM, qui est en cours de discussion.

Je le redis, nous essayons de garder la même ligne et de concentrer Pharos sur ses missions centrales de lutte contre les contenus pédocriminels et contre les contenus terroristes.

La commission spéciale émet donc un avis défavorable.

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Ma curiosité pour les cavernes de cette maison dans lesquelles sont appliqués les articles 40 et 45 de la Constitution est sans limites ! J'ai déposé des amendements quasiment identiques à celui de M. Dossus pour élargir les pouvoirs de Pharos qui ont été déclarés irrecevables sur le fondement de l'article 40.

Je ne suis ni de nature jalouse ni du genre à dénoncer mes petits camarades

Sourires.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Madame Rossignol, vous êtes plus expérimentée que moi dans cette maison ! Vous connaissez bien la procédure de l'article 40 et la structure spécifique qui, au sein de la commission des finances, est chargée de son application.

On peut évidemment se demander pour quelles raisons l'amendement de M. Dossus n'est pas tombé sous le coup de cet article, contrairement aux vôtres.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Madame Rossignol, vous êtes plus expérimentée que moi dans cette maison ! Vous connaissez bien la procédure de l'article 40 et la structure spécifique qui, au sein de la commission des finances, est chargée de son application.

On peut évidemment se demander pour quelles raisons l'amendement de M. Dossus n'est pas tombé sous le coup de cet article, contrairement aux vôtres.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Ma curiosité pour les cavernes de cette maison dans lesquelles sont appliqués les articles 40 et 45 de la Constitution est sans limites ! J'ai déposé des amendements quasiment identiques à celui de M. Dossus pour élargir les pouvoirs de Pharos qui ont été déclarés irrecevables sur le fondement de l'article 40.

Je ne suis ni de nature jalouse ni du genre à dénoncer mes petits camarades

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Peut-être que les moyens nécessaires étaient-ils plus explicites dans vos amendements ? En effet, il faut prévoir des moyens supplémentaires lorsque l'on confie de nouvelles missions à un organisme.

En tout cas, à moyens constants, un élargissement trop large des missions de Pharos entraînerait d'immenses difficultés matérielles, qui éloigneraient cette plateforme de ses objectifs, qu'elle a déjà du mal à atteindre.

L'examen de cet amendement me donne l'occasion de parler des fonctionnaires de police qui forment les effectifs de Pharos : ils font un métier éprouvant, puisqu'ils passent leur temps à visionner des contenus atroces – des viols d'enfants ou des décapitations –, sous la supervision de psychologues, car il est difficile de rentrer chez soi et de retrouver ses enfants et ses proches après une telle journée, tout être humain normalement constitué ayant ses limites.

Il faut que l'on sache que, dans notre pays, des personnes exercent ce métier, et j'aimerais que nous ayons une pensée pour eux, ainsi que pour les missions extraordinaires et, par définition, peu connues qu'ils assurent.

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Peut-être que les moyens nécessaires étaient-ils plus explicites dans vos amendements ? En effet, il faut prévoir des moyens supplémentaires lorsque l'on confie de nouvelles missions à un organisme.

En tout cas, à moyens constants, un élargissement trop large des missions de Pharos entraînerait d'immenses difficultés matérielles, qui éloigneraient cette plateforme de ses objectifs, qu'elle a déjà du mal à atteindre.

L'examen de cet amendement me donne l'occasion de parler des fonctionnaires de police qui forment les effectifs de Pharos : ils font un métier éprouvant, puisqu'ils passent leur temps à visionner des contenus atroces – des viols d'enfants ou des décapitations –, sous la supervision de psychologues, car il est difficile de rentrer chez soi et de retrouver ses enfants et ses proches après une telle journée, tout être humain normalement constitué ayant ses limites.

Il faut que l'on sache que, dans notre pays, des personnes exercent ce métier, et j'aimerais que nous ayons une pensée pour eux, ainsi que pour les missions extraordinaires et, par définition, peu connues qu'ils assurent.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Madame Rossignol, vous êtes plus expérimentée que moi dans cette maison ! Vous connaissez bien la procédure de l'article 40 et la structure spécifique qui, au sein de la commission des finances, est chargée de son application.

On peut évidemment se demander pour quelles raisons l'amendement de M. Dossus n'est pas tombé sous le coup de cet article, contrairement aux vôtres.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 39, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Afin de favoriser le développement et l'accès aux plateformes qui protègent efficacement les victimes des contenus haineux, les opérateurs de plateforme en ligne au sens du I de l'article L. 111-7 du code de la consommation, permettent à leurs utilisateurs de migrer vers des plateformes tierces tout en continuant à communiquer avec les personnes restées sur leur propre plateforme. Ils implémentent des standards techniques d'interopérabilité entre services de communication au public en ligne, conformes à l'état de l'art, documentés, stables et qui ne peuvent être modifiés de façon unilatérale.

La parole est à M. Thomas Dossus.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Cet amendement, qui a pour objet l'interopérabilité des réseaux sociaux, est proposé de manière récurrente chaque fois que l'on examine des textes relatifs au numérique.

Il s'agit de permettre aux utilisateurs d'une plateforme de réseau social de dialoguer via leur messagerie avec les utilisateurs d'une autre plateforme. Cela n'a rien d'extravagant, et nous utilisons d'ailleurs chaque jour un outil reposant sur ce principe : l'e-mail. Quel que soit votre fournisseur de boîte mail, vous pouvez dialoguer avec d'autres boîtes mail, fournies par des entreprises différentes, sans aucun problème.

Nous souhaitons faire de même avec les réseaux sociaux. En effet, de nombreuses personnes harcelées, insultées et menacées sur les plateformes ne souhaitent pas forcément quitter ces dernières, pour ne pas perdre le lien avec leurs contacts, accumulés parfois depuis des années sur ces réseaux.

L'obligation d'interopérabilité protégerait plus efficacement ces personnes. Elle forcerait les plateformes à agir de manière plus résolue contre la haine en ligne en tapant là où cela fait mal, donc là où c'est efficace, c'est-à-dire au portefeuille.

Avec l'interopérabilité, les utilisateurs seraient moins captifs, et leur départ d'un réseau social qui se montrerait trop bienveillant avec les harceleurs ou les trolls racistes, par exemple, aurait un impact financier dissuasif, ce qui inciterait fortement ces entreprises à réagir.

Enfin, cette mesure permettrait aussi de réguler un peu mieux les situations de quasi-monopole acquises par certaines plateformes, en facilitant l'émergence de nouvelles structures, ce qui aurait un impact tout à fait positif pour l'économie du secteur.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 39, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Afin de favoriser le développement et l'accès aux plateformes qui protègent efficacement les victimes des contenus haineux, les opérateurs de plateforme en ligne au sens du I de l'article L. 111-7 du code de la consommation, permettent à leurs utilisateurs de migrer vers des plateformes tierces tout en continuant à communiquer avec les personnes restées sur leur propre plateforme. Ils implémentent des standards techniques d'interopérabilité entre services de communication au public en ligne, conformes à l'état de l'art, documentés, stables et qui ne peuvent être modifiés de façon unilatérale.

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Peut-être que les moyens nécessaires étaient-ils plus explicites dans vos amendements ? En effet, il faut prévoir des moyens supplémentaires lorsque l'on confie de nouvelles missions à un organisme.

En tout cas, à moyens constants, un élargissement trop large des missions de Pharos entraînerait d'immenses difficultés matérielles, qui éloigneraient cette plateforme de ses objectifs, qu'elle a déjà du mal à atteindre.

L'examen de cet amendement me donne l'occasion de parler des fonctionnaires de police qui forment les effectifs de Pharos : ils font un métier éprouvant, puisqu'ils passent leur temps à visionner des contenus atroces – des viols d'enfants ou des décapitations –, sous la supervision de psychologues, car il est difficile de rentrer chez soi et de retrouver ses enfants et ses proches après une telle journée, tout être humain normalement constitué ayant ses limites.

Il faut que l'on sache que, dans notre pays, des personnes exercent ce métier, et j'aimerais que nous ayons une pensée pour eux, ainsi que pour les missions extraordinaires et, par définition, peu connues qu'ils assurent.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Cet amendement, qui a pour objet l'interopérabilité des réseaux sociaux, est proposé de manière récurrente chaque fois que l'on examine des textes relatifs au numérique.

Il s'agit de permettre aux utilisateurs d'une plateforme de réseau social de dialoguer via leur messagerie avec les utilisateurs d'une autre plateforme. Cela n'a rien d'extravagant, et nous utilisons d'ailleurs chaque jour un outil reposant sur ce principe : l'e-mail. Quel que soit votre fournisseur de boîte mail, vous pouvez dialoguer avec d'autres boîtes mail, fournies par des entreprises différentes, sans aucun problème.

Nous souhaitons faire de même avec les réseaux sociaux. En effet, de nombreuses personnes harcelées, insultées et menacées sur les plateformes ne souhaitent pas forcément quitter ces dernières, pour ne pas perdre le lien avec leurs contacts, accumulés parfois depuis des années sur ces réseaux.

L'obligation d'interopérabilité protégerait plus efficacement ces personnes. Elle forcerait les plateformes à agir de manière plus résolue contre la haine en ligne en tapant là où cela fait mal, donc là où c'est efficace, c'est-à-dire au portefeuille.

Avec l'interopérabilité, les utilisateurs seraient moins captifs, et leur départ d'un réseau social qui se montrerait trop bienveillant avec les harceleurs ou les trolls racistes, par exemple, aurait un impact financier dissuasif, ce qui inciterait fortement ces entreprises à réagir.

Enfin, cette mesure permettrait aussi de réguler un peu mieux les situations de quasi-monopole acquises par certaines plateformes, en facilitant l'émergence de nouvelles structures, ce qui aurait un impact tout à fait positif pour l'économie du secteur.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Lors des auditions, j'ai reçu des représentants de l'association La Quadrature du Net, que je connais bien et avec lesquels j'ai souvent eu l'occasion d'échanger.

