Séance en hémicycle du 6 novembre 2023 à 16h00

Résumé de la séance

Les mots clés de cette séance

  • asile
  • immigration
  • intégration
  • migratoire
  • séjour
  • étranger

La séance

Source

La séance est ouverte à seize heures.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Le compte rendu intégral de la séance du mardi 31 octobre 2023 a été publié sur le site internet du Sénat.

Il n’y a pas d’observation ?…

Le procès-verbal est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Mes chers collègues, j’ai le regret de vous faire part du décès de notre ancien collègue Daniel Eckenspieller, qui fut sénateur du Haut-Rhin de 1995 à 2004.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Les conclusions adoptées par la conférence des présidents, réunie le mardi 31 octobre 2023, sont consultables sur le site du Sénat.

En l’absence d’observations, je les considère comme adoptées.

SEMAINE RÉSERVÉE PAR PRIORITÉ AU GOUVERNEMENT

Lundi 6 novembre 2023

À 16 heures, le soir et la nuit

- Examen d’une demande de la commission des lois tendant à obtenir du Sénat, en application de l’article 5 ter de l’ordonnance n° 58-1100 du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires qu’il lui confère, pour une durée de six mois, les prérogatives attribuées aux commissions d’enquête pour une mission d’information sur les émeutes qu’a connues notre pays à compter du 27 juin 2023

- Projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration (procédure accélérée ; texte de la commission n° 434 rectifié, 2022-2023)

Ce texte a été envoyé à la commission des lois.

• Délai limite pour le dépôt des amendements de séance : lundi 30 octobre à 12 heures

• Réunion de la commission pour examiner les amendements de séance : lundi 6 novembre début d’après-midi, éventuellement à la suspension du soir et le mardi 7 novembre matin

• Temps attribué aux orateurs des groupes dans la discussion générale : 1 h 30

• Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : vendredi 3 novembre à 15 heures

Mardi 7 novembre 2023

À 14 h 30, le soir et la nuit

- Suite du projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration (procédure accélérée ; texte de la commission n° 434 rectifié, 2022-2023)

Mercredi 8 novembre 2023

À 15 heures

- Questions d’actualité au Gouvernement

• Délai limite pour l’inscription des auteurs de questions : mercredi 8 novembre à 11 heures

À 16 h 30, le soir et la nuit

- Désignation des 23 membres de la commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic en France et les mesures à prendre pour y remédier (droit de tirage du groupe Les Républicains)

• Délai limite de remise, au secrétariat de la direction de la législation et du contrôle, des candidatures à cette commission d’enquête : mardi 7 novembre à 16 heures

- Désignation des 21 membres de la délégation sénatoriale aux outre-mer autres que les 21 sénateurs d’outre-mer, membres de droit

• Délai limite de remise, au secrétariat de la direction de la Séance, des candidatures à cette délégation : mardi 7 novembre à 16 heures

- Suite du projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration (procédure accélérée ; texte de la commission n° 434 rectifié, 2022-2023)

En outre, avant la suspension de l’après-midi

- Désignation des 37 membres du groupe de travail préfigurant la commission spéciale chargée d’examiner, sous réserve de son dépôt, le projet de loi portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne en matière d’économie, de finances, de transition écologique, de droit pénal, de droit social et en matière agricole

• Délai limite de remise, au secrétariat de la direction de la législation et du contrôle, des candidatures pour le groupe de travail préfigurant la commission spéciale : mercredi 8 novembre à 15 heures

Jeudi 9 novembre 2023

À 10 h 30

- Conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi pour le plein emploi (texte de la commission n° 58, 2023-2024)

• Lors de la séance, seuls peuvent intervenir le Gouvernement, le représentant de la commission saisie au fond pour une durée ne pouvant excéder cinq minutes et, pour explication de vote, un représentant par groupe pour une durée ne pouvant excéder cinq minutes chacun ainsi qu’un représentant des sénateurs ne figurant sur la liste d’aucun groupe pour une durée ne pouvant excéder trois minutes

• Délai limite pour les inscriptions des orateurs des groupes : mercredi 8 novembre à 15 heures

- Sous réserve de leur dépôt, conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi portant mesures d’urgence pour lutter contre l’inflation concernant les produits de grande consommation

• Lors de la séance, seuls peuvent intervenir le Gouvernement, le représentant de la commission saisie au fond pour une durée ne pouvant excéder cinq minutes et, pour explication de vote, un représentant par groupe pour une durée ne pouvant excéder cinq minutes chacun ainsi qu’un représentant des sénateurs ne figurant sur la liste d’aucun groupe pour une durée ne pouvant excéder trois minutes

• Délai limite pour les inscriptions des orateurs des groupes : mercredi 8 novembre à 15 heures

L’après-midi, le soir et la nuit

- Suite du projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration (procédure accélérée ; texte de la commission n° 434 rectifié, 2022-2023)

Vendredi 10 novembre 2023

Le matin, l’après-midi et, éventuellement, le soir et la nuit

- Suite du projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration (procédure accélérée ; texte de la commission n° 434 rectifié, 2022-2023)

PROJET DE LOI DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE

Lundi 13 novembre 2023

À 16 heures

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 (texte A.N. n° 1682) (discussion générale)

Ce texte sera envoyé à la commission des affaires sociales avec une saisine pour avis de la commission des finances.

• Réunion de la commission pour le rapport : mercredi 8 novembre matin

• Délai limite pour le dépôt des amendements de séance : vendredi 10 novembre à 12 heures

• Réunion de la commission pour examiner les amendements de séance : lundi 13 novembre début d’après-midi, à la suspension du soir et mardi 14 novembre en début d’après-midi et à la suspension du soir

• Temps attribué à la rapporteure générale de la commission des affaires sociales dans la discussion générale : 10 minutes

• Temps attribué aux rapporteurs de branche et au rapporteur pour avis : 5 minutes

• Temps attribué au président de la commission des affaires sociales : 5 minutes

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 1 h 30

• Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : vendredi 10 novembre à 15 heures

Le soir et la nuit

- Sous réserve de sa transmission, suite du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 (texte A.N. n° 1682) (discussion des articles)

Mardi 14 novembre 2023

À 14 h 30, le soir et la nuit

- Explications de vote des groupes puis scrutin public solennel sur le projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration (procédure accélérée ; texte de la commission n° 434 rectifié, 2022-2023)

• Temps attribué aux orateurs des groupes pour les explications de vote, à raison d’un orateur par groupe : 7 minutes pour chaque groupe et 3 minutes pour les sénateurs ne figurant sur la liste d’aucun groupe

• Délai limite pour les inscriptions de parole : lundi 13 novembre à 15 heures

• Délai limite pour le dépôt des délégations de vote : mardi 14 novembre à 12 h 30

- Sous réserve de sa transmission, suite du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 (texte A.N. n° 1682) (discussion des articles)

Mercredi 15 novembre 2023

À 15 heures

- Questions d’actualité au Gouvernement

• Délai limite pour l’inscription des auteurs de questions : mercredi 15 novembre à 11 heures

À 16 h 30, le soir et la nuit

- Sous réserve de sa transmission, suite du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 (texte A.N. n° 1682) (discussion des articles)

Jeudi 16 novembre 2023

À 10 h 30, l’après-midi, le soir et la nuit

- Sous réserve de leur dépôt, conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi portant transposition de l’accord national interprofessionnel relatif au partage de la valeur au sein de l’entreprise

• Lors de la séance, seuls peuvent intervenir le Gouvernement, le représentant de la commission saisie au fond pour une durée ne pouvant excéder cinq minutes et, pour explication de vote, un représentant par groupe pour une durée ne pouvant excéder cinq minutes chacun ainsi qu’un représentant des sénateurs ne figurant sur la liste d’aucun groupe pour une durée ne pouvant excéder trois minutes

• Délai limite pour les inscriptions des orateurs des groupes : mercredi 15 novembre à 15 heures

- Sous réserve de sa transmission, suite du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 (texte A.N. n° 1682) (discussion des articles)

Vendredi 17 novembre 2023

À 10 heures

- Sous réserve de son dépôt et de sa transmission, projet de loi de finances de fin de gestion pour 2023

Ce texte sera envoyé à la commission des finances.

• Réunion de la commission pour le rapport : mercredi 15 novembre matin

• Délai limite pour le dépôt des amendements de séance : jeudi 16 novembre à 12 heures

• Réunion de la commission pour examiner les amendements de séance : vendredi 17 novembre matin

• Temps attribué aux orateurs des groupes dans la discussion générale : 1 heure

• Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : jeudi 16 novembre à 15 heures

L’après-midi, le soir et la nuit

- Éventuellement, sous réserve de son dépôt et de sa transmission, suite du projet de loi de finances de fin de gestion pour 2023

- Sous réserve de sa transmission, suite du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 (texte A.N. n° 1682) (discussion des articles)

SEMAINE DE CONTRÔLE

Mardi 21 novembre 2023

À 14 h 30

- Sous réserve de sa transmission, explications de vote des groupes puis scrutin public solennel sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 (texte A.N. n° 1682)

• Temps attribué aux orateurs des groupes pour les explications de vote, à raison d’un orateur par groupe : 7 minutes pour chaque groupe et 3 minutes pour les sénateurs ne figurant sur la liste d’aucun groupe

• Délai limite pour les inscriptions de parole : lundi 20 novembre à 15 heures

• Délai limite pour le dépôt des délégations de vote : mardi 21 novembre à 12 h 30

À 16 heures

- Débat sur le thème « Déclinaison territoriale de la planification écologique : Quel rôle et quels moyens pour les collectivités locales ? Quel accompagnement du citoyen ? » (demande du groupe SER)

• Temps attribué au groupe Socialiste, Écologiste et Républicain : 8 minutes

• Réponse du Gouvernement pour une durée équivalente

• Après la réponse du Gouvernement, séquence de seize questions-réponses :

2 minutes, y compris la réplique

Possibilité de réponse du Gouvernement pour une durée équivalente

Possibilité pour le Gouvernement de répondre à une réplique pendant 1 minute et à l’auteur de la question de répondre de nouveau pendant 1 minute

• Conclusion par le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain : 5 minutes

• Délai limite pour les inscriptions de parole dans le débat : lundi 20 novembre à 15 heures

- Débat sur le rapport sur la situation des finances publiques locales remis en application de l’article 52 de la loi organique relative aux lois de finances (demande de la commission des finances)

• Temps attribué à la commission des finances : 8 minutes

• Réponse du Gouvernement pour une durée équivalente

• Après la réponse du Gouvernement, séquence de seize questions-réponses :

2 minutes, y compris la réplique

Possibilité de réponse du Gouvernement pour une durée équivalente

Possibilité pour le Gouvernement de répondre à une réplique pendant 1 minute et à l’auteur de la question de répondre de nouveau pendant 1 minute

• Conclusion par la commission des finances : 5 minutes

• Délai limite pour les inscriptions de parole dans le débat : lundi 20 novembre à 15 heures

À 21 h 30

- Déclaration du Gouvernement, suivie d’un débat, en application de l’article 50-1 de la Constitution, sur les partenariats renouvelés entre la France et les pays africains (demande du Gouvernement)

• Intervention des orateurs des groupes, à raison d’un orateur par groupe, par ordre décroissant des effectifs des groupes, avec 14 minutes pour le groupe Les Républicains, 12 minutes pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, 10 minutes pour le groupe Union Centriste et 8 minutes pour les autres groupes, ainsi que 3 minutes pour les sénateurs non-inscrits

• Délai limite pour les inscriptions de parole dans le débat : lundi 20 novembre à 15 heures

Mercredi 22 novembre 2023

À 15 heures

- Questions d’actualité au Gouvernement

• Délai limite pour l’inscription des auteurs de questions : mercredi 22 novembre à 11 heures

De 16 h 30 à 20 h 30

(Ordre du jour réservé au groupe SER)

- Proposition de loi portant réparation des personnes condamnées pour homosexualité entre 1942 et 1982, présentée par M. Hussein Bourgi et plusieurs de ses collègues (texte n° 864, 2021-2022)

Ce texte a été envoyé à la commission des lois.

• Délai limite pour le dépôt des amendements de commission : lundi 13 novembre à 12 heures

• Réunion de la commission pour le rapport et le texte : mercredi 15 novembre matin

• Délai limite pour le dépôt des amendements de séance : lundi 20 novembre à 12 heures

• Réunion de la commission pour examiner les amendements de séance : mercredi 22 novembre matin

• Temps attribué aux orateurs des groupes dans la discussion générale : 45 minutes

• Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : mardi 21 novembre à 15 heures

- Proposition de loi constitutionnelle visant à faciliter le déclenchement du référendum d’initiative partagée, présentée par M. Yan Chantrel et plusieurs de ses collègues (texte n° 571, 2022-2023)

Ce texte a été envoyé à la commission des lois.

• Délai limite pour le dépôt des amendements de commission : lundi 13 novembre à 12 heures

• Réunion de la commission pour le rapport et le texte : mercredi 15 novembre matin

• Délai limite pour le dépôt des amendements de séance : lundi 20 novembre à 12 heures

• Réunion de la commission pour examiner les amendements de séance : mercredi 22 novembre matin

• Temps attribué aux orateurs des groupes dans la discussion générale : 45 minutes

• Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : mardi 21 novembre à 15 heures

À 22 heures

- Sous réserve de leur dépôt, conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi de finances de fin de gestion pour 2023

• Lors de la séance, seuls peuvent intervenir le Gouvernement, le représentant de la commission saisie au fond pour une durée ne pouvant excéder cinq minutes et, pour explication de vote, un représentant par groupe pour une durée ne pouvant excéder cinq minutes chacun ainsi qu’un représentant des sénateurs ne figurant sur la liste d’aucun groupe pour une durée ne pouvant excéder trois minutes

• Délai limite pour les inscriptions des orateurs des groupes : mardi 21 novembre à 15 heures

Jeudi 23 novembre 2023

De 9 heures à 13 heures

(Ordre du jour réservé au groupe RDSE)

- Proposition de loi tendant à renforcer la culture citoyenne, présentée par M. Henri Cabanel et plusieurs de ses collègues (texte n° 437, 2022-2023)

Ce texte a été envoyé à la commission de la culture, de l’éducation et de la communication.

• Délai limite pour le dépôt des amendements de commission : lundi 13 novembre à 12 heures

• Réunion de la commission pour le rapport et le texte : mercredi 15 novembre matin

• Délai limite pour le dépôt des amendements de séance : lundi 20 novembre à 12 heures

• Réunion de la commission pour examiner les amendements de séance : mercredi 22 novembre matin

• Temps attribué aux orateurs des groupes dans la discussion générale : 45 minutes

• Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : mercredi 22 novembre à 15 heures

- Proposition de loi visant à aménager la prévention des risques liés aux bruits et aux sons amplifiés, présentée par Mme Nathalie Delattre et plusieurs de ses collègues (texte n° 919, 2022-2023)

Ce texte a été envoyé à la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable.

• Délai limite pour le dépôt des amendements de commission : lundi 6 novembre à 12 heures

• Réunion de la commission pour le rapport et le texte : mercredi 8 novembre matin

• Délai limite pour le dépôt des amendements de séance : lundi 20 novembre à 12 heures

• Réunion de la commission pour examiner les amendements de séance : mercredi 22 novembre matin

• Temps attribué aux orateurs des groupes dans la discussion générale : 45 minutes

• Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : mercredi 22 novembre à 15 heures

PROJET DE LOI DE FINANCES

CALENDRIER DE L’EXAMEN DU PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2024 ET ORDRE DU JOUR DES SÉANCES DU 23 NOVEMBRE AU 12 DÉCEMBRE 2023

Jeudi 23 novembre 2023

À 14 h 30 et, éventuellement, le soir

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Discussion générale

• Temps attribué au rapporteur général de la commission des finances : 15 minutes

• Temps attribué au président de la commission des finances : 10 minutes

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 2 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : mercredi 22 novembre à 15 heures

=> Examen de l’article liminaire

• Délai limite pour le dépôt des amendements à l’article liminaire et à la première partie : jeudi 23 novembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire aux amendements à l’article liminaire et à l’article 33 : jeudi 23 novembre à l’ouverture de la discussion générale

• Réunion de la commission pour examiner les amendements à l’article liminaire et à l’article 33 : jeudi 23 novembre à l’issue de la discussion générale

=> Examen de l’article 33 : évaluation du prélèvement opéré sur les recettes de l’État au titre de la participation de la France au budget de l’Union européenne

• Temps attribué au rapporteur spécial de la commission des finances : 5 minutes

• Temps attribué au président de la commission des affaires européennes : 3 minutes

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 45 minutes

• Délai limite pour les inscriptions de parole : mercredi 22 novembre à 15 heures

Vendredi 24 novembre 2023

À 16 heures et le soir

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Examen des articles de la première partie

• Délai limite pour le dépôt des amendements de séance : jeudi 23 novembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire aux amendements de la première partie (excepté l’article 33) : vendredi 24 novembre à 11 heures

• Réunion de la commission pour examiner les amendements à la première partie : vendredi 24 novembre à 14 heures et lundi 27 novembre à 9 h 30

Samedi 25 novembre 2023

À 9 h 30, 14 h 30, le soir et la nuit

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Examen des articles de la première partie

Éventuellement, dimanche 26 novembre 2023

Le matin, l’après-midi et le soir

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Examen des articles de la première partie

PROJET DE LOI DE FINANCES

Lundi 27 novembre 2023

À 10 h 30, 14 h 30, le soir et la nuit

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Examen des articles de la première partie

Mardi 28 novembre 2023

À 14 h 30, le soir et la nuit

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Examen des articles de la première partie

Mercredi 29 novembre 2023

À 11 heures

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Examen des articles de la première partie

À 15 heures

- Questions d’actualité au Gouvernement

• Délai limite pour l’inscription des auteurs de questions : mercredi 29 novembre à 11 heures

À 16 h 30, le soir et la nuit

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Examen des articles de la première partie

Jeudi 30 novembre 2023

À 10 h 30 et à 14 h 30

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Examen des articles de la première partie

suite et fin

=> Explications de vote sur l’ensemble de la première partie

• Temps attribué aux orateurs des groupes pour les explications de vote, à raison d’un orateur par groupe : 5 minutes pour chaque groupe et 3 minutes pour les sénateurs ne figurant sur la liste d’aucun groupe

• Délai limite pour les inscriptions de parole : mercredi 29 novembre à 15 heures

=> Scrutin public ordinaire de droit

Le soir

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Sécurités (durée maximale prévisionnelle : 2 heures 45)

Compte spécial : contrôle de la circulation et du stationnement routiers

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (2) : 7 minutes chacun

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (4) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 1 heure

• Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 27 novembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : mercredi 29 novembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : mercredi 29 novembre à 11 heures

Vendredi 1er décembre 2023

À 9 h 30, 14 h 30 et le soir

- Sous réserve de leur dépôt, conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 ou nouvelle lecture

En cas de lecture de conclusions de la commission mixte paritaire :

• Lors de la séance, seuls peuvent intervenir le Gouvernement, le représentant de la commission saisie au fond pour une durée ne pouvant excéder cinq minutes et, pour explication de vote, un représentant par groupe pour une durée ne pouvant excéder cinq minutes chacun ainsi qu’un représentant des sénateurs ne figurant sur la liste d’aucun groupe pour une durée ne pouvant excéder trois minutes

• Délai limite pour les inscriptions des orateurs des groupes : jeudi 30 novembre à 15 heures

En cas de nouvelle lecture :

• Réunion de la commission pour le rapport : jeudi 30 novembre matin

• Délai limite pour le dépôt des amendements de séance : vendredi 1er décembre à l’ouverture de la discussion générale

• Réunion de la commission pour examiner les amendements de séance : vendredi 1er décembre à l’issue de la discussion générale

• Temps attribué aux orateurs des groupes dans la discussion générale : 45 minutes

• Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : jeudi 30 novembre à 15 heures

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Enseignement scolaire (+ articles 53 et 54) (durée maximale prévisionnelle : 3 heures 30)

• Temps attribué au rapporteur spécial : 7 minutes

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (2) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 1 heure

• Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 28 novembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : jeudi 30 novembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : jeudi 30 novembre à 11 heures

=> Recherche et enseignement supérieur (durée maximale prévisionnelle : 3 heures 15)

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (2) : 7 minutes chacun

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (3) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 1 heure

• Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 28 novembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : jeudi 30 novembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : jeudi 30 novembre à 11 heures

=> Cohésion des territoires (durée maximale prévisionnelle : 4 heures 30)

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (2) : 7 minutes chacun

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (5) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 1 heure

• Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 28 novembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : jeudi 30 novembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : jeudi 30 novembre à 11 heures

Samedi 2 décembre 2023

À 10 h 30 et à 14 heures

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Engagements financiers de l’État (durée maximale prévisionnelle : 2 heures)

Compte spécial : participations financières de l’État

Compte spécial : accords monétaires internationaux

Compte spécial : prêts et avances à divers services de l’État ou organismes gérant des services publics

et Remboursements et dégrèvements

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (3) : 5 minutes chacun

• Temps attribué à la rapporteure pour avis : 3 minutes

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 45 minutes

• Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 29 novembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : vendredi 1er décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : vendredi 1er décembre à 11 heures

=> Économie (durée maximale prévisionnelle : 2 heures 30)

Compte spécial : prêts et avances à des particuliers ou à des organismes privés

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (2) : 5 minutes chacun

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (3) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 45 minutes

• Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 29 novembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : vendredi 1er décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : vendredi 1er décembre à 11 heures

=> Plan de relance (durée maximale prévisionnelle : 1 heure 45)

et Investir pour la France de 2030

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (3) : 5 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 45 minutes

• Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 29 novembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : vendredi 1er décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : vendredi 1er décembre à 11 heures

=> Pouvoirs publics (durée maximale prévisionnelle : 2 heures)

et Conseil et contrôle de l’État

et Direction de l’action du Gouvernement

Budget annexe : publications officielles et information administrative

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (3) : 5 minutes chacun

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (5) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 45 minutes

• Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 29 novembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : vendredi 1er décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : vendredi 1er décembre à 11 heures

Éventuellement, le soir

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Examen des missions et des articles rattachés reportés

Éventuellement, dimanche 3 décembre 2023

Le matin, l’après-midi et le soir

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Examen des missions et des articles rattachés reportés

PROJET DE LOI DE FINANCES

Lundi 4 décembre 2023

À 10 heures, 14 h 30 et le soir

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Immigration, asile et intégration (durée maximale prévisionnelle : 1 heure 45)

• Temps attribué à la rapporteure spéciale : 5 minutes

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (2) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 45 minutes

• Délai limite pour le dépôt des amendements : jeudi 30 novembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : vendredi 1er décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : vendredi 1er décembre à 11 heures

=> Écologie, développement et mobilités durables (+ articles 50, 51 et 52) (durée maximale prévisionnelle : 8 heures)

Budget annexe : contrôle et exploitation aériens

Compte spécial : financement des aides aux collectivités pour l’électrification rurale

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (4) : 7 minutes chacun

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (7) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 1 heure

• Délai limite pour le dépôt des amendements : jeudi 30 novembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : vendredi 1er décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : vendredi 1er décembre à 11 heures

Mardi 5 décembre 2023

À 9 h 30

- Questions orales

À 14 h 30 et le soir

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Travail et emploi (durée maximale prévisionnelle : 2 heures 45)

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (2) : 7 minutes chacun

• Temps attribué au rapporteur pour avis : 3 minutes

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 1 heure

• Délai limite pour le dépôt des amendements : vendredi 1er décembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : lundi 4 décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : lundi 4 décembre à 11 heures

=> Santé (durée maximale prévisionnelle : 2 heures 30)

• Temps attribué au rapporteur spécial : 5 minutes

• Temps attribué à la rapporteure pour avis : 3 minutes

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 45 minutes

• Délai limite pour le dépôt des amendements : vendredi 1er décembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : lundi 4 décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : lundi 4 décembre à 11 heures

=> Solidarité, insertion et égalité des chances (durée maximale prévisionnelle : 3 heures 30)

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (2) : 5 minutes chacun

• Temps attribué au rapporteur pour avis : 3 minutes

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 45 minutes

• Délai limite pour le dépôt des amendements : vendredi 1er décembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : lundi 4 décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : lundi 4 décembre à 11 heures

Mercredi 6 décembre 2023

À 10 h 30, 14 h 30 et le soir

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Relations avec les collectivités territoriales (+ articles 56, 57, 58 et 59) (durée maximale prévisionnelle : 8 heures 30)

Compte spécial : Avances aux collectivités territoriales

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (2) : 7 minutes chacun

• Temps attribué au rapporteur pour avis : 3 minutes

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 1 heure

• Délai limite pour le dépôt des amendements : vendredi 1er décembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : mardi 5 décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : mardi 5 décembre à 11 heures

=> Administration générale et territoriale de l’État (durée maximale prévisionnelle : 1 heure 15)

• Temps attribué à la rapporteure spéciale : 5 minutes

• Temps attribué à la rapporteure pour avis : 3 minutes

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 45 minutes

• Délai limite pour le dépôt des amendements : vendredi 1er décembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : mardi 5 décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : mardi 5 décembre à 11 heures

Jeudi 7 décembre 2023

À 10 h 30, 14 h 30 et le soir

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Transformation et fonction publiques (durée maximale prévisionnelle : 2 heures 15)

Compte spécial : gestion du patrimoine immobilier de l’État

et Gestion des finances publiques

et Crédits non répartis

et Régimes sociaux et de retraite

Compte spécial : pensions

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (2) : 5 minutes chacun

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (2) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 45 minutes

• Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 4 décembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : mercredi 6 décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : mercredi 6 décembre à 11 heures

=> Culture (durée maximale prévisionnelle : 2 heures 15)

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (2) : 7 minutes chacun

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (2) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 1 heure

• Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 4 décembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : mercredi 6 décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : mercredi 6 décembre à 11 heures

=> Médias, livre et industries culturelles (durée maximale prévisionnelle : 2 heures 15)

Compte spécial : avances à l’audiovisuel public

• Temps attribué au rapporteur spécial : 7 minutes

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (6) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 1 heure

• Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 4 décembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : mercredi 6 décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : mercredi 6 décembre à 11 heures

=> Outre-mer (+ article 55) (durée maximale prévisionnelle : 3 heures 45)

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (2) : 7 minutes chacun

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (2) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 1 heure

• Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 4 décembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : mercredi 6 décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : mercredi 6 décembre à 11 heures

Vendredi 8 décembre 2023

À 9 h 30, 14 h 30 et le soir

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Anciens combattants, mémoire et liens avec la Nation (durée maximale prévisionnelle : 1 heure 30)

• Temps attribué au rapporteur spécial : 5 minutes

• Temps attribué à la rapporteure pour avis : 3 minutes

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 45 minutes

• Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 5 décembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : jeudi 7 décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : jeudi 7 décembre à 11 heures

=> Action extérieure de l’État (durée maximale prévisionnelle : 3 heures 15)

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (2) : 7 minutes chacun

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (7) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 1 heure

• Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 5 décembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : jeudi 7 décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : jeudi 7 décembre à 11 heures

=> Aide publique au développement (durée maximale prévisionnelle : 1 heure 45)

Compte spécial : prêts à des États étrangers

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (2) : 5 minutes chacun

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (2) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 45 minutes

• Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 5 décembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : jeudi 7 décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : jeudi 7 décembre à 11 heures

=> Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales (durée maximale prévisionnelle : 5 heures)

Compte spécial : développement agricole et rural

• Temps attribué aux rapporteurs spéciaux (2) : 7 minutes chacun

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (3) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 1 heure

• Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 5 décembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : jeudi 7 décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : jeudi 7 décembre à 11 heures

Éventuellement, samedi 9 décembre 2023

Le matin, l’après-midi et le soir

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Examen des missions et des articles rattachés reportés

Éventuellement, dimanche 10 décembre 2023

Le matin, l’après-midi et le soir

- Éventuellement, sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Examen des missions et des articles rattachés reportés

PROJET DE LOI DE FINANCES

Lundi 11 décembre 2023

À 10 h 30, 14 h 30, le soir et, éventuellement, la nuit

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N. n° 1680)

=> Sport, jeunesse et vie associative (durée maximale prévisionnelle : 2 heures)

• Temps attribué au rapporteur spécial : 5 minutes

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (2) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 45 minutes

• Délai limite pour le dépôt des amendements : jeudi 7 décembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : vendredi 8 décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : vendredi 8 décembre à 11 heures

=> Justice (durée maximale prévisionnelle : 3 heures)

• Temps attribué au rapporteur spécial : 7 minutes

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (4) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 1 heure

• Délai limite pour le dépôt des amendements : jeudi 7 décembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : vendredi 8 décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : vendredi 8 décembre à 11 heures

=> Défense (durée maximale prévisionnelle : 2 heures 30)

• Temps attribué au rapporteur spécial : 7 minutes

• Temps attribué aux rapporteurs pour avis (8) : 3 minutes chacun

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 1 heure

• Délai limite pour le dépôt des amendements : jeudi 7 décembre à 11 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement : vendredi 8 décembre à 11 heures

• Délai limite pour les inscriptions de parole : vendredi 8 décembre à 11 heures

=> Examen des articles de la seconde partie non rattachés aux crédits

• Délai limite pour le dépôt des amendements aux articles de la seconde partie non rattachés aux crédits : jeudi 7 décembre à 12 heures

• Délai limite pour l’ajout d’un signataire à un amendement aux articles de la seconde partie non rattachés aux crédits : vendredi 8 décembre à 11 heures

• Réunion de la commission pour examiner les amendements aux articles de la seconde partie non rattachés aux crédits : lundi 11 décembre à 9 h 30

Mardi 12 décembre 2023

À 14 h 30

- Sous réserve de sa transmission, projet de loi de finances pour 2024 (texte A.N., n° 1680)

=> Éventuellement, examen des articles de la seconde partie non rattachés aux crédits

suite et fin

=> Explications de vote sur l’ensemble du projet de loi de finances pour 2024

• Temps attribué aux orateurs des groupes pour les explications de vote, à raison d’un orateur par groupe : 7 minutes pour chaque groupe et 3 minutes pour les sénateurs ne figurant sur la liste d’aucun groupe

• Délai limite pour les inscriptions de parole : lundi 11 décembre à 15 heures

=> Scrutin public à la tribune de droit

SEMAINE SÉNATORIALE

Mardi 12 décembre 2023

L’après-midi (après le vote du projet de loi de finances pour 2024) et le soir

- Proposition de loi constitutionnelle relative à la souveraineté de la France, à la nationalité, à l’immigration et à l’asile, présentée par MM. Bruno Retailleau, François-Noël Buffet et plusieurs de leurs collègues (texte n° 646, 2022-2023) (demande du groupe Les Républicains)

Ce texte a été envoyé à la commission des lois.

• Délai limite pour le dépôt des amendements de commission : lundi 4 décembre à 12 heures

• Réunion de la commission pour le rapport et le texte : mercredi 6 décembre matin

• Délai limite pour le dépôt des amendements de séance : lundi 11 décembre à 12 heures

• Réunion de la commission pour examiner les amendements de séance : mardi 12 décembre après-midi

• Temps attribué aux orateurs des groupes dans la discussion générale : 1 heure

• Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : lundi 11 décembre à 15 heures

Mercredi 13 décembre 2023

À 15 heures

- Questions d’actualité au Gouvernement

• Délai limite pour l’inscription des auteurs de questions : mercredi 13 décembre à 11 heures

De 16 h 30 à 20 h 30

(Ordre du jour réservé au GEST)

- Proposition de loi visant à favoriser le réemploi des véhicules, au service des mobilités durables et solidaires sur les territoires, présentée par MM. Joël Labbé, Guillaume Gontard et plusieurs de leurs collègues (texte n° 923, 2022-2023)

Ce texte a été envoyé à la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable.

• Délai limite pour le dépôt des amendements de commission : vendredi 24 novembre à 12 heures

• Réunion de la commission pour le rapport et le texte : mercredi 29 novembre matin

• Délai limite pour le dépôt des amendements de séance : vendredi 8 décembre à 12 heures

• Réunion de la commission pour examiner les amendements de séance : mercredi 13 décembre matin

• Temps attribué aux orateurs des groupes dans la discussion générale : 45 minutes

• Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : mardi 12 décembre à 15 heures

- Proposition de loi visant à lutter contre la précarité de la jeunesse par l’instauration d’une allocation autonomie universelle d’études, présentée par Mme Monique de Marco et plusieurs de ses collègues (texte n° 15, 2023-2024)

Ce texte a été envoyé à la commission des affaires sociales.

• Délai limite pour le dépôt des amendements de commission : lundi 4 décembre à 12 heures

• Réunion de la commission pour le rapport et le texte : mercredi 6 décembre matin

• Délai limite pour le dépôt des amendements de séance : lundi 11 décembre à 12 heures

• Réunion de la commission pour examiner les amendements de séance : mercredi 13 décembre matin

• Temps attribué aux orateurs des groupes dans la discussion générale : 45 minutes

• Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : mardi 12 décembre à 15 heures

À 22 heures

- Débat préalable à la réunion du Conseil européen des 14 et 15 décembre 2023

Les modalités de ce débat seront précisées lors de la prochaine réunion de la conférence des présidents.

Jeudi 14 décembre 2023

De 10 h 30 à 13 heures et de 14 h 30 à 16 heures

(Ordre du jour réservé au groupe RDPI)

- Proposition de loi tendant à tenir compte de la capacité contributive des collectivités territoriales dans l’attribution des subventions et dotations destinées aux investissements relatifs à la transition écologique des bâtiments scolaires, présentée par Mme Nadège Havet et plusieurs de ses collègues (texte n° 922, 2022-2023)

Les modalités d’examen de ce texte seront précisées ultérieurement.

- Débat sur le thème « Comment le Gouvernement compte-t-il appliquer au plus vite les mesures du Comité Interministériel des Outre-mer ? »

• Temps attribué au groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants : 8 minutes

• Temps attribué aux orateurs des groupes : 1 heure

• Possibilité pour le Gouvernement de prendre la parole après chaque orateur pour une durée de 2 minutes ; possibilité pour l’orateur de répliquer pendant 1 minute

• Temps de réponse du Gouvernement : 5 minutes

• Conclusion par le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants : 5 minutes

• Délai limite pour les inscriptions de parole dans le débat : mercredi 13 décembre à 15 heures

De 16 heures à 20 heures

(Ordre du jour réservé au groupe UC)

Cet ordre du jour sera complété ultérieurement.

À 21 h 30

- Éventuellement, suite de la proposition de loi constitutionnelle relative à la souveraineté de la France, à la nationalité, à l’immigration et à l’asile, présentée par MM. Bruno Retailleau, François-Noël Buffet et plusieurs de leurs collègues (texte n° 646, 2022-2023) (demande du groupe Les Républicains)

Éventuellement, vendredi 15 décembre 2023

Le matin, l’après-midi et le soir

- Éventuellement, suite de la proposition de loi constitutionnelle relative à la souveraineté de la France, à la nationalité, à l’immigration et à l’asile, présentée par MM. Bruno Retailleau, François-Noël Buffet et plusieurs de leurs collègues (texte n° 646, 2022-2023) (demande du groupe Les Républicains)

Prochaine réunion de la conférence des présidents : mercredi 15 novembre 2023, à 18 heures

La conférence des présidents a pris acte, en application de l’article 6 bis du règlement, de la demande de création d’une commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic en France et les mesures à prendre pour y remédier (droit de tirage du groupe Les Républicains).

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

J’informe le Sénat que des candidatures pour siéger au sein de la commission mixte paritaire chargée d’élaborer un texte sur les dispositions restant en discussion de la proposition de loi relative aux services express régionaux métropolitains ont été publiées.

Ces candidatures seront ratifiées si la présidence n’a pas reçu d’opposition dans le délai d’une heure prévu par notre règlement.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

L’ordre du jour appelle l’examen d’une demande de la commission des lois tendant à obtenir du Sénat, en application de l’article 5 ter de l’ordonnance n° 58-1100 du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires, qu’il lui confère, pour une durée de six mois, les prérogatives attribuées aux commissions d’enquête pour mener une mission d’information sur les émeutes survenues à compter du 27 juin 2023.

Il a été donné connaissance de cette demande au Sénat lors de la séance du 23 octobre dernier.

Je mets aux voix la demande de la commission des lois.

La demande de la commission des lois est adoptée.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

En conséquence, la commission des lois se voit conférer, pour une durée de six mois, les prérogatives attribuées aux commissions d’enquête pour mener cette mission d’information.

Le Gouvernement sera informé de la décision qui vient d’être prise par le Sénat.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

L’ordre du jour appelle la discussion du projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration (projet n° 304 [2022-2023], texte de la commission n° 434 rectifié [2022-2023], rapport n° 433 [2022-2023]).

La procédure accélérée a été engagée sur ce texte.

Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Mme Christine Bonfanti-Dossat applaudit également, suscitant l ’ étonnement amusé de ses collègues du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Christine Bonfanti-Dossat

Mme Christine Bonfanti-Dossat. C’est l’habitude…

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mme Laurence Rossignol. Vous avez une amie, monsieur le ministre…

Mêmes mouvements.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre de l ’ intérieur et des outre-mer. Ne soyez pas jalouse…

Nouveaux sourires.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Monsieur le président, monsieur le président de la commission des lois, madame la rapporteure, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, sans conteste, les deux grands défis de notre siècle, qui se présentent déjà à nous, sont les questions environnementales et les questions migratoires.

Chacun est au fait des enjeux environnementaux, chacun les commente, chacun les voit, mais les enjeux migratoires sont moins évidents à traiter dans les débats médiatiques et politiques. À la lecture de la presse ce matin encore, nous pourrions croire que la France est une île, même si, nous l’avons vu récemment, le fait de se refermer sur son île n’est pas très efficace en matière d’immigration…

Quelque 110 millions de personnes : c’est le nombre de déplacés dans le monde en 2023 selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) du fait des guerres au Soudan, en Syrie, en Afghanistan, en Ukraine. Notre continent, l’Europe, est entouré de terres instables : Caucase, Proche-Orient, Moyen-Orient, Sahel, Libye.

Si les pays du Sud accueillent les trois quarts de ces déplacés, l’Europe connaît elle aussi une augmentation de son immigration irrégulière et de ses demandes d’asile. Ces dernières ont augmenté de 60 % depuis le début de l’année et concernent tous les pays, régimes politiques et gouvernants.

À ces demandeurs d’asile s’ajoutent entre 21 et 24 millions de réfugiés par an du fait des dérèglements climatiques, soit 60 000 par jour ! Les pays les plus pauvres sont cinq fois plus touchés par ces dérèglements, ce qui accroît le nombre de départs dans leur population vers l’Occident, vers l’Europe.

En un mot, nous n’avons pas fini de parler d’immigration…

C’est peut-être tant mieux, car, mesdames, messieurs les sénateurs, parler d’immigration revient à parler de notre souveraineté, de ce qui fait un État et ses frontières, des choix de ce dernier en matière d’accueil sur son territoire, en matière d’intégration et de conditions à cette intégration, ou permet de définir ceux dont on veut se séparer.

Parler d’immigration est certes difficile, car nous parlons de femmes, d’hommes et d’enfants, mais c’est nécessaire et éminemment politique.

Parler d’immigration, c’est aussi parler de notre modèle républicain et social, de sa capacité à intégrer, des moyens qu’on lui octroie, des règles que nous fixons.

Parler d’immigration, c’est également parler de sécurité.

Enfin, parler d’immigration, c’est parler aux Français.

Mesdames, messieurs les sénateurs, comme moi, vous rencontrez vos électeurs ; comme moi, vous lisez les sondages. Les Français sont préoccupés par l’immigration. Ils sont parfois paradoxaux, mais toutes et tous nous demandent de légiférer et de prendre des décisions.

Le texte que propose le Gouvernement est une proposition en ce sens. Ici, devant vous, avec humilité, le ministre de l’intérieur, qui, depuis trois ans et demi, est chargé, à la demande du Président de la République et de la Première ministre, de ces questions, est ouvert à la discussion avec le Sénat, avec l’ensemble du Parlement, pour coconstruire, ensemble, un texte ferme, juste et, surtout, efficace.

Ce qui comptera pour le ministre de l’intérieur que je suis, ce ne seront ni les postures ni les futures majorités, mais ce sera l’efficacité. Sommes-nous capables de doter de moyens notre pays, nos services de police, nos services préfectoraux, tous ceux qui travaillent dans le monde parfois difficile des questions migratoires, pour plus d’efficacité, pour répondre à la demande d’autorité des Français, pour répondre aux exigences d’intégration, pour éviter que les populistes ne surfent sur l’incapacité qu’ont les États d’appliquer leurs décisions ?

Le Gouvernement est cohérent. La loi du 24 janvier 2023 d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur (Lopmi), pour laquelle vous avez ici très majoritairement voté, au-delà même de la majorité sénatoriale, augmentait de 25 % les crédits du ministère de l’intérieur alloués à l’intégration. Elle ouvrait une refonte extrêmement importante des préfectures et du travail que ces dernières fournissent au service de nos concitoyens.

Monsieur le président de la commission des lois, vous m’avez demandé, voilà plus de deux ans, une telle refonte. Je tiens, au travers de ce propos, à saluer tous les agents de préfecture, tous ceux qui travaillent dans les bureaux et assurent les accueils, dans des conditions parfois très difficiles. Ils reçoivent à la fois nos compatriotes et ceux qui, étrangers, veulent des titres de séjour ou qui ont reçu de notre part l’ordre de repartir chez eux.

Cette réforme des préfectures, qui n’est pas d’ordre législatif, accompagne ce texte de loi. Elle est la conséquence de la Lopmi. Je m’engage à présenter devant vous dans les prochaines semaines cette réforme profonde, d’ordre réglementaire, pour qu’elle soit effective au 1er janvier de l’année prochaine.

En quelques mots, j’indique qu’elle vise à accorder tous les moyens nécessaires pour que les préfectures vérifient l’intégration des personnes, pour qu’elles examinent les titres de séjour après le premier dépôt d’une demande et pour leur permettre de lutter avec force, en les renvoyant dans leur pays, contre tous ceux qui ont des casiers judiciaires ou qui commettent des actes de délinquance en France et abusent de notre générosité. Il s’agit d’accorder aux préfectures les moyens d’appliquer les fameuses obligations de quitter le territoire français (OQTF), expression devenue pour les Français un synonyme d’incapacité à appliquer les reconduites hors du territoire.

Cette réforme vise en même temps à ne pas embêter tous ces étrangers qui vivent depuis tant d’années, parfois des décennies, sur le sol national, qui ne font de mal à personne et qui attendent longtemps le renouvellement de leur titre de séjour.

Je pense à ce chibani de Tourcoing qui, depuis quarante-cinq ans, réside sur le territoire national. Certes, il a gardé la nationalité de son pays d’origine, mais il a combattu dans les armées françaises. La République ne s’honore pas à le faire patienter devant la préfecture du Nord pour renouveler son titre de séjour alors que, à 80 ans, il ne fait de mal à personne et, pour ainsi dire, chante La Marseillaise comme nous tous.

Mesdames, messieurs les sénateurs, après la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur, après la refonte de la vie de nos préfectures, le temps à venir est aussi européen, au travers de la modification de nos règles d’asile et d’immigration.

L’Europe a une gouvernance économique de l’immigration, elle a des conseils des ministres de l’économie et des finances, des conseils au sein desquels se réunissent les ministres de la zone euro, mais elle n’a pas de gouvernance politique de l’immigration. Alors que nos frontières sont communes et que les enjeux sont planétaires, nous ne parlons pas, sauf très difficilement, d’une seule voix quand il s’agit d’aborder la question migratoire.

Il est évident que l’une des grandes réponses à ce défi est l’Union européenne. Tous les gouvernants, y compris ceux qui ont fait électoralement campagne contre l’Europe, en sont à appeler la Commission européenne, le Parlement européen ou leurs collègues européens des autres ministères de l’intérieur pour pouvoir répondre aux crises, comme cela a été récemment encore le cas à Lampedusa.

Oui, il faut des règles européennes ; oui, la libre circulation à l’intérieur de l’Union européenne doit se faire si, et seulement si, les frontières extérieures de l’Europe sont tenues, et fermement. Actuellement, ce n’est pas le cas.

MM. Roger Karoutchi et André Reichardt acquiescent.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Sous la présidence française du Conseil de l’Union européenne, le Président de la République a défendu le pacte sur la migration et l’asile qui, depuis vingt ans, traînait dans les bureaux de la Commission européenne.

Avec l’alliance politique de la plupart des pays européens, la France, par son dynamisme, a réussi à faire adopter deux textes essentiels pour l’Europe et pour notre pays.

Le premier texte est la réforme du règlement relatif à Eurodac, la base de données de l’Union européenne pour la comparaison d’empreintes digitales des demandeurs d’asile. Actuellement, les étrangers qui arrivent en Europe ne sont pas enregistrés. Ici ou là, ils reçoivent un accueil ; parfois, ils sont poussés vers d’autres pays. Comme les Français et nos courageux policiers et gendarmes le constatent, nous ne savons pas qui ils sont. Nous ne connaissons pas leur âge : sont-ils ou non majeurs ? Nous ignorons les raisons de leur venue chez nous. Lorsqu’ils sont interpellés, ils demandent l’asile, et sont ainsi relâchés. Commence alors un nouveau processus, long, qui empêche la République de savoir qui elle accueille sur le territoire national.

La réforme de la base de données Eurodac, adoptée par le Conseil européen et – je l’espère – bientôt votée, avant les élections européennes, par le Parlement européen, permettra d’enregistrer tous les étrangers sur le sol européen, de prendre leurs empreintes, de connaître leur identité et leur âge, et de reconstituer leur état civil.

De plus, cette réforme permettra à toutes les polices européennes, grâce au système européen Etias d’information et d’autorisation concernant les voyages – European Travel Information and Authorization System –, de connaître le contenu de ce fichier. Lorsqu’elles procéderont à une interpellation, elles sauront l’identité de la personne, sans avoir à reprendre le processus mortifère que j’évoquais précédemment au sujet de l’incapacité des États à agir.

Cette disposition, monsieur le président de la commission des lois, figure dans ce texte. Nous pourrons ainsi être informés de l’identité de tous ceux qui arriveront sur notre sol et dès lors nous lutterons férocement contre l’immigration irrégulière.

Le second texte, très important, défendu à l’échelon européen touche évidemment à l’asile à la frontière au travers de la fiction de non-entrée physique et juridique sur le sol européen. Un nombre important de personnes arrivent en Europe en provenance de pays où nous partons en vacances et avec lesquels nous avons des relations diplomatiques extrêmement fortes. Ces pays ne sont pas des dictatures et la situation n’y est nullement difficile. Pour autant, beaucoup de demandes d’asile en sont issues ; elles « embolisent » les services et empêchent de rendre une réponse rapide à ceux qui ont vraiment besoin de l’asile en France.

Le principe d’asile à la frontière nous permettra très rapidement d’opérer une distinction entre ceux qui méritent que leur soit accordée une protection forte, que l’Europe leur prête une oreille attentive et humaniste, et ceux qui abusent du droit d’asile par un détournement de procédure.

Ces deux textes, s’ils sont votés très prochainement par le Parlement européen, aideront tous les Européens, donc la France, à être plus efficaces et plus réactifs.

Comme je l’ai indiqué, mesdames, messieurs les sénateurs, le Gouvernement se présente devant la Chambre haute plein d’humilité, mais aussi de volontarisme.

Ce projet de loi, madame, monsieur les rapporteurs, a été déposé sur le bureau du Sénat voilà quelques mois. Il a été adopté par la commission des lois, à quelques détails près

Mme Marie-Pierre de La Gontrie sourit.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

J’ai déjà eu l’occasion, en m’exprimant publiquement ou en répondant aux questions dans votre hémicycle, de dire que le Gouvernement émettrait un avis favorable sur la quasi-intégralité des dispositions présentées par la majorité sénatoriale, donnant ainsi corps à la coconstruction. Nous partons du principe que notre texte n’était pas mauvais, puisqu’il a été adopté par la commission des lois du Sénat, mais que le Gouvernement n’était pas seul à avoir raison : il faut que cette loi soit élaborée avec l’ensemble des parlementaires.

Le texte que j’ai eu l’honneur de soumettre au nom du Gouvernement et du Président de la République prend directement sa source dans la campagne présidentielle et repose sur deux mots : fermeté et simplification.

Je commence par la fermeté.

La fermeté s’exerce d’abord contre les étrangers délinquants. Les Français ne comprennent pas que nous n’arrivions pas à éloigner ou à expulser du territoire national des personnes qui ont commis des crimes de sang, qui s’en sont prises à leur femme et aux policiers, qui se livrent au trafic de drogue.

Ce ne sont ni la Constitution ni la Convention européenne des droits de l’homme qui empêchent de les expulser, c’est la loi française ! L’année dernière, mesdames, messieurs les sénateurs, j’ai demandé et obtenu l’expulsion de 2 500 étrangers délinquants.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je n’ai pas pu obtenir et même pas pu demander à la justice de notre pays l’expulsion de 4 000 personnes, non parce que je n’avais pas les laissez-passer consulaires des pays ou qu’un juge aurait trouvé cette expulsion disproportionnée, mais parce que le législateur, il y a presque vingt-cinq ans, a décidé qu’il ne fallait pas, en plus de la peine prononcée contre un étranger ayant commis un acte grave, l’éloigner ou l’expulser du territoire national. Les réserves d’ordre public étaient ainsi inventées…

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… pour les personnes arrivées avant 13 ans dans notre pays ou qui s’y sont mariées.

Dès lors, je ne peux pas expulser quelqu’un qui est arrivé à 12 ans et demi sur le sol national et qui à 19 ans a commis un crime. En revanche, celui qui est arrivé à 13 ans et demi sur le territoire national et qui à 19 ans, pour diverses raisons, a commis un délit, comme un vol de voiture, je peux l’expulser ! Qu’y a-t-il de logique, mesdames, messieurs les parlementaires, dans cette législation ?

Je viens demander au Sénat et à l’Assemblée nationale de lever les réserves d’ordre public et de permettre au ministre de l’intérieur d’appliquer ce que demandent les Français : la fermeté. Que ceux que nous accueillons généreusement sur notre territoire respectent nos règles ! S’ils ne les respectent pas, s’ils sont responsables d’avoir commis des crimes et des délits, s’ils ne se conforment pas aux valeurs de la République, alors obtenons leur éloignement ou leur expulsion du territoire national.

La fermeté s’exerce également au travers du retrait ou du non-renouvellement des cartes de résident pour les étrangers en France qui ne respectent pas les règles, quels que soient les conditions d’attribution de ces cartes, le statut ou la nationalité des personnes.

À l’heure actuelle, lorsque le ministère prend connaissance, de la part des services de la justice, de la police ou de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), du non-respect des règles de la République par une personne, le ministre de l’intérieur – les Français doivent le savoir ! – ne peut pas lui retirer son titre de séjour, du moins pas dans tous les cas.

La fermeté s’exerce aussi contre les passeurs. Un écosystème mafieux utilise la misère humaine ; en échange de grosses sommes d’argent, ils se livrent à un trafic pour faire venir en France ou en Europe des femmes, des enfants et des hommes. Les passeurs ne sont pas les gentils organisateurs des arrivées en Occident ! Ils sont des criminels dont l’argent finance la drogue, le terrorisme et la prostitution.

Nous devons les combattre.

Pour l’instant, un passeur encourt une peine délictuelle ! Les services de sauvetage de la police et de la gendarmerie, ainsi que des bénévoles, ont tenté de porter secours en novembre dernier aux vingt-sept personnes mortes dans la Manche, faisant face aux corps de femmes enceintes repêchés dans une eau à trois degrés.

Ceux qui étaient responsables de ces morts malheureuses n’étaient pas les policiers français, eux qui tous les jours plongent dans la mer du Nord pour essayer de sauver quelques vies et qui donnent un peu d’espoir aux migrants tentant leur chance en Grande-Bretagne.

La responsabilité n’en revient pas davantage à nos règles. Les responsables, ce sont les criminels, lesquels peuvent seulement être poursuivis actuellement devant la justice pour un délit.

Pour montrer de la fermeté contre les passeurs, ces délits doivent devenir des crimes, passibles de vingt ans de prison. C’est l’objet de ce texte. Il s’agit de considérer que le terrorisme, le trafic de drogue ou d’êtres humains sont de même nature et méritent la sévérité des tribunaux.

En outre, la fermeté doit s’exercer contre les marchands de sommeil. Qui ici n’a pas été élu local et n’a pas vu son urbanisme, notamment en centre-ville, devenir une passoire ? Devant le travail qu’essaient de faire les élus en tenant compte de toutes les règles d’urbanisme et des difficultés qu’elles posent, l’on voit désormais des personnes, souvent ne déclarant pas leurs recettes au fisc, parfois étrangères elles-mêmes, qui utilisent la misère des gens pour pouvoir les loger sans quittance de loyer, sans lavabo, sans électricité, dans des locaux infestés par la mérule, malgré la présence d’enfants de quelques mois.

Oui, être marchand de sommeil, c’est comme être passeur : cela revient à commettre un crime contre des êtres humains. Ce texte, monsieur le président de la commission des lois, contient des dispositions qui attaquent pour la première fois aussi durement ces marchands de sommeil. En effet, l’objectif est de casser l’écosystème des irréguliers, en tout cas de l’immigration irrégulière.

De plus, la fermeté doit s’exercer contre certains patrons voyous. Ces derniers embauchent, connaissant pertinemment leur statut, des étrangers en situation irrégulière. Ils les exploitent dans des conditions inacceptables pour la concurrence : on est toujours moins cher lorsqu’on embauche des sans-papiers, lorsqu’on échappe à l’inspection du travail et qu’on n’est soumis ni aux cotisations ni aux charges patronales !

Les conditions sont également inacceptables pour les personnes qui subissent le joug, parfois moyenâgeux, de patrons qui font du chantage à la régularisation, qui utilisent la misère pour s’épargner d’avoir à accorder des avantages sociaux et des droits syndicaux aux salariés.

L’article 8, que le Sénat, Monsieur le président de la commission, a supprimé, est excellent. Je le dis sans aucune espèce de posture : Olivier Dussopt et moi le défendons.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je proposerai donc – ce sera assez rare dans ce débat, monsieur le président de la commission – un amendement de rétablissement. Oui, il faut fermer administrativement les entreprises qui, sciemment, embauchent les sans-papiers, sans quoi vous ne tarirez pas le flux des personnes qui viennent irrégulièrement dans notre pays ! Il est illogique de vouloir ne pas régulariser des personnes qui ne disposent pas de papiers sans fermer les entreprises qui les font venir, mesdames, messieurs les sénateurs !

Votons pour l’article 8 ! Travaillons dessus, s’il est mal rédigé, mais luttons fortement contre ceux qui embauchent des sans-papiers et qui ne le déclarent pas !

M. Claude Malhuret applaudit.

Debut de section - PermalienPhoto de Rachid Temal

Alors nous ne ferons pas les jeux Olympiques !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Évidemment, des personnes tombent dans l’irrégularité pour la simple raison qu’elles utilisent un alias ou que la préfecture ne leur a pas répondu assez vite. Leur patron n’est pas un voyou quand il vient voir le parlementaire, le maire ou le préfet, qu’il lui indique devoir gérer la situation indésirable qui vient de tomber sur la tête de son salarié, cherchant à la régler.

D’autres patrons, malheureusement – vous le savez –, utilisent cette misère humaine pour faire plus de profits. Je pense que c’est le devoir de la droite, de la gauche, du centre comme des indépendants de lutter contre la filière d’immigration irrégulière que représente parfois un patronat sans scrupules.

Enfin, la fermeté touche aux exigences d’intégration.

Mesdames, messieurs les sénateurs, à l’heure actuelle, pour avoir une carte de séjour long, il faut prendre des cours de français, mais sans que personne vérifie s’ils ont été parfaitement suivis et, surtout, s’ils ont été efficaces, contrairement à ce qui prévaut beaucoup de pays dans le monde !

Ce texte contient une mesure qui, à mon avis, est attendue par tout le monde, en premier lieu – je le pense – par les étrangers qui veulent s’intégrer. De fait, nous consacrons beaucoup plus de moyens à l’intégration, comme je l’indiquais au sujet de la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur. Nous prévoyons, dans un article que le Sénat a malheureusement supprimé là aussi, qu’un temps d’apprentissage du français puisse avoir lieu sur les horaires de travail.

Si une femme de ménage fait une heure et demie de trajet en RER pour être au travail à quatre heures et demie du matin, si elle reprend, à sept heures du matin, le RER pendant une heure et demie tout en ayant deux enfants chez elle, dans une ville très éloignée du centre de Paris, il n’est pas vrai qu’elle aura le temps à quatorze heures trente d’aller à la préfecture ou dans une association prendre des cours de français !

Je ne parle pas de taxes, je parle d’une responsabilité sociale des employeurs, comme c’est le cas dans ma région, dans le nord de la France. Après le « 1 % logement », je vous propose le « 1 % intégration », si j’ose dire !

L’intégration par le travail concerne très majoritairement les femmes ; cette immigration est avant tout féminine. Si les employeurs embauchent des personnes, notamment ces femmes, qui n’ont pas toutes les capacités de s’intégrer, du fait, par exemple, qu’elles ne parlent pas français, il faut non seulement qu’ils autorisent l’apprentissage du français pendant les heures de travail, mais aussi qu’un examen permette de savoir si cet apprentissage est réussi.

Si l’apprentissage est réussi, on a droit à un titre de séjour long sur le territoire national. S’il ne l’est pas, l’intégration est impossible : il faut quitter le territoire. C’est l’idée que nous vous soumettons. C’est ce que proposent – je le rappelle – la plupart des grands pays qui nous entourent. Il est inimaginable de travailler aux États-Unis sans avoir un travail régularisé et sans parler anglais !

Nous ne proposons rien d’autre que de pouvoir intégrer les personnes, au moment où le Président de la République et vous tous – j’ai cru le comprendre à partir des débats récents – avez défendu la langue française. Le Gouvernement ne comprendrait pas que nous ne trouvions pas un accord sur l’exigence de savoir parler français pour s’intégrer en France et se voir délivrer un titre de séjour.

Après la fermeté, la simplification.

Monsieur le président de la commission des lois, je dois plaider coupable. Je plaide coupable de plagiat. §La simplification des procédures est l’objet du rapport d’information Services de l ’ État et immigration : retrouver sens et efficacité, rédigé par M. Buffet au nom de l’ensemble du Sénat ; de fait, je crois savoir, monsieur le président de la commission, que tous les groupes politiques ont adopté votre rapport, qui s’inspirait lui-même d’un autre rapport, celui-ci du Conseil d’État.

Le drame de notre politique migratoire et de la non-application des OQTF, nonobstant mon évocation précédente des réserves d’ordre public, est le fait que nous soyons longs, et même beaucoup trop longs.

La loi du 10 septembre 2018 pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie, dite loi Collomb, a permis à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), agence qui, au ministère de l’intérieur, étudie les demandes d’asile, de travailler plus rapidement.

Avant que M. Collomb ne présente son texte, les délais étaient à peu près d’un an. Désormais, ils sont de cinq mois. En moyenne, car il y a des cas particuliers, nous avons divisé par deux le temps de réponse. Or la justice administrative continue pour sa part d’être lente, notamment la Cour nationale du droit d’asile (CNDA).

Mesdames, messieurs les sénateurs, voici un exemple. Imaginons, à côté de quelqu’un qui arriverait en France ce matin après avoir traversé les mers et qui demanderait l’asile, l’arrivée au même moment d’une personne souhaitant détourner ce droit pour rester en France. Cette personne commencerait par déposer un dossier à l’Ofpra. En cinq mois à peu près, nous donnerions une réponse. Nous ne sommes pas laxistes : dans 70 % des cas, l’Ofpra répond par la négative. En effet, nous refusons 70 % des demandes d’asile en France. Nous avons l’un des taux de refus les plus importants d’Europe.

Une fois ce refus formulé, que ferait le demandeur ? Il déposerait un recours devant la Cour nationale du droit d’asile, recours qui prend entre neuf mois et un an. La procédure aurait donc commencé depuis presque un an et demi. La Cour nationale du droit d’asile n’est pas laxiste non plus : dans 70 % des cas également, elle dit non !

Que ferait la personne ensuite ? Elle attendrait que le préfet lui délivre une OQTF, laquelle est susceptible de recours. La personne engagerait donc cette procédure. Pendant ce temps-là, le ministre de l’intérieur ne pourrait pas l’expulser, donc attendrait.

Vous le savez bien, de 40 % à 50 % des contentieux devant les tribunaux administratifs relèvent du droit des étrangers, et même 60 % devant les cours administratives d’appel. Celles-ci, ainsi que les tribunaux administratifs de nos territoires, écoutent de moins en moins les doléances de vos élus locaux sur l’urbanisme, car, de plus en plus, elles ne font que du contentieux des étrangers.

Mme le rapporteur acquiesce.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Par conséquent, cet étranger qui serait déjà arrivé depuis plus d’un an et demi sur le territoire national attendrait encore neuf mois que le tribunal administratif, par exemple de Lille, le déboute, car, dans 70 % des cas, le jugement va dans ce sens.

Que ferait enfin cet individu ? Il saisirait le Conseil d’État, un recours encore suspensif.

Voilà comment quelqu’un qui se serait vu opposer un refus quatre fois, à qui on aurait imposé un arrêté de reconduite à la frontière, pour qui on aurait sans doute négocié un laissez-passer consulaire avec tel ou tel pays, pourrait rester deux à trois ans sur le territoire national sans que nous puissions l’expulser.

Pendant ce temps-là, cette personne aurait peut-être été embauchée par un patron voyou, parce qu’il faut bien qu’elle vive. Elle aurait peut-être eu l’occasion d’avoir accès au logement, ce dont nous reparlerons. Elle aurait peut-être eu accès à la santé, ce dont nous reparlerons aussi. Elle aurait peut-être fait des enfants sur le territoire national. Si tel avait été le cas et que cette personne s’était mariée, alors le ministre de l’intérieur ne pourrait pas l’expulser, puisque cet individu entrerait dans les réserves d’ordre public qui empêchent d’agir !

Je vous demande que l’on puisse répondre à quelqu’un rapidement, par l’affirmative ou par la négative. Pour la première fois, le Gouvernement ne vient pas devant vous pour changer la liste des pays qui sont sûrs ou qui ne le sont pas, ou pour changer les critères de l’asile. Il vous assure que nous avons globalement de bons critères, des agents courageux à l’Ofpra, des juges qui, en général, écoutent la demande du ministère de l’intérieur, mais qui sont aussi sensibles à la misère de telle ou telle personne.

En moyenne, nous répondons par la négative à 70 % des personnes qui se présentent chez nous, mais au bout de trois ans. Si finalement la réponse devait être positive au terme de cette période, pensez-vous que leur vie pendant ce temps serait digne de la France ? Quelques centaines d’euros sont octroyés à ces personnes au titre de l’allocation pour demandeur d’asile (ADA) ou de l’aide sociale. Forcément, elles sont prises dans la spirale soit du travail illégal soit, pire, de la difficulté et de la délinquance.

Inspirés par le rapport Buffet, nous vous demandons la rapidité. Notre droit compte aujourd’hui douze procédures différentes pour contester les décisions relatives au séjour des étrangers. Il n’est pas de contentieux plus complexe ! Nous proposons de passer à trois ou quatre procédures seulement – c’est en débat avec la commission –, par souci d’accélérer la prise de décision.

La simplification passe également par l’extension du recours à la vidéo-audience.

Elle passe aussi, en matière de réforme de l’asile, par la territorialisation de l’Ofpra. Il s’agit de permettre à la justice administrative, y compris à la CNDA, d’offrir des réponses de proximité pour aller plus vite.

Nous voulons simplifier aussi le travail des policiers, qui ne peuvent aujourd’hui procéder à une prise d’empreintes par coercition. Nous proposons de rendre cela possible.

De même, ceux de nos policiers qui sont à nos frontières ne peuvent inspecter une voiture transportant des bouées ou un moteur de bateau hors réquisition du procureur de la République. Ce projet de loi prévoit bien évidemment de simplifier leur travail en leur donnant les moyens d’agir.

Nous appelons à la simplification, toujours, pour agir à l’encontre de tous ceux qui abusent de notre droit au séjour, notamment dans le cadre de la demande d’asile. Les Français doivent savoir que le ministre de l’intérieur ne peut retirer la carte de résident d’un Tchétchène, par exemple, ayant le statut de réfugié politique en France et qui retournerait passer l’été en Tchétchénie, pays – dictature ! – dont il a pourtant demandé à être protégé ! §Je vous demande de corriger cette imperfection, comme les autres, demande qui me paraît frappée au coin du bon sens.

Simplification, enfin, en ce qui concerne les titres de séjour, qui sont bien trop nombreux, comme vous le soulignez souvent, madame la rapporteure. Nous proposons de faire un premier pas en supprimant dix titres de séjour liés au passeport talent. Simplification, simplification, simplification !

Mesdames, messieurs les sénateurs, ce texte est ferme, mais non dépourvu d’humanité. Pour la première fois, le Gouvernement de la République va proposer que les enfants de moins de 16 ans ne soient plus placés dans les centres de rétention administrative. En pratique, c’est ce que nous faisons déjà depuis un an. À l’exception de Mayotte, où sont mises en œuvre des dispositions particulières et pour le bien du service public et pour celui de nos compatriotes mahorais, le Gouvernement propose au Parlement d’inscrire cette pratique dans la loi.

Ce texte est ferme, mais il respecte les outre-mer. Pour la première fois, un texte régalien va traduire directement les dispositions de l’article 73 de la Constitution : les outre-mer méritent mieux qu’une habilitation à légiférer par ordonnance.

Nous resterons extrêmement ouverts aux dispositions nouvelles, notamment pour ce qui concerne la Guyane et Mayotte, mais aussi pour tout territoire ultramarin qui souhaiterait voir s’appliquer son droit particulier. Qui peut penser qu’il est loisible de gérer la Guyane et Mayotte comme la Corrèze ou le nord de la France ? Le Gouvernement sera bien évidemment très sensible aux dispositions que proposeront les parlementaires ultramarins – et les autres.

Ce texte est ferme, mais il n’est pas fermé. Le Gouvernement est à l’écoute de la Haute Assemblée pour en modifier les articles, pour adopter les amendements, d’où qu’ils viennent, …

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… à partir du moment où ils visent à répondre à nos exigences d’efficacité, de fermeté et de simplicité, et pour trouver le meilleur compromis possible. Il s’agit de montrer aux Français, quelles que soient nos différences, que nous avons compris qu’ils nous demandent d’agir ensemble.

Le Gouvernement a déposé plusieurs amendements dont je me suis expliqué avec le président de la commission des lois ainsi qu’avec Mme et M. les rapporteurs. Je proposerai notamment une modification complète du travail du juge des libertés et de la détention (JLD), en lien avec M. le garde des sceaux, pour faire en sorte que les personnes détenues en centre de rétention administrative ne soient plus libérées pour des raisons de forme ou de nullité de la procédure. Le JLD doit avant tout s’arrêter sur la dangerosité desdites personnes que l’on souhaite expulser.

Mesdames, messieurs les sénateurs, vous avez adopté la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur, qui visait notamment à porter le nombre de places en centres de rétention administrative de 1 300 à 3 000. Les personnes concernées sont soit fichées pour radicalisation, soit connues pour des actes de délinquance. La population de ces centres a changé. Nous nous concentrons d’abord sur l’expulsion des personnes dangereuses pour le bien public, ce qui me semble de bon sens.

Le juge des libertés et de la détention ne peut plus agir comme il le faisait jadis, lorsque les personnes placées en centre de rétention n’avaient commis aucun acte délictuel. Nous souhaitons que le JLD tienne compte avant tout de cette dangerosité et qu’il n’annule pas le travail réalisé par le ministère de l’intérieur pour des questions de tampons manquants ou pour une nullité de procédure bénigne.

Le Gouvernement proposera également d’allonger de cinq à dix ans l’interdiction de retour sur le territoire national. Les décisions d’expulsion sont aujourd’hui assorties d’une interdiction de retour de cinq ans ; or, dans certains cas que je ne peux détailler dans l’instant – je pourrai le faire devant vous ultérieurement –, il nous semble préférable de porter cette interdiction à dix ans. Cette durée correspond aux règles de plusieurs de nos voisins européens et participera de l’efficacité de la sécurité publique.

Le Gouvernement a également déposé un amendement visant à éviter les abus de demande d’asile. Quand un policier interpelle une personne en situation irrégulière, il suffit à celle-ci de se déclarer en demande d’asile, même si les démarches n’ont pas encore été entreprises, pour être relâchée jusqu’à ce qu’elle dépose sa demande. S’ensuit alors la procédure de trois ans que j’évoquais voilà quelques instants… Face à cette situation, le Gouvernement propose une disposition très ferme et très forte : lorsque la personne interpellée en situation irrégulière invoquera, pour rester plus longtemps sur le territoire, une demande d’asile pour laquelle elle n’aurait pas encore entamé de démarches administratives, elle devra désormais effectuer cette demande en rétention, selon une procédure accélérée.

Le Gouvernement va également proposer que les demandes d’asile de personnes ayant déjà obtenu l’asile dans un autre pays soient irrecevables. On comprend aisément le sens de cette disposition au regard du drame d’Annecy, même si ce texte a été rédigé antérieurement à cette attaque.

Le Gouvernement n’épuise pas les autres débats liés à ce texte, qui peuvent être d’ordres constitutionnel – vous débattrez bientôt d’une proposition de loi constitutionnelle –, référendaire – le Président de la République a ainsi proposé aux partis de réfléchir à l’extension du champ du référendum de l’article 11 de la Constitution à des questions de société telles que l’immigration – ou européen et conventionnel.

Personne n’a jamais dit que ce texte constituait une réponse à tout ; mais personne ne peut dire sérieusement qu’il manque de fermeté ni nier qu’il permettra d’offrir à nos policiers et à nos gendarmes des moyens supplémentaires. Personne ne peut dire non plus que le Gouvernement n’est pas ouvert à la discussion avec le Parlement.

Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP et UC, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.

M. Gérard Larcher remplace M. Alain Marc au fauteuil de la présidence.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Muriel Jourda

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, ne disposant pas d’un temps bien considérable, je me contenterai de tracer à grands traits le travail réalisé par la commission des lois sur ce projet de loi, dernier avatar d’une litanie de textes sur l’immigration dont le nombre même nous laisse penser qu’ils n’ont jamais atteint le but qui leur était assigné.

Pour aborder ce texte, nous avons d’abord tenu compte de sa nature : il s’agit d’une loi ordinaire, qui ne nous permet pas de nous affranchir des contraintes que nous imposent la Constitution et les engagements européens et internationaux de notre pays.

Nous avons aussi essayé d’écarter les quelques poncifs qui sont repris dans la vie politique française et qui nuisent, selon moi, à la bonne efficacité de nos décisions.

Non, l’immigration n’est pas systématiquement synonyme de délinquance. §Ce serait faire injure à nos concitoyens d’origine étrangère que de le dire.

En revanche, il ne faudrait pas tomber de l’excès dans l’aveuglement et ne pas voir qu’un certain type de délinquance – je pense notamment au terrorisme islamiste qui sévit sur notre territoire – n’est pas sans lien avec l’immigration.

Murmures sur les travées des groupes SER et GEST.

Murmures sur les mêmes travées .

Debut de section - PermalienPhoto de Muriel Jourda

De la même façon, et dans un autre ordre d’idées – pardonnez-moi, monsieur le ministre, mais vous êtes sans doute celui qui répète le plus cette antienne –, non, l’immigration n’est pas toujours une chance pour la France.

Debut de section - PermalienPhoto de Muriel Jourda

Certes, les étrangers peuvent exercer un certain nombre de métiers en France, mais il s’agit alors davantage d’une spécificité de notre marché du travail.

On peut aussi penser que côtoyer une culture étrangère est plutôt enrichissant, ce qui est vrai. Toutefois, lorsque cette culture prend une place telle qu’elle crée une « insécurité culturelle », pour reprendre les termes de Laurent Bouvet, …

Protestati ons sur les travées des groupes SER et GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Muriel Jourda

… c’est-à-dire la sensation que notre propre culture est contrecarrée sur notre territoire, nos concitoyens n’y voient pas une chance pour la France.

Les immigrés eux-mêmes, me semble-t-il, n’estiment pas être une chance pour notre pays. Quitter sa terre natale, ses proches, tout ce qui nous est familier comme notre histoire, nos traditions ou notre culture est forcément un déchirement à ne pas sous-estimer. L’émigration est toujours une souffrance pour celui qui part

Marques d ’ ironie sur les travées d es groupes SER et GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Muriel Jourda

C’est donc en écartant ces poncifs que nous avons abordé ce texte. Préalable indispensable, nous avons également défini ce qu’est une politique migratoire, à savoir une politique qui consiste à dire qui a le droit d’entrer et de rester dans un pays qui n’est pas le sien, et à quelles conditions.

S’il existe 187 types de titre de séjour en France et si chacun sait comment y rentrer, il est un vide terrible : déterminer quels étrangers peuvent venir en France et pour y faire quoi.

L’apport principal de la commission des lois a consisté à introduire un titre Ier A visant à véritablement maîtriser les voies d’accès au territoire. Qui s’intéresse à ces sujets, comme Philippe Bonnecarrère et moi-même le faisons depuis quatre ans dans le cadre du débat budgétaire ou comme le fait le président Buffet depuis de nombreuses années, sait que le trop grand nombre d’entrées sur le territoire nuit à la politique migratoire : nous ne savons plus accueillir, nous ne savons plus intégrer et, en définitive, nous n’appliquons même plus les textes que nous votons. Nous ne sommes pas en mesure d’éloigner les personnes entrées en France de manière irrégulière ni celles qui ont perdu leur titre de séjour après être rentrées légalement sur notre territoire.

Ce premier titre prévoit donc un débat au Parlement afin de fixer des quotas pour déterminer, autant que faire se peut, qui va rentrer en France et quelle quantité d’étrangers nous pouvons accueillir. Nous avons aussi resserré les conditions du regroupement familial et celles de l’obtention du titre « étranger malade » et du titre « étudiant », lequel doit être davantage contrôlé. Tel est l’apport principal de la commission des lois ; nous débattrons des autres sujets au cours de la discussion.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Michel Canévet applaudit également.

Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

M. Philippe Bonnecarrère, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d ’ administration générale. Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, après avoir rappelé les propos du président Larcher, pour lequel, sur l’immigration, la situation n’est plus tenable, après avoir souligné que le travail technique entre les rapporteurs s’est très bien déroulé et que la majorité sénatoriale est d’accord sur la quasi-totalité des sujets

Ah bon ? sur les travées des groupes SER et GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

, après avoir dit qu’il existe des solutions pour réécrire l’article 3 du projet de loi

Mêmes mouvements.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Premièrement, nous avons une obligation de résultat ; deuxièmement, notre engagement de fermeté a été respecté ; troisièmement, nous vous proposons un retour du Parlement dans la définition de la politique migratoire ; quatrièmement, nous nous inscrivons dans le cadre conventionnel et constitutionnel, le tout au service de l’action publique.

Premièrement, donc, nous avons une obligation de résultat : le Sénat doit adopter un texte. Personne ne comprendrait que la Haute Assemblée ne soit pas en mesure de répondre aux attentes de nos concitoyens, en revanche, ce d’autant que l’application du temps législatif programmé à l’Assemblée nationale laisse planer un doute sur la capacité des députés à mener le débat jusqu’à son terme. L’élaboration d’un texte est une question de légitimité parlementaire, tout particulièrement pour le Sénat, dont nous estimons tous qu’il est aujourd’hui le point d’équilibre institutionnel. Il nous appartient d’être cohérents et de faire aboutir notre travail.

Deuxièmement, ce texte – en plus de ceux que contenait sa version initiale, sur laquelle M. le ministre vient de s’exprimer – introduit des éléments incontestables de fermeté, et vous en aurez de nombreux témoignages. La première étape a eu lieu lors des travaux en commission, au mois de mars dernier ; la deuxième étape, à savoir le débat en séance publique, nous permettra d’adopter de nouveaux amendements. C’est bien un nouveau paysage de la politique migratoire qui se dessine ; ce n’est pas une addition de mesures.

Troisièmement, ce texte marque un retour du Parlement : la politique migratoire n’est pas simplement diplomatique ou mémorielle ; elle est régalienne et s’écrit au présent, sous le contrôle du Parlement. Avec le débat annuel proposé à l’article 1er A du projet de loi, nous souhaitons nous donner collectivement, en nous appuyant sur les données qui auront été collectées, les moyens d’être plus précis en termes d’évaluation et de fixer les objectifs de la politique migratoire. Le Parlement doit pouvoir décider d’un cap.

Quatrièmement, nous avons travaillé dans le respect de nos engagements conventionnels et de notre Constitution. J’entends le débat au sein de la société entre liberté individuelle et droits collectifs. Je ne crois pas que l’État de droit entrave l’action publique. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) admet une marge d’appréciation nationale. Si l’on se penche sur cette question avec précision, on verra que le Conseil constitutionnel n’a jamais interdit ni au pouvoir exécutif ni au pouvoir législatif de mettre en œuvre leurs politiques.

Sans anticiper sur la suite du débat, prenons garde d’introduire des dispositions inconstitutionnelles qui n’apporteraient rien à la crédibilité du Parlement et qui, se heurtant à une censure, pourraient faire croire à nos concitoyens que l’action publique n’est plus possible.

Je crois très profondément que la politique migratoire qui vous est proposée au travers de ce texte peut être efficace, même si elle ne le sera jamais à 100 %. Je partage, à cet égard, le sentiment d’humilité qu’a exprimé le ministre de l’intérieur voilà quelques instants. Indubitablement, l’adoption de ce texte, complété par vos amendements, permettra de mener une politique plus efficace.

Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Nous passons à la discussion de la motion tendant à opposer l’exception d’irrecevabilité.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Je suis saisi, par Mme Cukierman, M. Brossat et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, d’une motion n° 1.

