Depuis de nombreuses années, les entreprises du secteur des bâtiments et travaux publics (BTP) multiplient les projets d'exploitation du granulat en Basse-Ariège, où se situe une nappe phréatique classée comme ressource prioritaire par le schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux (Sdage) Adour-Garonne.
Les carrières actuelles sont déjà à l'origine de nombreuses retenues d'eau, ressource prélevée directement dans la nappe. L'eau est exposée sur 250 hectares. Pourtant, le schéma régional des carrières prévoit l'extension des carrières de plus de 1 100 hectares afin d'alimenter de grands projets dont l'utilité, comme pour l'A69, est contestable.
Cette exposition des eaux de la grande nappe phréatique ariégeoise revient à l'assécher en l'exposant à évaporation. Selon une étude du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), l'exposition de 100 hectares d'eau provoque un déficit hydrique d'un million de mètres cubes par an. Ainsi, ce sont plus de 8 millions de mètres cubes d'eau annuels qui seront perdus avec l'extension des exploitations, pénalisant toute la population et les milieux naturels, qui subissent déjà des périodes de stress hydrique.
Il est urgent, dans ce contexte, de revenir sur l'extension des gravières, d'autant plus que le projet inclut également des autorisations d'enfouissement des déchets du BTP malgré l'interdiction figurant dans le code de l'environnement. Ces déchets se dégradent en lixiviats chargés d'aluminium, rendant l'eau impropre à la consommation.
Le risque est donc de polluer définitivement la nappe et de bloquer les ressources en eau d'une grande partie de la région alors même que les sécheresses se multiplient du fait de l'aggravation du dérèglement climatique.
Madame la ministre, pouvez-vous suspendre l'extension des gravières, l'enfouissement des déchets du BTP dans la nappe et réévaluer le projet à l'aune d'une étude sur les futurs besoins en eau des habitants et des habitantes de la région Occitanie ?