Nous connaissons les positions qui sont celles de cette association, et nous ne pouvons lui faire grief de son incohérence : elle garde la même position sur un certain nombre de grands principes et alimente à cet égard le débat, qui est sain, sur internet et son avenir.

J'imagine, mon cher collègue, que vous avez également eu des échanges avec cette association pour imaginer votre amendement. Or, elle le reconnaît elle-même, la piste qu'elle a portée auprès des instances européennes au moment de l'élaboration du règlement sur les services numériques, dit DSA (Digital Services Act), est contraire à la rédaction actuelle de ce texte. Il n'est donc pas possible d'adopter votre proposition amendement sans être orthogonalement contraire au DSA.

C'est pourquoi je vous demande de bien vouloir retirer votre amendement, faute de quoi j'y serais défavorable. Mais je sais que ce débat est important et qu'il se poursuivra sans doute dans d'autres instances.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Lors des auditions, j'ai reçu des représentants de l'association La Quadrature du Net, que je connais bien et avec lesquels j'ai souvent eu l'occasion d'échanger.

Nous connaissons les positions qui sont celles de cette association, et nous ne pouvons lui faire grief de son incohérence : elle garde la même position sur un certain nombre de grands principes et alimente à cet égard le débat, qui est sain, sur internet et son avenir.

J'imagine, mon cher collègue, que vous avez également eu des échanges avec cette association pour imaginer votre amendement. Or, elle le reconnaît elle-même, la piste qu'elle a portée auprès des instances européennes au moment de l'élaboration du règlement sur les services numériques, dit DSA (Digital Services Act), est contraire à la rédaction actuelle de ce texte. Il n'est donc pas possible d'adopter votre proposition amendement sans être orthogonalement contraire au DSA.

C'est pourquoi je vous demande de bien vouloir retirer votre amendement, faute de quoi j'y serais défavorable. Mais je sais que ce débat est important et qu'il se poursuivra sans doute dans d'autres instances.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 39, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Après l'article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Afin de favoriser le développement et l'accès aux plateformes qui protègent efficacement les victimes des contenus haineux, les opérateurs de plateforme en ligne au sens du I de l'article L. 111-7 du code de la consommation, permettent à leurs utilisateurs de migrer vers des plateformes tierces tout en continuant à communiquer avec les personnes restées sur leur propre plateforme. Ils implémentent des standards techniques d'interopérabilité entre services de communication au public en ligne, conformes à l'état de l'art, documentés, stables et qui ne peuvent être modifiés de façon unilatérale.

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Je rejoins le propos de M. le rapporteur : l'interopérabilité est un sujet important.

Monsieur Dossus, l'interopérabilité que vous visez, en tout cas dans l'exposé des motifs de votre amendement, c'est-à-dire celle qui pourrait exister parmi les réseaux sociaux eux-mêmes, entre dans le champ du règlement sur les marchés numériques, dit DMA (Digital Markets Act), et il a été considéré qu'il n'était pas possible de la mettre en œuvre.

En revanche, mesdames, messieurs les sénateurs, lorsque vous serez interrogé sur les changements qu'implique le règlement sur les marchés numériques dans la vie quotidienne, gardez à l'esprit que cela entraînera l'interopérabilité des messageries – pas des réseaux sociaux dans leur ensemble, mais, j'y insiste, des messageries.

En vertu du DMA, il sera possible de communiquer avec une personne qui est sur une messagerie en ligne sans avoir au préalable téléchargé celle-ci. C'est une avancée importante prévue par le règlement.

On peut donc dire que l'amendement est à moitié satisfait, puisque, sans aller jusqu'à l'interopérabilité des réseaux sociaux, le DMA permet l'interopérabilité des messageries.

J'émets donc un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Cet amendement, qui a pour objet l'interopérabilité des réseaux sociaux, est proposé de manière récurrente chaque fois que l'on examine des textes relatifs au numérique.

Il s'agit de permettre aux utilisateurs d'une plateforme de réseau social de dialoguer via leur messagerie avec les utilisateurs d'une autre plateforme. Cela n'a rien d'extravagant, et nous utilisons d'ailleurs chaque jour un outil reposant sur ce principe : l'e-mail. Quel que soit votre fournisseur de boîte mail, vous pouvez dialoguer avec d'autres boîtes mail, fournies par des entreprises différentes, sans aucun problème.

Nous souhaitons faire de même avec les réseaux sociaux. En effet, de nombreuses personnes harcelées, insultées et menacées sur les plateformes ne souhaitent pas forcément quitter ces dernières, pour ne pas perdre le lien avec leurs contacts, accumulés parfois depuis des années sur ces réseaux.

L'obligation d'interopérabilité protégerait plus efficacement ces personnes. Elle forcerait les plateformes à agir de manière plus résolue contre la haine en ligne en tapant là où cela fait mal, donc là où c'est efficace, c'est-à-dire au portefeuille.

Avec l'interopérabilité, les utilisateurs seraient moins captifs, et leur départ d'un réseau social qui se montrerait trop bienveillant avec les harceleurs ou les trolls racistes, par exemple, aurait un impact financier dissuasif, ce qui inciterait fortement ces entreprises à réagir.

Enfin, cette mesure permettrait aussi de réguler un peu mieux les situations de quasi-monopole acquises par certaines plateformes, en facilitant l'émergence de nouvelles structures, ce qui aurait un impact tout à fait positif pour l'économie du secteur.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Je rejoins le propos de M. le rapporteur : l'interopérabilité est un sujet important.

Monsieur Dossus, l'interopérabilité que vous visez, en tout cas dans l'exposé des motifs de votre amendement, c'est-à-dire celle qui pourrait exister parmi les réseaux sociaux eux-mêmes, entre dans le champ du règlement sur les marchés numériques, dit DMA (Digital Markets Act), et il a été considéré qu'il n'était pas possible de la mettre en œuvre.

En revanche, mesdames, messieurs les sénateurs, lorsque vous serez interrogé sur les changements qu'implique le règlement sur les marchés numériques dans la vie quotidienne, gardez à l'esprit que cela entraînera l'interopérabilité des messageries – pas des réseaux sociaux dans leur ensemble, mais, j'y insiste, des messageries.

En vertu du DMA, il sera possible de communiquer avec une personne qui est sur une messagerie en ligne sans avoir au préalable téléchargé celle-ci. C'est une avancée importante prévue par le règlement.

On peut donc dire que l'amendement est à moitié satisfait, puisque, sans aller jusqu'à l'interopérabilité des réseaux sociaux, le DMA permet l'interopérabilité des messageries.

J'émets donc un avis défavorable.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Lors des auditions, j'ai reçu des représentants de l'association La Quadrature du Net, que je connais bien et avec lesquels j'ai souvent eu l'occasion d'échanger.

Nous connaissons les positions qui sont celles de cette association, et nous ne pouvons lui faire grief de son incohérence : elle garde la même position sur un certain nombre de grands principes et alimente à cet égard le débat, qui est sain, sur internet et son avenir.

J'imagine, mon cher collègue, que vous avez également eu des échanges avec cette association pour imaginer votre amendement. Or, elle le reconnaît elle-même, la piste qu'elle a portée auprès des instances européennes au moment de l'élaboration du règlement sur les services numériques, dit DSA (Digital Services Act), est contraire à la rédaction actuelle de ce texte. Il n'est donc pas possible d'adopter votre proposition amendement sans être orthogonalement contraire au DSA.

C'est pourquoi je vous demande de bien vouloir retirer votre amendement, faute de quoi j'y serais défavorable. Mais je sais que ce débat est important et qu'il se poursuivra sans doute dans d'autres instances.

Article 6

Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Je rejoins le propos de M. le rapporteur : l'interopérabilité est un sujet important.

Monsieur Dossus, l'interopérabilité que vous visez, en tout cas dans l'exposé des motifs de votre amendement, c'est-à-dire celle qui pourrait exister parmi les réseaux sociaux eux-mêmes, entre dans le champ du règlement sur les marchés numériques, dit DMA (Digital Markets Act), et il a été considéré qu'il n'était pas possible de la mettre en œuvre.

En revanche, mesdames, messieurs les sénateurs, lorsque vous serez interrogé sur les changements qu'implique le règlement sur les marchés numériques dans la vie quotidienne, gardez à l'esprit que cela entraînera l'interopérabilité des messageries – pas des réseaux sociaux dans leur ensemble, mais, j'y insiste, des messageries.

En vertu du DMA, il sera possible de communiquer avec une personne qui est sur une messagerie en ligne sans avoir au préalable téléchargé celle-ci. C'est une avancée importante prévue par le règlement.

On peut donc dire que l'amendement est à moitié satisfait, puisque, sans aller jusqu'à l'interopérabilité des réseaux sociaux, le DMA permet l'interopérabilité des messageries.

J'émets donc un avis défavorable.

Photo de Pascale Gruny

L'amendement n° 60 rectifié bis, présenté par M. Fialaire, Mme N. Delattre, MM. Bilhac, Corbisez, Gold et Guérini, Mme Guillotin, M. Guiol, Mme Pantel et MM. Requier, Roux et Cabanel, est ainsi libellé :

Alinéa 2

Après les mots :

monétaire et financier,

insérer les mots :

ou rendant accessibles des données obtenues suite à la fraude d'un système de traitement automatisé des données,

La parole est à M. Bernard Fialaire.

L'article 12 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique est ainsi rédigé :

« Art. 12. – I. – Lorsque l'un de ses agents spécialement désignés et habilités à cette fin constate qu'un service de communication au public en ligne réalise manifestement des opérations constituant les infractions mentionnées aux articles 226-4-1, 226-18 et 323-1 du code pénal et à l'article L. 163-4 du code monétaire et financier, l'autorité administrative met en demeure la personne dont l'activité est d'éditer le service de communication au public en ligne en cause, sous réserve qu'elle ait mis à disposition les informations mentionnées à l'article 1-1 de la présente loi, de cesser les opérations constituant l'infraction constatée. Elle l'informe également de la mesure conservatoire mentionnée au deuxième alinéa du présent I prise à son encontre et l'invite à lui adresser ses observations dans un délai de cinq jours.

« Simultanément, l'autorité administrative notifie l'adresse électronique du service concerné aux fournisseurs de navigateurs internet au sens du 11 de l'article 2 du règlement (UE) 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique, aux fins de la mise en œuvre de mesures conservatoires.

« La personne destinataire d'une notification prend sans délai, à titre conservatoire, toute mesure utile consistant à afficher un message avertissant l'utilisateur du risque de préjudice encouru en cas d'accès à cette adresse. Ce message est clair, lisible, unique et compréhensible et permet aux utilisateurs d'accéder au site internet officiel du groupement d'intérêt public pour le dispositif national d'assistance aux victimes d'actes de cybermalveillance.

« Cette mesure conservatoire est mise en œuvre pendant une durée de sept jours.

« Lorsque l'autorité administrative, le cas échéant après avoir pris connaissance des observations de la personne dont l'activité est d'éditer le service de communication au public en ligne en cause, estime que le constat mentionné au premier alinéa du présent I n'est plus valable, elle demande sans délai aux personnes destinataires d'une notification de mettre fin aussitôt aux mesures conservatoires.

« II. – Lorsque la personne dont l'activité est d'éditer le service de communication au public en ligne en cause n'a pas mis à disposition les informations mentionnées à l'article 1-1 de la présente loi, lorsque celles-ci ne permettent pas de la contacter ou lorsqu'au terme du délai mentionné au premier alinéa du I du présent article, le cas échéant après que cette personne a fait valoir ses observations, il apparaît que le constat mentionné au même premier alinéa est toujours valable, l'autorité administrative peut, par une décision motivée, enjoindre aux fournisseurs de navigateurs internet au sens du 11 de l'article 2 du règlement (UE) 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique, aux fournisseurs de services d'accès à internet ou aux fournisseurs de systèmes de résolution de noms de domaine de prendre sans délai toute mesure utile destinée à empêcher l'accès à l'adresse de ce service pour une durée maximale de trois mois. La décision de l'autorité administrative désigne quel fournisseur est chargé d'empêcher l'accès à l'adresse de ce service, en fonction de l'injonction émise et de la nature de la mesure envisagée.

« Les utilisateurs des services de communication au public en ligne auxquels l'accès est empêché en application des mesures mentionnées au premier alinéa du présent II sont dirigés vers une page d'information de l'autorité administrative compétente indiquant les motifs de la mesure de blocage.

« À l'issue de la durée prescrite au premier alinéa du présent II, la mesure destinée à empêcher l'accès à l'adresse du service peut être prolongée de six mois au plus sur avis conforme de la personnalité qualifiée mentionnée au III. Une durée supplémentaire de six mois peut être prescrite selon la même procédure.

« L'autorité administrative établit une liste des adresses des services de communication au public en ligne dont l'accès a été empêché et vérifie, à l'approche de l'expiration de la durée prescrite au deuxième alinéa du présent II, si ces mêmes adresses sont toujours actives et, le cas échant, si le constat de l'infraction est toujours valable.

« Pour l'application du premier alinéa du présent II, on entend par fournisseur de système de résolution de noms de domaine toute personne mettant à disposition un service permettant la traduction d'un nom de domaine en un numéro unique identifiant un appareil connecté à internet.

« Les décisions prises en application des premier et deuxième alinéas du présent II sont notifiées par l'autorité administrative, sous la réserve mentionnée au premier alinéa du I du présent article, à la personne dont l'activité est d'éditer le service de communication au public en ligne en cause.

« L'autorité peut également notifier les adresses électroniques dont les contenus contreviennent aux dispositions mentionnées au I du présent article aux moteurs de recherche ou aux annuaires, lesquels prennent toute mesure utile destinée à faire cesser leur référencement.

« L'autorité administrative peut à tout instant demander aux personnes mentionnées au premier alinéa du présent II de mettre fin aux mesures mentionnées au même premier alinéa lorsqu'il apparaît que le constat sur lequel elles étaient fondées n'est plus valable. Le cas échéant, elle informe la personne qualifiée mentionnée au III du présent article de sa décision.

« III. – L'autorité administrative transmet sans délai les demandes mentionnées aux I et II du présent article, ainsi que les adresses électroniques des services de communication en ligne concernés, à une personnalité qualifiée désignée en son sein par la Commission nationale pour l'informatique et les libertés pour la durée de son mandat au sein de la commission. La personnalité qualifiée s'assure du caractère justifié des mesures et des conditions d'établissement, de mise à jour, de communication et d'utilisation de la liste des adresses électroniques concernées. Elle peut saisir le collège de la Commission nationale pour l'informatique et les libertés lorsque l'enjeu le justifie. Elle peut à tout moment enjoindre à l'autorité administrative de mettre fin aux mesures qu'elle a prises sur le fondement des mêmes I et II.

« Lorsque la personne dont l'activité est d'éditer le service de communication au public en ligne en cause saisit la personne qualifiée d'un recours administratif, le blocage est suspendu le temps de l'instruction de ce recours par la personnalité qualifiée.

« La personne qualifiée rend public chaque année un rapport d'activité, annexé au rapport public prévu à l'article 8 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, qui comporte des éléments notamment relatifs :

« 1° Au nombre et aux motifs des mesures conservatoires demandées en application du I du présent article ;

« 2° Au nombre, aux motifs et à la nature des mesures demandées en application du II du présent article ;

« 3° Au nombre d'adresses de services de communication au public en ligne concernées ;

« 4° Au nombre et à la nature des recommandations formulées à l'égard de l'autorité administrative ;

« 5° Au nombre de recours administratifs dont elle a été saisie et aux délais moyens d'instruction de ces recours ;

« 6° Aux moyens nécessaires à l'amélioration de ses conditions d'exercice.

« IV. – Tout manquement aux obligations définies au présent article par la personne destinataire d'une notification ou d'une injonction de l'autorité administrative est puni des peines prévues au 3° du III de l'article 6.

« V. – Les modalités d'application du présent article, notamment la désignation de l'autorité administrative compétente ainsi que le contenu et les modalités de présentation du message d'avertissement sont précisées par décret en Conseil d'État après avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés. »

Photo de Bernard Fialaire

Les cyberattaques sont l'une des principales menaces numériques dans l'Union européenne : elles constituent une grave violation du droit à la vie privée et peuvent avoir pour conséquence que des données personnelles soient volées, vendues à des tiers ou encore utilisées à des fins d'usurpation d'identité.

L'article 6 du présent projet de loi prévoit l'affichage d'un message d'avertissement dans le navigateur des internautes souhaitant accéder à une adresse internet pour laquelle il existe un risque avéré d'arnaque ou d'escroquerie.

L'amendement que je propose tend à compléter ce dispositif, en prévoyant qu'un tel message soit également affiché lorsque l'internaute tente d'accéder à une adresse internet rendant accessibles des données obtenues par piratage.

En effet, il est constaté que ces données frauduleusement obtenues sont consultées massivement et que cette simple consultation n'est à ce jour pas qualifiable pénalement, alors même qu'elle participe de l'escalade du phénomène dénoncé.

Un message d'avertissement, associé à une qualification pénale de la consultation de telles données, constituerait un outil efficace pour la lutte contre cette violation du droit à la vie privée.

Néanmoins, je souhaiterais que cet amendement soit le point de départ d'une réflexion plus poussée, qui déboucherait sur un dispositif spécifique étendant notamment les pouvoirs déjà existants de l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication, afin non seulement d'avertir les utilisateurs de la présence de données piratées ou de leur en interdire l'accès, mais bien d'obtenir la suppression par l'hébergeur de la page incriminée.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 60 rectifié bis, présenté par M. Fialaire, Mme N. Delattre, MM. Bilhac, Corbisez, Gold et Guérini, Mme Guillotin, M. Guiol, Mme Pantel et MM. Requier, Roux et Cabanel, est ainsi libellé :

Alinéa 2

Après les mots :

monétaire et financier,

insérer les mots :

ou rendant accessibles des données obtenues suite à la fraude d'un système de traitement automatisé des données,

La parole est à M. Bernard Fialaire.

Photo de Pascale Gruny

Quel est l'avis de la commission spéciale ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

Les cyberattaques sont l'une des principales menaces numériques dans l'Union européenne : elles constituent une grave violation du droit à la vie privée et peuvent avoir pour conséquence que des données personnelles soient volées, vendues à des tiers ou encore utilisées à des fins d'usurpation d'identité.

L'article 6 du présent projet de loi prévoit l'affichage d'un message d'avertissement dans le navigateur des internautes souhaitant accéder à une adresse internet pour laquelle il existe un risque avéré d'arnaque ou d'escroquerie.

L'amendement que je propose tend à compléter ce dispositif, en prévoyant qu'un tel message soit également affiché lorsque l'internaute tente d'accéder à une adresse internet rendant accessibles des données obtenues par piratage.

En effet, il est constaté que ces données frauduleusement obtenues sont consultées massivement et que cette simple consultation n'est à ce jour pas qualifiable pénalement, alors même qu'elle participe de l'escalade du phénomène dénoncé.

Un message d'avertissement, associé à une qualification pénale de la consultation de telles données, constituerait un outil efficace pour la lutte contre cette violation du droit à la vie privée.

Néanmoins, je souhaiterais que cet amendement soit le point de départ d'une réflexion plus poussée, qui déboucherait sur un dispositif spécifique étendant notamment les pouvoirs déjà existants de l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication, afin non seulement d'avertir les utilisateurs de la présence de données piratées ou de leur en interdire l'accès, mais bien d'obtenir la suppression par l'hébergeur de la page incriminée.

Article 6

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Le filtre anti-arnaques peut déjà être déclenché en cas d'obtention de données à caractère personnel par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite.

