a noté qu'il n'y avait pas eu en Pologne d'affaire du sang contaminé. Il a également observé, rappelant les énormes manchettes qui, en France, annonçaient chaque décès dû à la grippe - même dans le cas de personnes présentant des facteurs de risques aggravés - que l'importance attachée à la vie humaine peut différer selon les pays, en fonction notamment de leur degré de richesse. Pressé de répondre, il a conclu que, de son point de vue, la décision du gouvernement polonais avait été courageuse : il a fait ce qu'il fallait faire. Cependant, le gouvernement français n'aurait pu agir de même car il aurait été désavoué par l'opinion, même si aujourd'hui on lui reproche d'en avoir trop fait.
Il a ajouté qu'il ne fallait peut-être pas se focaliser sur les problèmes financiers liés aux commandes excessives de vaccins. Deux autres éléments sont en fait beaucoup plus importants.
Le premier est le choix de vacciner l'ensemble de la population, qui était techniquement très contestable, puisqu'on a réalisé qu'il n'était pas possible de le faire. On s'est donc engagé dans un processus qui n'était pas réaliste.
Le second est l'organisation aberrante de la campagne de vaccination. On a construit un système qui n'était pas populaire, qui était contraignant, et on a eu tort d'écarter les médecins généralistes.
Il est donc très heureux qu'il n'y ait pas eu de vraie pandémie car, sinon, on ne sait pas comment on aurait fait. Le vrai problème est là et il y a deux enseignements qu'il faut tirer de cette expérience : il faut peut-être essayer de mieux prendre la mesure des risques, mais il faut surtout s'efforcer d'organiser des processus opératoires.
Rétrospectivement, ce qui peut faire peur, c'est de penser à ce qui serait arrivé si la situation avait réellement été grave.