Intervention de Daphné Ract-Madoux

Réunion du 18 juillet 2023 à 10h00
Reconstruction des bâtiments dégradés au cours de violences urbaines — Discussion générale

Photo de Daphné Ract-MadouxDaphné Ract-Madoux :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, Arpajon, Athis-Mons, Bondoufle, Chilly-Mazarin, Corbeil-Essonnes, Dourdan, Draveil, Épinay-sous-Sénart, Étampes, Évry-Courcouronnes, Fleury-Mérogis, Gif-sur-Yvette, Grigny, Juvisy-sur-Orge, Les Ulis, Lisses, Massy, Saint-Germain-lès-Corbeil, Saint-Michel-sur-Orge, Sainte-Geneviève-des-Bois, Savigny-sur-Orge, Vigneux-sur-Seine ou Viry-Châtillon… cela n’est malheureusement pas un cours de géographie essonnienne. C’est la liste non exhaustive des communes de mon département qui ont été touchées par les émeutes.

Derrière le drame du décès de Nahel Merzouk et la nécessaire enquête qui doit s’ensuivre, rien n’excuse les violences, les dégradations et les pillages qui ont eu lieu dans toute la France.

Rien n’excuse les dégâts humains, moraux, matériels et financiers.

Rien n’excuse enfin les attaques répétées contre des institutions qui sont le ciment de notre République.

J’ai une pensée toute particulière pour les élus locaux et les agents publics, sur le pont jour et nuit, qui ont vu leurs mairies endommagées, comme celle de Dourdan ; pour les enfants qui ont vu leurs écoles saccagées, comme celle de Viry-Châtillon ; pour les habitants d’Évry-Courcouronnes et leur maison de quartier ; pour l’ensemble de nos concitoyens qui ont vu leurs équipements, leurs services de transports et leurs commerces du quotidien dégradés et détruits. Nous avons vu des pompiers encerclés apeurés, des policiers municipaux assiégés, certains élus agressés, quand d’autres éteignaient les incendies, extincteurs toujours à portée de main dans le coffre.

À l’aune de ces réalités, il nous faut nous poser les bonnes questions et tirer de ces événements tragiques des enseignements pour nos territoires et notre jeunesse. Il est de notre responsabilité de prendre le temps du débat démocratique, d’échanger avec l’ensemble des acteurs de nos quartiers, afin d’éviter tout aveuglement malheureux. La gravité de ces événements ne doit ni être ignorée ni minimisée.

Le coût inédit de ces dégradations, parfaitement mis en lumière par ma collègue Françoise Férat, rendait nécessaire le dépôt rapide d’un projet de loi. Je salue à ce titre le recours aux ordonnances plutôt que le choix d’une rédaction dans l’urgence : cela laissera à l’État le temps de mettre en œuvre un plan adéquat et permettra de consulter largement les représentants des principales victimes.

L’accompagnement de chacun doit être notre priorité. Le présent projet de loi répond à cet impératif. J’appelle de mes vœux une mobilisation forte de notre institution sur cette question, mes chers collègues. Les causes et les conséquences d’un tel déchaînement de violence dans nos territoires devront être étudiées et questionnées, tout comme le plan de reconstruction. À cet égard, la création d’une commission d’enquête ou d’une mission d’information sénatoriale me semblerait tout à fait appropriée.

Si la reconstruction matérielle et financière est éminemment nécessaire et urgente, j’espère que notre démocratie transformera la conflictualité brûlante de ces émeutes en un puissant ferment permettant de rebâtir des fondations solides et républicaines dans nos communes, des fondations où le dialogue apaisé trouvera toute sa place et où les symboles de notre République continueront d’être des lieux de rassemblement plutôt que de destruction.

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