L'obtention de données à caractère personnel sur un site internet publiant des données obtenues par piratage est couverte par les infractions visées à l'article L. 226-18 du code pénal. Le texte satisfait déjà votre légitime préoccupation.

Mon cher collègue, je vous demande donc de bien vouloir retirer votre amendement ; à défaut, mon avis serait défavorable.

L'article 12 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique est ainsi rédigé :

« Art. 12. – I. – Lorsque l'un de ses agents spécialement désignés et habilités à cette fin constate qu'un service de communication au public en ligne réalise manifestement des opérations constituant les infractions mentionnées aux articles 226-4-1, 226-18 et 323-1 du code pénal et à l'article L. 163-4 du code monétaire et financier, l'autorité administrative met en demeure la personne dont l'activité est d'éditer le service de communication au public en ligne en cause, sous réserve qu'elle ait mis à disposition les informations mentionnées à l'article 1-1 de la présente loi, de cesser les opérations constituant l'infraction constatée. Elle l'informe également de la mesure conservatoire mentionnée au deuxième alinéa du présent I prise à son encontre et l'invite à lui adresser ses observations dans un délai de cinq jours.

« Simultanément, l'autorité administrative notifie l'adresse électronique du service concerné aux fournisseurs de navigateurs internet au sens du 11 de l'article 2 du règlement (UE) 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique, aux fins de la mise en œuvre de mesures conservatoires.

« La personne destinataire d'une notification prend sans délai, à titre conservatoire, toute mesure utile consistant à afficher un message avertissant l'utilisateur du risque de préjudice encouru en cas d'accès à cette adresse. Ce message est clair, lisible, unique et compréhensible et permet aux utilisateurs d'accéder au site internet officiel du groupement d'intérêt public pour le dispositif national d'assistance aux victimes d'actes de cybermalveillance.

« Cette mesure conservatoire est mise en œuvre pendant une durée de sept jours.

« Lorsque l'autorité administrative, le cas échéant après avoir pris connaissance des observations de la personne dont l'activité est d'éditer le service de communication au public en ligne en cause, estime que le constat mentionné au premier alinéa du présent I n'est plus valable, elle demande sans délai aux personnes destinataires d'une notification de mettre fin aussitôt aux mesures conservatoires.

« II. – Lorsque la personne dont l'activité est d'éditer le service de communication au public en ligne en cause n'a pas mis à disposition les informations mentionnées à l'article 1-1 de la présente loi, lorsque celles-ci ne permettent pas de la contacter ou lorsqu'au terme du délai mentionné au premier alinéa du I du présent article, le cas échéant après que cette personne a fait valoir ses observations, il apparaît que le constat mentionné au même premier alinéa est toujours valable, l'autorité administrative peut, par une décision motivée, enjoindre aux fournisseurs de navigateurs internet au sens du 11 de l'article 2 du règlement (UE) 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique, aux fournisseurs de services d'accès à internet ou aux fournisseurs de systèmes de résolution de noms de domaine de prendre sans délai toute mesure utile destinée à empêcher l'accès à l'adresse de ce service pour une durée maximale de trois mois. La décision de l'autorité administrative désigne quel fournisseur est chargé d'empêcher l'accès à l'adresse de ce service, en fonction de l'injonction émise et de la nature de la mesure envisagée.

« Les utilisateurs des services de communication au public en ligne auxquels l'accès est empêché en application des mesures mentionnées au premier alinéa du présent II sont dirigés vers une page d'information de l'autorité administrative compétente indiquant les motifs de la mesure de blocage.

« À l'issue de la durée prescrite au premier alinéa du présent II, la mesure destinée à empêcher l'accès à l'adresse du service peut être prolongée de six mois au plus sur avis conforme de la personnalité qualifiée mentionnée au III. Une durée supplémentaire de six mois peut être prescrite selon la même procédure.

« L'autorité administrative établit une liste des adresses des services de communication au public en ligne dont l'accès a été empêché et vérifie, à l'approche de l'expiration de la durée prescrite au deuxième alinéa du présent II, si ces mêmes adresses sont toujours actives et, le cas échant, si le constat de l'infraction est toujours valable.

« Pour l'application du premier alinéa du présent II, on entend par fournisseur de système de résolution de noms de domaine toute personne mettant à disposition un service permettant la traduction d'un nom de domaine en un numéro unique identifiant un appareil connecté à internet.

« Les décisions prises en application des premier et deuxième alinéas du présent II sont notifiées par l'autorité administrative, sous la réserve mentionnée au premier alinéa du I du présent article, à la personne dont l'activité est d'éditer le service de communication au public en ligne en cause.

« L'autorité peut également notifier les adresses électroniques dont les contenus contreviennent aux dispositions mentionnées au I du présent article aux moteurs de recherche ou aux annuaires, lesquels prennent toute mesure utile destinée à faire cesser leur référencement.

« L'autorité administrative peut à tout instant demander aux personnes mentionnées au premier alinéa du présent II de mettre fin aux mesures mentionnées au même premier alinéa lorsqu'il apparaît que le constat sur lequel elles étaient fondées n'est plus valable. Le cas échéant, elle informe la personne qualifiée mentionnée au III du présent article de sa décision.

« III. – L'autorité administrative transmet sans délai les demandes mentionnées aux I et II du présent article, ainsi que les adresses électroniques des services de communication en ligne concernés, à une personnalité qualifiée désignée en son sein par la Commission nationale pour l'informatique et les libertés pour la durée de son mandat au sein de la commission. La personnalité qualifiée s'assure du caractère justifié des mesures et des conditions d'établissement, de mise à jour, de communication et d'utilisation de la liste des adresses électroniques concernées. Elle peut saisir le collège de la Commission nationale pour l'informatique et les libertés lorsque l'enjeu le justifie. Elle peut à tout moment enjoindre à l'autorité administrative de mettre fin aux mesures qu'elle a prises sur le fondement des mêmes I et II.

« Lorsque la personne dont l'activité est d'éditer le service de communication au public en ligne en cause saisit la personne qualifiée d'un recours administratif, le blocage est suspendu le temps de l'instruction de ce recours par la personnalité qualifiée.

« La personne qualifiée rend public chaque année un rapport d'activité, annexé au rapport public prévu à l'article 8 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, qui comporte des éléments notamment relatifs :

« 1° Au nombre et aux motifs des mesures conservatoires demandées en application du I du présent article ;

« 2° Au nombre, aux motifs et à la nature des mesures demandées en application du II du présent article ;

« 3° Au nombre d'adresses de services de communication au public en ligne concernées ;

« 4° Au nombre et à la nature des recommandations formulées à l'égard de l'autorité administrative ;

« 5° Au nombre de recours administratifs dont elle a été saisie et aux délais moyens d'instruction de ces recours ;

« 6° Aux moyens nécessaires à l'amélioration de ses conditions d'exercice.

« IV. – Tout manquement aux obligations définies au présent article par la personne destinataire d'une notification ou d'une injonction de l'autorité administrative est puni des peines prévues au 3° du III de l'article 6.

« V. – Les modalités d'application du présent article, notamment la désignation de l'autorité administrative compétente ainsi que le contenu et les modalités de présentation du message d'avertissement sont précisées par décret en Conseil d'État après avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés. »

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Le filtre anti-arnaques peut déjà être déclenché en cas d'obtention de données à caractère personnel par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite.

L'obtention de données à caractère personnel sur un site internet publiant des données obtenues par piratage est couverte par les infractions visées à l'article L. 226-18 du code pénal. Le texte satisfait déjà votre légitime préoccupation.

Mon cher collègue, je vous demande donc de bien vouloir retirer votre amendement ; à défaut, mon avis serait défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 60 rectifié bis, présenté par M. Fialaire, Mme N. Delattre, MM. Bilhac, Corbisez, Gold et Guérini, Mme Guillotin, M. Guiol, Mme Pantel et MM. Requier, Roux et Cabanel, est ainsi libellé :

Alinéa 2

Après les mots :

monétaire et financier,

insérer les mots :

ou rendant accessibles des données obtenues suite à la fraude d'un système de traitement automatisé des données,

La parole est à M. Bernard Fialaire.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

J'apporterai un élément d'explication complémentaire : à l'inverse des faits de cybercriminalité, qui sont couverts par le filtre, la consultation de données issues d'un piratage n'expose pas l'internaute à un dommage direct. En outre, cette consultation n'est pas constitutive d'une infraction.

Pour garantir l'efficacité et la proportionnalité de la mise en œuvre du filtre, il ne faut pas se disperser et lui faire porter des objectifs trop éloignés du but initial, à savoir lutter contre les arnaques.

Le Gouvernement demande donc le retrait de cet amendement, faute de quoi il émettrait un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

Les cyberattaques sont l'une des principales menaces numériques dans l'Union européenne : elles constituent une grave violation du droit à la vie privée et peuvent avoir pour conséquence que des données personnelles soient volées, vendues à des tiers ou encore utilisées à des fins d'usurpation d'identité.

L'article 6 du présent projet de loi prévoit l'affichage d'un message d'avertissement dans le navigateur des internautes souhaitant accéder à une adresse internet pour laquelle il existe un risque avéré d'arnaque ou d'escroquerie.

L'amendement que je propose tend à compléter ce dispositif, en prévoyant qu'un tel message soit également affiché lorsque l'internaute tente d'accéder à une adresse internet rendant accessibles des données obtenues par piratage.

En effet, il est constaté que ces données frauduleusement obtenues sont consultées massivement et que cette simple consultation n'est à ce jour pas qualifiable pénalement, alors même qu'elle participe de l'escalade du phénomène dénoncé.

Un message d'avertissement, associé à une qualification pénale de la consultation de telles données, constituerait un outil efficace pour la lutte contre cette violation du droit à la vie privée.

