Intervention de Elisabeth Borne

Réunion du 24 octobre 2023 à 14h30
Situation au proche-orient — Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Elisabeth Borne :

Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, alors que ce débat touche à sa fin, je tiens à remercier les oratrices et les orateurs de tous les groupes politiques.

Vous l’avez tous souligné, la situation est grave. Elle exigeait un débat respectueux, à la hauteur des circonstances ; cela a été le cas, et je tiens à le saluer.

Nos parcours, nos idées et nos visions ne sont pas les mêmes, nos sensibilités peuvent parfois différer, c’est la démocratie. Cependant, au-delà de ces divergences, nos points de vue convergent sur plusieurs points essentiels, ce qui revêt une importance particulière dans de telles circonstances.

Premièrement, je constate qu’il existe un large consensus pour condamner sans ambiguïté l’attaque terroriste du Hamas sur Israël. Nous sommes tous d’accord pour nommer l’agression barbare dont ce pays a été victime et pour dénoncer l’horreur et la tragédie que constituent ces attentats.

Les mots ont un sens, et le refus d’en prononcer certains en a également un. Au Sénat, personne n’a d’états d’âme pour qualifier le Hamas de groupe terroriste, et je veux le saluer. Collectivement, nous reconnaissons également à Israël le droit d’assurer sa défense dans le respect du droit international.

Le deuxième point qui nous rassemble largement est la volonté de protéger les civils et l’attention portée aux populations de Gaza. Nous nous accordons pour affirmer que les populations palestiniennes sont également les victimes du Hamas et pour dénoncer la catastrophe humanitaire en cours à Gaza, ainsi que la mort de milliers de civils palestiniens.

Il n’y a pas de double standard face aux victimes : nous les pleurons toutes ; pas de double standard face aux civils : tous doivent être protégés.

La position de la France est claire et je l’ai réaffirmée devant vous : nous appelons à des trêves humanitaires qui pourront mener à un cessez-le-feu et à l’accès immédiat et sécurisé de l’aide à Gaza.

Enfin, je note un troisième point d’accord : notre recherche de la paix durable.

Comme vous, je crois que nous devons tout faire pour éviter un embrasement régional ; comme je l’ai dit en introduction, je suis convaincue que, par son histoire et sa voix indépendante, la France a un rôle à jouer, à court terme comme de manière plus durable, pour bâtir la paix et trouver une solution politique à ce conflit.

C’est précisément dans cette optique que le Président de la République s’est rendu dans la région aujourd’hui : tout faire pour éviter l’escalade et créer les conditions d’une reprise du processus politique pour une solution à deux États.

Comme il vient de le déclarer après son entretien avec le président Mahmoud Abbas, « nous sommes convaincus qu’une initiative forte pour la paix et la sécurité doit être conduite », car « la quête légitime de la sécurité demeurera une illusion tant qu’une paix juste ne sera pas durablement établie ».

Mesdames, messieurs les sénateurs, notre débat portait sur la situation au Proche-Orient, mais vous avez aussi exprimé au cours de vos interventions des inquiétudes sur l’impact de ce conflit dans notre pays. Nous les entendons et nous y répondons.

Avec le Président de la République et tout le Gouvernement, nous continuons à combattre inlassablement l’antisémitisme sous toutes ses formes. L’antisémitisme est un poison et, comme toutes les haines, il n’a pas sa place dans notre République. Dans ce combat, notre détermination est totale.

Dès l’attaque contre Israël, avec le Président de la République, nous avons demandé au ministre de l’intérieur d’adresser un message de vigilance aux préfets et aux forces de l’ordre. Nous avons aussi rehaussé la protection des lieux sensibles, en particulier des écoles et des lieux de culte, grâce, notamment, à l’opération Sentinelle.

Comme je l’ai indiqué hier, depuis le 7 octobre, plus de 300 personnes ont été arrêtées pour des actes ou des menaces antisémites ; nous avons également reçu plus de 4 000 alertes pour des contenus haineux en ligne via la plateforme d’harmonisation, d’analyse, de recoupement et d’orientation des signalements (Pharos). Plus de 300 de ces signalements sont désormais entre les mains de la justice, dans l’objectif d’identifier et de punir les auteurs de ces contenus.

Nous ne faiblirons pas face au fléau de l’antisémitisme ; en ligne comme dans la rue, nous ne laisserons rien passer.

Enfin, je veux condamner de nouveau l’attitude de ceux qui voudraient utiliser ce conflit comme prétexte à toutes les outrances et à toutes les dérives, notamment à des fins électoralistes. C’est irresponsable et dangereux pour notre pacte républicain ; je me réjouis que cette position soit largement partagée sur les travées du Sénat.

Mesdames, messieurs les sénateurs, les circonstances sont graves. Dans ces moments, nous avons un devoir de cohésion nationale, un devoir de responsabilité, un devoir de dire les choses et de ne pas attiser les tensions de notre société. Je sais pouvoir compter sur le Sénat dans l’accomplissement de cet objectif.

Avec le Gouvernement, c’est toujours la voie que nous choisirons ; avec le Président de la République, nous défendrons toujours le chemin de la justice et de la paix. C’est l’honneur et la singularité de la France que de rester une Nation indépendante, capable de se tenir aux côtés du peuple israélien comme du peuple palestinien.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion