Puisque nous en arrivons à évoquer le réseau officinal, je veux décrire les réalités de terrain auxquelles sont confrontées les populations rurales.
Dans certains villages survit parfois difficilement une petite officine arrimée à un dernier médecin généraliste proche de la retraite. Dans d'autres, la mobilisation des élus a certes permis l'installation d'une maison de santé pluridisciplinaire (MSP) dynamique et florissante, mais l'éloignement ou l'inaccessibilité des officines rurales alentour oblige l'ensemble des patients à des trajets supplémentaires, dans un contexte où nous cherchons pourtant tous à optimiser les déplacements.
J'appelle donc à l'évolution de concert des cartes médicale et officinale, car ces deux activités sont interdépendantes en milieu rural. Il est primordial de penser les deux problématiques de manière conjointe pour un accès aux soins cohérent sur un territoire donné. J'appelle aussi pour ce faire à la pleine application de l'article L. 5125-6 du code de la santé publique, dont la publication du décret d'application est attendue depuis quatre ans. En effet, ce texte permettrait d'apprécier plus souplement le critère démographique pour « les territoires au sein desquels l'accès au médicament pour la population n'est pas assuré de manière satisfaisante ». Or ces territoires n'ont toujours pas été définis, et les mesures assouplies proposées ne peuvent toujours pas être appliquées.
Permettez-moi enfin d'insister particulièrement sur la nécessité de recourir à la catégorie juridique du « territoire » comme échelon d'appréciation du critère démographique d'existence d'une officine dans les zones rurales désertifiées, bien plus pertinente que celle de la « commune », actuellement retenue alors qu'elle est trop restrictive.