Néanmoins, je souhaiterais que cet amendement soit le point de départ d'une réflexion plus poussée, qui déboucherait sur un dispositif spécifique étendant notamment les pouvoirs déjà existants de l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication, afin non seulement d'avertir les utilisateurs de la présence de données piratées ou de leur en interdire l'accès, mais bien d'obtenir la suppression par l'hébergeur de la page incriminée.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

Je retire mon amendement, madame la présidente !

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

J'apporterai un élément d'explication complémentaire : à l'inverse des faits de cybercriminalité, qui sont couverts par le filtre, la consultation de données issues d'un piratage n'expose pas l'internaute à un dommage direct. En outre, cette consultation n'est pas constitutive d'une infraction.

Pour garantir l'efficacité et la proportionnalité de la mise en œuvre du filtre, il ne faut pas se disperser et lui faire porter des objectifs trop éloignés du but initial, à savoir lutter contre les arnaques.

Le Gouvernement demande donc le retrait de cet amendement, faute de quoi il émettrait un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 60 rectifié bis est retiré.

Je suis saisie de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 49 rectifié ter, présenté par Mmes Noël et Garriaud-Maylam, MM. Gremillet, D. Laurent et Chatillon, Mme Muller-Bronn, MM. Charon, Joyandet et Bouchet et Mmes Thomas, Belrhiti, Pluchet et Berthet, est ainsi libellé :

Alinéa 7

Supprimer les mots :

aux fournisseurs de navigateurs internet au sens du 11 de l'article 2 du règlement (UE) 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique, aux fournisseurs de services d'accès à internet ou

La parole est à Mme Sylviane Noël.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

Je retire mon amendement, madame la présidente !

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Le filtre anti-arnaques peut déjà être déclenché en cas d'obtention de données à caractère personnel par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite.

L'obtention de données à caractère personnel sur un site internet publiant des données obtenues par piratage est couverte par les infractions visées à l'article L. 226-18 du code pénal. Le texte satisfait déjà votre légitime préoccupation.

Mon cher collègue, je vous demande donc de bien vouloir retirer votre amendement ; à défaut, mon avis serait défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Sylviane Noël

Le présent amendement vise à simplifier la terminologie utilisée à l'article 6, en supprimant certaines redondances, tout en conservant la liste des acteurs concernés.

En effet, en l'état actuel du texte, les fournisseurs de services d'accès à internet et les navigateurs sont déjà inclus dans le dispositif via la notion de « fournisseurs de systèmes de résolution de noms de domaine ». Les systèmes d'exploitation qui font de la résolution de nom de domaine sont également inclus dans cette définition.

Comme il est indiqué à l'alinéa 11 du présent article, la notion de fournisseur de système de résolution de noms de domaine vise toute personne mettant à disposition un service permettant la traduction d'un nom de domaine en un numéro unique identifiant un appareil connecté à internet.

La précision rédactionnelle apportée par le présent amendement permettrait également d'uniformiser les terminologies utilisées aux différents articles sur les blocages à l'accès du présent projet de loi avec la rédaction de l'article 32 du projet de loi relatif à la programmation militaire pour les années 2024 à 2030, adoptée en l'état par le Sénat et l'Assemblée nationale.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 60 rectifié bis est retiré.

Je suis saisie de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 49 rectifié ter, présenté par Mmes Noël et Garriaud-Maylam, MM. Gremillet, D. Laurent et Chatillon, Mme Muller-Bronn, MM. Charon, Joyandet et Bouchet et Mmes Thomas, Belrhiti, Pluchet et Berthet, est ainsi libellé :

Alinéa 7

Supprimer les mots :

aux fournisseurs de navigateurs internet au sens du 11 de l'article 2 du règlement (UE) 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique, aux fournisseurs de services d'accès à internet ou

La parole est à Mme Sylviane Noël.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 40, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 7, première phrase

1° Supprimer les mots :

, aux fournisseurs de services d'accès à internet ou aux fournisseurs de systèmes de résolution de noms de domaine

2° Après le mot :

utile

insérer les mots :

, selon les choix des utilisateurs

II. – Alinéa 11

Supprimer cet alinéa.

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Sylviane Noël

Le présent amendement vise à simplifier la terminologie utilisée à l'article 6, en supprimant certaines redondances, tout en conservant la liste des acteurs concernés.

En effet, en l'état actuel du texte, les fournisseurs de services d'accès à internet et les navigateurs sont déjà inclus dans le dispositif via la notion de « fournisseurs de systèmes de résolution de noms de domaine ». Les systèmes d'exploitation qui font de la résolution de nom de domaine sont également inclus dans cette définition.

Comme il est indiqué à l'alinéa 11 du présent article, la notion de fournisseur de système de résolution de noms de domaine vise toute personne mettant à disposition un service permettant la traduction d'un nom de domaine en un numéro unique identifiant un appareil connecté à internet.

La précision rédactionnelle apportée par le présent amendement permettrait également d'uniformiser les terminologies utilisées aux différents articles sur les blocages à l'accès du présent projet de loi avec la rédaction de l'article 32 du projet de loi relatif à la programmation militaire pour les années 2024 à 2030, adoptée en l'état par le Sénat et l'Assemblée nationale.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

J'apporterai un élément d'explication complémentaire : à l'inverse des faits de cybercriminalité, qui sont couverts par le filtre, la consultation de données issues d'un piratage n'expose pas l'internaute à un dommage direct. En outre, cette consultation n'est pas constitutive d'une infraction.

Pour garantir l'efficacité et la proportionnalité de la mise en œuvre du filtre, il ne faut pas se disperser et lui faire porter des objectifs trop éloignés du but initial, à savoir lutter contre les arnaques.

Le Gouvernement demande donc le retrait de cet amendement, faute de quoi il émettrait un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Cet amendement vise à faire en sorte que le blocage des sites soit facultatif selon la volonté de l'utilisateur, donc uniquement fondé sur les navigateurs.

L'article 6 porte sur le filtre anti-arnaques, lequel a pour objet d'avertir l'utilisateur, par le biais de l'affichage d'un message d'avertissement, qu'un site internet se livre à des pratiques frauduleuses. Pour réaliser ce filtrage, le projet de loi prévoit trois méthodes : par fournisseur d'accès à internet, par le système de noms de domaine (DNS) ou par navigateur.

Avec cet amendement, nous reprenons les préconisations portées par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) dans sa délibération sur ce texte et proposons de limiter le filtrage à la dernière option.

En effet, la Cnil considère que le filtrage devrait prioritairement être réalisé au sein du navigateur, dans la mesure où ce dispositif constitue la seule possibilité permettant aisément un contrôle par l'utilisateur. Celui-ci devrait pouvoir choisir de désactiver le filtre, de configurer les listes de marqueurs à appliquer pour le filtrage et d'ignorer le filtre, au cas par cas, y compris dans une session de navigation, ce qui n'est pas possible avec les deux autres méthodes.

Voilà pourquoi nous proposons de limiter l'article à cette solution.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 40, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 7, première phrase

1° Supprimer les mots :

, aux fournisseurs de services d'accès à internet ou aux fournisseurs de systèmes de résolution de noms de domaine

2° Après le mot :

utile

insérer les mots :

, selon les choix des utilisateurs

II. – Alinéa 11

Supprimer cet alinéa.

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

Je retire mon amendement, madame la présidente !

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Cet amendement vise à faire en sorte que le blocage des sites soit facultatif selon la volonté de l'utilisateur, donc uniquement fondé sur les navigateurs.

L'article 6 porte sur le filtre anti-arnaques, lequel a pour objet d'avertir l'utilisateur, par le biais de l'affichage d'un message d'avertissement, qu'un site internet se livre à des pratiques frauduleuses. Pour réaliser ce filtrage, le projet de loi prévoit trois méthodes : par fournisseur d'accès à internet, par le système de noms de domaine (DNS) ou par navigateur.

Avec cet amendement, nous reprenons les préconisations portées par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) dans sa délibération sur ce texte et proposons de limiter le filtrage à la dernière option.

En effet, la Cnil considère que le filtrage devrait prioritairement être réalisé au sein du navigateur, dans la mesure où ce dispositif constitue la seule possibilité permettant aisément un contrôle par l'utilisateur. Celui-ci devrait pouvoir choisir de désactiver le filtre, de configurer les listes de marqueurs à appliquer pour le filtrage et d'ignorer le filtre, au cas par cas, y compris dans une session de navigation, ce qui n'est pas possible avec les deux autres méthodes.

Voilà pourquoi nous proposons de limiter l'article à cette solution.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 60 rectifié bis est retiré.

Je suis saisie de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 49 rectifié ter, présenté par Mmes Noël et Garriaud-Maylam, MM. Gremillet, D. Laurent et Chatillon, Mme Muller-Bronn, MM. Charon, Joyandet et Bouchet et Mmes Thomas, Belrhiti, Pluchet et Berthet, est ainsi libellé :

Alinéa 7

Supprimer les mots :

aux fournisseurs de navigateurs internet au sens du 11 de l'article 2 du règlement (UE) 2022/1925 du Parlement européen et du Conseil du 14 septembre 2022 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique, aux fournisseurs de services d'accès à internet ou

La parole est à Mme Sylviane Noël.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Les deux amendements tendent à modifier la liste des intermédiaires techniques concernés par le déploiement du filtre anti-arnaques.

L'amendement n° 49 n'est en aucun cas de nature rédactionnelle, contrairement à ce qui est écrit dans l'exposé des motifs. Il tend tout simplement à supprimer du dispositif les fournisseurs d'accès à internet (FAI) et les fournisseurs de navigateurs sur internet, au moment où leur mobilisation est plus que nécessaire pour mettre en œuvre les mesures de blocage et de déréférencement des sites internet frauduleux.

Les FAI et les fournisseurs de navigateurs ne sont pas couverts par la définition des fournisseurs de systèmes de résolution des noms de domaine.

