J’ai bien entendu l’argument de M. Le Maire : comme cela n’est pas prévu par la loi européenne, le Parlement doit attendre bien gentiment que le Gouvernement essaye de créer un rapport de force permettant la prise en compte du critère de proximité.
Le rôle du Parlement est aussi d’alerter les pouvoirs publics et d’envoyer un message à nos amis européens. Pendant des années, dire qu’il fallait un Small Business Act européen ou qu’il fallait privilégier les achats européens était considéré comme un crime de lèse-majesté. C’est désormais à la mode : la crise de la mondialisation libérale a bien prouvé qu’il faut des règles et que le grand déménagement du monde ne sert à rien.
Je connais bien le discours selon lequel l’important, c’est d’acheter européen. Mais, au vu de l’état de la désindustrialisation française, si nous ne prenons pas de mesures plus favorables au Made in France et à l’achat français par les pouvoirs publics, nous favoriserons l’industrie allemande et toutes les entreprises délocalisées en Europe de l’Est. N’oublions pas que le gros de la délocalisation française a eu lieu non pas en direction de la Chine, mais vers les pays de l’Est et un peu vers le Maghreb.
Nous avons besoin d’un rééquilibrage intraeuropéen et de plus de cohérence et de souveraineté européennes ; autrement, nous resterons des nains industriels. Nous réussirons peut-être à sauver la face sur un ou deux secteurs, mais globalement notre tissu industriel ne reprendra aucune vigueur.
Je doute que la petite entreprise artisanale des Vosges, à laquelle j’attache beaucoup d’importance, réponde à de nombreux appels d’offres polonais… Elle peut avoir un réseau de distribution, mais je ne pense pas qu’elle soit en mesure de répondre à un appel d’offres public. Quoi qu’il en soit, cela n’est pas de nature à solidifier cet artisanat.