Cette motion est ainsi rédigée :

En application de l’article 44, alinéa 2, du règlement, le Sénat déclare irrecevable le projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration (434 rectifié, 2022-2023).

La parole est à Mme Cécile Cukierman, pour la motion.

Debut de section - PermalienPhoto de Cécile Cukierman

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, loin de nous l'idée, en déposant cette motion, de laisser sous-entendre qu'il n'y aurait pas lieu de débattre de l'immigration dans notre pays. Toutefois, nous demeurons convaincus que ce n'est pas avec ce texte que nous répondrons à deux des nombreux défis de demain : l'explosion des migrations de par le monde et la lutte contre le terrorisme, plus particulièrement le terrorisme islamique radical.

Nous nous devons un discours de vérité, sans excès, mais empli de sincérité et de conviction. Monsieur le ministre, c'est dans cet état d'esprit que s'inscrit mon groupe avant l'examen des articles de votre projet de loi.

Un discours de vérité, car il ne faudrait pas laisser à penser que gestion des politiques migratoires et lutte contre le terrorisme vont forcément de pair.

Il suffit de se retourner sur la dernière décennie et sur les attentats dont notre pays a été victime pour constater qu'immigration ne rime pas avec terrorisme. Ne laissons pas les Français croire que ce texte assurera leur sécurité. Ne laissons pas croire non plus que la France pourrait stopper les migrations de populations qui fuient par milliers le dérèglement climatique, les guerres, la famine. Les drames récents, notamment celui de Lampedusa, le démontrent.

Oui, ces femmes et ces hommes traversent le monde massivement au péril de leur vie, car c'est pour eux la seule chance de survie. Une partie de notre planète subit famine et sécheresse de manière quasi permanente. Cette réalité, ce sont souvent les pays les plus riches de notre planète qui en sont les premiers responsables : déforestation massive, hyperurbanisation, exploitation des cours d'eau et des océans.

À ces migrations s'ajoutent les nombreux conflits qui parfois, bien loin des plateaux de télévision, font des milliers de morts, des milliers de prisonniers, des milliers de filles privées d'école, des milliers d'enfants soldats, des milliers de femmes violées. Telle est la réalité de la guerre et des dictatures.

Là encore, c'est au péril de leur vie, à pied, derrière des camions ou dans des bateaux de fortune que, chaque jour, des milliers de personnes tentent de fuir vers un eldorado que notre pays, parmi d'autres, incarne.

Et pourtant, à leur arrivée, l'eldorado s'effondre : ils ont cherché à partir pour vivre ; ils restent ici pour survivre.

Notre devoir, au pays de Voltaire et de Hugo, est de les accueillir avec humanité. Oui, nous avons un impératif : les sortir des mains de tous les passeurs, trafiquants et exploiteurs en tout genre. Or votre texte n'apporte pas de réponse ; au contraire, il tend à stigmatiser un peu plus encore ces femmes et ces hommes qui n'ont plus rien en les rangeant dans le camp de ceux qui nuiraient à notre pays.

Mais de quelle nuisance parlons-nous ? Je vous invite à voir ou à revoir le magnifique documentaire diffusé sur France Télévisions Nous les ouvriers, à relire l'Histoire de France, pour mesurer combien ces femmes et ces hommes, bien loin d'être des nuisances, ont aidé la France à se construire, à se défendre et à se reconstruire.

Pêle-mêle, ils étaient marocains, tunisiens, algériens, sénégalais, ivoiriens, polonais, italiens, espagnols, portugais et de tant d'autres pays encore. Ils ont tous connu à leur arrivée l'hostilité plus ou moins mondaine du racisme ordinaire. Par le travail, par l'exigence de notre République à faire du commun et nom du communautarisme §(M. Stéphane Ravier s'exclame.), ils se sont intégrés et ont su vivre ensemble, en France.

Je ne fais preuve d'aucun angélisme : oui, le monde a changé ; oui, notre République et ses valeurs ont faibli.

Aux termes de notre Constitution, la « République est indivisible, laïque, démocratique et sociale ». C'est en confortant ces quatre principes que nous sortirons du débat nauséabond auquel nous assistons depuis plusieurs années ; un débat qui a fait renoncer les gouvernements successifs, convaincus que la répression et la négation même de la réalité régleraient le problème. Or il n'en est rien.

Au contraire, à nier cette réalité, nous avons affaibli notre République en renvoyant ces personnes dans le communautarisme, en les excluant de nous-mêmes de notre commun, parfois en les déshumanisant, renforçant l'emprise des marchands de sommeil, des patrons voyous et autres exploiteurs de la misère humaine.

Le débat que nous aurons sur l'aide médicale de l'État (AME) en est un exemple frappant : priver de soins préventifs des femmes et des hommes, au détriment de toute politique de santé publique, est une catastrophe pour les personnes concernées comme pour la société.

Enfin, ne soyons pas hypocrites : nous sommes nombreux dans nos départements à connaître des parcours de réussite, et pas seulement dans les métiers en tension, tout aussi nombreux à solliciter, ici ou là, les préfets pour des dérogations. Parfois même, monsieur le ministre, nous vous interpellons directement.

Si le monde a changé, nous devons renforcer nos politiques, nous devons renforcer le droit au travail pour ces femmes et ces hommes qui ne demandent que cela, nous devons renforcer la prise en charge de l'apprentissage du français pour décommunautariser ces personnes et les rendre libres de leur destinée.

Enfin, nous devons créer les structures d'accueil dignes du pays des droits de l'homme plutôt que de nous satisfaire des dormeurs de rue. Cela doit se traduire dans la loi et non en renforçant le pouvoir discrétionnaire des préfets.

Autre sujet, celui de la lutte contre le radicalisme. Sachez, monsieur le ministre, que nous serons toujours de ce combat-là. Nous le savons, et l'histoire algérienne des années 1990 le démontre : le radicalisme islamiste n'aime pas les progressistes. Car, à la doctrine de Dieu, nous répondons par la celle de la République ; à la doctrine de l'immobilisme, facilitatrice de l'exploitation de l'homme par l'homme, nous répondons par celle de l'éducation et de la construction d'un esprit critique, seul facteur d'émancipation pour les individus.

Nous voulons non pas une République « uniformée », mais une République qui rassemble, qui conjugue les talents de chacun au service de tous.

Je finirai par quelques remarques de forme.

Dans la lignée des précédents textes, ce projet de loi participe de fait à l'inflation normative – une loi sur l'immigration tous les dix-huit mois, c'est sans équivalent ! – et au non-respect des principes de sécurité juridique et d'intelligibilité de la loi, alors que l'on ne dispose ni d'un appareil statistique complet ni du bilan de la loi du 10 septembre 2018 à laquelle les mêmes objectifs étaient assignés, comme l'a rappelé le Conseil d'État. Ce n'est pas respectueux du travail de la représentation nationale.

Ce texte encourt fortement la censure du Conseil constitutionnel. Il porte plus que jamais atteinte au droit de mener une vie familiale normale, protégé par la jurisprudence européenne sur l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme. Il contrevient également à la jurisprudence du Conseil constitutionnel relative au respect de la vie privée, fondée sur l'article II de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.

Nous examinons ce projet de loi dans un contexte particulier de stigmatisation des étrangers. Nous assistons même à une sorte de concours Lépine des propositions les plus dures, pouvant aller jusqu'à une remise en cause de l'État de droit, laquelle n'est pas toujours assumée, notamment lorsque certains acteurs politiques envisagent de bousculer une Constitution qu'ils sont d'ordinaire plus enclins à préserver.

Ce texte est rempli de contradictions. Comment peut-on, en même temps, poursuivre un objectif d'intégration des étrangers et s'en prendre au regroupement familial ? Comment peut-on, en même temps, vouloir accélérer les procédures d'expulsion et augmenter l'ensemble des délais de rétention ? Comment peut-on, en même temps, durcir les sanctions contre les marchands de sommeil et ne pas accompagner davantage les victimes ?

Monsieur le ministre, mes chers collègues, vous l'aurez compris, nous ne faisons nôtre ni le texte du Gouvernement ni celui que la droite sénatoriale a réécrit. Cependant, nous débattrons jusqu'au bout avec vous, car nous demeurons convaincus que c'est dans le débat, dans la confrontation et dans la contradiction que nous avancerons. Tel est le sens de cette motion visant à opposer l'exception d'irrecevabilité.

Et c'est parce que celle-ci sera rejetée que je tiens à vous dire que nous ne lâcherons rien : article après article, nous serons en capacité de démontrer que d'autres solutions sont possibles pour faire grandir notre République sur la route de l'humanité sans lui être néfastes pour autant.

Debut de section - PermalienPhoto de Cécile Cukierman

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, loin de nous l’idée, en déposant cette motion, de laisser sous-entendre qu’il n’y aurait pas lieu de débattre de l’immigration dans notre pays. Toutefois, nous demeurons convaincus que ce n’est pas avec ce texte que nous répondrons à deux des nombreux défis de demain : l’explosion des migrations de par le monde et la lutte contre le terrorisme, plus particulièrement le terrorisme islamique radical.

Nous nous devons un discours de vérité, sans excès, mais empli de sincérité et de conviction. Monsieur le ministre, c’est dans cet état d’esprit que s’inscrit mon groupe avant l’examen des articles de votre projet de loi.

Un discours de vérité, car il ne faudrait pas laisser à penser que gestion des politiques migratoires et lutte contre le terrorisme vont forcément de pair.

Il suffit de se retourner sur la dernière décennie et sur les attentats dont notre pays a été victime pour constater qu’immigration ne rime pas avec terrorisme. Ne laissons pas les Français croire que ce texte assurera leur sécurité. Ne laissons pas croire non plus que la France pourrait stopper les migrations de populations qui fuient par milliers le dérèglement climatique, les guerres, la famine. Les drames récents, notamment celui de Lampedusa, le démontrent.

Oui, ces femmes et ces hommes traversent le monde massivement au péril de leur vie, car c’est pour eux la seule chance de survie. Une partie de notre planète subit famine et sécheresse de manière quasi permanente. Cette réalité, ce sont souvent les pays les plus riches de notre planète qui en sont les premiers responsables : déforestation massive, hyperurbanisation, exploitation des cours d’eau et des océans.

À ces migrations s’ajoutent les nombreux conflits qui parfois, bien loin des plateaux de télévision, font des milliers de morts, des milliers de prisonniers, des milliers de filles privées d’école, des milliers d’enfants soldats, des milliers de femmes violées. Telle est la réalité de la guerre et des dictatures.

Là encore, c’est au péril de leur vie, à pied, derrière des camions ou dans des bateaux de fortune que, chaque jour, des milliers de personnes tentent de fuir vers un eldorado que notre pays, parmi d’autres, incarne.

Et pourtant, à leur arrivée, l’eldorado s’effondre : ils ont cherché à partir pour vivre ; ils restent ici pour survivre.

Notre devoir, au pays de Voltaire et de Hugo, est de les accueillir avec humanité. Oui, nous avons un impératif : les sortir des mains de tous les passeurs, trafiquants et exploiteurs en tout genre. Or votre texte n’apporte pas de réponse ; au contraire, il tend à stigmatiser un peu plus encore ces femmes et ces hommes qui n’ont plus rien en les rangeant dans le camp de ceux qui nuiraient à notre pays.

Mais de quelle nuisance parlons-nous ? Je vous invite à voir ou à revoir le magnifique documentaire diffusé sur France Télévisions Nous les ouvriers, à relire l’Histoire de France, pour mesurer combien ces femmes et ces hommes, bien loin d’être des nuisances, ont aidé la France à se construire, à se défendre et à se reconstruire.

Pêle-mêle, ils étaient marocains, tunisiens, algériens, sénégalais, ivoiriens, polonais, italiens, espagnols, portugais et de tant d’autres pays encore. Ils ont tous connu à leur arrivée l’hostilité plus ou moins mondaine du racisme ordinaire. Par le travail, par l’exigence de notre République à faire du commun et nom du communautarisme

Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K et SER ainsi que sur des travées du groupe GEST.

M. Stéphane Ravier s ’ exclame.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Y a-t-il un orateur contre la motion ?…

Quel est l'avis de la commission ?

Debut de section - PermalienPhoto de Cécile Cukierman

Je ne fais preuve d’aucun angélisme : oui, le monde a changé ; oui, notre République et ses valeurs ont faibli.

Aux termes de notre Constitution, la « République est indivisible, laïque, démocratique et sociale ». C’est en confortant ces quatre principes que nous sortirons du débat nauséabond auquel nous assistons depuis plusieurs années ; un débat qui a fait renoncer les gouvernements successifs, convaincus que la répression et la négation même de la réalité régleraient le problème. Or il n’en est rien.

Au contraire, à nier cette réalité, nous avons affaibli notre République en renvoyant ces personnes dans le communautarisme, en les excluant de nous-mêmes de notre commun, parfois en les déshumanisant, renforçant l’emprise des marchands de sommeil, des patrons voyous et autres exploiteurs de la misère humaine.

Le débat que nous aurons sur l’aide médicale de l’État (AME) en est un exemple frappant : priver de soins préventifs des femmes et des hommes, au détriment de toute politique de santé publique, est une catastrophe pour les personnes concernées comme pour la société.

Enfin, ne soyons pas hypocrites : nous sommes nombreux dans nos départements à connaître des parcours de réussite, et pas seulement dans les métiers en tension, tout aussi nombreux à solliciter, ici ou là, les préfets pour des dérogations. Parfois même, monsieur le ministre, nous vous interpellons directement.

Si le monde a changé, nous devons renforcer nos politiques, nous devons renforcer le droit au travail pour ces femmes et ces hommes qui ne demandent que cela, nous devons renforcer la prise en charge de l’apprentissage du français pour décommunautariser ces personnes et les rendre libres de leur destinée.

Enfin, nous devons créer les structures d’accueil dignes du pays des droits de l’homme plutôt que de nous satisfaire des dormeurs de rue. Cela doit se traduire dans la loi et non en renforçant le pouvoir discrétionnaire des préfets.

Autre sujet, celui de la lutte contre le radicalisme. Sachez, monsieur le ministre, que nous serons toujours de ce combat-là. Nous le savons, et l’histoire algérienne des années 1990 le démontre : le radicalisme islamiste n’aime pas les progressistes. Car, à la doctrine de Dieu, nous répondons par la celle de la République ; à la doctrine de l’immobilisme, facilitatrice de l’exploitation de l’homme par l’homme, nous répondons par celle de l’éducation et de la construction d’un esprit critique, seul facteur d’émancipation pour les individus.

Nous voulons non pas une République « uniformée », mais une République qui rassemble, qui conjugue les talents de chacun au service de tous.

Je finirai par quelques remarques de forme.

Dans la lignée des précédents textes, ce projet de loi participe de fait à l’inflation normative – une loi sur l’immigration tous les dix-huit mois, c’est sans équivalent ! – et au non-respect des principes de sécurité juridique et d’intelligibilité de la loi, alors que l’on ne dispose ni d’un appareil statistique complet ni du bilan de la loi du 10 septembre 2018 à laquelle les mêmes objectifs étaient assignés, comme l’a rappelé le Conseil d’État. Ce n’est pas respectueux du travail de la représentation nationale.

Ce texte encourt fortement la censure du Conseil constitutionnel. Il porte plus que jamais atteinte au droit de mener une vie familiale normale, protégé par la jurisprudence européenne sur l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme. Il contrevient également à la jurisprudence du Conseil constitutionnel relative au respect de la vie privée, fondée sur l’article II de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Nous examinons ce projet de loi dans un contexte particulier de stigmatisation des étrangers. Nous assistons même à une sorte de concours Lépine des propositions les plus dures, pouvant aller jusqu’à une remise en cause de l’État de droit, laquelle n’est pas toujours assumée, notamment lorsque certains acteurs politiques envisagent de bousculer une Constitution qu’ils sont d’ordinaire plus enclins à préserver.

Ce texte est rempli de contradictions. Comment peut-on, en même temps, poursuivre un objectif d’intégration des étrangers et s’en prendre au regroupement familial ? Comment peut-on, en même temps, vouloir accélérer les procédures d’expulsion et augmenter l’ensemble des délais de rétention ? Comment peut-on, en même temps, durcir les sanctions contre les marchands de sommeil et ne pas accompagner davantage les victimes ?

Monsieur le ministre, mes chers collègues, vous l’aurez compris, nous ne faisons nôtre ni le texte du Gouvernement ni celui que la droite sénatoriale a réécrit. Cependant, nous débattrons jusqu’au bout avec vous, car nous demeurons convaincus que c’est dans le débat, dans la confrontation et dans la contradiction que nous avancerons. Tel est le sens de cette motion visant à opposer l’exception d’irrecevabilité.

Et c’est parce que celle-ci sera rejetée que je tiens à vous dire que nous ne lâcherons rien : article après article, nous serons en capacité de démontrer que d’autres solutions sont possibles pour faire grandir notre République sur la route de l’humanité sans lui être néfastes pour autant.

Debut de section - PermalienPhoto de Cécile Cukierman

Je ne fais preuve d’aucun angélisme : oui, le monde a changé ; oui, notre République et ses valeurs ont faibli.

Aux termes de notre Constitution, la « République est indivisible, laïque, démocratique et sociale ». C’est en confortant ces quatre principes que nous sortirons du débat nauséabond auquel nous assistons depuis plusieurs années ; un débat qui a fait renoncer les gouvernements successifs, convaincus que la répression et la négation même de la réalité régleraient le problème. Or il n’en est rien.

Au contraire, à nier cette réalité, nous avons affaibli notre République en renvoyant ces personnes dans le communautarisme, en les excluant de nous-mêmes de notre commun, parfois en les déshumanisant, renforçant l’emprise des marchands de sommeil, des patrons voyous et autres exploiteurs de la misère humaine.

Le débat que nous aurons sur l’aide médicale de l’État (AME) en est un exemple frappant : priver de soins préventifs des femmes et des hommes, au détriment de toute politique de santé publique, est une catastrophe pour les personnes concernées comme pour la société.

Enfin, ne soyons pas hypocrites : nous sommes nombreux dans nos départements à connaître des parcours de réussite, et pas seulement dans les métiers en tension, et tout aussi nombreux à solliciter, ici ou là, les préfets pour des dérogations. Parfois même, monsieur le ministre, nous vous interpellons directement.

Si le monde a changé, nous devons renforcer nos politiques, nous devons renforcer le droit au travail pour ces femmes et ces hommes qui ne demandent que cela, nous devons renforcer la prise en charge de l’apprentissage du français pour décommunautariser ces personnes et les rendre libres de leur destinée.

Enfin, nous devons créer les structures d’accueil dignes du pays des droits de l’homme plutôt que de nous satisfaire des dormeurs de rue. Cela doit se traduire dans la loi et non en renforçant le pouvoir discrétionnaire des préfets.

Autre sujet, celui de la lutte contre le radicalisme. Sachez, monsieur le ministre, que nous serons toujours de ce combat-là. Nous le savons, et l’histoire algérienne des années 1990 le démontre : le radicalisme islamiste n’aime pas les progressistes. Car, à la doctrine de Dieu, nous répondons par la celle de la République ; à la doctrine de l’immobilisme, facilitatrice de l’exploitation de l’homme par l’homme, nous répondons par celle de l’éducation et de la construction d’un esprit critique, seul facteur d’émancipation pour les individus.

Nous voulons non pas une République « uniformée », mais une République qui rassemble, qui conjugue les talents de chacun au service de tous.

Je finirai par quelques remarques de forme.

Dans la lignée des précédents textes, ce projet de loi participe de fait à l’inflation normative – une loi sur l’immigration tous les dix-huit mois, c’est sans équivalent ! – et au non-respect des principes de sécurité juridique et d’intelligibilité de la loi, alors que l’on ne dispose ni d’un appareil statistique complet ni du bilan de la loi du 10 septembre 2018 à laquelle les mêmes objectifs étaient assignés, comme l’a rappelé le Conseil d’État. Ce n’est pas respectueux du travail de la représentation nationale.

Ce texte encourt fortement la censure du Conseil constitutionnel. Il porte plus que jamais atteinte au droit de mener une vie familiale normale, protégé par la jurisprudence européenne sur l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme. Il contrevient également à la jurisprudence du Conseil constitutionnel relative au respect de la vie privée, fondée sur l’article II de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Nous examinons ce projet de loi dans un contexte particulier de stigmatisation des étrangers. Nous assistons même à une sorte de concours Lépine des propositions les plus dures, pouvant aller jusqu’à une remise en cause de l’État de droit, laquelle n’est pas toujours assumée, notamment lorsque certains acteurs politiques envisagent de bousculer une Constitution qu’ils sont d’ordinaire plus enclins à préserver.

Ce texte est rempli de contradictions. Comment peut-on, en même temps, poursuivre un objectif d’intégration des étrangers et s’en prendre au regroupement familial ? Comment peut-on, en même temps, vouloir accélérer les procédures d’expulsion et augmenter l’ensemble des délais de rétention ? Comment peut-on, en même temps, durcir les sanctions contre les marchands de sommeil et ne pas accompagner davantage les victimes ?

Monsieur le ministre, mes chers collègues, vous l’aurez compris, nous ne faisons nôtres ni le texte du Gouvernement ni celui que la droite sénatoriale a réécrit. Cependant, nous débattrons jusqu’au bout avec vous, car nous demeurons convaincus que c’est dans le débat, dans la confrontation et dans la contradiction que nous avancerons. Tel est le sens de cette motion visant à opposer l’exception d’irrecevabilité.

Et c’est parce que celle-ci sera rejetée que je tiens à vous dire que nous ne lâcherons rien : article après article, nous serons en mesure de démontrer que d’autres solutions sont possibles pour faire grandir notre République sur la route de l’humanité sans lui être néfastes pour autant.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

L'avis est, comme vous vous en doutez, défavorable pour les quelques raisons suivantes.

Madame Cukierman, vous aspirez à poursuivre et à amplifier le débat ; cela implique donc d'examiner le texte au fond !

Vous appelez à un discours de vérité ; c'est bien le point de départ ! Nous comptons quelque 600 000 à 900 000 personnes présentes illégalement sur notre sol, notre dispositif d'intégration est en panne, nous souffrons d'une incapacité chronique à atteindre nos objectifs et nous aurons environ 150 000 demandeurs d'asile cette année – un record, même si la France est loin d'être le pays le plus « attractif » pour les demandeurs d'asile.

Je conclurai, madame la sénatrice, en réagissant à deux des points que vous avez abordés.

Vous avez dit que nous vivions une époque de conflits multiples, ce en quoi, bien sûr, vous avez raison. Aussi le texte est-il une réponse non à je ne sais quel air du temps qui serait à la stigmatisation, comme je l'entends parfois, mais à une situation géopolitique bien réelle, caractérisée par un fort niveau d'instabilité.

Vous avez également appelé à « faire du commun ». Comment « faire du commun » dans la France de 2023 ? Il y a là un objectif que je partage volontiers, tout en émettant, je le répète, un avis défavorable sur la motion que vous venez de présenter.

Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K et SER ainsi que sur des travées du groupe GEST.

Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K et SER, ains i que sur des travées du groupe GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Y a-t-il un orateur contre la motion ?…

Quel est l’avis de la commission ?

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Avis défavorable, évidemment.

Je partage avec vous, madame la sénatrice, l'envie que ce débat se déroule dans des conditions respectueuses du débat républicain. Quand on parle d'immigration – il me semble l'avoir dit à la tribune –, on parle bel et bien de femmes et d'hommes, d'enfants aussi, mais on parle également de femmes et d'hommes qui, au nom de la République, agissent auprès d'eux, les écoutent et les accompagnent ; c'est le cas des associations. Ce qui importe, ici, ce sont moins les questions matérielles ou d'argent, sujets certes respectables, que l'humain : « La seule querelle qui vaille est celle de l'homme », pour ne pas dire : « L'humain d'abord » ! Et c'est précisément dans cet esprit que travaille le Gouvernement.

J'en viens très rapidement à deux points de votre intervention, madame la sénatrice, contre lesquels je souhaite m'inscrire en faux.

Premièrement, vous dites – j'entends cet argument souvent, et partout – qu'en la matière il y a eu vingt lois en trente ans, …

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

L’avis est, comme vous vous en doutez, défavorable pour les quelques raisons suivantes.

Madame Cukierman, vous aspirez à poursuivre et à amplifier le débat ; cela implique donc d’examiner le texte au fond !

Vous appelez à un discours de vérité ; c’est bien le point de départ ! Nous comptons quelque 600 000 à 900 000 personnes présentes illégalement sur notre sol, notre dispositif d’intégration est en panne, nous souffrons d’une incapacité chronique à atteindre nos objectifs et nous aurons environ 150 000 demandeurs d’asile cette année – un record, même si la France est loin d’être le pays le plus « attractif » pour les demandeurs d’asile.

Je conclurai, madame la sénatrice, en réagissant à deux des points que vous avez abordés.

Vous avez dit que nous vivions une époque de conflits multiples, ce en quoi, bien sûr, vous avez raison. Aussi le texte est-il une réponse non à je ne sais quel air du temps qui serait à la stigmatisation, comme je l’entends parfois, mais à une situation géopolitique bien réelle, caractérisée par un fort niveau d’instabilité.

Vous avez également appelé à « faire du commun ». Comment « faire du commun » dans la France de 2023 ? Il y a là un objectif que je partage volontiers, tout en émettant, je le répète, un avis défavorable sur la motion que vous venez de présenter.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… une tous les dix-huit mois. Mais c'est tout à fait faux ! Depuis que le Président de la République a pris ses fonctions, il y a eu une seule loi consacrée à ce sujet, en 2018. C'est donc la deuxième loi en six ans sur l'immigration.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Avis défavorable, évidemment.

Je partage avec vous, madame la sénatrice, l’envie que ce débat se déroule dans des conditions respectueuses du débat républicain. Quand on parle d’immigration – il me semble l’avoir dit à la tribune –, on parle bel et bien de femmes et d’hommes, d’enfants aussi, mais on parle également de femmes et d’hommes qui, au nom de la République, agissent auprès d’eux, les écoutent et les accompagnent ; c’est le cas des associations. Ce qui importe, ici, ce sont moins les questions matérielles ou d’argent, sujets certes respectables, que l’humain : « La seule querelle qui vaille est celle de l’homme », pour ne pas dire : « L’humain d’abord » ! Et c’est précisément dans cet esprit que travaille le Gouvernement.

J’en viens très rapidement à deux points de votre intervention, madame la sénatrice, contre lesquels je souhaite m’inscrire en faux.

Premièrement, vous dites – j’entends cet argument souvent, et partout – qu’en la matière il y a eu vingt lois en trente ans, …

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… une tous les dix-huit mois. Mais c’est tout à fait faux ! Depuis que le Président de la République a pris ses fonctions, il y a eu une seule loi consacrée à ce sujet, en 2018. C’est donc la deuxième loi en six ans sur l’immigration.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Retailleau dit qu'il en faudrait d'autres : mettez-vous d'accord !

On ne peut pas dire que le Gouvernement fut priapique pour ce qui est des lois migratoires ces dernières années : une tous les six ans, cela me paraît raisonnable.

Combien de textes budgétaires avez-vous votés cette année, mesdames, messieurs les sénateurs ?

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Retailleau dit qu'il en faudrait d'autres : mettez-vous d'accord !

On ne peut pas dire que le Gouvernement fut « priapique »

Sourires .

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Combien de textes sur l'économie ? Combien de textes sur l'écologie ?

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Combien de textes budgétaires avez-vous votés cette année, mesdames, messieurs les sénateurs ?

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Retailleau dit qu’il en faudrait d’autres : mettez-vous d’accord !

On ne peut pas dire que le Gouvernement fut « priapique »

Sourires.

« Pas assez ! » sur d'autres travées.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Combien de textes sur l'économie ? Combien de textes sur l'écologie ?

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Combien de textes budgétaires avez-vous votés cette année, mesdames, messieurs les sénateurs ?

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Trop ou pas assez ? On mesure bien là la diversité de la majorité sénatoriale…

« Pas assez ! » sur d'autres travées.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Combien de textes sur l’économie ? Combien de textes sur l’écologie ?

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Précisons – vous l'avez fait vous-même, madame la sénatrice – que les questions migratoires évoluent au gré de l'actualité internationale : ce qui se passe dans certains pays, que les talibans prennent le pouvoir en Afghanistan ou que le Bangladesh subisse les effets du changement climatique, que l'armée française se retire du Sahel au prix de graves difficultés ou que les coups d'État se succèdent ici et là, tout cela a bien sûr des conséquences sur notre pays.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Trop ou pas assez ? On mesure bien là la diversité de la majorité sénatoriale…

« Pas assez ! » sur d ’ autres travées.

Pas assez ! sur d ’ autres travées.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascal Savoldelli

J'apprends quelque chose : nous aurions accueilli des Afghans ? Sur ce point nous sommes les plus mauvais en Europe !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Précisons – vous l'avez fait vous-même, madame la sénatrice – que les questions migratoires évoluent au gré de l'actualité internationale : ce qui se passe dans certains pays, que les talibans prennent le pouvoir en Afghanistan ou que le Bangladesh subisse les effets du changement climatique, que l'armée française se retire du Sahel au prix de graves difficultés ou que les coups d'État se succèdent ici et là, tout cela a bien sûr des conséquences sur notre pays.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Trop ou pas assez ? On mesure bien là la diversité de la majorité sénatoriale…

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Cet argument m'étonnera toujours : l'immigration est sans doute la matière qui évolue le plus, non pas selon nos propres désirs nationaux, mais en fonction de ce qui se passe à l'extérieur de notre pays, et vous considérez qu'il ne faudrait pas s'y adapter ? Cela me paraît un drôle de raisonnement ! Il me semble au contraire que ne pas adapter nos règles de droit au moment même où surviennent des changements comme ceux que j'ai énumérés est source de difficultés.

J'entends beaucoup de comparaisons à propos de la double peine – on me dit que c'est M. Sarkozy, il y a vingt ans, qui avait réformé la double peine, ce que nous lui reprocherions aujourd'hui – ou des OQTF. Mais, à l'époque, le monde était totalement différent ! Celui qui exerçait alors les fonctions de ministre de l'intérieur avait des discussions politiques et diplomatiques avec la Libye, avec l'Afghanistan, avec la Syrie, avec le Mali, avec le Niger, avec l'Irak ! Quel désordre mondial désormais ! Comparer ce qui est incomparable ne me paraît pas très honnête intellectuellement.

Il est normal d'utiliser la loi de la République, et peut-être d'autres instruments, donc de modifier nos textes législatifs et réglementaires, pour s'adapter aux désordres du monde. L'immigration, malheureusement ou heureusement, sait s'adapter, elle, aux désordres du monde…

L'argument selon lequel on vote une loi tous les dix-huit mois est donc faux pour l'actuel Président de la République – il vaut pour d'autres gouvernements, des gouvernements socialistes et des gouvernements de droite. Vous en avez fait voter plusieurs, des lois sur l'immigration, et tant mieux ! Ce n'est pas moi qui vous en ferai le reproche… De notre côté, depuis six ans, nous avons eu un seul texte à vous proposer sur ce sujet.

Je souhaite répondre, deuxièmement, sur la CEDH. Le respect de la vie privée et familiale est garanti, mais il ne saurait être absolu, madame la président Cukierman : ainsi le législateur en a-t-il disposé depuis très longtemps, y compris sous des gouvernements de gauche. Les décisions prises par M. Cazeneuve pour protéger les intérêts fondamentaux de la Nation contre le terrorisme l'ont été par un gouvernement totalement de gauche, sans aucun doute possible, soutenu d'ailleurs, me semble-t-il, par une gauche très plurielle. Voici ce que disait cette gauche sous M. Hollande : respect de la vie familiale et privée, d'accord, mais pas pour les terroristes ! Nous ajoutons, quant à nous : respect de la vie privée et familiale, d'accord, mais pas pour les criminels ! Cela me paraît assez normal…

J'ai eu à connaître le cas d'une personne condamnée pour pédophilie, …

Debut de section - PermalienPhoto de Pascal Savoldelli

J'apprends quelque chose : nous aurions accueilli des Afghans ? Sur ce point nous sommes les plus mauvais en Europe !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Précisons – vous l’avez fait vous-même, madame la sénatrice – que les questions migratoires évoluent au gré de l’actualité internationale : ce qui se passe dans certains pays, que les talibans prennent le pouvoir en Afghanistan ou que le Bangladesh subisse les effets du changement climatique, que l’armée française se retire du Sahel au prix de graves difficultés ou que les coups d’État se succèdent ici et là, tout cela a bien sûr des conséquences sur notre pays.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… oui, madame la sénatrice, pour des crimes pédophiles. Il se trouve que, s'agissant d'un crime, on était dans l'impossibilité de demander son expulsion, et ce au nom du respect de la vie privée et familiale, car il avait des enfants : voyez l'absurdité dans laquelle parfois le droit nous plonge ! La loi actuelle est surannée, dépassée ; elle ne correspond plus aux difficultés auxquelles nous faisons face, ce pour quoi le peuple français demande que nous légiférions.

Je résume : oui au respect de la vie privée et familiale, mais pas à n'importe quel prix. Il y a un équilibre à trouver avec la défense des intérêts fondamentaux de la Nation – c'est tout ce qui relève de la lutte contre le terrorisme – et avec la protection de l'ordre public, que la menace soit grave ou simple – nous en débattrons en examinant les articles 9, 10 et 13 du projet de loi.

Je suis favorable à ce que nous ne nous censurions pas. Nous devons pouvoir demander l'expulsion des personnes qui ne respectent pas l'ordre public ou représentent une menace pour les intérêts fondamentaux de la Nation, même si elles ont en France une vie privée et familiale. Nous devons avoir le droit de nous séparer de ces personnes, et la CEDH ne dit pas le contraire !

Je constate que dans l'affaire Iquioussen, alors même que la loi n'avait pas changé, le Conseil d'État s'inspirant de la loi confortant le respect des principes de la République, dite loi Séparatisme, texte vous aviez voté, nous avons obtenu l'expulsion de cette personne contre l'avis du tribunal administratif de Paris, alors que son avocat plaidait l'atteinte disproportionnée portée à sa vie privée et familiale, alors que ses cinq enfants étaient nés en France et résidaient en France à leur majorité, qu'il était lui-même propriétaire en France depuis plus de quarante ans, qu'il s'était marié en France. Comme nous avons réussi à démontrer qu'il était un séparatiste luttant contre la République, nous avons obtenu son expulsion. Le juge, et notamment le juge européen, et notamment la CEDH, n'y a rien trouvé à redire.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Cet argument m'étonnera toujours : l'immigration est sans doute la matière qui évolue le plus, non pas selon nos propres désirs nationaux, mais en fonction de ce qui se passe à l'extérieur de notre pays, et vous considérez qu'il ne faudrait pas s'y adapter ? Cela me paraît un drôle de raisonnement ! Il me semble au contraire que ne pas adapter nos règles de droit au moment même où surviennent des changements comme ceux que j'ai énumérés est source de difficultés.

J'entends beaucoup de comparaisons à propos de la double peine – on me dit que c'est M. Sarkozy, il y a vingt ans, qui avait réformé la double peine, ce que nous lui reprocherions aujourd'hui – ou des OQTF. Mais, à l'époque, le monde était totalement différent ! Celui qui exerçait alors les fonctions de ministre de l'intérieur avait des discussions politiques et diplomatiques avec la Libye, avec l'Afghanistan, avec la Syrie, avec le Mali, avec le Niger, avec l'Irak ! Quel désordre mondial désormais ! Comparer ce qui est incomparable ne me paraît pas très honnête intellectuellement.

Il est normal d'utiliser la loi de la République, et peut-être d'autres instruments, donc de modifier nos textes législatifs et réglementaires, pour s'adapter aux désordres du monde. L'immigration, malheureusement ou heureusement, sait s'adapter, elle, aux désordres du monde…

L'argument selon lequel on vote une loi tous les dix-huit mois est donc faux pour l'actuel Président de la République – il vaut pour d'autres gouvernements, des gouvernements socialistes et des gouvernements de droite. Vous en avez fait voter plusieurs, des lois sur l'immigration, et tant mieux ! Ce n'est pas moi qui vous en ferai le reproche… De notre côté, depuis six ans, nous avons eu un seul texte à vous proposer sur ce sujet.

Je souhaite répondre, deuxièmement, sur la CEDH. Le respect de la vie privée et familiale est garanti, mais il ne saurait être absolu, madame la président Cukierman : ainsi le législateur en a-t-il disposé depuis très longtemps, y compris sous des gouvernements de gauche. Les décisions prises par M. Cazeneuve pour protéger les intérêts fondamentaux de la Nation contre le terrorisme l'ont été par un gouvernement totalement de gauche, sans aucun doute possible, soutenu d'ailleurs, me semble-t-il, par une gauche très plurielle. Voici ce que disait cette gauche sous M. Hollande : respect de la vie familiale et privée, d'accord, mais pas pour les terroristes ! Nous ajoutons, quant à nous : respect de la vie privée et familiale, d'accord, mais pas pour les criminels ! Cela me paraît assez normal…

J'ai eu à connaître le cas d'une personne condamnée pour pédophilie, …

Debut de section - PermalienPhoto de Pascal Savoldelli

J’apprends quelque chose : nous aurions accueilli des Afghans ? Sur ce point nous sommes les plus mauvais en Europe !

Debut de section - PermalienPhoto de Pascal Savoldelli

J’apprends quelque chose : nous aurions accueilli des Afghans ? Sur ce point, nous sommes les plus mauvais en Europe !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… oui, madame la sénatrice, pour des crimes pédophiles. Il se trouve que, s'agissant d'un crime, on était dans l'impossibilité de demander son expulsion, et ce au nom du respect de la vie privée et familiale, car il avait des enfants : voyez l'absurdité dans laquelle parfois le droit nous plonge ! La loi actuelle est surannée, dépassée ; elle ne correspond plus aux difficultés auxquelles nous faisons face, ce pour quoi le peuple français demande que nous légiférions.

Je résume : oui au respect de la vie privée et familiale, mais pas à n'importe quel prix. Il y a un équilibre à trouver avec la défense des intérêts fondamentaux de la Nation – c'est tout ce qui relève de la lutte contre le terrorisme – et avec la protection de l'ordre public, que la menace soit grave ou simple – nous en débattrons en examinant les articles 9, 10 et 13 du projet de loi.

Je suis favorable à ce que nous ne nous censurions pas. Nous devons pouvoir demander l'expulsion des personnes qui ne respectent pas l'ordre public ou représentent une menace pour les intérêts fondamentaux de la Nation, même si elles ont en France une vie privée et familiale. Nous devons avoir le droit de nous séparer de ces personnes, et la CEDH ne dit pas le contraire !

Je constate que dans l'affaire Iquioussen, alors même que la loi n'avait pas changé, le Conseil d'État s'inspirant de la loi confortant le respect des principes de la République, dite « loi Séparatisme », texte vous aviez voté, nous avons obtenu l'expulsion de cette personne contre l'avis du tribunal administratif de Paris, alors que son avocat plaidait l'atteinte disproportionnée portée à sa vie privée et familiale, alors que ses cinq enfants étaient nés en France et résidaient en France à leur majorité, alors qu'il était lui-même propriétaire en France depuis plus de quarante ans, qu'il s'était marié en France. Comme nous avons réussi à démontrer qu'il était un séparatiste luttant contre la République, nous avons obtenu son expulsion. Le juge, et notamment le juge européen, et notamment la CEDH, n'y a rien trouvé à redire.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Cet argument m’étonnera toujours : l’immigration est sans doute la matière qui évolue le plus, non pas selon nos propres désirs nationaux, mais en fonction de ce qui se passe à l’extérieur de notre pays, et vous considérez qu’il ne faudrait pas s’y adapter ? Cela me paraît un drôle de raisonnement ! Il me semble au contraire que ne pas adapter nos règles de droit au moment même où surviennent des changements comme ceux que j’ai énumérés est source de difficultés.

J’entends beaucoup de comparaisons à propos de la double peine – on me dit que c’est M. Sarkozy, il y a vingt ans, qui avait réformé la double peine, ce que nous lui reprocherions aujourd’hui – ou des OQTF. Mais, à l’époque, le monde était totalement différent ! Celui qui exerçait alors les fonctions de ministre de l’intérieur avait des discussions politiques et diplomatiques avec la Libye, avec l’Afghanistan, avec la Syrie, avec le Mali, avec le Niger, avec l’Irak ! Quel désordre mondial désormais ! Comparer ce qui est incomparable ne me paraît pas très honnête intellectuellement.

Il est normal d’utiliser la loi de la République, et peut-être d’autres instruments, donc de modifier nos textes législatifs et réglementaires, pour s’adapter aux désordres du monde. L’immigration, malheureusement ou heureusement, sait s’adapter, elle, aux désordres du monde…

L’argument selon lequel on vote une loi tous les dix-huit mois est donc faux pour l’actuel Président de la République – il vaut pour d’autres gouvernements, des gouvernements socialistes et des gouvernements de droite. Vous en avez fait voter plusieurs, des lois sur l’immigration, et tant mieux ! Ce n’est pas moi qui vous en ferai le reproche… De notre côté, depuis six ans, nous avons eu un seul texte à vous proposer sur ce sujet.

Je souhaite répondre, deuxièmement, sur la CEDH. Le respect de la vie privée et familiale est garanti, mais il ne saurait être absolu, madame la président Cukierman : ainsi le législateur en a-t-il disposé depuis très longtemps, y compris sous des gouvernements de gauche. Les décisions prises par M. Cazeneuve pour protéger les intérêts fondamentaux de la Nation contre le terrorisme l’ont été par un gouvernement totalement de gauche, sans aucun doute possible, soutenu d’ailleurs, me semble-t-il, par une gauche très plurielle. Voici ce que disait cette gauche sous M. Hollande : respect de la vie familiale et privée, d’accord, mais pas pour les terroristes ! Nous ajoutons, quant à nous : respect de la vie privée et familiale, d’accord, mais pas pour les criminels ! Cela me paraît assez normal…

J’ai eu à connaître le cas d’une personne condamnée pour pédophilie, …

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Cet argument m’étonnera toujours : l’immigration est sans doute la matière qui évolue le plus, non pas selon nos propres désirs nationaux, mais en fonction de ce qui se passe à l’extérieur de notre pays, et vous considérez qu’il ne faudrait pas s’y adapter ? Cela me paraît un drôle de raisonnement ! Il me semble au contraire que ne pas adapter nos règles de droit au moment même où surviennent des changements comme ceux que j’ai énumérés est source de difficultés.

J’entends beaucoup de comparaisons à propos de la double peine – on me dit que c’est M. Sarkozy, il y a vingt ans, qui avait réformé la double peine, ce que nous lui reprocherions aujourd’hui – ou des OQTF. Mais, à l’époque, le monde était totalement différent ! Celui qui exerçait alors les fonctions de ministre de l’intérieur avait des discussions politiques et diplomatiques avec la Libye, avec l’Afghanistan, avec la Syrie, avec le Mali, avec le Niger, avec l’Irak ! Quel désordre mondial désormais ! Comparer ce qui est incomparable ne me paraît pas très honnête intellectuellement.

Il est normal d’utiliser la loi de la République, et peut-être d’autres instruments, donc de modifier nos textes législatifs et réglementaires, pour s’adapter aux désordres du monde. L’immigration, malheureusement ou heureusement, sait s’adapter, elle, aux désordres du monde…

L’argument selon lequel on vote une loi tous les dix-huit mois est donc faux pour l’actuel Président de la République – il vaut pour d’autres gouvernements, des gouvernements socialistes et des gouvernements de droite. Vous en avez fait voter plusieurs, des lois sur l’immigration, et tant mieux ! Ce n’est pas moi qui vous en ferai le reproche… De notre côté, depuis six ans, nous avons eu un seul texte à vous proposer sur ce sujet.

Je souhaite répondre, deuxièmement, sur la CEDH. Le respect de la vie privée et familiale est garanti, mais il ne saurait être absolu, madame la présidente Cukierman : ainsi le législateur en a-t-il disposé depuis très longtemps, y compris sous des gouvernements de gauche. Les décisions prises par M. Cazeneuve pour protéger les intérêts fondamentaux de la Nation contre le terrorisme l’ont été par un gouvernement totalement de gauche, sans aucun doute possible, soutenu d’ailleurs, me semble-t-il, par une gauche très plurielle. Voici ce que disait cette gauche sous M. Hollande : respect de la vie familiale et privée, d’accord, mais pas pour les terroristes ! Nous ajoutons, quant à nous : respect de la vie privée et familiale, d’accord, mais pas pour les criminels ! Cela me paraît assez normal…

J’ai eu à connaître le cas d’une personne condamnée pour pédophilie, …

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

C'est possible pour les atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation et les actes relevant du séparatisme, mais non pour les autres crimes et délits : c'est là toute la démonstration qui fonde ce texte – nous aurons l'occasion d'en reparler.

L'exception d'irrecevabilité a pour objet de faire reconnaître que le texte proposé ne respecte pas les règles de droit, notamment celles de notre Constitution. Or le Conseil d'État a émis un avis très favorable sur les dispositions présentées par le Gouvernement. C'est une très bonne chose, assez rare pour être soulignée… Laissez le Conseil constitutionnel faire son office ; je suis sûr qu'il sera saisi.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. Dany Wattebled applaudit également.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… oui, madame la sénatrice, pour des crimes pédophiles. Il se trouve que, s’agissant d’un crime, on était dans l’impossibilité de demander son expulsion, et ce au nom du respect de la vie privée et familiale, car il avait des enfants : voyez l’absurdité dans laquelle parfois le droit nous plonge ! La loi actuelle est surannée, dépassée ; elle ne correspond plus aux difficultés auxquelles nous faisons face, ce pour quoi le peuple français demande que nous légiférions.

Je résume : oui au respect de la vie privée et familiale, mais pas à n’importe quel prix. Il y a un équilibre à trouver avec la défense des intérêts fondamentaux de la Nation – c’est tout ce qui relève de la lutte contre le terrorisme – et avec la protection de l’ordre public, que la menace soit grave ou simple – nous en débattrons en examinant les articles 9, 10 et 13 du projet de loi.

Je suis favorable à ce que nous ne nous censurions pas. Nous devons pouvoir demander l’expulsion des personnes qui ne respectent pas l’ordre public ou représentent une menace pour les intérêts fondamentaux de la Nation, même si elles ont en France une vie privée et familiale. Nous devons avoir le droit de nous séparer de ces personnes, et la CEDH ne dit pas le contraire !

Je constate que dans l’affaire Iquioussen, alors même que la loi n’avait pas changé, le Conseil d’État s’inspirant de la loi confortant le respect des principes de la République, dite « loi Séparatisme », texte vous aviez voté, nous avons obtenu l’expulsion de cette personne contre l’avis du tribunal administratif de Paris, alors que son avocat plaidait l’atteinte disproportionnée portée à sa vie privée et familiale, alors que ses cinq enfants étaient nés en France et résidaient en France à leur majorité, alors qu’il était lui-même propriétaire en France depuis plus de quarante ans, qu’il s’était marié en France. Comme nous avons réussi à démontrer qu’il était un séparatiste luttant contre la République, nous avons obtenu son expulsion. Le juge, et notamment le juge européen, et notamment la CEDH, n’y a rien trouvé à redire.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… oui, madame la sénatrice, pour des crimes pédophiles. Il se trouve que, s’agissant d’un crime, on était dans l’impossibilité de demander son expulsion, et ce au nom du respect de la vie privée et familiale, car il avait des enfants : voyez l’absurdité dans laquelle parfois le droit nous plonge ! La loi actuelle est surannée, dépassée ; elle ne correspond plus aux difficultés auxquelles nous faisons face, ce pour quoi le peuple français demande que nous légiférions.

Je résume : oui au respect de la vie privée et familiale, mais pas à n’importe quel prix. Il y a un équilibre à trouver avec la défense des intérêts fondamentaux de la Nation – c’est tout ce qui relève de la lutte contre le terrorisme – et avec la protection de l’ordre public, que la menace soit grave ou simple – nous en débattrons en examinant les articles 9, 10 et 13 du projet de loi.

Je suis favorable à ce que nous ne nous censurions pas. Nous devons pouvoir demander l’expulsion des personnes qui ne respectent pas l’ordre public ou représentent une menace pour les intérêts fondamentaux de la Nation, même si elles ont en France une vie privée et familiale. Nous devons avoir le droit de nous séparer de ces personnes, et la CEDH ne dit pas le contraire !

Je constate que, dans l’affaire Iquioussen, alors même que la loi n’avait pas changé, le Conseil d’État s’inspirant de la loi confortant le respect des principes de la République, dite loi Séparatisme, texte que vous aviez voté, nous avons obtenu l’expulsion de cette personne contre l’avis du tribunal administratif de Paris, alors que son avocat plaidait l’atteinte disproportionnée portée à sa vie privée et familiale, alors que ses cinq enfants étaient nés en France et résidaient en France à leur majorité, alors qu’il était lui-même propriétaire en France depuis plus de quarante ans, qu’il s’était marié en France. Comme nous avons réussi à démontrer qu’il était un séparatiste luttant contre la République, nous avons obtenu son expulsion. Le juge, notamment le juge européen, notamment la CEDH, n’y a rien trouvé à redire.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Je mets aux voix la motion n° 1, tendant à opposer l'exception d'irrecevabilité.

Je rappelle que l'adoption de cette motion entraînerait le rejet du projet de loi.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

C'est possible pour les atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation et les actes relevant du séparatisme, mais non pour les autres crimes et délits : c'est là toute la démonstration qui fonde ce texte – nous aurons l'occasion d'en reparler.

L'exception d'irrecevabilité a pour objet de faire reconnaître que le texte proposé ne respecte pas les règles de droit, notamment celles de notre Constitution. Or le Conseil d'État a émis un avis très favorable sur les dispositions présentées par le Gouvernement. C'est une très bonne chose, assez rare pour être soulignée… Laissez le Conseil constitutionnel faire son office ; je suis sûr qu'il sera saisi.

La motion n'est pas adoptée.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. Dany Wattebled applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Nous passons à la discussion de la motion tendant à opposer la question préalable.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Je mets aux voix la motion n° 1, tendant à opposer l'exception d'irrecevabilité.

Je rappelle que l'adoption de cette motion entraînerait le rejet du projet de loi.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

C’est possible pour les atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation et les actes relevant du séparatisme, mais non pour les autres crimes et délits : c’est là toute la démonstration qui fonde ce texte – nous aurons l’occasion d’en reparler.

L’exception d’irrecevabilité a pour objet de faire reconnaître que le texte proposé ne respecte pas les règles de droit, notamment celles de notre Constitution. Or le Conseil d’État a émis un avis très favorable sur les dispositions présentées par le Gouvernement. C’est une très bonne chose, assez rare pour être soulignée… Laissez le Conseil constitutionnel faire son office ; je suis sûr qu’il sera saisi.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. Dany Wattebled applaudit également.

Photo de Gérard Larcher

Je suis saisi, par MM. Dossus, Benarroche et Fernique, Mme M. Vogel, MM. Gontard, G. Blanc et Dantec, Mmes de Marco et Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée et Souyris, d'une motion n° 6 rectifiée.

Cette motion est ainsi rédigée :

En application de l'article 44, alinéa 3, du règlement, le Sénat déclare irrecevable le projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration (434 rectifié, 2022-2023)

La parole est à M. Thomas Dossus, pour la motion.

Photo de Gérard Larcher

Nous passons à la discussion de la motion tendant à opposer la question préalable.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Je mets aux voix la motion n° 1, tendant à opposer l’exception d’irrecevabilité.

Je rappelle que l’adoption de cette motion entraînerait le rejet du projet de loi.

Question préalable

Photo de Thomas Dossus

Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, cinq ans après l'entrée en vigueur de la dernière loi sur l'asile et l'immigration, vous nous présentez, monsieur le ministre de l'intérieur, un nouveau texte pour, dites-vous, « contrôler l'immigration, améliorer l'intégration ».

L'immigration, vous l'avez dit, ce sont avant tout des immigrés, des hommes, des femmes, des enfants, des ados, avec leurs situations particulières, leurs parcours, leurs aspirations, leurs difficultés – et des difficultés, il y en a.

De loi en loi, le parcours administratif d'une personne étrangère en France est devenu de plus en plus indigne. La conception dissuasive des politiques françaises d'immigration est devenue un facteur de désordre permanent.

La situation de nombreux étrangers en France, dont des mineurs, est marquée par l'extrême précarité et par une succession perpétuelle d'obstacles : de l'accès aux préfectures et à l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) pour l'obtention ou le simple renouvellement d'un titre de séjour jusqu'à une prise en charge médicale effective en passant par l'accès au travail, tout est fait, texte après texte, pour rendre leurs parcours chaotiques.

Un rapport de l'Assemblée nationale de 2021 portant notamment sur « les moyens consacrés par les préfectures à l'instruction des demandes de titres de séjour » décrit une situation qui a encore empiré depuis lors : du jour au lendemain, faute de rendez-vous, des personnes en situation parfaitement régulière, insérées professionnellement et socialement, basculent, entre deux titres, en situation irrégulière, et perdent leurs droits.

Entre 2019 et 2022, les réclamations relatives aux droits des étrangers ont augmenté de 233 % et le droit des étrangers est devenu le premier motif de saisine du Défenseur des droits, passant de 10 % à 24 % des réclamations reçues par l'institution. Cet accroissement concerne essentiellement l'obtention de rendez-vous, les difficultés liées à la dématérialisation des guichets et les délais d'instruction excessifs.

Cette « mise en désordre » de l'immigration et ce renoncement à nos valeurs se manifestent aussi et en premier lieu à nos frontières. Le rétablissement sans cesse renouvelé des frontières entre la France et l'Italie, depuis 2015, est le symbole de l'absurdité de cette politique. Cette frontière de plus en plus militarisée, mobilisant des effectifs de plus en plus nombreux, n'a pour seul effet que de rendre plus dangereuse la traversée des montagnes, ce qui, malgré la solidarité des montagnards, provoque régulièrement des drames. Il y a deux semaines, un homme est mort dans la Durance, la rivière qui coule près de Briançon, alors qu'il tentait d'échapper à un contrôle. Cela n'est pas acceptable.

Disons-le : c'est bel et bien l'idéal européen qui meurt à petit feu chaque fois que l'on renouvelle le contrôle aux frontières entre la France et l'Italie.

Face à cette situation, monsieur le ministre, vous nous proposez donc de « contrôler l'immigration » et d'« améliorer l'intégration ». L'impératif de « contrôler » se traduit par un mot d'ordre clair, que vous répétez à l'envi dans les médias, comme vous l'avez fait dans cet hémicycle : fermeté, fermeté, fermeté. Pourquoi ? Les motivations réelles de ce texte restent floues.

Le Conseil d'État comme le Défenseur des droits ont manifesté clairement leur regret devant l'absence de motivation sérieuse de ce texte : « L'exposé des motifs et l'étude d'impact ne permettent pas d'apprécier la mesure des phénomènes que le projet de loi devrait réguler ou l'inefficacité des dispositions législatives actuelles pour atteindre les objectifs visés », nous dit ainsi le Défenseur des droits dans son avis publié en février dernier.

Compte tenu de la faiblesse dudit exposé des motifs et de ladite étude d'impact, le Défenseur des droits observait déjà, dans le même avis, et pour s'en inquiéter, que « le débat public risqu[ait] […] d'être sous-tendu par des représentations erronées, voire discriminatoires, de l'immigration ». On peut dire qu'elle ne s'était pas trompée…

Dans votre texte, monsieur le ministre, ces représentations erronées se manifestent clairement par le renforcement de l'arbitraire administratif. Pour vous, comme pour vos prédécesseurs, le sérieux d'une politique migratoire réside uniquement dans notre capacité à expulser.

Vous présupposez donc qu'en multipliant la distribution des obligations de quitter le territoire français, en faisant peser de nouvelles contraintes et l'arbitraire administratif sur les personnes étrangères présentes sur notre territoire, vous afficherez la fermeté propice à votre ambition politique ; mais la réalité, on la connaît : vous n'allez qu'amplifier le désordre et la précarité.

Quand la machine administrative broie arbitrairement, par son organisation, ou plutôt par son incurie, la vie des personnes étrangères, elle alimente aussi le désarroi des agents des préfectures ou des travailleurs sociaux.

Pour autant, ce texte va-t-il réduire le contentieux ?

Le Conseil d'État, dans son avis, douche un peu vos espoirs : « La réforme ne permettra pas, par elle-même, de limiter la part substantielle et croissante du contentieux des étrangers dans l'activité de la juridiction administrative. »

Ce tour de vis législatif supplémentaire va en revanche avoir un impact sur la vie de personnes pourtant installées depuis longtemps sur notre territoire. Le projet de loi prévoit ainsi des capacités élargies de lever la protection particulière. Pour rappel, cette protection vise à empêcher de prononcer une OQTF à l'encontre de l'étranger qui, soit est père ou mère d'un enfant français mineur résidant en France, soit est marié à un Français ou une Française, soit réside en France depuis plus de dix ans, soit justifie d'un domicile régulier en France depuis la veille de ses 13 ans. À supposer que ce projet de loi soit adopté, une OQTF pourra donc être prononcée à l'encontre de toutes ces personnes non pas, comme c'est le cas actuellement, si elles ont été effectivement condamnées à plus de cinq ans de prison, mais si elles ont été condamnées pour un délit passible de cinq ans d'emprisonnement.

Au-delà de la distorsion évidente qui frappe ici le principe d'égalité devant la loi, un étranger est ainsi automatiquement condamné à la peine maximale encourue. C'est évidemment la logique de la double peine qui fait son grand retour ici.

Toujours au chapitre du durcissement, le texte que nous examinons aujourd'hui s'attaque aussi à la santé même des personnes étrangères. La majorité sénatoriale propose – on ne sait plus vraiment si c'est avec votre assentiment personnel, monsieur le ministre – de remplacer l'aide médicale de l'État par une « aide médicale d'urgence ». Manifestement, un accord vaut bien la mise en danger de la santé des Français comme des étrangers.

Les arguments de la majorité sénatoriale, nous les connaissons bien : l'AME coûte cher et son maintien constituerait un appel d'air pour l'immigration illégale. Peu importe si chaque année plusieurs collègues rappellent que ces deux arguments sont faux. Le coût des soins couverts par l'AME et du dispositif de soins urgents et vitaux ne représente que 0, 4 % des dépenses de l'assurance maladie en France et 51 % seulement des personnes qui y sont éligibles demandent à recourir à l'AME. Pour des raisons comptables et surtout idéologiques, on fragilise la santé de ces personnes, mais aussi – cela paraît évident – de toute la population.

Les débats qui ont entouré ce texte ont par ailleurs touché – c'est presque devenu une coutume ici – les associations et les bénévoles, celles et ceux qui font vivre nos valeurs républicaines de fraternité en accompagnant les personnes migrantes dans leur parcours.

Vous-même, monsieur le ministre, vous en êtes pris directement à la Cimade récemment ; mais ce sont toutes les associations d'aide aux personnes migrantes qui sont entravées dans leur action et harcelées par nos forces de police. Je l'ai moi-même constaté lors d'une maraude avec les équipes de Médecins du monde, mais ce constat est largement documenté au-delà de ma personne.

Ces associations visent simplement le respect du droit, la protection des plus fragiles. Elles sont les vigies permanentes qui nous alertent sur l'indignité de nos politiques migratoires et pallient le manque d'investissement de l'État.

Une fois détaillé le catalogue des mesures de contrôle, de fermeté et de répression, il est temps maintenant de parler d'intégration : la carotte après le bâton. Mais la carotte est bien maigre, c'est le moins que l'on puisse dire !

Penchons-nous tout d'abord sur l'intégration par la langue française. Nous pourrions imaginer qu'en l'espèce l'intégration se manifeste par un renforcement de l'accès aux formations et aux cours, mais la finalité de ces dispositions est tout autre : le niveau de langue devient un outil d'exclusion, un motif de refus de titre, ce qui représente une inversion même des objectifs fixés.

« La mesure a pour objectif d'inciter les étrangers qui souhaitent demeurer durablement sur le territoire à se mobiliser davantage dans leur apprentissage du français, de manière à favoriser leur intégration en France », est-il écrit dans l'exposé des motifs de votre texte.

L'incitation par le refus de carte de séjour, voilà une drôle de carotte… Cette mesure d'« incitation » a tant plu à la droite que celle-ci l'a rendue plus excluante encore, sans même se préoccuper de renforcer cours et formation.

Certes, nous aurions voulu voter l'article 3 de ce texte.

Nous avons toujours défendu la régularisation des travailleurs sans-papiers. Lorsque l'on travaille ici et que, souvent, on cotise ici, il est logique de bénéficier des mêmes droits qu'ont les travailleurs d'ici.

Il est vrai qu'au début du parcours de ce texte Olivier Dussopt vous accompagnait, monsieur le ministre. Il brille par son absence aujourd'hui : il a disparu depuis quelques semaines, tout comme a disparu la valeur travail du logiciel de la droite sénatoriale, qui fait de cet article un casus belli indépassable. Oui, il faut s'y faire, désormais, la droite dite « républicaine » préfère défendre le travail au noir et l'exploitation des clandestins.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Je suis saisi, par MM. Dossus, Benarroche et Fernique, Mme M. Vogel, MM. Gontard, G. Blanc et Dantec, Mmes de Marco et Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée et Souyris, d'une motion n° 6 rectifiée.

Cette motion est ainsi rédigée :

En application de l'article 44, alinéa 3, du règlement, le Sénat déclare irrecevable le projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration (434 rectifié, 2022-2023)

La parole est à M. Thomas Dossus, pour la motion.

Photo de Gérard Larcher

Nous passons à la discussion de la motion tendant à opposer la question préalable.

Applaudissements sur les travées du groupe GEST. – Mmes Colombe Brossel et Marie-Pierre de La Gontrie applaudissent également.

Question préalable

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Vous-même, monsieur le ministre, à l'article 3, vous exigez malgré tout une bonne période de clandestinité en amont de la demande du titre de séjour « métiers en tension » que vous souhaitez créer. Il faudra que la personne étrangère sans droit ni titre vive dans l'ombre, esquive les contrôles pendant trois ans et travaille sans droits réels pendant huit mois pour obtenir le titre lui permettant de travailler légalement.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, cinq ans après l'entrée en vigueur de la dernière loi sur l'asile et l'immigration, vous nous présentez, monsieur le ministre de l'intérieur, un nouveau texte pour, dites-vous, « contrôler l'immigration, améliorer l'intégration ».

L'immigration, vous l'avez dit, ce sont avant tout des immigrés, des hommes, des femmes, des enfants, des ados, avec leurs situations particulières, leurs parcours, leurs aspirations, leurs difficultés – et des difficultés, il y en a.

De loi en loi, le parcours administratif d'une personne étrangère en France est devenu de plus en plus indigne. La conception dissuasive des politiques françaises d'immigration est devenue un facteur de désordre permanent.

La situation de nombreux étrangers en France, dont des mineurs, est marquée par l'extrême précarité et par une succession perpétuelle d'obstacles : de l'accès aux préfectures et à l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) pour l'obtention ou le simple renouvellement d'un titre de séjour jusqu'à une prise en charge médicale effective en passant par l'accès au travail, tout est fait, texte après texte, pour rendre leurs parcours chaotiques.

Un rapport de l'Assemblée nationale de 2021 portant notamment sur « les moyens consacrés par les préfectures à l'instruction des demandes de titres de séjour » décrit une situation qui a encore empiré depuis lors : du jour au lendemain, faute de rendez-vous, des personnes en situation parfaitement régulière, insérées professionnellement et socialement, basculent, entre deux titres, en situation irrégulière, et perdent leurs droits.

Entre 2019 et 2022, les réclamations relatives aux droits des étrangers ont augmenté de 233 % et le droit des étrangers est devenu le premier motif de saisine du Défenseur des droits, passant de 10 % à 24 % des réclamations reçues par l'institution. Cet accroissement concerne essentiellement l'obtention de rendez-vous, les difficultés liées à la dématérialisation des guichets et les délais d'instruction excessifs.

Cette « mise en désordre » de l'immigration et ce renoncement à nos valeurs se manifestent aussi et en premier lieu à nos frontières. Le rétablissement sans cesse renouvelé des frontières entre la France et l'Italie, depuis 2015, est le symbole de l'absurdité de cette politique. Cette frontière de plus en plus militarisée, mobilisant des effectifs de plus en plus nombreux, n'a pour seul effet que de rendre plus dangereuse la traversée des montagnes, ce qui, malgré la solidarité des montagnards, provoque régulièrement des drames. Il y a deux semaines, un homme est mort dans la Durance, la rivière qui coule près de Briançon, alors qu'il tentait d'échapper à un contrôle. Cela n'est pas acceptable.

Disons-le : c'est bel et bien l'idéal européen qui meurt à petit feu chaque fois que l'on renouvelle le contrôle aux frontières entre la France et l'Italie.

Face à cette situation, monsieur le ministre, vous nous proposez donc de « contrôler l'immigration » et d'« améliorer l'intégration ». L'impératif de « contrôler » se traduit par un mot d'ordre clair, que vous répétez à l'envi dans les médias, comme vous l'avez fait dans cet hémicycle : fermeté, fermeté, fermeté. Pourquoi ? Les motivations réelles de ce texte restent floues.

Le Conseil d'État comme le Défenseur des droits ont manifesté clairement leur regret devant l'absence de motivation sérieuse de ce texte : « L'exposé des motifs et l'étude d'impact ne permettent pas d'apprécier la mesure des phénomènes que le projet de loi devrait réguler ou l'inefficacité des dispositions législatives actuelles pour atteindre les objectifs visés », nous dit ainsi le Défenseur des droits dans son avis publié en février dernier.

Compte tenu de la faiblesse dudit exposé des motifs et de ladite étude d'impact, le Défenseur des droits observait déjà, dans le même avis, et pour s'en inquiéter, que « le débat public risqu[ait] […] d'être sous-tendu par des représentations erronées, voire discriminatoires, de l'immigration ». On peut dire qu'elle ne s'était pas trompée…

Dans votre texte, monsieur le ministre, ces représentations erronées se manifestent clairement par le renforcement de l'arbitraire administratif. Pour vous, comme pour vos prédécesseurs, le sérieux d'une politique migratoire réside uniquement dans notre capacité à expulser.

Vous présupposez donc qu'en multipliant la distribution des obligations de quitter le territoire français, en faisant peser de nouvelles contraintes et l'arbitraire administratif sur les personnes étrangères présentes sur notre territoire, vous afficherez la fermeté propice à votre ambition politique ; mais la réalité, on la connaît : vous n'allez qu'amplifier le désordre et la précarité.

Quand la machine administrative broie arbitrairement, par son organisation, ou plutôt par son incurie, la vie des personnes étrangères, elle alimente aussi le désarroi des agents des préfectures ou des travailleurs sociaux.

Pour autant, ce texte va-t-il réduire le contentieux ?

Le Conseil d'État, dans son avis, douche un peu vos espoirs : « La réforme ne permettra pas, par elle-même, de limiter la part substantielle et croissante du contentieux des étrangers dans l'activité de la juridiction administrative. »

Ce tour de vis législatif supplémentaire va en revanche avoir un impact sur la vie de personnes pourtant installées depuis longtemps sur notre territoire. Le projet de loi prévoit ainsi des capacités élargies de lever la protection particulière. Pour rappel, cette protection vise à empêcher de prononcer une OQTF à l'encontre de l'étranger qui, soit est père ou mère d'un enfant français mineur résidant en France, soit est marié à un Français ou une Française, soit réside en France depuis plus de dix ans, soit justifie d'un domicile régulier en France depuis la veille de ses 13 ans. À supposer que ce projet de loi soit adopté, une OQTF pourra donc être prononcée à l'encontre de toutes ces personnes non pas, comme c'est le cas actuellement, si elles ont été effectivement condamnées à plus de cinq ans de prison, mais si elles ont été condamnées pour un délit passible de cinq ans d'emprisonnement.

Au-delà de la distorsion évidente qui frappe ici le principe d'égalité devant la loi, un étranger est ainsi automatiquement condamné à la peine maximale encourue. C'est évidemment la logique de la double peine qui fait son grand retour ici.

Toujours au chapitre du durcissement, le texte que nous examinons aujourd'hui s'attaque aussi à la santé même des personnes étrangères. La majorité sénatoriale propose – on ne sait plus vraiment si c'est avec votre assentiment personnel, monsieur le ministre – de remplacer l'aide médicale de l'État par une « aide médicale d'urgence ». Manifestement, un accord vaut bien la mise en danger de la santé des Français comme des étrangers.

Les arguments de la majorité sénatoriale, nous les connaissons bien : l'AME coûte cher et son maintien constituerait un appel d'air pour l'immigration illégale. Peu importe si chaque année plusieurs collègues rappellent que ces deux arguments sont faux. Le coût des soins couverts par l'AME et du dispositif de soins urgents et vitaux ne représente que 0, 4 % des dépenses de l'assurance maladie en France et 51 % seulement des personnes qui y sont éligibles demandent à recourir à l'AME. Pour des raisons comptables et surtout idéologiques, on fragilise la santé de ces personnes, mais aussi – cela paraît évident – de toute la population.

Les débats qui ont entouré ce texte ont par ailleurs touché – c'est presque devenu une coutume ici – les associations et les bénévoles, celles et ceux qui font vivre nos valeurs républicaines de fraternité en accompagnant les personnes migrantes dans leur parcours.

Vous-même, monsieur le ministre, vous en êtes pris directement à la Cimade récemment ; mais ce sont toutes les associations d'aide aux personnes migrantes qui sont entravées dans leur action et harcelées par nos forces de police. Je l'ai moi-même constaté lors d'une maraude avec les équipes de Médecins du monde, mais ce constat est largement documenté au-delà de ma personne.

Ces associations visent simplement le respect du droit, la protection des plus fragiles. Elles sont les vigies permanentes qui nous alertent sur l'indignité de nos politiques migratoires et pallient le manque d'investissement de l'État.

Une fois détaillé le catalogue des mesures de contrôle, de fermeté et de répression, il est temps maintenant de parler d'intégration : la carotte après le bâton. Mais la carotte est bien maigre, c'est le moins que l'on puisse dire !

Penchons-nous tout d'abord sur l'intégration par la langue française. Nous pourrions imaginer qu'en l'espèce l'intégration se manifeste par un renforcement de l'accès aux formations et aux cours, mais la finalité de ces dispositions est tout autre : le niveau de langue devient un outil d'exclusion, un motif de refus de titre, ce qui représente une inversion même des objectifs fixés.

« La mesure a pour objectif d'inciter les étrangers qui souhaitent demeurer durablement sur le territoire à se mobiliser davantage dans leur apprentissage du français, de manière à favoriser leur intégration en France », est-il écrit dans l'exposé des motifs de votre texte.

L'incitation par le refus de carte de séjour, voilà une drôle de carotte… Cette mesure d'« incitation » a tant plu à la droite que celle-ci l'a rendue plus excluante encore, sans même se préoccuper de renforcer cours et formation.

Certes, nous aurions voulu voter l'article 3 de ce texte.

Nous avons toujours défendu la régularisation des travailleurs sans-papiers. Lorsque l'on travaille ici et que, souvent, on cotise ce faisant, il est logique de bénéficier des mêmes droits qu'ont les travailleurs d'ici.

Il est vrai qu'au début du parcours de ce texte Olivier Dussopt vous accompagnait, monsieur le ministre. Il brille par son absence aujourd'hui : il a disparu depuis quelques semaines, tout comme a disparu la valeur travail du logiciel de la droite sénatoriale, qui fait de cet article un casus belli indépassable. Oui, il faut s'y faire, désormais, la droite dite « républicaine » préfère défendre le travail au noir et l'exploitation des clandestins.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Je suis saisi, par MM. Dossus, Benarroche et Fernique, Mme M. Vogel, MM. Gontard, G. Blanc et Dantec, Mmes de Marco et Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée et Souyris, d’une motion n° 6 rectifiée.

Cette motion est ainsi rédigée :

En application de l’article 44, alinéa 3, du règlement, le Sénat déclare irrecevable le projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration (434 rectifié, 2022-2023)

La parole est à M. Thomas Dossus, pour la motion.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ce n'est pas ce que dit l'article, mais ce n'est pas grave…

Oh ! sur les travées du groupe Les Républicains. – Applaudissements sur les travées du groupe GEST.

Applaudissements sur les travées du groupe GEST. – Mmes Colombe Brossel et Marie-Pierre de La Gontrie applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

L'égalité des droits ajustée par la loi du marché et les hasards de la vie, soit : si cela permettait d'avoir d'autres portes de régularisation que la circulaire dite « Valls », nous pourrions nous laisser convaincre.

Dans les jours qui viennent, mes chers collègues, vous allez jouer l'avenir de milliers de travailleuses et de travailleurs dans un calcul des plus cyniques.

Une autre voie est pourtant possible. Elle n'est ni moins ferme ni moins républicaine : la crise ukrainienne et les moyens exceptionnels déployés à cette occasion en un temps record, en matière d'hébergement notamment, nous l'ont montré. Mais cela demande une approche radicalement différente : cela demande que l'on accepte un changement de rapport dans les liens entre l'État, les collectivités et les acteurs de la solidarité.

Las ! le texte de loi qui nous réunit aujourd'hui est dans la lignée des dizaines d'autres qui l'ont précédé et ne répond pas aux enjeux qui se posent actuellement en matière de migration et d'intégration. Nous nous retrouvons une fois de plus avec un projet de loi qui passe à côté de la réalité vécue par les personnes étrangères, un texte qui va dégrader la situation au lieu de l'améliorer.

L'insertion économique et sociale, l'accès au droit, à la formation et aux soins, la protection des mineurs, autrement dit la garantie de conditions d'accueil dignes, exigent de sortir d'une approche centrée sur les questions sécuritaires pour adopter une autre approche centrée sur les parcours de femmes et d'hommes comme celles et ceux qui sont en tribune aujourd'hui, sur leurs aspirations et sur leur humanité.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Vous-même, monsieur le ministre, à l'article 3, vous exigez malgré tout une bonne période de clandestinité en amont de la demande du titre de séjour « métiers en tension » que vous souhaitez créer. Il faudra que la personne étrangère sans droit ni titre vive dans l'ombre, esquive les contrôles pendant trois ans et travaille sans droits réels pendant huit mois pour obtenir le titre lui permettant de travailler légalement.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, cinq ans après l’entrée en vigueur de la dernière loi sur l’asile et l’immigration, vous nous présentez, monsieur le ministre de l’intérieur, un nouveau texte pour, dites-vous, « contrôler l’immigration, améliorer l’intégration ».

L’immigration, vous l’avez dit, ce sont avant tout des immigrés, des hommes, des femmes, des enfants, des ados, avec leurs situations particulières, leurs parcours, leurs aspirations, leurs difficultés – et des difficultés, il y en a.

De loi en loi, le parcours administratif d’une personne étrangère en France est devenu de plus en plus indigne. La conception dissuasive des politiques françaises d’immigration est devenue un facteur de désordre permanent.

La situation de nombreux étrangers en France, dont des mineurs, est marquée par l’extrême précarité et par une succession perpétuelle d’obstacles : de l’accès aux préfectures et à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) pour l’obtention ou le simple renouvellement d’un titre de séjour jusqu’à une prise en charge médicale effective en passant par l’accès au travail, tout est fait, texte après texte, pour rendre leurs parcours chaotiques.

Un rapport de l’Assemblée nationale de 2021 portant notamment sur « les moyens consacrés par les préfectures à l’instruction des demandes de titres de séjour » décrit une situation qui a encore empiré depuis lors : du jour au lendemain, faute de rendez-vous, des personnes en situation parfaitement régulière, insérées professionnellement et socialement, basculent, entre deux titres, en situation irrégulière, et perdent leurs droits.

Entre 2019 et 2022, les réclamations relatives aux droits des étrangers ont augmenté de 233 % et le droit des étrangers est devenu le premier motif de saisine du Défenseur des droits, passant de 10 % à 24 % des réclamations reçues par l’institution. Cet accroissement concerne essentiellement l’obtention de rendez-vous, les difficultés liées à la dématérialisation des guichets et les délais d’instruction excessifs.

Cette « mise en désordre » de l’immigration et ce renoncement à nos valeurs se manifestent aussi et en premier lieu à nos frontières. Le rétablissement sans cesse renouvelé des frontières entre la France et l’Italie, depuis 2015, est le symbole de l’absurdité de cette politique. Cette frontière de plus en plus militarisée, mobilisant des effectifs de plus en plus nombreux, n’a pour seul effet que de rendre plus dangereuse la traversée des montagnes, ce qui, malgré la solidarité des montagnards, provoque régulièrement des drames. Il y a deux semaines, un homme est mort dans la Durance, la rivière qui coule près de Briançon, alors qu’il tentait d’échapper à un contrôle. Cela n’est pas acceptable.

Disons-le : c’est bel et bien l’idéal européen qui meurt à petit feu chaque fois que l’on renouvelle le contrôle aux frontières entre la France et l’Italie.

Face à cette situation, monsieur le ministre, vous nous proposez donc de « contrôler l’immigration » et d’« améliorer l’intégration ». L’impératif de « contrôler » se traduit par un mot d’ordre clair, que vous répétez à l’envi dans les médias, comme vous l’avez fait dans cet hémicycle : fermeté, fermeté, fermeté. Pourquoi ? Les motivations réelles de ce texte restent floues.

Le Conseil d’État comme le Défenseur des droits ont manifesté clairement leur regret devant l’absence de motivation sérieuse de ce texte : « L’exposé des motifs et l’étude d’impact ne permettent pas d’apprécier la mesure des phénomènes que le projet de loi devrait réguler ou l’inefficacité des dispositions législatives actuelles pour atteindre les objectifs visés », nous dit ainsi le Défenseur des droits dans son avis publié en février dernier.

Compte tenu de la faiblesse dudit exposé des motifs et de ladite étude d’impact, le Défenseur des droits observait déjà, dans le même avis, et pour s’en inquiéter, que « le débat public risqu[ait] […] d’être sous-tendu par des représentations erronées, voire discriminatoires, de l’immigration ». On peut dire qu’elle ne s’était pas trompée…

Dans votre texte, monsieur le ministre, ces représentations erronées se manifestent clairement par le renforcement de l’arbitraire administratif. Pour vous, comme pour vos prédécesseurs, le sérieux d’une politique migratoire réside uniquement dans notre capacité à expulser.

Vous présupposez donc qu’en multipliant la distribution des obligations de quitter le territoire français, en faisant peser de nouvelles contraintes et l’arbitraire administratif sur les personnes étrangères présentes sur notre territoire, vous afficherez la fermeté propice à votre ambition politique ; mais la réalité, on la connaît : vous n’allez qu’amplifier le désordre et la précarité.

Quand la machine administrative broie arbitrairement, par son organisation, ou plutôt par son incurie, la vie des personnes étrangères, elle alimente aussi le désarroi des agents des préfectures ou des travailleurs sociaux.

Pour autant, ce texte va-t-il réduire le contentieux ?

Le Conseil d’État, dans son avis, douche un peu vos espoirs : « La réforme ne permettra pas, par elle-même, de limiter la part substantielle et croissante du contentieux des étrangers dans l’activité de la juridiction administrative. »

Ce tour de vis législatif supplémentaire va en revanche avoir un impact sur la vie de personnes pourtant installées depuis longtemps sur notre territoire. Le projet de loi prévoit ainsi des capacités élargies de lever la protection particulière. Pour rappel, cette protection vise à empêcher de prononcer une OQTF à l’encontre de l’étranger qui, soit est père ou mère d’un enfant français mineur résidant en France, soit est marié à un Français ou une Française, soit réside en France depuis plus de dix ans, soit justifie d’un domicile régulier en France depuis la veille de ses 13 ans. À supposer que ce projet de loi soit adopté, une OQTF pourra donc être prononcée à l’encontre de toutes ces personnes non pas, comme c’est le cas actuellement, si elles ont été effectivement condamnées à plus de cinq ans de prison, mais si elles ont été condamnées pour un délit passible de cinq ans d’emprisonnement.

Au-delà de la distorsion évidente qui frappe ici le principe d’égalité devant la loi, un étranger est ainsi automatiquement condamné à la peine maximale encourue. C’est évidemment la logique de la double peine qui fait son grand retour ici.

Toujours au chapitre du durcissement, le texte que nous examinons aujourd’hui s’attaque aussi à la santé même des personnes étrangères. La majorité sénatoriale propose – on ne sait plus vraiment si c’est avec votre assentiment personnel, monsieur le ministre – de remplacer l’aide médicale de l’État par une « aide médicale d’urgence ». Manifestement, un accord vaut bien la mise en danger de la santé des Français comme des étrangers.

Les arguments de la majorité sénatoriale, nous les connaissons bien : l’AME coûte cher et son maintien constituerait un appel d’air pour l’immigration illégale. Peu importe si chaque année plusieurs collègues rappellent que ces deux arguments sont faux. Le coût des soins couverts par l’AME et du dispositif de soins urgents et vitaux ne représente que 0, 4 % des dépenses de l’assurance maladie en France et 51 % seulement des personnes qui y sont éligibles demandent à recourir à l’AME. Pour des raisons comptables et surtout idéologiques, on fragilise la santé de ces personnes, mais aussi – cela paraît évident – de toute la population.

Les débats qui ont entouré ce texte ont par ailleurs touché – c’est presque devenu une coutume ici – les associations et les bénévoles, celles et ceux qui font vivre nos valeurs républicaines de fraternité en accompagnant les personnes migrantes dans leur parcours.

Vous-même, monsieur le ministre, vous en êtes pris directement à la Cimade récemment ; mais ce sont toutes les associations d’aide aux personnes migrantes qui sont entravées dans leur action et harcelées par nos forces de police. Je l’ai moi-même constaté lors d’une maraude avec les équipes de Médecins du monde, mais ce constat est largement documenté au-delà de ma personne.

Ces associations visent simplement le respect du droit, la protection des plus fragiles. Elles sont les vigies permanentes qui nous alertent sur l’indignité de nos politiques migratoires et pallient le manque d’investissement de l’État.

Une fois détaillé le catalogue des mesures de contrôle, de fermeté et de répression, il est temps maintenant de parler d’intégration : la carotte après le bâton. Mais la carotte est bien maigre, c’est le moins que l’on puisse dire !

Penchons-nous tout d’abord sur l’intégration par la langue française. Nous pourrions imaginer qu’en l’espèce l’intégration se manifeste par un renforcement de l’accès aux formations et aux cours, mais la finalité de ces dispositions est tout autre : le niveau de langue devient un outil d’exclusion, un motif de refus de titre, ce qui représente une inversion même des objectifs fixés.

« La mesure a pour objectif d’inciter les étrangers qui souhaitent demeurer durablement sur le territoire à se mobiliser davantage dans leur apprentissage du français, de manière à favoriser leur intégration en France », est-il écrit dans l’exposé des motifs de votre texte.

L’incitation par le refus de carte de séjour, voilà une drôle de carotte… Cette mesure d’« incitation » a tant plu à la droite que celle-ci l’a rendue plus excluante encore, sans même se préoccuper de renforcer cours et formation.

Certes, nous aurions voulu voter l’article 3 de ce texte.

Nous avons toujours défendu la régularisation des travailleurs sans-papiers. Lorsque l’on travaille ici et que, souvent, on cotise ce faisant, il est logique de bénéficier des mêmes droits qu’ont les travailleurs d’ici.

Il est vrai qu’au début du parcours de ce texte Olivier Dussopt vous accompagnait, monsieur le ministre. Il brille par son absence aujourd’hui : il a disparu depuis quelques semaines, tout comme a disparu la valeur travail du logiciel de la droite sénatoriale, qui fait de cet article un casus belli indépassable. Oui, il faut s’y faire, désormais, la droite dite « républicaine » préfère défendre le travail au noir et l’exploitation des clandestins.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Cinq ans après l’entrée en vigueur de la dernière loi sur l’asile et l’immigration, vous nous présentez, monsieur le ministre de l’intérieur, un nouveau texte pour, dites-vous, « contrôler l’immigration, améliorer l’intégration ».

L’immigration, vous l’avez dit, ce sont avant tout des immigrés, des hommes, des femmes, des enfants, des ados, avec leurs situations particulières, leurs parcours, leurs aspirations, leurs difficultés – et des difficultés, il y en a.

De loi en loi, le parcours administratif d’une personne étrangère en France est devenu de plus en plus indigne. La conception dissuasive des politiques françaises d’immigration est devenue un facteur de désordre permanent.

La situation de nombreux étrangers en France, dont des mineurs, est marquée par l’extrême précarité et par une succession perpétuelle d’obstacles : de l’accès aux préfectures et à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) pour l’obtention ou le simple renouvellement d’un titre de séjour jusqu’à une prise en charge médicale effective en passant par l’accès au travail, tout est fait, texte après texte, pour rendre leurs parcours chaotiques.

Un rapport de l’Assemblée nationale de 2021 portant notamment sur « les moyens consacrés par les préfectures à l’instruction des demandes de titres de séjour » décrit une situation qui a encore empiré depuis lors : du jour au lendemain, faute de rendez-vous, des personnes en situation parfaitement régulière, insérées professionnellement et socialement, basculent, entre deux titres, en situation irrégulière, et perdent leurs droits.

Entre 2019 et 2022, les réclamations relatives aux droits des étrangers ont augmenté de 233 % et le droit des étrangers est devenu le premier motif de saisine du Défenseur des droits, passant de 10 % à 24 % des réclamations reçues par l’institution. Cet accroissement concerne essentiellement l’obtention de rendez-vous, les difficultés liées à la dématérialisation des guichets et les délais d’instruction excessifs.

Cette « mise en désordre » de l’immigration et ce renoncement à nos valeurs se manifestent aussi et en premier lieu à nos frontières. Le rétablissement sans cesse renouvelé des frontières entre la France et l’Italie, depuis 2015, est le symbole de l’absurdité de cette politique. Cette frontière de plus en plus militarisée, mobilisant des effectifs de plus en plus nombreux, n’a pour seul effet que de rendre plus dangereuse la traversée des montagnes, ce qui, malgré la solidarité des montagnards, provoque régulièrement des drames. Il y a deux semaines, un homme est mort dans la Durance, la rivière qui coule près de Briançon, alors qu’il tentait d’échapper à un contrôle. Cela n’est pas acceptable.

Disons-le : c’est bel et bien l’idéal européen qui meurt à petit feu chaque fois que l’on renouvelle le contrôle aux frontières entre la France et l’Italie.

Face à cette situation, monsieur le ministre, vous nous proposez donc de « contrôler l’immigration » et d’« améliorer l’intégration ». L’impératif de « contrôler » se traduit par un mot d’ordre clair, que vous répétez à l’envi dans les médias, comme vous l’avez fait dans cet hémicycle : fermeté, fermeté, fermeté. Pourquoi ? Les motivations réelles de ce texte restent floues.

Le Conseil d’État comme la Défenseure des droits ont manifesté clairement leur regret devant l’absence de motivation sérieuse de ce texte. « L’exposé des motifs et l’étude d’impact ne permettent pas d’apprécier la mesure des phénomènes que le projet de loi devrait réguler ou l’inefficacité des dispositions législatives actuelles pour atteindre les objectifs visés », nous dit ainsi la Défenseure des droits dans son avis publié au mois de février dernier.

Compte tenu de la faiblesse dudit exposé des motifs et de ladite étude d’impact, la Défenseure des droits observait déjà, dans le même avis, et pour s’en inquiéter, que « le débat public risqu[ait] […] d’être sous-tendu par des représentations erronées, voire discriminatoires, de l’immigration ». On peut dire qu’elle ne s’était pas trompée…

Dans votre texte, monsieur le ministre, ces représentations erronées se manifestent clairement par le renforcement de l’arbitraire administratif. Pour vous, comme pour vos prédécesseurs, le sérieux d’une politique migratoire réside uniquement dans notre capacité à expulser.

Vous présupposez donc qu’en multipliant la distribution des obligations de quitter le territoire français, en faisant peser de nouvelles contraintes et l’arbitraire administratif sur les personnes étrangères présentes sur notre territoire, vous afficherez la fermeté propice à votre ambition politique ; mais la réalité, on la connaît : vous n’allez qu’amplifier le désordre et la précarité.

Quand la machine administrative broie arbitrairement, par son organisation, ou plutôt par son incurie, la vie des personnes étrangères, elle alimente aussi le désarroi des agents des préfectures ou des travailleurs sociaux.

Pour autant, ce texte va-t-il réduire le contentieux ?

Le Conseil d’État, dans son avis, douche un peu vos espoirs : « La réforme ne permettra pas, par elle-même, de limiter la part substantielle et croissante du contentieux des étrangers dans l’activité de la juridiction administrative. »

Ce tour de vis législatif supplémentaire va en revanche avoir un impact sur la vie de personnes pourtant installées depuis longtemps sur notre territoire. Le projet de loi prévoit ainsi des capacités élargies de lever la protection particulière. Pour rappel, cette protection vise à empêcher de prononcer une OQTF à l’encontre de l’étranger qui, soit est père ou mère d’un enfant français mineur résidant en France, soit est marié à un Français ou une Française, soit réside en France depuis plus de dix ans, soit justifie d’un domicile régulier en France depuis la veille de ses 13 ans. À supposer que ce projet de loi soit adopté, une OQTF pourra donc être prononcée à l’encontre de toutes ces personnes non pas, comme c’est le cas actuellement, si elles ont été effectivement condamnées à plus de cinq ans de prison, mais si elles ont été condamnées pour un délit passible de cinq ans d’emprisonnement.

Au-delà de la distorsion évidente qui frappe ici le principe d’égalité devant la loi, un étranger est ainsi automatiquement condamné à la peine maximale encourue. C’est évidemment la logique de la double peine qui fait son grand retour ici.

Toujours au chapitre du durcissement, le texte que nous examinons aujourd’hui s’attaque aussi à la santé même des personnes étrangères. La majorité sénatoriale propose – on ne sait plus vraiment si c’est avec votre assentiment personnel, monsieur le ministre – de remplacer l’aide médicale de l’État par une « aide médicale d’urgence ». Manifestement, un accord vaut bien la mise en danger de la santé des Français comme des étrangers.

Les arguments de la majorité sénatoriale, nous les connaissons bien : l’AME coûte cher et son maintien constituerait un appel d’air pour l’immigration illégale. Peu importe si chaque année plusieurs collègues rappellent que ces deux arguments sont faux. Le coût des soins couverts par l’AME et du dispositif de soins urgents et vitaux ne représente que 0, 4 % des dépenses de l’assurance maladie en France et 51 % seulement des personnes qui y sont éligibles demandent à recourir à l’AME. Pour des raisons comptables et surtout idéologiques, on fragilise la santé de ces personnes, mais aussi – cela paraît évident – de toute la population.

Les débats qui ont entouré ce texte ont par ailleurs touché – c’est presque devenu une coutume ici – les associations et les bénévoles, celles et ceux qui font vivre nos valeurs républicaines de fraternité en accompagnant les personnes migrantes dans leur parcours.

Vous-même, monsieur le ministre, vous en êtes pris directement à la Cimade récemment ; mais ce sont toutes les associations d’aide aux personnes migrantes qui sont entravées dans leur action et harcelées par nos forces de police. Je l’ai moi-même constaté lors d’une maraude avec les équipes de Médecins du monde, mais ce constat est largement documenté au-delà de ma personne.

Ces associations visent simplement le respect du droit, la protection des plus fragiles. Elles sont les vigies permanentes qui nous alertent sur l’indignité de nos politiques migratoires et pallient le manque d’investissement de l’État.

Une fois détaillé le catalogue des mesures de contrôle, de fermeté et de répression, il est temps maintenant de parler d’intégration : la carotte après le bâton. Mais la carotte est bien maigre, c’est le moins que l’on puisse dire !

Penchons-nous tout d’abord sur l’intégration par la langue française. Nous pourrions imaginer qu’en l’espèce l’intégration se manifeste par un renforcement de l’accès aux formations et aux cours, mais la finalité de ces dispositions est tout autre : le niveau de langue devient un outil d’exclusion, un motif de refus de titre, ce qui représente une inversion même des objectifs fixés.

« La mesure a pour objectif d’inciter les étrangers qui souhaitent demeurer durablement sur le territoire à se mobiliser davantage dans leur apprentissage du français, de manière à favoriser leur intégration en France », est-il écrit dans l’exposé des motifs de votre texte.

L’incitation par le refus de carte de séjour, voilà une drôle de carotte… Cette mesure d’« incitation » a tant plu à la droite que celle-ci l’a rendue plus excluante encore, sans même se préoccuper de renforcer cours et formation.

Certes, nous aurions voulu voter l’article 3 de ce texte.

Nous avons toujours défendu la régularisation des travailleurs sans-papiers. Lorsque l’on travaille ici et que, souvent, on cotise ce faisant, il est logique de bénéficier des mêmes droits qu’ont les travailleurs d’ici.

Il est vrai qu’au début du parcours de ce texte Olivier Dussopt vous accompagnait, monsieur le ministre. Il brille par son absence aujourd’hui : il a disparu depuis quelques semaines, tout comme a disparu la valeur travail du logiciel de la droite sénatoriale, qui fait de cet article un casus belli indépassable. Oui, il faut s’y faire, désormais, la droite dite républicaine préfère défendre le travail au noir et l’exploitation des clandestins.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ce n'est pas ce que dit l'article, mais ce n'est pas grave…

Oh ! sur les travées du groupe Les Républicains. – Applaudissements sur les travées du groupe GEST.

Oh ! sur les travées du groupe Les Républicains. – Applaudissements sur les travées du groupe GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Ce texte prend une direction radicalement inverse : c'est pourquoi, mes chers collègues, je vous demande de voter pour cette motion de rejet. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées des groupes SER et CRCE-K.)

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

L'égalité des droits ajustée par la loi du marché et les hasards de la vie, soit : si cela permettait d'avoir d'autres portes de régularisation que la circulaire dite « Valls », nous pourrions nous laisser convaincre.

Dans les jours qui viennent, mes chers collègues, vous allez jouer l'avenir de milliers de travailleuses et de travailleurs dans un calcul des plus cyniques.

Une autre voie est pourtant possible. Elle n'est ni moins ferme ni moins républicaine : la crise ukrainienne et les moyens exceptionnels déployés à cette occasion en un temps record, en matière d'hébergement notamment, nous l'ont montré. Mais cela demande une approche radicalement différente : cela demande que l'on accepte un changement de rapport dans les liens entre l'État, les collectivités et les acteurs de la solidarité.

Las ! le texte de loi qui nous réunit aujourd'hui est dans la lignée des dizaines d'autres qui l'ont précédé et ne répond pas aux enjeux qui se posent actuellement en matière de migration et d'intégration. Nous nous retrouvons une fois de plus avec un projet de loi qui passe à côté de la réalité vécue par les personnes étrangères, un texte qui va dégrader la situation au lieu de l'améliorer.

L'insertion économique et sociale, l'accès au droit, à la formation et aux soins, la protection des mineurs, autrement dit la garantie de conditions d'accueil dignes, exigent de sortir d'une approche centrée sur les questions sécuritaires pour adopter une autre approche centrée sur les parcours de femmes et d'hommes comme celles et ceux qui sont en tribune aujourd'hui, sur leurs aspirations et sur leur humanité.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Vous-même, monsieur le ministre, à l’article 3, vous exigez malgré tout une bonne période de clandestinité en amont de la demande du titre de séjour « métiers en tension » que vous souhaitez créer. Il faudra que la personne étrangère sans droit ni titre vive dans l’ombre, esquive les contrôles pendant trois ans et travaille sans droits réels pendant huit mois pour obtenir le titre lui permettant de travailler légalement.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Y a-t-il un orateur contre la motion ?…

Quel est l'avis de la commission ?

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ce n’est pas ce que dit l’article, mais ce n’est pas grave…

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Le suspense sera relativement limité : l'avis de la commission est bien entendu défavorable sur cette motion, monsieur le président.

Mon cher collègue, nous vous avons écouté avec beaucoup d'attention : vous nous avez indiqué tout ce qu'il ne fallait pas faire et avez détaillé tout ce que vous reprochez à ce texte et aux amendements adoptés par la commission ; cependant, à aucun moment vous ne nous avez dit ce qu'il fallait faire et comment traiter ces sujets, …

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Ce texte prend une direction radicalement inverse : c'est pourquoi, mes chers collègues, je vous demande de voter pour cette motion de rejet. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées des groupes SER et CRCE-K.)

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

L’égalité des droits ajustée par la loi du marché et les hasards de la vie, soit : si cela permettait d’avoir d’autres portes de régularisation que la circulaire dite « Valls », nous pourrions nous laisser convaincre.

Dans les jours qui viennent, mes chers collègues, vous allez jouer l’avenir de milliers de travailleuses et de travailleurs dans un calcul des plus cyniques.

Une autre voie est pourtant possible. Elle n’est ni moins ferme ni moins républicaine : la crise ukrainienne et les moyens exceptionnels déployés à cette occasion en un temps record, en matière d’hébergement notamment, nous l’ont montré. Mais cela demande une approche radicalement différente : cela demande que l’on accepte un changement de rapport dans les liens entre l’État, les collectivités et les acteurs de la solidarité.

Las ! le texte de loi qui nous réunit aujourd’hui est dans la lignée des dizaines d’autres qui l’ont précédé et ne répond pas aux enjeux qui se posent actuellement en matière de migration et d’intégration. Nous nous retrouvons une fois de plus avec un projet de loi qui passe à côté de la réalité vécue par les personnes étrangères, un texte qui va dégrader la situation au lieu de l’améliorer.

L’insertion économique et sociale, l’accès au droit, à la formation et aux soins, la protection des mineurs, autrement dit la garantie de conditions d’accueil dignes, exigent de sortir d’une approche centrée sur les questions sécuritaires pour adopter une autre approche centrée sur les parcours de femmes et d’hommes comme celles et ceux qui sont en tribune aujourd’hui, sur leurs aspirations et sur leur humanité.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

L’égalité des droits ajustée par la loi du marché et les hasards de la vie, soit : si cela permettait d’avoir d’autres portes de régularisation que la circulaire dite Valls, nous pourrions nous laisser convaincre.

Dans les jours qui viennent, mes chers collègues, vous allez jouer l’avenir de milliers de travailleuses et de travailleurs dans un calcul des plus cyniques.

Une autre voie est pourtant possible. Elle n’est ni moins ferme ni moins républicaine : la crise ukrainienne et les moyens exceptionnels déployés à cette occasion en un temps record, en matière d’hébergement notamment, nous l’ont montré. Mais cela demande une approche radicalement différente : cela demande que l’on accepte un changement de rapport dans les liens entre l’État, les collectivités et les acteurs de la solidarité.

Las ! le texte de loi qui nous réunit aujourd’hui est dans la lignée des dizaines d’autres qui l’ont précédé et ne répond pas aux enjeux qui se posent actuellement en matière de migration et d’intégration. Nous nous retrouvons une fois de plus avec un projet de loi qui passe à côté de la réalité vécue par les personnes étrangères, un texte qui va dégrader la situation au lieu de l’améliorer.

L’insertion économique et sociale, l’accès au droit, à la formation et aux soins, la protection des mineurs, autrement dit la garantie de conditions d’accueil dignes, exigent de sortir d’une approche centrée sur les questions sécuritaires pour adopter une autre approche centrée sur les parcours de femmes et d’hommes comme celles et ceux qui sont en tribune aujourd’hui, sur leurs aspirations et sur leur humanité.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Y a-t-il un orateur contre la motion ?…

Quel est l'avis de la commission ?

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

M. Philippe Bonnecarrère, rapporteur. … sinon en quelques secondes, par référence à la solution ukrainienne, ce qui constitue quand même une forme de pirouette intellectuelle…

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Le suspense sera relativement limité : l'avis de la commission est bien entendu défavorable sur cette motion, monsieur le président.

Mon cher collègue, nous vous avons écouté avec beaucoup d'attention : vous nous avez indiqué tout ce qu'il ne fallait pas faire et avez détaillé tout ce que vous reprochez à ce texte et aux amendements adoptés par la commission ; cependant, à aucun moment vous ne nous avez dit ce qu'il fallait faire et comment traiter ces sujets, …

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Ce texte prend une direction radicalement inverse : c’est pourquoi, mes chers collègues, je vous demande de voter pour cette motion de rejet. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées des groupes SER et CRCE-K.)

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Ce texte prend une direction radicalement inverse : c’est pourquoi, mes chers collègues, je vous demande de voter pour cette motion de rejet. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées des groupes SER et CRCE-K.)

M. Akli Mellouli proteste.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Y a-t-il un orateur contre la motion ?…

Quel est l’avis de la commission ?

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Vous nous avez également indiqué qu'il manquait une étude d'impact et que la mesure des phénomènes qui sont en cause n'avait pas été réalisée. Je pense, moi, que l'ensemble des événements qui se déroulent dans notre société, comme les chiffres que j'ai rappelés quant au nombre de personnes irrégulièrement présentes sur notre territoire ou au nombre de demandes d'asile, permettent bel et bien d'objectiver ce dont nous parlons.

Par ailleurs, vous avez, ce qui est tout à fait normal, évoqué le détail du texte ; nous aurons l'occasion d'en débattre si votre motion est rejetée.

Une dernière remarque sur ce que vous avez appelé la disparition de l'idéal européen : c'est un sujet auquel je suis sensible. Pour ma génération, qui a été construite intellectuellement par cet idéal, c'est un sujet de préoccupation.

Vous l'avez entendu dans l'intervention du ministre : mobiliser les citoyens des pays européens sur ces questions n'est pas chose aisée – il s'agit même d'un sujet douloureux. Tout le monde préférerait que les solutions à nos problèmes soient d'ores et déjà disponibles.

Le débat que vous présentez comme franco-français ne l'est pas tant que cela, mon cher collègue : en réalité, il a lieu sur l'ensemble du continent européen. Les discussions que nous avons en cette fin d'après-midi se déroulent également en Allemagne, et je ne parle pas de l'Italie…

Je partage en tout cas avec vous l'idée que nous devons reconstituer, sinon un idéal, du moins un « narratif » européen.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

M. Philippe Bonnecarrère, rapporteur. … sinon en quelques secondes, par référence à la solution ukrainienne, ce qui constitue quand même une forme de pirouette intellectuelle…

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Le suspense sera relativement limité : l’avis de la commission est bien entendu défavorable sur cette motion, monsieur le président.

Mon cher collègue, nous vous avons écouté avec beaucoup d’attention : vous nous avez indiqué tout ce qu’il ne fallait pas faire et avez détaillé tout ce que vous reprochez à ce texte et aux amendements adoptés par la commission ; cependant, à aucun moment vous ne nous avez dit ce qu’il fallait faire et comment traiter ces sujets, …

M. Akli Mellouli proteste.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Vous nous avez également indiqué qu'il manquait une étude d'impact et que la mesure des phénomènes qui sont en cause n'avait pas été réalisée. Je pense, moi, que l'ensemble des événements qui se déroulent dans notre société, comme les chiffres que j'ai rappelés quant au nombre de personnes irrégulièrement présentes sur notre territoire ou au nombre de demandes d'asile, permettent bel et bien d'objectiver ce dont nous parlons.

Par ailleurs, vous avez, ce qui est tout à fait normal, évoqué le détail du texte ; nous aurons l'occasion d'en débattre si votre motion est rejetée.

Une dernière remarque sur ce que vous avez appelé la disparition de l'idéal européen : c'est un sujet auquel je suis sensible. Pour ma génération, qui a été construite intellectuellement par cet idéal, c'est un sujet de préoccupation.

Vous l'avez entendu dans l'intervention du ministre : mobiliser les citoyens des pays européens sur ces questions n'est pas chose aisée – il s'agit même d'un sujet douloureux. Tout le monde préférerait que les solutions à nos problèmes soient d'ores et déjà disponibles.

Le débat que vous présentez comme franco-français ne l'est pas tant que cela, mon cher collègue : en réalité, il a lieu sur l'ensemble du continent européen. Les discussions que nous avons en cette fin d'après-midi se déroulent également en Allemagne, et je ne parle pas de l'Italie…

Je partage en tout cas avec vous l'idée que nous devons reconstituer, sinon un idéal, du moins un « narratif » européen.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

M. Philippe Bonnecarrère, rapporteur. … sinon en quelques secondes, par référence à la solution ukrainienne, ce qui constitue quand même une forme de pirouette intellectuelle…

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

M. Philippe Bonnecarrère, rapporteur. … sinon en quelques secondes, par référence à la solution ukrainienne, ce qui constitue tout de même une forme de pirouette intellectuelle…

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Je mets aux voix la motion n° 6 rectifiée, tendant à opposer la question préalable.

Je rappelle que l'adoption de cette motion entraînerait le rejet du projet de loi.

M. Akli Mellouli proteste.

La motion n'est pas adoptée.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Vous nous avez également indiqué qu’il manquait une étude d’impact et que la mesure des phénomènes qui sont en cause n’avait pas été réalisée. Je pense, moi, que l’ensemble des événements qui se déroulent dans notre société, comme les chiffres que j’ai rappelés quant au nombre de personnes irrégulièrement présentes sur notre territoire ou au nombre de demandes d’asile, permettent bel et bien d’objectiver ce dont nous parlons.

Par ailleurs, vous avez, ce qui est tout à fait normal, évoqué le détail du texte ; nous aurons l’occasion d’en débattre si votre motion est rejetée.

Une dernière remarque sur ce que vous avez appelé la disparition de l’idéal européen : c’est un sujet auquel je suis sensible. Pour ma génération, qui a été construite intellectuellement par cet idéal, c’est un sujet de préoccupation.

Vous l’avez entendu dans l’intervention du ministre : mobiliser les citoyens des pays européens sur ces questions n’est pas chose aisée – il s’agit même d’un sujet douloureux. Tout le monde préférerait que les solutions à nos problèmes soient d’ores et déjà disponibles.

Le débat que vous présentez comme franco-français ne l’est pas tant que cela, mon cher collègue : en réalité, il a lieu sur l’ensemble du continent européen. Les discussions que nous avons en cette fin d’après-midi se déroulent également en Allemagne, et je ne parle pas de l’Italie…

Je partage en tout cas avec vous l’idée que nous devons reconstituer, sinon un idéal, du moins un « narratif » européen.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Nous passons à la discussion de la motion tendant au renvoi en commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Je mets aux voix la motion n° 6 rectifiée, tendant à opposer la question préalable.

Je rappelle que l'adoption de cette motion entraînerait le rejet du projet de loi.

Photo de Gérard Larcher

Je suis saisi, par Mmes de La Gontrie et Narassiguin, MM. Bourgi, Durain et Chaillou, Mme Harribey, M. Kerrouche, Mme Linkenheld, M. Roiron, Mme Brossel, M. Chantrel, Mmes Conway-Mouret et G. Jourda, MM. Kanner et Marie, Mmes S. Robert et Rossignol, MM. Stanzione, Temal, Tissot, M. Vallet et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, d'une motion n°53 rectifiée.

Cette motion est ainsi rédigée :

En application de l'article 44, alinéa 5, du règlement, le Sénat décide qu'il y a lieu de renvoyer à la commission le projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration (304 rectifié, 2022-2023).

La parole est à Mme Marie-Pierre de La Gontrie, pour la motion.

Photo de Gérard Larcher

Nous passons à la discussion de la motion tendant au renvoi en commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Je mets aux voix la motion n° 6 rectifiée, tendant à opposer la question préalable.

Je rappelle que l’adoption de cette motion entraînerait le rejet du projet de loi.

Demande de renvoi en commission

Photo de Marie-Pierre de La Gontrie

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, je repartirai, pour entamer mon propos, de l'expression utilisée par notre collègue Philippe Bonnecarrère : « le retour du Parlement ». Nous savons que, depuis quelques mois, le Parlement ne fonctionne pas de manière – comment dire ? – idéale : nous le voyons à l'Assemblée nationale, où l'on en est au treizième engagement de la responsabilité du Gouvernement depuis l'entrée en fonctions de la Première ministre – et les motions de censure de se succéder.

Dans ce paysage parlementaire subsiste néanmoins un îlot de sérieux et de robustesse législatifs, de travaux accomplis, ce qui n'empêche pas, d'ailleurs, les affrontements : c'est le Sénat.

Cette motion de renvoi en commission, je vais tenter de vous convaincre de la voter, mes chers collègues, car je pense qu'il ne faut pas malmener notre démocratie parlementaire. Ce serait l'honneur du Sénat que de l'adopter, pour trois raisons.

Premièrement, monsieur le ministre, vous n'êtes pas prêt.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Je suis saisi, par Mmes de La Gontrie et Narassiguin, MM. Bourgi, Durain et Chaillou, Mme Harribey, M. Kerrouche, Mme Linkenheld, M. Roiron, Mme Brossel, M. Chantrel, Mmes Conway-Mouret et G. Jourda, MM. Kanner et Marie, Mmes S. Robert et Rossignol, MM. Stanzione, Temal, Tissot, M. Vallet et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, d'une motion n°53 rectifiée.

Cette motion est ainsi rédigée :

En application de l'article 44, alinéa 5, du règlement, le Sénat décide qu'il y a lieu de renvoyer à la commission le projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration (304 rectifié, 2022-2023).

La parole est à Mme Marie-Pierre de La Gontrie, pour la motion.

Photo de Gérard Larcher

Nous passons à la discussion de la motion tendant au renvoi en commission.

Gérald Darmanin

À quoi ? C'est toute la question…

Applaudissements sur les travées du groupe SER. – M. Yannick Jadot applaudit également.

Demande de renvoi en commission

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Ce texte a connu un parcours pour le moins chaotique : adopté voilà un an en Conseil des ministres, il a été examiné une première fois par la commission des lois du Sénat le 15 mars dernier, inscrit à l'ordre du jour, puis désinscrit. Huit mois plus tard, le voilà en séance. Entre-temps, vous avez produit nombre d'annonces successives, qui n'ont pas toujours, d'ailleurs, été suivies d'effets. Vous avez voulu tour à tour expulser tous ceux qui manifestent une adhésion à une idéologie djihadiste radicale ; expulser tous les fichés S ; porter à dix-huit mois la durée maximale de la rétention, qui est actuellement de quatre-vingt-dix jours.

Vous êtes aujourd'hui bien seul, monsieur le ministre, il faut le dire, même si je note que l'une de vos collègues a estimé devoir venir à vos côtés au banc du Gouvernement. M. Dussopt a disparu, alors qu'il est signataire du projet de loi. Quant au garde des sceaux, il est momentanément empêché, …

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, je repartirai, pour entamer mon propos, de l'expression utilisée par notre collègue Philippe Bonnecarrère : « le retour du Parlement ». Nous savons que, depuis quelques mois, le Parlement ne fonctionne pas de manière – comment dire ? – idéale : nous le voyons à l'Assemblée nationale, où l'on en est au treizième engagement de la responsabilité du Gouvernement depuis l'entrée en fonctions de la Première ministre – et les motions de censure de se succéder.

Dans ce paysage parlementaire subsiste néanmoins un îlot de sérieux et de robustesse législatifs, de travaux accomplis, ce qui n'empêche pas, d'ailleurs, les affrontements : c'est le Sénat.

Cette motion de renvoi en commission, je vais tenter de vous convaincre de la voter, mes chers collègues, car je pense qu'il ne faut pas malmener notre démocratie parlementaire. Ce serait l'honneur du Sénat que de l'adopter, pour trois raisons.

Premièrement, monsieur le ministre, vous n'êtes pas prêt.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Je suis saisi, par Mmes de La Gontrie et Narassiguin, MM. Bourgi, Durain et Chaillou, Mme Harribey, M. Kerrouche, Mme Linkenheld, M. Roiron, Mme Brossel, M. Chantrel, Mmes Conway-Mouret et G. Jourda, MM. Kanner et Marie, Mmes S. Robert et Rossignol, MM. Stanzione, Temal, Tissot, M. Vallet et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, d’une motion n° 53 rectifiée.

Cette motion est ainsi rédigée :

En application de l’article 44, alinéa 5, du règlement, le Sénat décide qu’il y a lieu de renvoyer à la commission le projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration (304 rectifié, 2022-2023).

La parole est à Mme Marie-Pierre de La Gontrie, pour la motion.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

À quoi ? C'est toute la question…

Applaudissements sur les travées du groupe SER. – M. Yannick Jadot applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

… mais nous aurons l'occasion de demander sa présence, puisque nous avons compris qu'il pouvait faire plusieurs choses à la fois, et notamment siéger ici, au banc du Gouvernement, lorsque les articles qui le concernent seront appelés en discussion.

Vous avez déposé vingt-huit amendements sur le texte de la commission, sans avis du Conseil d'État ni étude d'impact, évidemment. À l'évidence, la succession de vos annonces montre que ce texte n'est pas abouti.

Deuxièmement, je le dis au président François-Noël Buffet, la commission n'est pas prête.

Tout d'abord, un tiers des sénateurs qui composaient la commission lorsqu'elle a adopté un texte singulièrement modifié, au mois de mars, ne sont plus aujourd'hui parmi nous. §Quand nos collègues Muriel Jourda et Philippe Bonnecarrère s'expriment, je ne sais donc pas au nom de quels collègues ils parlent…

Ensuite, fait assez atypique, me semble-t-il, nous avions noté, lors de l'examen du texte par la commission, que sur deux articles majeurs, les articles 3 et 4, la commission n'avait pas d'avis : les rapporteurs n'étaient pas d'accord entre eux.

J'indique d'ailleurs au ministre une chose qui m'a paru extrêmement étrange, au point qu'il a fallu que je vérifie auprès de mes collègues si je ne m'étais pas trompé : dans votre discours de présentation du texte, vous n'avez pas dit un mot sur ces articles difficiles.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Ce texte a connu un parcours pour le moins chaotique : adopté voilà un an en Conseil des ministres, il a été examiné une première fois par la commission des lois du Sénat le 15 mars dernier, inscrit à l'ordre du jour, puis désinscrit. Huit mois plus tard, le voilà en séance. Entre-temps, vous avez produit nombre d'annonces successives, qui n'ont pas toujours, d'ailleurs, été suivies d'effets. Vous avez voulu tour à tour expulser tous ceux qui manifestent une adhésion à une idéologie djihadiste radicale ; expulser tous les fichés S ; porter à dix-huit mois la durée maximale de la rétention, qui est actuellement de quatre-vingt-dix jours.

Vous êtes aujourd'hui bien seul, monsieur le ministre, il faut le dire, même si je note que l'une de vos collègues a estimé devoir venir à vos côtés au banc du Gouvernement. M. Dussopt a disparu, alors qu'il est signataire du projet de loi. Quant au garde des sceaux, il est momentanément empêché, …

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, je repartirai, pour entamer mon propos, de l’expression utilisée par notre collègue Philippe Bonnecarrère : « le retour du Parlement ». Nous savons que, depuis quelques mois, le Parlement ne fonctionne pas de manière – comment dire ? – idéale : nous le voyons à l’Assemblée nationale, où l’on en est au treizième engagement de la responsabilité du Gouvernement depuis l’entrée en fonctions de la Première ministre – et les motions de censure de se succéder.

Dans ce paysage parlementaire subsiste néanmoins un îlot de sérieux et de robustesse législatifs, de travaux accomplis, ce qui n’empêche pas, d’ailleurs, les affrontements : c’est le Sénat.

Cette motion de renvoi en commission, je vais tenter de vous convaincre de la voter, mes chers collègues, car je pense qu’il ne faut pas malmener notre démocratie parlementaire. Ce serait l’honneur du Sénat que de l’adopter, pour trois raisons.

Premièrement, monsieur le ministre, vous n’êtes pas prêt.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

À quoi ? C’est toute la question…

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

J'ai trouvé très étrange que rien n'ait été dessiné de l'éventuel accord qui était, semble-t-il, envisagé.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

… mais nous aurons l'occasion de demander sa présence, puisque nous avons compris qu'il pouvait faire plusieurs choses à la fois, et notamment siéger ici, au banc du Gouvernement, lorsque les articles qui le concernent seront appelés en discussion.

Vous avez déposé vingt-huit amendements sur le texte de la commission, sans avis du Conseil d'État ni étude d'impact, évidemment. À l'évidence, la succession de vos annonces montre que ce texte n'est pas abouti.

Deuxièmement, je le dis au président François-Noël Buffet, la commission n'est pas prête.

Tout d'abord, un tiers des sénateurs qui composaient la commission lorsqu'elle a adopté un texte singulièrement modifié, au mois de mars, ne sont plus aujourd'hui parmi nous. §Quand nos collègues Muriel Jourda et Philippe Bonnecarrère s'expriment, je ne sais donc pas au nom de quels collègues ils parlent…

Ensuite, fait assez atypique, me semble-t-il, nous avions noté, lors de l'examen du texte par la commission, que sur deux articles majeurs, les articles 3 et 4, la commission n'avait pas d'avis : les rapporteurs n'étaient pas d'accord entre eux.

J'indique d'ailleurs au ministre une chose qui m'a paru extrêmement étrange, au point qu'il a fallu que je vérifie auprès de mes collègues si je ne m'étais pas trompée : dans votre discours de présentation du texte, vous n'avez pas dit un mot sur ces articles difficiles.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Ce texte a connu un parcours pour le moins chaotique : adopté voilà un an en Conseil des ministres, il a été examiné une première fois par la commission des lois du Sénat le 15 mars dernier, inscrit à l’ordre du jour, puis désinscrit. Huit mois plus tard, le voilà en séance. Entre-temps, vous avez produit nombre d’annonces successives, qui n’ont pas toujours, d’ailleurs, été suivies d’effets. Vous avez voulu tour à tour expulser tous ceux qui manifestent une adhésion à une idéologie djihadiste radicale ; expulser tous les fichés S ; porter à dix-huit mois la durée maximale de la rétention, qui est actuellement de quatre-vingt-dix jours.

Vous êtes aujourd’hui bien seul, monsieur le ministre, il faut le dire, même si je note que l’une de vos collègues a estimé devoir venir à vos côtés au banc du Gouvernement. M. Dussopt a disparu, alors qu’il est signataire du projet de loi. Quant au garde des sceaux, il est momentanément empêché, …

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Ces informations, dois-je le préciser, je les dois à ma lecture de la presse et non à ma présence en commission…

Sur ces entrefaites, nous avons vu arriver vingt-huit amendements du Gouvernement, puis, aujourd'hui même, trente-deux amendements des rapporteurs. Je ne suis pas la seule à trouver que la commission n'a pas totalement fait aboutir ses travaux, puisque le ministre de l'intérieur a estimé devoir organiser une réunion délocalisée de la commission dans la salle à manger de Beauvau ! Bruno Retailleau et moi-même étions d'accord, à cette occasion – ce n'est pas coutumier –, pour dire que les travaux parlementaires se tiennent au Parlement et non dans ladite salle à manger, quoique le déjeuner, m'a-t-on dit, y fût excellent.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

J'ai trouvé très étrange que rien n'ait été dessiné de l'éventuel accord qui était, semble-t-il, envisagé.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

… mais nous aurons l’occasion de demander sa présence, puisque nous avons compris qu’il pouvait faire plusieurs choses à la fois, et notamment siéger ici, au banc du Gouvernement, lorsque les articles qui le concernent seront appelés en discussion.

Vous avez déposé vingt-huit amendements sur le texte de la commission, sans avis du Conseil d’État ni étude d’impact, évidemment. À l’évidence, la succession de vos annonces montre que ce texte n’est pas abouti.

Deuxièmement, je le dis au président François-Noël Buffet, la commission n’est pas prête.

Tout d’abord, un tiers des sénateurs qui composaient la commission lorsqu’elle a adopté un texte singulièrement modifié, au mois de mars, ne sont plus aujourd’hui parmi nous. §Quand nos collègues Muriel Jourda et Philippe Bonnecarrère s’expriment, je ne sais donc pas au nom de quels collègues ils parlent…

Ensuite, fait assez atypique, me semble-t-il, nous avions noté, lors de l’examen du texte par la commission, que sur deux articles majeurs, les articles 3 et 4, la commission n’avait pas d’avis : les rapporteurs n’étaient pas d’accord entre eux.

J’indique d’ailleurs au ministre une chose qui m’a paru extrêmement étrange, au point qu’il a fallu que je vérifie auprès de mes collègues si je ne m’étais pas trompée : dans votre discours de présentation du texte, vous n’avez pas dit un mot sur ces articles difficiles.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

… mais nous aurons l’occasion de demander sa présence, puisque nous avons compris qu’il pouvait faire plusieurs choses à la fois, notamment siéger ici, au banc du Gouvernement, lorsque les articles qui le concernent seront appelés en discussion.

Vous avez déposé vingt-huit amendements sur le texte de la commission, sans avis du Conseil d’État ni étude d’impact, évidemment. À l’évidence, la succession de vos annonces montre que ce texte n’est pas abouti.

Deuxièmement, je le dis au président François-Noël Buffet, la commission n’est pas prête.

Tout d’abord, un tiers des sénateurs qui composaient la commission lorsqu’elle a adopté un texte singulièrement modifié, au mois de mars, ne sont plus aujourd’hui parmi nous. §Quand nos collègues Muriel Jourda et Philippe Bonnecarrère s’expriment, je ne sais donc pas au nom de quels collègues ils parlent…

Ensuite, fait assez atypique, me semble-t-il, nous avions noté, lors de l’examen du texte par la commission, que sur deux articles majeurs, les articles 3 et 4, la commission n’avait pas d’avis : les rapporteurs n’étaient pas d’accord entre eux.

J’indique d’ailleurs au ministre une chose qui m’a paru extrêmement étrange, au point qu’il a fallu que je vérifie auprès de mes collègues si je ne m’étais pas trompée : dans votre discours de présentation du texte, vous n’avez pas dit un mot sur ces articles difficiles.

Sourires.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre . Si !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Et nous étions en très bonne compagnie !

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Ces informations, dois-je le préciser, je les dois à ma lecture de la presse et non à ma présence en commission…

Sur ces entrefaites, nous avons vu arriver vingt-huit amendements du Gouvernement, puis, aujourd'hui même, trente-deux amendements des rapporteurs. Je ne suis pas la seule à trouver que la commission n'a pas totalement fait aboutir ses travaux, puisque le ministre de l'intérieur a estimé devoir organiser une réunion délocalisée de la commission dans la salle à manger de Beauvau ! Bruno Retailleau et moi-même étions d'accord, à cette occasion – ce n'est pas coutumier –, pour dire que les travaux parlementaires se tiennent au Parlement et non dans ladite salle à manger, quoique le déjeuner, m'a-t-on dit, y fût excellent.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

J’ai trouvé très étrange que rien n’ait été dessiné de l’éventuel accord qui était, semble-t-il, envisagé.

Mme le rapporteur le confirme.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Mme Marie-Pierre de La Gontrie . Vous l'étiez sans doute, monsieur le ministre, puisque je n'étais pas là…

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

J’ai trouvé très étrange que rien n’ait été dessiné de l’éventuel accord qui était, semble-t-il, envisagé.

Nouveaux sourires.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Et nous étions en très bonne compagnie !

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Ces informations, dois-je le préciser, je les dois à ma lecture de la presse et non à ma présence en commission…

Sur ces entrefaites, nous avons vu arriver vingt-huit amendements du Gouvernement, puis, aujourd’hui même, trente-deux amendements des rapporteurs. Je ne suis pas la seule à trouver que la commission n’a pas totalement fait aboutir ses travaux, puisque le ministre de l’intérieur a estimé devoir organiser une réunion délocalisée de la commission dans la salle à manger de Beauvau ! Bruno Retailleau et moi-même étions d’accord, à cette occasion – ce n’est pas coutumier –, pour dire que les travaux parlementaires se tiennent au Parlement et non dans ladite salle à manger, quoique le déjeuner, m’a-t-on dit, y fût excellent.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre. Vous nous avez manqué !

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Mme Marie-Pierre de La Gontrie . Vous l'étiez sans doute, monsieur le ministre, puisque je n'étais pas là…

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Ces informations, dois-je le préciser, je les dois à ma lecture de la presse et non à ma présence en commission…

Sur ces entrefaites, nous avons vu arriver vingt-huit amendements du Gouvernement, puis, aujourd’hui même, trente-deux amendements des rapporteurs. Je ne suis pas la seule à trouver que la commission n’a pas totalement fait aboutir ses travaux, puisque le ministre de l’intérieur a estimé devoir organiser une réunion délocalisée de la commission dans la salle à manger de Beauvau ! Bruno Retailleau et moi-même étions d’accord, à cette occasion – ce n’est pas coutumier –, pour dire que les travaux parlementaires se tiennent au Parlement et non dans ladite salle à manger, quoique le déjeuner, m’a-t-on dit, y fût excellent.

Mêmes mouvements.

Nouveaux sourires.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Et nous étions en très bonne compagnie !

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Troisième raison de voter cette motion de renvoi : le Sénat lui-même n'est pas prêt.

Nous avons noté que le groupe Les Républicains avait déposé une proposition de loi constitutionnelle qui, de mon point de vue, fait système avec le texte dont nous débattons aujourd'hui. Pour ma part, j'aurais trouvé logique que ledit projet de loi soit examiné après la proposition de loi constitutionnelle, qui porte en grande partie sur les sujets d'immigration. Si le groupe Les Républicains, qui est ici très important, souhaitait un travail cohérent, il me semble qu'il demanderait l'inscription à l'ordre du jour de ce projet de loi après l'examen de sa proposition de loi constitutionnelle.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre. Vous nous avez manqué !

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Vous l’étiez sans doute, monsieur le ministre, puisque je n’étais pas là…

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Et nous étions en très bonne compagnie !

Mêmes mouvements.

Nouveaux sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Vous l’étiez sans doute, monsieur le ministre, puisque je n’étais pas là…

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

On note par ailleurs une certaine instabilité. Au Sénat, nous avons l'habitude des choses bien faites : nous arrivons en séance, les deux groupes, tout aussi essentiels l'un que l'autre – je ne veux vexer personne –, …

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Troisième raison de voter cette motion de renvoi : le Sénat lui-même n'est pas prêt.

Nous avons noté que le groupe Les Républicains avait déposé une proposition de loi constitutionnelle qui, de mon point de vue, fait système avec le texte dont nous débattons aujourd'hui. Pour ma part, j'aurais trouvé logique que ledit projet de loi soit examiné après cette proposition de loi constitutionnelle, qui porte en grande partie sur les sujets d'immigration. Si le groupe Les Républicains, qui est ici très important, souhaitait un travail cohérent, il me semble qu'il demanderait l'inscription à l'ordre du jour de ce projet de loi après l'examen de sa proposition de loi constitutionnelle.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre. Vous nous avez manqué !

Nouveaux sourires.

Mêmes mouvements.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre. Vous nous avez manqué !

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

… qui composent la majorité sénatoriale travaillent ensemble, l'opposition s'oppose, le plus efficacement possible ; mais je dois dire que le résultat de notre opposition est souvent assez relatif…

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

On note par ailleurs une certaine instabilité. Au Sénat, nous avons l'habitude des choses bien faites : nous arrivons en séance, les deux groupes, tout aussi essentiels l'un que l'autre – je ne veux vexer personne –, …

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Troisième raison de voter cette motion de renvoi : le Sénat lui-même n’est pas prêt.

Nous avons noté que le groupe Les Républicains avait déposé une proposition de loi constitutionnelle qui, de mon point de vue, fait système avec le texte dont nous débattons aujourd’hui. Pour ma part, j’aurais trouvé logique que ledit projet de loi soit examiné après cette proposition de loi constitutionnelle, qui porte en grande partie sur les sujets d’immigration. Si le groupe Les Républicains, qui est ici très important, souhaitait un travail cohérent, il me semble qu’il demanderait l’inscription à l’ordre du jour de ce projet de loi après l’examen de sa proposition de loi constitutionnelle.

Mêmes mouvements.

Debut de section - PermalienPhoto de André Reichardt

Ah, ça !… C'était en sens inverse voilà quelques années.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Troisième raison de voter cette motion de renvoi : le Sénat lui-même n’est pas prêt.

Nous avons noté que le groupe Les Républicains avait déposé une proposition de loi constitutionnelle qui, de mon point de vue, fait système avec le texte dont nous débattons aujourd’hui. Pour ma part, j’aurais trouvé logique que ledit projet de loi soit examiné après cette proposition de loi constitutionnelle, qui porte en grande partie sur les sujets d’immigration. Si le groupe Les Républicains, qui est ici très important, souhaitait un travail cohérent, il me semble qu’il demanderait l’inscription à l’ordre du jour de ce projet de loi après l’examen de sa proposition de loi constitutionnelle.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Mme Marie-Pierre de La Gontrie . Or, dans le cas présent, les articles 3 et 4, ainsi que l'AME, suscitent, semble-t-il, de grandes difficultés entre vous, au point qu'à l'heure où nous parlons nous ne savons absolument rien de l'issue de vos délibérations

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

… qui composent la majorité sénatoriale travaillent ensemble, l'opposition s'oppose, le plus efficacement possible ; mais je dois dire que le résultat de notre opposition est souvent assez relatif…

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

On note par ailleurs une certaine instabilité. Au Sénat, nous avons l’habitude des choses bien faites : nous arrivons en séance, les deux groupes, tout aussi essentiels l’un que l’autre – je ne veux vexer personne –, …

M. Roger Karoutchi s'exclame.

Debut de section - PermalienPhoto de André Reichardt

Ah, ça !… C'était en sens inverse voilà quelques années.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

On note par ailleurs une certaine instabilité. Au Sénat, nous avons l’habitude des choses bien faites : nous arrivons en séance, les deux groupes, tout aussi essentiels l’un que l’autre – je ne veux vexer personne –, …

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Nous le voyons, tout cela n'est pas très sérieux.

Je me suis demandé pourquoi le Gouvernement et le ministre de l'intérieur s'obstinaient à vouloir présenter ce projet de loi.

Est arrivé le drame d'Arras. Alors nous avons entendu le ministre de l'intérieur s'appuyer sur ce fait terrible pour expliquer combien son projet de loi était indispensable et pour estimer, de manière quelque peu excessive, que si la loi avait été en vigueur le drame, peut-être, aurait pu être évité.

Je regrette ces propos. Le ministre aurait dû en effet soutenir ses services, car, dans le drame d'Arras, les services de police ont bel et bien fonctionné. Il se trouve que la sécurité totale n'existe pas. Lorsque vous indiquez que, si ce projet de loi avait été voté, Arras ne se serait pas produit, vous dites quelque chose qui n'est pas exact, monsieur le ministre. Ainsi vous utilisez et instrumentalisez, en quelque sorte, ce terrible meurtre…

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Mme Marie-Pierre de La Gontrie . Or, dans le cas présent, les articles 3 et 4, ainsi que l'AME, suscitent, semble-t-il, de grandes difficultés entre vous, au point qu'à l'heure où nous parlons nous ne savons absolument rien de l'issue de vos délibérations

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

… qui composent la majorité sénatoriale travaillent ensemble, l’opposition s’oppose, le plus efficacement possible ; mais je dois dire que le résultat de notre opposition est souvent assez relatif…

M. Roger Karoutchi s'exclame.

Debut de section - PermalienPhoto de André Reichardt

Ah, ça !… C’était en sens inverse voilà quelques années.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

… qui composent la majorité sénatoriale travaillent ensemble, l’opposition s’oppose, le plus efficacement possible ; mais je dois dire que le résultat de notre opposition est souvent assez relatif…

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

… pour expliquer qu'il faut voter ce texte. Il y a là comme une sorte d'assurance que vous voulez construire pour éviter d'être mis en cause ultérieurement, peut-être, si un drame analogue devait se produire.

Sous le bénéfice de l'ensemble de ces constats d'impréparation, de manquements et de difficulté à déterminer une position stable sur un sujet sérieux, nous souhaitons que la commission puisse retravailler ce projet de loi afin que, dans les jours qui viennent, nous puissions proposer un texte à la hauteur des ambitions affichées.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Nous le voyons, tout cela n'est pas très sérieux.

Je me suis demandé pourquoi le Gouvernement et le ministre de l'intérieur s'obstinaient à vouloir présenter ce projet de loi.

Est arrivé le drame d'Arras. Alors nous avons entendu le ministre de l'intérieur s'appuyer sur ce fait terrible pour expliquer combien son projet de loi était indispensable et pour estimer, de manière quelque peu excessive, que, si la loi avait été en vigueur, ce drame, peut-être, aurait pu être évité.

Je regrette ces propos. Le ministre aurait dû en effet soutenir ses services, car, dans le drame d'Arras, les services de police ont bel et bien fonctionné. Il se trouve que la sécurité totale n'existe pas. Lorsque vous indiquez que, si ce projet de loi avait été voté, Arras ne se serait pas produit, vous dites quelque chose qui n'est pas exact, monsieur le ministre. Ainsi vous utilisez et instrumentalisez, en quelque sorte, ce terrible meurtre…

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Or, dans le cas présent, les articles 3 et 4, ainsi que l’AME, suscitent, semble-t-il, de grandes difficultés entre vous, au point qu’à l’heure où nous parlons nous ne savons absolument rien de l’issue de vos délibérations

Debut de section - PermalienPhoto de André Reichardt

Ah, ça !… C’était en sens inverse voilà quelques années.

Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE-K.

M. Roger Karoutchi s ’ exclame.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Or, dans le cas présent, les articles 3 et 4, ainsi que l’AME, suscitent, semble-t-il, de grandes difficultés entre vous, au point qu’à l’heure où nous parlons nous ne savons absolument rien de l’issue de vos délibérations

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Y a-t-il un orateur contre la motion ?...

Quel est l'avis de la commission ?

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

… pour expliquer qu'il faut voter ce texte. Il y a là comme une sorte d'assurance que vous voulez construire pour éviter d'être mis en cause ultérieurement, peut-être, si un drame analogue devait se produire.

Sous le bénéfice de l'ensemble de ces constats d'impréparation, de manquements et de difficulté à déterminer une position stable sur un sujet sérieux, nous souhaitons que la commission puisse retravailler ce projet de loi afin que, dans les jours qui viennent, nous puissions proposer un texte à la hauteur des ambitions affichées.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Nous le voyons, tout cela n’est pas très sérieux.

Je me suis demandé pourquoi le Gouvernement et le ministre de l’intérieur s’obstinaient à vouloir présenter ce projet de loi.

Est arrivé le drame d’Arras. Alors nous avons entendu le ministre de l’intérieur s’appuyer sur ce fait terrible pour expliquer combien son projet de loi était indispensable et pour estimer, de manière quelque peu excessive, que, si la loi avait été en vigueur, ce drame, peut-être, aurait pu être évité.

Je regrette ces propos. Le ministre aurait dû en effet soutenir ses services, car, dans le drame d’Arras, les services de police ont bel et bien fonctionné. Il se trouve que la sécurité totale n’existe pas. Lorsque vous indiquez que, si ce projet de loi avait été voté, Arras ne se serait pas produit, vous dites quelque chose qui n’est pas exact, monsieur le ministre. Ainsi vous utilisez et instrumentalisez, en quelque sorte, ce terrible meurtre…

M. Roger Karoutchi s ’ exclame.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

La commission émet un avis défavorable.

Je remercie Mme de La Gontrie d'avoir entamé son intervention par un éloge du sérieux du travail sénatorial, mais nous savons tous que lorsqu'un propos commence par des félicitations, la suite n'est pas de même nature, ce qui a bien sûr été ici le cas !

Quant au fait de savoir si M. le ministre de l'intérieur est suffisamment prêt, ce sera à lui d'y répondre. Quoi qu'il en soit, la commission ne saurait reprocher au Gouvernement ses vingt-huit amendements, car elle en a déposé elle-même trente-deux.

Certes, le dernier renouvellement sénatorial a modifié la composition de notre assemblée. J'attire néanmoins votre attention sur le fait qu'il existe non seulement une continuité de l'État, mais également une continuité du Parlement. §Notre assemblée est permanente !

Enfin, en ce qui concerne la référence au drame d'Arras, je ne crois pas que les dispositions que nous examinons aujourd'hui s'inscrivent dans ce que j'ai appelé tout à l'heure « l'air du temps ». Je récuse que le travail mené par la commission des lois, sous le contrôle du président Buffet, ait abouti à un texte d'émotion. Nous avons au contraire essayé de trouver des solutions de moyen et de long termes, d'où la demande de rejet de cette motion tendant au renvoi à la commission.

Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE-K.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Nous le voyons, tout cela n’est pas très sérieux.

Je me suis demandé pourquoi le Gouvernement et le ministre de l’intérieur s’obstinaient à vouloir présenter ce projet de loi.

Est arrivé le drame d’Arras. Alors nous avons entendu le ministre de l’intérieur s’appuyer sur ce fait terrible pour expliquer combien son projet de loi était indispensable et pour estimer, de manière quelque peu excessive, que, si la loi avait été en vigueur, ce drame, peut-être, aurait pu être évité.

Je regrette ces propos. Le ministre aurait dû en effet soutenir ses services, car, dans le drame d’Arras, les services de police ont bel et bien fonctionné. Il se trouve que la sécurité totale n’existe pas. Lorsque vous indiquez que, si ce projet de loi avait été voté, Arras ne se serait pas produit, vous dites quelque chose qui n’est pas exact, monsieur le ministre. Ainsi vous utilisez et instrumentalisez, en quelque sorte, ce terrible meurtre…

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Y a-t-il un orateur contre la motion ?...

Quel est l'avis de la commission ?

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

… pour expliquer qu’il faut voter ce texte. Il y a là comme une sorte d’assurance que vous voulez construire pour éviter d’être mis en cause ultérieurement, peut-être, si un drame analogue devait se produire.

Sous le bénéfice de l’ensemble de ces constats d’impréparation, de manquements et de difficulté à déterminer une position stable sur un sujet sérieux, nous souhaitons que la commission puisse retravailler ce projet de loi afin que, dans les jours qui viennent, nous puissions proposer un texte à la hauteur des ambitions affichées.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

N'hésitez pas la prochaine fois à être courageuse devant lui plutôt qu'en son absence !

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

La commission émet un avis défavorable.

Je remercie Mme de La Gontrie d'avoir entamé son intervention par un éloge du sérieux du travail sénatorial, mais nous savons tous que lorsqu'un propos commence par des félicitations, la suite n'est pas de même nature, ce qui a bien sûr été ici le cas !

Quant au fait de savoir si M. le ministre de l'intérieur est suffisamment prêt, ce sera à lui d'y répondre. Quoi qu'il en soit, la commission ne saurait reprocher au Gouvernement ses vingt-huit amendements, car elle en a déposé elle-même trente-deux.

Certes, le dernier renouvellement sénatorial a modifié la composition de notre assemblée. J'attire néanmoins votre attention sur le fait qu'il existe non seulement une continuité de l'État, mais également une continuité du Parlement. §Notre assemblée est permanente !

Enfin, en ce qui concerne la référence au drame d'Arras, je ne crois pas que les dispositions que nous examinons aujourd'hui s'inscrivent dans ce que j'ai appelé tout à l'heure « l'air du temps ». Je récuse que le travail mené par la commission des lois, sous le contrôle du président Buffet, ait abouti à un texte d'émotion. Nous avons au contraire essayé de trouver des solutions de moyen et de long termes, d'où la demande de rejet de cette motion tendant au renvoi à la commission.

Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE-K.

Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE-K.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

… pour expliquer qu’il faut voter ce texte. Il y a là comme une sorte d’assurance que vous voulez construire pour éviter d’être mis en cause ultérieurement, peut-être, si un drame analogue devait se produire.

Sous le bénéfice de l’ensemble de ces constats d’impréparation, de manquements et de difficulté à déterminer une position stable sur un sujet sérieux, nous souhaitons que la commission puisse retravailler ce projet de loi afin que, dans les jours qui viennent, nous puissions proposer un texte à la hauteur des ambitions affichées.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Y a-t-il un orateur contre la motion ?…

Quel est l’avis de la commission ?

Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE-K.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

N'hésitez pas la prochaine fois à être courageuse devant lui plutôt qu'en son absence !

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

La commission émet un avis défavorable.

Je remercie Mme de La Gontrie d’avoir entamé son intervention par un éloge du sérieux du travail sénatorial, mais nous savons tous que lorsqu’un propos commence par des félicitations, la suite n’est pas de même nature, ce qui a bien sûr été ici le cas !

Quant au fait de savoir si M. le ministre de l’intérieur est suffisamment prêt, ce sera à lui d’y répondre. Quoi qu’il en soit, la commission ne saurait reprocher au Gouvernement ses vingt-huit amendements, car elle en a déposé elle-même trente-deux.

Certes, le dernier renouvellement sénatorial a modifié la composition de notre assemblée. J’attire néanmoins votre attention sur le fait qu’il existe non seulement une continuité de l’État, mais également une continuité du Parlement. §Notre assemblée est permanente !

Enfin, en ce qui concerne la référence au drame d’Arras, je ne crois pas que les dispositions que nous examinons aujourd’hui s’inscrivent dans ce que j’ai appelé tout à l’heure « l’air du temps ». Je récuse que le travail mené par la commission des lois, sous le contrôle du président Buffet, ait abouti à un texte d’émotion. Nous avons au contraire essayé de trouver des solutions de moyen et de long termes, d’où la demande de rejet de cette motion tendant au renvoi à la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

La commission émet un avis défavorable.

Je remercie Mme de La Gontrie d’avoir entamé son intervention par un éloge du sérieux du travail sénatorial, mais nous savons tous que lorsqu’un propos commence par des félicitations, la suite n’est pas de même nature, ce qui a bien sûr été ici le cas !

Quant au fait de savoir si M. le ministre de l’intérieur est suffisamment prêt, ce sera à lui d’y répondre. Quoi qu’il en soit, la commission ne saurait reprocher au Gouvernement ses vingt-huit amendements, car elle en a déposé elle-même trente-deux.

Certes, le dernier renouvellement sénatorial a modifié la composition de notre assemblée. J’appelle néanmoins votre attention sur le fait qu’il existe non seulement une continuité de l’État, mais également une continuité du Parlement. §Notre assemblée est permanente !

Enfin, en ce qui concerne la référence au drame d’Arras, je ne crois pas que les dispositions que nous examinons aujourd’hui s’inscrivent dans ce que j’ai appelé tout à l’heure « l’air du temps ». Je récuse que le travail mené par la commission des lois, sous le contrôle du président Buffet, ait abouti à un texte d’émotion. Nous avons au contraire essayé de trouver des solutions de moyen et de long terme, d’où la demande de rejet de cette motion tendant au renvoi à la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Y a-t-il un orateur contre la motion ?…

Quel est l’avis de la commission ?

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

La commission émet un avis défavorable.

Je remercie Mme de La Gontrie d’avoir entamé son intervention par un éloge du sérieux du travail sénatorial, mais nous savons tous que lorsqu’un propos commence par des félicitations, la suite n’est pas de même nature, ce qui a bien sûr été ici le cas !

Quant au fait de savoir si M. le ministre de l’intérieur est suffisamment prêt, ce sera à lui d’y répondre. Quoi qu’il en soit, la commission ne saurait reprocher au Gouvernement ses vingt-huit amendements, car elle en a déposé elle-même trente-deux.

Certes, le dernier renouvellement sénatorial a modifié la composition de notre assemblée. J’appelle néanmoins votre attention sur le fait qu’il existe non seulement une continuité de l’État, mais également une continuité du Parlement. §Notre assemblée est permanente !

Enfin, en ce qui concerne la référence au drame d’Arras, je ne crois pas que les dispositions que nous examinons aujourd’hui s’inscrivent dans ce que j’ai appelé tout à l’heure « l’air du temps ». Je récuse que le travail mené par la commission des lois, sous le contrôle du président Buffet, ait abouti à un texte d’émotion. Nous avons au contraire essayé de trouver des solutions de moyen et de long terme, d’où la demande de rejet de cette motion tendant au renvoi à la commission.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je vous ai écoutée, j'en ai même souffert ; souffrez à présent que je vous réponde !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

N’hésitez pas la prochaine fois à être courageuse devant lui plutôt qu’en son absence !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

N’hésitez pas la prochaine fois à être courageuse devant lui plutôt qu’en son absence !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je sais, mais ce n'est pas fini, nous en aurons au moins jusqu'à vendredi ! Personnellement, j'ai tout mon temps, je suis à la disposition du Parlement…

J'ai l'impression que vous exprimez aujourd'hui une forme de regret. Vous cherchez peut-être même à vous rattraper. Vous dites que ce texte est trop dur. Mais, madame de La Gontrie, vous appartenez à une majorité qui a souhaité la déchéance de nationalité.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je vous ai écoutée, j'en ai même souffert ; souffrez à présent que je vous réponde !

Marques de contestation sur les travées du groupe SER.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je sais, mais ce n'est pas fini, nous en aurons au moins jusqu'à vendredi ! Personnellement, j'ai tout mon temps, je suis à la disposition du Parlement…

J'ai l'impression que vous exprimez aujourd'hui une forme de regret. Vous cherchez peut-être même à vous rattraper. Vous dites que ce texte est trop dur. Mais, madame de La Gontrie, vous appartenez à une majorité qui a souhaité la déchéance de nationalité.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je vous ai écoutée, j’en ai même souffert ; souffrez à présent que je vous réponde !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

J'étais parlementaire à l'époque, nous étions dans l'hémicycle à Versailles et j'ai parfaitement entendu ce que disait le Président Hollande, que je vous encourage à écouter. Ainsi, au début du mois de novembre, dans l'émission Quotidien, il affirmait que le texte proposé par le Gouvernement devait être discuté, voire adopté !

Marques de contestation sur les travées du groupe SER.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je vous ai écoutée, j’en ai même souffert ; souffrez à présent que je vous réponde !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je sais, mais ce n’est pas fini, nous en aurons au moins jusqu’à vendredi ! Personnellement, j’ai tout mon temps, je suis à la disposition du Parlement…

J’ai l’impression que vous exprimez aujourd’hui une forme de regret. Vous cherchez peut-être même à vous rattraper. Vous dites que ce texte est trop dur. Mais, madame de La Gontrie, vous appartenez à une majorité qui a souhaité la déchéance de nationalité.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

J'étais parlementaire à l'époque, nous étions dans l'hémicycle à Versailles et j'ai parfaitement entendu ce que disait le Président Hollande, que je vous encourage à écouter. Ainsi, au début du mois de novembre, dans l'émission Quotidien, il affirmait que le texte proposé par le Gouvernement devait être discuté, voire adopté !

Marques de contestation sur les travées du groupe SER.

Marques de contest ation sur les travées du groupe SER.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je sais, mais ce n’est pas fini, nous en aurons au moins jusqu’à vendredi ! Personnellement, j’ai tout mon temps, je suis à la disposition du Parlement…

J’ai l’impression que vous exprimez aujourd’hui une forme de regret. Vous cherchez peut-être même à vous rattraper. Vous dites que ce texte est trop dur. Mais, madame de La Gontrie, vous appartenez à une majorité qui a souhaité la déchéance de nationalité.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Certes, il n'est pas sur ces travées, mais je constate que vous le rejetez à présent, après d'autres !

Quoi qu'il en soit, alors que les socialistes étaient favorables à la déchéance de nationalité, vous critiquez à maintenant les propositions du Gouvernement en les jugeant trop dures !

Marques de contest ation sur les travées du groupe SER.

Vives protestations sur les travées du groupe SER.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

J’étais parlementaire à l’époque, nous étions dans l’hémicycle à Versailles et j’ai parfaitement entendu ce que disait le Président Hollande, que je vous encourage à écouter. Ainsi, au début du mois de novembre, dans l’émission Quotidien, il affirmait que le texte proposé par le Gouvernement devait être discuté, voire adopté !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

J’étais parlementaire à l’époque, nous étions dans l’hémicycle à Versailles et j’ai parfaitement entendu ce que disait le président Hollande, que je vous encourage à écouter. Ainsi, au début du mois de novembre, dans l’émission Quotidien, il affirmait que le texte proposé par le Gouvernement devait être discuté, voire adopté !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

C'est pourtant bien un Président de la République socialiste qui a proposé cette mesure ! §Voyez, vous arrivez même à faire rire la droite, madame de La Gontrie !

Vous dites qu'il y a trop de lois sur l'immigration. Mais vous en avez voté trois en cinq ans : la loi de décembre 2012, la loi de juillet 2015 et la loi de mars 2016 !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Certes, il n'est pas sur ces travées, mais je constate que vous le rejetez à présent, après d'autres !

Quoi qu'il en soit, alors que les socialistes étaient favorables à la déchéance de nationalité, vous critiquez à maintenant les propositions du Gouvernement en les jugeant trop dures !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

J’étais parlementaire à l’époque, nous étions dans l’hémicycle à Versailles et j’ai parfaitement entendu ce que disait le président Hollande, que je vous encourage à écouter. Ainsi, au début du mois de novembre, dans l’émission Quotidien, il affirmait que le texte proposé par le Gouvernement devait être discuté, voire adopté !

Vives protestations sur les travées du groupe SER.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

C'est pourtant bien un Président de la République socialiste qui a proposé cette mesure ! §Voyez, vous arrivez même à faire rire la droite, madame de La Gontrie !

Vous dites qu'il y a trop de lois sur l'immigration. Mais vous en avez voté trois en cinq ans : la loi de décembre 2012, la loi de juillet 2015 et la loi de mars 2016 !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Certes, il n’est pas sur ces travées, mais je constate que vous le rejetez à présent, après d’autres !

Quoi qu’il en soit, alors que les socialistes étaient favorables à la déchéance de nationalité, vous critiquez à maintenant les propositions du Gouvernement en les jugeant trop dures !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Certes, il n’est pas sur ces travées, mais je constate que vous le rejetez à présent, après d’autres !

Quoi qu’il en soit, alors que les socialistes étaient favorables à la déchéance de nationalité, vous critiquez maintenant les propositions du Gouvernement en les jugeant trop dures !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je signale, d'ailleurs, que la loi de mars 2016 du ministre Cazeneuve – autre candidat putatif de la social-démocratie que vous soutenez – prévoyait, à la suite des attentats horribles qui ont touché la France, des mesures extrêmement fortes contre les étrangers responsables d'actes terroristes. À l'époque, vous n'aviez pas fait de procès au gouvernement en place : il était bien normal qu'il légifère après de telles attaques et que le Parlement réfléchisse à ce qui avait pu dysfonctionner !

Par ailleurs, madame de La Gontrie, je soutiens mes services de police. Lorsque vous étiez au pouvoir, cette famille tchétchène radicalisée avait été interpellée par la police aux frontières. Les policiers avaient donc fait leur travail. C'est le gouvernement socialiste de l'époque qui, sous la pression de vos amis, y compris des associations qui vous soutiennent, a fait libérer cette famille !

Vives protestations sur les travées du groupe SER.

Vives protesta tions sur les travées du groupe SER.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Certes, il n’est pas sur ces travées, mais je constate que vous le rejetez à présent, après d’autres !

Quoi qu’il en soit, alors que les socialistes étaient favorables à la déchéance de nationalité, vous critiquez maintenant les propositions du Gouvernement en les jugeant trop dures !

Vives protesta tions sur les travées du groupe SER.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

C’est pourtant bien un Président de la République socialiste qui a proposé cette mesure ! §Voyez, vous arrivez même à faire rire la droite, madame de La Gontrie !

Vous dites qu’il y a trop de lois sur l’immigration. Mais vous en avez voté trois en cinq ans : la loi de décembre 2012, la loi de juillet 2015 et la loi de mars 2016 !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je signale, d'ailleurs, que la loi de mars 2016 du ministre Cazeneuve – autre candidat putatif de la social-démocratie que vous soutenez – prévoyait, à la suite des attentats horribles qui ont touché la France, des mesures extrêmement fortes contre les étrangers responsables d'actes terroristes. À l'époque, vous n'aviez pas fait de procès au gouvernement en place : il était bien normal qu'il légifère après de telles attaques et que le Parlement réfléchisse à ce qui avait pu dysfonctionner !

Par ailleurs, madame de La Gontrie, je soutiens mes services de police. Lorsque vous étiez au pouvoir, cette famille tchétchène radicalisée avait été interpellée par la police aux frontières. Les policiers avaient donc fait leur travail. C'est le gouvernement socialiste de l'époque qui, sous la pression de vos amis, y compris des associations qui vous soutiennent, a fait libérer cette famille !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

C’est pourtant bien un Président de la République socialiste qui a proposé cette mesure ! §Voyez, vous arrivez même à faire rire la droite, madame de La Gontrie !

Vous dites qu’il y a trop de lois sur l’immigration. Mais vous en avez voté trois en cinq ans : la loi de décembre 2012, la loi de juillet 2015 et la loi de mars 2016 !

Protestations sur les travées du groupe SER.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Vous avez fait pression sur les services du ministère de l'intérieur, vous n'avez pas respecté le travail du préfet de la région Bretagne, vous n'avez pas respecté de travail de la police aux frontières et, sur inquisition politique, vous avez demandé au droit français de reculer ! Vous avez fait libérer – vous et vos amis – cette famille !

Si vous devez faire un réquisitoire aujourd'hui, faites plutôt celui de la pression politique que la gauche a jadis exercée quand M. Valls était ministre de l'intérieur ! Ses services avaient en effet très bien travaillé. S'il y a un drame avec cette attaque d'Arras, madame de La Gontrie, c'est d'avoir soutenu la proposition de libération de ces personnes !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je signale, d’ailleurs, que la loi de mars 2016 du ministre Cazeneuve – autre candidat putatif de la social-démocratie que vous soutenez – prévoyait, à la suite des attentats horribles qui ont touché la France, des mesures extrêmement fortes contre les étrangers responsables d’actes terroristes. À l’époque, vous n’aviez pas fait de procès au gouvernement en place : il était bien normal qu’il légifère après de telles attaques et que le Parlement réfléchisse à ce qui avait pu dysfonctionner !

Par ailleurs, madame de La Gontrie, je soutiens mes services de police. Lorsque vous étiez au pouvoir, cette famille tchétchène radicalisée avait été interpellée par la police aux frontières. Les policiers avaient donc fait leur travail. C’est le gouvernement socialiste de l’époque qui, sous la pression de vos amis, y compris des associations qui vous soutiennent, a fait libérer cette famille !

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Je mets aux voix la motion n° 53 rectifié, tendant au renvoi à la commission.

Protestations sur les travées du groupe SER.

Protesta tions sur les travées du groupe SER.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je signale, d’ailleurs, que la loi de mars 2016 du ministre Cazeneuve – autre candidat putatif de la social-démocratie que vous soutenez – prévoyait, à la suite des attentats horribles qui ont touché la France, des mesures extrêmement fortes contre les étrangers responsables d’actes terroristes. À l’époque, vous n’aviez pas fait de procès au gouvernement en place : il était bien normal qu’il légifère après de telles attaques et que le Parlement réfléchisse à ce qui avait pu dysfonctionner !

Par ailleurs, madame de La Gontrie, je soutiens mes services de police. Lorsque vous étiez au pouvoir, cette famille tchétchène radicalisée avait été interpellée par la police aux frontières. Les policiers avaient donc fait leur travail. C’est le gouvernement socialiste de l’époque qui, sous la pression de vos amis, y compris des associations qui vous soutiennent, a fait libérer cette famille !

La motion n'est pas adoptée.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Vous avez fait pression sur les services du ministère de l'intérieur, vous n'avez pas respecté le travail du préfet de la région Bretagne, vous n'avez pas respecté de travail de la police aux frontières et, sur inquisition politique, vous avez demandé au droit français de reculer ! Vous avez fait libérer – vous et vos amis – cette famille !

Si vous devez faire un réquisitoire aujourd'hui, faites plutôt celui de la pression politique que la gauche a jadis exercée quand M. Valls était ministre de l'intérieur ! Ses services avaient en effet très bien travaillé. S'il y a un drame avec cette attaque d'Arras, madame de La Gontrie, c'est d'avoir soutenu la proposition de libération de ces personnes !