L'amendement n° 40 vise, quant à lui, à supprimer les FAI et les fournisseurs de systèmes de résolution des noms de domaine. La commission spéciale estime que la mobilisation de tous les intermédiaires techniques est indispensable ; sinon, nous affaiblirions le dispositif proposé, donc nous protégerions moins bien nos citoyens sur internet.

L'avis de la commission spéciale est défavorable sur les deux amendements.

Debut de section - PermalienPhoto de Sylviane Noël

Le présent amendement vise à simplifier la terminologie utilisée à l'article 6, en supprimant certaines redondances, tout en conservant la liste des acteurs concernés.

En effet, en l'état actuel du texte, les fournisseurs de services d'accès à internet et les navigateurs sont déjà inclus dans le dispositif via la notion de « fournisseurs de systèmes de résolution de noms de domaine ». Les systèmes d'exploitation qui font de la résolution de nom de domaine sont également inclus dans cette définition.

Comme il est indiqué à l'alinéa 11 du présent article, la notion de fournisseur de système de résolution de noms de domaine vise toute personne mettant à disposition un service permettant la traduction d'un nom de domaine en un numéro unique identifiant un appareil connecté à internet.

La précision rédactionnelle apportée par le présent amendement permettrait également d'uniformiser les terminologies utilisées aux différents articles sur les blocages à l'accès du présent projet de loi avec la rédaction de l'article 32 du projet de loi relatif à la programmation militaire pour les années 2024 à 2030, adoptée en l'état par le Sénat et l'Assemblée nationale.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Les deux amendements tendent à modifier la liste des intermédiaires techniques concernés par le déploiement du filtre anti-arnaques.

L'amendement n° 49 n'est en aucun cas de nature rédactionnelle, contrairement à ce qui est écrit dans l'exposé des motifs. Il tend tout simplement à supprimer du dispositif les fournisseurs d'accès à internet (FAI) et les fournisseurs de navigateurs sur internet, au moment où leur mobilisation est plus que nécessaire pour mettre en œuvre les mesures de blocage et de déréférencement des sites internet frauduleux.

Les FAI et les fournisseurs de navigateurs ne sont pas couverts par la définition des fournisseurs de systèmes de résolution des noms de domaine.

L'amendement n° 40 vise, quant à lui, à supprimer les FAI et les fournisseurs de systèmes de résolution des noms de domaine. La commission spéciale estime que la mobilisation de tous les intermédiaires techniques est indispensable ; sinon, nous affaiblirions le dispositif proposé, donc nous protégerions moins bien nos citoyens sur internet.

L'avis de la commission spéciale est défavorable sur les deux amendements.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 40, présenté par MM. Dossus, Benarroche, Breuiller, Dantec, Fernique, Gontard et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 7, première phrase

1° Supprimer les mots :

, aux fournisseurs de services d'accès à internet ou aux fournisseurs de systèmes de résolution de noms de domaine

2° Après le mot :

utile

insérer les mots :

, selon les choix des utilisateurs

II. – Alinéa 11

Supprimer cet alinéa.

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Madame Noël, grâce à vos amendements, nous avons amélioré les dispositifs prévus aux articles 2 et 4.

Toutefois, je vous demande de retirer l'amendement n° 49 rectifié ter : nous avons besoin d'être sûrs que tous les acteurs nécessaires à l'opération mettent en œuvre le filtre. Dans son esprit, ce dispositif sert à capter véritablement tous les messages qui peuvent circuler.

J'entends bien votre ambition, que je trouve parfaitement légitime, de clarifier et de nettoyer le droit en supprimant dans le dispositif la mention des fournisseurs d'accès à internet et des résolveurs DNS.

Nous avons lu attentivement l'amendement : pour que le filtre puisse fonctionner, il nous faut compter sur la participation de l'ensemble des acteurs, quitte à ce que vous repreniez plus tard la rédaction de cet amendement, à l'image de ce que vous avez fait pour les dispositions relatives aux articles 2 et 4.

Quant à votre amendement n° 40, monsieur Dossus, même s'il est vrai que la Cnil avait un doute au départ, l'article visait déjà à tenir compte dans sa rédaction initiale des réserves exprimées par cette autorité dans son avis ; un dialogue avait été engagé avec elle. En effet, il était précisé dans le texte que, lorsque l'éditeur est connu, pendant sept jours le blocage doit être effectué par le navigateur. Le blocage DNS n'intervient qu'une fois que le site est identifié comme relevant du filtre.

Le Gouvernement demande donc le retrait de ces deux amendements, faute de quoi il émettrait un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Cet amendement vise à faire en sorte que le blocage des sites soit facultatif selon la volonté de l'utilisateur, donc uniquement fondé sur les navigateurs.

L'article 6 porte sur le filtre anti-arnaques, lequel a pour objet d'avertir l'utilisateur, par le biais de l'affichage d'un message d'avertissement, qu'un site internet se livre à des pratiques frauduleuses. Pour réaliser ce filtrage, le projet de loi prévoit trois méthodes : par fournisseur d'accès à internet, par le système de noms de domaine (DNS) ou par navigateur.

Avec cet amendement, nous reprenons les préconisations portées par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) dans sa délibération sur ce texte et proposons de limiter le filtrage à la dernière option.

En effet, la Cnil considère que le filtrage devrait prioritairement être réalisé au sein du navigateur, dans la mesure où ce dispositif constitue la seule possibilité permettant aisément un contrôle par l'utilisateur. Celui-ci devrait pouvoir choisir de désactiver le filtre, de configurer les listes de marqueurs à appliquer pour le filtrage et d'ignorer le filtre, au cas par cas, y compris dans une session de navigation, ce qui n'est pas possible avec les deux autres méthodes.

Voilà pourquoi nous proposons de limiter l'article à cette solution.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Madame Noël, grâce à vos amendements, nous avons amélioré les dispositifs prévus aux articles 2 et 4.

Toutefois, je vous demande de retirer l'amendement n° 49 rectifié ter : nous avons besoin d'être sûrs que tous les acteurs nécessaires à l'opération mettent en œuvre le filtre. Dans son esprit, ce dispositif sert à capter véritablement tous les messages qui peuvent circuler.

J'entends bien votre ambition, que je trouve parfaitement légitime, de clarifier et de nettoyer le droit en supprimant dans le dispositif la mention des fournisseurs d'accès à internet et des résolveurs DNS.

Nous avons lu attentivement l'amendement : pour que le filtre puisse fonctionner, il nous faut compter sur la participation de l'ensemble des acteurs, quitte à ce que vous repreniez plus tard la rédaction de cet amendement, à l'image de ce que vous avez fait pour les dispositions relatives aux articles 2 et 4.

Quant à votre amendement n° 40, monsieur Dossus, même s'il est vrai que la Cnil avait un doute au départ, l'article visait déjà à tenir compte dans sa rédaction initiale des réserves exprimées par cette autorité dans son avis ; un dialogue avait été engagé avec elle. En effet, il était précisé dans le texte que, lorsque l'éditeur est connu, pendant sept jours le blocage doit être effectué par le navigateur. Le blocage DNS n'intervient qu'une fois que le site est identifié comme relevant du filtre.

Le Gouvernement demande donc le retrait de ces deux amendements, faute de quoi il émettrait un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Les deux amendements tendent à modifier la liste des intermédiaires techniques concernés par le déploiement du filtre anti-arnaques.

L'amendement n° 49 n'est en aucun cas de nature rédactionnelle, contrairement à ce qui est écrit dans l'exposé des motifs. Il tend tout simplement à supprimer du dispositif les fournisseurs d'accès à internet (FAI) et les fournisseurs de navigateurs sur internet, au moment où leur mobilisation est plus que nécessaire pour mettre en œuvre les mesures de blocage et de déréférencement des sites internet frauduleux.

Les FAI et les fournisseurs de navigateurs ne sont pas couverts par la définition des fournisseurs de systèmes de résolution des noms de domaine.

L'amendement n° 40 vise, quant à lui, à supprimer les FAI et les fournisseurs de systèmes de résolution des noms de domaine. La commission spéciale estime que la mobilisation de tous les intermédiaires techniques est indispensable ; sinon, nous affaiblirions le dispositif proposé, donc nous protégerions moins bien nos citoyens sur internet.

L'avis de la commission spéciale est défavorable sur les deux amendements.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 49 rectifié ter est retiré.

Monsieur Dossus, l'amendement n° 40 est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 49 rectifié ter est retiré.

Monsieur Dossus, l'amendement n° 40 est-il maintenu ?

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Madame Noël, grâce à vos amendements, nous avons amélioré les dispositifs prévus aux articles 2 et 4.

Toutefois, je vous demande de retirer l'amendement n° 49 rectifié ter : nous avons besoin d'être sûrs que tous les acteurs nécessaires à l'opération mettent en œuvre le filtre. Dans son esprit, ce dispositif sert à capter véritablement tous les messages qui peuvent circuler.

J'entends bien votre ambition, que je trouve parfaitement légitime, de clarifier et de nettoyer le droit en supprimant dans le dispositif la mention des fournisseurs d'accès à internet et des résolveurs DNS.

Nous avons lu attentivement l'amendement : pour que le filtre puisse fonctionner, il nous faut compter sur la participation de l'ensemble des acteurs, quitte à ce que vous repreniez plus tard la rédaction de cet amendement, à l'image de ce que vous avez fait pour les dispositions relatives aux articles 2 et 4.

Quant à votre amendement n° 40, monsieur Dossus, même s'il est vrai que la Cnil avait un doute au départ, l'article visait déjà à tenir compte dans sa rédaction initiale des réserves exprimées par cette autorité dans son avis ; un dialogue avait été engagé avec elle. En effet, il était précisé dans le texte que, lorsque l'éditeur est connu, pendant sept jours le blocage doit être effectué par le navigateur. Le blocage DNS n'intervient qu'une fois que le site est identifié comme relevant du filtre.

