a estimé qu'il était impossible de fonder une décision pouvant mettre des vies en jeu sur des arguments économiques. On ne pouvait pas dire, par exemple, que l'on priverait de l'accès à la vaccination, pour des raisons économiques, telle ou telle partie de la population qui présenterait des facteurs de risques. Sur ce point, la ministre avait raison. Mais c'est toujours le même débat : fallait-il commander 94 millions de doses pour répondre à cette exigence éthique ? Ce n'est pas démontré.
Quant à la différence de tonalité des campagnes d'information française et anglaise, elle tient sans doute, paradoxalement, au fait que, quelque opinion que l'on puisse avoir sur les différents systèmes de santé, le système britannique est beaucoup mieux à même de faire face à ce type de risque sanitaire. Le Royaume-Uni a en effet une médecine de premier recours d'excellente qualité. En 2003, la canicule n'a fait au Royaume-Uni que 500 victimes, et non 15 000 comme en France, parce que la médecine générale britannique a traité le problème très en amont. Nos voisins britanniques ont donc, plus que nous, le sentiment d'avoir la capacité de répondre à ce genre de situation.