Protesta tions sur les travées du groupe SER.

Photo de Gérard Larcher

Je mets aux voix la motion n° 53 rectifié, tendant au renvoi à la commission.

Photo de Gérard Larcher

Dans la suite de la discussion générale, la parole est à M. Stéphane Ravier.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Vous avez fait pression sur les services du ministère de l’intérieur, vous n’avez pas respecté le travail du préfet de la région Bretagne, vous n’avez pas respecté de travail de la police aux frontières et, sur inquisition politique, vous avez demandé au droit français de reculer ! Vous avez fait libérer – vous et vos amis – cette famille !

Si vous devez faire un réquisitoire aujourd’hui, faites plutôt celui de la pression politique que la gauche a jadis exercée quand M. Valls était ministre de l’intérieur ! Ses services avaient en effet très bien travaillé. S’il y a un drame avec cette attaque d’Arras, madame de La Gontrie, c’est d’avoir soutenu la proposition de libération de ces personnes !

Photo de Stéphane Ravier

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, plus de 2 millions d'étrangers sont entrés sur le territoire français sous la Macronie, soit l'équivalent de la ville de Paris

Selon l'Observatoire de l'immigration et de la démographie (OID), entre 700 000 et 900 000 clandestins vivent sur notre sol. C'est l'équivalent de la population de Marseille.

Par ailleurs, 95 % des OQTF ne sont pas exécutées.

De plus, 423 000 clandestins bénéficient de l'aide médicale de l'État. C'est près de 20 000 bénéficiaires supplémentaires en seulement six mois ! Cela nous coûte 1, 2 milliard d'euros par an.

Selon l'Assemblée des départements de France (ADF), il y aurait plus de 40 000 prétendus mineurs non accompagnés pour un coût annuel moyen de 50 000 euros par mineur, soit 2 milliards d'euros par an à la charge du contribuable français !

Par ailleurs, selon l'Insee, sur les 2, 6 millions d'Algériens vivant sur notre sol, 42 % sont chômeurs ou inactifs tout en bénéficiant de la panoplie des aides sociales dont ils ne sont pas contributeurs.

Discussion générale

Photo de Gérard Larcher

Je mets aux voix la motion n° 53 rectifié, tendant au renvoi à la commission.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Vous avez fait pression sur les services du ministère de l’intérieur, vous n’avez pas respecté le travail du préfet de la région Bretagne, vous n’avez pas respecté de travail de la police aux frontières et, sur inquisition politique, vous avez demandé au droit français de reculer ! Vous avez fait libérer – vous et vos amis – cette famille !

Si vous devez faire un réquisitoire aujourd’hui, faites plutôt celui de la pression politique que la gauche a jadis exercée quand M. Valls était ministre de l’intérieur ! Ses services avaient en effet très bien travaillé. S’il y a un drame avec cette attaque d’Arras, madame de La Gontrie, c’est d’avoir soutenu la proposition de libération de ces personnes !

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Dans la suite de la discussion générale, la parole est à M. Stéphane Ravier.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Je mets aux voix la motion n° 53 rectifié, tendant au renvoi à la commission.

Photo de Stéphane Ravier

Alors que la France n'est plus un eldorado, mais est un radeau, l'immigration coûte, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 35 milliards d'euros aux finances publiques françaises chaque année, soit l'équivalent du double des économies de la réforme des retraites réalisées jusqu'en 2027 !

Cette immigration a également un coût sécuritaire effarant : les étrangers représentent 10 % de la population totale de la France, mais 25 % de la population carcérale et sont responsables de 50 % de la délinquance et de la criminalité !

La réalité est encore plus scandaleuse, car ces chiffres ne prennent pas en compte les binationaux, qui, comme Mohammed Merah, a assassiné des enfants juifs, parce que juifs, et des soldats français, parce que français !

Parmi le flot des faux réfugiés et vrais clandestins, on compte les terroristes du Bataclan, l'assassin de Laura et de Mauranne à Marseille, de Samuel Paty, de Nadine, de Vincent et de Simone dans la basilique de Nice, de Lola, de Dominique Bernard, de Fabienne, très récemment à Lille.

La natalité française s'effondre pendant que la natalité exogène explose chez nous ! Près d'un tiers des enfants nés en 2021 ont au moins un parent né à l'étranger. Cette réalité de la submersion migratoire et de la balance démographique a un nom : le grand remplacement !

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, plus de 2 millions d'étrangers sont entrés sur le territoire français sous la Macronie, soit l'équivalent de la ville de Paris

Selon l'Observatoire de l'immigration et de la démographie (OID), entre 700 000 et 900 000 clandestins vivent sur notre sol. C'est l'équivalent de la population de Marseille.

Par ailleurs, 95 % des OQTF ne sont pas exécutées.

De plus, 423 000 clandestins bénéficient de l'aide médicale de l'État. C'est près de 20 000 bénéficiaires supplémentaires en seulement six mois ! Cela nous coûte 1, 2 milliard d'euros par an.

Selon l'Assemblée des départements de France (ADF), il y aurait plus de 40 000 prétendus mineurs non accompagnés pour un coût annuel moyen de 50 000 euros par mineur, soit 2 milliards d'euros par an à la charge du contribuable français !

Par ailleurs, selon l'Insee, sur les 2, 6 millions d'Algériens vivant sur notre sol, 42 % sont chômeurs ou inactifs tout en bénéficiant de la panoplie des aides sociales dont ils ne sont pas contributeurs.

Discussion générale

Protestations sur les travées des groupes SER et CRCE-K. – M. Ahmed Laouedj proteste également.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Dans la suite de la discussion générale, la parole est à M. Stéphane Ravier.

Discussion générale

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

C'est un grand remplacement cultuel et civilisationnel : nous sommes passés de 100 mosquées en 1970 à 3 000 aujourd'hui, si bien que la vie de certains quartiers, de certaines villes de France, est rythmée aux heures de la prière et des us et coutumes islamiques, et que les manifestations de soutien au Hamas se multiplient à travers tout le pays aux cris de « Allah Akbar » motivées par la haine des Juifs et la détestation de la France.

Voilà le bilan suicidaire de votre politique d'immigration, mes chers collègues, car vous êtes tous responsables de ce désastre, de cette folie !

À gauche, pour être passé du parti de l'étranger au parti des étrangers, et bien sûr, on s'en félicite !

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

Alors que la France n'est plus un eldorado, mais est un radeau, l'immigration coûte, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 35 milliards d'euros aux finances publiques françaises chaque année, soit l'équivalent du double des économies de la réforme des retraites réalisées jusqu'en 2027 !

Cette immigration a également un coût sécuritaire effarant : les étrangers représentent 10 % de la population totale de la France, mais 25 % de la population carcérale et sont responsables de 50 % de la délinquance et de la criminalité !

La réalité est encore plus scandaleuse, car ces chiffres ne prennent pas en compte les binationaux, tel Mohammed Merah, qui a assassiné des enfants juifs, parce que juifs, et des soldats français, parce que français !

Parmi le flot des faux réfugiés et vrais clandestins, on compte les terroristes du Bataclan, l'assassin de Laura et de Mauranne à Marseille, de Samuel Paty, de Nadine, de Vincent et de Simone dans la basilique de Nice, de Lola, de Dominique Bernard, de Fabienne, très récemment à Lille.

La natalité française s'effondre pendant que la natalité exogène explose chez nous ! Près d'un tiers des enfants nés en 2021 ont au moins un parent né à l'étranger. Cette réalité de la submersion migratoire et de la balance démographique a un nom : le grand remplacement !

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, plus de 2 millions d’étrangers sont entrés sur le territoire français sous la Macronie, soit l’équivalent de la ville de Paris

Selon l’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID), entre 700 000 et 900 000 clandestins vivent sur notre sol. C’est l’équivalent de la population de Marseille.

Par ailleurs, 95 % des OQTF ne sont pas exécutées.

De plus, 423 000 clandestins bénéficient de l’aide médicale de l’État. C’est près de 20 000 bénéficiaires supplémentaires en seulement six mois ! Cela nous coûte 1, 2 milliard d’euros par an.

Selon l’Assemblée des départements de France (ADF), il y aurait plus de 40 000 prétendus mineurs non accompagnés pour un coût annuel moyen de 50 000 euros par mineur, soit 2 milliards d’euros par an à la charge du contribuable français !

Par ailleurs, selon l’Insee, sur les 2, 6 millions d’Algériens vivant sur notre sol, 42 % sont chômeurs ou inactifs tout en bénéficiant de la panoplie des aides sociales dont ils ne sont pas contributeurs.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, plus de 2 millions d’étrangers sont entrés sur le territoire français sous la Macronie, soit l’équivalent de la ville de Paris.

Selon l’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID), entre 700 000 et 900 000 clandestins vivent sur notre sol. C’est l’équivalent de la population de Marseille.

Par ailleurs, 95 % des OQTF ne sont pas exécutées.

De plus, 423 000 clandestins bénéficient de l’aide médicale de l’État. C’est près de 20 000 bénéficiaires supplémentaires en seulement six mois ! Cela nous coûte 1, 2 milliard d’euros par an.

Selon l’Assemblée des départements de France (ADF), il y aurait plus de 40 000 prétendus mineurs non accompagnés pour un coût annuel moyen de 50 000 euros par mineur, soit 2 milliards d’euros par an à la charge du contribuable français !

Par ailleurs, selon l’Insee, sur les 2, 6 millions d’Algériens vivant sur notre sol, 42 % sont chômeurs ou inactifs tout en bénéficiant de la panoplie des aides sociales dont ils ne sont pas contributeurs.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Dans la suite de la discussion générale, la parole est à M. Stéphane Ravier.

Ah ! sur les travées des groupes CRCE-K et SER.

Protestations sur les travées des groupes SER et CRCE-K. – M. Ahmed Laouedj proteste également.

Protestations sur les travées des grou pes SER et CRCE-K. – M. Ahmed Laouedj proteste également.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, plus de 2 millions d’étrangers sont entrés sur le territoire français sous la Macronie, soit l’équivalent de la ville de Paris.

Selon l’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID), entre 700 000 et 900 000 clandestins vivent sur notre sol. C’est l’équivalent de la population de Marseille.

Par ailleurs, 95 % des OQTF ne sont pas exécutées.

De plus, 423 000 clandestins bénéficient de l’aide médicale de l’État. C’est près de 20 000 bénéficiaires supplémentaires en seulement six mois ! Cela nous coûte 1, 2 milliard d’euros par an.

Selon l’Assemblée des départements de France (ADF), il y aurait plus de 40 000 prétendus mineurs non accompagnés pour un coût annuel moyen de 50 000 euros par mineur, soit 2 milliards d’euros par an à la charge du contribuable français !

Par ailleurs, selon l’Insee, sur les 2, 6 millions d’Algériens vivant sur notre sol, 42 % sont chômeurs ou inactifs tout en bénéficiant de la panoplie des aides sociales dont ils ne sont pas contributeurs.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

À droite, après trente ans de naïveté, de déni, mais aussi de soutien et de petits calculs électoraux, on s'en inquiète enfin…

Plutôt que de vouloir sauver les apparences, je vous conjure de sauver la France, ce sont les Français eux-mêmes qui vous le demandent !

Mes chers collègues, j'en appelle à votre courage et à l'union.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

C'est un grand remplacement cultuel et civilisationnel : nous sommes passés de cent mosquées en 1970 à trois mille aujourd'hui, si bien que la vie de certains quartiers, de certaines villes de France, est rythmée par les heures de la prière et les us et coutumes islamiques, et que les manifestations de soutien au Hamas se multiplient à travers tout le pays aux cris de « Allah Akbar » motivées par la haine des Juifs et la détestation de la France.

Voilà le bilan suicidaire de votre politique d'immigration, mes chers collègues, car vous êtes tous responsables de ce désastre, de cette folie !

À gauche, pour être passé du parti de l'étranger au parti des étrangers, et bien sûr, on s'en félicite !

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

Alors que la France n’est plus un eldorado, mais est un radeau, l’immigration coûte, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 35 milliards d’euros aux finances publiques françaises chaque année, soit l’équivalent du double des économies de la réforme des retraites réalisées jusqu’en 2027 !

Cette immigration a également un coût sécuritaire effarant : les étrangers représentent 10 % de la population totale de la France, mais 25 % de la population carcérale et sont responsables de 50 % de la délinquance et de la criminalité !

La réalité est encore plus scandaleuse, car ces chiffres ne prennent pas en compte les binationaux, tel Mohammed Merah, qui a assassiné des enfants juifs, parce que juifs, et des soldats français, parce que français !

Parmi le flot des faux réfugiés et vrais clandestins, on compte les terroristes du Bataclan, l’assassin de Laura et de Mauranne à Marseille, de Samuel Paty, de Nadine, de Vincent et de Simone dans la basilique de Nice, de Lola, de Dominique Bernard, de Fabienne, très récemment à Lille.

La natalité française s’effondre pendant que la natalité exogène explose chez nous ! Près d’un tiers des enfants nés en 2021 ont au moins un parent né à l’étranger. Cette réalité de la submersion migratoire et de la balance démographique a un nom : le grand remplacement !

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

Alors que la France n’est plus un eldorado, mais est un radeau, l’immigration coûte, selon l’OCDE, 35 milliards d’euros aux finances publiques françaises chaque année, soit l’équivalent du double des économies de la réforme des retraites réalisées jusqu’en 2027 !

Cette immigration a également un coût sécuritaire effarant : les étrangers représentent 10 % de la population totale de la France, mais 25 % de la population carcérale et sont responsables de 50 % de la délinquance et de la criminalité !

La réalité est encore plus scandaleuse, car ces chiffres ne prennent pas en compte les binationaux, tel Mohammed Merah, qui a assassiné des enfants juifs, parce que juifs, et des soldats français, parce que français !

Parmi le flot des faux réfugiés et vrais clandestins, on compte les terroristes du Bataclan, l’assassin de Laura et de Mauranne à Marseille, de Samuel Paty, de Nadine, de Vincent et de Simone dans la basilique de Nice, de Lola, de Dominique Bernard, de Fabienne, très récemment à Lille.

La natalité française s’effondre pendant que la natalité exogène explose chez nous ! Près d’un tiers des enfants nés en 2021 ont au moins un parent né à l’étranger. Cette réalité de la submersion migratoire et de la balance démographique a un nom : le grand remplacement !

Protestations sur les travées des grou pes SER et CRCE-K. – M. Ahmed Laouedj proteste également.

Ah ! sur les travées des groupes CRCE-K et SER.

Ah ! sur les travées des groupes CRCE-K et SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

Alors que la France n’est plus un eldorado, mais est un radeau, l’immigration coûte, selon l’OCDE, 35 milliards d’euros aux finances publiques françaises chaque année, soit l’équivalent du double des économies de la réforme des retraites réalisées jusqu’en 2027 !

Cette immigration a également un coût sécuritaire effarant : les étrangers représentent 10 % de la population totale de la France, mais 25 % de la population carcérale et sont responsables de 50 % de la délinquance et de la criminalité !

La réalité est encore plus scandaleuse, car ces chiffres ne prennent pas en compte les binationaux, tel Mohammed Merah, qui a assassiné des enfants juifs, parce que juifs, et des soldats français, parce que français !

Parmi le flot des faux réfugiés et vrais clandestins, on compte les terroristes du Bataclan, l’assassin de Laura et de Mauranne à Marseille, de Samuel Paty, de Nadine, de Vincent et de Simone dans la basilique de Nice, de Lola, de Dominique Bernard, de Fabienne, très récemment à Lille.

La natalité française s’effondre pendant que la natalité exogène explose chez nous ! Près d’un tiers des enfants nés en 2021 ont au moins un parent né à l’étranger. Cette réalité de la submersion migratoire et de la balance démographique a un nom : le grand remplacement !

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

À droite, après trente ans de naïveté, de déni, mais aussi de soutien et de petits calculs électoraux, on s'en inquiète enfin…

Plutôt que de vouloir sauver les apparences, je vous conjure de sauver la France : ce sont les Français eux-mêmes qui vous le demandent !

Mes chers collègues, j'en appelle à votre courage et à l'union.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

C’est un grand remplacement cultuel et civilisationnel : nous sommes passés de cent mosquées en 1970 à trois mille aujourd’hui, si bien que la vie de certains quartiers, de certaines villes de France, est rythmée par les heures de la prière et les us et coutumes islamiques, et que les manifestations de soutien au Hamas se multiplient à travers tout le pays aux cris de « Allah Akbar » motivées par la haine des Juifs et la détestation de la France.

Voilà le bilan suicidaire de votre politique d’immigration, mes chers collègues, car vous êtes tous responsables de ce désastre, de cette folie !

À gauche, pour être passé du parti de l’étranger au parti des étrangers, et bien sûr, on s’en félicite !

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

C’est un grand remplacement cultuel et civilisationnel : nous sommes passés de cent mosquées en 1970 à trois mille aujourd’hui, si bien que la vie de certains quartiers, de certaines villes de France, est rythmée par les heures de la prière et les us et coutumes islamiques, et que les manifestations de soutien au Hamas se multiplient à travers tout le pays aux cris de « Allah Akbar » motivées par la haine des Juifs et la détestation de la France.

Voilà le bilan suicidaire de votre politique d’immigration, mes chers collègues, car vous êtes tous responsables de ce désastre, de cette folie !

À gauche, pour être passé du parti de l’étranger au parti des étrangers et, bien sûr, on s’en félicite !

Ah ! sur les travées des groupes CRCE-K et SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

M. Stéphane Ravier. Ensemble, faisons de cette trentième loi sur l'immigration la première et unique loi sur la non-immigration, pour que vive la France française dans une Europe européenne !

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

C’est un grand remplacement cultuel et civilisationnel : nous sommes passés de cent mosquées en 1970 à trois mille aujourd’hui, si bien que la vie de certains quartiers, de certaines villes de France, est rythmée par les heures de la prière et les us et coutumes islamiques, et que les manifestations de soutien au Hamas se multiplient à travers tout le pays aux cris de « Allah Akbar » motivées par la haine des Juifs et la détestation de la France.

Voilà le bilan suicidaire de votre politique d’immigration, mes chers collègues, car vous êtes tous responsables de ce désastre, de cette folie !

À gauche, pour être passé du parti de l’étranger au parti des étrangers et, bien sûr, on s’en félicite !

Protestations sur les travées des groupes SER et CRCE-K.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

À droite, après trente ans de naïveté, de déni, mais aussi de soutien et de petits calculs électoraux, on s’en inquiète enfin…

Plutôt que de vouloir sauver les apparences, je vous conjure de sauver la France : ce sont les Français eux-mêmes qui vous le demandent !

Mes chers collègues, j’en appelle à votre courage et à l’union.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

M. Stéphane Ravier. Ensemble, faisons de cette trentième loi sur l'immigration la première et unique loi sur la non-immigration, pour que vive la France française dans une Europe européenne !

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

À droite, après trente ans de naïveté, de déni, mais aussi de soutien et de petits calculs électoraux, on s’en inquiète enfin…

Plutôt que de vouloir sauver les apparences, je vous conjure de sauver la France : ce sont les Français eux-mêmes qui vous le demandent !

Mes chers collègues, j’en appelle à votre courage et à l’union.

Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.

Exclamations sur les travées des groupes SER et CRCE-K.

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, il y a plus de trente ans, François Mitterrand estimait que les capacités maximales d'accueil des immigrés en France avaient été atteintes dès les années 1970.

Ne pas réussir à gérer la question migratoire depuis des décennies apparaît aux yeux de nos concitoyens comme la démonstration de l'impuissance de l'État.

En 2022, les franchissements illégaux de nos frontières extérieures ont bondi de 64 % par rapport à 2021. Ils sont encore en augmentation en 2023. Les États, y compris au sein de Frontex, ne déploient pas suffisamment de moyens pour faire face à cet afflux.

L'immigration légale connaît, elle aussi, une forte progression au sein des pays de l'OCDE : 300 000 immigrés permanents en France pour la seule année 2022. Ce chiffre bat le record des quinze dernières années.

Malgré cela, certains continuent d'appeler à ouvrir grand nos portes, prétendant ainsi défendre les droits de l'homme et la voix du peuple. C'est illusoire et même dangereux.

C'est illusoire, d'abord, car nous n'avons pas les moyens d'accueillir tout le monde dans des conditions décentes et dignes.

C'est dangereux, ensuite, parce que plus de 71 % de nos concitoyens considèrent qu'il y a trop d'immigrés en France : nos compatriotes ne souhaitent pas d'immigration massive.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

M. Stéphane Ravier. Ensemble, faisons de cette trentième loi sur l’immigration la première et unique loi sur la non-immigration, pour que vive la France française dans une Europe européenne !

Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.

Exclamations sur les travées des groupes SER et CRCE-K.

Exclamati ons sur les travées des groupes SER et CRCE-K.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

M. Stéphane Ravier. Ensemble, faisons de cette trentième loi sur l’immigration la première et unique loi sur la non-immigration, pour que vive la France française dans une Europe européenne !

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

Conscients de cela, nous devons aussi garder en mémoire les conséquences politiques des vagues migratoires depuis 2015 en Europe.

La Grèce aurait procédé à des refoulements illégaux, la Pologne a géré avec beaucoup de fermeté la crise provoquée par la Biélorussie, la Hongrie a construit un mur de barbelés, le Royaume-Uni et le Danemark ont envisagé de renvoyer leurs migrants vers le Rwanda. La France n'a jamais recouru à de tels procédés.

Les crises géopolitiques s'enchaînent : au Moyen-Orient, au Sahel, en Afrique subsaharienne et demain dans le golfe de Guinée. Il est à craindre que les flux migratoires vers l'Europe continuent de s'accroître.

Bien encadrée, l'immigration peut être une chance pour nous tous lorsqu'elle aboutit à l'intégration. En revanche, il est malhonnête de prétendre qu'une immigration insuffisamment maîtrisée n'est pas source de difficultés.

Notre Nation fait face à un déficit de cohésion. L'accueil d'étrangers désireux de nous rejoindre ne peut pas se faire au prix de l'affaiblissement de nos valeurs. Nous devons absolument reprendre le contrôle. Le projet de loi que nous examinons y contribue.

Il aggrave, en premier lieu, les sanctions contre les passeurs, contre tous ceux qui facilitent l'immigration illégale sur notre territoire. Les sanctions prévues sont lourdes et dissuasives. Elles devront être appliquées.

Le texte renforce ensuite les possibilités d'expulsion des étrangers dangereux. Aucun de nos compatriotes ne peut plus comprendre ni accepter que de tels individus se maintiennent sur notre territoire.

Ceux qui représentent une menace grave pour l'ordre public, ceux qui ont été condamnés pour des infractions à la loi pénale, ceux-là n'ont pas leur place en France. Ces mesures protégeront davantage nos concitoyens et permettront une meilleure intégration des étrangers respectueux de nos lois.

Dans le même esprit, nous nous félicitons que l'engagement républicain soit remis au centre de notre politique migratoire. L'égalité femme-homme, la laïcité, le respect de la liberté, des valeurs et des symboles de la République ne sont pas des éléments négociables. Il appartient à ceux qui veulent venir dans notre pays d'en embrasser la culture et les valeurs.

Le projet de loi renforce également les exigences relatives à la maîtrise de la langue française. C'est l'une des clefs de l'intégration des immigrés à notre société. L'autre clef est bien entendu le travail.

L'article 3 est sans doute le plus polémique du texte. Nous attendons des débats à venir qu'ils nous permettent de trouver un point d'équilibre entre, d'une part, des situations d'ores et déjà existantes dans notre pays et, d'autre part, la nécessité de ne pas créer d'appel d'air.

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, il y a plus de trente ans, François Mitterrand estimait que les capacités maximales d'accueil des immigrés en France avaient été atteintes dès les années 1970.

Ne pas réussir à gérer la question migratoire depuis des décennies apparaît aux yeux de nos concitoyens comme la démonstration de l'impuissance de l'État.

En 2022, les franchissements illégaux de nos frontières extérieures ont bondi de 64 % par rapport à 2021. Ils sont encore en augmentation en 2023. Les États, y compris au sein de Frontex, ne déploient pas suffisamment de moyens pour faire face à cet afflux.

L'immigration légale connaît, elle aussi, une forte progression au sein des pays de l'OCDE : 300 000 immigrés permanents en France pour la seule année 2022. Ce chiffre bat le record des quinze dernières années.

Malgré cela, certains continuent d'appeler à ouvrir grand nos portes, prétendant ainsi défendre les droits de l'homme et la voix du peuple. C'est illusoire et même dangereux.

C'est illusoire, d'abord, car nous n'avons pas les moyens d'accueillir tout le monde dans des conditions décentes et dignes.

C'est dangereux, ensuite, parce que plus de 71 % de nos concitoyens considèrent qu'il y a trop d'immigrés en France : nos compatriotes ne souhaitent pas d'immigration massive.

Exclamati ons sur les travées des groupes SER et CRCE-K.

Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.

Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

L'histoire de notre pays et sa démographie nous conduisent à mener une politique d'accueil maîtrisée. Nous devons absolument veiller à l'exécution des lois que nous votons et à celle des décisions rendues par la justice et par nos tribunaux.

Nous appelons de nos vœux une politique d'immigration choisie. Nous souhaitons que les immigrés admis à vivre dans notre pays travaillent et qu'ils soient accueillis en fonction des besoins de notre économie, c'est-à-dire de notre société. C'est cela qui leur permettra la meilleure intégration.

Parmi les besoins de notre société se trouvent, bien sûr, les métiers en tension du médico-social. Le projet de loi prévoit plusieurs mesures à même de soulager le manque de personnel. Il n'y a pas que des patrons voyous : il y a aussi beaucoup de patrons qui veulent régulariser leur personnel.

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

Conscients de cela, nous devons aussi garder en mémoire les conséquences politiques des vagues migratoires depuis 2015 en Europe.

La Grèce aurait procédé à des refoulements illégaux, la Pologne a géré avec beaucoup de fermeté la crise provoquée par la Biélorussie, la Hongrie a construit un mur de barbelés, le Royaume-Uni et le Danemark ont envisagé de renvoyer leurs migrants vers le Rwanda. La France n'a jamais recouru à de tels procédés.

Les crises géopolitiques s'enchaînent : au Moyen-Orient, au Sahel, en Afrique subsaharienne et demain dans le golfe de Guinée. Il est à craindre que les flux migratoires vers l'Europe continuent de s'accroître.

Bien encadrée, l'immigration peut être une chance pour nous tous lorsqu'elle aboutit à l'intégration. En revanche, il est malhonnête de prétendre qu'une immigration insuffisamment maîtrisée n'est pas source de difficultés.

Notre nation fait face à un déficit de cohésion. L'accueil d'étrangers désireux de nous rejoindre ne peut pas se faire au prix de l'affaiblissement de nos valeurs. Nous devons absolument reprendre le contrôle. Le projet de loi que nous examinons y contribue.

Il aggrave, en premier lieu, les sanctions contre les passeurs, contre tous ceux qui facilitent l'immigration illégale sur notre territoire. Les sanctions prévues sont lourdes et dissuasives. Elles devront être appliquées.

Le texte renforce ensuite les possibilités d'expulsion des étrangers dangereux. Aucun de nos compatriotes ne peut plus comprendre ni accepter que de tels individus se maintiennent sur notre territoire.

Ceux qui représentent une menace grave pour l'ordre public, ceux qui ont été condamnés pour des infractions à la loi pénale, ceux-là n'ont pas leur place en France. Ces mesures protégeront davantage nos concitoyens et permettront une meilleure intégration des étrangers respectueux de nos lois.

Dans le même esprit, nous nous félicitons que l'engagement républicain soit remis au centre de notre politique migratoire. L'égalité femme-homme, la laïcité, le respect de la liberté, des valeurs et des symboles de la République ne sont pas des éléments négociables. Il appartient à ceux qui veulent venir dans notre pays d'en embrasser la culture et les valeurs.

Le projet de loi renforce également les exigences relatives à la maîtrise de la langue française. C'est l'une des clefs de l'intégration des immigrés à notre société. L'autre clef est bien entendu le travail.

L'article 3 est sans doute le plus polémique du texte. Nous attendons des débats à venir qu'ils nous permettent de trouver un point d'équilibre entre, d'une part, des situations d'ores et déjà existantes dans notre pays et, d'autre part, la nécessité de ne pas créer d'appel d'air.

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, il y a plus de trente ans, François Mitterrand estimait que les capacités maximales d’accueil des immigrés en France avaient été atteintes dès les années 1970.

Ne pas réussir à gérer la question migratoire depuis des décennies apparaît aux yeux de nos concitoyens comme la démonstration de l’impuissance de l’État.

En 2022, les franchissements illégaux de nos frontières extérieures ont bondi de 64 % par rapport à 2021. Ils sont encore en augmentation en 2023. Les États, y compris au sein de Frontex, ne déploient pas suffisamment de moyens pour faire face à cet afflux.

L’immigration légale connaît, elle aussi, une forte progression au sein des pays de l’OCDE : 300 000 immigrés permanents en France pour la seule année 2022. Ce chiffre bat le record des quinze dernières années.

Malgré cela, certains continuent d’appeler à ouvrir grand nos portes, prétendant ainsi défendre les droits de l’homme et la voix du peuple. C’est illusoire et même dangereux.

C’est illusoire, d’abord, car nous n’avons pas les moyens d’accueillir tout le monde dans des conditions décentes et dignes.

C’est dangereux, ensuite, parce que plus de 71 % de nos concitoyens considèrent qu’il y a trop d’immigrés en France : nos compatriotes ne souhaitent pas d’immigration massive.

Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.

M. le ministre acquiesce.

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, il y a plus de trente ans, François Mitterrand estimait que les capacités maximales d’accueil des immigrés en France avaient été atteintes dès les années 1970.

Ne pas réussir à gérer la question migratoire depuis des décennies apparaît aux yeux de nos concitoyens comme la démonstration de l’impuissance de l’État.

En 2022, les franchissements illégaux de nos frontières extérieures ont bondi de 64 % par rapport à 2021. Ils sont encore en augmentation en 2023. Les États, y compris au sein de Frontex, ne déploient pas suffisamment de moyens pour faire face à cet afflux.

L’immigration légale connaît, elle aussi, une forte progression au sein des pays de l’OCDE : 300 000 immigrés permanents en France pour la seule année 2022. Ce chiffre bat le record des quinze dernières années.

Malgré cela, certains continuent d’appeler à ouvrir grand nos portes, prétendant ainsi défendre les droits de l’homme et la voix du peuple. C’est illusoire et même dangereux.

C’est illusoire, d’abord, car nous n’avons pas les moyens d’accueillir tout le monde dans des conditions décentes et dignes.

C’est dangereux, ensuite, parce que plus de 71 % de nos concitoyens considèrent qu’il y a trop d’immigrés en France : nos compatriotes ne souhaitent pas d’immigration massive.

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

La question migratoire concerne tant la France que ses partenaires européens. Seuls les grands ensembles peuvent répondre efficacement aux grands défis de notre temps.

Dans le cadre de la définition de sa politique migratoire, l'Union européenne doit travailler à soulager les États membres qui sont en première ligne. La France en fait partie. Avec nos partenaires, nous devons ensuite négocier avec plus de fermeté les accords de réadmission afin de renforcer nos capacités de reconduite vers les pays d'origine.

Si nous ne parvenons pas à garder efficacement nos frontières, si nous échouons à faire correspondre l'immigration aux besoins de nos sociétés, les Européens sont condamnés à la division et donc à l'impuissance.

Ce texte nécessaire et attendu constitue une première réponse aux attentes de nos concitoyens. Nous devrons, lors de l'examen prochain du budget, veiller à accroître nos moyens à la hauteur de nos ambitions.

Le groupe Les Indépendants - République et Territoires soutient l'adoption de ce projet de loi.

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

L'histoire de notre pays et sa démographie nous conduisent à mener une politique d'accueil maîtrisée. Nous devons absolument veiller à l'exécution des lois que nous votons et à celle des décisions rendues par la justice et par nos tribunaux.

Nous appelons de nos vœux une politique d'immigration choisie. Nous souhaitons que les immigrés admis à vivre dans notre pays travaillent et qu'ils soient accueillis en fonction des besoins de notre économie, c'est-à-dire de notre société. C'est cela qui leur permettra la meilleure intégration.

Parmi les besoins de notre société se trouvent, bien sûr, les métiers en tension du médico-social. Le projet de loi prévoit plusieurs mesures à même de soulager le manque de personnel. Il n'y a pas que des patrons voyous : il y a aussi beaucoup de patrons qui veulent régulariser leur personnel.

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

Conscients de cela, nous devons aussi garder en mémoire les conséquences politiques des vagues migratoires depuis 2015 en Europe.

La Grèce aurait procédé à des refoulements illégaux, la Pologne a géré avec beaucoup de fermeté la crise provoquée par la Biélorussie, la Hongrie a construit un mur de barbelés, le Royaume-Uni et le Danemark ont envisagé de renvoyer leurs migrants vers le Rwanda. La France n’a jamais recouru à de tels procédés.

Les crises géopolitiques s’enchaînent : au Moyen-Orient, au Sahel, en Afrique subsaharienne et demain dans le golfe de Guinée. Il est à craindre que les flux migratoires vers l’Europe continuent de s’accroître.

Bien encadrée, l’immigration peut être une chance pour nous tous lorsqu’elle aboutit à l’intégration. En revanche, il est malhonnête de prétendre qu’une immigration insuffisamment maîtrisée n’est pas source de difficultés.

Notre nation fait face à un déficit de cohésion. L’accueil d’étrangers désireux de nous rejoindre ne peut pas se faire au prix de l’affaiblissement de nos valeurs. Nous devons absolument reprendre le contrôle. Le projet de loi que nous examinons y contribue.

Il aggrave, en premier lieu, les sanctions contre les passeurs, contre tous ceux qui facilitent l’immigration illégale sur notre territoire. Les sanctions prévues sont lourdes et dissuasives. Elles devront être appliquées.

Le texte renforce ensuite les possibilités d’expulsion des étrangers dangereux. Aucun de nos compatriotes ne peut plus comprendre ni accepter que de tels individus se maintiennent sur notre territoire.

Ceux qui représentent une menace grave pour l’ordre public, ceux qui ont été condamnés pour des infractions à la loi pénale, ceux-là n’ont pas leur place en France. Ces mesures protégeront davantage nos concitoyens et permettront une meilleure intégration des étrangers respectueux de nos lois.

Dans le même esprit, nous nous félicitons que l’engagement républicain soit remis au centre de notre politique migratoire. L’égalité femme-homme, la laïcité, le respect de la liberté, des valeurs et des symboles de la République ne sont pas des éléments négociables. Il appartient à ceux qui veulent venir dans notre pays d’en embrasser la culture et les valeurs.

Le projet de loi renforce également les exigences relatives à la maîtrise de la langue française. C’est l’une des clefs de l’intégration des immigrés à notre société. L’autre clef est bien entendu le travail.

L’article 3 est sans doute le plus polémique du texte. Nous attendons des débats à venir qu’ils nous permettent de trouver un point d’équilibre entre, d’une part, des situations d’ores et déjà existantes dans notre pays et, d’autre part, la nécessité de ne pas créer d’appel d’air.

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

Conscients de cela, nous devons aussi garder en mémoire les conséquences politiques des vagues migratoires depuis 2015 en Europe.

La Grèce aurait procédé à des refoulements illégaux, la Pologne a géré avec beaucoup de fermeté la crise provoquée par la Biélorussie, la Hongrie a construit un mur de barbelés, le Royaume-Uni et le Danemark ont envisagé de renvoyer leurs migrants vers le Rwanda. La France n’a jamais recouru à de tels procédés.

Les crises géopolitiques s’enchaînent : au Moyen-Orient, au Sahel, en Afrique subsaharienne et demain dans le golfe de Guinée. Il est à craindre que les flux migratoires vers l’Europe continuent de s’accroître.

Bien encadrée, l’immigration peut être une chance pour nous tous lorsqu’elle aboutit à l’intégration. En revanche, il est malhonnête de prétendre qu’une immigration insuffisamment maîtrisée n’est pas source de difficultés.

Notre nation fait face à un déficit de cohésion. L’accueil d’étrangers désireux de nous rejoindre ne peut pas se faire au prix de l’affaiblissement de nos valeurs. Nous devons absolument reprendre le contrôle. Le projet de loi que nous examinons y contribue.

Ce texte aggrave, d’abord, les sanctions contre les passeurs, contre tous ceux qui facilitent l’immigration illégale sur notre territoire. Les sanctions prévues sont lourdes et dissuasives. Elles devront être appliquées.

Il renforce ensuite les possibilités d’expulsion des étrangers dangereux. Aucun de nos compatriotes ne peut plus comprendre ni accepter que de tels individus se maintiennent sur notre territoire.

Ceux qui représentent une menace grave pour l’ordre public, ceux qui ont été condamnés pour des infractions à la loi pénale, ceux-là n’ont pas leur place en France. Ces mesures protégeront davantage nos concitoyens et permettront une meilleure intégration des étrangers respectueux de nos lois.

Dans le même esprit, nous nous félicitons que l’engagement républicain soit remis au centre de notre politique migratoire. L’égalité femme-homme, la laïcité, le respect de la liberté, des valeurs et des symboles de la République ne sont pas des éléments négociables. Il appartient à ceux qui veulent venir dans notre pays d’en embrasser la culture et les valeurs.

Le projet de loi renforce également les exigences relatives à la maîtrise de la langue française. C’est l’une des clés de l’intégration des immigrés à notre société. L’autre clé est bien entendu le travail.

L’article 3 est sans doute le plus polémique du texte. Nous attendons des débats à venir qu’ils nous permettent de trouver un point d’équilibre entre, d’une part, des situations d’ores et déjà existantes dans notre pays et, d’autre part, la nécessité de ne pas créer d’appel d’air.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à Mme Isabelle Florennes.

M. le ministre acquiesce.

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

Conscients de cela, nous devons aussi garder en mémoire les conséquences politiques des vagues migratoires depuis 2015 en Europe.

La Grèce aurait procédé à des refoulements illégaux, la Pologne a géré avec beaucoup de fermeté la crise provoquée par la Biélorussie, la Hongrie a construit un mur de barbelés, le Royaume-Uni et le Danemark ont envisagé de renvoyer leurs migrants vers le Rwanda. La France n’a jamais recouru à de tels procédés.

Les crises géopolitiques s’enchaînent : au Moyen-Orient, au Sahel, en Afrique subsaharienne et demain dans le golfe de Guinée. Il est à craindre que les flux migratoires vers l’Europe continuent de s’accroître.

Bien encadrée, l’immigration peut être une chance pour nous tous lorsqu’elle aboutit à l’intégration. En revanche, il est malhonnête de prétendre qu’une immigration insuffisamment maîtrisée n’est pas source de difficultés.

Notre nation fait face à un déficit de cohésion. L’accueil d’étrangers désireux de nous rejoindre ne peut pas se faire au prix de l’affaiblissement de nos valeurs. Nous devons absolument reprendre le contrôle. Le projet de loi que nous examinons y contribue.

Ce texte aggrave, d’abord, les sanctions contre les passeurs, contre tous ceux qui facilitent l’immigration illégale sur notre territoire. Les sanctions prévues sont lourdes et dissuasives. Elles devront être appliquées.

Il renforce ensuite les possibilités d’expulsion des étrangers dangereux. Aucun de nos compatriotes ne peut plus comprendre ni accepter que de tels individus se maintiennent sur notre territoire.

Ceux qui représentent une menace grave pour l’ordre public, ceux qui ont été condamnés pour des infractions à la loi pénale, ceux-là n’ont pas leur place en France. Ces mesures protégeront davantage nos concitoyens et permettront une meilleure intégration des étrangers respectueux de nos lois.

Dans le même esprit, nous nous félicitons que l’engagement républicain soit remis au centre de notre politique migratoire. L’égalité femme-homme, la laïcité, le respect de la liberté, des valeurs et des symboles de la République ne sont pas des éléments négociables. Il appartient à ceux qui veulent venir dans notre pays d’en embrasser la culture et les valeurs.

Le projet de loi renforce également les exigences relatives à la maîtrise de la langue française. C’est l’une des clés de l’intégration des immigrés à notre société. L’autre clé est bien entendu le travail.

L’article 3 est sans doute le plus polémique du texte. Nous attendons des débats à venir qu’ils nous permettent de trouver un point d’équilibre entre, d’une part, des situations d’ores et déjà existantes dans notre pays et, d’autre part, la nécessité de ne pas créer d’appel d’air.

Applaudissements sur les travées du groupe UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

La question migratoire concerne tant la France que ses partenaires européens. Seuls les grands ensembles peuvent répondre efficacement aux grands défis de notre temps.

Dans le cadre de la définition de sa politique migratoire, l'Union européenne doit travailler à soulager les États membres qui sont en première ligne. La France en fait partie. Avec nos partenaires, nous devons ensuite négocier avec plus de fermeté les accords de réadmission afin de renforcer nos capacités de reconduite vers les pays d'origine.

Si nous ne parvenons pas à garder efficacement nos frontières, si nous échouons à faire correspondre l'immigration aux besoins de nos sociétés, les Européens sont condamnés à la division et donc à l'impuissance.

Ce texte nécessaire et attendu constitue une première réponse aux attentes de nos concitoyens. Nous devrons, lors de l'examen prochain du budget, veiller à accroître nos moyens à la hauteur de nos ambitions.

Le groupe Les Indépendants - République et Territoires soutient l'adoption de ce projet de loi.

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

L’histoire de notre pays et sa démographie nous conduisent à mener une politique d’accueil maîtrisée. Nous devons absolument veiller à l’exécution des lois que nous votons et à celle des décisions rendues par la justice et par nos tribunaux.

Nous appelons de nos vœux une politique d’immigration choisie. Nous souhaitons que les immigrés admis à vivre dans notre pays travaillent et qu’ils soient accueillis en fonction des besoins de notre économie, c’est-à-dire de notre société. C’est cela qui leur permettra la meilleure intégration.

Parmi les besoins de notre société se trouvent, bien sûr, les métiers en tension du médico-social. Le projet de loi prévoit plusieurs mesures à même de soulager le manque de personnel. Il n’y a pas que des patrons voyous : il y a aussi beaucoup de patrons qui veulent régulariser leur personnel.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, ça y est ! Nous allons enfin examiner ce projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration, dont 98 % de son contenu a été approuvé en mars.

Cette attente nous aura permis de mesurer à quel point notre droit ne nous permet pas de faire face efficacement à l'un des principaux défis politiques qui sont devant nous.

En effet, pas un mois, malheureusement, sans qu'une actualité fasse état de délits commis par une personne qui n'aurait pas dû être sur notre sol ou que l'on soit confronté à ces images de camps de migrants sur l'espace public.

Malgré les très nombreux textes législatifs qui se sont succédé depuis plus de trente ans, la politique migratoire laisse apparaître une forme d'impuissance, de fatalité, que l'État ne parviendrait pas à gérer.

Pourtant, on ne peut pas faire le reproche à votre gouvernement de ne rien faire en la matière, monsieur le ministre ! Mais la réalité quotidienne, notamment en matière d'immigration illégale, est souvent décourageante.

Si l'on en croit l'exposé des motifs, votre projet de loi n'est pas « une couche supplémentaire de sédimentation législative ». Nous espérons tous, effectivement, que tel n'est pas le cas !

Une chose est sûre, sans refaire l'inventaire de la totalité des mesures, votre texte vise bel et bien l'ensemble des aspects de notre politique migratoire, en passant de l'immigration économique à l'asile et à la simplification de son contentieux, jusqu'aux mesures en faveur de l'intégration et de la lutte contre l'immigration illégale.

Malgré tout, cela a été rappelé par nos rapporteurs, votre texte manquait d'ambition sur certaines thématiques. Notre commission des lois, dont je salue la qualité du travail, a largement étoffé votre projet aussi bien s'agissant du renforcement de la politique d'intégration que de la lutte contre l'immigration illégale.

Je reviendrai dans quelques instants sur plusieurs aspects du texte. Je formulerai tout d'abord une remarque d'ordre général.

Le défi migratoire ne concerne pas que notre pays, comme vous l'avez rappelé. Il concerne l'ensemble de nos voisins européens et nous ne sommes pas dans la situation la plus compliquée. L'Italie ou la Grèce, pour ne citer que ces deux pays, sont quotidiennement bien plus exposées que nous.

Par facilité, certains sont tentés de dire : « Ah oui, mais vous comprenez, c'est surtout un problème européen, il est vain de modifier sans fin notre législation nationale ! »

Bien sûr que le problème est européen ! Mais ce n'est certainement pas une raison pour attendre que la solution vienne exclusivement de l'Union européenne. Nous devons à la fois introduire des évolutions efficaces dans notre droit interne et convaincre nos voisins d'adopter des solutions à l'échelle européenne. Mais l'un ne va pas sans l'autre. Nous avons besoin de règles européennes.

Sommes-nous parvenus, avec les mesures que nous examinons aujourd'hui, à un « plafond de verre » de ce que nous pouvons faire à droit constitutionnel constant ? Sur plusieurs aspects, il me semble que c'est le cas.

Je ne doute pas que la discussion des amendements conduira nos rapporteurs à rappeler ce cadre et à signaler que plusieurs propositions pouvant paraître intéressantes sont contraires à la Constitution.

Nous sommes conscients de ces limites constitutionnelles. C'est la raison pour laquelle, depuis les travaux de la commission, en mars dernier, notre groupe a déposé une proposition de loi constitutionnelle visant à aménager la norme suprême en matière d'asile.

Le texte que nous avons déposé prévoit que les demandes d'asile soient présentées non plus à l'arrivée sur le territoire national, mais auprès de nos ambassades et consulats.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à Mme Isabelle Florennes.

M. le ministre acquiesce.

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

L’histoire de notre pays et sa démographie nous conduisent à mener une politique d’accueil maîtrisée. Nous devons absolument veiller à l’exécution des lois que nous votons et à celle des décisions rendues par la justice et par nos tribunaux.

Nous appelons de nos vœux une politique d’immigration choisie. Nous souhaitons que les immigrés admis à vivre dans notre pays travaillent et qu’ils soient accueillis en fonction des besoins de notre économie, c’est-à-dire de notre société. C’est cela qui leur permettra la meilleure intégration.

Parmi les besoins de notre société se trouvent, bien sûr, les métiers en tension du médico-social. Le projet de loi prévoit plusieurs mesures à même de soulager le manque de personnel. Il n’y a pas que des patrons voyous : il y a aussi beaucoup de patrons qui veulent régulariser leur personnel.

Applaudissements sur les travées du groupe UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

La question migratoire concerne tant la France que ses partenaires européens. Seuls les grands ensembles peuvent répondre efficacement aux grands défis de notre temps.

Dans le cadre de la définition de sa politique migratoire, l’Union européenne doit travailler à soulager les États membres qui sont en première ligne. La France en fait partie. Avec nos partenaires, nous devons ensuite négocier avec plus de fermeté les accords de réadmission afin de renforcer nos capacités de reconduite vers les pays d’origine.

Si nous ne parvenons pas à garder efficacement nos frontières, si nous échouons à faire correspondre l’immigration aux besoins de nos sociétés, les Européens sont condamnés à la division et donc à l’impuissance.

Ce texte nécessaire et attendu constitue une première réponse aux attentes de nos concitoyens. Nous devrons, lors de l’examen prochain du budget, veiller à accroître nos moyens à la hauteur de nos ambitions.

Le groupe Les Indépendants - République et Territoires soutient l’adoption de ce projet de loi.

M. le ministre acquiesce.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Nous pensons qu'il faut donc radicalement faire évoluer notre système pour pouvoir continuer à protéger vite ceux qui sont réellement en danger. Sur ce sujet, il y va de l'honneur de la France.

C'est pourquoi nous ne sommes pas opposés, par principe, à faire évoluer notre Constitution sur ces questions, mais nous voulons agir dans le respect des exigences conventionnelles.

En effet, peut-on accepter, demain, de déroger à la hiérarchie des normes, principe cardinal de notre état de droit ? Faut-il envisager des cas dans lesquels l'autorité des traités serait remise en cause par rapport à celle de la loi interne ? Nous y sommes défavorables.

Si certains aspects d'un traité nous semblent inadaptés, négocions leur modification. Si des dispositions communautaires sont devenues inopportunes, travaillons avec nos voisins pour les changer !

Puisque nos collègues du groupe Les Républicains nous y invitent, nous aurons ce débat dans cet hémicycle au mois de décembre.

Pour l'heure, notre commission des lois a apporté de nombreuses améliorations au texte. Je me concentrerai sur certaines d'entre elles.

L'article 1er A – vous l'avez rappelé, monsieur le rapporteur – introduit une innovation majeure. Il prévoit la tenue d'un débat annuel au Parlement sur les orientations pluriannuelles en matière migratoire. Mais, surtout, à l'issue du débat, le Parlement déterminera le nombre des étrangers admis à s'installer durablement en France pour chacune des catégories de séjour, à l'exception de l'asile.

À travers cette disposition, la représentation nationale va pouvoir, chaque année, orienter la politique migratoire de notre pays : c'est une excellente mesure qui permettra d'associer députés, sénateurs et Gouvernement dans un débat public. Pour une fois, nous ne subirons pas l'actualité, nous la ferons.

La commission s'est également attachée à renforcer la lutte contre l'immigration illégale.

Deux articles du texte sont sortis malheureusement de l'anonymat après l'assassinat ignoble de Dominique Bernard, enseignant à la cité scolaire Gambetta-Carnot d'Arras, à savoir les articles 9 et 10.

Nos rapporteurs avaient déjà profondément modifié ces articles relatifs aux protections permettant d'empêcher des mesures d'expulsion ou le prononcé d'une interdiction du territoire français.

Nous avons tous été heurtés par le profil de l'agresseur du professeur assassiné et de celui d'une partie de sa famille, totalement radicalisée. Il nous faut aller plus loin et faciliter encore la levée des protections absolues et relatives pour des individus qui constituent une menace importante pour la sécurité publique.

Néanmoins, sur ce sujet comme sur d'autres, ne cédons pas à la tentation d'adopter des dispositifs dont nous savons qu'ils seront censurés par le Conseil constitutionnel. Nous n'avons rien à y gagner.

Impossible de faire l'impasse sur l'article le plus célèbre de ce texte : le fameux article 3.

Nous tenons au préalable à rappeler que nous ne comprenons pas du tout l'effervescence suscitée par cette disposition sur les métiers en tension.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, ça y est ! Nous allons enfin examiner ce projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration, dont 98 % de son contenu a été approuvé en mars.

Cette attente nous aura permis de mesurer à quel point notre droit ne nous permet pas de faire face efficacement à l'un des principaux défis politiques qui sont devant nous.

En effet, pas un mois, malheureusement, sans qu'une actualité fasse état de délits commis par une personne qui n'aurait pas dû être sur notre sol ou que l'on soit confronté à ces images de camps de migrants sur l'espace public.

Malgré les très nombreux textes législatifs qui se sont succédé depuis plus de trente ans, la politique migratoire laisse apparaître une forme d'impuissance, de fatalité, que l'État ne parviendrait pas à gérer.

Pourtant, on ne peut pas faire le reproche à votre gouvernement de ne rien faire en la matière, monsieur le ministre ! Mais la réalité quotidienne, notamment en matière d'immigration illégale, est souvent décourageante.

Si l'on en croit l'exposé des motifs, votre projet de loi n'est pas « une couche supplémentaire de sédimentation législative ». Nous espérons tous, effectivement, que tel n'est pas le cas !

Une chose est sûre, sans refaire l'inventaire de la totalité des mesures, votre texte vise bel et bien l'ensemble des aspects de notre politique migratoire, en passant de l'immigration économique à l'asile et à la simplification de son contentieux, jusqu'aux mesures en faveur de l'intégration et de la lutte contre l'immigration illégale.

Malgré tout, cela a été rappelé par nos rapporteurs, votre texte manquait d'ambition sur certaines thématiques. Notre commission des lois, dont je salue la qualité du travail, a largement étoffé celui-ci s'agissant aussi bien du renforcement de la politique d'intégration que de la lutte contre l'immigration illégale.

Je reviendrai dans quelques instants sur plusieurs aspects du texte. Je formulerai tout d'abord une remarque d'ordre général.

Le défi migratoire ne concerne pas que notre pays, comme vous l'avez rappelé. Il concerne l'ensemble de nos voisins européens et nous ne sommes pas dans la situation la plus compliquée. L'Italie ou la Grèce, pour ne citer que ces deux pays, sont quotidiennement bien plus exposées que nous.

Par facilité, certains sont tentés de dire : « Ah oui, mais vous comprenez, c'est surtout un problème européen, il est vain de modifier sans fin notre législation nationale ! »

Bien sûr que le problème est européen ! Mais ce n'est certainement pas une raison pour attendre que la solution vienne exclusivement de l'Union européenne. Nous devons à la fois introduire des évolutions efficaces dans notre droit interne et convaincre nos voisins d'adopter des solutions à l'échelle européenne. Mais l'un ne va pas sans l'autre. Nous avons besoin de règles européennes.

Sommes-nous parvenus, avec les mesures que nous examinons aujourd'hui, à un « plafond de verre » de ce que nous pouvons faire à droit constitutionnel constant ? Sur plusieurs aspects, il me semble que c'est le cas.

Je ne doute pas que la discussion des amendements conduira nos rapporteurs à rappeler ce cadre et à signaler que plusieurs propositions pouvant paraître intéressantes sont contraires à la Constitution.

Nous sommes conscients de ces limites constitutionnelles. C'est la raison pour laquelle, depuis les travaux de la commission, en mars dernier, notre groupe a déposé une proposition de loi constitutionnelle visant à aménager la norme suprême en matière d'asile.

Le texte que nous avons déposé prévoit que les demandes d'asile soient présentées non plus à l'arrivée sur le territoire national, mais auprès de nos ambassades et consulats.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à Mme Isabelle Florennes.

Debut de section - PermalienPhoto de Dany Wattebled

La question migratoire concerne tant la France que ses partenaires européens. Seuls les grands ensembles peuvent répondre efficacement aux grands défis de notre temps.

Dans le cadre de la définition de sa politique migratoire, l’Union européenne doit travailler à soulager les États membres qui sont en première ligne. La France en fait partie. Avec nos partenaires, nous devons ensuite négocier avec plus de fermeté les accords de réadmission afin de renforcer nos capacités de reconduite vers les pays d’origine.

Si nous ne parvenons pas à garder efficacement nos frontières, si nous échouons à faire correspondre l’immigration aux besoins de nos sociétés, les Européens sont condamnés à la division et donc à l’impuissance.

Ce texte nécessaire et attendu constitue une première réponse aux attentes de nos concitoyens. Nous devrons, lors de l’examen prochain du budget, veiller à accroître nos moyens à la hauteur de nos ambitions.

Le groupe Les Indépendants - République et Territoires soutient l’adoption de ce projet de loi.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Vous n'êtes pas la seule…

Applaudissements sur les travées du groupe UC.

Applaudissements sur les travées du groupe UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à Mme Isabelle Florennes.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Elle ne mérite sûrement pas les réactions très excessives qu'elle suscite.

Y a-t-il aujourd'hui des personnes en situation irrégulière qui travaillent légalement dans notre pays ? La réponse est oui, bien sûr.

Sont-elles parfois régularisées au bout d'un certain temps de présence et de travail sur le territoire national ? Oui, bien sûr ! Autrement dit, le sujet de cet article n'est pas nouveau et il ne serait pas juste de prétendre le contraire.

L'innovation majeure de l'article 3 réside dans la création d'un titre de séjour de plein droit pour une personne travaillant dans notre pays depuis plus de huit mois au cours des deux dernières années.

Notre groupe a longuement débattu de cette disposition. Un élément central a toujours fait consensus : nier la situation de ces travailleurs sans-papiers, qui travaillent parfois depuis des années sur notre sol, souvent dans des métiers pénibles, ne résoudra pas le problème.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Nous pensons qu'il faut donc radicalement faire évoluer notre système pour pouvoir continuer à protéger vite ceux qui sont réellement en danger. Sur ce sujet, il y va de l'honneur de la France.

C'est pourquoi nous ne sommes pas opposés, par principe, à faire évoluer notre Constitution sur ces questions, mais nous voulons agir dans le respect des exigences conventionnelles.

En effet, peut-on accepter, demain, de déroger à la hiérarchie des normes, principe cardinal de notre état de droit ? Faut-il envisager des cas dans lesquels l'autorité des traités serait remise en cause par rapport à celle de la loi interne ? Nous y sommes défavorables.

Si certains aspects d'un traité nous semblent inadaptés, négocions leur modification. Si des dispositions communautaires sont devenues inopportunes, travaillons avec nos voisins pour les changer !

Puisque nos collègues du groupe Les Républicains nous y invitent, nous aurons ce débat dans cet hémicycle au mois de décembre.

Pour l'heure, notre commission des lois a apporté de nombreuses améliorations au texte. Je me concentrerai sur certaines d'entre elles.

L'article 1er A – vous l'avez rappelé, monsieur le rapporteur – introduit une innovation majeure. Il prévoit la tenue d'un débat annuel au Parlement sur les orientations pluriannuelles en matière migratoire. Mais, surtout, à l'issue du débat, le Parlement déterminera le nombre des étrangers admis à s'installer durablement en France pour chacune des catégories de séjour, à l'exception de l'asile.

À travers cette disposition, la représentation nationale va pouvoir, chaque année, orienter la politique migratoire de notre pays : c'est une excellente mesure qui permettra d'associer députés, sénateurs et Gouvernement dans un débat public. Pour une fois, nous ne subirons pas l'actualité, nous la ferons.

La commission s'est également attachée à renforcer la lutte contre l'immigration illégale.

Deux articles du texte sont sortis malheureusement de l'anonymat après l'assassinat ignoble de Dominique Bernard, enseignant à la cité scolaire Gambetta-Carnot d'Arras, à savoir les articles 9 et 10.

Nos rapporteurs avaient déjà profondément modifié ces articles relatifs aux protections permettant d'empêcher des mesures d'expulsion ou le prononcé d'une interdiction du territoire français.

Nous avons tous été heurtés par le profil de l'agresseur du professeur assassiné et de celui d'une partie de sa famille, totalement radicalisée. Il nous faut aller plus loin et faciliter encore la levée des protections absolues et relatives pour des individus qui constituent une menace importante pour la sécurité publique.

Néanmoins, sur ce sujet comme sur d'autres, ne cédons pas à la tentation d'adopter des dispositifs dont nous savons qu'ils seront censurés par le Conseil constitutionnel. Nous n'avons rien à y gagner.

Impossible de faire l'impasse sur l'article le plus célèbre de ce texte : le fameux article 3.

Nous tenons au préalable à rappeler que nous ne comprenons pas du tout l'effervescence suscitée par cette disposition sur les métiers en tension.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, ça y est ! Nous allons enfin examiner ce projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration, dont 98 % de son contenu a été approuvé en mars.

Cette attente nous aura permis de mesurer à quel point notre droit ne nous permet pas de faire face efficacement à l’un des principaux défis politiques qui sont devant nous.

En effet, pas un mois, malheureusement, sans qu’une actualité fasse état de délits commis par une personne qui n’aurait pas dû être sur notre sol ou que l’on soit confronté à ces images de camps de migrants sur l’espace public.

Malgré les très nombreux textes législatifs qui se sont succédé depuis plus de trente ans, la politique migratoire laisse apparaître une forme d’impuissance, de fatalité, que l’État ne parviendrait pas à gérer.

Pourtant, on ne peut pas faire le reproche à votre gouvernement de ne rien faire en la matière, monsieur le ministre ! Mais la réalité quotidienne, notamment en matière d’immigration illégale, est souvent décourageante.

Si l’on en croit l’exposé des motifs, votre projet de loi n’est pas « une couche supplémentaire de sédimentation législative ». Nous espérons tous, effectivement, que tel n’est pas le cas !

Une chose est sûre, sans refaire l’inventaire de la totalité des mesures, votre texte vise bel et bien l’ensemble des aspects de notre politique migratoire, en passant de l’immigration économique à l’asile et à la simplification de son contentieux, jusqu’aux mesures en faveur de l’intégration et de la lutte contre l’immigration illégale.

Malgré tout, cela a été rappelé par nos rapporteurs, votre texte manquait d’ambition sur certaines thématiques. Notre commission des lois, dont je salue la qualité du travail, a largement étoffé celui-ci s’agissant aussi bien du renforcement de la politique d’intégration que de la lutte contre l’immigration illégale.

Je reviendrai dans quelques instants sur plusieurs aspects du texte. Je formulerai tout d’abord une remarque d’ordre général.

Le défi migratoire ne concerne pas que notre pays, comme vous l’avez rappelé. Il concerne l’ensemble de nos voisins européens et nous ne sommes pas dans la situation la plus compliquée. L’Italie ou la Grèce, pour ne citer que ces deux pays, sont quotidiennement bien plus exposées que nous.

Par facilité, certains sont tentés de dire : « Ah oui, mais vous comprenez, c’est surtout un problème européen, il est vain de modifier sans fin notre législation nationale ! »

Bien sûr que le problème est européen ! Mais ce n’est certainement pas une raison pour attendre que la solution vienne exclusivement de l’Union européenne. Nous devons à la fois introduire des évolutions efficaces dans notre droit interne et convaincre nos voisins d’adopter des solutions à l’échelle européenne. Mais l’un ne va pas sans l’autre. Nous avons besoin de règles européennes.

Sommes-nous parvenus, avec les mesures que nous examinons aujourd’hui, à un « plafond de verre » de ce que nous pouvons faire à droit constitutionnel constant ? Sur plusieurs aspects, il me semble que c’est le cas.

Je ne doute pas que la discussion des amendements conduira nos rapporteurs à rappeler ce cadre et à signaler que plusieurs propositions pouvant paraître intéressantes sont contraires à la Constitution.

Nous sommes conscients de ces limites constitutionnelles. C’est la raison pour laquelle, depuis les travaux de la commission, en mars dernier, notre groupe a déposé une proposition de loi constitutionnelle visant à aménager la norme suprême en matière d’asile.

Le texte que nous avons déposé prévoit que les demandes d’asile soient présentées non plus à l’arrivée sur le territoire national, mais auprès de nos ambassades et consulats.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Monsieur le président, Monsieur le ministre, Madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, ça y est ! Nous allons enfin examiner ce projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration, dont 98 % de son contenu a été approuvé au mois de mars dernier.

Cette attente nous aura permis de mesurer à quel point notre droit ne nous permet pas de faire face efficacement à l’un des principaux défis politiques qui sont devant nous.

En effet, pas un mois, malheureusement, sans que l’actualité fasse état de délits commis par une personne qui n’aurait pas dû être sur notre sol ou que l’on soit confronté à ces images de camps de migrants sur l’espace public.

Malgré les très nombreux textes législatifs qui se sont succédé depuis plus de trente ans, la politique migratoire laisse apparaître une forme d’impuissance, de fatalité, que l’État ne parviendrait pas à gérer.

Pourtant, on ne peut pas faire le reproche à votre gouvernement de ne rien faire en la matière, monsieur le ministre ! Mais la réalité quotidienne, notamment en matière d’immigration illégale, est souvent décourageante.

Si l’on en croit l’exposé des motifs, votre projet de loi n’est pas « une couche supplémentaire de sédimentation législative ». Nous espérons tous, en effet, que tel n’est pas le cas !

Une chose est sûre, sans refaire l’inventaire de la totalité des mesures, votre texte vise bel et bien l’ensemble des aspects de notre politique migratoire, en passant de l’immigration économique à l’asile et à la simplification de son contentieux, jusqu’aux mesures en faveur de l’intégration et de la lutte contre l’immigration illégale.

Malgré tout, cela a été rappelé par nos rapporteurs, votre texte manquait d’ambition sur certaines thématiques. Notre commission des lois, dont je salue la qualité du travail, a largement étoffé celui-ci s’agissant aussi bien du renforcement de la politique d’intégration que de la lutte contre l’immigration illégale.

Je reviendrai dans quelques instants sur plusieurs aspects du texte. Je formulerai tout d’abord une remarque d’ordre général.

Le défi migratoire ne concerne pas que notre pays, comme vous l’avez rappelé. Il concerne l’ensemble de nos voisins européens et nous ne sommes pas dans la situation la plus compliquée. L’Italie ou la Grèce, pour ne citer que ces deux pays, sont quotidiennement bien plus exposées que nous.

Par facilité, certains sont tentés de dire : « Ah oui, mais vous comprenez, c’est surtout un problème européen, il est vain de modifier sans fin notre législation nationale ! »

Bien sûr que le problème est européen, mais ce n’est certainement pas une raison pour attendre que la solution vienne exclusivement de l’Union européenne ! Nous devons à la fois introduire des évolutions efficaces dans notre droit interne et convaincre nos voisins d’adopter des solutions à l’échelle européenne. Mais l’un ne va pas sans l’autre. Nous avons besoin de règles européennes.

Sommes-nous parvenus, avec les mesures que nous examinons aujourd’hui, à un « plafond de verre » de ce que nous pouvons faire à droit constitutionnel constant ? Sur plusieurs aspects, il me semble que c’est le cas.

Je ne doute pas que la discussion des amendements conduira nos rapporteurs à rappeler ce cadre et à signaler que plusieurs propositions pouvant paraître intéressantes sont contraires à la Constitution.

Nous sommes conscients de ces limites constitutionnelles. C’est la raison pour laquelle, depuis les travaux de la commission, en mars dernier, notre groupe a déposé une proposition de loi constitutionnelle visant à aménager la norme suprême en matière d’asile.

Le texte que nous avons déposé prévoit que les demandes d’asile soient présentées non plus à l’arrivée sur le territoire national, mais auprès de nos ambassades et consulats.

Applaudissements sur les travées du groupe UC.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Vous n'êtes pas la seule…

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Monsieur le président, Monsieur le ministre, Madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, ça y est ! Nous allons enfin examiner ce projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration, dont 98 % de son contenu a été approuvé au mois de mars dernier.

Cette attente nous aura permis de mesurer à quel point notre droit ne nous permet pas de faire face efficacement à l’un des principaux défis politiques qui sont devant nous.

En effet, pas un mois, malheureusement, sans que l’actualité fasse état de délits commis par une personne qui n’aurait pas dû être sur notre sol ou que l’on soit confronté à ces images de camps de migrants sur l’espace public.

Malgré les très nombreux textes législatifs qui se sont succédé depuis plus de trente ans, la politique migratoire laisse apparaître une forme d’impuissance, de fatalité, que l’État ne parviendrait pas à gérer.

Pourtant, on ne peut pas faire le reproche à votre gouvernement de ne rien faire en la matière, monsieur le ministre ! Mais la réalité quotidienne, notamment en matière d’immigration illégale, est souvent décourageante.

Si l’on en croit l’exposé des motifs, votre projet de loi n’est pas « une couche supplémentaire de sédimentation législative ». Nous espérons tous, en effet, que tel n’est pas le cas !

Une chose est sûre, sans refaire l’inventaire de la totalité des mesures, votre texte vise bel et bien l’ensemble des aspects de notre politique migratoire, en passant de l’immigration économique à l’asile et à la simplification de son contentieux, jusqu’aux mesures en faveur de l’intégration et de la lutte contre l’immigration illégale.

Malgré tout, cela a été rappelé par nos rapporteurs, votre texte manquait d’ambition sur certaines thématiques. Notre commission des lois, dont je salue la qualité du travail, a largement étoffé celui-ci s’agissant aussi bien du renforcement de la politique d’intégration que de la lutte contre l’immigration illégale.

Je reviendrai dans quelques instants sur plusieurs aspects du texte. Je formulerai tout d’abord une remarque d’ordre général.

Le défi migratoire ne concerne pas que notre pays, comme vous l’avez rappelé. Il concerne l’ensemble de nos voisins européens et nous ne sommes pas dans la situation la plus compliquée. L’Italie ou la Grèce, pour ne citer que ces deux pays, sont quotidiennement bien plus exposées que nous.

Par facilité, certains sont tentés de dire : « Ah oui, mais vous comprenez, c’est surtout un problème européen, il est vain de modifier sans fin notre législation nationale ! »

Bien sûr que le problème est européen, mais ce n’est certainement pas une raison pour attendre que la solution vienne exclusivement de l’Union européenne ! Nous devons à la fois introduire des évolutions efficaces dans notre droit interne et convaincre nos voisins d’adopter des solutions à l’échelle européenne. Mais l’un ne va pas sans l’autre. Nous avons besoin de règles européennes.

Sommes-nous parvenus, avec les mesures que nous examinons aujourd’hui, à un « plafond de verre » de ce que nous pouvons faire à droit constitutionnel constant ? Sur plusieurs aspects, il me semble que c’est le cas.

Je ne doute pas que la discussion des amendements conduira nos rapporteurs à rappeler ce cadre et à signaler que plusieurs propositions pouvant paraître intéressantes sont contraires à la Constitution.

Nous sommes conscients de ces limites constitutionnelles. C’est la raison pour laquelle, depuis les travaux de la commission, en mars dernier, notre groupe a déposé une proposition de loi constitutionnelle visant à aménager la norme suprême en matière d’asile.

Le texte que nous avons déposé prévoit que les demandes d’asile soient présentées non plus à l’arrivée sur le territoire national, mais auprès de nos ambassades et consulats.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Soyons clairs, ces personnes sont le plus souvent non expulsables : elles sont sur le territoire depuis trop longtemps, elles sont intégrées, elles ont souvent une famille. Inutile donc de venir les voir grossir la catégorie de ce que l'on appelle les « ni ni » : ni expulsables ni régularisables.

Mais faut-il pour autant créer un nouveau type de titre de séjour ? Nous avons finalement considéré que ce n'était pas la bonne option. La solution la plus efficace est de conserver, comme aujourd'hui, le pouvoir d'appréciation des préfets dans une gestion des dossiers au cas par cas. C'est ce que tend à prévoir l'amendement que nous vous présenterons.

Il vise aussi et surtout à modifier le régime applicable en matière d'autorisation de travail. Cela a été rappelé : un salarié sans-papiers qui souhaite régulariser sa situation doit recueillir l'accord de son employeur pour pouvoir présenter sa demande de titre de séjour en préfecture. Il ne nous paraît pas pertinent de maintenir ainsi un salarié étranger dans la dépendance de son employeur. C'est la raison pour laquelle notre amendement prévoit également la suppression de cet accord préalable.

Une telle rédaction de l'article 3 nous semble pragmatique et responsable : ni appel d'air ni déni de réalité. Nous espérons que celle-ci sera finalement partagée par tous.

Nous sommes également favorables à un dispositif qui permette d'assouplir l'accès plus rapide au marché du travail pour les demandeurs d'asile qui sont le plus susceptibles d'obtenir la protection de la France.

Il ne s'agit pas de remettre en cause la règle applicable à tous les demandeurs d'asile, d'autant que l'on sait pertinemment qu'une majorité d'entre eux n'obtiendra pas le statut de réfugié.

En revanche, laisser travailler un individu originaire d'un pays pour lequel les ressortissants obtiennent l'asile dans 90 % des cas est une mesure pragmatique ! Cela favorisera son intégration et nous y sommes favorables.

Je conclurai en reprenant une analyse de notre collègue député Jean-Louis Bourlanges. Ce dernier considère qu'il règne en France un climat de peur et d'insécurité dû en grande partie à une perte de confiance dans nos institutions.

Ce texte, à l'aune de nouvelles procédures administratives, tente de remédier à ce constat. Il vient compléter d'autres mesures déjà prises en y mettant encore plus d'exigences. Il correspond à une attente de fermeté et d'efficacité de nos concitoyens. En effet, un sondage paru hier montre que les trois quarts de l'opinion publique soutiennent le présent projet de loi.

Enfin, à celles et à ceux qui veulent fermer les frontières de notre pays, je rappelle que la France s'est construite de tout temps grâce à l'arrivée d'étrangers venant de multiples pays, à qui elle doit une grande partie de sa richesse et de son rayonnement.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Elle ne mérite sûrement pas les réactions très excessives qu'elle suscite.

Y a-t-il aujourd'hui des personnes en situation irrégulière qui travaillent légalement dans notre pays ? La réponse est oui, bien sûr.

Sont-elles parfois régularisées au bout d'un certain temps de présence et de travail sur le territoire national ? Oui, bien sûr ! Autrement dit, le sujet de cet article n'est pas nouveau et il ne serait pas juste de prétendre le contraire.

L'innovation majeure de l'article 3 réside dans la création d'un titre de séjour de plein droit pour une personne travaillant dans notre pays depuis plus de huit mois au cours des deux dernières années.

Notre groupe a longuement débattu de cette disposition. Un élément central a toujours fait consensus : nier la situation de ces travailleurs sans-papiers, qui travaillent parfois depuis des années sur notre sol, souvent dans des métiers pénibles, ne résoudra pas le problème.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Nous pensons qu’il faut donc radicalement faire évoluer notre système pour pouvoir continuer à protéger vite ceux qui sont réellement en danger. Sur ce sujet, il y va de l’honneur de la France.

C’est pourquoi nous ne sommes pas opposés, par principe, à faire évoluer notre Constitution sur ces questions, mais nous voulons agir dans le respect des exigences conventionnelles.

En effet, peut-on accepter, demain, de déroger à la hiérarchie des normes, principe cardinal de notre état de droit ? Faut-il envisager des cas dans lesquels l’autorité des traités serait remise en cause par rapport à celle de la loi interne ? Nous y sommes défavorables.

Si certains aspects d’un traité nous semblent inadaptés, négocions leur modification. Si des dispositions communautaires sont devenues inopportunes, travaillons avec nos voisins pour les changer !

Puisque nos collègues du groupe Les Républicains nous y invitent, nous aurons ce débat dans cet hémicycle au mois de décembre.

Pour l’heure, notre commission des lois a apporté de nombreuses améliorations au texte. Je me concentrerai sur certaines d’entre elles.

L’article 1er A – vous l’avez rappelé, monsieur le rapporteur – introduit une innovation majeure. Il prévoit la tenue d’un débat annuel au Parlement sur les orientations pluriannuelles en matière migratoire. Mais, surtout, à l’issue du débat, le Parlement déterminera le nombre des étrangers admis à s’installer durablement en France pour chacune des catégories de séjour, à l’exception de l’asile.

À travers cette disposition, la représentation nationale va pouvoir, chaque année, orienter la politique migratoire de notre pays : c’est une excellente mesure qui permettra d’associer députés, sénateurs et Gouvernement dans un débat public. Pour une fois, nous ne subirons pas l’actualité, nous la ferons.

La commission s’est également attachée à renforcer la lutte contre l’immigration illégale.

Deux articles du texte sont sortis malheureusement de l’anonymat après l’assassinat ignoble de Dominique Bernard, enseignant à la cité scolaire Gambetta-Carnot d’Arras, à savoir les articles 9 et 10.

Nos rapporteurs avaient déjà profondément modifié ces articles relatifs aux protections permettant d’empêcher des mesures d’expulsion ou le prononcé d’une interdiction du territoire français.

Nous avons tous été heurtés par le profil de l’agresseur du professeur assassiné et de celui d’une partie de sa famille, totalement radicalisée. Il nous faut aller plus loin et faciliter encore la levée des protections absolues et relatives pour des individus qui constituent une menace importante pour la sécurité publique.

Néanmoins, sur ce sujet comme sur d’autres, ne cédons pas à la tentation d’adopter des dispositifs dont nous savons qu’ils seront censurés par le Conseil constitutionnel. Nous n’avons rien à y gagner.

Impossible de faire l’impasse sur l’article le plus célèbre de ce texte : le fameux article 3.

Nous tenons au préalable à rappeler que nous ne comprenons pas du tout l’effervescence suscitée par cette disposition sur les métiers en tension.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Nous pensons qu’il faut donc radicalement faire évoluer notre système pour pouvoir continuer à protéger vite ceux qui sont réellement en danger. Sur ce sujet, il y va de l’honneur de la France.

C’est pourquoi nous ne sommes pas opposés, par principe, à faire évoluer notre Constitution sur ces questions, mais nous voulons agir dans le respect des exigences conventionnelles.

En effet, peut-on accepter, demain, de déroger à la hiérarchie des normes, principe cardinal de notre état de droit ? Faut-il envisager des cas dans lesquels l’autorité des traités serait remise en cause par rapport à celle de la loi interne ? Nous y sommes défavorables.

Si certains aspects d’un traité nous semblent inadaptés, négocions leur modification. Si des dispositions communautaires sont devenues inopportunes, travaillons avec nos voisins pour les changer !

Puisque nos collègues du groupe Les Républicains nous y invitent, nous aurons ce débat dans cet hémicycle au mois de décembre.

Pour l’heure, notre commission des lois a apporté de nombreuses améliorations au texte. Je me concentrerai sur certaines d’entre elles.

L’article 1er A – vous l’avez rappelé, monsieur le rapporteur – introduit une innovation majeure. Il prévoit la tenue d’un débat annuel au Parlement sur les orientations pluriannuelles en matière migratoire. Mais, surtout, à l’issue du débat, le Parlement déterminera le nombre des étrangers admis à s’installer durablement en France pour chacune des catégories de séjour, à l’exception de l’asile.

Au travers de cette disposition, la représentation nationale va pouvoir, chaque année, orienter la politique migratoire de notre pays : c’est une excellente mesure qui permettra d’associer députés, sénateurs et Gouvernement dans un débat public. Pour une fois, nous ne subirons pas l’actualité, nous la ferons.

La commission s’est également attachée à renforcer la lutte contre l’immigration illégale.

Deux articles du texte sont sortis malheureusement de l’anonymat après l’assassinat ignoble de Dominique Bernard, enseignant à la cité scolaire Gambetta-Carnot d’Arras, à savoir les articles 9 et 10.

Nos rapporteurs avaient déjà profondément modifié ces articles relatifs aux protections permettant d’empêcher des mesures d’expulsion ou le prononcé d’une interdiction du territoire français.

Nous avons tous été heurtés par le profil de l’agresseur du professeur assassiné et de celui d’une partie de sa famille, totalement radicalisée. Il nous faut aller plus loin et faciliter encore la levée des protections absolues et relatives pour des individus qui constituent une menace importante pour la sécurité publique.

