a indiqué que ces procédures ont été mises en place dans le cadre de la gestion de la « grippe aviaire », l'idée étant de raccourcir, dans la mesure du possible, les délais de délivrance des AMM tout en prenant toutes les précautions nécessaires. Ainsi, en 2005, l'OMS a fourni aux laboratoires qui en faisaient la demande, une souche prépandémique H5N1, pour permettre aux laboratoires capables de fabriquer des vaccins de préparer un produit en temps utile pour faire face à une pandémie de « grippe aviaire ». L'EMEA a alors mis en place une procédure exceptionnelle afin d'évaluer ces vaccins prépandémiques (dits AMM « mock-up » ou prototypes). Cette procédure se déroule en deux temps.
Tout d'abord les données de qualité pharmaceutique, d'efficacité clinique et de tolérance ont été évaluées, selon la procédure habituelle, avec la souche H5N1. Dans ce cadre, des essais cliniques ont été réalisés avec les vaccins des différents laboratoires sur plusieurs milliers de personnes. Cette procédure qui s'est déroulée entre 2005 et 2008 a permis à 3 vaccins d'obtenir un premier « feu vert » de l'EMEA fin 2008 - début 2009.
Dans un second temps, lorsque l'OMS a déclaré la situation de pandémie au mois de juin 2009, elle a sélectionné la souche virale utilisée pour la production de vaccins contre le virus A(H1N1)v. Deux opérations se sont alors déroulées parallèlement : la production des vaccins par les laboratoires et l'évaluation par les autorités sanitaires des vaccins avec la souche A(H1N1)v. Cette évaluation complémentaire de l'EMEA a consisté, d'une part, à valider le processus de production avec cette nouvelle souche virale à partir des dossiers des vaccins prototypes (AMM « mock-up H5N1 ») et, d'autre part, de donner une AMM pour les vaccins pandémiques fabriqués avec la souche A(H1N1)v à partir de l'extrapolation des résultats des essais cliniques réalisés avec la souche prépandémique H5N1.
Les autorités américaines en charge de l'évaluation des vaccins ont également eu recours à un tel raisonnement d'extrapolation en vue de l'autorisation des vaccins contre la grippe A(H1N1)v. La différence tient cependant au point de référence utilisé, qui est pour l'évaluation européenne le dossier clinique développé sur le vaccin H5N1 dans le cadre de la procédure dite « mock-up », alors que la Food and Drug Administration (FDA) s'appuie principalement sur les données antérieures liées aux vaccins contre la grippe saisonnière.
En réponse à M. François Autain, président, qui s'est interrogé sur le choix européen d'autoriser des vaccins avec adjuvant alors que les Etats-Unis ont pris la décision inverse, M. Jean Marimbert a présenté les deux principaux avantages des vaccins adjuvantés : ils permettent, d'une part, d'utiliser deux à quatre fois moins d'antigènes pour la production d'une dose de vaccin pour une même immunogénéité biologique et, d'autre part, de couvrir un plus large spectre de variantes du virus.
En ce qui concerne les différences de délais de délivrance des AMM, il a indiqué que les différences observées tiennent tout d'abord à la présence ou non d'adjuvant dans le vaccin : un vaccin adjuvanté étant plus rapidement fabriqué, le dossier d'AMM est présenté plus tôt et est donc susceptible de faire l'objet d'une AMM plus rapidement. Cependant, en ce qui concerne plus spécifiquement le vaccin Humenza du laboratoire Sanofi Pasteur, la délivrance tardive de son AMM par rapport aux autres vaccins tient au fait que celui-ci n'a pas fait l'objet d'une procédure « mock up », mais d'une procédure ordinaire complète d'AMM. En effet, le vaccin prépandémique présenté par le laboratoire Sanofi Pasteur en 2008 n'a pas obtenu d'AMM « mock up » H5N1. Le laboratoire a donc dû présenter, pour le vaccin pandémique A (H1N1)v, un dossier complet d'AMM.