Monsieur le président, madame la Première ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, nous sommes réunis aujourd’hui pour évoquer les tragédies qui se déroulent actuellement au Proche-Orient, où la situation est grave.
Cette région est, depuis plus de soixante-quinze ans, le théâtre de défis, de tensions et de conflits persistants.
Par sa résolution 181 du 29 novembre 1947, l’assemblée générale des Nations unies a adopté le plan de partage de la Palestine, qui pose le principe de la création de deux États souverains et indépendants. En 1948, l’État d’Israël a été institué et le conflit israélo-palestinien est né. Il y a eu les guerres israélo-arabes, notamment la guerre du Kippour. Il y a ensuite eu une première intifada en 1987. Les accords d’Oslo de 1993, appelant à une solution à deux États, ont apporté un vent d’espoir. Malheureusement, il s’agit d’un processus inachevé.
Depuis, l’histoire du conflit se poursuit. Elle est rythmée par de multiples épisodes de tensions, plus ou moins aigus et plus ou moins longs. Le dernier en date est survenu il y a trois semaines, quand les terroristes du Hamas et du Djihad islamique ont attaqué le peuple israélien. Il s’agit d’une « séquence nouvelle d’un conflit qui ne s’est pas éteint », pour reprendre les mots du politologue Bertrand Badie.
Mais ces événements sont inédits par la nature de leur violence. Depuis plusieurs semaines, nous sommes les témoins de nouvelles images d’une barbarie sans précédent. Nous sommes nombreux à exprimer notre colère, notre bouleversement, face à la tragédie qui se déroule sous nos yeux. Les mots ne seront jamais assez forts pour dénoncer ces atrocités.
Le groupe RDPI soutient le peuple israélien et condamne sans détour, avec la plus grande fermeté, ces attaques terroristes. Nous ne le martèlerons jamais assez : rien ne justifie le terrorisme, nulle part, jamais ! C’est une évidence, sauf pour certains…
Pourtant, notre pays a été frappé de nombreuses fois par le terrorisme et l’obscurantisme. Cela a encore été le cas récemment, avec l’assassinat du professeur Dominique Bernard à Arras.
La présence du Président de la République en Israël aujourd’hui est un témoignage du soutien entier et sincère que la France apporte à Israël. Ce soutien prend racine dans l’amitié profonde et ancienne qui lie notre Nation au peuple israélien.
Nous avons également une pensée pour le peuple palestinien, qui est pris en étau entre les terroristes du Hamas et l’armée israélienne.
Madame la Première ministre, vous avez raison : les Palestiniens ne sont pas le Hamas, le Hamas n’est pas le peuple palestinien.
En juin 2022, je me suis rendue en Israël, à Gaza et en Cisjordanie avec d’autres membres de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, alors présidée par M. Cambon, que je salue. Cette mission avait pour thème l’avenir du processus de paix au Proche-Orient. À cette occasion, nous avons ressenti une très forte tension, à Gaza comme à Hébron, et perçu le danger que représentait l’absence de perspectives.
Dans son rapport d’information, où figurent douze recommandations, la délégation a estimé que la solution à deux États restait la seule voie acceptable et crédible, à condition de redonner un horizon politique et un agenda au processus de paix. C’est la seule voie à même de répondre aux aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens à la sécurité, à l’indépendance, à la reconnaissance et à la dignité.
Malheureusement, un an plus tard, la situation, de plus en plus dégradée, a fini par s’embraser. Nous l’avions pressenti.
Aujourd’hui, le Hamas et le Djihad islamique anéantissent les espoirs et les aspirations légitimes de ces deux peuples à vivre en paix. Les terroristes balaient tous les efforts menés pour bâtir une paix durable ; ils ne sèment que la désolation et la mort. Le Hamas doit être éradiqué !
Le terrorisme n’a pas de frontières. Notre pays se trouve une nouvelle fois endeuillé. Le bilan est lourd pour nos compatriotes. Nous retenons notre souffle, dans l’espoir que les Français portés disparus soient retrouvés sains et saufs.
Le Président de la République a adressé depuis Israël un message fort aux Français victimes de ce conflit, ainsi qu’à leurs familles. Depuis trois semaines, les civils retenus dans les zones de conflit sont en proie à de nombreux périls : les dangers mortels de la guerre, le manque de nourriture, ou encore la pénurie de médicaments. Il faut éviter une nouvelle dégradation de la situation humanitaire.
Madame la Première ministre, comme vous l’avez rappelé hier à l’Assemblée nationale, la porte de Rafah doit être ouverte en permanence, tous les jours, pour permettre aux habitants de la bande de Gaza de recevoir l’aide humanitaire internationale. D’ailleurs, celle-ci doit être renforcée, en suivant l’exemple de la France, qui augmente de 10 millions d’euros l’aide qu’elle verse pour les Gazaouis.
Nous n’assistons pas aujourd’hui à une guerre conventionnelle ; il ne s’agit pas d’un conflit opposant deux armées régulières. Israël a le droit de se défendre contre ces attaques terroristes. Toutefois sa riposte ne peut être menée que dans le respect des obligations du droit international, notamment humanitaire. Le respect du droit est le devoir des démocraties.
À l’heure où le Hezbollah libanais et l’Iran menacent d’ouvrir un second front au nord de l’État hébreu, nous devons tout mettre en œuvre pour favoriser une désescalade de la violence au Proche-Orient. C’est l’un des buts de la présence du Président de la République en Israël.
La situation géopolitique actuelle du Proche-Orient ne se limite pas aux territoires palestiniens et israéliens, sur lesquels le monde entier a les yeux rivés. L’Iran a menacé de mener une action préventive contre Israël. Des menaces ont également été proférées à l’encontre de soldats américains. Ce contexte nous laisse craindre la multiplication des foyers de conflits et de guerres dans tout le Proche-Orient, voire au-delà. Il faut éviter un embrasement général !
Madame la Première ministre, vous avez affirmé dans cet hémicycle que la France est un artisan de la paix. Comme vous, avec vous, nous sommes convaincus que la France assume un rôle important, aux côtés de ses alliés, pour mettre fin à ce conflit. Les déclarations faites aujourd’hui par le Président de la République en témoignent.
Comme l’a rappelé notre ministre de l’Europe et des affaires étrangères lors du sommet du Caire pour la paix, qui s’est tenu samedi dernier, la solution à deux États est la seule solution viable. Elle seule permettrait aux peuples israélien et palestinien de vivre dans un climat de paix et de sécurité.
Madame la Première ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, nous devons aujourd’hui nous unir derrière la barrière commune de la paix. Nous devons rappeler au monde entier que le seul combat qui doit être mené est le combat pour la paix.
« La paix est une création continue », disait le Président Raymond Poincaré ; continuons donc d’en être les artisans !