Néanmoins, sur ce sujet comme sur d’autres, ne cédons pas à la tentation d’adopter des dispositifs dont nous savons qu’ils seront censurés par le Conseil constitutionnel. Nous n’avons rien à y gagner.

Impossible de faire l’impasse sur l’article le plus célèbre de ce texte : le fameux article 3.

Nous tenons au préalable à rappeler que nous ne comprenons pas du tout l’effervescence suscitée par cette disposition sur les métiers en tension.

Applaudissements sur les travées des groupes UC et INDEP.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Vous n’êtes pas la seule…

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Nous pensons qu’il faut donc radicalement faire évoluer notre système pour pouvoir continuer à protéger vite ceux qui sont réellement en danger. Sur ce sujet, il y va de l’honneur de la France.

C’est pourquoi nous ne sommes pas opposés, par principe, à faire évoluer notre Constitution sur ces questions, mais nous voulons agir dans le respect des exigences conventionnelles.

En effet, peut-on accepter, demain, de déroger à la hiérarchie des normes, principe cardinal de notre état de droit ? Faut-il envisager des cas dans lesquels l’autorité des traités serait remise en cause par rapport à celle de la loi interne ? Nous y sommes défavorables.

Si certains aspects d’un traité nous semblent inadaptés, négocions leur modification. Si des dispositions communautaires sont devenues inopportunes, travaillons avec nos voisins pour les changer !

Puisque nos collègues du groupe Les Républicains nous y invitent, nous aurons ce débat dans cet hémicycle au mois de décembre.

Pour l’heure, notre commission des lois a apporté de nombreuses améliorations au texte. Je me concentrerai sur certaines d’entre elles.

L’article 1er A – vous l’avez rappelé, monsieur le rapporteur – introduit une innovation majeure. Il prévoit la tenue d’un débat annuel au Parlement sur les orientations pluriannuelles en matière migratoire. Mais, surtout, à l’issue du débat, le Parlement déterminera le nombre des étrangers admis à s’installer durablement en France pour chacune des catégories de séjour, à l’exception de l’asile.

Au travers de cette disposition, la représentation nationale va pouvoir, chaque année, orienter la politique migratoire de notre pays : c’est une excellente mesure qui permettra d’associer députés, sénateurs et Gouvernement dans un débat public. Pour une fois, nous ne subirons pas l’actualité, nous la ferons.

La commission s’est également attachée à renforcer la lutte contre l’immigration illégale.

Deux articles du texte sont sortis malheureusement de l’anonymat après l’assassinat ignoble de Dominique Bernard, enseignant à la cité scolaire Gambetta-Carnot d’Arras, à savoir les articles 9 et 10.

Nos rapporteurs avaient déjà profondément modifié ces articles relatifs aux protections permettant d’empêcher des mesures d’expulsion ou le prononcé d’une interdiction du territoire français.

Nous avons tous été heurtés par le profil de l’agresseur du professeur assassiné et de celui d’une partie de sa famille, totalement radicalisée. Il nous faut aller plus loin et faciliter encore la levée des protections absolues et relatives pour des individus qui constituent une menace importante pour la sécurité publique.

Néanmoins, sur ce sujet comme sur d’autres, ne cédons pas à la tentation d’adopter des dispositifs dont nous savons qu’ils seront censurés par le Conseil constitutionnel. Nous n’avons rien à y gagner.

Impossible de faire l’impasse sur l’article le plus célèbre de ce texte : le fameux article 3.

Nous tenons au préalable à rappeler que nous ne comprenons pas du tout l’effervescence suscitée par cette disposition sur les métiers en tension.

M. Alain Marc remplace M. Gérard Larcher au fauteuil de la présidence.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Soyons clairs, ces personnes sont le plus souvent non expulsables : elles sont sur le territoire depuis trop longtemps, elles sont intégrées, elles ont souvent une famille. Inutile donc de venir les voir grossir la catégorie de ce que l'on appelle les « ni ni » : ni expulsables ni régularisables.

Mais faut-il pour autant créer un nouveau type de titre de séjour ? Nous avons finalement considéré que ce n'était pas la bonne option. La solution la plus efficace est de conserver, comme aujourd'hui, le pouvoir d'appréciation des préfets dans une gestion des dossiers au cas par cas. C'est ce à quoi que tend l'amendement que nous vous présenterons.

Il vise aussi et surtout à modifier le régime applicable en matière d'autorisation de travail. Cela a été rappelé : un salarié sans-papiers qui souhaite régulariser sa situation doit recueillir l'accord de son employeur pour pouvoir présenter sa demande de titre de séjour en préfecture. Il ne nous paraît pas pertinent de maintenir ainsi un salarié étranger dans la dépendance de son employeur. C'est la raison pour laquelle notre amendement prévoit également la suppression de cet accord préalable.

Une telle rédaction de l'article 3 nous semble pragmatique et responsable : ni appel d'air ni déni de réalité. Nous espérons que celle-ci sera finalement partagée par tous.

Nous sommes également favorables à un dispositif qui permette d'assouplir l'accès plus rapide au marché du travail pour les demandeurs d'asile qui sont le plus susceptibles d'obtenir la protection de la France.

Il ne s'agit pas de remettre en cause la règle applicable à tous les demandeurs d'asile, d'autant que l'on sait pertinemment qu'une majorité d'entre eux n'obtiendra pas le statut de réfugié.

En revanche, laisser travailler un individu originaire d'un pays pour lequel les ressortissants obtiennent l'asile dans 90 % des cas est une mesure pragmatique ! Cela favorisera son intégration et nous y sommes favorables.

Je conclurai en reprenant une analyse de notre collègue député Jean-Louis Bourlanges. Ce dernier considère qu'il règne en France un climat de peur et d'insécurité dû en grande partie à une perte de confiance dans nos institutions.

Ce texte, à l'aune de nouvelles procédures administratives, tente de remédier à ce constat. Il vient compléter d'autres mesures déjà prises en y mettant encore plus d'exigences. Il correspond à une attente de fermeté et d'efficacité de nos concitoyens. En effet, un sondage paru hier montre que les trois quarts de l'opinion publique soutiennent le présent projet de loi.

Enfin, à celles et à ceux qui veulent fermer les frontières de notre pays, je rappelle que la France s'est construite de tout temps grâce à l'arrivée d'étrangers venant de multiples pays, à qui elle doit une grande partie de sa richesse et de son rayonnement.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Elle ne mérite sûrement pas les réactions très excessives qu’elle suscite.

Y a-t-il aujourd’hui des personnes en situation irrégulière qui travaillent légalement dans notre pays ? La réponse est oui, bien sûr.

Sont-elles parfois régularisées au bout d’un certain temps de présence et de travail sur le territoire national ? Oui, bien sûr ! Autrement dit, le sujet de cet article n’est pas nouveau et il ne serait pas juste de prétendre le contraire.

L’innovation majeure de l’article 3 réside dans la création d’un titre de séjour de plein droit pour une personne travaillant dans notre pays depuis plus de huit mois au cours des deux dernières années.

Notre groupe a longuement débattu de cette disposition. Un élément central a toujours fait consensus : nier la situation de ces travailleurs sans-papiers, qui travaillent parfois depuis des années sur notre sol, souvent dans des métiers pénibles, ne résoudra pas le problème.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Vous n’êtes pas la seule…

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Guy Benarroche.

Applaudissements sur les travées des groupes UC et INDEP.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Elle ne mérite sûrement pas les réactions très excessives qu’elle suscite.

Y a-t-il aujourd’hui des personnes en situation irrégulière qui travaillent légalement dans notre pays ? La réponse est oui, bien sûr.

Sont-elles parfois régularisées au bout d’un certain temps de présence et de travail sur le territoire national ? Oui, bien sûr ! Autrement dit, le sujet de cet article n’est pas nouveau et il ne serait pas juste de prétendre le contraire.

L’innovation majeure de l’article 3 réside dans la création d’un titre de séjour de plein droit pour une personne travaillant dans notre pays depuis plus de huit mois au cours des deux dernières années.

Notre groupe a longuement débattu de cette disposition. Un élément central a toujours fait consensus : nier la situation de ces travailleurs sans-papiers, qui travaillent parfois depuis des années sur notre sol, souvent dans des métiers pénibles, ne résoudra pas le problème.

Applaudissements sur les travées du groupe GEST.

M. Alain Marc remplace M. Gérard Larcher au fauteuil de la présidence.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Soyons clairs, ces personnes sont le plus souvent non expulsables : elles sont sur le territoire depuis trop longtemps, elles sont intégrées, elles ont souvent une famille. Inutile donc de venir les voir grossir la catégorie de ce que l’on appelle les « ni ni » : ni expulsables ni régularisables.

Mais faut-il pour autant créer un nouveau type de titre de séjour ? Nous avons finalement considéré que ce n’était pas la bonne option. La solution la plus efficace est de conserver, comme aujourd’hui, le pouvoir d’appréciation des préfets dans une gestion des dossiers au cas par cas. C’est ce à quoi que tend l’amendement que nous vous présenterons.

Il vise aussi et surtout à modifier le régime applicable en matière d’autorisation de travail. Cela a été rappelé : un salarié sans-papiers qui souhaite régulariser sa situation doit recueillir l’accord de son employeur pour pouvoir présenter sa demande de titre de séjour en préfecture. Il ne nous paraît pas pertinent de maintenir ainsi un salarié étranger dans la dépendance de son employeur. C’est la raison pour laquelle notre amendement prévoit également la suppression de cet accord préalable.

Une telle rédaction de l’article 3 nous semble pragmatique et responsable : ni appel d’air ni déni de réalité. Nous espérons que celle-ci sera finalement partagée par tous.

Nous sommes également favorables à un dispositif qui permette d’assouplir l’accès plus rapide au marché du travail pour les demandeurs d’asile qui sont le plus susceptibles d’obtenir la protection de la France.

Il ne s’agit pas de remettre en cause la règle applicable à tous les demandeurs d’asile, d’autant que l’on sait pertinemment qu’une majorité d’entre eux n’obtiendra pas le statut de réfugié.

En revanche, laisser travailler un individu originaire d’un pays pour lequel les ressortissants obtiennent l’asile dans 90 % des cas est une mesure pragmatique ! Cela favorisera son intégration et nous y sommes favorables.

Je conclurai en reprenant une analyse de notre collègue député Jean-Louis Bourlanges. Ce dernier considère qu’il règne en France un climat de peur et d’insécurité dû en grande partie à une perte de confiance dans nos institutions.

Ce texte, à l’aune de nouvelles procédures administratives, tente de remédier à ce constat. Il vient compléter d’autres mesures déjà prises en y mettant encore plus d’exigences. Il correspond à une attente de fermeté et d’efficacité de nos concitoyens. En effet, un sondage paru hier montre que les trois quarts de l’opinion publique soutiennent le présent projet de loi.

Enfin, à celles et à ceux qui veulent fermer les frontières de notre pays, je rappelle que la France s’est construite de tout temps grâce à l’arrivée d’étrangers venant de multiples pays, à qui elle doit une grande partie de sa richesse et de son rayonnement.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Soyons clairs, ces personnes sont le plus souvent non expulsables : elles sont sur le territoire depuis trop longtemps, elles sont intégrées, elles ont souvent une famille. Inutile donc de venir les voir grossir la catégorie de ce que l’on appelle les « ni ni » : ni expulsables ni régularisables.

Faut-il pour autant créer un nouveau type de titre de séjour ? Nous avons finalement considéré que ce n’était pas la bonne option. La solution la plus efficace est de conserver, comme aujourd’hui, le pouvoir d’appréciation des préfets dans une gestion des dossiers au cas par cas. C’est ce à quoi que tend l’amendement que nous vous présenterons.

Il vise aussi et surtout à modifier le régime applicable en matière d’autorisation de travail. Cela a été rappelé : un salarié sans-papiers qui souhaite régulariser sa situation doit recueillir l’accord de son employeur pour pouvoir présenter sa demande de titre de séjour en préfecture. Il ne nous paraît pas pertinent de maintenir ainsi un salarié étranger dans la dépendance de son employeur. C’est la raison pour laquelle notre amendement a également pour objet la suppression de cet accord préalable.

Une telle rédaction de l’article 3 nous semble pragmatique et responsable : ni appel d’air ni déni de réalité. Nous espérons que celle-ci sera finalement partagée par tous.

Nous sommes également favorables à un dispositif qui permette d’assouplir l’accès plus rapide au marché du travail pour les demandeurs d’asile qui sont le plus susceptibles d’obtenir la protection de la France.

Il ne s’agit pas de remettre en cause la règle applicable à tous les demandeurs d’asile, d’autant que l’on sait pertinemment qu’une majorité d’entre eux n’obtiendra pas le statut de réfugié.

En revanche, laisser travailler un individu originaire d’un pays pour lequel les ressortissants obtiennent l’asile dans 90 % des cas est une mesure pragmatique ! Cela favorisera son intégration et nous y sommes favorables.

Je conclurai en reprenant une analyse de notre collègue député Jean-Louis Bourlanges. Ce dernier considère qu’il règne en France un climat de peur et d’insécurité dû en grande partie à une perte de confiance dans nos institutions.

Ce texte, à l’aune de nouvelles procédures administratives, tente de remédier à ce constat. Il vient compléter d’autres mesures déjà prises en y mettant encore plus d’exigences. Il correspond à une attente de fermeté et d’efficacité de nos concitoyens. En effet, un sondage paru hier montre que les trois quarts de l’opinion publique soutiennent le présent projet de loi.

Enfin, à celles et à ceux qui veulent fermer les frontières de notre pays, je rappelle que la France s’est construite de tout temps grâce à l’arrivée d’étrangers venant de multiples pays, à qui elle doit une grande partie de sa richesse et de son rayonnement.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, avant d'entrer dans les détails importants de ce projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration, il est bon de rappeler qu'il est le trentième texte de loi sur la question de l'immigration depuis les années 1980…

À sa lecture, on peut être heurté par son déséquilibre provoqué tant par la partie sécuritaire du texte gouvernemental initial que par la version de la commission des lois du Senat, qui reste sans voix sur les articles 3 et 4, au cœur de l'intégration prévue, tout en renforçant ses aspects punitifs.

Je sais que nous ne définissons ni ne caractérisons pas tous l'immigration de la même façon.

L'immigration est un phénomène normal, historique, récurent. Point commun de l'histoire des civilisations, elle a participé et participera à l'évolution de notre culture et à la construction de notre pays.

C'est un phénomène démographique complexe et tributaire de contingences géopolitiques comme les guerres ou les famines, et même du changement climatique.

Cependant, d'autres fables, de plus en plus nombreuses, voient le jour. Dans la réalité, aucun mur physique ou administratif n'a pu empêcher durablement l'être humain d'aller voir ailleurs, surtout pour des raisons liées à sa survie. Tant d'épisodes tragiques nous le rappellent : en Méditerranée, dans la Manche et ailleurs.

C'est un phénomène, enfin, qui entraînera encore plus de mouvements dans les années à venir au sein des pays et des continents et entre ceux-ci.

Le phénomène migratoire ne peut être appréhendé uniquement à l'aune d'une vision sécuritaire, sauf à assimiler l'étranger à une menace, ce que nous refusons. Le ministère de l'intérieur ne doit pas être l'unique maître d'œuvre de la politique migratoire de notre pays. Il est urgent de nous pencher sur la création d'un ministère dédié à la politique d'immigration, d'accueil et d'intégration comme notre groupe, notamment par la voix de mon collègue Thomas Dossus, a déjà pu l'évoquer.

L'équilibre recherché par ce projet de loi est loin de la promesse présidentielle de 2019, lorsque Emmanuel Macron affirmait : « Je crois au vrai ″en même temps″ sur la politique migratoire aussi. »

Aussi, quelle est cette histoire présentée aujourd'hui par le Gouvernement et réécrite par la commission des lois du Sénat ? Ne soyons pas dupes et analysons l'intérêt politicien devenu le fondement de ce texte dont le parcours jusqu'à ce jour est plus qu'erratique.

Certes, vous déclariez, monsieur le ministre, il y a quelques jours dans le Journal du dimanche : « L'enjeu est trop important pour la Nation pour faire de la politique politicienne. »

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Guy Benarroche.

Applaudissements sur les travées des groupes UC et INDEP.

Applaudissements su r les travées des groupes UC et INDEP.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle FLORENNES

Soyons clairs, ces personnes sont le plus souvent non expulsables : elles sont sur le territoire depuis trop longtemps, elles sont intégrées, elles ont souvent une famille. Inutile donc de venir les voir grossir la catégorie de ce que l’on appelle les « ni ni » : ni expulsables ni régularisables.

Faut-il pour autant créer un nouveau type de titre de séjour ? Nous avons finalement considéré que ce n’était pas la bonne option. La solution la plus efficace est de conserver, comme aujourd’hui, le pouvoir d’appréciation des préfets dans une gestion des dossiers au cas par cas. C’est ce à quoi que tend l’amendement que nous vous présenterons.

Il vise aussi et surtout à modifier le régime applicable en matière d’autorisation de travail. Cela a été rappelé : un salarié sans-papiers qui souhaite régulariser sa situation doit recueillir l’accord de son employeur pour pouvoir présenter sa demande de titre de séjour en préfecture. Il ne nous paraît pas pertinent de maintenir ainsi un salarié étranger dans la dépendance de son employeur. C’est la raison pour laquelle notre amendement a également pour objet la suppression de cet accord préalable.

Une telle rédaction de l’article 3 nous semble pragmatique et responsable : ni appel d’air ni déni de réalité. Nous espérons que celle-ci sera finalement partagée par tous.

Nous sommes également favorables à un dispositif qui permette d’assouplir l’accès plus rapide au marché du travail pour les demandeurs d’asile qui sont le plus susceptibles d’obtenir la protection de la France.

Il ne s’agit pas de remettre en cause la règle applicable à tous les demandeurs d’asile, d’autant que l’on sait pertinemment qu’une majorité d’entre eux n’obtiendra pas le statut de réfugié.

En revanche, laisser travailler un individu originaire d’un pays pour lequel les ressortissants obtiennent l’asile dans 90 % des cas est une mesure pragmatique ! Cela favorisera son intégration et nous y sommes favorables.

Je conclurai en reprenant une analyse de notre collègue député Jean-Louis Bourlanges. Ce dernier considère qu’il règne en France un climat de peur et d’insécurité dû en grande partie à une perte de confiance dans nos institutions.

Ce texte, à l’aune de nouvelles procédures administratives, tente de remédier à ce constat. Il vient compléter d’autres mesures déjà prises en y mettant encore plus d’exigences. Il correspond à une attente de fermeté et d’efficacité de nos concitoyens. En effet, un sondage paru hier montre que les trois quarts de l’opinion publique soutiennent le présent projet de loi.

Enfin, à celles et à ceux qui veulent fermer les frontières de notre pays, je rappelle que la France s’est construite de tout temps grâce à l’arrivée d’étrangers venant de multiples pays, à qui elle doit une grande partie de sa richesse et de son rayonnement.

M. le ministre acquiesce.

Applaudissements sur les travées du groupe GEST.

M. Alain Marc remplace M. Gérard Larcher au fauteuil de la présidence.

Applaudissements su r les travées des groupes UC et INDEP.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Sinon, comment expliquer son retrait de la séance publique en mars dernier, au prétexte qu'« il n'existait pas de majorité pour voter un tel texte », selon Élisabeth Borne ?

Comment expliquer les annonces présidentielles de mars dernier : « Il y aura bien une loi immigration. Il y aura sans doute plusieurs textes immigration et ils arriveront dans les prochaines semaines. » ?

Comment accorder ces propos avec les déclarations de la Première ministre en avril : « Ce n'est pas le moment de lancer un débat sur un sujet qui pourrait diviser le pays. […] Si nous ne pouvons pas trouver d'accord global, nous présenterons en tout état de cause un texte à l'automne, avec comme seule boussole l'efficacité. » ? Pensez-vous réellement que le climat est plus apaisé aujourd'hui qu'en avril ?

La politisation outrancière de la question migratoire est un piège qui ne devrait profiter à personne, mais qui profitera malheureusement à certains.

Comment expliquer, encore, que l'on soit passé d'un texte « gentil avec les gentils, méchants avec les méchants » – c'était la morale de la fable –, au texte « le plus ferme avec les mesures les plus dures depuis ces trente dernières années » ?

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, avant d'entrer dans les détails importants de ce projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration, il est bon de rappeler qu'il est le trentième texte de loi sur la question de l'immigration depuis les années 1980…

À sa lecture, on peut être heurté par son déséquilibre provoqué tant par la partie sécuritaire du texte gouvernemental initial que par la version de la commission des lois du Sénat, qui reste sans voix sur les articles 3 et 4, au cœur de l'intégration prévue, tout en renforçant ses aspects punitifs.

Je sais que nous ne définissons ni ne caractérisons pas tous l'immigration de la même façon.

L'immigration est un phénomène normal, historique, récurent. Point commun de l'histoire des civilisations, elle a participé et participera à l'évolution de notre culture et à la construction de notre pays.

C'est un phénomène démographique complexe et tributaire de contingences géopolitiques comme les guerres ou les famines, et même du changement climatique.

Cependant, d'autres fables, de plus en plus nombreuses, voient le jour. Dans la réalité, aucun mur physique ou administratif n'a pu empêcher durablement l'être humain d'aller voir ailleurs, surtout pour des raisons liées à sa survie. Tant d'épisodes tragiques nous le rappellent : en Méditerranée, dans la Manche et ailleurs.

C'est un phénomène, enfin, qui entraînera encore plus de mouvements dans les années à venir au sein des pays et des continents et entre ceux-ci.

Le phénomène migratoire ne peut être appréhendé uniquement à l'aune d'une vision sécuritaire, sauf à assimiler l'étranger à une menace, ce que nous refusons. Le ministère de l'intérieur ne doit pas être l'unique maître d'œuvre de la politique migratoire de notre pays. Il est urgent de nous pencher sur la création d'un ministère dédié à la politique d'immigration, d'accueil et d'intégration comme notre groupe, notamment par la voix de mon collègue Thomas Dossus, a déjà pu l'évoquer.

L'équilibre recherché par ce projet de loi est loin de la promesse présidentielle de 2019, lorsque Emmanuel Macron affirmait : « Je crois au vrai ″en même temps″ sur la politique migratoire aussi. »

Aussi, quelle est cette histoire présentée aujourd'hui par le Gouvernement et réécrite par la commission des lois du Sénat ? Ne soyons pas dupes et analysons l'intérêt politicien devenu le fondement de ce texte dont le parcours jusqu'à ce jour est plus qu'erratique.

Certes, vous déclariez, monsieur le ministre, il y a quelques jours dans le Journal du dimanche : « L'enjeu est trop important pour la Nation pour faire de la politique politicienne. »

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, avant d'entrer dans les détails importants de ce projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration, il est bon de rappeler qu'il est le trentième texte de loi sur la question de l'immigration depuis les années 1980…

À sa lecture, on peut être heurté par son déséquilibre provoqué tant par la partie sécuritaire du texte gouvernemental initial que par la version de la commission des lois du Sénat, qui reste sans voix sur les articles 3 et 4, au cœur de l'intégration prévue, tout en renforçant ses aspects punitifs.

Je sais que nous ne définissons ni ne caractérisons pas tous l'immigration de la même façon.

L'immigration est un phénomène normal, historique, récurent. Point commun de l'histoire des civilisations, elle a participé et participera à l'évolution de notre culture et à la construction de notre pays.

C'est un phénomène démographique complexe et tributaire de contingences géopolitiques comme les guerres ou les famines, et même du changement climatique.

Cependant, d'autres fables, de plus en plus nombreuses, voient le jour. Dans la réalité, aucun mur physique ou administratif n'a pu empêcher durablement l'être humain d'aller voir ailleurs, surtout pour des raisons liées à sa survie. Tant d'épisodes tragiques nous le rappellent : en Méditerranée, dans la Manche et ailleurs.

C'est un phénomène, enfin, qui entraînera encore plus de mouvements dans les années à venir au sein des pays et des continents et entre ceux-ci.

Le phénomène migratoire ne peut être appréhendé uniquement à l'aune d'une vision sécuritaire, sauf à assimiler l'étranger à une menace, ce que nous refusons. Le ministère de l'intérieur ne doit pas être l'unique maître d'œuvre de la politique migratoire de notre pays. Il est urgent de nous pencher sur la création d'un ministère dédié à la politique d'immigration, d'accueil et d'intégration comme notre groupe, notamment par la voix de mon collègue Thomas Dossus, a déjà pu l'évoquer.

L'équilibre recherché par ce projet de loi est loin de la promesse présidentielle de 2019, lorsque Emmanuel Macron affirmait : « Je crois au vrai ″en même temps″ sur la politique migratoire aussi. »

Aussi, quelle est cette histoire présentée aujourd'hui par le Gouvernement et réécrite par la commission des lois du Sénat ? Ne soyons pas dupes et analysons l'intérêt politicien devenu le fondement de ce texte dont le parcours jusqu'à ce jour est plus qu'erratique.

Certes, vous déclariez, monsieur le ministre, il y a quelques jours dans Le Journal du dimanche : « L'enjeu est trop important pour la Nation pour faire de la politique politicienne. »

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Guy Benarroche.

M. Alain Marc remplace M. Gérard Larcher au fauteuil de la présidence.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ce n'est pas incompatible !

M. le ministre acquiesce.

Applaudissements sur les travées du groupe GEST.

Applaudissements sur les travées du groupe GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Guy Benarroche.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

M. Guy Benarroche. « La France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien » disait le Président de la République en 2019. Mieux accueillir, est-ce procéder dans le budget à une baisse des crédits octroyés pour l'allocation pour demandeur d'asile (ADA) de plus d'un tiers – 36 % – comme l'an dernier ?

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Sinon, comment expliquer son retrait de la séance publique en mars dernier, au prétexte qu'« il n'existait pas de majorité pour voter un tel texte », selon Élisabeth Borne ?

Comment expliquer les annonces présidentielles de mars dernier : « Il y aura bien une loi immigration. Il y aura sans doute plusieurs textes immigration et ils arriveront dans les prochaines semaines. » ?

Comment accorder ces propos avec les déclarations de la Première ministre en avril : « Ce n'est pas le moment de lancer un débat sur un sujet qui pourrait diviser le pays. […] Si nous ne pouvons pas trouver d'accord global, nous présenterons en tout état de cause un texte à l'automne, avec comme seule boussole l'efficacité. » ? Pensez-vous réellement que le climat est plus apaisé aujourd'hui qu'en avril ?

La politisation outrancière de la question migratoire est un piège qui ne devrait profiter à personne, mais qui profitera malheureusement à certains.

Comment expliquer, encore, que l'on soit passé d'un texte « gentil avec les gentils, méchants avec les méchants » – c'était la morale de la fable –, au texte « le plus ferme avec les mesures les plus dures depuis ces trente dernières années » ?

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Sinon, comment expliquer son retrait de la séance publique en mars dernier, au prétexte qu'« il n'existait pas de majorité pour voter un tel texte », selon Élisabeth Borne ?

Comment expliquer les annonces présidentielles de mars dernier : « Il y aura bien une loi immigration. Il y aura sans doute plusieurs textes immigration et ils arriveront dans les prochaines semaines. » ?

Comment accorder ces propos avec les déclarations de la Première ministre en avril : « Ce n'est pas le moment de lancer un débat sur un sujet qui pourrait diviser le pays. […] Si nous ne pouvons pas trouver d'accord global, nous présenterons en tout état de cause un texte à l'automne, avec comme seule boussole l'efficacité. » ? Pensez-vous réellement que le climat est plus apaisé aujourd'hui qu'en avril ?

La politisation outrancière de la question migratoire est un piège qui ne devrait profiter à personne, mais qui profitera malheureusement à certains.

Comment expliquer, encore, que l'on soit passé d'un texte « gentil avec les gentils, méchant avec les méchants » – c'était la morale de la fable –, au texte « le plus ferme avec les mesures les plus dures depuis ces trente dernières années » ?

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, avant d’entrer dans les détails importants de ce projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration, il est bon de rappeler qu’il est le trentième texte de loi sur la question de l’immigration depuis les années 1980…

À sa lecture, on peut être heurté par son déséquilibre provoqué tant par la partie sécuritaire du texte gouvernemental initial que par la version de la commission des lois du Sénat, qui reste sans voix sur les articles 3 et 4, au cœur de l’intégration prévue, tout en renforçant ses aspects punitifs.

Je sais que nous ne définissons ni ne caractérisons pas tous l’immigration de la même façon.

L’immigration est un phénomène normal, historique, récurent. Point commun de l’histoire des civilisations, elle a participé et participera à l’évolution de notre culture et à la construction de notre pays.

C’est un phénomène démographique complexe et tributaire de contingences géopolitiques comme les guerres ou les famines, et même du changement climatique.

Cependant, d’autres fables, de plus en plus nombreuses, voient le jour. Dans la réalité, aucun mur physique ou administratif n’a pu empêcher durablement l’être humain d’aller voir ailleurs, surtout pour des raisons liées à sa survie. Tant d’épisodes tragiques nous le rappellent : en Méditerranée, dans la Manche et ailleurs.

C’est un phénomène, enfin, qui entraînera encore plus de mouvements dans les années à venir au sein des pays et des continents et entre ceux-ci.

Le phénomène migratoire ne peut être appréhendé uniquement à l’aune d’une vision sécuritaire, sauf à assimiler l’étranger à une menace, ce que nous refusons. Le ministère de l’intérieur ne doit pas être l’unique maître d’œuvre de la politique migratoire de notre pays. Il est urgent de nous pencher sur la création d’un ministère dédié à la politique d’immigration, d’accueil et d’intégration comme notre groupe, notamment par la voix de mon collègue Thomas Dossus, a déjà pu l’évoquer.

L’équilibre recherché par ce projet de loi est loin de la promesse présidentielle de 2019, lorsque Emmanuel Macron affirmait : « Je crois au vrai “en même temps” sur la politique migratoire aussi. »

Aussi, quelle est cette histoire présentée aujourd’hui par le Gouvernement et réécrite par la commission des lois du Sénat ? Ne soyons pas dupes et analysons l’intérêt politicien devenu le fondement de ce texte dont le parcours jusqu’à ce jour est plus qu’erratique.

Certes, vous déclariez, monsieur le ministre, il y a quelques jours dans Le Journal du dimanche : « L’enjeu est trop important pour la Nation pour faire de la politique politicienne. »

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, avant d’entrer dans les détails importants de ce projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration, il est bon de rappeler qu’il est le trentième texte de loi sur la question de l’immigration depuis les années 1980…

À sa lecture, on peut être heurté par son déséquilibre provoqué tant par la partie sécuritaire du texte gouvernemental initial que par la version de la commission des lois du Sénat, qui reste sans voix sur les articles 3 et 4, au cœur de l’intégration prévue, tout en renforçant ses aspects punitifs.

Je sais que nous ne définissons ni ne caractérisons pas tous l’immigration de la même façon.

L’immigration est un phénomène normal, historique, récurrent. Point commun de l’histoire des civilisations, elle a participé et participera à l’évolution de notre culture et à la construction de notre pays.

C’est un phénomène démographique complexe et tributaire de contingences géopolitiques comme les guerres ou les famines, et même du changement climatique.

Cependant, d’autres fables, de plus en plus nombreuses, voient le jour. Dans la réalité, aucun mur physique ou administratif n’a pu empêcher durablement l’être humain d’aller voir ailleurs, surtout pour des raisons liées à sa survie. Tant d’épisodes tragiques nous le rappellent : en Méditerranée, dans la Manche et ailleurs.

C’est un phénomène, enfin, qui entraînera encore plus de mouvements dans les années à venir au sein des pays et des continents et entre ceux-ci.

Le phénomène migratoire ne peut être appréhendé uniquement à l’aune d’une vision sécuritaire, sauf à assimiler l’étranger à une menace, ce que nous refusons. Le ministère de l’intérieur ne doit pas être l’unique maître d’œuvre de la politique migratoire de notre pays. Il est urgent de nous pencher sur la création d’un ministère dédié à la politique d’immigration, d’accueil et d’intégration comme notre groupe, notamment par la voix de mon collègue Thomas Dossus, a déjà pu l’évoquer.

L’équilibre recherché par ce projet de loi est loin de la promesse présidentielle de 2019, lorsque Emmanuel Macron affirmait : « Je crois au vrai “en même temps” sur la politique migratoire aussi. »

Aussi, quelle est cette histoire présentée aujourd’hui par le Gouvernement et réécrite par la commission des lois du Sénat ? Ne soyons pas dupes et analysons l’intérêt politicien devenu le fondement de ce texte dont le parcours jusqu’à ce jour est plus qu’erratique.

Certes, vous déclariez, monsieur le ministre, il y a quelques jours dans Le Journal du dimanche : « L’enjeu est trop important pour la Nation pour faire de la politique politicienne. »

Applaudissements sur les travées du groupe GEST.

M. le ministre conteste ce chiffre.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ce n'est pas incompatible !

M. le ministre acquiesce.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, avant d’entrer dans les détails importants de ce projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration, il est bon de rappeler qu’il est le trentième texte de loi sur la question de l’immigration depuis les années 1980…

À sa lecture, on peut être heurté par son déséquilibre provoqué tant par la partie sécuritaire du texte gouvernemental initial que par la version de la commission des lois du Sénat, qui reste sans voix sur les articles 3 et 4, au cœur de l’intégration prévue, tout en renforçant ses aspects punitifs.

Je sais que nous ne définissons ni ne caractérisons pas tous l’immigration de la même façon.

L’immigration est un phénomène normal, historique, récurrent. Point commun de l’histoire des civilisations, elle a participé et participera à l’évolution de notre culture et à la construction de notre pays.

C’est un phénomène démographique complexe et tributaire de contingences géopolitiques comme les guerres ou les famines, et même du changement climatique.

Cependant, d’autres fables, de plus en plus nombreuses, voient le jour. Dans la réalité, aucun mur physique ou administratif n’a pu empêcher durablement l’être humain d’aller voir ailleurs, surtout pour des raisons liées à sa survie. Tant d’épisodes tragiques nous le rappellent : en Méditerranée, dans la Manche et ailleurs.

C’est un phénomène, enfin, qui entraînera encore plus de mouvements dans les années à venir au sein des pays et des continents et entre ceux-ci.

Le phénomène migratoire ne peut être appréhendé uniquement à l’aune d’une vision sécuritaire, sauf à assimiler l’étranger à une menace, ce que nous refusons. Le ministère de l’intérieur ne doit pas être l’unique maître d’œuvre de la politique migratoire de notre pays. Il est urgent de nous pencher sur la création d’un ministère dédié à la politique d’immigration, d’accueil et d’intégration comme notre groupe, notamment par la voix de mon collègue Thomas Dossus, a déjà pu l’évoquer.

L’équilibre recherché par ce projet de loi est loin de la promesse présidentielle de 2019, lorsque Emmanuel Macron affirmait : « Je crois au vrai “en même temps” sur la politique migratoire aussi. »

Aussi, quelle est cette histoire présentée aujourd’hui par le Gouvernement et réécrite par la commission des lois du Sénat ? Ne soyons pas dupes et analysons l’intérêt politicien devenu le fondement de ce texte dont le parcours jusqu’à ce jour est plus qu’erratique.

Certes, vous déclariez, monsieur le ministre, il y a quelques jours dans Le Journal du dimanche : « L’enjeu est trop important pour la Nation pour faire de la politique politicienne. »

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Notre pays ne peut pas mettre les gens dans des situations irrégulières vis-à-vis de la loi du fait de la complexité croissante de celle-ci et de l'inflation législative nationale et européenne. Comment ne pas voir que ce texte n'apporte rien au phénomène inexcusable de précarisation des étrangers ?

Venons-en à l'intégration par le travail : c'était l'un des deux piliers mis en avant par les ministres Darmanin et Dussopt. L'accès au travail est la clé de l'intégration des adultes arrivant sur notre sol. Je sais que cette conviction est partagée, au vu du traitement des Ukrainiens lors de leur arrivée. La crise ukrainienne a montré que l'Europe et notre pays pouvaient accueillir, de manière à la fois convenable et rapide, dès lors que la volonté politique en ce sens était affirmée. Le régime dérogatoire appliqué aux Ukrainiens, qui a fait ses preuves, ne devrait-il pas tendre à devenir la règle ?

La question de la régularisation – la jambe gauche bien maigrichonne du texte –, abordée en partie dans l'article 3, est essentielle. Permettez-moi de rappeler l'objectif annoncé : régulariser les travailleurs sans-papiers pour faciliter leur intégration, leur éviter d'être à la merci de réseaux mafieux et permettre à de nombreuses branches de notre économie de fonctionner normalement, comme beaucoup d'employeurs le demandent.

Or, monsieur le ministre, en l'absence du ministre du travail, vous nous dites aujourd'hui que vous allez passer un accord avec la droite afin que cet article 3 ne permette de régulariser que le moins de monde possible, sans satisfaire aucun des objectifs que vous aviez vous-même annoncés. Comment ne pas vouloir protéger des personnes qui travaillent et qui veulent s'intégrer de la peur permanente du contrôle, de l'éloignement, d'un nouvel exode ? Personne ne peut être complètement intégré, même après des années, en vivant dans une telle crainte. Intégrer par le travail, c'est aussi régulariser par le travail.

Par ce texte, vous proposez également de multiplier les OQTF ainsi que les CRA et, en même temps, d'imposer plus de contraintes dans le cadre du renouvellement des demandes, pour les étudiants par exemple, pour les prises de rendez-vous en préfecture ou encore pour l'obtention de titres, alors que l'on sait déjà que les délais sont insupportables.

Nous étions prêts à féliciter le Gouvernement pour enfin agir sur la rétention de mineurs dans les CRA, mais la limitation de l'interdiction de placement aux mineurs âgés de moins de 16 ans est une farce qui ne nous amuse pas.

Vous organisez les défaillances systémiques de la CNDA – manque de moyens et de personnels – et, en même temps, vous vous appuyez sur ces délais rendus trop longs pour justifier une réflexion au sujet des modifications des règles de droit pour limiter les recours et généraliser le juge unique !

Les assesseurs de la formation collégiale ne sont pas forcément des magistrats : cesser de faire appel à la collégialité, notamment au membre désigné par le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, n'accélérera pas les procédures.

Certes, il y a une embolisation d'un système mal dimensionné, mais la seule réponse est un calibrage adapté, avec un nombre de locaux et un effectif adéquats.

Au groupe Écologiste – Solidarité et Territoires, nous sommes clairement en faveur d'une meilleure célérité des procédures, mais jamais aux dépens des fondamentaux de la justice, des droits de la personne ou des conditions de travail des agents de notre service public.

Je pense aussi à l'enterrement définitif de la promesse d'Orléans de 2017, lorsque le Président avait déclaré qu'aucun demandeur d'asile ne dormirait dehors : rien de ce qui nous a été présenté ne s'attelle à ce sujet pourtant essentiel.

Et comment ne pas évoquer la fin de l'AME, qui, comme l'ont souligné des milliers de médecins, acteurs de la santé et du social, est une aberration ? Quelle est cette légende d'un soi-disant appel d'air que tous les chiffres et témoignages démentent ?

Nous devons veiller à une inconditionnalité de la dignité dans l'accueil : il y va de notre honneur, dont je regrette que nous ne fassions pas preuve à un degré égal face à l'Aquarius ou à l'Ocean Viking.

L'accord comme le rejet des demandes d'asiles doivent s'inscrire dans le respect des procédures et des personnes, et dans le cadre d'une prise en charge digne, de l'accueil jusqu'au traitement des demandes.

Chers collègues, n'y voyez ni naïveté ni idéalisme utopique, mais entendez au contraire le besoin d'accueillir humainement et de mieux respecter la dignité de chacun. Ce projet de loi ne le permet pas : nous avons la responsabilité de le faire évoluer dans les jours qui viennent.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

M. Guy Benarroche. « La France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien » disait le Président de la République en 2019. Mieux accueillir, est-ce procéder dans le budget à une baisse des crédits octroyés pour l'allocation pour demandeur d'asile (ADA) de plus d'un tiers – 36 % – comme l'an dernier ?

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

M. Guy Benarroche. « La France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien », disait le Président de la République en 2019. Mieux accueillir, est-ce procéder dans le budget à une baisse des crédits octroyés pour l'allocation pour demandeur d'asile (ADA) de plus d'un tiers – 36 % – comme l'an dernier ?

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Sinon, comment expliquer son retrait de la séance publique en mars dernier, au prétexte qu’« il n’existait pas de majorité pour voter un tel texte », selon Élisabeth Borne ?

Comment expliquer les annonces présidentielles de mars dernier : « Il y aura bien une loi immigration. Il y aura sans doute plusieurs textes immigration et ils arriveront dans les prochaines semaines. » ?

Comment accorder ces propos avec les déclarations de la Première ministre en avril : « Ce n’est pas le moment de lancer un débat sur un sujet qui pourrait diviser le pays. […] Si nous ne pouvons pas trouver d’accord global, nous présenterons en tout état de cause un texte à l’automne, avec comme seule boussole l’efficacité. » ? Pensez-vous réellement que le climat est plus apaisé aujourd’hui qu’en avril ?

La politisation outrancière de la question migratoire est un piège qui ne devrait profiter à personne, mais qui profitera malheureusement à certains.

Comment expliquer, encore, que l’on soit passé d’un texte « gentil avec les gentils, méchant avec les méchants » – c’était la morale de la fable –, au texte « le plus ferme avec les mesures les plus dures depuis ces trente dernières années » ?

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Sinon, comment expliquer son retrait de la séance publique au mois de mars dernier, au prétexte qu’« il n’existait pas de majorité pour voter un tel texte », selon Élisabeth Borne ?

Comment expliquer les annonces présidentielles de mars dernier : « Il y aura bien une loi immigration. Il y aura sans doute plusieurs textes immigration et ils arriveront dans les prochaines semaines. » ?

Comment accorder ces propos avec les déclarations de la Première ministre en avril : « Ce n’est pas le moment de lancer un débat sur un sujet qui pourrait diviser le pays. […] Si nous ne pouvons pas trouver d’accord global, nous présenterons en tout état de cause un texte à l’automne, avec comme seule boussole l’efficacité. » ? Pensez-vous réellement que le climat soit plus apaisé aujourd’hui qu’en avril ?

La politisation outrancière de la question migratoire est un piège qui ne devrait profiter à personne, mais qui profitera malheureusement à certains.

Comment expliquer, encore, que l’on soit passé d’un texte « gentil avec les gentils, méchant avec les méchants » – c’était la morale de la fable –, au texte « le plus ferme avec les mesures les plus dures depuis ces trente dernières années » ?

M. le ministre acquiesce.

Applaudissements sur les travées des groupes GEST, SER et CRCE-K.

M. le ministre conteste ce chiffre.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ce n’est pas incompatible !

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Sinon, comment expliquer son retrait de la séance publique au mois de mars dernier, au prétexte qu’« il n’existait pas de majorité pour voter un tel texte », selon Élisabeth Borne ?

Comment expliquer les annonces présidentielles de mars dernier : « Il y aura bien une loi immigration. Il y aura sans doute plusieurs textes immigration et ils arriveront dans les prochaines semaines. » ?

Comment accorder ces propos avec les déclarations de la Première ministre en avril : « Ce n’est pas le moment de lancer un débat sur un sujet qui pourrait diviser le pays. […] Si nous ne pouvons pas trouver d’accord global, nous présenterons en tout état de cause un texte à l’automne, avec comme seule boussole l’efficacité. » ? Pensez-vous réellement que le climat soit plus apaisé aujourd’hui qu’en avril ?

La politisation outrancière de la question migratoire est un piège qui ne devrait profiter à personne, mais qui profitera malheureusement à certains.

Comment expliquer, encore, que l’on soit passé d’un texte « gentil avec les gentils, méchant avec les méchants » – c’était la morale de la fable –, au texte « le plus ferme avec les mesures les plus dures depuis ces trente dernières années » ?

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Notre pays ne peut pas mettre les gens dans des situations irrégulières vis-à-vis de la loi du fait de la complexité croissante de celle-ci et de l'inflation législative nationale et européenne. Comment ne pas voir que ce texte n'apporte rien au phénomène inexcusable de précarisation des étrangers ?

Venons-en à l'intégration par le travail : c'était l'un des deux piliers mis en avant par les ministres Darmanin et Dussopt. L'accès au travail est la clé de l'intégration des adultes arrivant sur notre sol. Je sais que cette conviction est partagée, au vu du traitement des Ukrainiens lors de leur arrivée. La crise ukrainienne a montré que l'Europe et notre pays pouvaient accueillir, de manière à la fois convenable et rapide, dès lors que la volonté politique en ce sens était affirmée. Le régime dérogatoire appliqué aux Ukrainiens, qui a fait ses preuves, ne devrait-il pas tendre à devenir la règle ?

La question de la régularisation – la jambe gauche bien maigrichonne du texte –, abordée en partie dans l'article 3, est essentielle. Permettez-moi de rappeler l'objectif annoncé : régulariser les travailleurs sans-papiers pour faciliter leur intégration, leur éviter d'être à la merci de réseaux mafieux et permettre à de nombreuses branches de notre économie de fonctionner normalement, comme beaucoup d'employeurs le demandent.

Or, monsieur le ministre, en l'absence du ministre du travail, vous nous dites aujourd'hui que vous allez passer un accord avec la droite afin que cet article 3 ne permette de régulariser que le moins de monde possible, sans satisfaire aucun des objectifs que vous aviez vous-même annoncés. Comment ne pas vouloir protéger des personnes qui travaillent et qui veulent s'intégrer de la peur permanente du contrôle, de l'éloignement, d'un nouvel exode ? Personne ne peut être complètement intégré, même après des années, en vivant dans une telle crainte. Intégrer par le travail, c'est aussi régulariser par le travail.

Par ce texte, vous proposez également de multiplier les OQTF ainsi que les CRA et, en même temps, d'imposer plus de contraintes dans le cadre du renouvellement des demandes, pour les étudiants par exemple, pour les prises de rendez-vous en préfecture ou encore pour l'obtention de titres, alors que l'on sait déjà que les délais sont insupportables.

Nous étions prêts à féliciter le Gouvernement pour enfin agir sur la rétention de mineurs dans les CRA, mais la limitation de l'interdiction de placement aux mineurs âgés de moins de 16 ans est une farce qui ne nous amuse pas.

Vous organisez les défaillances systémiques de la CNDA – manque de moyens et de personnels – et, en même temps, vous vous appuyez sur ces délais rendus trop longs pour justifier une réflexion au sujet des modifications des règles de droit pour limiter les recours et généraliser le juge unique !

Les assesseurs de la formation collégiale ne sont pas forcément des magistrats : cesser de faire appel à la collégialité, notamment au membre désigné par le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, n'accélérera pas les procédures.

Certes, il y a une embolisation d'un système mal dimensionné, mais la seule réponse est un calibrage adapté, avec un nombre de locaux et un effectif adéquats.

Au groupe Écologiste – Solidarité et Territoires, nous sommes clairement en faveur d'une meilleure célérité des procédures, mais jamais aux dépens des fondamentaux de la justice, des droits de la personne ou des conditions de travail des agents de notre service public.

Je pense aussi à l'enterrement définitif de la promesse d'Orléans de 2017, lorsque le Président avait déclaré qu'aucun demandeur d'asile ne dormirait dehors : rien de ce qui nous a été présenté ne s'attelle à ce sujet pourtant essentiel.

Et comment ne pas évoquer la fin de l'AME, qui, comme l'ont souligné des milliers de médecins, acteurs de la santé et du social, est une aberration ? Quelle est cette légende d'un soi-disant appel d'air que tous les chiffres et témoignages démentent ?

Nous devons veiller à une inconditionnalité de la dignité dans l'accueil : il y va de notre honneur, dont je regrette que nous ne fassions pas preuve à un degré égal face à l'Aquarius ou à l'Ocean Viking.

L'accord comme le rejet des demandes d'asiles doivent s'inscrire dans le respect des procédures et des personnes, et dans le cadre d'une prise en charge digne, de l'accueil jusqu'au traitement des demandes.

Chers collègues, n'y voyez ni naïveté ni idéalisme utopique, mais entendez au contraire le besoin d'accueillir humainement et de mieux respecter la dignité de chacun. Ce projet de loi ne le permet pas : nous avons la responsabilité de le faire évoluer dans les jours qui viennent.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Notre pays ne peut pas mettre les gens dans des situations irrégulières vis-à-vis de la loi du fait de la complexité croissante de celle-ci et de l'inflation législative nationale et européenne. Comment ne pas voir que ce texte n'apporte rien au phénomène inexcusable de précarisation des étrangers ?

Venons-en à l'intégration par le travail : c'était l'un des deux piliers mis en avant par les ministres Darmanin et Dussopt. L'accès au travail est la clé de l'intégration des adultes arrivant sur notre sol. Je sais que cette conviction est partagée, au vu du traitement des Ukrainiens lors de leur arrivée. La crise ukrainienne a montré que l'Europe et notre pays pouvaient accueillir, de manière à la fois convenable et rapide, dès lors que la volonté politique en ce sens était affirmée. Le régime dérogatoire appliqué aux Ukrainiens, qui a fait ses preuves, ne devrait-il pas tendre à devenir la règle ?

La question de la régularisation – la jambe gauche bien maigrichonne du texte –, abordée en partie dans l'article 3, est essentielle. Permettez-moi de rappeler l'objectif annoncé : régulariser les travailleurs sans-papiers pour faciliter leur intégration, leur éviter d'être à la merci de réseaux mafieux et permettre à de nombreuses branches de notre économie de fonctionner normalement, comme beaucoup d'employeurs le demandent.

Or, monsieur le ministre, en l'absence du ministre du travail, vous nous dites aujourd'hui que vous allez passer un accord avec la droite afin que cet article 3 permette de régulariser le moins de monde possible, sans satisfaire aucun des objectifs que vous aviez vous-même annoncés. Comment ne pas vouloir protéger des personnes qui travaillent et qui veulent s'intégrer de la peur permanente du contrôle, de l'éloignement, d'un nouvel exode ? Personne ne peut être complètement intégré, même après des années, en vivant dans une telle crainte. Intégrer par le travail, c'est aussi régulariser par le travail.

Par ce texte, vous proposez également de multiplier les OQTF ainsi que les CRA et, en même temps, d'imposer plus de contraintes dans le cadre du renouvellement des demandes, pour les étudiants par exemple, pour les prises de rendez-vous en préfecture ou encore pour l'obtention de titres, alors que l'on sait déjà que les délais sont insupportables.

Nous étions prêts à féliciter le Gouvernement pour enfin agir sur la rétention de mineurs dans les CRA, mais la limitation de l'interdiction de placement aux mineurs âgés de moins de 16 ans est une farce qui ne nous amuse pas.

Vous organisez les défaillances systémiques de la CNDA – manque de moyens et de personnels – et, en même temps, vous vous appuyez sur ces délais rendus trop longs pour justifier une réflexion au sujet des modifications des règles de droit pour limiter les recours et généraliser le juge unique !

Les assesseurs de la formation collégiale ne sont pas forcément des magistrats : cesser de faire appel à la collégialité, notamment au membre désigné par le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, n'accélérera pas les procédures.

Certes, il y a une embolisation d'un système mal dimensionné, mais la seule réponse est un calibrage adapté, avec un nombre de locaux et des effectifs adéquats.

Au groupe Écologiste – Solidarité et Territoires, nous sommes clairement en faveur d'une plus grande célérité des procédures, mais jamais aux dépens des fondamentaux de la justice, des droits de la personne ou des conditions de travail des agents de notre service public.

Je pense aussi à l'enterrement définitif de la promesse d'Orléans de 2017, lorsque le Président avait déclaré qu'aucun demandeur d'asile ne dormirait dehors : rien de ce qui nous a été présenté ne s'attelle à ce sujet pourtant essentiel.

Et comment ne pas évoquer la fin de l'AME, qui, comme l'ont souligné des milliers de médecins, acteurs de la santé et du social, est une aberration ? Quelle est cette légende d'un soi-disant appel d'air que tous les chiffres et témoignages démentent ?

Nous devons veiller à une inconditionnalité de la dignité dans l'accueil : il y va de notre honneur, dont je regrette que nous ne fassions pas preuve à un degré égal face à l'Aquarius ou à l'Ocean Viking.

L'accord comme le rejet des demandes d'asiles doivent s'inscrire dans le respect des procédures et des personnes, et dans le cadre d'une prise en charge digne, de l'accueil jusqu'au traitement des demandes.

Chers collègues, n'y voyez ni naïveté ni idéalisme utopique, mais entendez au contraire le besoin d'accueillir humainement et de mieux respecter la dignité de chacun. Ce projet de loi ne le permet pas : nous avons la responsabilité de le faire évoluer dans les jours qui viennent.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

M. Guy Benarroche. « La France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien », disait le Président de la République en 2019. Mieux accueillir, est-ce procéder dans le budget à une baisse des crédits octroyés pour l’allocation pour demandeur d’asile (ADA) de plus d’un tiers – 36 % – comme l’an dernier ?

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

M. Guy Benarroche. « La France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien », disait le Président de la République en 2019. Mieux accueillir, est-ce procéder dans le budget à une baisse des crédits octroyés pour l’allocation pour demandeur d’asile de plus d’un tiers – 36 % – comme l’an dernier ?

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ce n’est pas incompatible !

M. Fabien Gay applaudit.

Applaudissements sur les travées des groupes GEST, SER et CRCE-K.

M. le ministre conteste ce chiffre.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

M. Guy Benarroche. « La France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien », disait le Président de la République en 2019. Mieux accueillir, est-ce procéder dans le budget à une baisse des crédits octroyés pour l’allocation pour demandeur d’asile de plus d’un tiers – 36 % – comme l’an dernier ?

Debut de section - PermalienPhoto de Ian BROSSAT

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, ce projet de loi, tel qu'il a été réécrit par la commission des lois du Sénat, part au fond d'un principe : l'idée que l'étranger serait d'abord une menace dont il faudrait se prémunir, un péril dont nous devrions nous protéger, un danger qu'il nous reviendrait d'écarter. Mon groupe ne partage ni cette vision des choses ni toutes les mesures qui en découlent.

Qu'un pays définisse des règles en matière d'immigration, c'est une chose qui est parfaitement naturelle et légitime ; qu'il veille à leur respect l'est également. En revanche, que la politique d'immigration se consacre quasi exclusivement à faire des étrangers qui vivent sur notre sol des suspects, c'en est une autre, à laquelle nous n'adhérerons jamais.

Il suffit d'ailleurs, pour démentir cette vision, de regarder la société en face ; de regarder en face la grande masse des étrangers qui vivent sur notre sol, qu'ils aient des papiers ou non – ceux dont on ne parle finalement jamais, ceux qui travaillent en silence, ceux qui, bien souvent, prennent le premier métro pour que les cadres de La Défense puissent travailler dans des bureaux propres. De tous ceux-là, personne ne parle jamais. Ils sont pourtant là, sous nos yeux, dans les cuisines des restaurants alentour, dans les chantiers où se préparent les jeux Olympiques : ils sont auxiliaires de vie dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), médecins dans les hôpitaux, ouvriers agricoles dans nos champs, chercheurs dans nos universités.

Ne pas voir la réalité de la grande masse des étrangers qui vivent sur notre sol, c'est nier que ces femmes et ces hommes travaillent ici, produisent des richesses ici, participent du rayonnement de notre pays et respectent les lois, les principes et les valeurs de la République.

Ces hommes, ces femmes-là, ceux qui représentent la grande masse des étrangers qui vivent sur notre territoire, sont assurément beaucoup plus patriotes et loyaux à la France que tous ces émigrés fiscaux qui continuent à bénéficier d'un laxisme coupable.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Notre pays ne peut pas mettre les gens dans des situations irrégulières vis-à-vis de la loi du fait de la complexité croissante de celle-ci et de l’inflation législative nationale et européenne. Comment ne pas voir que ce texte n’apporte rien au phénomène inexcusable de précarisation des étrangers ?

Venons-en à l’intégration par le travail : c’était l’un des deux piliers mis en avant par les ministres Darmanin et Dussopt. L’accès au travail est la clé de l’intégration des adultes arrivant sur notre sol. Je sais que cette conviction est partagée, au vu du traitement des Ukrainiens lors de leur arrivée. La crise ukrainienne a montré que l’Europe et notre pays pouvaient accueillir, de manière à la fois convenable et rapide, dès lors que la volonté politique en ce sens était affirmée. Le régime dérogatoire appliqué aux Ukrainiens, qui a fait ses preuves, ne devrait-il pas tendre à devenir la règle ?

La question de la régularisation – la jambe gauche bien maigrichonne du texte –, abordée en partie dans l’article 3, est essentielle. Permettez-moi de rappeler l’objectif annoncé : régulariser les travailleurs sans-papiers pour faciliter leur intégration, leur éviter d’être à la merci de réseaux mafieux et permettre à de nombreuses branches de notre économie de fonctionner normalement, comme beaucoup d’employeurs le demandent.

Or, monsieur le ministre, en l’absence du ministre du travail, vous nous dites aujourd’hui que vous allez passer un accord avec la droite afin que cet article 3 permette de régulariser le moins de monde possible, sans satisfaire aucun des objectifs que vous aviez vous-même annoncés. Comment ne pas vouloir protéger des personnes qui travaillent et qui veulent s’intégrer de la peur permanente du contrôle, de l’éloignement, d’un nouvel exode ? Personne ne peut être complètement intégré, même après des années, en vivant dans une telle crainte. Intégrer par le travail, c’est aussi régulariser par le travail.

Par ce texte, vous proposez également de multiplier les OQTF ainsi que les CRA et, en même temps, d’imposer plus de contraintes dans le cadre du renouvellement des demandes, pour les étudiants par exemple, pour les prises de rendez-vous en préfecture ou encore pour l’obtention de titres, alors que l’on sait déjà que les délais sont insupportables.

Nous étions prêts à féliciter le Gouvernement pour enfin agir sur la rétention de mineurs dans les CRA, mais la limitation de l’interdiction de placement aux mineurs âgés de moins de 16 ans est une farce qui ne nous amuse pas.

Vous organisez les défaillances systémiques de la CNDA – manque de moyens et de personnels – et, en même temps, vous vous appuyez sur ces délais rendus trop longs pour justifier une réflexion au sujet des modifications des règles de droit pour limiter les recours et généraliser le juge unique !

Les assesseurs de la formation collégiale ne sont pas forcément des magistrats : cesser de faire appel à la collégialité, notamment au membre désigné par le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, n’accélérera pas les procédures.

Certes, il y a une embolisation d’un système mal dimensionné, mais la seule réponse est un calibrage adapté, avec un nombre de locaux et des effectifs adéquats.

Au groupe Écologiste – Solidarité et Territoires, nous sommes clairement en faveur d’une plus grande célérité des procédures, mais jamais aux dépens des fondamentaux de la justice, des droits de la personne ou des conditions de travail des agents de notre service public.

Je pense aussi à l’enterrement définitif de la promesse d’Orléans de 2017, lorsque le Président avait déclaré qu’aucun demandeur d’asile ne dormirait dehors : rien de ce qui nous a été présenté ne s’attelle à ce sujet pourtant essentiel.

Et comment ne pas évoquer la fin de l’AME, qui, comme l’ont souligné des milliers de médecins, acteurs de la santé et du social, est une aberration ? Quelle est cette légende d’un soi-disant appel d’air que tous les chiffres et témoignages démentent ?

Nous devons veiller à une inconditionnalité de la dignité dans l’accueil : il y va de notre honneur, dont je regrette que nous ne fassions pas preuve à un degré égal face à l’Aquarius ou à l’Ocean Viking.

L’accord comme le rejet des demandes d’asiles doivent s’inscrire dans le respect des procédures et des personnes, et dans le cadre d’une prise en charge digne, de l’accueil jusqu’au traitement des demandes.

Chers collègues, n’y voyez ni naïveté ni idéalisme utopique, mais entendez au contraire le besoin d’accueillir humainement et de mieux respecter la dignité de chacun. Ce projet de loi ne le permet pas : nous avons la responsabilité de le faire évoluer dans les jours qui viennent.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Notre pays ne peut pas mettre les gens dans des situations irrégulières vis-à-vis de la loi du fait de la complexité croissante de celle-ci et de l’inflation législative nationale et européenne. Comment ne pas voir que ce texte n’apporte rien au phénomène inexcusable de précarisation des étrangers ?

Venons-en à l’intégration par le travail : c’était l’un des deux piliers mis en avant par les ministres Darmanin et Dussopt. L’accès au travail est la clé de l’intégration des adultes arrivant sur notre sol. Je sais que cette conviction est partagée, au vu du traitement des Ukrainiens lors de leur arrivée. La crise ukrainienne a montré que l’Europe et notre pays pouvaient accueillir, de manière à la fois convenable et rapide, dès lors que la volonté politique en ce sens était affirmée. Le régime dérogatoire appliqué aux Ukrainiens, qui a fait ses preuves, ne devrait-il pas tendre à devenir la règle ?

La question de la régularisation – la jambe gauche bien maigrichonne du texte –, abordée en partie dans l’article 3, est essentielle. Permettez-moi de rappeler l’objectif annoncé : régulariser les travailleurs sans-papiers pour faciliter leur intégration, leur éviter d’être à la merci de réseaux mafieux et permettre à de nombreuses branches de notre économie de fonctionner normalement, comme beaucoup d’employeurs le demandent.

Or, monsieur le ministre, en l’absence du ministre du travail, vous nous dites aujourd’hui que vous allez passer un accord avec la droite afin que cet article 3 permette de régulariser le moins de monde possible, sans satisfaire aucun des objectifs que vous aviez vous-même annoncés. Comment ne pas vouloir protéger des personnes qui travaillent et qui veulent s’intégrer de la peur permanente du contrôle, de l’éloignement, d’un nouvel exode ? Personne ne peut être complètement intégré, même après des années, en vivant dans une telle crainte. Intégrer par le travail, c’est aussi régulariser par le travail.

Par ce texte, vous proposez également de multiplier les OQTF ainsi que les centres de rétention administrative (CRA) et, en même temps, d’imposer plus de contraintes dans le cadre du renouvellement des demandes, pour les étudiants par exemple, pour les prises de rendez-vous en préfecture ou encore pour l’obtention de titres, alors que l’on sait déjà que les délais sont insupportables.

Nous étions prêts à féliciter le Gouvernement pour enfin agir sur la rétention de mineurs dans les centres de rétention administrative, mais la limitation de l’interdiction de placement aux mineurs âgés de moins de 16 ans est une farce qui ne nous amuse pas.

Vous organisez les défaillances systémiques de la CNDA – manque de moyens et de personnels – et, en même temps, vous vous appuyez sur ces délais rendus trop longs pour justifier une réflexion au sujet des modifications des règles de droit pour limiter les recours et généraliser le juge unique !

Les assesseurs de la formation collégiale ne sont pas forcément des magistrats : cesser de faire appel à la collégialité, notamment au membre désigné par le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, n’accélérera pas les procédures.

Certes, il y a une embolisation d’un système mal dimensionné, mais la seule réponse est un calibrage adapté, avec un nombre de locaux et des effectifs adéquats.

Au groupe Écologiste – Solidarité et Territoires, nous sommes clairement en faveur d’une plus grande célérité des procédures, mais jamais aux dépens des fondamentaux de la justice, des droits de la personne ou des conditions de travail des agents de notre service public.

Je pense aussi à l’enterrement définitif de la promesse d’Orléans de 2017, lorsque le Président avait déclaré qu’aucun demandeur d’asile ne dormirait dehors : rien de ce qui nous a été présenté ne s’attelle à ce sujet pourtant essentiel.

Et comment ne pas évoquer la fin de l’AME, qui, comme l’ont souligné des milliers de médecins, acteurs de la santé et du social, est une aberration ? Quelle est cette légende d’un prétendu appel d’air que tous les chiffres et témoignages démentent ?

Nous devons veiller à une inconditionnalité de la dignité dans l’accueil : il y va de notre honneur, dont je regrette que nous ne fassions pas preuve à un degré égal face à l’Aquarius ou à l’Ocean Viking.

L’accord comme le rejet des demandes d’asiles doivent s’inscrire dans le respect des procédures et des personnes, et dans le cadre d’une prise en charge digne, de l’accueil jusqu’au traitement des demandes.

Chers collègues, n’y voyez ni naïveté ni idéalisme utopique, mais entendez au contraire le besoin d’accueillir humainement et de mieux respecter la dignité de chacun. Ce projet de loi ne le permet pas : nous avons la responsabilité de le faire évoluer dans les jours qui viennent.

M. le ministre conteste ce chiffre.

M. Fabien Gay applaudit.

Applaudissements sur les travées des groupes GEST, SER et CRCE-K.

Applaudissements sur les trav ées des groupes GEST, SER et CRCE-K.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Notre pays ne peut pas mettre les gens dans des situations irrégulières vis-à-vis de la loi du fait de la complexité croissante de celle-ci et de l’inflation législative nationale et européenne. Comment ne pas voir que ce texte n’apporte rien au phénomène inexcusable de précarisation des étrangers ?

Venons-en à l’intégration par le travail : c’était l’un des deux piliers mis en avant par les ministres Darmanin et Dussopt. L’accès au travail est la clé de l’intégration des adultes arrivant sur notre sol. Je sais que cette conviction est partagée, au vu du traitement des Ukrainiens lors de leur arrivée. La crise ukrainienne a montré que l’Europe et notre pays pouvaient accueillir, de manière à la fois convenable et rapide, dès lors que la volonté politique en ce sens était affirmée. Le régime dérogatoire appliqué aux Ukrainiens, qui a fait ses preuves, ne devrait-il pas tendre à devenir la règle ?

La question de la régularisation – la jambe gauche bien maigrichonne du texte –, abordée en partie dans l’article 3, est essentielle. Permettez-moi de rappeler l’objectif annoncé : régulariser les travailleurs sans-papiers pour faciliter leur intégration, leur éviter d’être à la merci de réseaux mafieux et permettre à de nombreuses branches de notre économie de fonctionner normalement, comme beaucoup d’employeurs le demandent.

Or, monsieur le ministre, en l’absence du ministre du travail, vous nous dites aujourd’hui que vous allez passer un accord avec la droite afin que cet article 3 permette de régulariser le moins de monde possible, sans satisfaire aucun des objectifs que vous aviez vous-même annoncés. Comment ne pas vouloir protéger des personnes qui travaillent et qui veulent s’intégrer de la peur permanente du contrôle, de l’éloignement, d’un nouvel exode ? Personne ne peut être complètement intégré, même après des années, en vivant dans une telle crainte. Intégrer par le travail, c’est aussi régulariser par le travail.

Par ce texte, vous proposez également de multiplier les OQTF ainsi que les centres de rétention administrative (CRA) et, en même temps, d’imposer plus de contraintes dans le cadre du renouvellement des demandes, pour les étudiants par exemple, pour les prises de rendez-vous en préfecture ou encore pour l’obtention de titres, alors que l’on sait déjà que les délais sont insupportables.

Nous étions prêts à féliciter le Gouvernement pour enfin agir sur la rétention de mineurs dans les centres de rétention administrative, mais la limitation de l’interdiction de placement aux mineurs âgés de moins de 16 ans est une farce qui ne nous amuse pas.

Vous organisez les défaillances systémiques de la CNDA – manque de moyens et de personnels – et, en même temps, vous vous appuyez sur ces délais rendus trop longs pour justifier une réflexion au sujet des modifications des règles de droit pour limiter les recours et généraliser le juge unique !

Les assesseurs de la formation collégiale ne sont pas forcément des magistrats : cesser de faire appel à la collégialité, notamment au membre désigné par le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, n’accélérera pas les procédures.

Certes, il y a une embolisation d’un système mal dimensionné, mais la seule réponse est un calibrage adapté, avec un nombre de locaux et des effectifs adéquats.

Au groupe Écologiste – Solidarité et Territoires, nous sommes clairement en faveur d’une plus grande célérité des procédures, mais jamais aux dépens des fondamentaux de la justice, des droits de la personne ou des conditions de travail des agents de notre service public.

Je pense aussi à l’enterrement définitif de la promesse d’Orléans de 2017, lorsque le Président avait déclaré qu’aucun demandeur d’asile ne dormirait dehors : rien de ce qui nous a été présenté ne s’attelle à ce sujet pourtant essentiel.

Et comment ne pas évoquer la fin de l’AME, qui, comme l’ont souligné des milliers de médecins, acteurs de la santé et du social, est une aberration ? Quelle est cette légende d’un prétendu appel d’air que tous les chiffres et témoignages démentent ?

Nous devons veiller à une inconditionnalité de la dignité dans l’accueil : il y va de notre honneur, dont je regrette que nous ne fassions pas preuve à un degré égal face à l’Aquarius ou à l’Ocean Viking.

L’accord comme le rejet des demandes d’asiles doivent s’inscrire dans le respect des procédures et des personnes, et dans le cadre d’une prise en charge digne, de l’accueil jusqu’au traitement des demandes.

Chers collègues, n’y voyez ni naïveté ni idéalisme utopique, mais entendez au contraire le besoin d’accueillir humainement et de mieux respecter la dignité de chacun. Ce projet de loi ne le permet pas : nous avons la responsabilité de le faire évoluer dans les jours qui viennent.

Debut de section - Permalien
Ian Brossat

Vous l'avez compris : notre vision est à mille lieues de celle que défendent la majorité sénatoriale et le Gouvernement. Nous sommes à la fois en désaccord avec votre constat de départ et, par conséquent, avec toutes les mesures qui en découlent.

En effet, les amendements qui ont été votés en commission des lois visent en réalité à aggraver le projet initial présenté par le Gouvernement : je pense ici à la limitation du droit du sol et du regroupement familial – ce qui est d'ailleurs totalement contradictoire avec l'objectif d'intégration, car il faudra m'expliquer comment un étranger qui vient en France peut s'intégrer, dès lors qu'il n'a pas la possibilité de vivre en famille – et à la remise en cause de l'aide médicale de l'État.

Au fond, partant de l'idée que l'immigré est une menace, vous déployez une stratégie selon laquelle vous parviendrez à réduire les flux migratoires en dégradant les conditions d'accueil de ceux qui cherchent refuge chez nous. C'est totalement faux : d'abord parce que, depuis des années, ces conditions d'accueil ont déjà été considérablement dégradées sans que cela ait en rien conduit à un tarissement des flux ; ensuite, parce que le faible taux de recours aux nombreuses aides dont peuvent bénéficier les immigrés prouve bien que ceux-ci ne viennent pas en France pour ce motif.

Comment expliquer autrement que le taux de recours à l'aide médicale de l'État soit d'à peine 50 % ? Comment expliquer que 70 % des étrangers en situation régulière, ressortissants d'un État hors de l'Union européenne, ayant droit au RSA n'y ont pas recours ? C'est bien la preuve que ces personnes ne viennent pas en France pour bénéficier d'aides.

Adopter une telle vision, c'est par ailleurs se tromper fondamentalement : en effet, ce qui provoque la migration, ce n'est pas l'attractivité du pays d'accueil, mais bien la situation du pays de départ. Pour avoir un effet sur les flux, il faut donc agir sur la situation du pays de départ et non pas dégrader les conditions d'accueil sur notre sol.

Dès lors, deux possibilités se présentent à nous. Soit nous restons dans le déni et continuons à vendre le mirage d'une immigration zéro – ou d'une immigration quasi réduite à néant – : faire ce choix, c'est laisser le chaos s'installer. Soit nous regardons la réalité des migrations en face et nous organisons les conditions d'un accueil digne et d'une intégration par l'école, par la langue et par le travail.

C'est d'ailleurs précisément parce que cette organisation fait défaut que nous en sommes là aujourd'hui. C'est précisément ce qui nourrit le discours sur le chaos migratoire : c'est l'absence de voie légale d'immigration qui crée un marché pour les passeurs ; c'est l'absence d'hébergements dignes qui crée un marché pour les marchands de sommeil – d'ailleurs, nous proposons un amendement visant à permettre aux victimes des marchands de sommeil qui portent plainte de bénéficier d'un titre de séjour provisoire, afin de les protéger. C'est, enfin, l'absence de régularisation massive par le travail qui crée les conditions pour que des patrons voyous puissent profiter de la misère.

Autrement dit, le drame est non pas l'immigration, mais son exploitation par un certain nombre de personnes qui profitent de la misère humaine. Cela a été dit, mais la suppression par la commission des lois de l'article 8, qui sanctionnait les employeurs d'immigrés sans-papiers, soulève une question qui devrait interpeller chacun d'entre nous : dans une relation d'exploitation, qui est coupable ? L'exploiteur, ou l'exploité ? Seule la régularisation des travailleurs sans-papiers nous permettrait de sortir de cette hypocrisie.

Vous l'aurez compris : la vision que nous défendons est aux antipodes de celle du texte issu des travaux de la commission des lois. Ne l'oublions pas : lorsque nous débattons au sujet des étrangers qui vivent sur notre sol et des politiques qui les concernent, c'est d'abord de nous-mêmes, de notre vision de notre pays et de nos valeurs qu'il est question.

Debut de section - PermalienPhoto de Ian BROSSAT

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, ce projet de loi, tel qu'il a été réécrit par la commission des lois du Sénat, part au fond d'un principe : l'idée que l'étranger serait d'abord une menace dont il faudrait se prémunir, un péril dont nous devrions nous protéger, un danger qu'il nous reviendrait d'écarter. Mon groupe ne partage ni cette vision des choses ni toutes les mesures qui en découlent.

Qu'un pays définisse des règles en matière d'immigration, c'est une chose qui est parfaitement naturelle et légitime ; qu'il veille à leur respect l'est également. En revanche, que la politique d'immigration se consacre quasi exclusivement à faire des étrangers qui vivent sur notre sol des suspects, c'en est une autre, à laquelle nous n'adhérerons jamais.

Il suffit d'ailleurs, pour démentir cette vision, de regarder la société en face ; de regarder en face la grande masse des étrangers qui vivent sur notre sol, qu'ils aient des papiers ou non – ceux dont on ne parle finalement jamais, ceux qui travaillent en silence, ceux qui, bien souvent, prennent le premier métro pour que les cadres de La Défense puissent travailler dans des bureaux propres. De tous ceux-là, personne ne parle jamais. Ils sont pourtant là, sous nos yeux, dans les cuisines des restaurants alentour, dans les chantiers où se préparent les jeux Olympiques : ils sont auxiliaires de vie dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), médecins dans les hôpitaux, ouvriers agricoles dans nos champs, chercheurs dans nos universités.

Ne pas voir la réalité de la grande masse des étrangers qui vivent sur notre sol, c'est nier que ces femmes et ces hommes travaillent ici, produisent des richesses ici, participent du rayonnement de notre pays et respectent les lois, les principes et les valeurs de la République.

Ces hommes, ces femmes-là, ceux qui représentent la grande masse des étrangers qui vivent sur notre territoire, sont assurément beaucoup plus patriotes et loyaux à la France que tous ces émigrés fiscaux qui continuent à bénéficier d'un laxisme coupable.

Applaudissements sur les trav ées des groupes GEST, SER et CRCE-K.

Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K, SER et GEST.

M. Fabien Gay applaudit.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à Mme Maryse Carrère.

Debut de section - Permalien
Ian Brossat

Vous l'avez compris : notre vision est à mille lieues de celle que défendent la majorité sénatoriale et le Gouvernement. Nous sommes à la fois en désaccord avec votre constat de départ et, par conséquent, avec toutes les mesures qui en découlent.

En effet, les amendements qui ont été votés en commission des lois visent en réalité à aggraver le projet initial présenté par le Gouvernement : je pense ici à la limitation du droit du sol et du regroupement familial – ce qui est d'ailleurs totalement contradictoire avec l'objectif d'intégration, car il faudra m'expliquer comment un étranger qui vient en France peut s'intégrer, dès lors qu'il n'a pas la possibilité de vivre en famille – et à la remise en cause de l'aide médicale de l'État.

Au fond, partant de l'idée que l'immigré est une menace, vous déployez une stratégie selon laquelle vous parviendrez à réduire les flux migratoires en dégradant les conditions d'accueil de ceux qui cherchent refuge chez nous. C'est totalement faux : d'abord parce que, depuis des années, ces conditions d'accueil ont déjà été considérablement dégradées sans que cela ait en rien conduit à un tarissement des flux ; ensuite, parce que le faible taux de recours aux nombreuses aides dont peuvent bénéficier les immigrés prouve bien que ceux-ci ne viennent pas en France pour ce motif.

Comment expliquer autrement que le taux de recours à l'aide médicale de l'État soit d'à peine 50 % ? Comment expliquer que 70 % des étrangers en situation régulière, ressortissants d'un État hors de l'Union européenne, ayant droit au revenu de solidarité active (RSA) n'y ont pas recours ? C'est bien la preuve que ces personnes ne viennent pas en France pour bénéficier d'aides.

Adopter une telle vision, c'est par ailleurs se tromper fondamentalement : en effet, ce qui provoque la migration, ce n'est pas l'attractivité du pays d'accueil, mais bien la situation du pays de départ. Pour avoir un effet sur les flux, il faut donc agir sur la situation du pays de départ et non pas dégrader les conditions d'accueil sur notre sol.

Dès lors, deux possibilités se présentent à nous. Soit nous restons dans le déni et continuons à vendre le mirage d'une immigration zéro – ou d'une immigration quasi réduite à néant – : faire ce choix, c'est laisser le chaos s'installer. Soit nous regardons la réalité des migrations en face et nous organisons les conditions d'un accueil digne et d'une intégration par l'école, par la langue et par le travail.

C'est d'ailleurs précisément parce que cette organisation fait défaut que nous en sommes là aujourd'hui. C'est précisément ce qui nourrit le discours sur le chaos migratoire : c'est l'absence de voie légale d'immigration qui crée un marché pour les passeurs ; c'est l'absence d'hébergements dignes qui crée un marché pour les marchands de sommeil – d'ailleurs, nous proposons un amendement visant à permettre aux victimes des marchands de sommeil qui portent plainte de bénéficier d'un titre de séjour provisoire, afin de les protéger. C'est, enfin, l'absence de régularisation massive par le travail qui crée les conditions pour que des patrons voyous puissent profiter de la misère.

