Citant M. Bruno Lina, qui a déclaré être totalement indépendant des laboratoires en dépit des liens qui l'unissent avec l'industrie pharmaceutique, M. Alain Siary a présenté, sans mettre en cause la sincérité de M. Bruno Lina, plusieurs exemples tendant à montrer que malgré tout, les liens entre expertise et entreprises du médicament ne sont pas sans conséquence.
Il a ainsi pris l'exemple des essais randomisés qui lorsqu'ils sont financés par l'industrie pharmaceutiques aboutissent à recommander, cinq fois plus fréquemment que les essais indépendants, le produit étudié comme traitement de choix.
S'appuyant ensuite sur une étude du BMJ menée sur la Rosiglitazone, médicament contre le diabète qui peut entraîner des risques cardiovasculaires, il a déclaré qu'il y avait trois fois plus d'experts favorables à ce produit parmi les auteurs d'articles sur ce sujet ayant des liens d'intérêt avec les fabricants d'antidiabétiques, et quatre fois plus parmi ceux ayant des liens avec les fabricants de la Rosiglitazone.
a également insisté sur les faiblesses de la pharmacovigilance, prenant l'exemple du vaccin BCG intradermique. Alors qu'une enquête de pharmacovigilance menée en France entre 2005 et 2008 a estimé la fréquence des abcès consécutifs à la vaccination dans une fourchette comprise entre 0,4 à 0,8 cas pour 1 000 vaccinations, le suivi pendant un an d'une cohorte de 2 600 enfants, âgés de moins de 7 ans, vaccinés en 2007 a révélé que l'incidence des abcès était de 25 cas pour 1 000 vaccinations. La pharmacovigilance n'a ainsi permis de notifier que 2,5 % des cas d'effets secondaires effectivement constatés.
Il a indiqué qu'il convenait dès lors de s'interroger sur l'efficacité de la pharmacovigilance menée sur les vaccins contre la grippe A(H1N1)v.
a enfin insisté sur les pressions des laboratoires pharmaceutiques pour valoriser certaines vaccinations. Il a cité l'exemple de la vaccination contre le cancer du col de l'utérus (vaccin anti-HPV), désormais recommandé dans le cadre du « plan Cancer », alors que la Haute autorité de santé (HAS) recommandait le dépistage généralisé par frottis avant la commercialisation du vaccin et que l'efficacité de ce dernier en termes de prévention n'est pas prouvée, car la majorité des lésions dysplasiques régressent chez les jeunes filles. Par ailleurs, son efficacité lorsqu'il est utilisé en intention de traitement n'est que de 17 %. Il a insisté sur les campagnes de communication massives menées par les laboratoires concernés, fondées pour certaines sur une certaine « stratégie de la peur » ou tendant à culpabiliser les mères.
Faisant le parallèle avec la campagne de vaccination contre le virus A(H1N1)v, il a indiqué que les derniers chiffres de l'Institut de veille sanitaire (INVS) sur le nombre de cas décelés et le nombre de décès recensés ne sont pas aussi importants que ceux initialement annoncés.
Pour conclure, il a précisé qu'il est urgent de créer des commissions comprenant des experts indépendants, ainsi que des représentants de la société civile.
Rappelant que le gouvernement français a choisi de procéder à une vaccination collective, et non dans les cabinets médicaux, M. François Autain, président, a souhaité connaître l'avis de M. Alain Siary sur ce choix, au regard notamment des arguments avancés quant aux problèmes d'organisation pratique d'une vaccination par les médecins généralistes (convocation des patients, approvisionnement en vaccins, charge administrative...).
a répondu que les médecins généralistes, qui procèdent à la vaccination contre la grippe saisonnière, auraient pu, de la même manière, vacciner les personnes à risques contre le virus A(H1N1)v. En revanche, l'organisation d'une campagne de vaccination de masse n'était pas gérable et le conditionnement des vaccins en flacons multidoses n'était pas adapté à une vaccination en cabinet médical.