Pour ce qui est des experts nationaux, il ne peut que faire état de son intime conviction. On va certes se rendre compte qu'en France, tous les experts ont forcément des rapports avec l'industrie, ne serait-ce que parce que c'est elle qui finance la recherche, M. François Autain, président, observant, à cet égard qu'elle la finance de moins en moins. Mais, pour les experts qui se sont exprimés sur le sujet de la pandémie grippale, il y a quelque chose de beaucoup plus important que leurs relations avec l'industrie : leur image, leur réputation. On peut donc penser que leur priorité a été de préserver leur réputation, ce qui est une réaction très humaine. Tous les experts d'aujourd'hui ont le souvenir de ceux qui, dans les années quatre-vingt, n'ont pas vu arriver le Sida, ou n'ont pas mesuré sa gravité, peut-être parce qu'ils ne concevaient pas que l'on puisse encore voir se développer une pandémie infectieuse : ceux-là ont été cloués au pilori. Leurs successeurs s'en souviennent. On est donc passé de la « négligence » qui a pu être reprochée dans le passé à certains à un excès de prudence, à l'obsession du risque zéro.
Personne n'a voulu prendre le risque de minimiser la menace et de se tromper. On est passé d'un extrême à l'autre mais cela correspond à une certaine logique : quelqu'un qui dit qu'il ne pourra rien se passer risque de « se faire lyncher » s'il se passe quelque chose. Dans le cas contraire, on dira qu'il a été prudent.
a observé que l'on pourrait peut-être lui reprocher d'avoir dépensé quelques centaines de millions d'euros en pure perte.