Autrement dit, le drame est non pas l'immigration, mais son exploitation par un certain nombre de personnes qui profitent de la misère humaine. Cela a été dit, mais la suppression par la commission des lois de l'article 8, qui sanctionnait les employeurs d'immigrés sans-papiers, soulève une question qui devrait interpeller chacun d'entre nous : dans une relation d'exploitation, qui est coupable ? L'exploiteur, ou l'exploité ? Seule la régularisation des travailleurs sans-papiers nous permettrait de sortir de cette hypocrisie.

Vous l'aurez compris : la vision que nous défendons est aux antipodes de celle du texte issu des travaux de la commission des lois. Ne l'oublions pas : lorsque nous débattons au sujet des étrangers qui vivent sur notre sol et des politiques qui les concernent, c'est d'abord de nous-mêmes, de notre vision de notre pays et de nos valeurs qu'il est question.

Debut de section - Permalien
Ian Brossat

Vous l'avez compris : notre vision est à mille lieues de celle que défendent la majorité sénatoriale et le Gouvernement. Nous sommes à la fois en désaccord avec votre constat de départ et, par conséquent, avec toutes les mesures qui en découlent.

En effet, les amendements qui ont été votés en commission des lois visent en réalité à aggraver le projet initial présenté par le Gouvernement : je pense ici à la limitation du droit du sol et du regroupement familial – ce qui est d'ailleurs totalement contradictoire avec l'objectif d'intégration, car il faudra m'expliquer comment un étranger qui vient en France peut s'intégrer, dès lors qu'il n'a pas la possibilité de vivre en famille – et à la remise en cause de l'aide médicale de l'État.

Au fond, partant de l'idée que l'immigré est une menace, vous déployez une stratégie selon laquelle vous parviendrez à réduire les flux migratoires en dégradant les conditions d'accueil de ceux qui cherchent refuge chez nous. C'est totalement faux : d'abord parce que, depuis des années, ces conditions d'accueil ont déjà été considérablement dégradées sans que cela ait en rien conduit à un tarissement des flux ; ensuite, parce que le faible taux de recours aux nombreuses aides dont peuvent bénéficier les immigrés prouve bien que ceux-ci ne viennent pas en France pour ce motif.

Comment expliquer autrement que le taux de recours à l'aide médicale de l'État soit d'à peine 50 % ? Comment expliquer que 70 % des étrangers en situation régulière, ressortissants d'un État hors de l'Union européenne, ayant droit au revenu de solidarité active (RSA) n'y ont pas recours ? C'est bien la preuve que ces personnes ne viennent pas en France pour bénéficier d'aides.

Adopter une telle vision, c'est par ailleurs se tromper fondamentalement : en effet, ce qui provoque la migration, c'est non pas l'attractivité du pays d'accueil, mais bien la situation du pays de départ. Pour avoir un effet sur les flux, il faut donc agir sur la situation du pays de départ et non pas dégrader les conditions d'accueil sur notre sol.

Dès lors, deux possibilités se présentent à nous. Soit nous restons dans le déni et continuons à vendre le mirage d'une immigration zéro – ou d'une immigration quasi réduite à néant – : faire ce choix, c'est laisser le chaos s'installer. Soit nous regardons la réalité des migrations en face et nous organisons les conditions d'un accueil digne et d'une intégration par l'école, par la langue et par le travail.

C'est d'ailleurs précisément parce que cette organisation fait défaut que nous en sommes là aujourd'hui. C'est précisément ce qui nourrit le discours sur le chaos migratoire : c'est l'absence de voie légale d'immigration qui crée un marché pour les passeurs ; c'est l'absence d'hébergements dignes qui crée un marché pour les marchands de sommeil – d'ailleurs, nous proposons un amendement visant à permettre aux victimes des marchands de sommeil qui portent plainte de bénéficier d'un titre de séjour provisoire, afin de les protéger. C'est, enfin, l'absence de régularisation massive par le travail qui crée les conditions pour que des patrons voyous puissent profiter de la misère.

Autrement dit, le drame est non pas l'immigration, mais son exploitation par un certain nombre de personnes qui profitent de la misère humaine. Cela a été dit, mais la suppression par la commission des lois de l'article 8, qui sanctionnait les employeurs d'immigrés sans-papiers, soulève une question qui devrait interpeller chacun d'entre nous : dans une relation d'exploitation, qui est coupable ? L'exploiteur, ou l'exploité ? Seule la régularisation des travailleurs sans-papiers nous permettrait de sortir de cette hypocrisie.

Vous l'aurez compris : la vision que nous défendons est aux antipodes de celle du texte issu des travaux de la commission des lois. Ne l'oublions pas : lorsque nous débattons au sujet des étrangers qui vivent sur notre sol et des politiques qui les concernent, c'est d'abord de nous-mêmes, de notre vision de notre pays et de nos valeurs qu'il est question.

Debut de section - PermalienPhoto de Ian BROSSAT

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, ce projet de loi, tel qu’il a été réécrit par la commission des lois du Sénat, part au fond d’un principe : l’idée que l’étranger serait d’abord une menace dont il faudrait se prémunir, un péril dont nous devrions nous protéger, un danger qu’il nous reviendrait d’écarter. Mon groupe ne partage ni cette vision des choses ni toutes les mesures qui en découlent.

Qu’un pays définisse des règles en matière d’immigration, c’est une chose qui est parfaitement naturelle et légitime ; qu’il veille à leur respect l’est également. En revanche, que la politique d’immigration se consacre quasi exclusivement à faire des étrangers qui vivent sur notre sol des suspects, c’en est une autre, à laquelle nous n’adhérerons jamais.

Il suffit d’ailleurs, pour démentir cette vision, de regarder la société en face ; de regarder en face la grande masse des étrangers qui vivent sur notre sol, qu’ils aient des papiers ou non – ceux dont on ne parle finalement jamais, ceux qui travaillent en silence, ceux qui, bien souvent, prennent le premier métro pour que les cadres de La Défense puissent travailler dans des bureaux propres. De tous ceux-là, personne ne parle jamais. Ils sont pourtant là, sous nos yeux, dans les cuisines des restaurants alentour, dans les chantiers où se préparent les jeux Olympiques : ils sont auxiliaires de vie dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), médecins dans les hôpitaux, ouvriers agricoles dans nos champs, chercheurs dans nos universités.

Ne pas voir la réalité de la grande masse des étrangers qui vivent sur notre sol, c’est nier que ces femmes et ces hommes travaillent ici, produisent des richesses ici, participent du rayonnement de notre pays et respectent les lois, les principes et les valeurs de la République.

Ces hommes, ces femmes-là, ceux qui représentent la grande masse des étrangers qui vivent sur notre territoire, sont assurément beaucoup plus patriotes et loyaux à la France que tous ces émigrés fiscaux qui continuent à bénéficier d’un laxisme coupable.

M. Fabien Gay applaudit.

Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K, SER et GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Ian BROSSAT

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, ce projet de loi, tel qu’il a été réécrit par la commission des lois du Sénat, part au fond d’un principe : l’idée que l’étranger serait d’abord une menace dont il faudrait se prémunir, un péril dont nous devrions nous protéger, un danger qu’il nous reviendrait d’écarter. Mon groupe ne partage ni cette vision des choses ni toutes les mesures qui en découlent.

Qu’un pays définisse des règles en matière d’immigration, c’est une chose qui est parfaitement naturelle et légitime ; qu’il veille à leur respect l’est également. En revanche, que la politique d’immigration se consacre quasi exclusivement à faire des étrangers qui vivent sur notre sol des suspects, c’en est une autre, à laquelle nous n’adhérerons jamais.

Il suffit d’ailleurs, pour démentir cette vision, de regarder la société en face ; de regarder en face la grande masse des étrangers qui vivent sur notre sol, qu’ils aient des papiers ou non – ceux dont on ne parle finalement jamais, ceux qui travaillent en silence, ceux qui, bien souvent, prennent le premier métro pour que les cadres de La Défense puissent travailler dans des bureaux propres. De tous ceux-là, personne ne parle jamais. Ils sont pourtant là, sous nos yeux, dans les cuisines des restaurants alentour, dans les chantiers où se préparent les jeux Olympiques : ils sont auxiliaires de vie dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), médecins dans les hôpitaux, ouvriers agricoles dans nos champs, chercheurs dans nos universités.

Ne pas voir la réalité de la grande masse des étrangers qui vivent sur notre sol, c’est nier que ces femmes et ces hommes travaillent ici, produisent des richesses ici, participent du rayonnement de notre pays et respectent les lois, les principes et les valeurs de la République.

Ces hommes, ces femmes-là, ceux qui représentent la grande masse des étrangers qui vivent sur notre territoire, sont assurément beaucoup plus patriotes et loyaux à la France que tous ces émigrés fiscaux qui continuent à bénéficier d’un laxisme coupable.

Debut de section - PermalienPhoto de Maryse Carrère

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, ces dernières décennies, notre hémicycle a plutôt eu l'habitude légitime de se plaindre du millefeuille administratif, face à la prolifération des strates d'administrations locales. Le menu de cette semaine ne s'en éloigne finalement pas tellement, puisque nous allons nous pencher sur autre millefeuille – mais celui-ci change de saveur : il est législatif !

Depuis le début des années 1980, le Parlement a déjà voté près de trente lois sur l'immigration, soit environ une tous les dix-sept mois.

Ces chiffres à l'esprit, on s'interroge forcément sur la nécessité d'un nouveau texte, alors même que nous n'avons pas encore tiré tous les enseignements de la loi Collomb, qui nourrissait pourtant des ambitions assez similaires à celle du projet que nous examinons. Il est vrai que le monde change et qu'il faut s'adapter, mais inspirons-nous des leçons des expériences précédentes.

Toutefois, en découvrant le texte dans sa version initiale, nous avons d'abord été plutôt surpris. Il comprenait des mesures auxquelles nous étions favorables, et celles qui nous contrariaient le plus restaient malgré tout tempérées.

Parmi les mesures positives, il y avait évidemment les articles 3 et 4. Nous sommes absolument favorables à l'idée de sortir les travailleurs immigrés d'une situation de précarité difficile, marquée par des emplois instables, une faible rémunération et l'absence de tout dispositif de protection sociale. Il n'y a pas de doute que l'intégration par le travail soit efficace et valorisante. Au sein de cet hémicycle, qui n'a pas reçu dans son département l'appel d'un chef d'entreprise devant se séparer de son employé pour non-régularisation de sa situation ?

Parmi les mesures qui nous paraissaient négatives, je pense par exemple à la réforme du contentieux des étrangers. Certes, nos administrations et nos juridictions font face à de réelles difficultés, liées à l'engorgement et à la complexité juridique. Pour autant, ces difficultés juridiques et le manque de moyens humains ne sauraient être compensés par le renoncement à nos principes fondamentaux, notamment la collégialité des juridictions et la publicité des débats.

Il s'agit là de principes que nous défendons systématiquement, à chaque réforme du contentieux ou des institutions.

Il aurait peut-être été plus judicieux de réformer le fond du droit, en le simplifiant et en le clarifiant : les résultats d'une telle démarche sur la célérité et l'efficacité de la justice seraient sans doute plus probants. Nous y reviendrons lors de l'examen des articles et des amendements.

Toujours est-il que, dans sa première mouture, le texte aurait pu convenir à notre groupe, sous réserve de quelques aménagements, mais sans le modifier en profondeur.

Puis est venu l'examen du texte par notre commission des lois ; et là, ce projet de loi sur l'immigration a pris une tournure radicale, parfois même brutale.

Je m'attarderai seulement sur quelques exemples, car nous aurons le temps de détailler nos positions durant cette semaine d'examen.

D'abord, l'article 1er I, qui prévoit de substituer à l'aide médicale de l'État une aide médicale d'urgence, est symptomatique d'un état d'esprit – celui-là même qui a donné au projet de loi une tournure éloignant tout espoir de consensus.

En effet, cet article ajouté par notre commission est révélateur d'un parti pris sur l'immigration, car rien ne le justifie, ni dans les faits ni d'un point de vue économique ou sanitaire.

D'abord, certains décrivent ce dispositif comme générateur d'un appel d'air. Or, d'une part, toutes les personnes éligibles à l'AME n'en bénéficient pas réellement, et cela, même lorsqu'elles déclarent souffrir de maladies nécessitant des soins ; d'autre part, moins de 10 % des étrangers en situation irrégulière invoquent la santé comme motif de venue en France. J'ai du mal à y voir un usage abusif.

D'un point de vue économique et sanitaire, ensuite, nous sortons d'une pandémie qui a rappelé les impératifs les plus fondamentaux en matière de santé publique : que se passera-t-il lorsque, dans notre pays, nous ne soignerons plus une partie de la population pour défaut de titre de séjour ? Quelle sera la réaction des médecins ? Nous le savons tous très bien : cette suppression idéologique pourrait avoir de graves conséquences pour le système de santé français et constitue un non-sens économique : en effet, les pathologies hospitalières prises en charge tardivement sont particulièrement coûteuses.

Parmi les autres dispositifs préoccupants et ajoutés par le Sénat, les articles 2 bis et 2 ter marquent un recul très net du droit du sol, exigeant des mineurs une manifestation de volonté – et, pour le dire simplement, un casier judiciaire vierge – pour acquérir la nationalité française. Alors que notre assemblée s'attache le plus souvent à défendre les droits des enfants et de la jeunesse, j'ai du mal à comprendre que ce sujet soit encore débattu.

S'agissant de la manifestation de volonté, je veux bien y voir un intérêt symbolique, mais, en pratique, ce ne sera qu'une démarche administrative de plus sans efficacité concrète.

Ensuite, concernant l'exclusion du bénéfice de l'acquisition de la nationalité par droit du sol des mineurs condamnés à une peine de six mois d'emprisonnement, ces jeunes n'auraient donc plus le droit à l'erreur, alors même que notre Parlement peine, par exemple, à adopter une mesure de cette nature pour les élus.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à Mme Maryse Carrère.

Debut de section - PermalienPhoto de Ian BROSSAT

Vous l’avez compris : notre vision est à mille lieues de celle que défendent la majorité sénatoriale et le Gouvernement. Nous sommes à la fois en désaccord avec votre constat de départ et, par conséquent, avec toutes les mesures qui en découlent.

En effet, les amendements qui ont été votés en commission des lois visent en réalité à aggraver le projet initial présenté par le Gouvernement : je pense ici à la limitation du droit du sol et du regroupement familial – ce qui est d’ailleurs totalement contradictoire avec l’objectif d’intégration, car il faudra m’expliquer comment un étranger qui vient en France peut s’intégrer, dès lors qu’il n’a pas la possibilité de vivre en famille – et à la remise en cause de l’aide médicale de l’État.

Au fond, partant de l’idée que l’immigré est une menace, vous déployez une stratégie selon laquelle vous parviendrez à réduire les flux migratoires en dégradant les conditions d’accueil de ceux qui cherchent refuge chez nous. C’est totalement faux : d’abord parce que, depuis des années, ces conditions d’accueil ont déjà été considérablement dégradées sans que cela ait en rien conduit à un tarissement des flux ; ensuite, parce que le faible taux de recours aux nombreuses aides dont peuvent bénéficier les immigrés prouve bien que ceux-ci ne viennent pas en France pour ce motif.

Comment expliquer autrement que le taux de recours à l’aide médicale de l’État soit d’à peine 50 % ? Comment expliquer que 70 % des étrangers en situation régulière, ressortissants d’un État hors de l’Union européenne, ayant droit au revenu de solidarité active (RSA) n’y ont pas recours ? C’est bien la preuve que ces personnes ne viennent pas en France pour bénéficier d’aides.

Adopter une telle vision, c’est par ailleurs se tromper fondamentalement : en effet, ce qui provoque la migration, c’est non pas l’attractivité du pays d’accueil, mais bien la situation du pays de départ. Pour avoir un effet sur les flux, il faut donc agir sur la situation du pays de départ et non pas dégrader les conditions d’accueil sur notre sol.

Dès lors, deux possibilités se présentent à nous. Soit nous restons dans le déni et continuons à vendre le mirage d’une immigration zéro – ou d’une immigration quasi réduite à néant – : faire ce choix, c’est laisser le chaos s’installer. Soit nous regardons la réalité des migrations en face et nous organisons les conditions d’un accueil digne et d’une intégration par l’école, par la langue et par le travail.

C’est d’ailleurs précisément parce que cette organisation fait défaut que nous en sommes là aujourd’hui. C’est précisément ce qui nourrit le discours sur le chaos migratoire : c’est l’absence de voie légale d’immigration qui crée un marché pour les passeurs ; c’est l’absence d’hébergements dignes qui crée un marché pour les marchands de sommeil – d’ailleurs, nous proposons un amendement visant à permettre aux victimes des marchands de sommeil qui portent plainte de bénéficier d’un titre de séjour provisoire, afin de les protéger. C’est, enfin, l’absence de régularisation massive par le travail qui crée les conditions pour que des patrons voyous puissent profiter de la misère.

Autrement dit, le drame est non pas l’immigration, mais son exploitation par un certain nombre de personnes qui profitent de la misère humaine. Cela a été dit, mais la suppression par la commission des lois de l’article 8, qui sanctionnait les employeurs d’immigrés sans-papiers, soulève une question qui devrait interpeller chacun d’entre nous : dans une relation d’exploitation, qui est coupable ? L’exploiteur, ou l’exploité ? Seule la régularisation des travailleurs sans-papiers nous permettrait de sortir de cette hypocrisie.

Vous l’aurez compris : la vision que nous défendons est aux antipodes de celle du texte issu des travaux de la commission des lois. Ne l’oublions pas : lorsque nous débattons au sujet des étrangers qui vivent sur notre sol et des politiques qui les concernent, c’est d’abord de nous-mêmes, de notre vision de notre pays et de nos valeurs qu’il est question.

Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.

Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K, SER et GEST.

Applaudissements sur les travées des group es CRCE-K, SER et GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Ian BROSSAT

Vous l’avez compris : notre vision est à mille lieues de celle que défendent la majorité sénatoriale et le Gouvernement. Nous sommes à la fois en désaccord avec votre constat de départ et, par conséquent, avec toutes les mesures qui en découlent.

En effet, les amendements qui ont été votés en commission des lois visent en réalité à aggraver le projet initial présenté par le Gouvernement : je pense ici à la limitation du droit du sol et du regroupement familial – ce qui est d’ailleurs totalement contradictoire avec l’objectif d’intégration, car il faudra m’expliquer comment un étranger qui vient en France peut s’intégrer, dès lors qu’il n’a pas la possibilité de vivre en famille – et à la remise en cause de l’aide médicale de l’État.

Au fond, partant de l’idée que l’immigré est une menace, vous déployez une stratégie selon laquelle vous parviendrez à réduire les flux migratoires en dégradant les conditions d’accueil de ceux qui cherchent refuge chez nous. C’est totalement faux : d’abord parce que, depuis des années, ces conditions d’accueil ont déjà été considérablement dégradées sans que cela ait en rien conduit à un tarissement des flux ; ensuite, parce que le faible taux de recours aux nombreuses aides dont peuvent bénéficier les immigrés prouve bien que ceux-ci ne viennent pas en France pour ce motif.

Comment expliquer autrement que le taux de recours à l’aide médicale de l’État soit d’à peine 50 % ? Comment expliquer que 70 % des étrangers en situation régulière, ressortissants d’un État hors de l’Union européenne, ayant droit au revenu de solidarité active (RSA) n’y ont pas recours ? C’est bien la preuve que ces personnes ne viennent pas en France pour bénéficier d’aides.

Adopter une telle vision, c’est par ailleurs se tromper fondamentalement : en effet, ce qui provoque la migration, c’est non pas l’attractivité du pays d’accueil, mais bien la situation du pays de départ. Pour avoir un effet sur les flux, il faut donc agir sur la situation du pays de départ et non pas dégrader les conditions d’accueil sur notre sol.

Dès lors, deux possibilités se présentent à nous. Soit nous restons dans le déni et continuons à vendre le mirage d’une immigration zéro – ou d’une immigration quasi réduite à néant – : faire ce choix, c’est laisser le chaos s’installer. Soit nous regardons la réalité des migrations en face et nous organisons les conditions d’un accueil digne et d’une intégration par l’école, par la langue et par le travail.

C’est d’ailleurs précisément parce que cette organisation fait défaut que nous en sommes là aujourd’hui. C’est précisément ce qui nourrit le discours sur le chaos migratoire : c’est l’absence de voie légale d’immigration qui crée un marché pour les passeurs ; c’est l’absence d’hébergements dignes qui crée un marché pour les marchands de sommeil – d’ailleurs, nous proposons un amendement visant à permettre aux victimes des marchands de sommeil qui portent plainte de bénéficier d’un titre de séjour provisoire, afin de les protéger. C’est, enfin, l’absence de régularisation massive par le travail qui crée les conditions pour que des patrons voyous puissent profiter de la misère.

Autrement dit, le drame est non pas l’immigration, mais son exploitation par un certain nombre de personnes qui profitent de la misère humaine. Cela a été dit, mais la suppression par la commission des lois de l’article 8, qui sanctionnait les employeurs d’immigrés sans-papiers, soulève une question qui devrait interpeller chacun d’entre nous : dans une relation d’exploitation, qui est coupable ? L’exploiteur, ou l’exploité ? Seule la régularisation des travailleurs sans-papiers nous permettrait de sortir de cette hypocrisie.

Vous l’aurez compris : la vision que nous défendons est aux antipodes de celle du texte issu des travaux de la commission des lois. Ne l’oublions pas : lorsque nous débattons au sujet des étrangers qui vivent sur notre sol et des politiques qui les concernent, c’est d’abord de nous-mêmes, de notre vision de notre pays et de nos valeurs qu’il est question.

Debut de section - PermalienPhoto de Maryse Carrère

L'asymétrie dans cette exigence de moralisation me met mal à l'aise.

Les articles 3 et 4 restent cependant en suspens, comme un dernier espoir que ce texte puisse encore être défendu. Puisque nos rapporteurs n'ont pas trouvé d'accord, j'espère que notre hémicycle sera favorable à ces deux articles : ils nous semblent en effet fondamentaux pour que notre pays aborde avec plus d'apaisement et de sérénité la question de l'immigration.

Dernier point sur lequel nous ne pouvons pas faire l'impasse : la question des OQTF, difficile, car souvent instrumentalisée par les populismes. Nous sommes forcément saisis par l'écart qui existe entre, d'un côté, le nombre d'OQTF prononcées et, de l'autre, celles qui sont finalement exécutées.

Par ailleurs, chacun a déjà rencontré dans son département le cas d'une personne parfaitement intégrée et pourtant menacée d'expulsion ; or il est rare que ces personnes soient concernées par les dispositions des articles 9 et 10 du projet de loi.

Autrement dit, il faut trouver l'équilibre pour cesser de prononcer des OQTF à l'encontre de personnes intégrées et appliquer fermement celles qui visent des personnes risquant d'attenter à la sûreté de notre Nation.

Cela étant, nous admettons que cette équation est difficile à résoudre. Notre seule certitude sur cette question est qu'elle ne sera pas réglée si chacun campe sur ses positions.

Impossible donc en l'état de dire quelle sera la position du RDSE à l'issue des débats sur ce texte : il faudra attendre l'examen des amendements. Toutefois, si le texte n'était pas modifié lors de la séance publique, peu d'entre nous le soutiendront – voire aucun sénateur de mon groupe.

Debut de section - PermalienPhoto de Maryse Carrère

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, ces dernières décennies, notre hémicycle a plutôt eu l'habitude légitime de se plaindre du millefeuille administratif, face à la prolifération des strates d'administrations locales. Le menu de cette semaine ne s'en éloigne finalement pas tellement, puisque nous allons nous pencher sur autre millefeuille – mais celui-ci change de saveur : il est législatif !

Depuis le début des années 1980, le Parlement a déjà voté près de trente lois sur l'immigration, soit environ une tous les dix-sept mois.

Ces chiffres à l'esprit, on s'interroge forcément sur la nécessité d'un nouveau texte, alors même que nous n'avons pas encore tiré tous les enseignements de la loi Collomb, qui nourrissait pourtant des ambitions assez similaires à celle du projet que nous examinons. Il est vrai que le monde change et qu'il faut s'adapter, mais inspirons-nous des leçons des expériences précédentes.

Toutefois, en découvrant le texte dans sa version initiale, nous avons d'abord été plutôt surpris. Il comprenait des mesures auxquelles nous étions favorables, et celles qui nous contrariaient le plus restaient malgré tout tempérées.

Parmi les mesures positives, il y avait évidemment les articles 3 et 4. Nous sommes absolument favorables à l'idée de sortir les travailleurs immigrés d'une situation de précarité difficile, marquée par des emplois instables, une faible rémunération et l'absence de tout dispositif de protection sociale. Il n'y a pas de doute que l'intégration par le travail soit efficace et valorisante. Au sein de cet hémicycle, qui n'a pas reçu dans son département l'appel d'un chef d'entreprise devant se séparer de son employé pour non-régularisation de sa situation ?

Parmi les mesures qui nous paraissaient négatives, je pense par exemple à la réforme du contentieux des étrangers. Certes, nos administrations et nos juridictions font face à de réelles difficultés, liées à l'engorgement et à la complexité juridique. Pour autant, ces difficultés juridiques et le manque de moyens humains ne sauraient être compensés par le renoncement à nos principes fondamentaux, notamment la collégialité des juridictions et la publicité des débats.

Il s'agit là de principes que nous défendons systématiquement, à chaque réforme du contentieux ou des institutions.

Il aurait peut-être été plus judicieux de réformer le fond du droit, en le simplifiant et en le clarifiant : les résultats d'une telle démarche sur la célérité et l'efficacité de la justice seraient sans doute plus probants. Nous y reviendrons lors de l'examen des articles et des amendements.

Toujours est-il que, dans sa première mouture, le texte aurait pu convenir à notre groupe, sous réserve de quelques aménagements, mais sans le modifier en profondeur.

Puis est venu l'examen du texte par notre commission des lois ; et là, ce projet de loi sur l'immigration a pris une tournure radicale, parfois même brutale.

Je m'attarderai seulement sur quelques exemples, car nous aurons le temps de détailler nos positions durant cette semaine d'examen.

D'abord, l'article 1er I, qui prévoit de substituer à l'aide médicale de l'État une aide médicale d'urgence, est symptomatique d'un état d'esprit – celui-là même qui a donné au projet de loi une tournure éloignant tout espoir de consensus.

En effet, cet article ajouté par notre commission est révélateur d'un parti pris sur l'immigration, car rien ne le justifie, ni dans les faits ni d'un point de vue économique ou sanitaire.

D'abord, certains décrivent ce dispositif comme générateur d'un appel d'air. Or, d'une part, toutes les personnes éligibles à l'AME n'en bénéficient pas réellement, et cela, même lorsqu'elles déclarent souffrir de maladies nécessitant des soins ; d'autre part, moins de 10 % des étrangers en situation irrégulière invoquent la santé comme motif de venue en France. J'ai du mal à y voir un usage abusif.

D'un point de vue économique et sanitaire, ensuite, nous sortons d'une pandémie qui a rappelé les impératifs les plus fondamentaux en matière de santé publique : que se passera-t-il lorsque, dans notre pays, nous ne soignerons plus une partie de la population pour défaut de titre de séjour ? Quelle sera la réaction des médecins ? Nous le savons tous très bien : cette suppression idéologique pourrait avoir de graves conséquences pour le système de santé français et constitue un non-sens économique : en effet, les pathologies hospitalières prises en charge tardivement sont particulièrement coûteuses.

Parmi les autres dispositifs préoccupants et ajoutés par le Sénat, les articles 2 bis et 2 ter marquent un recul très net du droit du sol, exigeant des mineurs une manifestation de volonté – et, pour le dire simplement, un casier judiciaire vierge – pour acquérir la nationalité française. Alors que notre assemblée s'attache le plus souvent à défendre les droits des enfants et de la jeunesse, j'ai du mal à comprendre que ce sujet soit encore débattu.

S'agissant de la manifestation de volonté, je veux bien y voir un intérêt symbolique, mais, en pratique, ce ne sera qu'une démarche administrative de plus sans efficacité concrète.

Ensuite, concernant l'exclusion du bénéfice de l'acquisition de la nationalité par droit du sol des mineurs condamnés à une peine de six mois d'emprisonnement, ces jeunes n'auraient donc plus le droit à l'erreur, alors même que notre Parlement peine, par exemple, à adopter une mesure de cette nature pour les élus.

Debut de section - PermalienPhoto de Maryse Carrère

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, ces dernières décennies, notre hémicycle a plutôt eu l'habitude légitime de se plaindre du millefeuille administratif, face à la prolifération des strates d'administrations locales. Le menu de cette semaine ne s'en éloigne finalement pas tellement, puisque nous allons nous pencher sur un autre millefeuille – mais celui-ci change de saveur : il est législatif !

Depuis le début des années 1980, le Parlement a déjà voté près de trente lois sur l'immigration, soit environ une tous les dix-sept mois.

Ces chiffres à l'esprit, on s'interroge forcément sur la nécessité d'un nouveau texte, alors même que nous n'avons pas encore tiré tous les enseignements de la loi Collomb, qui nourrissait pourtant des ambitions assez similaires à celle du projet que nous examinons. Il est vrai que le monde change et qu'il faut s'adapter, mais inspirons-nous des leçons des expériences précédentes.

Toutefois, en découvrant le texte dans sa version initiale, nous avons d'abord été plutôt surpris. Il comprenait des mesures auxquelles nous étions favorables, et celles qui nous contrariaient le plus restaient malgré tout tempérées.

Parmi les mesures positives, il y avait évidemment les articles 3 et 4. Nous sommes absolument favorables à l'idée de sortir les travailleurs immigrés d'une situation de précarité difficile, marquée par des emplois instables, une faible rémunération et l'absence de tout dispositif de protection sociale. Il n'y a pas de doute que l'intégration par le travail soit efficace et valorisante. Au sein de cet hémicycle, qui n'a pas reçu dans son département l'appel d'un chef d'entreprise devant se séparer de son employé pour non-régularisation de sa situation ?

Parmi les mesures qui nous paraissaient négatives, je pense par exemple à la réforme du contentieux des étrangers. Certes, nos administrations et nos juridictions font face à de réelles difficultés, liées à l'engorgement et à la complexité juridique. Pour autant, ces difficultés juridiques et le manque de moyens humains ne sauraient être compensés par le renoncement à nos principes fondamentaux, notamment la collégialité des juridictions et la publicité des débats.

Il s'agit là de principes que nous défendons systématiquement, à chaque réforme du contentieux ou des institutions.

Il aurait peut-être été plus judicieux de réformer le fond du droit, en le simplifiant et en le clarifiant : les résultats d'une telle démarche sur la célérité et l'efficacité de la justice seraient sans doute plus probants. Nous y reviendrons lors de l'examen des articles et des amendements.

Toujours est-il que, dans sa première mouture, le texte aurait pu convenir à notre groupe, sous réserve de quelques aménagements, mais sans modification en profondeur.

Puis est venu l'examen du texte par notre commission des lois ; et là, ce projet de loi sur l'immigration a pris une tournure radicale, parfois même brutale.

Je m'attarderai seulement sur quelques exemples, car nous aurons le temps de détailler nos positions durant cette semaine d'examen.

D'abord, l'article 1er I, qui prévoit de substituer à l'aide médicale de l'État une aide médicale d'urgence, est symptomatique d'un état d'esprit – celui-là même qui a donné au projet de loi une tournure éloignant tout espoir de consensus.

En effet, cet article ajouté par notre commission est révélateur d'un parti pris sur l'immigration, car rien ne le justifie, ni dans les faits ni d'un point de vue économique ou sanitaire.

D'abord, certains décrivent ce dispositif comme générateur d'un appel d'air. Or, d'une part, toutes les personnes éligibles à l'AME n'en bénéficient pas réellement, et cela, même lorsqu'elles déclarent souffrir de maladies nécessitant des soins ; d'autre part, moins de 10 % des étrangers en situation irrégulière invoquent la santé comme motif de venue en France. J'ai du mal à y voir un usage abusif.

D'un point de vue économique et sanitaire, ensuite, nous sortons d'une pandémie qui a rappelé les impératifs les plus fondamentaux en matière de santé publique : que se passera-t-il lorsque, dans notre pays, nous ne soignerons plus une partie de la population pour défaut de titre de séjour ? Quelle sera la réaction des médecins ? Nous le savons tous très bien : cette suppression idéologique pourrait avoir de graves conséquences pour le système de santé français et constitue un non-sens économique : en effet, les pathologies hospitalières prises en charge tardivement sont particulièrement coûteuses.

Parmi les autres dispositifs préoccupants et ajoutés par le Sénat, les articles 2 bis et 2 ter marquent un recul très net du droit du sol, exigeant des mineurs une manifestation de volonté – et, pour le dire simplement, un casier judiciaire vierge – pour acquérir la nationalité française. Alors que notre assemblée s'attache le plus souvent à défendre les droits des enfants et de la jeunesse, j'ai du mal à comprendre que ce sujet soit encore débattu.

S'agissant de la manifestation de volonté, je veux bien y voir un intérêt symbolique, mais, en pratique, ce ne sera qu'une démarche administrative de plus sans efficacité concrète.

Ensuite, concernant l'exclusion du bénéfice de l'acquisition de la nationalité par droit du sol des mineurs condamnés à une peine de six mois d'emprisonnement, ces jeunes n'auraient donc plus le droit à l'erreur, alors même que notre Parlement peine, par exemple, à adopter une mesure de cette nature pour les élus.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à Mme Maryse Carrère.

Applaudissements sur les travées des group es CRCE-K, SER et GEST.

Applaudissements sur les travées du groupe RDSE, ainsi que sur des travées des groupes SER et GEST.

Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.

Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à Mme Maryse Carrère.

Debut de section - PermalienPhoto de Maryse Carrère

L'asymétrie dans cette exigence de moralisation me met mal à l'aise.

Les articles 3 et 4 restent cependant en suspens, comme un dernier espoir que ce texte puisse encore être défendu. Puisque nos rapporteurs n'ont pas trouvé d'accord, j'espère que notre hémicycle sera favorable à ces deux articles : ils nous semblent en effet fondamentaux pour que notre pays aborde avec plus d'apaisement et de sérénité la question de l'immigration.

Dernier point sur lequel nous ne pouvons pas faire l'impasse : la question des OQTF, difficile, car souvent instrumentalisée par les populismes. Nous sommes forcément saisis par l'écart qui existe entre, d'un côté, le nombre d'OQTF prononcées et, de l'autre, celles qui sont finalement exécutées.

Par ailleurs, chacun a déjà rencontré dans son département le cas d'une personne parfaitement intégrée et pourtant menacée d'expulsion ; or il est rare que ces personnes soient concernées par les dispositions des articles 9 et 10 du projet de loi.

Autrement dit, il faut trouver l'équilibre pour cesser de prononcer des OQTF à l'encontre de personnes intégrées et appliquer fermement celles qui visent des personnes risquant d'attenter à la sûreté de notre Nation.

Cela étant, nous admettons que cette équation est difficile à résoudre. Notre seule certitude sur cette question est qu'elle ne sera pas réglée si chacun campe sur ses positions.

Impossible donc en l'état de dire quelle sera la position du RDSE à l'issue des débats sur ce texte : il faudra attendre l'examen des amendements. Toutefois, si le texte n'était pas modifié lors de la séance publique, peu d'entre nous le soutiendront – voire aucun sénateur de mon groupe.

Debut de section - PermalienPhoto de Maryse Carrère

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, ces dernières décennies, notre hémicycle a plutôt eu l’habitude légitime de se plaindre du millefeuille administratif, face à la prolifération des strates d’administrations locales. Le menu de cette semaine ne s’en éloigne finalement pas tellement, puisque nous allons nous pencher sur un autre millefeuille – mais celui-ci change de saveur : il est législatif !

Depuis le début des années 1980, le Parlement a déjà voté près de trente lois sur l’immigration, soit environ une tous les dix-sept mois.

Ces chiffres à l’esprit, on s’interroge forcément sur la nécessité d’un nouveau texte, alors même que nous n’avons pas encore tiré tous les enseignements de la loi Collomb, qui nourrissait pourtant des ambitions assez similaires à celle du projet que nous examinons. Il est vrai que le monde change et qu’il faut s’adapter, mais inspirons-nous des leçons des expériences précédentes.

Toutefois, en découvrant le texte dans sa version initiale, nous avons d’abord été plutôt surpris. Il comprenait des mesures auxquelles nous étions favorables, et celles qui nous contrariaient le plus restaient malgré tout tempérées.

Parmi les mesures positives, il y avait évidemment les articles 3 et 4. Nous sommes absolument favorables à l’idée de sortir les travailleurs immigrés d’une situation de précarité difficile, marquée par des emplois instables, une faible rémunération et l’absence de tout dispositif de protection sociale. Il n’y a pas de doute que l’intégration par le travail soit efficace et valorisante. Au sein de cet hémicycle, qui n’a pas reçu dans son département l’appel d’un chef d’entreprise devant se séparer de son employé pour non-régularisation de sa situation ?

Parmi les mesures qui nous paraissaient négatives, je pense par exemple à la réforme du contentieux des étrangers. Certes, nos administrations et nos juridictions font face à de réelles difficultés, liées à l’engorgement et à la complexité juridique. Pour autant, ces difficultés juridiques et le manque de moyens humains ne sauraient être compensés par le renoncement à nos principes fondamentaux, notamment la collégialité des juridictions et la publicité des débats.

Il s’agit là de principes que nous défendons systématiquement, à chaque réforme du contentieux ou des institutions.

Il aurait peut-être été plus judicieux de réformer le fond du droit, en le simplifiant et en le clarifiant : les résultats d’une telle démarche sur la célérité et l’efficacité de la justice seraient sans doute plus probants. Nous y reviendrons lors de l’examen des articles et des amendements.

Toujours est-il que, dans sa première mouture, le texte aurait pu convenir à notre groupe, sous réserve de quelques aménagements, mais sans modification en profondeur.

Puis est venu l’examen du texte par notre commission des lois ; et là, ce projet de loi sur l’immigration a pris une tournure radicale, parfois même brutale.

Je m’attarderai seulement sur quelques exemples, car nous aurons le temps de détailler nos positions durant cette semaine d’examen.

D’abord, l’article 1er I, qui prévoit de substituer à l’aide médicale de l’État une aide médicale d’urgence, est symptomatique d’un état d’esprit – celui-là même qui a donné au projet de loi une tournure éloignant tout espoir de consensus.

En effet, cet article ajouté par notre commission est révélateur d’un parti pris sur l’immigration, car rien ne le justifie, ni dans les faits ni d’un point de vue économique ou sanitaire.

D’abord, certains décrivent ce dispositif comme générateur d’un appel d’air. Or, d’une part, toutes les personnes éligibles à l’AME n’en bénéficient pas réellement, et cela, même lorsqu’elles déclarent souffrir de maladies nécessitant des soins ; d’autre part, moins de 10 % des étrangers en situation irrégulière invoquent la santé comme motif de venue en France. J’ai du mal à y voir un usage abusif.

D’un point de vue économique et sanitaire, ensuite, nous sortons d’une pandémie qui a rappelé les impératifs les plus fondamentaux en matière de santé publique : que se passera-t-il lorsque, dans notre pays, nous ne soignerons plus une partie de la population pour défaut de titre de séjour ? Quelle sera la réaction des médecins ? Nous le savons tous très bien : cette suppression idéologique pourrait avoir de graves conséquences pour le système de santé français et constitue un non-sens économique : en effet, les pathologies hospitalières prises en charge tardivement sont particulièrement coûteuses.

Parmi les autres dispositifs préoccupants et ajoutés par le Sénat, les articles 2 bis et 2 ter marquent un recul très net du droit du sol, exigeant des mineurs une manifestation de volonté – et, pour le dire simplement, un casier judiciaire vierge – pour acquérir la nationalité française. Alors que notre assemblée s’attache le plus souvent à défendre les droits des enfants et de la jeunesse, j’ai du mal à comprendre que ce sujet soit encore débattu.

S’agissant de la manifestation de volonté, je veux bien y voir un intérêt symbolique, mais, en pratique, ce ne sera qu’une démarche administrative de plus sans efficacité concrète.

Ensuite, concernant l’exclusion du bénéfice de l’acquisition de la nationalité par droit du sol des mineurs condamnés à une peine de six mois d’emprisonnement, ces jeunes n’auraient donc plus le droit à l’erreur, alors même que notre Parlement peine, par exemple, à adopter une mesure de cette nature pour les élus.

Debut de section - PermalienPhoto de Maryse Carrère

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, ces dernières décennies, notre hémicycle a plutôt eu l’habitude légitime de se plaindre du millefeuille administratif, face à la prolifération des strates d’administrations locales. Le menu de cette semaine ne s’en éloigne finalement pas tellement, puisque nous allons nous pencher sur un autre millefeuille – mais celui-ci change de saveur : il est législatif !

Depuis le début des années 1980, le Parlement a déjà voté près de trente lois sur l’immigration, soit environ une tous les dix-sept mois.

Ces chiffres à l’esprit, on s’interroge forcément sur la nécessité d’un nouveau texte, alors même que nous n’avons pas encore tiré tous les enseignements de la loi Collomb, qui nourrissait pourtant des ambitions assez similaires à celle du projet que nous examinons. Il est vrai que le monde change et qu’il faut s’adapter, mais inspirons-nous des leçons des expériences précédentes.

Toutefois, en découvrant le texte dans sa version initiale, nous avons d’abord été plutôt surpris. Il comprenait des mesures auxquelles nous étions favorables, et celles qui nous contrariaient le plus restaient malgré tout tempérées.

Parmi les mesures positives, il y avait évidemment les articles 3 et 4. Nous sommes absolument favorables à l’idée de sortir les travailleurs immigrés d’une situation de précarité difficile, marquée par des emplois instables, une faible rémunération et l’absence de tout dispositif de protection sociale. Il n’y a pas de doute que l’intégration par le travail soit efficace et valorisante. Au sein de cet hémicycle, qui n’a pas reçu dans son département l’appel d’un chef d’entreprise devant se séparer de son employé pour non-régularisation de sa situation ?

Parmi les mesures qui nous paraissaient négatives, je pense à la réforme du contentieux des étrangers. Certes, nos administrations et nos juridictions font face à de réelles difficultés, liées à l’engorgement et à la complexité juridique. Pour autant, ces difficultés juridiques et le manque de moyens humains ne sauraient être compensés par le renoncement à nos principes fondamentaux, notamment la collégialité des juridictions et la publicité des débats.

Il s’agit là de principes que nous défendons systématiquement, à chaque réforme du contentieux ou des institutions.

Il aurait peut-être été plus judicieux de réformer le fond du droit, en le simplifiant et en le clarifiant : les résultats d’une telle démarche sur la célérité et l’efficacité de la justice seraient sans doute plus probants. Nous y reviendrons lors de l’examen des articles et des amendements.

Toujours est-il que, dans sa première mouture, le texte aurait pu convenir à notre groupe, sous réserve de quelques aménagements, mais sans modification en profondeur.

Puis est venu l’examen du texte par notre commission des lois – là, ce projet de loi sur l’immigration a pris une tournure radicale, parfois même brutale.

Je m’attarderai seulement sur quelques exemples, car nous aurons le temps de détailler nos positions durant cette semaine d’examen.

D’abord, l’article 1er I, qui prévoit de substituer à l’aide médicale de l’État une aide médicale d’urgence, est symptomatique d’un état d’esprit – celui-là même qui a donné au projet de loi une tournure éloignant tout espoir de consensus.

En effet, cet article ajouté par notre commission est révélateur d’un parti pris sur l’immigration, car rien ne le justifie, ni dans les faits ni d’un point de vue économique ou sanitaire.

D’abord, certains décrivent ce dispositif comme générateur d’un appel d’air. Or, d’une part, toutes les personnes éligibles à l’AME n’en bénéficient pas réellement, et cela, même lorsqu’elles déclarent souffrir de maladies nécessitant des soins ; d’autre part, moins de 10 % des étrangers en situation irrégulière invoquent la santé comme motif de venue en France. J’ai du mal à y voir un usage abusif.

D’un point de vue économique et sanitaire, ensuite, nous sortons d’une pandémie qui a rappelé les impératifs les plus fondamentaux en matière de santé publique : que se passera-t-il lorsque, dans notre pays, nous ne soignerons plus une partie de la population pour défaut de titre de séjour ? Quelle sera la réaction des médecins ? Nous le savons tous très bien : cette suppression idéologique pourrait avoir de graves conséquences pour le système de santé français et constitue un non-sens économique. En effet, les pathologies hospitalières prises en charge tardivement sont particulièrement coûteuses.

Parmi les autres dispositifs préoccupants et ajoutés par le Sénat, les articles 2 bis et 2 ter marquent un recul très net du droit du sol, exigeant des mineurs une manifestation de volonté – et, pour le dire simplement, un casier judiciaire vierge – pour acquérir la nationalité française. Alors que notre assemblée s’attache le plus souvent à défendre les droits des enfants et de la jeunesse, j’ai du mal à comprendre que ce sujet soit encore débattu.

S’agissant de la manifestation de volonté, je veux bien y voir un intérêt symbolique, mais, en pratique, ce ne sera qu’une démarche administrative de plus sans efficacité concrète.

Ensuite, concernant l’exclusion du bénéfice de l’acquisition de la nationalité par droit du sol des mineurs condamnés à une peine de six mois d’emprisonnement, ces jeunes n’auraient donc plus le droit à l’erreur, alors même que notre Parlement peine, par exemple, à adopter une mesure de cette nature pour les élus.

Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Applaudissements sur les travées du groupe RDSE, ainsi que sur des travées des groupes SER et GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Maryse Carrère

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, ces dernières décennies, notre hémicycle a plutôt eu l’habitude légitime de se plaindre du millefeuille administratif, face à la prolifération des strates d’administrations locales. Le menu de cette semaine ne s’en éloigne finalement pas tellement, puisque nous allons nous pencher sur un autre millefeuille – mais celui-ci change de saveur : il est législatif !

Depuis le début des années 1980, le Parlement a déjà voté près de trente lois sur l’immigration, soit environ une tous les dix-sept mois.

Ces chiffres à l’esprit, on s’interroge forcément sur la nécessité d’un nouveau texte, alors même que nous n’avons pas encore tiré tous les enseignements de la loi Collomb, qui nourrissait pourtant des ambitions assez similaires à celle du projet que nous examinons. Il est vrai que le monde change et qu’il faut s’adapter, mais inspirons-nous des leçons des expériences précédentes.

Toutefois, en découvrant le texte dans sa version initiale, nous avons d’abord été plutôt surpris. Il comprenait des mesures auxquelles nous étions favorables, et celles qui nous contrariaient le plus restaient malgré tout tempérées.

Parmi les mesures positives, il y avait évidemment les articles 3 et 4. Nous sommes absolument favorables à l’idée de sortir les travailleurs immigrés d’une situation de précarité difficile, marquée par des emplois instables, une faible rémunération et l’absence de tout dispositif de protection sociale. Il n’y a pas de doute que l’intégration par le travail soit efficace et valorisante. Au sein de cet hémicycle, qui n’a pas reçu dans son département l’appel d’un chef d’entreprise devant se séparer de son employé pour non-régularisation de sa situation ?

Parmi les mesures qui nous paraissaient négatives, je pense à la réforme du contentieux des étrangers. Certes, nos administrations et nos juridictions font face à de réelles difficultés, liées à l’engorgement et à la complexité juridique. Pour autant, ces difficultés juridiques et le manque de moyens humains ne sauraient être compensés par le renoncement à nos principes fondamentaux, notamment la collégialité des juridictions et la publicité des débats.

Il s’agit là de principes que nous défendons systématiquement, à chaque réforme du contentieux ou des institutions.

Il aurait peut-être été plus judicieux de réformer le fond du droit, en le simplifiant et en le clarifiant : les résultats d’une telle démarche sur la célérité et l’efficacité de la justice seraient sans doute plus probants. Nous y reviendrons lors de l’examen des articles et des amendements.

Toujours est-il que, dans sa première mouture, le texte aurait pu convenir à notre groupe, sous réserve de quelques aménagements, mais sans modification en profondeur.

Puis est venu l’examen du texte par notre commission des lois – là, ce projet de loi sur l’immigration a pris une tournure radicale, parfois même brutale.

Je m’attarderai seulement sur quelques exemples, car nous aurons le temps de détailler nos positions durant cette semaine d’examen.

D’abord, l’article 1er I, qui prévoit de substituer à l’aide médicale de l’État une aide médicale d’urgence, est symptomatique d’un état d’esprit – celui-là même qui a donné au projet de loi une tournure éloignant tout espoir de consensus.

En effet, cet article ajouté par notre commission est révélateur d’un parti pris sur l’immigration, car rien ne le justifie, ni dans les faits ni d’un point de vue économique ou sanitaire.

D’abord, certains décrivent ce dispositif comme générateur d’un appel d’air. Or, d’une part, toutes les personnes éligibles à l’AME n’en bénéficient pas réellement, et cela, même lorsqu’elles déclarent souffrir de maladies nécessitant des soins ; d’autre part, moins de 10 % des étrangers en situation irrégulière invoquent la santé comme motif de venue en France. J’ai du mal à y voir un usage abusif.

D’un point de vue économique et sanitaire, ensuite, nous sortons d’une pandémie qui a rappelé les impératifs les plus fondamentaux en matière de santé publique : que se passera-t-il lorsque, dans notre pays, nous ne soignerons plus une partie de la population pour défaut de titre de séjour ? Quelle sera la réaction des médecins ? Nous le savons tous très bien : cette suppression idéologique pourrait avoir de graves conséquences pour le système de santé français et constitue un non-sens économique. En effet, les pathologies hospitalières prises en charge tardivement sont particulièrement coûteuses.

Parmi les autres dispositifs préoccupants et ajoutés par le Sénat, les articles 2 bis et 2 ter marquent un recul très net du droit du sol, exigeant des mineurs une manifestation de volonté – et, pour le dire simplement, un casier judiciaire vierge – pour acquérir la nationalité française. Alors que notre assemblée s’attache le plus souvent à défendre les droits des enfants et de la jeunesse, j’ai du mal à comprendre que ce sujet soit encore débattu.

S’agissant de la manifestation de volonté, je veux bien y voir un intérêt symbolique, mais, en pratique, ce ne sera qu’une démarche administrative de plus sans efficacité concrète.

Ensuite, concernant l’exclusion du bénéfice de l’acquisition de la nationalité par droit du sol des mineurs condamnés à une peine de six mois d’emprisonnement, ces jeunes n’auraient donc plus le droit à l’erreur, alors même que notre Parlement peine, par exemple, à adopter une mesure de cette nature pour les élus.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier BITZ

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, chacune et chacun le sait bien : les flux migratoires se sont accélérés ces dernières années à l'échelle mondiale. Instabilité politique, évolutions démographiques, inégalités de toutes sortes et changement climatique provoquent une mobilité croissante des populations. Ainsi, selon l'OCDE, l'immigration dans les pays riches a atteint des niveaux record en 2022.

Cette progression rapide trouve bien évidemment sa traduction en Europe et dans notre pays. En 2022, 320 000 autorisations de séjour ont été délivrées par la France alors que, dans le même temps, 131 000 demandes d'asile y ont été enregistrées. Bien évidemment, les entrées clandestines viennent s'ajouter à ces chiffres déjà considérables.

À l'évidence, cette trajectoire n'est pas soutenable dans la durée pour notre cohésion nationale. Elle ne correspond pas à la capacité d'accueil de notre pays, encore moins à sa capacité d'intégration.

Certes, l'échelle européenne est pertinente pour réguler les phénomènes migratoires, et nous nous réjouissons de l'élan donné l'année dernière par la présidence française du Conseil de l'Union européenne pour aboutir à l'adoption prochaine du pacte européen sur la migration et l'asile. La dimension européenne du sujet ne nous empêche cependant pas de muscler notre droit interne.

En effet, nous devons mieux nous outiller sur le plan juridique pour faire face à l'évolution de la situation. L'état de notre droit ne nous permet pas aujourd'hui d'agir assez efficacement pour réduire les flux migratoires, mieux protéger nos concitoyens des délinquants étrangers et affirmer avec force notre attachement aux principes et valeurs de la République.

La loi du 10 septembre 2018 avait déjà fixé le cap ; il s'agit maintenant d'accélérer, à la fois sur les moyens juridiques donnés à l'État pour mener une politique plus ferme, mais aussi, en parallèle, sur les moyens financiers qui lui sont confiés pour atteindre cet objectif. À cet égard, la cohérence entre la volonté politique du Gouvernement et les moyens qu'il a demandés et obtenus avec l'adoption de la Lopmi doit être soulignée. Un seul exemple : pour améliorer l'exécution des décisions d'éloignement, l'objectif de 3 000 places en centres de rétention administrative d'ici à 2027 est d'ores et déjà programmé et financé.

La nécessité d'une évolution plus rigoureuse de notre droit est une conviction largement partagée. Sur la méthode, je me réjouis de constater à quel point ce projet de loi a été enrichi par les travaux de la commission des lois, et de la reprise par le Gouvernement de la quasi-totalité des propositions émises. Il s'agit d'un bel exemple d'un processus de coconstruction qui devrait nous permettre d'avancer, et je salue tout particulièrement la volonté de dialogue et d'échange du ministre de l'intérieur.

Ne pas adopter ce projet de loi reviendrait, in fine, à se satisfaire de l'état du droit actuel. Ce serait prendre une lourde responsabilité, car notre pays a besoin de renforcer les exigences concernant l'intégration, en demandant aux demandeurs d'une carte de séjour pluriannuelle la connaissance d'un niveau minimum de français, mais aussi un engagement à respecter les principes de la République.

Pour protéger nos concitoyens, la menace grave pour l'ordre public doit devenir un motif de non-renouvellement ou de retrait de la carte de résident. Dans le même sens, le projet de loi facilite l'éloignement des étrangers qui représentent une menace grave pour l'ordre public.

Il s'agit aussi de mettre à l'honneur la valeur travail en faisant de l'activité économique un facteur d'intégration mieux reconnu, au moment même où nombre de nos entreprises souffrent de ne pas trouver la main-d'œuvre qui leur est nécessaire.

On a pu entendre un peu tout et n'importe quoi sur ce désormais célèbre article 3, alors même qu'il ne s'agit que d'un dispositif expérimental, limité dans le temps, permettant seulement de délivrer un titre temporaire d'un an renouvelable, sous conditions, à des personnes se trouvant déjà sur le territoire depuis au moins trois ans et exerçant un métier en tension. Cela ne mérite pas tous les excès entendus.

Par ailleurs, en tant que sénateur de l'Orne, territoire rural, qui, comme bien d'autres, est un désert médical, je me réjouis des mesures facilitant la situation des médecins diplômés à l'étranger au regard de leur droit au séjour.

Enfin, la simplification du contentieux des étrangers est très attendue : elle a pour objectif d'accélérer les procédures tout en conservant l'effectivité du droit au recours.

Debut de section - PermalienPhoto de Maryse Carrère

L’asymétrie dans cette exigence de moralisation me met mal à l’aise.

Les articles 3 et 4 restent cependant en suspens, comme un dernier espoir que ce texte puisse encore être défendu. Puisque nos rapporteurs n’ont pas trouvé d’accord, j’espère que notre hémicycle sera favorable à ces deux articles : ils nous semblent en effet fondamentaux pour que notre pays aborde avec plus d’apaisement et de sérénité la question de l’immigration.

Dernier point sur lequel nous ne pouvons pas faire l’impasse : la question des OQTF, difficile, car souvent instrumentalisée par les populismes. Nous sommes forcément saisis par l’écart qui existe entre, d’un côté, le nombre d’OQTF prononcées et, de l’autre, celles qui sont finalement exécutées.

Par ailleurs, chacun a déjà rencontré dans son département le cas d’une personne parfaitement intégrée et pourtant menacée d’expulsion ; or il est rare que ces personnes soient concernées par les dispositions des articles 9 et 10 du projet de loi.

Autrement dit, il faut trouver l’équilibre pour cesser de prononcer des OQTF à l’encontre de personnes intégrées et appliquer fermement celles qui visent des personnes risquant d’attenter à la sûreté de notre Nation.

Cela étant, nous admettons que cette équation est difficile à résoudre. Notre seule certitude sur cette question est qu’elle ne sera pas réglée si chacun campe sur ses positions.

Impossible donc en l’état de dire quelle sera la position du RDSE à l’issue des débats sur ce texte : il faudra attendre l’examen des amendements. Toutefois, si le texte n’était pas modifié lors de la séance publique, peu d’entre nous le soutiendront – voire aucun sénateur de mon groupe.

Debut de section - PermalienPhoto de Maryse Carrère

L’asymétrie dans cette exigence de moralisation me met mal à l’aise.

Les articles 3 et 4 restent cependant en suspens, comme un dernier espoir que ce texte puisse encore être défendu. Puisque nos rapporteurs n’ont pas trouvé d’accord, j’espère que notre hémicycle sera favorable à ces deux articles : ils nous semblent en effet fondamentaux pour que notre pays aborde avec plus d’apaisement et de sérénité la question de l’immigration.

Dernier point sur lequel nous ne pouvons pas faire l’impasse : la question des OQTF, difficile, car souvent instrumentalisée par les populismes. Nous sommes forcément saisis par l’écart qui existe entre, d’un côté, le nombre d’OQTF prononcées et, de l’autre, celles qui sont finalement exécutées.

Par ailleurs, chacun a déjà rencontré dans son département le cas d’une personne parfaitement intégrée et pourtant menacée d’expulsion ; or il est rare que ces personnes soient concernées par les dispositions des articles 9 et 10 du projet de loi.

Autrement dit, il faut trouver l’équilibre pour cesser de prononcer des OQTF à l’encontre de personnes intégrées et appliquer fermement celles qui visent des personnes risquant d’attenter à la sûreté de notre Nation.

Cela étant, nous admettons que cette équation est difficile à résoudre. Notre seule certitude sur cette question est qu’elle ne sera pas réglée si chacun campe sur ses positions.

Impossible donc en l’état de dire quelle sera la position du RDSE à l’issue des débats sur ce texte : il faudra attendre l’examen des amendements. Toutefois, si le texte n’était pas modifié lors de la séance publique, peu d’entre nous le soutiendront – voire aucun sénateur de mon groupe ne le votera.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Applaudissements sur les travées du groupe RDSE, ainsi que sur des travées des groupes SER et GEST.

Applaudissements sur les travées du groupe RDSE, ainsi que su r des travées des groupes SER et GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Maryse Carrère

L’asymétrie dans cette exigence de moralisation me met mal à l’aise.

Les articles 3 et 4 restent cependant en suspens, comme un dernier espoir que ce texte puisse encore être défendu. Puisque nos rapporteurs n’ont pas trouvé d’accord, j’espère que notre hémicycle sera favorable à ces deux articles : ils nous semblent en effet fondamentaux pour que notre pays aborde avec plus d’apaisement et de sérénité la question de l’immigration.

Dernier point sur lequel nous ne pouvons pas faire l’impasse : la question des OQTF, difficile, car souvent instrumentalisée par les populismes. Nous sommes forcément saisis par l’écart qui existe entre, d’un côté, le nombre d’OQTF prononcées et, de l’autre, celles qui sont finalement exécutées.

Par ailleurs, chacun a déjà rencontré dans son département le cas d’une personne parfaitement intégrée et pourtant menacée d’expulsion ; or il est rare que ces personnes soient concernées par les dispositions des articles 9 et 10 du projet de loi.

Autrement dit, il faut trouver l’équilibre pour cesser de prononcer des OQTF à l’encontre de personnes intégrées et appliquer fermement celles qui visent des personnes risquant d’attenter à la sûreté de notre Nation.

Cela étant, nous admettons que cette équation est difficile à résoudre. Notre seule certitude sur cette question est qu’elle ne sera pas réglée si chacun campe sur ses positions.

Impossible donc en l’état de dire quelle sera la position du RDSE à l’issue des débats sur ce texte : il faudra attendre l’examen des amendements. Toutefois, si le texte n’était pas modifié lors de la séance publique, peu d’entre nous le soutiendront – voire aucun sénateur de mon groupe ne le votera.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier BITZ

Sans surprise, le groupe RDPI soutiendra la volonté du Gouvernement…

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier BITZ

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, chacune et chacun le sait bien : les flux migratoires se sont accélérés ces dernières années à l'échelle mondiale. Instabilité politique, évolutions démographiques, inégalités de toutes sortes et changement climatique provoquent une mobilité croissante des populations. Ainsi, selon l'OCDE, l'immigration dans les pays riches a atteint des niveaux record en 2022.

Cette progression rapide trouve bien évidemment sa traduction en Europe et dans notre pays. En 2022, 320 000 autorisations de séjour ont été délivrées par la France alors que, dans le même temps, 131 000 demandes d'asile y ont été enregistrées. Bien évidemment, les entrées clandestines viennent s'ajouter à ces chiffres déjà considérables.

À l'évidence, cette trajectoire n'est pas soutenable dans la durée pour notre cohésion nationale. Elle ne correspond pas à la capacité d'accueil de notre pays, encore moins à sa capacité d'intégration.

Certes, l'échelle européenne est pertinente pour réguler les phénomènes migratoires, et nous nous réjouissons de l'élan donné l'année dernière par la présidence française du Conseil de l'Union européenne pour aboutir à l'adoption prochaine du pacte européen sur la migration et l'asile. La dimension européenne du sujet ne nous empêche cependant pas de muscler notre droit interne.

En effet, nous devons mieux nous outiller sur le plan juridique pour faire face à l'évolution de la situation. L'état de notre droit ne nous permet pas aujourd'hui d'agir assez efficacement pour réduire les flux migratoires, mieux protéger nos concitoyens des délinquants étrangers et affirmer avec force notre attachement aux principes et valeurs de la République.

La loi du 10 septembre 2018 avait déjà fixé le cap ; il s'agit maintenant d'accélérer, à la fois sur les moyens juridiques donnés à l'État pour mener une politique plus ferme, mais aussi, en parallèle, sur les moyens financiers qui lui sont confiés pour atteindre cet objectif. À cet égard, la cohérence entre la volonté politique du Gouvernement et les moyens qu'il a demandés et obtenus avec l'adoption de la Lopmi doit être soulignée. Un seul exemple : pour améliorer l'exécution des décisions d'éloignement, l'objectif de 3 000 places en centres de rétention administrative d'ici à 2027 est d'ores et déjà programmé et financé.

La nécessité d'une évolution plus rigoureuse de notre droit est une conviction largement partagée. Sur la méthode, je me réjouis de constater à quel point ce projet de loi a été enrichi par les travaux de la commission des lois, et de la reprise par le Gouvernement de la quasi-totalité des propositions émises. Il s'agit d'un bel exemple d'un processus de coconstruction qui devrait nous permettre d'avancer, et je salue tout particulièrement la volonté de dialogue et d'échange du ministre de l'intérieur.

Ne pas adopter ce projet de loi reviendrait, in fine, à se satisfaire de l'état du droit actuel. Ce serait prendre une lourde responsabilité, car notre pays a besoin de renforcer les exigences concernant l'intégration, en demandant aux demandeurs d'une carte de séjour pluriannuelle la connaissance d'un niveau minimum de français, mais aussi un engagement à respecter les principes de la République.

Pour protéger nos concitoyens, la menace grave pour l'ordre public doit devenir un motif de non-renouvellement ou de retrait de la carte de résident. Dans le même sens, le projet de loi facilite l'éloignement des étrangers qui représentent une menace grave pour l'ordre public.

Il s'agit aussi de mettre à l'honneur la valeur travail en faisant de l'activité économique un facteur d'intégration mieux reconnu, au moment même où nombre de nos entreprises souffrent de ne pas trouver la main-d'œuvre qui leur est nécessaire.

On a pu entendre un peu tout et n'importe quoi sur ce désormais célèbre article 3, alors même qu'il ne s'agit que d'un dispositif expérimental, limité dans le temps, permettant seulement de délivrer un titre temporaire d'un an renouvelable, sous conditions, à des personnes se trouvant déjà sur le territoire depuis au moins trois ans et exerçant un métier en tension. Cela ne mérite pas tous les excès entendus.

Par ailleurs, en tant que sénateur de l'Orne, territoire rural, qui, comme bien d'autres, est un désert médical, je me réjouis des mesures facilitant la situation des médecins diplômés à l'étranger au regard de leur droit au séjour.

Enfin, la simplification du contentieux des étrangers est très attendue : elle a pour objectif d'accélérer les procédures tout en conservant l'effectivité du droit au recours.

Applaudissements sur les travées du groupe RDSE, ainsi que su r des travées des groupes SER et GEST.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Mes chers collègues, à la demande de M. le ministre, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier BITZ

Sans surprise, le groupe RDPI soutiendra la volonté du Gouvernement…

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier BITZ

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, chacune et chacun le sait bien : les flux migratoires se sont accélérés ces dernières années à l’échelle mondiale. Instabilité politique, évolutions démographiques, inégalités de toutes sortes et changement climatique provoquent une mobilité croissante des populations. Ainsi, selon l’OCDE, l’immigration dans les pays riches a atteint des niveaux record en 2022.

Cette progression rapide trouve bien évidemment sa traduction en Europe et dans notre pays. En 2022, 320 000 autorisations de séjour ont été délivrées par la France alors que, dans le même temps, 131 000 demandes d’asile y ont été enregistrées. Bien évidemment, les entrées clandestines viennent s’ajouter à ces chiffres déjà considérables.

À l’évidence, cette trajectoire n’est pas soutenable dans la durée pour notre cohésion nationale. Elle ne correspond pas à la capacité d’accueil de notre pays, encore moins à sa capacité d’intégration.

Certes, l’échelle européenne est pertinente pour réguler les phénomènes migratoires, et nous nous réjouissons de l’élan donné l’année dernière par la présidence française du Conseil de l’Union européenne pour aboutir à l’adoption prochaine du pacte européen sur la migration et l’asile. La dimension européenne du sujet ne nous empêche cependant pas de muscler notre droit interne.

En effet, nous devons mieux nous outiller sur le plan juridique pour faire face à l’évolution de la situation. L’état de notre droit ne nous permet pas aujourd’hui d’agir assez efficacement pour réduire les flux migratoires, mieux protéger nos concitoyens des délinquants étrangers et affirmer avec force notre attachement aux principes et valeurs de la République.

La loi du 10 septembre 2018 avait déjà fixé le cap ; il s’agit maintenant d’accélérer, à la fois sur les moyens juridiques donnés à l’État pour mener une politique plus ferme, mais aussi, en parallèle, sur les moyens financiers qui lui sont confiés pour atteindre cet objectif. À cet égard, la cohérence entre la volonté politique du Gouvernement et les moyens qu’il a demandés et obtenus avec l’adoption de la Lopmi doit être soulignée. Un seul exemple : pour améliorer l’exécution des décisions d’éloignement, l’objectif de 3 000 places en centres de rétention administrative d’ici à 2027 est d’ores et déjà programmé et financé.

La nécessité d’une évolution plus rigoureuse de notre droit est une conviction largement partagée. Sur la méthode, je me réjouis de constater à quel point ce projet de loi a été enrichi par les travaux de la commission des lois, et de la reprise par le Gouvernement de la quasi-totalité des propositions émises. Il s’agit d’un bel exemple d’un processus de coconstruction qui devrait nous permettre d’avancer, et je salue tout particulièrement la volonté de dialogue et d’échange du ministre de l’intérieur.

Ne pas adopter ce projet de loi reviendrait, in fine, à se satisfaire de l’état du droit actuel. Ce serait prendre une lourde responsabilité, car notre pays a besoin de renforcer les exigences concernant l’intégration, en demandant aux demandeurs d’une carte de séjour pluriannuelle la connaissance d’un niveau minimum de français, mais aussi un engagement à respecter les principes de la République.

Pour protéger nos concitoyens, la menace grave pour l’ordre public doit devenir un motif de non-renouvellement ou de retrait de la carte de résident. Dans le même sens, le projet de loi facilite l’éloignement des étrangers qui représentent une menace grave pour l’ordre public.

Il s’agit aussi de mettre à l’honneur la valeur travail en faisant de l’activité économique un facteur d’intégration mieux reconnu, au moment même où nombre de nos entreprises souffrent de ne pas trouver la main-d’œuvre qui leur est nécessaire.

On a pu entendre un peu tout et n’importe quoi sur ce désormais célèbre article 3, alors même qu’il ne s’agit que d’un dispositif expérimental, limité dans le temps, permettant seulement de délivrer un titre temporaire d’un an renouvelable, sous conditions, à des personnes se trouvant déjà sur le territoire depuis au moins trois ans et exerçant un métier en tension. Cela ne mérite pas tous les excès entendus.

Par ailleurs, en tant que sénateur de l’Orne, territoire rural, qui, comme bien d’autres, est un désert médical, je me réjouis des mesures facilitant la situation des médecins diplômés à l’étranger au regard de leur droit au séjour.

Enfin, la simplification du contentieux des étrangers est très attendue : elle a pour objectif d’accélérer les procédures tout en conservant l’effectivité du droit au recours.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier BITZ

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, chacune et chacun le sait bien : les flux migratoires se sont accélérés ces dernières années à l’échelle mondiale. Instabilité politique, évolutions démographiques, inégalités de toutes sortes et changement climatique provoquent une mobilité croissante des populations. Ainsi, selon l’OCDE, l’immigration dans les pays riches a atteint des niveaux records en 2022.

Cette progression rapide trouve bien évidemment sa traduction en Europe et dans notre pays. En 2022, 320 000 autorisations de séjour ont été délivrées par la France alors que, dans le même temps, 131 000 demandes d’asile y ont été enregistrées. Bien évidemment, les entrées clandestines viennent s’ajouter à ces chiffres déjà considérables.

À l’évidence, cette trajectoire n’est pas soutenable dans la durée pour notre cohésion nationale. Elle ne correspond pas à la capacité d’accueil de notre pays, encore moins à sa capacité d’intégration.

Certes, l’échelle européenne est pertinente pour réguler les phénomènes migratoires, et nous nous réjouissons de l’élan donné l’année dernière par la présidence française du Conseil de l’Union européenne pour aboutir à l’adoption prochaine du pacte européen sur la migration et l’asile. La dimension européenne du sujet ne nous empêche cependant pas de muscler notre droit interne.

En effet, nous devons mieux nous outiller sur le plan juridique pour faire face à l’évolution de la situation. L’état de notre droit ne nous permet pas aujourd’hui d’agir assez efficacement pour réduire les flux migratoires, mieux protéger nos concitoyens des délinquants étrangers et affirmer avec force notre attachement aux principes et valeurs de la République.

La loi du 10 septembre 2018 avait déjà fixé le cap ; il s’agit maintenant d’accélérer, à la fois sur les moyens juridiques donnés à l’État pour mener une politique plus ferme, mais aussi, en parallèle, sur les moyens financiers qui lui sont confiés pour atteindre cet objectif. À cet égard, la cohérence entre la volonté politique du Gouvernement et les moyens qu’il a demandés et obtenus avec l’adoption de la Lopmi doit être soulignée. Un seul exemple : pour améliorer l’exécution des décisions d’éloignement, l’objectif de 3 000 places en centres de rétention administrative d’ici à 2027 est d’ores et déjà programmé et financé.

La nécessité d’une évolution plus rigoureuse de notre droit est une conviction largement partagée. Sur la méthode, je me réjouis de constater à quel point ce projet de loi a été enrichi par les travaux de la commission des lois, et de la reprise par le Gouvernement de la quasi-totalité des propositions émises. Il s’agit d’un bel exemple d’un processus de coconstruction qui devrait nous permettre d’avancer, et je salue tout particulièrement la volonté de dialogue et d’échange du ministre de l’intérieur.

Ne pas adopter ce projet de loi reviendrait in f ine à se satisfaire de l’état du droit actuel. Ce serait prendre une lourde responsabilité, car notre pays a besoin de renforcer les exigences concernant l’intégration, en demandant aux demandeurs d’une carte de séjour pluriannuelle la connaissance d’un niveau minimum de français, mais aussi un engagement à respecter les principes de la République.

Pour protéger nos concitoyens, la menace grave pour l’ordre public doit devenir un motif de non-renouvellement ou de retrait de la carte de résident. Dans le même sens, le projet de loi facilite l’éloignement des étrangers qui représentent une menace grave pour l’ordre public.

Il s’agit aussi de mettre à l’honneur la valeur travail en faisant de l’activité économique un facteur d’intégration mieux reconnu, au moment même où nombre de nos entreprises souffrent de ne pas trouver la main-d’œuvre qui leur est nécessaire.

On a pu entendre un peu tout et n’importe quoi sur ce désormais célèbre article 3, alors même qu’il ne s’agit que d’un dispositif expérimental, limité dans le temps, permettant seulement de délivrer un titre temporaire d’un an renouvelable, sous conditions, à des personnes se trouvant déjà sur le territoire depuis au moins trois ans et exerçant un métier en tension. Cela ne mérite pas tous les excès entendus.

Par ailleurs, en tant que sénateur de l’Orne, territoire rural, qui, comme bien d’autres, est un désert médical, je me réjouis des mesures facilitant la situation des médecins diplômés à l’étranger au regard de leur droit au séjour.

Enfin, la simplification du contentieux des étrangers est très attendue : elle a pour objectif d’accélérer les procédures tout en conservant l’effectivité du droit au recours.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

La séance, suspendue à dix-huit heures vingt-cinq,

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier BITZ

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, chacune et chacun le sait bien : les flux migratoires se sont accélérés ces dernières années à l’échelle mondiale. Instabilité politique, évolutions démographiques, inégalités de toutes sortes et changement climatique provoquent une mobilité croissante des populations. Ainsi, selon l’OCDE, l’immigration dans les pays riches a atteint des niveaux records en 2022.

Cette progression rapide trouve bien évidemment sa traduction en Europe et dans notre pays. En 2022, 320 000 autorisations de séjour ont été délivrées par la France alors que, dans le même temps, 131 000 demandes d’asile y ont été enregistrées. Bien évidemment, les entrées clandestines viennent s’ajouter à ces chiffres déjà considérables.

À l’évidence, cette trajectoire n’est pas soutenable dans la durée pour notre cohésion nationale. Elle ne correspond pas à la capacité d’accueil de notre pays, encore moins à sa capacité d’intégration.

Certes, l’échelle européenne est pertinente pour réguler les phénomènes migratoires, et nous nous réjouissons de l’élan donné l’année dernière par la présidence française du Conseil de l’Union européenne pour aboutir à l’adoption prochaine du pacte européen sur la migration et l’asile. La dimension européenne du sujet ne nous empêche cependant pas de muscler notre droit interne.

En effet, nous devons mieux nous outiller sur le plan juridique pour faire face à l’évolution de la situation. L’état de notre droit ne nous permet pas aujourd’hui d’agir assez efficacement pour réduire les flux migratoires, mieux protéger nos concitoyens des délinquants étrangers et affirmer avec force notre attachement aux principes et valeurs de la République.

La loi du 10 septembre 2018 avait déjà fixé le cap ; il s’agit maintenant d’accélérer, à la fois sur les moyens juridiques donnés à l’État pour mener une politique plus ferme, mais aussi, en parallèle, sur les moyens financiers qui lui sont confiés pour atteindre cet objectif. À cet égard, la cohérence entre la volonté politique du Gouvernement et les moyens qu’il a demandés et obtenus avec l’adoption de la Lopmi doit être soulignée. Un seul exemple : pour améliorer l’exécution des décisions d’éloignement, l’objectif de 3 000 places en centres de rétention administrative d’ici à 2027 est d’ores et déjà programmé et financé.

La nécessité d’une évolution plus rigoureuse de notre droit est une conviction largement partagée. Sur la méthode, je me réjouis de constater à quel point ce projet de loi a été enrichi par les travaux de la commission des lois, et de la reprise par le Gouvernement de la quasi-totalité des propositions émises. Il s’agit d’un bel exemple d’un processus de coconstruction qui devrait nous permettre d’avancer, et je salue tout particulièrement la volonté de dialogue et d’échange du ministre de l’intérieur.

Ne pas adopter ce projet de loi reviendrait in f ine à se satisfaire de l’état du droit actuel. Ce serait prendre une lourde responsabilité, car notre pays a besoin de renforcer les exigences concernant l’intégration, en demandant aux demandeurs d’une carte de séjour pluriannuelle la connaissance d’un niveau minimum de français, mais aussi un engagement à respecter les principes de la République.

Pour protéger nos concitoyens, la menace grave pour l’ordre public doit devenir un motif de non-renouvellement ou de retrait de la carte de résident. Dans le même sens, le projet de loi facilite l’éloignement des étrangers qui représentent une menace grave pour l’ordre public.

Il s’agit aussi de mettre à l’honneur la valeur travail en faisant de l’activité économique un facteur d’intégration mieux reconnu, au moment même où nombre de nos entreprises souffrent de ne pas trouver la main-d’œuvre qui leur est nécessaire.

On a pu entendre un peu tout et n’importe quoi sur ce désormais célèbre article 3, alors même qu’il ne s’agit que d’un dispositif expérimental, limité dans le temps, permettant seulement de délivrer un titre temporaire d’un an renouvelable, sous conditions, à des personnes se trouvant déjà sur le territoire depuis au moins trois ans et exerçant un métier en tension. Cela ne mérite pas tous les excès entendus.

Par ailleurs, en tant que sénateur de l’Orne, territoire rural, qui, comme bien d’autres, est un désert médical, je me réjouis des mesures facilitant la situation des médecins diplômés à l’étranger au regard de leur droit au séjour.

Enfin, la simplification du contentieux des étrangers est très attendue : elle a pour objectif d’accélérer les procédures tout en conservant l’effectivité du droit au recours.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

La séance est reprise.

