J’écoute toujours M. Folliot quand il prend la parole. J’ai été sensible à certains des arguments qu’il a développés en présentant ses précédents amendements.
En l’occurrence, nous allons voter contre cet amendement, lequel est significatif d’un risque que je vois advenir : la militarisation de nos politiques relatives aux fonds marins et à l’espace.
Nous laissons disparaître des capacités civiles dans l’indifférence générale. D’abord, on veut arrêter le Nautile, puis on veut lui conférer une utilisation duale, civile et militaire, en étant prêt à mettre de l’argent pour le sauver ! Cela n’est pas sans conséquence, car l’Ifremer travaille, comme nous le faisons dans le domaine civil, en coopération ouverte. C’est la règle de la coopération scientifique internationale.
Si nous assignons des fonctions militaires à ce bâtiment, alors ses fonctions seront par définition restreintes en matière de coopération internationale, puisqu’elles seront en partie couvertes par les règles de la non-coopération militaire, sauf avec les alliés, mais forcément avec d’autres Nations.
Nous passerions d’une situation dans laquelle ce bâtiment participe à des missions de coopération scientifique internationale ouvertes à une autre, où sa capacité d’agir sera considérablement réduite. Voilà où risque de conduire la militarisation de l’espace et des fonds marins ; c’est extrêmement inquiétant. L’exemple du Nautile est, j’y insiste, particulièrement significatif de ce risque.
Je suis favorable à la prolongation du Nautile. Mais pour qu’il puisse faire son travail, investissons 1 million d’euros de plus dans la recherche civile ! Ne militarisons pas sa fonction, car la conséquence sera l’obstruction de la coopération scientifique internationale.