Le Gouvernement demande donc le retrait de ces deux amendements, faute de quoi il émettrait un avis défavorable.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 50 rectifié ter, présenté par Mmes Noël et Garriaud-Maylam, MM. Gremillet, D. Laurent et Chatillon, Mme Muller-Bronn, MM. Charon, Joyandet et Bouchet et Mmes Thomas, Belrhiti, Pluchet et Berthet, est ainsi libellé :

Alinéa 7

Remplacer les mots :

sans délai

par les mots :

dans un délai, fixé par l'autorité administrative, qui ne peut être inférieur à deux jours ouvrés

La parole est à Mme Sylviane Noël.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 49 rectifié ter est retiré.

Monsieur Dossus, l'amendement n° 40 est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Sylviane Noël

Le présent amendement a pour objet d'uniformiser les délais prévus tant dans les différents articles du présent projet de loi visant à empêcher l'accès à des contenus illicites que dans les projets de loi en cours, comme la loi de programmation militaire, en se fondant sur un délai déterminé par l'autorité compétente de deux jours ouvrés minimum.

Ce délai se justifie également par la nécessité d'organiser la mobilisation des agents habilités à effectuer ces blocages chez les acteurs concernés.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 50 rectifié ter, présenté par Mmes Noël et Garriaud-Maylam, MM. Gremillet, D. Laurent et Chatillon, Mme Muller-Bronn, MM. Charon, Joyandet et Bouchet et Mmes Thomas, Belrhiti, Pluchet et Berthet, est ainsi libellé :

Alinéa 7

Remplacer les mots :

sans délai

par les mots :

dans un délai, fixé par l'autorité administrative, qui ne peut être inférieur à deux jours ouvrés

La parole est à Mme Sylviane Noël.

Debut de section - PermalienPhoto de Sylviane Noël

Le présent amendement a pour objet d'uniformiser les délais prévus tant dans les différents articles du présent projet de loi visant à empêcher l'accès à des contenus illicites que dans les projets de loi en cours, comme la loi de programmation militaire, en se fondant sur un délai déterminé par l'autorité compétente de deux jours ouvrés minimum.

Ce délai se justifie également par la nécessité d'organiser la mobilisation des agents habilités à effectuer ces blocages chez les acteurs concernés.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Je comprends la volonté d'harmoniser les modalités d'application des différents dispositifs de blocage, mais il faut considérer notre objectif, en l'occurrence la protection en ligne. En effet, les actes de cybermalveillance et les arnaques sur internet sont en hausse et font tristement partie de notre quotidien.

Au regard des risques financiers et de violation de données personnelles que représente l'accès à ces sites frauduleux, nous devons voter en faveur d'un dispositif réactif. L'introduction d'un délai de deux jours ouvrés n'est pas souhaitable et conduirait par exemple à laisser un site déclaré comme frauduleux accessible pendant tout un week-end, voire davantage s'il y a un jour férié.

La commission spéciale demande donc le retrait de cet amendement, faute de quoi elle émettrait un avis défavorable.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Je comprends la volonté d'harmoniser les modalités d'application des différents dispositifs de blocage, mais il faut considérer notre objectif, en l'occurrence la protection en ligne. En effet, les actes de cybermalveillance et les arnaques sur internet sont en hausse et font tristement partie de notre quotidien.

Au regard des risques financiers et de violation de données personnelles que représente l'accès à ces sites frauduleux, nous devons voter en faveur d'un dispositif réactif. L'introduction d'un délai de deux jours ouvrés n'est pas souhaitable et conduirait par exemple à laisser un site déclaré comme frauduleux accessible pendant tout un week-end, voire davantage s'il y a un jour férié.

La commission spéciale demande donc le retrait de cet amendement, faute de quoi elle émettrait un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 50 rectifié ter, présenté par Mmes Noël et Garriaud-Maylam, MM. Gremillet, D. Laurent et Chatillon, Mme Muller-Bronn, MM. Charon, Joyandet et Bouchet et Mmes Thomas, Belrhiti, Pluchet et Berthet, est ainsi libellé :

Alinéa 7

Remplacer les mots :

sans délai

par les mots :

dans un délai, fixé par l'autorité administrative, qui ne peut être inférieur à deux jours ouvrés

La parole est à Mme Sylviane Noël.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Sylviane Noël

Le présent amendement a pour objet d'uniformiser les délais prévus tant dans les différents articles du présent projet de loi visant à empêcher l'accès à des contenus illicites que dans les projets de loi en cours, comme la loi de programmation militaire, en se fondant sur un délai déterminé par l'autorité compétente de deux jours ouvrés minimum.

Ce délai se justifie également par la nécessité d'organiser la mobilisation des agents habilités à effectuer ces blocages chez les acteurs concernés.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Je comprends la volonté d'harmoniser les modalités d'application des différents dispositifs de blocage, mais il faut considérer notre objectif, en l'occurrence la protection en ligne. En effet, les actes de cybermalveillance et les arnaques sur internet sont en hausse et font tristement partie de notre quotidien.

Au regard des risques financiers et de violation de données personnelles que représente l'accès à ces sites frauduleux, nous devons voter en faveur d'un dispositif réactif. L'introduction d'un délai de deux jours ouvrés n'est pas souhaitable et conduirait par exemple à laisser un site déclaré comme frauduleux accessible pendant tout un week-end, voire davantage s'il y a un jour férié.

La commission spéciale demande donc le retrait de cet amendement, faute de quoi elle émettrait un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 50 rectifié ter est retiré.

L'amendement n° 135, présenté par M. Chaize, au nom de la commission, est ainsi libellé :

Alinéa 10

Remplacer le mot :

deuxième

par le mot :

troisième

La parole est à M. le rapporteur spécial.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Il s'agit d'un amendement de coordination juridique.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 50 rectifié ter est retiré.

L'amendement n° 135, présenté par M. Chaize, au nom de la commission, est ainsi libellé :

Alinéa 10

Remplacer le mot :

deuxième

par le mot :

troisième

La parole est à M. le rapporteur spécial.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Il s'agit d'un amendement de coordination juridique.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Favorable.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Favorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 50 rectifié ter est retiré.

L'amendement n° 135, présenté par M. Chaize, au nom de la commission, est ainsi libellé :

Alinéa 10

Remplacer le mot :

deuxième

par le mot :

troisième

La parole est à M. le rapporteur spécial.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Il s'agit d'un amendement de coordination juridique.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 136, présenté par M. Chaize, au nom de la commission, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 16

Remplacer la seconde occurrence du mot :

personne

par le mot :

personnalité

II. – Alinéa 17

Remplacer le mot :

personne

par le mot :

personnalité

La parole est à M. le rapporteur spécial.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Il s'agit d'un amendement de précision rédactionnelle.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 136, présenté par M. Chaize, au nom de la commission, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 16

Remplacer la seconde occurrence du mot :

personne

par le mot :

personnalité

II. – Alinéa 17

Remplacer le mot :

personne

par le mot :

personnalité

La parole est à M. le rapporteur spécial.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Favorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Il s'agit d'un amendement de précision rédactionnelle.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Favorable.

L'amendement est adopté.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Favorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 136, présenté par M. Chaize, au nom de la commission, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 16

Remplacer la seconde occurrence du mot :

personne

par le mot :

personnalité

II. – Alinéa 17

Remplacer le mot :

personne

par le mot :

personnalité

La parole est à M. le rapporteur spécial.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrick Chaize

Il s'agit d'un amendement de précision rédactionnelle.

L'amendement est adopté.

L'article 6 est adopté.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

Favorable.

Photo de Pascale Gruny

L'amendement n° 59 rectifié bis, présenté par M. Fialaire, Mme N. Delattre, MM. Bilhac, Corbisez, Gold et Guérini, Mme Guillotin, M. Guiol, Mme Pantel et MM. Requier, Roux et Cabanel, est ainsi libellé :

Après l'article 6

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article 323-3-2 du code pénal, il est inséré un article 323-3-... ainsi rédigé :

« Art. 323 -3 - Le fait de consulter, sans motif légitime, un service de communication au public en ligne mettant à disposition des données, tout en ayant connaissance du fait qu'elles ont été obtenues suite à la fraude d'un système de traitement automatisé de données, est puni de 30 000 € d'amende. »

La parole est à M. Bernard Fialaire.

Après l'article 6

Photo de Bernard Fialaire

J'insiste ici de nouveau sur le cyberpiratage.

Puisque mon amendement précédent a été, paraît-il, satisfait, cette proposition, qui lui est complémentaire, a pour objet de créer une nouvelle infraction visant la consultation sans motif légitime d'un service de communication au public en ligne mettant à disposition des données tout en ayant connaissance du fait qu'elles ont été obtenues à la suite du piratage d'un système de traitement automatisé de données.

Il s'agit donc de créer une infraction supplémentaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 59 rectifié bis, présenté par M. Fialaire, Mme N. Delattre, MM. Bilhac, Corbisez, Gold et Guérini, Mme Guillotin, M. Guiol, Mme Pantel et MM. Requier, Roux et Cabanel, est ainsi libellé :

Après l'article 6

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article 323-3-2 du code pénal, il est inséré un article 323-3-... ainsi rédigé :

« Art. 323 -3 - Le fait de consulter, sans motif légitime, un service de communication au public en ligne mettant à disposition des données, tout en ayant connaissance du fait qu'elles ont été obtenues suite à la fraude d'un système de traitement automatisé de données, est puni de 30 000 € d'amende. »

La parole est à M. Bernard Fialaire.

Photo de Pascale Gruny

Quel est l'avis de la commission spéciale ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

J'insiste ici de nouveau sur le cyberpiratage.

Puisque mon amendement précédent a été, paraît-il, satisfait, cette proposition, qui lui est complémentaire, a pour objet de créer une nouvelle infraction visant la consultation sans motif légitime d'un service de communication au public en ligne mettant à disposition des données tout en ayant connaissance du fait qu'elles ont été obtenues à la suite du piratage d'un système de traitement automatisé de données.

Il s'agit donc de créer une infraction supplémentaire.