La parole est à Mme Corinne Narassiguin.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Mes chers collègues, à la demande de M. le ministre, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier BITZ

M. Olivier Bitz . … de muscler notre droit en faisant preuve de pragmatisme et d'humanité.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier BITZ

Sans surprise, le groupe RDPI soutiendra la volonté du Gouvernement…

Applaudissements s ur les travées du groupe RDPI.

La séance, suspendue à dix-huit heures vingt-cinq,

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier BITZ

Sans surprise, le groupe RDPI soutiendra la volonté du Gouvernement…

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, « contrairement à ce que certains disent, nous ne sommes pas aujourd'hui confrontés à une vague d'immigration. […] Les composantes de ce mouvement migratoire sont multiples. Elles sont, en premier lieu, le résultat du regroupement familial. Cette pratique demeure marginale et doit être préservée […].

« Ces mouvements migratoires comptent aussi des étudiants, des demandeurs d'asile, dont le nombre a certes un peu augmenté, mais dans des proportions qui n'ont rien de comparable à ce que l'on constate chez nos voisins. Le sujet de l'immigration ne devrait donc pas inquiéter la population française. Et pourtant… »

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

La séance est reprise.

La parole est à Mme Corinne Narassiguin.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Mes chers collègues, à la demande de M. le ministre, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier BITZ

M. Olivier Bitz. … de muscler notre droit en faisant preuve de pragmatisme et d’humanité.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

La séance, suspendue à dix-huit heures vingt-cinq,

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier BITZ

M. Olivier Bitz. … de muscler notre droit en faisant preuve de pragmatisme et d’humanité.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

« Pourquoi fait-il débat ? Parce qu'il est source à la fois de confusions, de malentendus, d'une forme d'inquiétude ou, comme le diraient certains auteurs, d'insécurité culturelle. Mais les racines d'un tel sentiment résident dans la question de l'intégration, pas dans le fait migratoire.

« […] Nous ne devons pas mentir à nos concitoyens : l'immigration n'est pas quelque chose dont nous pourrions nous départir. De surcroît, l'immigration se révèle une chance d'un point de vue économique, culturel, social. […] Mais à condition de savoir la prendre en charge. Quand on sait les intégrer, les former, les femmes et les hommes renouvellent notre société, lui donnent une impulsion nouvelle, des élans d'inventivité, d'innovation.

« Les démocraties qui réussissent l'intégration bénéficient d'une croissance supérieure à la nôtre. Mais la question de l'intégration reste un problème en France. Nous ne parvenons plus à nous départir d'une défiance à l'égard des migrants. »

Monsieur le ministre, ces premiers mots de mon propos sont ceux d'Emmanuel Macron, alors candidat à l'élection présidentielle, en février 2017.

Alors, que s'est-il passé depuis lors ? Que s'est-il passé, monsieur le ministre, pour que vous nous présentiez le vingt-neuvième projet de loi sur l'immigration depuis les années 1980, en faisant croire à nos concitoyens qu'il résoudra enfin tous leurs problèmes ?

Que s'est-il passé pour que vous « assumiez » être condamné par la Cour européenne des droits de l'homme aussi régulièrement ?

Que s'est-il passé pour que vous présentiez « le texte le plus ferme avec les mesures les plus dures depuis ces trente dernières années », comme vous le proclamez ?

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, « contrairement à ce que certains disent, nous ne sommes pas aujourd'hui confrontés à une vague d'immigration. […] Les composantes de ce mouvement migratoire sont multiples. Elles sont, en premier lieu, le résultat du regroupement familial. Cette pratique demeure marginale et doit être préservée […].

« Ces mouvements migratoires comptent aussi des étudiants, des demandeurs d'asile, dont le nombre a certes un peu augmenté, mais dans des proportions qui n'ont rien de comparable à ce que l'on constate chez nos voisins. Le sujet de l'immigration ne devrait donc pas inquiéter la population française. Et pourtant… »

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

La séance est reprise.

La parole est à Mme Corinne Narassiguin.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Mes chers collègues, à la demande de M. le ministre, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

C'est bien heureux !

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

La séance, suspendue à dix-huit heures vingt-cinq, est reprise à dix-huit heures trente.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Mes chers collègues, à la demande de M. le ministre, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Que s'est-il passé pour que le Président de la République renie ses positions antérieures sur la question migratoire ?

La France d'aujourd'hui est l'héritière d'une histoire complexe, qu'elle doit apprendre à assumer. Elle est de fait un pays d'immigration et une terre d'accueil : l'immigration et une réalité structurelle que nous devons embrasser.

Nous, socialistes, considérons qu'une immigration réussie passe par l'intégration. Cette intégration compte trois composantes essentielles : le travail, l'apprentissage de la langue ainsi que la mixité à l'école et dans le logement.

Quand je lis l'expression « améliorer l'intégration » dans le titre de votre projet de loi, je dis : « Pourquoi pas ? »

Un premier enjeu est l'apprentissage de la langue. Monsieur le ministre, vous vous vantez partout que ce projet de loi facilitera l'apprentissage du français. Quand on y regarde de plus près, c'est faux. La vérité, c'est que vous utilisez la maîtrise de la langue française comme un obstacle à l'entrée et à l'installation durable, au lieu de vous inquiéter des moyens de son apprentissage.

Autre volet essentiel pour s'intégrer : le travail. Quoi de mieux pour s'intégrer que le travail, à condition qu'il soit digne, émancipateur et porteur de sens ?

Il y a un an, quand vous souhaitiez être « gentil avec les gentils » aux côtés de M. Dussopt, qui a d'ailleurs disparu des radars depuis lors, c'était la mesure phare de votre texte : le travail. Vous le savez, nous soutenons l'article 3 qui vise à régulariser les travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension. La mesure est très insuffisante, mais il s'agit d'un premier pas fait dans la bonne direction.

Les Français ne sont pas dupes et voient bien que les secteurs de la restauration, de l'hôtellerie, du BTP, de l'aide aux personnes, de la propreté ou encore du numérique fonctionnent grâce à de nombreux travailleurs sans-papiers, travailleurs de l'ombre qui font tourner notre pays. Ils étaient celles et ceux qui sortaient chaque jour en risquant leur vie pendant la covid-19. Ne vous en déplaise, mes chers collègues, ils sont ceux qui épluchent vos légumes et font la plonge au restaurant du Sénat.

Au-delà de cette vision très utilitariste de l'article 3, nous sommes pour la régularisation de l'ensemble des travailleurs sans-papiers sur le territoire français.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

« Pourquoi fait-il débat ? Parce qu'il est source à la fois de confusions, de malentendus, d'une forme d'inquiétude ou, comme le diraient certains auteurs, d'insécurité culturelle. Mais les racines d'un tel sentiment résident dans la question de l'intégration, pas dans le fait migratoire.

« […] Nous ne devons pas mentir à nos concitoyens : l'immigration n'est pas quelque chose dont nous pourrions nous départir. De surcroît, l'immigration se révèle une chance d'un point de vue économique, culturel, social. […] Mais à condition de savoir la prendre en charge. Quand on sait les intégrer, les former, les femmes et les hommes renouvellent notre société, lui donnent une impulsion nouvelle, des élans d'inventivité, d'innovation.

« Les démocraties qui réussissent l'intégration bénéficient d'une croissance supérieure à la nôtre. Mais la question de l'intégration reste un problème en France. Nous ne parvenons plus à nous départir d'une défiance à l'égard des migrants. »

Monsieur le ministre, ces premiers mots de mon propos sont ceux d'Emmanuel Macron, alors candidat à l'élection présidentielle, en février 2017.

Alors, que s'est-il passé depuis lors ? Que s'est-il passé, monsieur le ministre, pour que vous nous présentiez le vingt-neuvième projet de loi sur l'immigration depuis les années 1980, en faisant croire à nos concitoyens qu'il résoudra enfin tous leurs problèmes ?

Que s'est-il passé pour que vous « assumiez » être condamné par la Cour européenne des droits de l'homme aussi régulièrement ?

Que s'est-il passé pour que vous présentiez « le texte le plus ferme avec les mesures les plus dures depuis ces trente dernières années », comme vous le proclamez ?

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, « contrairement à ce que certains disent, nous ne sommes pas aujourd'hui confrontés à une vague d'immigration. […] Les composantes de ce mouvement migratoire sont multiples. Elles sont, en premier lieu, le résultat du regroupement familial. Cette pratique demeure marginale et doit être préservée […].

« Ces mouvements migratoires comptent aussi des étudiants, des demandeurs d'asile, dont le nombre a certes un peu augmenté, mais dans des proportions qui n'ont rien de comparable à ce que l'on constate chez nos voisins. Le sujet de l'immigration ne devrait donc pas inquiéter la population française. Et pourtant… »

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

La séance est reprise.

La parole est à Mme Corinne Narassiguin.

La séance, suspendue à dix-huit heures vingt-cinq, est reprise à dix-huit heures trente.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

C'est bien heureux !

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

La séance est reprise.

La parole est à Mme Corinne Narassiguin.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Il s'agit d'en finir avec une forme d'hypocrisie, et de leur permettre de vivre légalement sur le territoire sans avoir la peur au ventre et courir le risque d'être contrôlé à tout moment pour être renvoyé dans leur pays. Ils contribuent à la vie économique, sociale et culturelle de notre pays, ils doivent pouvoir y vivre en toute légalité.

Nous proposerons donc que l'ensemble des travailleurs puissent être régularisés après six mois de CDI, de CDD ou d'intérim. Nous souhaitons également que cette mesure s'applique aux travailleurs des plateformes, qui, par milliers, participent à notre économie. Nous soutiendrons également la possibilité de travailler dès le dépôt de la demande d'asile.

Nous soutenons votre mesure, mais sans illusion, car nous avons bien compris que vous négociez de manière privilégiée avec la droite extrême représentée dans cet hémicycle par M. Retailleau

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Que s'est-il passé pour que le Président de la République renie ses positions antérieures sur la question migratoire ?

La France d'aujourd'hui est l'héritière d'une histoire complexe, qu'elle doit apprendre à assumer. Elle est de fait un pays d'immigration et une terre d'accueil : l'immigration et une réalité structurelle que nous devons embrasser.

Nous, socialistes, considérons qu'une immigration réussie passe par l'intégration. Cette intégration compte trois composantes essentielles : le travail, l'apprentissage de la langue ainsi que la mixité à l'école et dans le logement.

Quand je lis l'expression « améliorer l'intégration » dans le titre de votre projet de loi, je dis : « Pourquoi pas ? »

Un premier enjeu est l'apprentissage de la langue. Monsieur le ministre, vous vous vantez partout que ce projet de loi facilitera l'apprentissage du français. Quand on y regarde de plus près, c'est faux. La vérité, c'est que vous utilisez la maîtrise de la langue française comme un obstacle à l'entrée et à l'installation durable, au lieu de vous inquiéter des moyens de son apprentissage.

Autre volet essentiel pour s'intégrer : le travail. Quoi de mieux pour s'intégrer que le travail, à condition qu'il soit digne, émancipateur et porteur de sens ?

Il y a un an, quand vous souhaitiez être « gentil avec les gentils » aux côtés de M. Dussopt, qui a d'ailleurs disparu des radars depuis lors, c'était la mesure phare de votre texte : le travail. Vous le savez, nous soutenons l'article 3 qui vise à régulariser les travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension. La mesure est très insuffisante, mais il s'agit d'un premier pas fait dans la bonne direction.

Les Français ne sont pas dupes et voient bien que les secteurs de la restauration, de l'hôtellerie, du BTP, de l'aide aux personnes, de la propreté ou encore du numérique fonctionnent grâce à de nombreux travailleurs sans-papiers, travailleurs de l'ombre qui font tourner notre pays. Ils étaient celles et ceux qui sortaient chaque jour en risquant leur vie pendant la covid-19. Ne vous en déplaise, mes chers collègues, ils sont ceux qui épluchent vos légumes et font la plonge au restaurant du Sénat.

Au-delà de cette vision très utilitariste de l'article 3, nous sommes pour la régularisation de l'ensemble des travailleurs sans-papiers sur le territoire français.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

« Pourquoi fait-il débat ? Parce qu'il est source à la fois de confusions, de malentendus, d'une forme d'inquiétude ou, comme le diraient certains auteurs, d'insécurité culturelle. Mais les racines d'un tel sentiment résident dans la question de l'intégration, pas dans le fait migratoire.

« […] Nous ne devons pas mentir à nos concitoyens : l'immigration n'est pas quelque chose dont nous pourrions nous départir. De surcroît, l'immigration se révèle une chance d'un point de vue économique, culturel, social. […] Mais à condition de savoir la prendre en charge. Quand on sait les intégrer, les former, les femmes et les hommes renouvellent notre société, lui donnent une impulsion nouvelle, des élans d'inventivité, d'innovation.

« Les démocraties qui réussissent l'intégration bénéficient d'une croissance supérieure à la nôtre. Mais la question de l'intégration reste un problème en France. Nous ne parvenons plus à nous départir d'une défiance à l'égard des migrants. »

Monsieur le ministre, ces premiers mots de mon propos sont ceux d'Emmanuel Macron, alors candidat à l'élection présidentielle, en février 2017.

Alors, que s'est-il passé depuis lors ? Que s'est-il passé, monsieur le ministre, pour que vous nous présentiez le vingt-neuvième projet de loi sur l'immigration depuis les années 1980, en faisant croire à nos concitoyens qu'il résoudra enfin tous leurs problèmes ?

Que s'est-il passé pour que vous « assumiez » être condamné par la Cour européenne des droits de l'homme aussi régulièrement ?

Que s'est-il passé pour que vous présentiez « le texte le plus ferme avec les mesures les plus dures depuis ces trente dernières années », comme vous le proclamez ?

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, « contrairement à ce que certains disent, nous ne sommes pas aujourd’hui confrontés à une vague d’immigration. […] Les composantes de ce mouvement migratoire sont multiples. Elles sont, en premier lieu, le résultat du regroupement familial. Cette pratique demeure marginale et doit être préservée […].

« Ces mouvements migratoires comptent aussi des étudiants, des demandeurs d’asile, dont le nombre a certes un peu augmenté, mais dans des proportions qui n’ont rien de comparable à ce que l’on constate chez nos voisins. Le sujet de l’immigration ne devrait donc pas inquiéter la population française. Et pourtant… »

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

M. Roger Karoutchi soupire

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

C'est bien heureux !

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, « contrairement à ce que certains disent, nous ne sommes pas aujourd’hui confrontés à une vague d’immigration. […] Les composantes de ce mouvement migratoire sont multiples. Elles sont, en premier lieu, le résultat du regroupement familial. Cette pratique demeure marginale et doit être préservée […].

« Ces mouvements migratoires comptent aussi des étudiants, des demandeurs d’asile, dont le nombre a certes un peu augmenté, mais dans des proportions qui n’ont rien de comparable à ce que l’on constate chez nos voisins. Le sujet de l’immigration ne devrait donc pas inquiéter la population française. Et pourtant… »

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Le deuxième volet de ce projet de loi vise à « mieux contrôler l'immigration ». Il s'agit en réalité de la partie la plus importante du texte.

Je le dis sans détour : nous, socialistes, pensons qu'une organisation des politiques migratoires fidèle aux valeurs de la République est nécessaire, pour mieux accueillir et mieux intégrer.

Votre projet de loi aura au contraire pour effet d'ajouter du désordre au désordre.

À la suite du dramatique attentat d'Arras, vous instrumentalisez la crainte du terrorisme islamiste afin de multiplier les amalgames, de faire le lien entre immigration, insécurité et terrorisme, ainsi que de justifier le durcissement de votre texte, mais sans porter de véritable vision de l'immigration, et sans même aucune notion d'efficacité. La sûreté de l'État et la sécurité de nos concitoyens méritent mieux que de la démagogie : elles exigent un discours de vérité.

Parce que nous sommes lucides sur la réalité des menaces sécuritaires, nous sommes prêts à aller au bout du débat et à dresser votre bilan en matière de contrôle de l'immigration. À chaque fois que vous essaierez d'embrouiller les Françaises et les Français, nous serons là pour rappeler les faits.

Il n'est pas besoin de modifier les régimes de l'expulsion et de l'éloignement, que vous confondez au mépris des mises en garde du Conseil d'État.

L'enjeu, c'est la bonne application du droit existant. Plutôt que de multiplier les OQTF, accordez des moyens aux préfectures et à l'administration pour le suivi des individus véritablement dangereux, cessez les effets de manche et agissez efficacement !

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Il s'agit d'en finir avec une forme d'hypocrisie, et de leur permettre de vivre légalement sur le territoire sans avoir la peur au ventre et courir le risque d'être contrôlé à tout moment pour être renvoyé dans leur pays. Ils contribuent à la vie économique, sociale et culturelle de notre pays, ils doivent pouvoir y vivre en toute légalité.

Nous proposerons donc que l'ensemble des travailleurs puissent être régularisés après six mois de CDI, de CDD ou d'intérim. Nous souhaitons également que cette mesure s'applique aux travailleurs des plateformes, qui, par milliers, participent à notre économie. Nous soutiendrons également la possibilité de travailler dès le dépôt de la demande d'asile.

Nous soutenons votre mesure, mais sans illusion, car nous avons bien compris que vous négociez de manière privilégiée avec la droite extrême représentée dans cet hémicycle par M. Retailleau

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Que s'est-il passé pour que le Président de la République renie ses positions antérieures sur la question migratoire ?

La France d'aujourd'hui est l'héritière d'une histoire complexe, qu'elle doit apprendre à assumer. Elle est de fait un pays d'immigration et une terre d'accueil : l'immigration et une réalité structurelle que nous devons embrasser.

Nous, socialistes, considérons qu'une immigration réussie passe par l'intégration. Cette intégration compte trois composantes essentielles : le travail, l'apprentissage de la langue ainsi que la mixité à l'école et dans le logement.

Quand je lis l'expression « améliorer l'intégration » dans le titre de votre projet de loi, je dis : « Pourquoi pas ? »

Un premier enjeu est l'apprentissage de la langue. Monsieur le ministre, vous vous vantez partout que ce projet de loi facilitera l'apprentissage du français. Quand on y regarde de plus près, c'est faux. La vérité, c'est que vous utilisez la maîtrise de la langue française comme un obstacle à l'entrée et à l'installation durable, au lieu de vous inquiéter des moyens de son apprentissage.

Autre volet essentiel pour s'intégrer : le travail. Quoi de mieux pour s'intégrer que le travail, à condition qu'il soit digne, émancipateur et porteur de sens ?

Il y a un an, quand vous souhaitiez être « gentil avec les gentils » aux côtés de M. Dussopt, qui a d'ailleurs disparu des radars depuis lors, c'était la mesure phare de votre texte : le travail. Vous le savez, nous soutenons l'article 3, qui vise à régulariser les travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension. La mesure est très insuffisante, mais il s'agit d'un premier pas fait dans la bonne direction.

Les Français ne sont pas dupes et voient bien que les secteurs de la restauration, de l'hôtellerie, du BTP, de l'aide aux personnes, de la propreté ou encore du numérique fonctionnent grâce à de nombreux travailleurs sans-papiers, travailleurs de l'ombre qui font tourner notre pays. Ils étaient celles et ceux qui sortaient chaque jour en risquant leur vie pendant la covid-19. Ne vous en déplaise, mes chers collègues, ils sont ceux qui épluchent vos légumes et font la plonge au restaurant du Sénat.

Au-delà de cette vision très utilitariste de l'article 3, nous sommes pour la régularisation de l'ensemble des travailleurs sans-papiers sur le territoire français.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

« Pourquoi fait-il débat ? Parce qu’il est source à la fois de confusions, de malentendus, d’une forme d’inquiétude ou, comme le diraient certains auteurs, d’insécurité culturelle. Mais les racines d’un tel sentiment résident dans la question de l’intégration, pas dans le fait migratoire.

« […] Nous ne devons pas mentir à nos concitoyens : l’immigration n’est pas quelque chose dont nous pourrions nous départir. De surcroît, l’immigration se révèle une chance d’un point de vue économique, culturel, social. […] Mais à condition de savoir la prendre en charge. Quand on sait les intégrer, les former, les femmes et les hommes renouvellent notre société, lui donnent une impulsion nouvelle, des élans d’inventivité, d’innovation.

« Les démocraties qui réussissent l’intégration bénéficient d’une croissance supérieure à la nôtre. Mais la question de l’intégration reste un problème en France. Nous ne parvenons plus à nous départir d’une défiance à l’égard des migrants. »

Monsieur le ministre, ces premiers mots de mon propos sont ceux d’Emmanuel Macron, alors candidat à l’élection présidentielle, en février 2017.

Alors, que s’est-il passé depuis lors ? Que s’est-il passé, monsieur le ministre, pour que vous nous présentiez le vingt-neuvième projet de loi sur l’immigration depuis les années 1980, en faisant croire à nos concitoyens qu’il résoudra enfin tous leurs problèmes ?

Que s’est-il passé pour que vous « assumiez » être condamné par la Cour européenne des droits de l’homme aussi régulièrement ?

Que s’est-il passé pour que vous présentiez « le texte le plus ferme avec les mesures les plus dures depuis ces trente dernières années », comme vous le proclamez ?

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

« Pourquoi fait-il débat ? Parce qu’il est source à la fois de confusions, de malentendus, d’une forme d’inquiétude ou, comme le diraient certains auteurs, d’insécurité culturelle. Mais les racines d’un tel sentiment résident dans la question de l’intégration, pas dans le fait migratoire.

« […] Nous ne devons pas mentir à nos concitoyens : l’immigration n’est pas quelque chose dont nous pourrions nous départir. De surcroît, l’immigration se révèle une chance d’un point de vue économique, culturel, social. […] Mais à condition de savoir la prendre en charge. Quand on sait les intégrer, les former, les femmes et les hommes renouvellent notre société, lui donnent une impulsion nouvelle, des élans d’inventivité, d’innovation.

« Les démocraties qui réussissent l’intégration bénéficient d’une croissance supérieure à la nôtre. Mais la question de l’intégration reste un problème en France. Nous ne parvenons plus à nous départir d’une défiance à l’égard des migrants. »

Monsieur le ministre, ces premiers mots de mon propos sont ceux d’Emmanuel Macron, alors candidat à l’élection présidentielle, en février 2017.

Que s’est-il passé depuis lors ? Que s’est-il passé, monsieur le ministre, pour que vous nous présentiez le vingt-neuvième projet de loi sur l’immigration depuis les années 1980, en faisant croire à nos concitoyens qu’il résoudra enfin tous leurs problèmes ?

Que s’est-il passé pour que vous « assumiez » être condamné par la Cour européenne des droits de l’homme aussi régulièrement ?

Que s’est-il passé pour que vous présentiez « le texte le plus ferme avec les mesures les plus dures depuis ces trente dernières années », comme vous le proclamez ?

M. Roger Karoutchi soupire

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

C’est bien heureux !

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

« Pourquoi fait-il débat ? Parce qu’il est source à la fois de confusions, de malentendus, d’une forme d’inquiétude ou, comme le diraient certains auteurs, d’insécurité culturelle. Mais les racines d’un tel sentiment résident dans la question de l’intégration, pas dans le fait migratoire.

« […] Nous ne devons pas mentir à nos concitoyens : l’immigration n’est pas quelque chose dont nous pourrions nous départir. De surcroît, l’immigration se révèle une chance d’un point de vue économique, culturel, social. […] Mais à condition de savoir la prendre en charge. Quand on sait les intégrer, les former, les femmes et les hommes renouvellent notre société, lui donnent une impulsion nouvelle, des élans d’inventivité, d’innovation.

« Les démocraties qui réussissent l’intégration bénéficient d’une croissance supérieure à la nôtre. Mais la question de l’intégration reste un problème en France. Nous ne parvenons plus à nous départir d’une défiance à l’égard des migrants. »

Monsieur le ministre, ces premiers mots de mon propos sont ceux d’Emmanuel Macron, alors candidat à l’élection présidentielle, en février 2017.

Que s’est-il passé depuis lors ? Que s’est-il passé, monsieur le ministre, pour que vous nous présentiez le vingt-neuvième projet de loi sur l’immigration depuis les années 1980, en faisant croire à nos concitoyens qu’il résoudra enfin tous leurs problèmes ?

Que s’est-il passé pour que vous « assumiez » être condamné par la Cour européenne des droits de l’homme aussi régulièrement ?

Que s’est-il passé pour que vous présentiez « le texte le plus ferme avec les mesures les plus dures depuis ces trente dernières années », comme vous le proclamez ?

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Nous nous opposerons également à la fin de la collégialité au sein de la Cour nationale du droit d'asile, où l'oralité et l'intime conviction tiennent une place décisive. Une décision de la CNDA peut parfois renvoyer des personnes à la mort ; pour être la plus juste possible, il est essentiel que cette décision ne soit pas individuelle.

Enfin, nous combattrons les mesures nauséabondes de la droite de cet hémicycle, qui n'a plus de républicaine que le nom.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Le deuxième volet de ce projet de loi vise à « mieux contrôler l'immigration ». Il s'agit en réalité de la partie la plus importante du texte.

Je le dis sans détour : nous, socialistes, pensons qu'une organisation des politiques migratoires fidèle aux valeurs de la République est nécessaire, pour mieux accueillir et mieux intégrer.

Votre projet de loi aura au contraire pour effet d'ajouter du désordre au désordre.

À la suite du dramatique attentat d'Arras, vous instrumentalisez la crainte du terrorisme islamiste afin de multiplier les amalgames, de faire le lien entre immigration, insécurité et terrorisme, ainsi que de justifier le durcissement de votre texte, mais sans porter de véritable vision de l'immigration, et sans même aucune notion d'efficacité. La sûreté de l'État et la sécurité de nos concitoyens méritent mieux que de la démagogie : elles exigent un discours de vérité.

Parce que nous sommes lucides sur la réalité des menaces sécuritaires, nous sommes prêts à aller au bout du débat et à dresser votre bilan en matière de contrôle de l'immigration. À chaque fois que vous essaierez d'embrouiller les Françaises et les Français, nous serons là pour rappeler les faits.

Il n'est pas besoin de modifier les régimes de l'expulsion et de l'éloignement, que vous confondez au mépris des mises en garde du Conseil d'État.

L'enjeu, c'est la bonne application du droit existant. Plutôt que de multiplier les OQTF, accordez des moyens aux préfectures et à l'administration pour le suivi des individus véritablement dangereux, cessez les effets de manche et agissez efficacement !

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Il s'agit d'en finir avec une forme d'hypocrisie, et de leur permettre de vivre légalement sur le territoire sans avoir la peur au ventre et sans courir le risque d'être contrôlés à tout moment pour être renvoyés dans leur pays. Ils contribuent à la vie économique, sociale et culturelle de notre pays, ils doivent pouvoir y vivre en toute légalité.

Nous proposerons donc que l'ensemble des travailleurs puissent être régularisés après six mois de CDI, de CDD ou d'intérim. Nous souhaitons également que cette mesure s'applique aux travailleurs des plateformes, qui, par milliers, participent à notre économie. Nous soutiendrons également la possibilité de travailler dès le dépôt de la demande d'asile.

Nous soutenons votre mesure, mais sans illusion, car nous avons bien compris que vous négociez de manière privilégiée avec la droite extrême représentée dans cet hémicycle par M. Retailleau

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Que s’est-il passé pour que le Président de la République renie ses positions antérieures sur la question migratoire ?

La France d’aujourd’hui est l’héritière d’une histoire complexe, qu’elle doit apprendre à assumer. Elle est de fait un pays d’immigration et une terre d’accueil : l’immigration et une réalité structurelle que nous devons embrasser.

Nous, socialistes, considérons qu’une immigration réussie passe par l’intégration. Cette intégration compte trois composantes essentielles : le travail, l’apprentissage de la langue ainsi que la mixité à l’école et dans le logement.

Quand je lis l’expression « améliorer l’intégration » dans le titre de votre projet de loi, je dis : « Pourquoi pas ? »

Un premier enjeu est l’apprentissage de la langue. Monsieur le ministre, vous vous vantez partout que ce projet de loi facilitera l’apprentissage du français. Quand on y regarde de plus près, c’est faux. La vérité, c’est que vous utilisez la maîtrise de la langue française comme un obstacle à l’entrée et à l’installation durable, au lieu de vous inquiéter des moyens de son apprentissage.

Autre volet essentiel pour s’intégrer : le travail. Quoi de mieux pour s’intégrer que le travail, à condition qu’il soit digne, émancipateur et porteur de sens ?

Il y a un an, quand vous souhaitiez être « gentil avec les gentils » aux côtés de M. Dussopt, qui a d’ailleurs disparu des radars depuis lors, c’était la mesure phare de votre texte : le travail. Vous le savez, nous soutenons l’article 3, qui vise à régulariser les travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension. La mesure est très insuffisante, mais il s’agit d’un premier pas fait dans la bonne direction.

Les Français ne sont pas dupes et voient bien que les secteurs de la restauration, de l’hôtellerie, du BTP, de l’aide aux personnes, de la propreté ou encore du numérique fonctionnent grâce à de nombreux travailleurs sans-papiers, travailleurs de l’ombre qui font tourner notre pays. Ils étaient celles et ceux qui sortaient chaque jour en risquant leur vie pendant la covid-19. Ne vous en déplaise, mes chers collègues, ils sont ceux qui épluchent vos légumes et font la plonge au restaurant du Sénat.

Au-delà de cette vision très utilitariste de l’article 3, nous sommes pour la régularisation de l’ensemble des travailleurs sans-papiers sur le territoire français.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Que s’est-il passé pour que le Président de la République renie ses positions antérieures sur la question migratoire ?

La France d’aujourd’hui est l’héritière d’une histoire complexe, qu’elle doit apprendre à assumer. Elle est de fait un pays d’immigration et une terre d’accueil : l’immigration et une réalité structurelle que nous devons embrasser.

Nous, socialistes, considérons qu’une immigration réussie passe par l’intégration. Cette intégration compte trois composantes essentielles : le travail, l’apprentissage de la langue ainsi que la mixité à l’école et dans le logement.

Quand je lis l’expression « améliorer l’intégration » dans le titre de votre projet de loi, je dis : « Pourquoi pas ? »

Un premier enjeu est l’apprentissage de la langue. Monsieur le ministre, vous vous vantez partout que ce projet de loi facilitera l’apprentissage du français. Quand on y regarde de plus près, c’est faux. La vérité, c’est que vous utilisez la maîtrise de la langue française comme un obstacle à l’entrée et à l’installation durable, au lieu de vous inquiéter des moyens de son apprentissage.

Autre volet essentiel pour s’intégrer : le travail. Quoi de mieux pour s’intégrer que le travail, à condition qu’il soit digne, émancipateur et porteur de sens ?

Il y a un an, quand vous souhaitiez être « gentil avec les gentils » aux côtés de M. Dussopt, qui a d’ailleurs disparu des radars depuis lors, c’était la mesure phare de votre texte : le travail. Vous le savez, nous soutenons l’article 3, qui vise à régulariser les travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension. La mesure est très insuffisante, mais il s’agit d’un premier pas fait dans la bonne direction.

Les Français ne sont pas dupes et voient bien que les secteurs de la restauration, de l’hôtellerie, du bâtiment-travaux publics (BTP), de l’aide aux personnes, de la propreté ou encore du numérique fonctionnent grâce à de nombreux travailleurs sans-papiers, travailleurs de l’ombre qui font tourner notre pays. Ils étaient celles et ceux qui sortaient chaque jour en risquant leur vie pendant la covid-19. Ne vous en déplaise, mes chers collègues, ils sont ceux qui épluchent vos légumes et font la plonge au restaurant du Sénat.

Au-delà de cette vision très utilitariste de l’article 3, nous sommes pour la régularisation de l’ensemble des travailleurs sans-papiers sur le territoire français.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

C’est bien heureux !

Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.

M. Roger Karoutchi soupire

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Que s’est-il passé pour que le Président de la République renie ses positions antérieures sur la question migratoire ?

La France d’aujourd’hui est l’héritière d’une histoire complexe, qu’elle doit apprendre à assumer. Elle est de fait un pays d’immigration et une terre d’accueil : l’immigration et une réalité structurelle que nous devons embrasser.

Nous, socialistes, considérons qu’une immigration réussie passe par l’intégration. Cette intégration compte trois composantes essentielles : le travail, l’apprentissage de la langue ainsi que la mixité à l’école et dans le logement.

Quand je lis l’expression « améliorer l’intégration » dans le titre de votre projet de loi, je dis : « Pourquoi pas ? »

Un premier enjeu est l’apprentissage de la langue. Monsieur le ministre, vous vous vantez partout que ce projet de loi facilitera l’apprentissage du français. Quand on y regarde de plus près, c’est faux. La vérité, c’est que vous utilisez la maîtrise de la langue française comme un obstacle à l’entrée et à l’installation durable, au lieu de vous inquiéter des moyens de son apprentissage.

Autre volet essentiel pour s’intégrer : le travail. Quoi de mieux pour s’intégrer que le travail, à condition qu’il soit digne, émancipateur et porteur de sens ?

Il y a un an, quand vous souhaitiez être « gentil avec les gentils » aux côtés de M. Dussopt, qui a d’ailleurs disparu des radars depuis lors, c’était la mesure phare de votre texte : le travail. Vous le savez, nous soutenons l’article 3, qui vise à régulariser les travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension. La mesure est très insuffisante, mais il s’agit d’un premier pas fait dans la bonne direction.

Les Français ne sont pas dupes et voient bien que les secteurs de la restauration, de l’hôtellerie, du bâtiment-travaux publics (BTP), de l’aide aux personnes, de la propreté ou encore du numérique fonctionnent grâce à de nombreux travailleurs sans-papiers, travailleurs de l’ombre qui font tourner notre pays. Ils étaient celles et ceux qui sortaient chaque jour en risquant leur vie pendant la covid-19. Ne vous en déplaise, mes chers collègues, ils sont ceux qui épluchent vos légumes et font la plonge au restaurant du Sénat.

Au-delà de cette vision très utilitariste de l’article 3, nous sommes pour la régularisation de l’ensemble des travailleurs sans-papiers sur le territoire français.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Nous nous opposerons également à la fin de la collégialité au sein de la Cour nationale du droit d'asile, où l'oralité et l'intime conviction tiennent une place décisive. Une décision de la CNDA peut parfois renvoyer des personnes à la mort ; pour être la plus juste possible, il est essentiel que cette décision ne soit pas individuelle.

Enfin, nous combattrons les mesures nauséabondes de la droite de cet hémicycle, qui n'a plus de républicaine que le nom.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Le deuxième volet de ce projet de loi vise à « mieux contrôler l'immigration ». Il s'agit en réalité de la partie la plus importante du texte.

Je le dis sans détour : nous, socialistes, pensons qu'une organisation des politiques migratoires fidèle aux valeurs de la République est nécessaire, pour mieux accueillir et mieux intégrer.

Votre projet de loi aura au contraire pour effet d'ajouter du désordre au désordre.

À la suite du dramatique attentat d'Arras, vous instrumentalisez la crainte du terrorisme islamiste afin de multiplier les amalgames, de faire le lien entre immigration, insécurité et terrorisme, ainsi que de justifier le durcissement de votre texte, mais sans porter de véritable vision de l'immigration, et sans même aucune notion d'efficacité. La sûreté de l'État et la sécurité de nos concitoyens méritent mieux que de la démagogie : elles exigent un discours de vérité.

Parce que nous sommes lucides sur la réalité des menaces sécuritaires, nous sommes prêts à aller au bout du débat et à dresser votre bilan en matière de contrôle de l'immigration. À chaque fois que vous essaierez d'embrouiller les Françaises et les Français, nous serons là pour rappeler les faits.

Il n'est pas besoin de modifier les régimes de l'expulsion et de l'éloignement, que vous confondez au mépris des mises en garde du Conseil d'État.

L'enjeu, c'est la bonne application du droit existant. Plutôt que de multiplier les OQTF, accordez des moyens aux préfectures et à l'administration pour le suivi des individus véritablement dangereux, cessez les effets de manche et agissez efficacement !

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Il s’agit d’en finir avec une forme d’hypocrisie, et de leur permettre de vivre légalement sur le territoire sans avoir la peur au ventre et sans courir le risque d’être contrôlés à tout moment pour être renvoyés dans leur pays. Ils contribuent à la vie économique, sociale et culturelle de notre pays, ils doivent pouvoir y vivre en toute légalité.

Nous proposerons donc que l’ensemble des travailleurs puissent être régularisés après six mois de CDI, de CDD ou d’intérim. Nous souhaitons également que cette mesure s’applique aux travailleurs des plateformes, qui, par milliers, participent à notre économie. Nous soutiendrons également la possibilité de travailler dès le dépôt de la demande d’asile.

Nous soutenons votre mesure, mais sans illusion, car nous avons bien compris que vous négociez de manière privilégiée avec la droite extrême représentée dans cet hémicycle par M. Retailleau

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Nous combattons ces mesures que vous faites vôtres, comme vous le dites si bien, monsieur le ministre : suppression de l'aide médicale de l'État, restriction du regroupement familial, remise en cause du droit du sol. Sur ce dernier point, nous sommes choqués du silence du Gouvernement. Le droit du sol est une composante fondamentale du droit de la nationalité et de l'intégration républicaine. Réveillez-vous, supprimez les articles 2 bis et 2 ter !

Monsieur le ministre, vous vouliez une loi Immigration qui porte votre nom. Finalement, c'est approprié. Ce projet de loi est une opération de communication, qui au mieux ne servira à rien ou à pas grand-chose, et au pire sera néfaste.

Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.

M. Roger Karoutchi soupire

M. Roger Karoutchi soupire

M. Roger Karoutchi soupire .

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Il s’agit d’en finir avec une forme d’hypocrisie, et de leur permettre de vivre légalement sur le territoire sans avoir la peur au ventre et sans courir le risque d’être contrôlés à tout moment pour être renvoyés dans leur pays. Ils contribuent à la vie économique, sociale et culturelle de notre pays, ils doivent pouvoir y vivre en toute légalité.

Nous proposerons donc que l’ensemble des travailleurs puissent être régularisés après six mois de CDI, de CDD ou d’intérim. Nous souhaitons également que cette mesure s’applique aux travailleurs des plateformes, qui, par milliers, participent à notre économie. Nous soutiendrons également la possibilité de travailler dès le dépôt de la demande d’asile.

Nous soutenons votre mesure, mais sans illusion, car nous avons bien compris que vous négociez de manière privilégiée avec la droite extrême représentée dans cet hémicycle par M. Retailleau

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Nous nous opposerons également à la fin de la collégialité au sein de la Cour nationale du droit d'asile, où l'oralité et l'intime conviction tiennent une place décisive. Une décision de la CNDA peut parfois renvoyer des personnes vers la mort ; pour être la plus juste possible, il est essentiel que cette décision ne soit pas individuelle.

Enfin, nous combattrons les mesures nauséabondes de la droite de cet hémicycle, qui n'a plus de républicaine que le nom.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Le deuxième volet de ce projet de loi vise à « mieux contrôler l’immigration ». Il s’agit en réalité de la partie la plus importante du texte.

Je le dis sans détour : nous, socialistes, pensons qu’une organisation des politiques migratoires fidèle aux valeurs de la République est nécessaire, pour mieux accueillir et mieux intégrer.

Votre projet de loi aura au contraire pour effet d’ajouter du désordre au désordre.

À la suite du dramatique attentat d’Arras, vous instrumentalisez la crainte du terrorisme islamiste afin de multiplier les amalgames, de faire le lien entre immigration, insécurité et terrorisme, ainsi que de justifier le durcissement de votre texte, mais sans porter de véritable vision de l’immigration, et sans même aucune notion d’efficacité. La sûreté de l’État et la sécurité de nos concitoyens méritent mieux que de la démagogie : elles exigent un discours de vérité.

Parce que nous sommes lucides sur la réalité des menaces sécuritaires, nous sommes prêts à aller au bout du débat et à dresser votre bilan en matière de contrôle de l’immigration. À chaque fois que vous essaierez d’embrouiller les Françaises et les Français, nous serons là pour rappeler les faits.

Il n’est pas besoin de modifier les régimes de l’expulsion et de l’éloignement, que vous confondez au mépris des mises en garde du Conseil d’État.

L’enjeu, c’est la bonne application du droit existant. Plutôt que de multiplier les OQTF, accordez des moyens aux préfectures et à l’administration pour le suivi des individus véritablement dangereux, cessez les effets de manche et agissez efficacement !

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Le second volet de ce projet de loi vise à « mieux contrôler l’immigration ». Il s’agit en réalité de la partie la plus importante du texte.

Je le dis sans détour : nous, socialistes, pensons qu’une organisation des politiques migratoires fidèle aux valeurs de la République est nécessaire, pour mieux accueillir et mieux intégrer.

Votre projet de loi aura au contraire pour effet d’ajouter du désordre au désordre.

À la suite du dramatique attentat d’Arras, vous instrumentalisez la crainte du terrorisme islamiste afin de multiplier les amalgames, de faire le lien entre immigration, insécurité et terrorisme, ainsi que de justifier le durcissement de votre texte, mais sans porter de véritable vision de l’immigration, et sans même aucune notion d’efficacité. La sûreté de l’État et la sécurité de nos concitoyens méritent mieux que de la démagogie : elles exigent un discours de vérité.

Parce que nous sommes lucides sur la réalité des menaces sécuritaires, nous sommes prêts à aller au bout du débat et à dresser votre bilan en matière de contrôle de l’immigration. À chaque fois que vous essaierez d’embrouiller les Françaises et les Français, nous serons là pour rappeler les faits.

Il n’est pas besoin de modifier les régimes de l’expulsion et de l’éloignement, que vous confondez au mépris des mises en garde du Conseil d’État.

L’enjeu, c’est la bonne application du droit existant. Plutôt que de multiplier les OQTF, accordez des moyens aux préfectures et à l’administration pour le suivi des individus véritablement dangereux, cessez les effets de manche et agissez efficacement !

M. Roger Karoutchi soupire .

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Avec ce texte, vous voulez faire passer l'agitation pour de l'action, l'effet d'annonce pour de l'efficacité, la fanfaronnade pour de l'autorité.

Vous ne vous souciez plus des droits fondamentaux, de notre Constitution, de la Convention européenne des droits de l'homme. Face à ces dérives illibérales, nous serons les garants de notre État de droit.

Nous serons celles et ceux qui ne mentent pas aux Français. Pour remettre de l'ordre dans notre République, il faut une immigration organisée, un accueil organisé, une intégration organisée et pensée, une politique claire, applicable et appliquée.

Votre projet de loi, c'est mille et une nuances des politiques d'exclusion.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Nous combattons ces mesures que vous faites vôtres, comme vous le dites si bien, monsieur le ministre : suppression de l'aide médicale de l'État, restriction du regroupement familial, remise en cause du droit du sol. Sur ce dernier point, nous sommes choqués du silence du Gouvernement. Le droit du sol est une composante fondamentale du droit de la nationalité et de l'intégration républicaine. Réveillez-vous, supprimez les articles 2 bis et 2 ter !

Monsieur le ministre, vous vouliez une loi Immigration qui porte votre nom. Finalement, c'est approprié. Ce projet de loi est une opération de communication, qui au mieux ne servira à rien ou à pas grand-chose, et au pire sera néfaste.

Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.

M. Roger Karoutchi soupire

M. Roger Karoutchi soupire .

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Le second volet de ce projet de loi vise à « mieux contrôler l’immigration ». Il s’agit en réalité de la partie la plus importante du texte.

Je le dis sans détour : nous, socialistes, pensons qu’une organisation des politiques migratoires fidèle aux valeurs de la République est nécessaire, pour mieux accueillir et mieux intégrer.

Votre projet de loi aura au contraire pour effet d’ajouter du désordre au désordre.

À la suite du dramatique attentat d’Arras, vous instrumentalisez la crainte du terrorisme islamiste afin de multiplier les amalgames, de faire le lien entre immigration, insécurité et terrorisme, ainsi que de justifier le durcissement de votre texte, mais sans porter de véritable vision de l’immigration, et sans même aucune notion d’efficacité. La sûreté de l’État et la sécurité de nos concitoyens méritent mieux que de la démagogie : elles exigent un discours de vérité.

Parce que nous sommes lucides sur la réalité des menaces sécuritaires, nous sommes prêts à aller au bout du débat et à dresser votre bilan en matière de contrôle de l’immigration. À chaque fois que vous essaierez d’embrouiller les Françaises et les Français, nous serons là pour rappeler les faits.

Il n’est pas besoin de modifier les régimes de l’expulsion et de l’éloignement, que vous confondez au mépris des mises en garde du Conseil d’État.

L’enjeu, c’est la bonne application du droit existant. Plutôt que de multiplier les OQTF, accordez des moyens aux préfectures et à l’administration pour le suivi des individus véritablement dangereux, cessez les effets de manche et agissez efficacement !

M. André Reichardt s'indigne.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Nous nous opposerons également à la fin de la collégialité au sein de la Cour nationale du droit d’asile, où l’oralité et l’intime conviction tiennent une place décisive. Une décision de la CNDA peut parfois renvoyer des personnes vers la mort ; pour être la plus juste possible, il est essentiel que cette décision ne soit pas individuelle.

Enfin, nous combattrons les mesures nauséabondes de la droite de cet hémicycle, qui n’a plus de républicaine que le nom.

M. Roger Karoutchi soupire .

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Nous serons de celles et de ceux qui considèrent que l'immigration représente une chance pour notre pays. Nous serons de celles et de ceux qui pensent l'intégration plutôt que l'exclusion. Nous serons de celles et de ceux qui rappellent que ces personnes sont avant tout des êtres humains : des hommes, des femmes et des enfants.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Avec ce texte, vous voulez faire passer l'agitation pour de l'action, l'effet d'annonce pour de l'efficacité, la fanfaronnade pour de l'autorité.

Vous ne vous souciez plus des droits fondamentaux, de notre Constitution, de la Convention européenne des droits de l'homme. Face à ces dérives illibérales, nous serons les garants de notre État de droit.

Nous serons celles et ceux qui ne mentent pas aux Français. Pour remettre de l'ordre dans notre République, il faut une immigration organisée, un accueil organisé, une intégration organisée et pensée, une politique claire, applicable et appliquée.

Votre projet de loi, c'est mille et une nuances des politiques d'exclusion.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Nous combattons ces mesures que vous faites vôtres, comme vous le dites si bien, monsieur le ministre : suppression de l'aide médicale de l'État, restriction du regroupement familial, remise en cause du droit du sol. Sur ce dernier point, nous sommes choqués du silence du Gouvernement. Le droit du sol est une composante fondamentale du droit de la nationalité et de l'intégration républicaine. Réveillez-vous, supprimez les articles 2 bis et 2 ter !

Monsieur le ministre, vous vouliez une loi Immigration qui porte votre nom. Finalement, c'est approprié. Ce projet de loi est une opération de communication, qui au mieux ne servira à rien ou à pas grand-chose, et au pire sera néfaste.

Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Nous nous opposerons également à la fin de la collégialité au sein de la Cour nationale du droit d’asile, où l’oralité et l’intime conviction tiennent une place décisive. Une décision de la CNDA peut parfois renvoyer des personnes vers la mort ; pour être la plus juste possible, il est essentiel que cette décision ne soit pas individuelle.

Enfin, nous combattrons les mesures nauséabondes de la droite de cet hémicycle, qui n’a plus de républicaine que le nom.

Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST. – M. Ian Brossat applaudit également.

M. André Reichardt s'indigne.

Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Bruno Retailleau.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Nous serons de celles et de ceux qui considèrent que l'immigration représente une chance pour notre pays. Nous serons de celles et de ceux qui pensent l'intégration plutôt que l'exclusion. Nous serons de celles et de ceux qui rappellent que ces personnes sont avant tout des êtres humains : des hommes, des femmes et des enfants.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Avec ce texte, vous voulez faire passer l'agitation pour de l'action, l'effet d'annonce pour de l'efficacité, la fanfaronnade pour de l'autorité.

Vous ne vous souciez plus des droits fondamentaux, de notre Constitution, de la Convention européenne des droits de l'homme. Face à ces dérives illibérales, nous serons les garants de notre État de droit.

Nous serons celles et ceux qui ne mentent pas aux Français. Pour remettre de l'ordre dans notre République, il faut une immigration organisée, un accueil organisé, une intégration organisée et pensée, une politique claire, applicable et appliquée.

Votre projet de loi, c'est mille et une nuances des politiques d'exclusion.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Nous combattons ces mesures que vous faites vôtres, comme vous le dites si bien, monsieur le ministre : suppression de l’aide médicale de l’État, restriction du regroupement familial, remise en cause du droit du sol. Sur ce dernier point, nous sommes choqués du silence du Gouvernement. Le droit du sol est une composante fondamentale du droit de la nationalité et de l’intégration républicaine. Réveillez-vous, supprimez les articles 2 bis et 2 ter !

Monsieur le ministre, vous vouliez une loi Immigration qui porte votre nom. Finalement, c’est approprié. Ce projet de loi est une opération de communication, qui au mieux ne servira à rien ou à pas grand-chose, et au pire sera néfaste.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Nous combattons ces mesures que vous faites vôtres, comme vous le dites si bien, monsieur le ministre : suppression de l’aide médicale de l’État, restriction du regroupement familial, remise en cause du droit du sol. Sur ce dernier point, nous sommes choqués du silence du Gouvernement. Le droit du sol est une composante fondamentale du droit de la nationalité et de l’intégration républicaine. Réveillez-vous, supprimez les articles 2 bis et 2 ter !

Monsieur le ministre, vous vouliez une loi Immigration qui porte votre nom. Finalement, c’est approprié. Ce projet de loi est une opération de communication, qui, au mieux, ne servira à rien ou à pas grand-chose, au pire, sera néfaste.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST. – M. Ian Brossat applaudit également.

M. André Reichardt s'indigne.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Nous combattons ces mesures que vous faites vôtres, comme vous le dites si bien, monsieur le ministre : suppression de l’aide médicale de l’État, restriction du regroupement familial, remise en cause du droit du sol. Sur ce dernier point, nous sommes choqués du silence du Gouvernement. Le droit du sol est une composante fondamentale du droit de la nationalité et de l’intégration républicaine. Réveillez-vous, supprimez les articles 2 bis et 2 ter !

Monsieur le ministre, vous vouliez une loi Immigration qui porte votre nom. Finalement, c’est approprié. Ce projet de loi est une opération de communication, qui, au mieux, ne servira à rien ou à pas grand-chose, au pire, sera néfaste.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, les désordres migratoires actuels ne sont sans doute que les prémices de secousses telluriques bien plus violentes à venir, en raison des dérèglements climatiques comme géopolitiques, ainsi que des déséquilibres démographiques.

Dans le monde occidental, beaucoup de gouvernements, de droite comme de gauche, durcissent considérablement leur législation nationale. Dernier en date, M. Scholtz a présenté un projet de loi en tenant cette déclaration fracassante, que je cite mot à mot : « Nous devons expulser à grande échelle ceux qui n'ont pas le droit de rester en Allemagne. »

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Bruno Retailleau.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Nous serons de celles et de ceux qui considèrent que l'immigration représente une chance pour notre pays. Nous serons de celles et de ceux qui pensent l'intégration plutôt que l'exclusion. Nous serons de celles et de ceux qui rappellent que ces personnes sont avant tout des êtres humains : des hommes, des femmes et des enfants.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Avec ce texte, vous voulez faire passer l’agitation pour de l’action, l’effet d’annonce pour de l’efficacité, la fanfaronnade pour de l’autorité.

Vous ne vous souciez plus des droits fondamentaux, de notre Constitution, de la Convention européenne des droits de l’homme. Face à ces dérives illibérales, nous serons les garants de notre État de droit.

Nous serons celles et ceux qui ne mentent pas aux Français. Pour remettre de l’ordre dans notre République, il faut une immigration organisée, un accueil organisé, une intégration organisée et pensée, une politique claire, applicable et appliquée.

Votre projet de loi, c’est mille et une nuances des politiques d’exclusion.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Pourtant il est socialiste !

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST. – M. Ian Brossat applaudit également.

M. André Reichardt s ’ indigne.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Avec ce texte, vous voulez faire passer l’agitation pour de l’action, l’effet d’annonce pour de l’efficacité, la fanfaronnade pour de l’autorité.

Vous ne vous souciez plus des droits fondamentaux, de notre Constitution, de la Convention européenne des droits de l’homme. Face à ces dérives illibérales, nous serons les garants de notre État de droit.

Nous serons celles et ceux qui ne mentent pas aux Français. Pour remettre de l’ordre dans notre République, il faut une immigration organisée, un accueil organisé, une intégration organisée et pensée, une politique claire, applicable et appliquée.

Votre projet de loi, c’est mille et une nuances des politiques d’exclusion.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Joe Biden vient de poursuivre l'œuvre de M. Trump, si j'ose dire, puisqu'il a décidé de poursuivre la construction du mur à la frontière mexicaine. Je rappelle que M. Biden est démocrate, et que M. Olaf Scholz est social-démocrate.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, les désordres migratoires actuels ne sont sans doute que les prémices de secousses telluriques bien plus violentes à venir, en raison des dérèglements climatiques comme géopolitiques, ainsi que des déséquilibres démographiques.

Dans le monde occidental, beaucoup de gouvernements, de droite comme de gauche, durcissent considérablement leur législation nationale. Dernier en date, M. Scholtz a présenté un projet de loi en tenant cette déclaration fracassante, que je cite mot à mot : « Nous devons expulser à grande échelle ceux qui n'ont pas le droit de rester en Allemagne. »

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Bruno Retailleau.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Nous serons de celles et de ceux qui considèrent que l’immigration représente une chance pour notre pays. Nous serons de celles et de ceux qui pensent l’intégration plutôt que l’exclusion. Nous serons de celles et de ceux qui rappellent que ces personnes sont avant tout des êtres humains : des hommes, des femmes et des enfants.

M. André Reichardt s ’ indigne.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Pourtant il est socialiste !

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST. – M. Ian Brossat applaudit également.

Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST. – M. Ian Brossat applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Nous serons de celles et de ceux qui considèrent que l’immigration représente une chance pour notre pays. Nous serons de celles et de ceux qui pensent l’intégration plutôt que l’exclusion. Nous serons de celles et de ceux qui rappellent que ces personnes sont avant tout des êtres humains : des hommes, des femmes et des enfants.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

M. Bruno Retailleau . Dans tous les pays d'Occident, la demande de fermeté provient en réalité des classes populaires, et non des classes aisées qui ont les moyens de se protéger des conséquences du désordre migratoire en mettant leurs enfants dans les bonnes écoles et en habitant les beaux quartiers !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Joe Biden vient de poursuivre l'œuvre de M. Trump, si j'ose dire, puisqu'il a décidé de poursuivre la construction du mur à la frontière mexicaine. Je rappelle que M. Biden est démocrate, et que M. Olaf Scholz est social-démocrate.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, les désordres migratoires actuels ne sont sans doute que les prémices de secousses telluriques bien plus violentes à venir, en raison des dérèglements climatiques comme géopolitiques, ainsi que des déséquilibres démographiques.

Dans le monde occidental, beaucoup de gouvernements, de droite comme de gauche, durcissent considérablement leur législation nationale. Dernier en date, M. Scholtz a présenté un projet de loi en tenant cette déclaration fracassante, que je cite mot à mot : « Nous devons expulser à grande échelle ceux qui n'ont pas le droit de rester en Allemagne. »

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Bruno Retailleau.

Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST. – M. Ian Brossat applaudit également.

Mmes Jacqueline Eustache- Brinio et Lauriane Josende applaudissent.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Pourtant, il est socialiste !

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Bruno Retailleau.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

La réalité, elle est là. Monsieur le ministre, vous aviez déclaré il y a quelques semaines dans le Journal du dimanche que, sur l'immigration, vous n'aviez « aucun tabou ». Je ne demande qu'à vous croire sur parole, mais j'éprouve quelques doutes. Pourquoi autant d'atermoiements, pourquoi un accouchement aussi difficile, avec un texte tant de fois promis, mais tant de fois remis à plus tard ?

Je pense au contraire que, pour votre majorité, l'immigration demeure un tabou. C'est à la fois un tabou politique, le « en même temps » débouchant sur un double jeu, un tabou numérique, car la question du nombre reste fondamentale, et un tabou sur le plan du droit, question également absolument essentielle.

La question du nombre, tout nous y ramène : l'échec de l'immigration provient du fait que si l'on peut intégrer les petits nombres et les individus, comment intégrer des populations souvent peu désireuses d'adhérer à nos principes républicains et à nos modes de vie ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

M. Bruno Retailleau . Dans tous les pays d'Occident, la demande de fermeté provient en réalité des classes populaires, et non des classes aisées qui ont les moyens de se protéger des conséquences du désordre migratoire en mettant leurs enfants dans les bonnes écoles et en habitant les beaux quartiers !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Joe Biden poursuit l'œuvre de M. Trump, si j'ose dire, puisqu'il a décidé de maintenir la construction du mur à la frontière mexicaine. Je rappelle que M. Biden est démocrate, et que M. Olaf Scholz est social-démocrate.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, les désordres migratoires actuels ne sont sans doute que les prémices de secousses telluriques bien plus violentes à venir, en raison des dérèglements climatiques comme géopolitiques, ainsi que des déséquilibres démographiques.

Dans le monde occidental, beaucoup de gouvernements, de droite comme de gauche, durcissent considérablement leur législation nationale. Dernier en date, M. Scholtz a présenté un projet de loi en tenant cette déclaration fracassante, que je cite mot à mot : « Nous devons expulser à grande échelle ceux qui n’ont pas le droit de rester en Allemagne. »

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, les désordres migratoires actuels ne sont sans doute que les prémices de secousses telluriques bien plus violentes à venir, en raison des dérèglements climatiques comme géopolitiques, ainsi que des déséquilibres démographiques.

Dans le monde occidental, beaucoup de gouvernements, de droite comme de gauche, durcissent considérablement leur législation nationale. Dernier en date, M. Scholz a présenté un projet de loi en tenant cette déclaration fracassante, que je cite mot à mot : « Nous devons expulser à grande échelle ceux qui n’ont pas le droit de rester en Allemagne. »

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

M. Bruno Sido approuve. – M. Rachid Temal proteste.

Mmes Jacqueline Eustache- Brinio et Lauriane Josende applaudissent.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Pourtant, il est socialiste !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, les désordres migratoires actuels ne sont sans doute que les prémices de secousses telluriques bien plus violentes à venir, en raison des dérèglements climatiques comme géopolitiques, ainsi que des déséquilibres démographiques.

Dans le monde occidental, beaucoup de gouvernements, de droite comme de gauche, durcissent considérablement leur législation nationale. Dernier en date, M. Scholz a présenté un projet de loi en tenant cette déclaration fracassante, que je cite mot à mot : « Nous devons expulser à grande échelle ceux qui n’ont pas le droit de rester en Allemagne. »

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Ici, qui peut sérieusement dire qu'il n'y a pas de lien entre tous ces échecs et l'insécurité ? Entre tous ces échecs d'intégration et la multiplication des territoires perdus de la République ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

La réalité, elle est là. Monsieur le ministre, vous aviez déclaré il y a quelques semaines dans le Journal du dimanche que, sur l'immigration, vous n'aviez « aucun tabou ». Je ne demande qu'à vous croire sur parole, mais j'éprouve quelques doutes. Pourquoi autant d'atermoiements, pourquoi un accouchement aussi difficile, avec un texte tant de fois promis, mais tant de fois remis à plus tard ?

Je pense au contraire que, pour votre majorité, l'immigration demeure un tabou. C'est à la fois un tabou politique, le « en même temps » débouchant sur un double jeu, un tabou numérique, car la question du nombre reste fondamentale, et un tabou sur le plan du droit, question également absolument essentielle.

La question du nombre, tout nous y ramène : l'échec de l'immigration provient du fait que si l'on peut intégrer les petits nombres et les individus, comment intégrer des populations souvent peu désireuses d'adhérer à nos principes républicains et à nos modes de vie ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

M. Bruno Retailleau . Dans tous les pays d'Occident, la demande de fermeté provient en réalité des classes populaires, et non des classes aisées qui ont les moyens de se protéger des conséquences du désordre migratoire en mettant leurs enfants dans les bonnes écoles et en habitant les beaux quartiers !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Joe Biden poursuit l’œuvre de M. Trump, si j’ose dire, puisqu’il a décidé de maintenir la construction du mur à la frontière mexicaine. Je rappelle que M. Biden est démocrate, et que M. Olaf Scholz est social-démocrate.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Joe Biden poursuit l’œuvre de M. Trump, si j’ose dire, puisqu’il a décidé de maintenir la construction du mur à la frontière mexicaine. Je rappelle que M. Biden est démocrate et que M. Olaf Scholz est social-démocrate.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Pourtant, il est socialiste !

M. Rachid Temal s'exclame.

M. Bruno Sido approuve. – M. Rachid Temal proteste.

Mmes Jacqueline Eustache- Brinio et Lauriane Josende applaudissent.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Joe Biden poursuit l’œuvre de M. Trump, si j’ose dire, puisqu’il a décidé de maintenir la construction du mur à la frontière mexicaine. Je rappelle que M. Biden est démocrate et que M. Olaf Scholz est social-démocrate.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Qu'elle soit légale ou illégale, l'immigration bute sur la loi des grands nombres. C'est la première raison pour laquelle nous souhaitons la suppression de l'article 3, qui a pris, certes, une dimension un peu totémique, mais sur laquelle je souhaite revenir quelques instants.

On ne peut pas, dans un même texte, prétendre à la fois lutter contre l'immigration illégale et ouvrir une brèche pour l'immigration illégale. La fraude ne peut pas être une voie de régularisation, parce que cette facilité reviendrait à créer un appel d'air.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Ici, qui peut sérieusement dire qu'il n'y a pas de lien entre tous ces échecs et l'insécurité ? Entre tous ces échecs d'intégration et la multiplication des territoires perdus de la République ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

La réalité, elle est là. Monsieur le ministre, vous aviez déclaré il y a quelques semaines dans Le Journal du dimanche que, sur l'immigration, vous n'aviez « aucun tabou ». Je ne demande qu'à vous croire sur parole, mais j'éprouve quelques doutes. Pourquoi autant d'atermoiements, pourquoi un accouchement aussi difficile, avec un texte tant de fois promis, mais tant de fois remis à plus tard ?

Je pense au contraire que, pour votre majorité, l'immigration demeure un tabou. C'est à la fois un tabou politique, le « en même temps » débouchant sur un double jeu, un tabou numérique, car la question du nombre reste fondamentale, et un tabou sur le plan du droit, question également absolument essentielle.

La question du nombre, tout nous y ramène : l'échec de l'immigration provient du fait que si l'on peut intégrer les petits nombres et les individus, comment intégrer des populations souvent peu désireuses d'adhérer à nos principes républicains et à nos modes de vie ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

M. Bruno Retailleau. Dans tous les pays d’Occident, la demande de fermeté provient en réalité des classes populaires, et non des classes aisées qui ont les moyens de se protéger des conséquences du désordre migratoire en mettant leurs enfants dans les bonnes écoles et en habitant les beaux quartiers !

MM. Rachid Temal et Mickaël Vallet protestent.

M. Rachid Temal s'exclame.

M. Bruno Sido approuve. – M. Rachid Temal proteste.

Mmes Jacqueline Eustache-Brinio et Lauriane Josende applaudissent.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

M. Bruno Retailleau. Dans tous les pays d’Occident, la demande de fermeté provient en réalité des classes populaires, et non des classes aisées qui ont les moyens de se protéger des conséquences du désordre migratoire en mettant leurs enfants dans les bonnes écoles et en habitant les beaux quartiers !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Deuxième raison : c'est une formidable capitulation que d'aller chercher une main-d'œuvre bon marché, au lieu de mobiliser l'extraordinaire réserve de travail que l'on trouve déjà en France. Au moment où je vous parle, il y a plus de 560 000 étrangers en situation régulière, mais qui sont au chômage !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Qu'elle soit légale ou illégale, l'immigration bute sur la loi des grands nombres. C'est la première raison pour laquelle nous souhaitons la suppression de l'article 3, qui a pris, certes, une dimension un peu totémique, mais sur laquelle je souhaite revenir quelques instants.

On ne peut pas, dans un même texte, prétendre à la fois lutter contre l'immigration illégale et ouvrir une brèche pour l'immigration illégale. La fraude ne peut pas être une voie de régularisation, parce que cette facilité reviendrait à créer un appel d'air.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Ici, qui peut sérieusement dire qu'il n'y a pas de lien entre tous ces échecs et l'insécurité ? Entre tous ces échecs d'intégration et la multiplication des territoires perdus de la République ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

La réalité, elle est là. Monsieur le ministre, vous aviez déclaré il y a quelques semaines dans Le Journal du dimanche que, sur l’immigration, vous n’aviez « aucun tabou ». Je ne demande qu’à vous croire sur parole, mais j’éprouve quelques doutes. Pourquoi autant d’atermoiements, pourquoi un accouchement aussi difficile, avec un texte tant de fois promis, mais tant de fois remis à plus tard ?

Je pense au contraire que, pour votre majorité, l’immigration demeure un tabou. C’est à la fois un tabou politique, le « en même temps » débouchant sur un double jeu, un tabou numérique, car la question du nombre reste fondamentale, et un tabou sur le plan du droit, question également absolument essentielle.

La question du nombre, tout nous y ramène : l’échec de l’immigration provient du fait que si l’on peut intégrer les petits nombres et les individus, comment intégrer des populations souvent peu désireuses d’adhérer à nos principes républicains et à nos modes de vie ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

La réalité, elle est là. Monsieur le ministre, vous aviez déclaré il y a quelques semaines dans Le Journal du dimanche que, sur l’immigration, vous n’aviez « aucun tabou ». Je ne demande qu’à vous croire sur parole, mais j’éprouve quelques doutes. Pourquoi autant d’atermoiements, pourquoi un accouchement aussi difficile, avec un texte tant de fois promis, mais tant de fois remis à plus tard ?

Je pense au contraire que, pour votre majorité, l’immigration demeure un tabou. C’est à la fois un tabou politique, le « en même temps » débouchant sur un double jeu, un tabou numérique, car la question du nombre reste fondamentale, et un tabou sur le plan du droit, question également absolument essentielle.

La question du nombre, tout nous y ramène : l’échec de l’immigration provient du fait que, si l’on peut intégrer les petits nombres et les individus, comment intégrer des populations souvent peu désireuses d’adhérer à nos principes républicains et à nos modes de vie ?

Mmes Jacqueline Eustache-Brinio et Lauriane Josende applaudissent.

Mmes Marie-Claire Carrère- Gée, Jacqueline Eustache- Brinio et Marie-Carole Ciuntu applaudissent.

MM. Rachid Temal et Mickaël Vallet protestent.

M. Rachid Temal s'exclame.

M. Bruno Sido approuve. – M. Rachid Temal proteste.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

La réalité, elle est là. Monsieur le ministre, vous aviez déclaré il y a quelques semaines dans Le Journal du dimanche que, sur l’immigration, vous n’aviez « aucun tabou ». Je ne demande qu’à vous croire sur parole, mais j’éprouve quelques doutes. Pourquoi autant d’atermoiements, pourquoi un accouchement aussi difficile, avec un texte tant de fois promis, mais tant de fois remis à plus tard ?

Je pense au contraire que, pour votre majorité, l’immigration demeure un tabou. C’est à la fois un tabou politique, le « en même temps » débouchant sur un double jeu, un tabou numérique, car la question du nombre reste fondamentale, et un tabou sur le plan du droit, question également absolument essentielle.

La question du nombre, tout nous y ramène : l’échec de l’immigration provient du fait que, si l’on peut intégrer les petits nombres et les individus, comment intégrer des populations souvent peu désireuses d’adhérer à nos principes républicains et à nos modes de vie ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Au moment où je vous parle, plus d'un million de jeunes ne sont ni en emploi ni à l'école, 1, 9 million de Français touchent le RSA, et trois millions sont au chômage. Qu'est-ce qu'on en fait ?

Je termine au sujet de l'article 3, en ajoutant que l'activité professionnelle ne constitue en rien une condition permettant d'éviter une radicalisation. J'en veux pour preuve la dimension symbolique de l'attentat perpétré à Rambouillet, par Jamel Gorchene, pourtant en situation de travail, chauffeur-livreur.

Ce que nous voulons, c'est que le pouvoir discrétionnaire du préfet contrôle bien sûr la dimension réelle de l'activité professionnelle, mais également la capacité des individus à intégrer nos propres valeurs. C'est ce qui est fondamental, et c'est ce qui nous distingue au niveau de ce fameux article 3.

Il y a aussi le tabou du droit. Depuis des années, nous avons abandonné les instruments juridiques nous permettant de réguler l'immigration, avec comme conséquence l'impuissance extraordinairement coupable que les Français constatent à chacun de ces événements qui ne sont plus des faits divers.

Cette impuissance était organisée par le législateur, qui a multiplié les protections et les exceptions à la règle. Les exceptions ont tué la règle, et la règle peut tuer des Français, comme on l'a vu à Arras ! Si cet individu originaire du Caucase avait été expulsé, le professeur, Dominique Bernard, serait toujours en vie ! Et qu'importe si cette personne était arrivée en France avant l'âge de 13 ans !

Ce que nous voulons, ce n'est pas multiplier les exceptions aux exceptions, comme vous le proposez ; c'est anéantir les exceptions, pour qu'il y ait une règle vis-à-vis des expulsions et des OQTF, et que l'on puisse rétablir le délit pour séjour irrégulier, défait par Hollande, pour bien marquer qu'un pays, une Nation, une communauté nationale, un corps politique, c'est un dedans et un dehors, tout simplement.

Au sujet de cette impuissance, revenons sur un certain nombre de jurisprudences choquantes, surtout lorsqu'elles font prévaloir, sinon systématiquement, en tout cas parfois, la protection des droits individuels sur l'intérêt général, le cadre collectif et le besoin d'un peuple de se protéger.

Prenons l'exemple, parmi de nombreux autres, de la condamnation de la France par la CEDH à la suite de l'expulsion de deux Tchétchènes radicalisés et dangereux. Nous avons été condamnés parce que l'expulsion de ces individus ne permettait pas de leur garantir un procès équitable dans leur pays. Que fallait-il faire : protéger les Français ou protéger ces individus dangereux ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Deuxième raison : c'est une formidable capitulation que d'aller chercher une main-d'œuvre bon marché, au lieu de mobiliser l'extraordinaire réserve de travail que l'on trouve déjà en France. Au moment où je vous parle, il y a plus de 560 000 étrangers en situation régulière, mais qui sont au chômage !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Qu'elle soit légale ou illégale, l'immigration bute sur la loi des grands nombres. C'est la première raison pour laquelle nous souhaitons la suppression de l'article 3, qui a pris, certes, une dimension un peu totémique, mais sur laquelle je souhaite revenir quelques instants.

On ne peut pas, dans un même texte, prétendre à la fois lutter contre l'immigration illégale et ouvrir une brèche pour celle-ci. La fraude ne peut pas être une voie de régularisation, parce que cette facilité reviendrait à créer un appel d'air.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Ici, qui peut sérieusement dire qu’il n’y a pas de lien entre tous ces échecs et l’insécurité ? Entre tous ces échecs d’intégration et la multiplication des territoires perdus de la République ?

M. Bruno Sido approuve. – M. Rachid Temal proteste.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Le choix a été fait !

Mmes Marie-Claire Carrère- Gée, Jacqueline Eustache- Brinio et Marie-Carole Ciuntu applaudissent.

MM. Rachid Temal et Mickaël Vallet protestent.

M. Rachid Temal s ’ exclame.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Ici, qui peut sérieusement dire qu’il n’y a pas de lien entre tous ces échecs et l’insécurité ? Entre tous ces échecs d’intégration et la multiplication des territoires perdus de la République ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Vous avez préféré payer une amende, et vous avez bien fait, monsieur le ministre.

Ce que je veux dire par là, monsieur le rapporteur, c'est qu'il faut trouver un juste équilibre entre l'État de droit, le respect des textes, l'interprétation parfois très créative des traités, et la démocratie, la souveraineté populaire. Retourner systématiquement les droits individuels contre la souveraineté populaire, cela n'est pas, cela n'est plus l'État de droit !

C'est la raison pour laquelle nous voulons un référendum et une révision de la Constitution, pour rendre aux Français cette capacité de décider par eux-mêmes de la politique migratoire française.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Au moment où je vous parle, plus d'un million de jeunes ne sont ni en emploi ni à l'école, 1, 9 million de Français touchent le RSA, et trois millions sont au chômage. Qu'est-ce qu'on en fait ?

Je termine au sujet de l'article 3, en ajoutant que l'activité professionnelle ne constitue en rien une condition permettant d'éviter une radicalisation. J'en veux pour preuve la dimension symbolique de l'attentat perpétré à Rambouillet, par Jamel Gorchene, pourtant en situation de travail, chauffeur-livreur.

Ce que nous voulons, c'est que le pouvoir discrétionnaire du préfet contrôle bien sûr la dimension réelle de l'activité professionnelle, mais également la capacité des individus à intégrer nos propres valeurs. C'est ce qui est fondamental, et c'est ce qui nous distingue au niveau de ce fameux article 3.

Il y a aussi le tabou du droit. Depuis des années, nous avons abandonné les instruments juridiques nous permettant de réguler l'immigration, avec comme conséquence l'impuissance extraordinairement coupable que les Français constatent à chacun de ces événements qui ne sont plus des faits divers.

Cette impuissance était organisée par le législateur, qui a multiplié les protections et les exceptions à la règle. Les exceptions ont tué la règle, et la règle peut tuer des Français, comme on l'a vu à Arras ! Si cet individu originaire du Caucase avait été expulsé, le professeur, Dominique Bernard, serait toujours en vie ! Et qu'importe si cette personne était arrivée en France avant l'âge de 13 ans !

Ce que nous voulons, ce n'est pas multiplier les exceptions aux exceptions, comme vous le proposez ; c'est anéantir les exceptions, pour qu'il y ait une règle vis-à-vis des expulsions et des OQTF, et que l'on puisse rétablir le délit pour séjour irrégulier, défait par Hollande, pour bien marquer qu'un pays, une Nation, une communauté nationale, un corps politique, c'est un dedans et un dehors, tout simplement.

Au sujet de cette impuissance, revenons sur un certain nombre de jurisprudences choquantes, surtout lorsqu'elles font prévaloir, sinon systématiquement, en tout cas parfois, la protection des droits individuels sur l'intérêt général, le cadre collectif et le besoin d'un peuple de se protéger.

Prenons l'exemple, parmi de nombreux autres, de la condamnation de la France par la CEDH à la suite de l'expulsion de deux Tchétchènes radicalisés et dangereux. Nous avons été condamnés parce que l'expulsion de ces individus ne permettait pas de leur garantir un procès équitable dans leur pays. Que fallait-il faire : protéger les Français ou protéger ces individus dangereux ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Deuxième raison : c'est une formidable capitulation que d'aller chercher une main-d'œuvre bon marché, au lieu de mobiliser l'extraordinaire réserve de travail que l'on trouve déjà en France. Au moment où je vous parle, il y a plus de 560 000 étrangers en situation régulière, mais qui sont au chômage !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Qu’elle soit légale ou illégale, l’immigration bute sur la loi des grands nombres. C’est la première raison pour laquelle nous souhaitons la suppression de l’article 3, qui a pris, certes, une dimension un peu totémique, mais sur laquelle je souhaite revenir quelques instants.

On ne peut pas, dans un même texte, prétendre à la fois lutter contre l’immigration illégale et ouvrir une brèche pour celle-ci. La fraude ne peut pas être une voie de régularisation, parce que cette facilité reviendrait à créer un appel d’air.

M. Rachid Temal s ’ exclame.

Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Le choix a été fait !

Mmes Marie-Claire Carrère- Gée, Jacqueline Eustache- Brinio et Marie-Carole Ciuntu applaudissent.

MM. Rachid Temal et Mickaël Vallet protestent.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Qu’elle soit légale ou illégale, l’immigration bute sur la loi des grands nombres. C’est la première raison pour laquelle nous souhaitons la suppression de l’article 3, qui a pris, certes, une dimension un peu totémique, mais sur laquelle je souhaite revenir quelques instants.

On ne peut pas, dans un même texte, prétendre à la fois lutter contre l’immigration illégale et ouvrir une brèche pour celle-ci. La fraude ne peut pas être une voie de régularisation, parce que cette facilité reviendrait à créer un appel d’air.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Le Président de la République a fait un pas, mais il y a loin de la coupe aux lèvres ; nous ne sommes pas des perdreaux de l'année, et nous attendrons de voir ce qu'il advient de cette révision constitutionnelle.

Un mot, enfin, sur le tabou politique et le « en même temps ». Je disais qu'il s'agit d'un double jeu : le non-dit de ce texte, c'est le contexte de son élaboration. Il aura fallu que vous soyez écartelé entre votre aile droite et votre aile gauche pour le défendre, mais le problème, c'est qu'en matière migratoire, le « en même temps » n'existe pas.

Les signaux que vous enverrez au monde entier, que les filières percevront très bien, devront être d'une grande fermeté. Tout laxisme sera interprété comme un appel d'air.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Vous avez préféré payer une amende, et vous avez bien fait, monsieur le ministre.

Ce que je veux dire par là, monsieur le rapporteur, c'est qu'il faut trouver un juste équilibre entre l'État de droit, le respect des textes, l'interprétation parfois très créative des traités, et la démocratie, la souveraineté populaire. Retourner systématiquement les droits individuels contre la souveraineté populaire, cela n'est pas, cela n'est plus l'État de droit !

C'est la raison pour laquelle nous voulons un référendum et une révision de la Constitution, pour rendre aux Français cette capacité de décider par eux-mêmes de la politique migratoire française.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Au moment où je vous parle, plus d'un million de jeunes ne sont ni en emploi ni à l'école, 1, 9 million de Français touchent le RSA, et trois millions sont au chômage. Qu'est-ce qu'on en fait ?

Je termine au sujet de l'article 3, en ajoutant que l'activité professionnelle ne constitue en rien une condition permettant d'éviter une radicalisation. J'en veux pour preuve la dimension symbolique de l'attentat perpétré à Rambouillet, par Jamel Gorchene, pourtant en situation de travail en tant que chauffeur-livreur.

