Il convient de distinguer l’amendement lui-même et le sujet de l’Asap.
Sur le fond, l’amendement présente un intérêt certain, mais j’invite à son retrait en faveur d’un examen plus approfondi. La question qui y est posée est la suivante : devons-nous envisager la création d’un commandement européen en complément du commandement intégré existant ? À cette interrogation, la réponse est négative.
Néanmoins, une autre question se pose, qui me permet de revenir sur votre intervention en discussion générale, monsieur le sénateur : ne serait-il pas opportun de renforcer le pilier européen de l’Otan ? À cela, la réponse est affirmative.
À cette fin, la France doit être plus forte au sein de l’Otan. Comment y parvenir ? J’ai déjà longuement évoqué l’objectif des 2 % du PIB consacrés à la défense, je ne m’y attarderai pas davantage.
Pour autant, l’Asap me permet d’aborder les investissements réalisés par le contribuable européen pour notre réarmement, lesquels profitent à la base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE), à notre autonomie stratégique et, par extension, à l’emploi en Europe. Bien que notre objectif premier soit notre défense, il est crucial de capter et de fixer sur le territoire européen la production de richesses liées aux dépenses militaires.
Pour ce qui concerne le commandement intégré, nous devons être moteurs, et nous le sommes, eu égard à notre statut de contributeur militaire important.
Je rappelle au Sénat que, chaque année, tous les pays membres de l’Alliance font une promesse de mise à disposition de moyens militaires. C’est cela qui justifie ma fermeté sur l’objectif des 2 % : cet engagement marque toute la différence entre le fait de disposer de matériel stocké dans un hangar et celui de mettre à disposition du commandement suprême des forces alliées en Europe (Saceur) et du commandement intégré un certain nombre de navires, d’avions et, le cas échéant, de troupes au sol.
Soyons clairs : malgré cette mise à disposition, nous conservons le contrôle national sur l’action de nos forces. Souvent, les critiques sur le commandement intégré donnent l’impression que le contrôle suprême de nos forces versées à l’Alliance serait confié à Washington ; certains pays adoptent peut-être une telle approche, mais ce n’est absolument pas notre cas.