Photo de Loïc Hervé

Cet amendement de notre collègue Bernard Fialaire vise à répondre à un motif parfaitement légitime, à savoir mieux protéger les entités, notamment publiques, qui ont fait l'objet de cyberattaques et dont les données se trouvent diffusées sur internet par des hackers. Pour ce faire, il tend à pénaliser la consultation de ces dernières.

Toutefois, je m'interroge sur la portée pratique d'une telle sanction. Comment la police et la gendarmerie trouveront-elles l'identité de celles et de ceux qui ont procédé à une telle consultation ? Comment pourra-t-on prouver qu'une personne savait que les informations dont elle a pris connaissance avaient été obtenues par des hackers ?

Surtout, la consultation qu'il est prévu de sanctionner est déjà couverte par le code pénal, dans la mesure où sa seule vocation est de permettre, dans un second temps, un usage illégal des données pour commettre des infractions déjà réprimées, par exemple usurper nos identités ou exercer un chantage.

À mon avis, cette disposition pose plus de problèmes qu'elle n'en résout. Tout en comprenant votre logique, je ne vois pas ce que ce nouveau délit apporterait à notre arsenal répressif, qui est déjà assez considérable.

La commission spéciale émet donc un avis défavorable.

Après l'article 6

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Cet amendement de notre collègue Bernard Fialaire vise à répondre à un motif parfaitement légitime, à savoir mieux protéger les entités, notamment publiques, qui ont fait l'objet de cyberattaques et dont les données se trouvent diffusées sur internet par des hackers. Pour ce faire, il tend à pénaliser la consultation de ces dernières.

Toutefois, je m'interroge sur la portée pratique d'une telle sanction. Comment la police et la gendarmerie trouveront-elles l'identité de celles et de ceux qui ont procédé à une telle consultation ? Comment pourra-t-on prouver qu'une personne savait que les informations dont elle a pris connaissance avaient été obtenues par des hackers ?

Surtout, la consultation qu'il est prévu de sanctionner est déjà couverte par le code pénal, dans la mesure où sa seule vocation est de permettre, dans un second temps, un usage illégal des données pour commettre des infractions déjà réprimées, par exemple usurper nos identités ou exercer un chantage.

À mon avis, cette disposition pose plus de problèmes qu'elle n'en résout. Tout en comprenant votre logique, je ne vois pas ce que ce nouveau délit apporterait à notre arsenal répressif, qui est déjà assez considérable.

La commission spéciale émet donc un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L'amendement n° 59 rectifié bis, présenté par M. Fialaire, Mme N. Delattre, MM. Bilhac, Corbisez, Gold et Guérini, Mme Guillotin, M. Guiol, Mme Pantel et MM. Requier, Roux et Cabanel, est ainsi libellé :

Après l'article 6

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article 323-3-2 du code pénal, il est inséré un article 323-3-... ainsi rédigé :

« Art. 323 -3 - Le fait de consulter, sans motif légitime, un service de communication au public en ligne mettant à disposition des données, tout en ayant connaissance du fait qu'elles ont été obtenues suite à la fraude d'un système de traitement automatisé de données, est puni de 30 000 € d'amende. »

La parole est à M. Bernard Fialaire.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

J'ajouterai un élément complémentaire : une telle infraction présente un risque constitutionnel, au regard de l'atteinte qu'elle porte à l'exercice de la liberté d'information et de communication. Je rappelle que, à deux reprises, le Conseil constitutionnel a censuré le délit de consultation habituelle de sites à caractère terroriste, en février 2017 et en décembre 2017.

Le Gouvernement émet par conséquent un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

J'insiste ici de nouveau sur le cyberpiratage.

Puisque mon amendement précédent a été, paraît-il, satisfait, cette proposition, qui lui est complémentaire, a pour objet de créer une nouvelle infraction visant la consultation sans motif légitime d'un service de communication au public en ligne mettant à disposition des données tout en ayant connaissance du fait qu'elles ont été obtenues à la suite du piratage d'un système de traitement automatisé de données.

Il s'agit donc de créer une infraction supplémentaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Bernard Fialaire, pour explication de vote.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

J'ajouterai un élément complémentaire : une telle infraction présente un risque constitutionnel, au regard de l'atteinte qu'elle porte à l'exercice de la liberté d'information et de communication. Je rappelle que, à deux reprises, le Conseil constitutionnel a censuré le délit de consultation habituelle de sites à caractère terroriste, en février 2017 et en décembre 2017.

Le Gouvernement émet par conséquent un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

J'insiste tout de même un peu, car les cyberattaques se multiplient.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Bernard Fialaire, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Cet amendement de notre collègue Bernard Fialaire vise à répondre à un motif parfaitement légitime, à savoir mieux protéger les entités, notamment publiques, qui ont fait l'objet de cyberattaques et dont les données se trouvent diffusées sur internet par des hackers. Pour ce faire, il tend à pénaliser la consultation de ces dernières.

Toutefois, je m'interroge sur la portée pratique d'une telle sanction. Comment la police et la gendarmerie trouveront-elles l'identité de celles et de ceux qui ont procédé à une telle consultation ? Comment pourra-t-on prouver qu'une personne savait que les informations dont elle a pris connaissance avaient été obtenues par des hackers ?

Surtout, la consultation qu'il est prévu de sanctionner est déjà couverte par le code pénal, dans la mesure où sa seule vocation est de permettre, dans un second temps, un usage illégal des données pour commettre des infractions déjà réprimées, par exemple usurper nos identités ou exercer un chantage.

À mon avis, cette disposition pose plus de problèmes qu'elle n'en résout. Tout en comprenant votre logique, je ne vois pas ce que ce nouveau délit apporterait à notre arsenal répressif, qui est déjà assez considérable.

La commission spéciale émet donc un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

J'insiste tout de même un peu, car les cyberattaques se multiplient.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

La dernière concernait un hôpital dont les données ont été piratées. D'ailleurs, les chaînes radio qui ont révélé l'information ont en partie dévoilé le contenu de ces données, ce qui veut bien dire que des personnes les consultent en parfaite connaissance de cause.

Ces contenus peuvent donc être lus – vous l'imaginez bien – par des personnes qui y trouvent un intérêt économique, par exemple des compagnies d'assurances. Lorsqu'elles le font sciemment, il me paraît que cela relève du délit. Le fait d'être menacé de poursuites à la suite de telles consultations est une piste pour limiter la multiplication des cyberattaques.

Debut de section - Permalien
Jean-Noël Barrot, ministre délégué

J'ajouterai un élément complémentaire : une telle infraction présente un risque constitutionnel, au regard de l'atteinte qu'elle porte à l'exercice de la liberté d'information et de communication. Je rappelle que, à deux reprises, le Conseil constitutionnel a censuré le délit de consultation habituelle de sites à caractère terroriste, en février 2017 et en décembre 2017.

Le Gouvernement émet par conséquent un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

La dernière concernait un hôpital dont les données ont été piratées. D'ailleurs, les chaînes radio qui ont révélé l'information ont en partie dévoilé le contenu de ces données, ce qui veut bien dire que des personnes les consultent en parfaite connaissance de cause.

Ces contenus peuvent donc être lus – vous l'imaginez bien – par des personnes qui y trouvent un intérêt économique, par exemple des compagnies d'assurances. Lorsqu'elles le font sciemment, il me paraît que cela relève du délit. Le fait d'être menacé de poursuites à la suite de telles consultations est une piste pour limiter la multiplication des cyberattaques.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Bernard Fialaire, pour explication de vote.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

J'insiste tout de même un peu, car les cyberattaques se multiplient.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Mme le président. Mes chers collègues, je vais lever cette séance, qui était la dernière que je présidais.

L'amendement n'est pas adopté.

Applaudissements.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Mme le président. Mes chers collègues, je vais lever cette séance, qui était la dernière que je présidais.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

La dernière concernait un hôpital dont les données ont été piratées. D'ailleurs, les chaînes radio qui ont révélé l'information ont en partie dévoilé le contenu de ces données, ce qui veut bien dire que des personnes les consultent en parfaite connaissance de cause.

Ces contenus peuvent donc être lus – vous l'imaginez bien – par des personnes qui y trouvent un intérêt économique, par exemple des compagnies d'assurances. Lorsqu'elles le font sciemment, il me paraît que cela relève du délit. Le fait d'être menacé de poursuites à la suite de telles consultations est une piste pour limiter la multiplication des cyberattaques.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Nous avons examiné 57 amendements au cours de la journée ; il en reste 50.

La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.

Applaudissements.

Photo de Pascale Gruny

Nous avons examiné 57 amendements au cours de la journée ; il en reste 50.

La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.

L'amendement n'est pas adopté.

Photo de Pascale Gruny

Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée à aujourd'hui, mercredi 5 juillet 2023 :

À quinze heures :

Questions d'actualité au Gouvernement.

À seize heures trente et le soir :

Suite du projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique (procédure accélérée ; texte de la commission n° 778, 2022-2023)

Personne ne demande la parole ?…

La séance est levée.

Ordre du jour

Photo de Pascale Gruny

Mme le président. Mes chers collègues, je vais lever cette séance, qui était la dernière que je présidais.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée à aujourd'hui, mercredi 5 juillet 2023 :

À quinze heures :

Questions d'actualité au Gouvernement.

À seize heures trente et le soir :

Suite du projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique (procédure accélérée ; texte de la commission n° 778, 2022-2023)

Personne ne demande la parole ?…

La séance est levée.

Photo de Pascale Gruny

Nous avons examiné 57 amendements au cours de la journée ; il en reste 50.

La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée à aujourd'hui, mercredi 5 juillet 2023 :

À quinze heures :

Questions d'actualité au Gouvernement.

À seize heures trente et le soir :

Suite du projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique (procédure accélérée ; texte de la commission n° 778, 2022-2023)

Personne ne demande la parole ?…

La séance est levée.

La séance est levée le mercredi 5 juillet 2023, à zéro heure dix.