Intervention de Corinne NARASSIGUIN

Réunion du 6 novembre 2023 à 16h00
Immigration et intégration — Discussion générale

Photo de Corinne NARASSIGUINCorinne NARASSIGUIN :

Que s'est-il passé pour que le Président de la République renie ses positions antérieures sur la question migratoire ?

La France d'aujourd'hui est l'héritière d'une histoire complexe, qu'elle doit apprendre à assumer. Elle est de fait un pays d'immigration et une terre d'accueil : l'immigration et une réalité structurelle que nous devons embrasser.

Nous, socialistes, considérons qu'une immigration réussie passe par l'intégration. Cette intégration compte trois composantes essentielles : le travail, l'apprentissage de la langue ainsi que la mixité à l'école et dans le logement.

Quand je lis l'expression « améliorer l'intégration » dans le titre de votre projet de loi, je dis : « Pourquoi pas ? »

Un premier enjeu est l'apprentissage de la langue. Monsieur le ministre, vous vous vantez partout que ce projet de loi facilitera l'apprentissage du français. Quand on y regarde de plus près, c'est faux. La vérité, c'est que vous utilisez la maîtrise de la langue française comme un obstacle à l'entrée et à l'installation durable, au lieu de vous inquiéter des moyens de son apprentissage.

Autre volet essentiel pour s'intégrer : le travail. Quoi de mieux pour s'intégrer que le travail, à condition qu'il soit digne, émancipateur et porteur de sens ?

Il y a un an, quand vous souhaitiez être « gentil avec les gentils » aux côtés de M. Dussopt, qui a d'ailleurs disparu des radars depuis lors, c'était la mesure phare de votre texte : le travail. Vous le savez, nous soutenons l'article 3 qui vise à régulariser les travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension. La mesure est très insuffisante, mais il s'agit d'un premier pas fait dans la bonne direction.

Les Français ne sont pas dupes et voient bien que les secteurs de la restauration, de l'hôtellerie, du BTP, de l'aide aux personnes, de la propreté ou encore du numérique fonctionnent grâce à de nombreux travailleurs sans-papiers, travailleurs de l'ombre qui font tourner notre pays. Ils étaient celles et ceux qui sortaient chaque jour en risquant leur vie pendant la covid-19. Ne vous en déplaise, mes chers collègues, ils sont ceux qui épluchent vos légumes et font la plonge au restaurant du Sénat.

Au-delà de cette vision très utilitariste de l'article 3, nous sommes pour la régularisation de l'ensemble des travailleurs sans-papiers sur le territoire français.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion