À l’issue de trois jours de débats riches et intenses, nous restons assez perplexes.
En raison de votre refus de toute nouvelle recette, nous ne savons toujours pas comment cette ambitieuse programmation militaire sera financée ni quelle autre politique publique sera lésée. Cet angle mort nous empêche de voter en connaissance de cause.
Ce que nous retenons de nos échanges, c’est qu’en refusant de faire des choix, en conservant un modèle d’armée globale en inadéquation avec la réalité de notre puissance et de nos moyens, en investissant autant dans la dissuasion nucléaire, en multipliant les nouveaux espaces de conflictualité, nous nous retrouvons face à un double risque : l’échantillonnage de notre armée ou l’explosion colossale du coût des prochaines LPM pour continuer de financer ces nouveaux programmes très onéreux. Et tout cela sans investir suffisamment dans les moyens humains et capacitaires de notre armée de terre. Pour citer le poète, la grenouille se veut faire aussi grosse que le bœuf…
Nous ne pouvons accepter un modèle d’armée qui oblige la France à refuser tout effort de désarmement nucléaire multilatéral, qui suppose que nos industriels exportent des armes sans aucun égard pour le respect des droits humains ou du droit tout court.
Nous sommes convaincus que le modèle d’armée français doit être rationalisé et intégré dans une perspective de coalition européenne, même si nous n’ignorons pas que cette Europe de la défense aura – au moins à court terme – l’Otan pour cadre de structuration.
L’Europe est l’échelle idoine pour retrouver la puissance à laquelle la France aspire, pour faire face aux nouvelles menaces comme pour mutualiser nos efforts.
Nous avons trop de défis à relever pour laisser filer indéfiniment nos dépenses de défense. Nous souhaitons d’ailleurs que le Gouvernement soit aussi réactif et ambitieux pour assurer notre sécurité climatique que pour garantir notre sécurité militaire.
Cependant, face à l’urgente nécessité de reconstituer nos stocks pour continuer d’aider l’Ukraine et compte tenu des progrès réalisés au Sénat, les écologistes, dans leur très grande majorité, s’abstiendront sur ce projet de loi de programmation militaire.