Ce que nous voulons, c'est que le préfet, en vertu de son pouvoir discrétionnaire, contrôle bien sûr la dimension réelle de l'activité professionnelle, mais également la capacité des individus à intégrer nos propres valeurs. C'est ce qui est fondamental, et c'est ce qui nous distingue au sujet de ce fameux article 3.

Il y a aussi le tabou du droit. Depuis des années, nous avons abandonné les instruments juridiques nous permettant de réguler l'immigration, avec comme conséquence l'impuissance extraordinairement coupable que les Français constatent à chacun de ces événements qui ne sont plus des faits divers.

Cette impuissance était organisée par le législateur, qui a multiplié les protections et les exceptions à la règle. Les exceptions ont tué la règle, et la règle peut tuer des Français, comme on l'a vu à Arras ! Si cet individu originaire du Caucase avait été expulsé, le professeur Dominique Bernard serait toujours en vie ! Et qu'importe si cette personne était arrivée en France avant l'âge de 13 ans !

Ce que nous voulons, ce n'est pas multiplier les exceptions aux exceptions, comme vous le proposez ; c'est anéantir les exceptions, pour qu'il y ait une règle vis-à-vis des expulsions et des OQTF, et que l'on puisse rétablir le délit pour séjour irrégulier, défait par Hollande, pour bien marquer qu'un pays, une Nation, une communauté nationale, un corps politique, c'est un dedans et un dehors, tout simplement.

Au sujet de cette impuissance, revenons sur un certain nombre de jurisprudences choquantes, surtout lorsqu'elles font prévaloir, sinon systématiquement, en tout cas parfois, la protection des droits individuels sur l'intérêt général, le cadre collectif et le besoin d'un peuple de se protéger.

Prenons l'exemple, parmi de nombreux autres, de la condamnation de la France par la CEDH à la suite de l'expulsion de deux Tchétchènes radicalisés et dangereux. Nous avons été condamnés parce que l'expulsion de ces individus ne permettait pas de leur garantir un procès équitable dans leur pays. Que fallait-il faire : protéger les Français ou protéger ces individus dangereux ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Deuxième raison : c’est une formidable capitulation que d’aller chercher une main-d’œuvre bon marché, au lieu de mobiliser l’extraordinaire réserve de travail que l’on trouve déjà en France. Au moment où je vous parle, il y a plus de 560 000 étrangers en situation régulière, mais qui sont au chômage !

MM. Rachid Temal et Mickaël Vallet protestent.

Protestations sur les travées du groupe SER.

Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Le choix a été fait !

Mmes Marie-Claire Carrère-Gée, Jacqueline Eustache-Brinio et Marie-Carole Ciuntu applaudissent.

Mmes Marie-Claire Carrère-Gée, Marie-Carole Ciuntu et Jacqueline Eustache-Brinio applaudissent .

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Deuxième raison : c’est une formidable capitulation que d’aller chercher une main-d’œuvre bon marché, au lieu de mobiliser l’extraordinaire réserve de travail que l’on trouve déjà en France. Au moment où je vous parle, il y a plus de 560 000 étrangers en situation régulière, mais qui sont au chômage !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Le Président de la République a fait un pas, mais il y a loin de la coupe aux lèvres ; nous ne sommes pas des perdreaux de l'année, et nous attendrons de voir ce qu'il advient de cette révision constitutionnelle.

Un mot, enfin, sur le tabou politique et le « en même temps ». Je disais qu'il s'agit d'un double jeu : le non-dit de ce texte, c'est le contexte de son élaboration. Il aura fallu que vous soyez écartelé entre votre aile droite et votre aile gauche pour le défendre, mais le problème, c'est qu'en matière migratoire, le « en même temps » n'existe pas.

Les signaux que vous enverrez au monde entier, que les filières percevront très bien, devront être d'une grande fermeté. Tout laxisme sera interprété comme un appel d'air.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Vous avez préféré payer une amende, et vous avez bien fait, monsieur le ministre.

Ce que je veux dire par là, monsieur le rapporteur, c'est qu'il faut trouver un juste équilibre entre l'État de droit, le respect des textes, l'interprétation parfois très créative des traités, et la démocratie, la souveraineté populaire. Retourner systématiquement les droits individuels contre la souveraineté populaire, cela n'est pas, cela n'est plus l'État de droit !

C'est la raison pour laquelle nous voulons un référendum et une révision de la Constitution, pour rendre aux Français cette capacité de décider par eux-mêmes de la politique migratoire française.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Au moment où je vous parle, plus d’un million de jeunes ne sont ni en emploi ni à l’école, 1, 9 million de Français touchent le RSA, et trois millions sont au chômage. Qu’est-ce qu’on en fait ?

Je termine au sujet de l’article 3, en ajoutant que l’activité professionnelle ne constitue en rien une condition permettant d’éviter une radicalisation. J’en veux pour preuve la dimension symbolique de l’attentat perpétré à Rambouillet, par Jamel Gorchene, pourtant en situation de travail en tant que chauffeur-livreur.

Ce que nous voulons, c’est que le préfet, en vertu de son pouvoir discrétionnaire, contrôle bien sûr la dimension réelle de l’activité professionnelle, mais également la capacité des individus à intégrer nos propres valeurs. C’est ce qui est fondamental, et c’est ce qui nous distingue au sujet de ce fameux article 3.

Il y a aussi le tabou du droit. Depuis des années, nous avons abandonné les instruments juridiques nous permettant de réguler l’immigration, avec comme conséquence l’impuissance extraordinairement coupable que les Français constatent à chacun de ces événements qui ne sont plus des faits divers.

Cette impuissance était organisée par le législateur, qui a multiplié les protections et les exceptions à la règle. Les exceptions ont tué la règle, et la règle peut tuer des Français, comme on l’a vu à Arras ! Si cet individu originaire du Caucase avait été expulsé, le professeur Dominique Bernard serait toujours en vie ! Et qu’importe si cette personne était arrivée en France avant l’âge de 13 ans !

Ce que nous voulons, ce n’est pas multiplier les exceptions aux exceptions, comme vous le proposez ; c’est anéantir les exceptions, pour qu’il y ait une règle vis-à-vis des expulsions et des OQTF, et que l’on puisse rétablir le délit pour séjour irrégulier, défait par Hollande, pour bien marquer qu’un pays, une Nation, une communauté nationale, un corps politique, c’est un dedans et un dehors, tout simplement.

Au sujet de cette impuissance, revenons sur un certain nombre de jurisprudences choquantes, surtout lorsqu’elles font prévaloir, sinon systématiquement, en tout cas parfois, la protection des droits individuels sur l’intérêt général, le cadre collectif et le besoin d’un peuple de se protéger.

Prenons l’exemple, parmi de nombreux autres, de la condamnation de la France par la CEDH à la suite de l’expulsion de deux Tchétchènes radicalisés et dangereux. Nous avons été condamnés parce que l’expulsion de ces individus ne permettait pas de leur garantir un procès équitable dans leur pays. Que fallait-il faire : protéger les Français ou protéger ces individus dangereux ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Au moment où je vous parle, plus d’un million de jeunes ne sont ni en emploi ni à l’école, 1, 9 million de Français touchent le RSA, et 3 millions sont au chômage. Qu’est-ce qu’on en fait ?

Je termine au sujet de l’article 3, en ajoutant que l’activité professionnelle ne constitue en rien une condition permettant d’éviter une radicalisation. J’en veux pour preuve la dimension symbolique de l’attentat perpétré à Rambouillet, par Jamel Gorchene, pourtant en situation de travail en tant que chauffeur-livreur.

Ce que nous voulons, c’est que le préfet, en vertu de son pouvoir discrétionnaire, contrôle bien sûr la dimension réelle de l’activité professionnelle, mais également la capacité des individus à intégrer nos propres valeurs. C’est ce qui est fondamental, et c’est ce qui nous distingue au sujet de ce fameux article 3.

Il y a aussi le tabou du droit. Depuis des années, nous avons abandonné les instruments juridiques nous permettant de réguler l’immigration, avec comme conséquence l’impuissance extraordinairement coupable que les Français constatent à chacun de ces événements qui ne sont plus des faits divers.

Cette impuissance était organisée par le législateur, qui a multiplié les protections et les exceptions à la règle. Les exceptions ont tué la règle, et la règle peut tuer des Français, comme on l’a vu à Arras ! Si cet individu originaire du Caucase avait été expulsé, le professeur Dominique Bernard serait toujours en vie ! Et qu’importe si cette personne était arrivée en France avant l’âge de 13 ans !

Ce que nous voulons, ce n’est pas multiplier les exceptions aux exceptions, comme vous le proposez ; c’est anéantir les exceptions, pour qu’il y ait une règle vis-à-vis des expulsions et des OQTF, et que l’on puisse rétablir le délit pour séjour irrégulier, défait par Hollande, pour bien marquer qu’un pays, une nation, une communauté nationale, un corps politique, c’est un dedans et un dehors, tout simplement.

Au sujet de cette impuissance, revenons sur un certain nombre de jurisprudences choquantes, surtout lorsqu’elles font prévaloir, sinon systématiquement, en tout cas parfois, la protection des droits individuels sur l’intérêt général, le cadre collectif et le besoin d’un peuple de se protéger.

Prenons l’exemple, parmi de nombreux autres, de la condamnation de la France par la CEDH à la suite de l’expulsion de deux Tchétchènes radicalisés et dangereux. Nous avons été condamnés parce que l’expulsion de ces individus ne permettait pas de leur garantir un procès équitable dans leur pays. Que fallait-il faire : protéger les Français ou protéger ces individus dangereux ?

Mmes Marie-Claire Carrère-Gée, Marie-Carole Ciuntu et Jacqueline Eustache-Brinio applaudissent .

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Vous savez qu'en France, nous avons des appels d'air, nous aurons l'occasion d'y revenir lorsque nous parlerons du regroupement familial.

Protestations sur les travées du groupe SER.

Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Le choix a été fait !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Au moment où je vous parle, plus d’un million de jeunes ne sont ni en emploi ni à l’école, 1, 9 million de Français touchent le RSA, et 3 millions sont au chômage. Qu’est-ce qu’on en fait ?

Je termine au sujet de l’article 3, en ajoutant que l’activité professionnelle ne constitue en rien une condition permettant d’éviter une radicalisation. J’en veux pour preuve la dimension symbolique de l’attentat perpétré à Rambouillet, par Jamel Gorchene, pourtant en situation de travail en tant que chauffeur-livreur.

Ce que nous voulons, c’est que le préfet, en vertu de son pouvoir discrétionnaire, contrôle bien sûr la dimension réelle de l’activité professionnelle, mais également la capacité des individus à intégrer nos propres valeurs. C’est ce qui est fondamental, et c’est ce qui nous distingue au sujet de ce fameux article 3.

Il y a aussi le tabou du droit. Depuis des années, nous avons abandonné les instruments juridiques nous permettant de réguler l’immigration, avec comme conséquence l’impuissance extraordinairement coupable que les Français constatent à chacun de ces événements qui ne sont plus des faits divers.

Cette impuissance était organisée par le législateur, qui a multiplié les protections et les exceptions à la règle. Les exceptions ont tué la règle, et la règle peut tuer des Français, comme on l’a vu à Arras ! Si cet individu originaire du Caucase avait été expulsé, le professeur Dominique Bernard serait toujours en vie ! Et qu’importe si cette personne était arrivée en France avant l’âge de 13 ans !

Ce que nous voulons, ce n’est pas multiplier les exceptions aux exceptions, comme vous le proposez ; c’est anéantir les exceptions, pour qu’il y ait une règle vis-à-vis des expulsions et des OQTF, et que l’on puisse rétablir le délit pour séjour irrégulier, défait par Hollande, pour bien marquer qu’un pays, une nation, une communauté nationale, un corps politique, c’est un dedans et un dehors, tout simplement.

Au sujet de cette impuissance, revenons sur un certain nombre de jurisprudences choquantes, surtout lorsqu’elles font prévaloir, sinon systématiquement, en tout cas parfois, la protection des droits individuels sur l’intérêt général, le cadre collectif et le besoin d’un peuple de se protéger.

Prenons l’exemple, parmi de nombreux autres, de la condamnation de la France par la CEDH à la suite de l’expulsion de deux Tchétchènes radicalisés et dangereux. Nous avons été condamnés parce que l’expulsion de ces individus ne permettait pas de leur garantir un procès équitable dans leur pays. Que fallait-il faire : protéger les Français ou protéger ces individus dangereux ?

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Le Président de la République a fait un pas, mais il y a loin de la coupe aux lèvres ; nous ne sommes pas des perdreaux de l'année, et nous attendrons de voir ce qu'il va advenir de cette révision constitutionnelle.

Un mot, enfin, sur le tabou politique et le « en même temps ». Je disais qu'il s'agit d'un double jeu : le non-dit de ce texte, c'est le contexte de son élaboration. Il aura fallu que vous soyez écartelé entre votre aile droite et votre aile gauche pour le défendre, mais le problème, c'est qu'en matière migratoire, le « en même temps » n'existe pas.

Les signaux que vous enverrez au monde entier, que les filières percevront très bien, devront être d'une grande fermeté. Tout laxisme sera interprété comme un appel d'air.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Vous avez préféré payer une amende, et vous avez bien fait, monsieur le ministre.

Ce que je veux dire par là, monsieur le rapporteur, c’est qu’il faut trouver un juste équilibre entre l’État de droit, le respect des textes, l’interprétation parfois très créative des traités, et la démocratie, la souveraineté populaire. Retourner systématiquement les droits individuels contre la souveraineté populaire, cela n’est pas, cela n’est plus l’État de droit !

C’est la raison pour laquelle nous voulons un référendum et une révision de la Constitution, pour rendre aux Français cette capacité de décider par eux-mêmes de la politique migratoire française.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Le choix a été fait !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Vous savez qu'en France, nous avons des appels d'air, nous aurons l'occasion d'y revenir lorsque nous parlerons du regroupement familial.

Protestations sur les travées du groupe SER.

Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Vous avez préféré payer une amende, et vous avez bien fait, monsieur le ministre.

Ce que je veux dire par là, monsieur le rapporteur, c’est qu’il faut trouver un juste équilibre entre l’État de droit, le respect des textes, l’interprétation parfois très créative des traités, et la démocratie, la souveraineté populaire. Retourner systématiquement les droits individuels contre la souveraineté populaire, cela n’est pas, cela n’est plus l’État de droit !

C’est la raison pour laquelle nous voulons un référendum et une révision de la Constitution, pour rendre aux Français cette capacité de décider par eux-mêmes de la politique migratoire française.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Un ouvrage a été rédigé par un spécialiste de ces questions, Didier Leschi, qui n'est d'ailleurs pas rattaché à une succursale de la droite !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Le Président de la République a fait un pas, mais il y a loin de la coupe aux lèvres ; nous ne sommes pas des perdreaux de l’année, et nous attendrons de voir ce qu’il va advenir de cette révision constitutionnelle.

Un mot, enfin, sur le tabou politique et le « en même temps ». Je disais qu’il s’agit d’un double jeu : le non-dit de ce texte, c’est le contexte de son élaboration. Il aura fallu que vous soyez écartelé entre votre aile droite et votre aile gauche pour le défendre, mais le problème, c’est qu’en matière migratoire, le « en même temps » n’existe pas.

Les signaux que vous enverrez au monde entier, que les filières percevront très bien, devront être d’une grande fermeté. Tout laxisme sera interprété comme un appel d’air.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Le Président de la République a fait un pas, mais il y a loin de la coupe aux lèvres ; nous ne sommes pas des perdreaux de l’année, et nous attendrons de voir ce qu’il va advenir de cette révision constitutionnelle.

Un mot, enfin, sur le tabou politique et le « en même temps ». Je disais qu’il s’agit d’un double jeu : le non-dit de ce texte, c’est le contexte de son élaboration. Il aura fallu que vous soyez écartelé entre votre aile droite et votre aile gauche pour le défendre, mais le problème, c’est qu’en matière migratoire le « en même temps » n’existe pas.

Les signaux que vous enverrez au monde entier, que les filières percevront très bien, devront être d’une grande fermeté. Tout laxisme sera interprété comme un appel d’air.

Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Vous savez qu'en France, ces appels d'air sont une réalité. Nous aurons l'occasion d'y revenir lorsque nous parlerons du regroupement familial.

Protestations sur les travées du groupe SER.

Protesta tions sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Le Président de la République a fait un pas, mais il y a loin de la coupe aux lèvres ; nous ne sommes pas des perdreaux de l’année, et nous attendrons de voir ce qu’il va advenir de cette révision constitutionnelle.

Un mot, enfin, sur le tabou politique et le « en même temps ». Je disais qu’il s’agit d’un double jeu : le non-dit de ce texte, c’est le contexte de son élaboration. Il aura fallu que vous soyez écartelé entre votre aile droite et votre aile gauche pour le défendre, mais le problème, c’est qu’en matière migratoire le « en même temps » n’existe pas.

Les signaux que vous enverrez au monde entier, que les filières percevront très bien, devront être d’une grande fermeté. Tout laxisme sera interprété comme un appel d’air.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

C'est de la manipulation de la pensée de Didier Leschi !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Un ouvrage a été rédigé par un spécialiste de ces questions, Didier Leschi, qui n'est d'ailleurs pas rattaché à une succursale de la droite !

Protesta tions sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Pour terminer mon propos, monsieur le ministre, je veux dire que l'heure est grave. Jamais les risques ou les menaces de partition, de fragmentation communautaire n'ont autant fragilisé l'unité française. Nous en sommes parfaitement conscients. Pour cette raison, nous ne nous abandonnerons ni aux postures de ceux qui défendent le « y a qu'à, faut qu'on », aux slogans ou aux expédients, pas plus qu'à l'imposture de ceux qui appellent avec ambiguïté aux demi-mesures, à un « en même temps ».

Nous voulons un texte efficace, un texte utile. Nous verrons comment son examen se déroulera : soit ce projet de loi est durci à l'aide de l'adoption de nos amendements, selon la conviction intime d'aller dans le sens supérieur de l'intérêt de la Nation – les Français, notamment ceux d'en bas et non ceux d'en haut, demandent cette fermeté –, et nous pourrons alors voter en faveur de ce texte ; soit nous demeurons persuadés qu'une ambiguïté subsiste, auquel cas nous ne tricherons pas ni ne jouerons avec les faux-semblants, et nous nous opposerons alors à son adoption.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Vous savez qu’en France, ces appels d’air sont une réalité. Nous aurons l’occasion d’y revenir lorsque nous parlerons du regroupement familial.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Vous savez qu’en France ces appels d’air sont une réalité. Nous aurons l’occasion d’y revenir lorsque nous parlerons du regroupement familial.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

C'est de la manipulation de la pensée de Didier Leschi !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Un ouvrage a été rédigé par un spécialiste de ces questions, Didier Leschi, qui n'est d'ailleurs pas rattaché à une succursale de la droite !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Vous savez qu’en France ces appels d’air sont une réalité. Nous aurons l’occasion d’y revenir lorsque nous parlerons du regroupement familial.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

M. Bruno Retailleau . Voilà notre position : elle est claire, elle est très simple, elle consiste à dire la vérité aux Français. L'enjeu est énorme : faire en sorte que, demain, la République soit partout chez elle en France.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Pour terminer mon propos, monsieur le ministre, je veux dire que l'heure est grave. Jamais les risques ou les menaces de partition, de fragmentation communautaire n'ont autant fragilisé l'unité française. Nous en sommes parfaitement conscients. Pour cette raison, nous ne nous abandonnerons ni aux postures de ceux qui défendent le « y a qu'à, faut qu'on », aux slogans ou aux expédients, pas plus qu'à l'imposture de ceux qui appellent avec ambiguïté aux demi-mesures, à un « en même temps ».

Nous voulons un texte efficace, un texte utile. Nous verrons comment son examen se déroulera : soit ce projet de loi est durci à l'aide de l'adoption de nos amendements, selon la conviction intime d'aller dans le sens supérieur de l'intérêt de la Nation – les Français, notamment ceux d'en bas et non ceux d'en haut, demandent cette fermeté –, et nous pourrons alors voter en faveur de ce texte ; soit nous demeurons persuadés qu'une ambiguïté subsiste, auquel cas nous ne tricherons pas ni ne jouerons avec les faux-semblants, et nous nous opposerons alors à son adoption.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. le rapporteur applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

C'est de la manipulation de la pensée de Didier Leschi !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Un ouvrage a été rédigé par un spécialiste de ces questions, Didier Leschi, qui n’est d’ailleurs pas rattaché à une succursale de la droite !

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Georges Patient.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

M. Bruno Retailleau . Voilà notre position : elle est claire, elle est très simple, elle consiste à dire la vérité aux Français. L'enjeu est énorme : faire en sorte que, demain, la République soit partout chez elle en France.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Pour terminer mon propos, monsieur le ministre, je veux dire que l'heure est grave. Jamais les risques ou les menaces de partition, de fragmentation communautaire n'ont autant fragilisé l'unité française. Nous en sommes parfaitement conscients. Pour cette raison, nous ne nous abandonnerons ni aux postures de ceux qui défendent le « y a qu'à, faut qu'on », aux slogans ou aux expédients, pas plus qu'à l'imposture de ceux qui appellent avec ambiguïté aux demi-mesures, à un « en même temps ».

Nous voulons un texte efficace, un texte utile. Nous verrons comment son examen se déroulera : soit ce projet de loi est durci à l'aide de l'adoption de nos amendements, selon la conviction intime d'aller dans le sens supérieur de l'intérêt de la Nation – les Français, notamment ceux d'en bas, et non ceux d'en haut, demandent cette fermeté –, et nous pourrons alors voter en sa faveur ; soit nous demeurons persuadés qu'une ambiguïté subsiste, auquel cas nous ne tricherons pas ni ne jouerons avec les faux-semblants, et nous nous opposerons alors à son adoption.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Un ouvrage a été rédigé par un spécialiste de ces questions, Didier Leschi, qui n’est d’ailleurs pas rattaché à une succursale de la droite !

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. le rapporteur applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

C’est de la manipulation de la pensée de Didier Leschi !

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, l'immigration est aussi une problématique de premier ordre dans les outre-mer.

La réalité des outre-mer, en matière d'immigration, impose d'être humbles face à l'immensité géographique. La réalité, pour la Guyane, ce sont 500 kilomètres de frontière fluviale dans la forêt amazonienne avec le Suriname, dont le PIB par habitant est dix fois inférieur à celui de la France, et 700 kilomètres de frontière avec le Brésil. La réalité, pour les Antilles, c'est d'avoir pour seule frontière la mer des Caraïbes, où le tourisme de masse jouxte la grande délinquance et la misère d'États insulaires en déliquescence. La réalité, c'est dans l'océan Indien une étendue maritime de 102 kilomètres, qui ancre Mayotte à son destin français.

Les ordres de grandeur dans les outre-mer sont donc loin d'être les mêmes que dans l'Hexagone. Il faut le savoir : les deux territoires français les plus touchés par l'immigration sont Mayotte et la Guyane, où, respectivement, plus de la moitié et du tiers de la population est étrangère.

Ainsi, un bon nombre de mes collègues et moi-même estimons indispensable la tenue d'un débat au Parlement au sujet des adaptations à apporter en matière de gestion de l'immigration dans les outre-mer. C'est le sens d'un amendement que j'ai déposé – un amendement identique a été déposé par des collègues siégeant sur d'autres travées –, qui vise à supprimer l'habilitation du Gouvernement à légiférer par ordonnance.

D'ailleurs, monsieur le ministre, j'ai le sentiment que le Gouvernement n'est pas complètement opposé à cette démarche, puisque certains amendements spécifiques aux outre-mer déposés par mes collègues de Mayotte, ou par ma collègue de Guyane et moi-même, ont été travaillés avec votre cabinet.

Je pense notamment à l'amendement ayant pour objet de répondre au défi que représente la filière d'immigration par laquelle des visas humanitaires accordés par le Brésil sont utilisés pour entrer en Guyane, avec l'Hexagone pour destination finale. En attendant son adoption, Cayenne et sa maire doivent faire face à un afflux de migrants qui, en raison du manque de place d'hébergements, occupent l'espace public et cristallisent les mécontentements.

Pour autant, le texte déposé par le Gouvernement au Sénat début de février était relativement équilibré. Il apportait des réponses pragmatiques et courageuses, notamment en ce qui concerne le travail des étrangers. Ainsi les articles 3 et 4 sont-ils essentiels, car ils améliorent l'accès au travail des migrants ou des réfugiés, alors que le travail est le premier facteur d'intégration.

De plus, il faut cesser de faire croire aux Français que nous pourrions nous passer des immigrés. La Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) révélait dans une étude de juillet 2021 que 22 % des emplois en Île-de-France étaient occupés par des immigrés. Les métiers dans lesquels ils sont surreprésentés sont ceux où les conditions de travail sont les plus pénibles et les difficultés de recrutement les plus fortes.

À ce jour, tout un pan de notre économie tourne grâce à une foule de travailleurs sans-papiers qui viennent pallier le déficit de main-d'œuvre. Ce projet de loi va enfin permettre à ces personnes et à leurs employeurs de rentrer dans la légalité, toute la société bénéficiant de retombées positives.

Ce projet de loi comporte également d'autres mesures qui auront un impact positif important dans les outre-mer, comme la création, à l'article 7, d'une nouvelle carte de séjour pour les médecins provenant de pays en dehors de l'Union européenne. Cette nouvelle carte de séjour devrait permettre d'améliorer le recrutement des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue), indispensables à nos établissements de santé. Malheureusement, la commission des lois a supprimé une partie du dispositif ; j'espère que les débats permettront de revenir à sa version d'origine.

Dans le même ordre d'idées, j'ai déposé un amendement visant à autoriser en Guyane le recrutement d'infirmières provenant de pays en dehors de l'Union européenne, comme cela se fait déjà à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Vous l'aurez compris, ce texte comporte des évolutions positives, et même indispensables. Cependant, l'actualité récente a tendu les esprits et durci les positions. J'espère que nous parviendrons à tenir un débat serein sur ces questions, et que le bon sens l'emportera. La nécessité d'adapter en permanence la loi aux évolutions de l'immigration justifie ce projet de loi. La posture et l'affichage de fermeté de certains ne doivent pas nous empêcher d'apporter une réponse plus humaine et plus efficace.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Georges Patient.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

M. Bruno Retailleau . Voilà notre position : elle est claire, elle est très simple, elle consiste à dire la vérité aux Français. L'enjeu est énorme : faire en sorte que, demain, la République soit partout chez elle en France.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Pour terminer mon propos, monsieur le ministre, je veux dire que l’heure est grave. Jamais les risques ou les menaces de partition, de fragmentation communautaire n’ont autant fragilisé l’unité française. Nous en sommes parfaitement conscients. Pour cette raison, nous ne nous abandonnerons ni aux postures de ceux qui défendent le « y a qu’à, faut qu’on », aux slogans ou aux expédients, pas plus qu’à l’imposture de ceux qui appellent avec ambiguïté aux demi-mesures, à un « en même temps ».

Nous voulons un texte efficace, un texte utile. Nous verrons comment son examen se déroulera : soit ce projet de loi est durci à l’aide de l’adoption de nos amendements, selon la conviction intime d’aller dans le sens supérieur de l’intérêt de la Nation – les Français, notamment ceux d’en bas, et non ceux d’en haut, demandent cette fermeté –, et nous pourrons alors voter en sa faveur ; soit nous demeurons persuadés qu’une ambiguïté subsiste, auquel cas nous ne tricherons pas ni ne jouerons avec les faux-semblants, et nous nous opposerons alors à son adoption.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

C’est de la manipulation de la pensée de Didier Leschi !

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. le rapporteur applaudit également.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Pour terminer mon propos, monsieur le ministre, je veux dire que l’heure est grave. Jamais les risques ou les menaces de partition, de fragmentation communautaire n’ont autant fragilisé l’unité française. Nous en sommes parfaitement conscients. Pour cette raison, nous ne nous abandonnerons ni aux postures de ceux qui défendent le « y a qu’à, faut qu’on », aux slogans ou aux expédients, pas plus qu’à l’imposture de ceux qui appellent avec ambiguïté aux demi-mesures, à un « en même temps ».

Nous voulons un texte efficace, un texte utile. Nous verrons comment son examen se déroulera : soit ce projet de loi est durci à l’aide de l’adoption de nos amendements, selon la conviction intime d’aller dans le sens supérieur de l’intérêt de la Nation – les Français, notamment ceux d’en bas, et non ceux d’en haut, demandent cette fermeté –, et nous pourrons alors voter en sa faveur ; soit nous demeurons persuadés qu’une ambiguïté subsiste, auquel cas nous ne tricherons pas ni ne jouerons avec les faux-semblants, et nous nous opposerons alors à son adoption.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Georges Patient.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, l'immigration est aussi une problématique de premier ordre dans les outre-mer.

La réalité des outre-mer, en matière d'immigration, impose d'être humbles face à l'immensité géographique. La réalité, pour la Guyane, ce sont 500 kilomètres de frontière fluviale dans la forêt amazonienne avec le Suriname, dont le PIB par habitant est dix fois inférieur à celui de la France, et 700 kilomètres de frontière avec le Brésil. La réalité, pour les Antilles, c'est d'avoir pour seule frontière la mer des Caraïbes, où le tourisme de masse jouxte la grande délinquance et la misère d'États insulaires en déliquescence. La réalité, c'est dans l'océan Indien une étendue maritime de 102 kilomètres, qui ancre Mayotte à son destin français.

Les ordres de grandeur dans les outre-mer sont donc loin d'être les mêmes que dans l'Hexagone. Il faut le savoir : les deux territoires français les plus touchés par l'immigration sont Mayotte et la Guyane, où, respectivement, plus de la moitié et du tiers de la population est étrangère.

Ainsi, un bon nombre de mes collègues et moi-même estimons indispensable la tenue d'un débat au Parlement au sujet des adaptations à apporter en matière de gestion de l'immigration dans les outre-mer. C'est le sens d'un amendement que j'ai déposé – un amendement identique a été déposé par des collègues siégeant sur d'autres travées –, qui vise à supprimer l'habilitation du Gouvernement à légiférer par ordonnance.

D'ailleurs, monsieur le ministre, j'ai le sentiment que le Gouvernement n'est pas complètement opposé à cette démarche, puisque certains amendements spécifiques aux outre-mer déposés par mes collègues de Mayotte, ou par ma collègue de Guyane et moi-même, ont été travaillés avec votre cabinet.

Je pense notamment à l'amendement ayant pour objet de répondre au défi que représente la filière d'immigration par laquelle des visas humanitaires accordés par le Brésil sont utilisés pour entrer en Guyane, avec l'Hexagone pour destination finale. En attendant son adoption, Cayenne et sa maire doivent faire face à un afflux de migrants qui, en raison du manque de place d'hébergements, occupent l'espace public et cristallisent les mécontentements.

Pour autant, le texte déposé par le Gouvernement au Sénat début de février était relativement équilibré. Il apportait des réponses pragmatiques et courageuses, notamment en ce qui concerne le travail des étrangers. Ainsi les articles 3 et 4 sont-ils essentiels, car ils améliorent l'accès au travail des migrants ou des réfugiés, alors que le travail est le premier facteur d'intégration.

De plus, il faut cesser de faire croire aux Français que nous pourrions nous passer des immigrés. La Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) révélait dans une étude de juillet 2021 que 22 % des emplois en Île-de-France étaient occupés par des immigrés. Les métiers dans lesquels ils sont surreprésentés sont ceux où les conditions de travail sont les plus pénibles et les difficultés de recrutement les plus fortes.

À ce jour, tout un pan de notre économie tourne grâce à une foule de travailleurs sans-papiers qui viennent pallier le déficit de main-d'œuvre. Ce projet de loi va enfin permettre à ces personnes et à leurs employeurs de rentrer dans la légalité, toute la société bénéficiant de retombées positives.

Ce projet de loi comporte également d'autres mesures qui auront un impact positif important dans les outre-mer, comme la création, à l'article 7, d'une nouvelle carte de séjour pour les médecins provenant de pays en dehors de l'Union européenne. Cette nouvelle carte de séjour devrait permettre d'améliorer le recrutement des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue), indispensables à nos établissements de santé. Malheureusement, la commission des lois a supprimé une partie du dispositif ; j'espère que les débats permettront de revenir à sa version d'origine.

Dans le même ordre d'idées, j'ai déposé un amendement visant à autoriser en Guyane le recrutement d'infirmières provenant de pays en dehors de l'Union européenne, comme cela se fait déjà à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Vous l'aurez compris, ce texte comporte des évolutions positives, et même indispensables. Cependant, l'actualité récente a tendu les esprits et durci les positions. J'espère que nous parviendrons à tenir un débat serein sur ces questions, et que le bon sens l'emportera. La nécessité d'adapter en permanence la loi aux évolutions de l'immigration justifie ce projet de loi. La posture et l'affichage de fermeté de certains ne doivent pas nous empêcher d'apporter une réponse plus humaine et plus efficace.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

M. Bruno Retailleau. Voilà notre position : elle est claire, elle est très simple, elle consiste à dire la vérité aux Français. L’enjeu est énorme : faire en sorte que, demain, la République soit partout chez elle en France.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. Michel Masset applaudit également.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. le rapporteur applaudit également.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. le rapporteur applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

M. Bruno Retailleau. Voilà notre position : elle est claire, elle est très simple, elle consiste à dire la vérité aux Français. L’enjeu est énorme : faire en sorte que, demain, la République soit partout chez elle en France.

Debut de section - PermalienPhoto de Mickaël Vallet

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, il me revient d'exposer la position du groupe socialiste concernant les aspects de politique linguistique, ainsi que les éléments relatifs à la politique de délivrance des visas dans le texte issu des travaux de la commission.

Nous louons l'objectif théorique des dispositions relatives à l'exigence d'un niveau de français, mais nous ne pouvons que regretter les conclusions qu'en a tirées la commission.

Je m'explique.

D'autres pays dans le monde ont adopté un même type d'exigence, bien légitime. Mentionnons le Québec : son gouvernement actuel a récemment relevé le niveau de français exigé, en même temps qu'il a augmenté le nombre d'immigrés à accueillir. Qui peut les en blâmer ? Car, dans leur cas, l'alternative n'offre comme autre malheureuse possibilité au nouvel arrivant que de devenir anglophone, mettant à mal la cohésion nationale.

En France, espérons-le pour encore longtemps, il n'y a qu'une seule langue commune et aucune autre n'est capable de s'imposer à elle. La question du niveau de français des immigrés tient donc moins à la vivacité de notre langue face à celles de chacun d'eux qu'à leur propre capacité à travailler, vivre, avoir des interactions sociales et suivre la scolarité de leurs enfants.

En plus de l'intégration à la québécoise en français, c'est l'idée de l'intégration par le français. C'est donc non pas la langue qui est menacée, mais la facilité pour les immigrés à l'utiliser à des fins d'intégration indispensable.

Or ce qui nous est présenté au moyen de ce texte, c'est-à-dire exiger demain pour un titre de séjour annuel ce que nous exigeons aujourd'hui pour un titre de séjour pluriannuel, ne semble pas tendre vers cet objectif, confondant le but, à savoir parler français, et l'outil, c'est-à-dire le français considéré alors comme critère de tri préalable entre étrangers.

Car cet outil qu'est la langue à la manière d'un outil primaire se forge, se polit, et voit affûter le tranchant de sa lame avec le temps. Il faut donc donner le temps et les moyens d'y parvenir. Que voulons-nous pour les nouveaux immigrés, et notamment pour les travailleuses dont vous avez parlé, monsieur le ministre : un examen de bachotage au bout d'un an, ou une vraie maîtrise de la langue sur le temps long ?

Relever le niveau de langue exigé sans s'en donner les moyens concrets ne mène nulle part. C'est ce que nous défendrons au travers de nos différents amendements.

Le deuxième point de mon propos porte sur la disposition introduite en commission consistant à offrir un nouveau motif légal de refus de visa de long séjour, notamment aux ressortissants d'un État délivrant un nombre particulièrement faible de laissez-passer consulaires. Disons-le clairement, il n'est pas tenable que des États sabotent la mise en œuvre de décisions de la justice française en organisant de manière systémique leur incapacité supposée à reconnaître leurs nationaux.

Mais nous, socialistes, considérons que l'introduction dans la loi de cette politique de rétorsion ne permettra pas d'atteindre l'objectif annoncé, que, je le redis, nous partageons en grande partie.

Il arrive que la diplomatie réclame un peu de finesse, et que cette finesse échappe à la pensée la plus complexe de nos plus hauts dirigeants. Déjà en froid avec nos voisins méditerranéens et avec les opinions africaines, nous enverrions là un signal public bien dommageable.

Si les États, à commencer par le nôtre, ont non seulement des valeurs, mais aussi des intérêts, le travail des chancelleries vaut parfois mieux pour les faire respecter qu'une démonstration de virilité législative contre-productive. Le Gouvernement a d'ailleurs expérimenté cette méthode à compter du printemps 2021 avec les pays du Maghreb, pour constater son échec et y renoncer dès 2022. Eh oui ! la diplomatie, comme la préfectorale d'ailleurs, c'est un métier !

(À suivre)

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Mickaël Vallet.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, l'immigration est aussi une problématique de premier ordre dans les outre-mer.

La réalité des outre-mer, en matière d'immigration, impose d'être humbles face à l'immensité géographique. La réalité, pour la Guyane, ce sont 500 kilomètres de frontière fluviale dans la forêt amazonienne avec le Suriname, dont le PIB par habitant est dix fois inférieur à celui de la France, et 700 kilomètres de frontière avec le Brésil. La réalité, pour les Antilles, c'est d'avoir pour seule frontière la mer des Caraïbes, où le tourisme de masse jouxte la grande délinquance et la misère d'États insulaires en déliquescence. La réalité, c'est dans l'océan Indien une étendue maritime de 102 kilomètres, qui ancre Mayotte à son destin français.

Les ordres de grandeur dans les outre-mer sont donc loin d'être les mêmes que dans l'Hexagone. Il faut le savoir : les deux territoires français les plus touchés par l'immigration sont Mayotte et la Guyane, où, respectivement, plus de la moitié et du tiers de la population est étrangère.

Ainsi, un bon nombre de mes collègues et moi-même estimons indispensable la tenue d'un débat au Parlement au sujet des adaptations à apporter en matière de gestion de l'immigration dans les outre-mer. C'est le sens d'un amendement que j'ai déposé – un amendement identique a été déposé par des collègues siégeant sur d'autres travées –, qui vise à supprimer l'habilitation du Gouvernement à légiférer par ordonnance.

D'ailleurs, monsieur le ministre, j'ai le sentiment que le Gouvernement n'est pas complètement opposé à cette démarche, puisque certains amendements spécifiques aux outre-mer déposés par mes collègues de Mayotte, ou par ma collègue de Guyane et moi-même, ont été travaillés avec votre cabinet.

Je pense notamment à l'amendement ayant pour objet de répondre au défi que représente la filière d'immigration par laquelle des visas humanitaires accordés par le Brésil sont utilisés pour entrer en Guyane, avec l'Hexagone pour destination finale. En attendant son adoption, Cayenne et sa maire doivent faire face à un afflux de migrants qui, en raison du manque de places d'hébergement, occupent l'espace public et cristallisent les mécontentements.

Pour autant, le texte déposé par le Gouvernement au Sénat au début de février était relativement équilibré. Il apportait des réponses pragmatiques et courageuses, notamment en ce qui concerne le travail des étrangers. Ainsi les articles 3 et 4 sont-ils essentiels, car ils améliorent l'accès au travail des migrants ou des réfugiés, alors que le travail est le premier facteur d'intégration.

De plus, il faut cesser de faire croire aux Français que nous pourrions nous passer des immigrés. La Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) révélait dans une étude de juillet 2021 que 22 % des emplois en Île-de-France étaient occupés par des immigrés. Les métiers dans lesquels ils sont surreprésentés sont ceux où les conditions de travail sont les plus pénibles et les difficultés de recrutement les plus fortes.

À ce jour, tout un pan de notre économie tourne grâce à une foule de travailleurs sans-papiers qui viennent pallier le déficit de main-d'œuvre. Ce projet de loi va enfin permettre à ces personnes et à leurs employeurs de rentrer dans la légalité, toute la société bénéficiant de retombées positives.

Ce projet de loi comporte également d'autres mesures qui auront un impact positif important dans les outre-mer, comme la création, à l'article 7, d'une nouvelle carte de séjour pour les médecins provenant de pays en dehors de l'Union européenne. Cette nouvelle carte de séjour devrait permettre d'améliorer le recrutement des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue), indispensables à nos établissements de santé. Malheureusement, la commission des lois a supprimé une partie du dispositif ; j'espère que les débats permettront de revenir à sa version d'origine.

Dans le même ordre d'idées, j'ai déposé un amendement visant à autoriser en Guyane le recrutement d'infirmières provenant de pays en dehors de l'Union européenne, comme cela se fait déjà à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Vous l'aurez compris, ce texte comporte des évolutions positives, et même indispensables. Cependant, l'actualité récente a tendu les esprits et durci les positions. J'espère que nous parviendrons à tenir un débat serein sur ces questions, et que le bon sens l'emportera. La nécessité d'adapter en permanence la loi aux évolutions de l'immigration justifie ce projet de loi. La posture et l'affichage de fermeté de certains ne doivent pas nous empêcher d'apporter une réponse plus humaine et plus efficace.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Georges Patient.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. le rapporteur applaudit également.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. Michel Masset applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Georges Patient.

Debut de section - PermalienPhoto de Mickaël Vallet

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, il me revient d'exposer la position du groupe socialiste concernant les aspects de politique linguistique, ainsi que les éléments relatifs à la politique de délivrance des visas dans le texte issu des travaux de la commission.

Nous louons l'objectif théorique des dispositions relatives à l'exigence d'un niveau de français, mais nous ne pouvons que regretter les conclusions qu'en a tirées la commission.

Je m'explique.

D'autres pays dans le monde ont adopté un même type d'exigence, bien légitime. Mentionnons le Québec : son gouvernement actuel a récemment relevé le niveau de français exigé, en même temps qu'il a augmenté le nombre d'immigrés à accueillir. Qui peut les en blâmer ? Car, dans leur cas, l'alternative n'offre comme autre malheureuse possibilité au nouvel arrivant que de devenir anglophone, mettant à mal la cohésion nationale.

En France, espérons-le pour encore longtemps, il n'y a qu'une seule langue commune et aucune autre n'est capable de s'imposer à elle. La question du niveau de français des immigrés tient donc moins à la vivacité de notre langue face à celles de chacun d'eux qu'à leur propre capacité à travailler, vivre, avoir des interactions sociales et suivre la scolarité de leurs enfants.

En plus de l'intégration à la québécoise en français, c'est l'idée de l'intégration par le français. C'est donc non pas la langue qui est menacée, mais la facilité pour les immigrés à l'utiliser à des fins d'intégration indispensable.

Or ce qui nous est présenté au moyen de ce texte, c'est-à-dire exiger demain pour un titre de séjour annuel ce que nous exigeons aujourd'hui pour un titre de séjour pluriannuel, ne semble pas tendre vers cet objectif, confondant le but, à savoir parler français, et l'outil, c'est-à-dire le français considéré alors comme critère de tri préalable entre étrangers.

Car cet outil qu'est la langue à la manière d'un outil primaire se forge, se polit, et voit affûter le tranchant de sa lame avec le temps. Il faut donc donner le temps et les moyens d'y parvenir. Que voulons-nous pour les nouveaux immigrés, et notamment pour les travailleuses dont vous avez parlé, monsieur le ministre : un examen de bachotage au bout d'un an, ou une vraie maîtrise de la langue sur le temps long ?

Relever le niveau de langue exigé sans s'en donner les moyens concrets ne mène nulle part. C'est ce que nous défendrons au travers de nos différents amendements.

Le deuxième point de mon propos porte sur la disposition introduite en commission consistant à offrir un nouveau motif légal de refus de visa de long séjour, notamment aux ressortissants d'un État délivrant un nombre particulièrement faible de laissez-passer consulaires. Disons-le clairement, il n'est pas tenable que des États sabotent la mise en œuvre de décisions de la justice française en organisant de manière systémique leur incapacité supposée à reconnaître leurs nationaux.

Mais nous, socialistes, considérons que l'introduction dans la loi de cette politique de rétorsion ne permettra pas d'atteindre l'objectif annoncé, que, je le redis, nous partageons en grande partie.

Il arrive que la diplomatie réclame un peu de finesse, et que cette finesse échappe à la pensée la plus complexe de nos plus hauts dirigeants. Déjà en froid avec nos voisins méditerranéens et avec les opinions africaines, nous enverrions là un signal public bien dommageable.

Si les États, à commencer par le nôtre, ont non seulement des valeurs, mais aussi des intérêts, le travail des chancelleries vaut parfois mieux pour les faire respecter qu'une démonstration de virilité législative contre-productive. Le Gouvernement a d'ailleurs expérimenté cette méthode à compter du printemps 2021 avec les pays du Maghreb, pour constater son échec et y renoncer dès 2022. Eh oui ! la diplomatie, comme la préfectorale d'ailleurs, c'est un métier !

Enfin, traitant des aspects internationaux de ce projet de loi, je me dois d'évoquer le cimetière qu'est devenue notre mer commune, la Méditerranée, berceau de civilisations – au pluriel – et matrice de tant de cultures, dont la nôtre, la culture française. On y meurt par centaines dans une indifférence dramatique. Formulons le souhait que notre pays sache, malgré les vents mauvais qui nous agitent et agitent l'opinion, continuer de distinguer les nécessaires débats sur les politiques migratoires – tel celui que nous allons avoir ici – de la nécessité absolue de sauver des vies, quel que soit le contexte et sans aucune condition préalable.

Je tiens à ce propos à faire une remarque. Depuis le début des débats ont été cités le Président Hollande – par vous, monsieur le ministre – et le Président Mitterrand – par la majorité sénatoriale –, mais – il est grand le mystère de la droite – il n'y a personne pour évoquer les déclarations récentes du chef de l'État du Vatican. Peut-être aurons-nous l'occasion de le faire plus longuement au cours des débats, mais c'est en tout cas chose faite pour la discussion générale. Décidément, les socialistes doivent tout faire ici… §

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Mickaël Vallet.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, l’immigration est aussi une problématique de premier ordre dans les outre-mer.

La réalité des outre-mer, en matière d’immigration, impose d’être humbles face à l’immensité géographique. La réalité, pour la Guyane, ce sont 500 kilomètres de frontière fluviale dans la forêt amazonienne avec le Suriname, dont le PIB par habitant est dix fois inférieur à celui de la France, et 700 kilomètres de frontière avec le Brésil. La réalité, pour les Antilles, c’est d’avoir pour seule frontière la mer des Caraïbes, où le tourisme de masse jouxte la grande délinquance et la misère d’États insulaires en déliquescence. La réalité, c’est dans l’océan Indien une étendue maritime de 102 kilomètres, qui ancre Mayotte à son destin français.

Les ordres de grandeur dans les outre-mer sont donc loin d’être les mêmes que dans l’Hexagone. Il faut le savoir : les deux territoires français les plus touchés par l’immigration sont Mayotte et la Guyane, où, respectivement, plus de la moitié et du tiers de la population est étrangère.

Ainsi, un bon nombre de mes collègues et moi-même estimons indispensable la tenue d’un débat au Parlement au sujet des adaptations à apporter en matière de gestion de l’immigration dans les outre-mer. C’est le sens d’un amendement que j’ai déposé – un amendement identique a été déposé par des collègues siégeant sur d’autres travées –, qui vise à supprimer l’habilitation du Gouvernement à légiférer par ordonnance.

D’ailleurs, monsieur le ministre, j’ai le sentiment que le Gouvernement n’est pas complètement opposé à cette démarche, puisque certains amendements spécifiques aux outre-mer déposés par mes collègues de Mayotte, ou par ma collègue de Guyane et moi-même, ont été travaillés avec votre cabinet.

Je pense notamment à l’amendement ayant pour objet de répondre au défi que représente la filière d’immigration par laquelle des visas humanitaires accordés par le Brésil sont utilisés pour entrer en Guyane, avec l’Hexagone pour destination finale. En attendant son adoption, Cayenne et sa maire doivent faire face à un afflux de migrants qui, en raison du manque de places d’hébergement, occupent l’espace public et cristallisent les mécontentements.

Pour autant, le texte déposé par le Gouvernement au Sénat au début de février était relativement équilibré. Il apportait des réponses pragmatiques et courageuses, notamment en ce qui concerne le travail des étrangers. Ainsi les articles 3 et 4 sont-ils essentiels, car ils améliorent l’accès au travail des migrants ou des réfugiés, alors que le travail est le premier facteur d’intégration.

De plus, il faut cesser de faire croire aux Français que nous pourrions nous passer des immigrés. La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) révélait dans une étude de juillet 2021 que 22 % des emplois en Île-de-France étaient occupés par des immigrés. Les métiers dans lesquels ils sont surreprésentés sont ceux où les conditions de travail sont les plus pénibles et les difficultés de recrutement les plus fortes.

À ce jour, tout un pan de notre économie tourne grâce à une foule de travailleurs sans-papiers qui viennent pallier le déficit de main-d’œuvre. Ce projet de loi va enfin permettre à ces personnes et à leurs employeurs de rentrer dans la légalité, toute la société bénéficiant de retombées positives.

Ce projet de loi comporte également d’autres mesures qui auront un impact positif important dans les outre-mer, comme la création, à l’article 7, d’une nouvelle carte de séjour pour les médecins provenant de pays en dehors de l’Union européenne. Cette nouvelle carte de séjour devrait permettre d’améliorer le recrutement des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue), indispensables à nos établissements de santé. Malheureusement, la commission des lois a supprimé une partie du dispositif ; j’espère que les débats permettront de revenir à sa version d’origine.

Dans le même ordre d’idées, j’ai déposé un amendement visant à autoriser en Guyane le recrutement d’infirmières provenant de pays en dehors de l’Union européenne, comme cela se fait déjà à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Vous l’aurez compris, ce texte comporte des évolutions positives, et même indispensables. Cependant, l’actualité récente a tendu les esprits et durci les positions. J’espère que nous parviendrons à tenir un débat serein sur ces questions, et que le bon sens l’emportera. La nécessité d’adapter en permanence la loi aux évolutions de l’immigration justifie ce projet de loi. La posture et l’affichage de fermeté de certains ne doivent pas nous empêcher d’apporter une réponse plus humaine et plus efficace.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, l’immigration est aussi une problématique de premier ordre dans les outre-mer.

La réalité des outre-mer, en matière d’immigration, impose d’être humbles face à l’immensité géographique. La réalité, pour la Guyane, ce sont 500 kilomètres de frontière fluviale dans la forêt amazonienne avec le Suriname, dont le PIB par habitant est dix fois inférieur à celui de la France, et 700 kilomètres de frontière avec le Brésil. La réalité, pour les Antilles, c’est d’avoir pour seule frontière la mer des Caraïbes, où le tourisme de masse jouxte la grande délinquance et la misère d’États insulaires en déliquescence. La réalité, c’est dans l’océan Indien une étendue maritime de 102 kilomètres, qui ancre Mayotte à son destin français.

Les ordres de grandeur dans les outre-mer sont donc loin d’être les mêmes que dans l’Hexagone. Il faut le savoir : les deux territoires français les plus touchés par l’immigration sont Mayotte et la Guyane, où, respectivement, plus de la moitié et du tiers de la population est étrangère.

Ainsi, un bon nombre de mes collègues et moi-même estimons indispensable la tenue d’un débat au Parlement au sujet des adaptations à apporter en matière de gestion de l’immigration dans les outre-mer. C’est le sens d’un amendement que j’ai déposé – un amendement identique a été déposé par des collègues siégeant sur d’autres travées –, qui vise à supprimer l’habilitation du Gouvernement à légiférer par ordonnance.

D’ailleurs, monsieur le ministre, j’ai le sentiment que le Gouvernement n’est pas complètement opposé à cette démarche, puisque certains amendements spécifiques aux outre-mer déposés par mes collègues de Mayotte, ou par ma collègue de Guyane et moi-même, ont été travaillés avec votre cabinet.

Je pense notamment à l’amendement ayant pour objet de répondre au défi que représente la filière d’immigration par laquelle des visas humanitaires accordés par le Brésil sont utilisés pour entrer en Guyane, avec l’Hexagone pour destination finale. En attendant son adoption, Cayenne et sa maire doivent faire face à un afflux de migrants qui, en raison du manque de places d’hébergement, occupent l’espace public et cristallisent les mécontentements.

Pour autant, le texte déposé par le Gouvernement au Sénat au début de février était relativement équilibré. Il apportait des réponses pragmatiques et courageuses, notamment en ce qui concerne le travail des étrangers. Ainsi les articles 3 et 4 sont-ils essentiels, car ils améliorent l’accès au travail des migrants ou des réfugiés, alors que le travail est le premier facteur d’intégration.

De plus, il faut cesser de faire croire aux Français que nous pourrions nous passer des immigrés. La direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) révélait dans une étude de juillet 2021 que 22 % des emplois en Île-de-France étaient occupés par des immigrés. Les métiers dans lesquels ils sont surreprésentés sont ceux où les conditions de travail sont les plus pénibles et les difficultés de recrutement les plus fortes.

À ce jour, tout un pan de notre économie tourne grâce à une foule de travailleurs sans-papiers qui viennent pallier le déficit de main-d’œuvre. Ce projet de loi va enfin permettre à ces personnes et à leurs employeurs de rentrer dans la légalité, toute la société bénéficiant de retombées positives.

Ce projet de loi comporte également d’autres mesures qui auront un impact positif important dans les outre-mer, comme la création, à l’article 7, d’une nouvelle carte de séjour pour les médecins provenant de pays en dehors de l’Union européenne. Cette nouvelle carte de séjour devrait permettre d’améliorer le recrutement des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue), indispensables à nos établissements de santé. Malheureusement, la commission des lois a supprimé une partie du dispositif ; j’espère que les débats permettront de revenir à sa version d’origine.

Dans le même ordre d’idées, j’ai déposé un amendement visant à autoriser en Guyane le recrutement d’infirmières provenant de pays en dehors de l’Union européenne, comme cela se fait déjà à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Vous l’aurez compris, ce texte comporte des évolutions positives, et même indispensables. Cependant, l’actualité récente a tendu les esprits et durci les positions. J’espère que nous parviendrons à tenir un débat serein sur ces questions, et que le bon sens l’emportera. La nécessité d’adapter en permanence la loi aux évolutions de l’immigration justifie ce projet de loi. La posture et l’affichage de fermeté de certains ne doivent pas nous empêcher d’apporter une réponse plus humaine et plus efficace.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. François-Noël Buffet.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. Michel Masset applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, l’immigration est aussi une problématique de premier ordre dans les outre-mer.

La réalité des outre-mer, en matière d’immigration, impose d’être humbles face à l’immensité géographique. La réalité, pour la Guyane, ce sont 500 kilomètres de frontière fluviale dans la forêt amazonienne avec le Suriname, dont le PIB par habitant est dix fois inférieur à celui de la France, et 700 kilomètres de frontière avec le Brésil. La réalité, pour les Antilles, c’est d’avoir pour seule frontière la mer des Caraïbes, où le tourisme de masse jouxte la grande délinquance et la misère d’États insulaires en déliquescence. La réalité, c’est dans l’océan Indien une étendue maritime de 102 kilomètres, qui ancre Mayotte à son destin français.

Les ordres de grandeur dans les outre-mer sont donc loin d’être les mêmes que dans l’Hexagone. Il faut le savoir : les deux territoires français les plus touchés par l’immigration sont Mayotte et la Guyane, où, respectivement, plus de la moitié et du tiers de la population est étrangère.

Ainsi, un bon nombre de mes collègues et moi-même estimons indispensable la tenue d’un débat au Parlement au sujet des adaptations à apporter en matière de gestion de l’immigration dans les outre-mer. C’est le sens d’un amendement que j’ai déposé – un amendement identique a été déposé par des collègues siégeant sur d’autres travées –, qui vise à supprimer l’habilitation du Gouvernement à légiférer par ordonnance.

D’ailleurs, monsieur le ministre, j’ai le sentiment que le Gouvernement n’est pas complètement opposé à cette démarche, puisque certains amendements spécifiques aux outre-mer déposés par mes collègues de Mayotte, ou par ma collègue de Guyane et moi-même, ont été travaillés avec votre cabinet.

Je pense notamment à l’amendement ayant pour objet de répondre au défi que représente la filière d’immigration par laquelle des visas humanitaires accordés par le Brésil sont utilisés pour entrer en Guyane, avec l’Hexagone pour destination finale. En attendant son adoption, Cayenne et sa maire doivent faire face à un afflux de migrants qui, en raison du manque de places d’hébergement, occupent l’espace public et cristallisent les mécontentements.

Pour autant, le texte déposé par le Gouvernement au Sénat au début de février était relativement équilibré. Il apportait des réponses pragmatiques et courageuses, notamment en ce qui concerne le travail des étrangers. Ainsi les articles 3 et 4 sont-ils essentiels, car ils améliorent l’accès au travail des migrants ou des réfugiés, alors que le travail est le premier facteur d’intégration.

De plus, il faut cesser de faire croire aux Français que nous pourrions nous passer des immigrés. La direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) révélait dans une étude de juillet 2021 que 22 % des emplois en Île-de-France étaient occupés par des immigrés. Les métiers dans lesquels ils sont surreprésentés sont ceux où les conditions de travail sont les plus pénibles et les difficultés de recrutement les plus fortes.

À ce jour, tout un pan de notre économie tourne grâce à une foule de travailleurs sans-papiers qui viennent pallier le déficit de main-d’œuvre. Ce projet de loi va enfin permettre à ces personnes et à leurs employeurs de rentrer dans la légalité, toute la société bénéficiant de retombées positives.

Ce projet de loi comporte également d’autres mesures qui auront un impact positif important dans les outre-mer, comme la création, à l’article 7, d’une nouvelle carte de séjour pour les médecins provenant de pays en dehors de l’Union européenne. Cette nouvelle carte de séjour devrait permettre d’améliorer le recrutement des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue), indispensables à nos établissements de santé. Malheureusement, la commission des lois a supprimé une partie du dispositif ; j’espère que les débats permettront de revenir à sa version d’origine.

Dans le même ordre d’idées, j’ai déposé un amendement visant à autoriser en Guyane le recrutement d’infirmières provenant de pays en dehors de l’Union européenne, comme cela se fait déjà à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Vous l’aurez compris, ce texte comporte des évolutions positives, et même indispensables. Cependant, l’actualité récente a tendu les esprits et durci les positions. J’espère que nous parviendrons à tenir un débat serein sur ces questions, et que le bon sens l’emportera. La nécessité d’adapter en permanence la loi aux évolutions de l’immigration justifie ce projet de loi. La posture et l’affichage de fermeté de certains ne doivent pas nous empêcher d’apporter une réponse plus humaine et plus efficace.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Mickaël Vallet

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, il me revient d'exposer la position du groupe socialiste concernant les aspects de la politique linguistique, ainsi que les éléments relatifs à la politique de délivrance des visas dans le texte issu des travaux de la commission.

Nous louons l'objectif théorique des dispositions relatives à l'exigence d'un niveau de français, mais nous ne pouvons que regretter les conclusions qu'en a tirées la commission.

Je m'explique.

D'autres pays dans le monde ont adopté un même type d'exigence, bien légitime. Mentionnons le Québec : son gouvernement actuel a récemment relevé le niveau de français exigé, en même temps qu'il a augmenté le nombre d'immigrés à accueillir. Qui peut les en blâmer ? Car, dans leur cas, l'alternative n'offre comme autre malheureuse possibilité au nouvel arrivant que de devenir anglophone, mettant à mal la cohésion nationale.

En France, espérons-le pour encore longtemps, il n'y a qu'une seule langue commune et aucune autre n'est capable de s'imposer à elle. La question du niveau de français des immigrés tient donc moins à la vivacité de notre langue face à celles de chacun d'eux qu'à leur propre capacité à travailler, vivre, avoir des interactions sociales et suivre la scolarité de leurs enfants.

En plus de l'intégration à la québécoise en français, c'est l'idée de l'intégration par le français. C'est donc non pas la langue qui est menacée, mais la facilité pour les immigrés à l'utiliser à des fins d'intégration indispensable.

Or ce qui nous est présenté au moyen de ce texte, c'est-à-dire exiger demain pour un titre de séjour annuel ce que nous exigeons aujourd'hui pour un titre de séjour pluriannuel, ne semble pas tendre vers cet objectif, confondant le but, à savoir parler français, et l'outil, c'est-à-dire le français considéré alors comme critère de tri préalable entre étrangers.

Car cet outil qu'est la langue à la manière d'un outil primaire se forge, se polit, et voit affûter le tranchant de sa lame avec le temps. Il faut donc donner le temps et les moyens d'y parvenir. Que voulons-nous pour les nouveaux immigrés, et notamment pour les travailleuses dont vous avez parlé, monsieur le ministre : un examen de bachotage au bout d'un an, ou une vraie maîtrise de la langue sur le temps long ?

Relever le niveau de langue exigé sans s'en donner les moyens concrets ne mène nulle part. C'est ce que nous défendrons au travers de nos différents amendements.

Le deuxième point de mon propos porte sur la disposition introduite en commission consistant à offrir un nouveau motif légal de refus de visa de long séjour, notamment aux ressortissants d'un État délivrant un nombre particulièrement faible de laissez-passer consulaires. Disons-le clairement, il n'est pas tenable que des États sabotent la mise en œuvre de décisions de la justice française en organisant de manière systémique leur incapacité supposée à reconnaître leurs nationaux.

Mais nous, socialistes, considérons que l'introduction dans la loi de cette politique de rétorsion ne permettra pas d'atteindre l'objectif annoncé, que, je le redis, nous partageons en grande partie.

Il arrive que la diplomatie réclame un peu de finesse, et que cette finesse échappe à la pensée la plus complexe de nos plus hauts dirigeants. Déjà en froid avec nos voisins méditerranéens et avec les opinions africaines, nous enverrions là un signal public bien dommageable.

Si les États, à commencer par le nôtre, ont non seulement des valeurs, mais aussi des intérêts, le travail des chancelleries vaut parfois mieux pour les faire respecter qu'une démonstration de virilité législative contre-productive. Le Gouvernement a d'ailleurs expérimenté cette méthode à compter du printemps 2021 avec les pays du Maghreb, pour constater son échec et y renoncer dès 2022. Eh oui ! la diplomatie, comme la préfectorale d'ailleurs, c'est un métier !

Enfin, traitant des aspects internationaux de ce projet de loi, je me dois d'évoquer le cimetière qu'est devenue notre mer commune, la Méditerranée, berceau de civilisations – au pluriel – et matrice de tant de cultures, dont la nôtre, la culture française. On y meurt par centaines dans une indifférence dramatique. Formulons le souhait que notre pays sache, malgré les vents mauvais qui nous agitent et agitent l'opinion, continuer de distinguer les nécessaires débats sur les politiques migratoires – tel celui que nous allons avoir ici – de la nécessité absolue de sauver des vies, quel que soit le contexte et sans aucune condition préalable.

Je tiens à ce propos à faire une remarque. Depuis le début des débats ont été cités le Président Hollande – par vous, monsieur le ministre – et le Président Mitterrand – par la majorité sénatoriale –, mais – il est grand le mystère de la droite – il n'y a personne pour évoquer les déclarations récentes du chef de l'État du Vatican. Peut-être aurons-nous l'occasion de le faire plus longuement au cours des débats, mais c'est en tout cas chose faite pour la discussion générale. Décidément, les socialistes doivent tout faire ici…

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Mickaël Vallet.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. Michel Masset applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de François-Noël Buffet

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, je veux d'abord dresser un constat, avant d'expliquer la stratégie que nous souhaitons développer.

Après la crise du covid-19, notre pays a renoué avec des flux très importants d'immigration irrégulière. Selon les chiffres de l'agence Frontex, 232 350 personnes ont franchi irrégulièrement les frontières de l'Union européenne au cours des huit premiers mois de l'année 2023 ; c'est le niveau le plus élevé depuis 2016.

En outre, près de 90 000 personnes ont fait l'objet d'un refus d'entrée à nos frontières en 2022, là aussi un record.

Sur notre sol, le nombre de personnes en situation irrégulière ne cesse de grandir également. Le nombre de bénéficiaires de l'AME – un critère d'appréciation parmi d'autres, qui, naturellement, ne suffit pas – s'élève ainsi à 400 000 en 2022, soit 100 000 de plus qu'il y a dix ans. Et je pourrais continuer longtemps d'égrener des chiffres…

Cette incapacité à maîtriser nos frontières est d'autant plus inquiétante qu'elle s'accompagne d'une difficulté à exécuter les reconduites dans les pays d'origine. En effet, nous le savons, sur les 120 000 OQTF prononcées annuellement au cours des dernières années, seules 10 000 sont exécutées, même si cet indicateur est imparfait, parce qu'il faut tenir compte de la difficulté à obtenir des laissez-passer consulaires.

Même notre politique d'immigration régulière est insatisfaisante. Nous n'avons jamais délivré autant de titres de séjour – 316 000 premiers titres en 2022 –, mais nous intégrons de moins en moins bien – j'y insiste.

Je le rappelle, la plupart des étrangers arrivés sur le territoire parlent ou écrivent mal le français à l'issue de leur première année de séjour et je ne parle même pas des « crises des rendez-vous » dans les préfectures. Tout cela démontre nos difficultés.

La situation de notre politique de l'asile n'est pas différente : l'Ofpra comme la CNDA sont au bord de l'embolie ! Nous enregistrerons pratiquement 140 000 demandes en 2023 et les prévisions du Gouvernement pour l'année 2024 font état de 160 000 demandes. La détérioration des délais complexifiera encore les choses…

C'est dans ce contexte que nous est soumis ce texte.

La question de départ est : de quelle politique migratoire la France veut-elle se doter ? Ensuite, une fois cette politique définie, les mesures devront être claires et compréhensibles pour tout le monde. Cette clarté doit reposer sur trois grands principes.

Premier principe : l'immigration régulière doit être une immigration choisie, c'est-à-dire moins importante et correspondant à une immigration économique qualifiée. J'ai entendu dire précédemment que l'immigration était potentiellement une chance ; sans doute, mais à quelles conditions ? Il suffit pour le savoir de relire le rapport de l'OCDE de 2021.

Sourires sur les travées du groupe SER. – Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE-K.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Mickaël Vallet.

M. Roger Karoutchi approuve.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. François-Noël Buffet.

Debut de section - PermalienPhoto de Mickaël Vallet

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, il me revient d’exposer la position du groupe socialiste concernant les aspects de la politique linguistique, ainsi que les éléments relatifs à la politique de délivrance des visas dans le texte issu des travaux de la commission.

Nous louons l’objectif théorique des dispositions relatives à l’exigence d’un niveau de français, mais nous ne pouvons que regretter les conclusions qu’en a tirées la commission.

Je m’explique.

D’autres pays dans le monde ont adopté un même type d’exigence, bien légitime. Mentionnons le Québec : son gouvernement actuel a récemment relevé le niveau de français exigé, en même temps qu’il a augmenté le nombre d’immigrés à accueillir. Qui peut les en blâmer ? Car, dans leur cas, l’alternative n’offre comme autre malheureuse possibilité au nouvel arrivant que de devenir anglophone, mettant à mal la cohésion nationale.

En France, espérons-le pour encore longtemps, il n’y a qu’une seule langue commune et aucune autre n’est capable de s’imposer à elle. La question du niveau de français des immigrés tient donc moins à la vivacité de notre langue face à celles de chacun d’eux qu’à leur propre capacité à travailler, vivre, avoir des interactions sociales et suivre la scolarité de leurs enfants.

En plus de l’intégration à la québécoise en français, c’est l’idée de l’intégration par le français. C’est donc non pas la langue qui est menacée, mais la facilité pour les immigrés à l’utiliser à des fins d’intégration indispensable.

Or ce qui nous est présenté au moyen de ce texte, c’est-à-dire exiger demain pour un titre de séjour annuel ce que nous exigeons aujourd’hui pour un titre de séjour pluriannuel, ne semble pas tendre vers cet objectif, confondant le but, à savoir parler français, et l’outil, c’est-à-dire le français considéré alors comme critère de tri préalable entre étrangers.

Car cet outil qu’est la langue à la manière d’un outil primaire se forge, se polit, et voit affûter le tranchant de sa lame avec le temps. Il faut donc donner le temps et les moyens d’y parvenir. Que voulons-nous pour les nouveaux immigrés, et notamment pour les travailleuses dont vous avez parlé, monsieur le ministre : un examen de bachotage au bout d’un an, ou une vraie maîtrise de la langue sur le temps long ?

Relever le niveau de langue exigé sans s’en donner les moyens concrets ne mène nulle part. C’est ce que nous défendrons au travers de nos différents amendements.

Le deuxième point de mon propos porte sur la disposition introduite en commission consistant à offrir un nouveau motif légal de refus de visa de long séjour, notamment aux ressortissants d’un État délivrant un nombre particulièrement faible de laissez-passer consulaires. Disons-le clairement, il n’est pas tenable que des États sabotent la mise en œuvre de décisions de la justice française en organisant de manière systémique leur incapacité supposée à reconnaître leurs nationaux.

Mais nous, socialistes, considérons que l’introduction dans la loi de cette politique de rétorsion ne permettra pas d’atteindre l’objectif annoncé, que, je le redis, nous partageons en grande partie.

Il arrive que la diplomatie réclame un peu de finesse, et que cette finesse échappe à la pensée la plus complexe de nos plus hauts dirigeants. Déjà en froid avec nos voisins méditerranéens et avec les opinions africaines, nous enverrions là un signal public bien dommageable.

Si les États, à commencer par le nôtre, ont non seulement des valeurs, mais aussi des intérêts, le travail des chancelleries vaut parfois mieux pour les faire respecter qu’une démonstration de virilité législative contre-productive. Le Gouvernement a d’ailleurs expérimenté cette méthode à compter du printemps 2021 avec les pays du Maghreb, pour constater son échec et y renoncer dès 2022. Eh oui ! la diplomatie, comme la préfectorale d’ailleurs, c’est un métier !

Enfin, traitant des aspects internationaux de ce projet de loi, je me dois d’évoquer le cimetière qu’est devenue notre mer commune, la Méditerranée, berceau de civilisations – au pluriel – et matrice de tant de cultures, dont la nôtre, la culture française. On y meurt par centaines dans une indifférence dramatique. Formulons le souhait que notre pays sache, malgré les vents mauvais qui nous agitent et agitent l’opinion, continuer de distinguer les nécessaires débats sur les politiques migratoires – tel celui que nous allons avoir ici – de la nécessité absolue de sauver des vies, quel que soit le contexte et sans aucune condition préalable.

Je tiens à ce propos à faire une remarque. Depuis le début des débats ont été cités le Président Hollande – par vous, monsieur le ministre – et le Président Mitterrand – par la majorité sénatoriale –, mais – il est grand le mystère de la droite – il n’y a personne pour évoquer les déclarations récentes du chef de l’État du Vatican. Peut-être aurons-nous l’occasion de le faire plus longuement au cours des débats, mais c’est en tout cas chose faite pour la discussion générale. Décidément, les socialistes doivent tout faire ici…

Debut de section - PermalienPhoto de Mickaël Vallet

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, il me revient d’exposer la position du groupe socialiste concernant les aspects de la politique linguistique, ainsi que les éléments relatifs à la politique de délivrance des visas dans le texte issu des travaux de la commission.

Nous louons l’objectif théorique des dispositions relatives à l’exigence d’un niveau de français, mais nous ne pouvons que regretter les conclusions qu’en a tirées la commission.

Je m’explique.

D’autres pays dans le monde ont adopté un même type d’exigence, bien légitime. Mentionnons le Québec : son gouvernement actuel a récemment relevé le niveau de français exigé, en même temps qu’il a augmenté le nombre d’immigrés à accueillir. Qui peut les en blâmer ? Car, dans leur cas, l’alternative n’offre comme autre malheureuse possibilité au nouvel arrivant que de devenir anglophone, mettant à mal la cohésion nationale.

En France, espérons-le pour encore longtemps, il n’y a qu’une seule langue commune et aucune autre n’est capable de s’imposer à elle. La question du niveau de français des immigrés tient donc moins à la vivacité de notre langue face à celles de chacun d’eux qu’à leur propre capacité à travailler, vivre, avoir des interactions sociales et suivre la scolarité de leurs enfants.

En plus de l’intégration à la québécoise en français, c’est l’idée de l’intégration par le français. C’est donc non pas la langue qui est menacée, mais la facilité pour les immigrés à l’utiliser à des fins d’intégration indispensable.

Or ce qui nous est présenté au moyen de ce texte, c’est-à-dire exiger demain pour un titre de séjour annuel ce que nous exigeons aujourd’hui pour un titre de séjour pluriannuel, ne semble pas tendre vers cet objectif, confondant le but, à savoir parler français, et l’outil, c’est-à-dire le français considéré alors comme critère de tri préalable entre étrangers.

Car cet outil qu’est la langue à la manière d’un outil primaire se forge, se polit et voit affûter le tranchant de sa lame avec le temps. Il faut donc donner le temps et les moyens d’y parvenir. Que voulons-nous pour les nouveaux immigrés, et notamment pour les travailleuses dont vous avez parlé, monsieur le ministre : un examen de bachotage au bout d’un an, ou une vraie maîtrise de la langue sur le temps long ?

Relever le niveau de langue exigé sans s’en donner les moyens concrets ne mène nulle part. C’est ce que nous défendrons au travers de nos différents amendements.

Le deuxième point de mon propos porte sur la disposition introduite en commission consistant à offrir un nouveau motif légal de refus de visa de long séjour, notamment aux ressortissants d’un État délivrant un nombre particulièrement faible de laissez-passer consulaires. Disons-le clairement, il n’est pas tenable que des États sabotent la mise en œuvre de décisions de la justice française en organisant de manière systémique leur incapacité supposée à reconnaître leurs nationaux.

Mais nous, socialistes, considérons que l’introduction dans la loi de cette politique de rétorsion ne permettra pas d’atteindre l’objectif annoncé, que, je le redis, nous partageons en grande partie.

Il arrive que la diplomatie réclame un peu de finesse, et que cette finesse échappe à la pensée la plus complexe de nos plus hauts dirigeants. Déjà en froid avec nos voisins méditerranéens et avec les opinions africaines, nous enverrions là un signal public bien dommageable.

Si les États, à commencer par le nôtre, ont non seulement des valeurs, mais aussi des intérêts, le travail des chancelleries vaut parfois mieux pour les faire respecter qu’une démonstration de virilité législative contre-productive. Le Gouvernement a d’ailleurs expérimenté cette méthode à compter du printemps 2021 avec les pays du Maghreb, pour constater son échec et y renoncer dès 2022. Eh oui, la diplomatie, comme la préfectorale d’ailleurs, c’est un métier !

Enfin, traitant des aspects internationaux de ce projet de loi, je me dois d’évoquer le cimetière qu’est devenue notre mer commune, la Méditerranée, berceau de civilisations – au pluriel – et matrice de tant de cultures, dont la nôtre, la culture française. On y meurt par centaines dans une indifférence dramatique. Formulons le souhait que notre pays sache, malgré les vents mauvais qui nous agitent et agitent l’opinion, continuer de distinguer les nécessaires débats sur les politiques migratoires – tel celui que nous allons avoir ici – de la nécessité absolue de sauver des vies, quel que soit le contexte et sans aucune condition préalable.

Je tiens à ce propos à faire une remarque. Depuis le début des débats ont été cités le Président Hollande – par vous, monsieur le ministre – et le Président Mitterrand – par la majorité sénatoriale –, mais – il est grand le mystère de la droite – il n’y a personne pour évoquer les déclarations récentes du chef de l’État du Vatican. Peut-être aurons-nous l’occasion de le faire plus longuement au cours des débats, mais c’est en tout cas chose faite pour la discussion générale. Décidément, les socialistes doivent tout faire ici…

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de François-Noël Buffet

Second principe : l'intransigeance dans la lutte contre l'immigration irrégulière. On ne peut pas continuer ainsi ! Les différentes procédures permettant de contourner les mesures d'éloignement des étrangers sont très complexes et nombreuses : il existe treize ou quatorze moyens pour appuyer une saisine d'un tribunal administratif. Le rapport d'information que nous avons publié voilà un peu plus d'un an sur le sujet montrait bien que les juridictions administratives étaient en situation de saturation totale. Il serait inacceptable de le nier ! Il faut donc simplifier. Tel est l'objectif de ce texte, qui s'appuie en partie sur notre rapport d'information.

Cela rejoint d'ailleurs la nécessité de répondre rapidement aux demandes et aux situations des uns et des autres, ainsi que notre capacité à établir, disons-le clairement, un rapport de force avec les pays d'origine, parce qu'il faudra bien obtenir les laissez-passer consulaires requis. Or cela ne pourra se faire, je crois que tout le monde le sait, que si notre stratégie est parfaitement claire et parfaitement comprise et si l'on se donne les moyens d'établir ce rapport de force, fût-ce difficile, sans quoi nous n'aurons aucun choix possible.

Le troisième principe, enfin, concerne la procédure d'asile. Depuis plusieurs années, cette procédure est détournée de son objectif. Dans leur très grande majorité, les demandes n'ont en effet d'autre but que de rester sur le territoire national le plus longtemps possible et de bénéficier éventuellement d'autres moyens de protection.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Sourires sur les travées du groupe SER. – Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE-K.

Sourires sur les travées du groupe SER. – Applaudisseme nts sur les travées des groupes SER et CRCE-K.

Debut de section - PermalienPhoto de Mickaël Vallet

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, il me revient d’exposer la position du groupe socialiste concernant les aspects de la politique linguistique, ainsi que les éléments relatifs à la politique de délivrance des visas dans le texte issu des travaux de la commission.

Nous louons l’objectif théorique des dispositions relatives à l’exigence d’un niveau de français, mais nous ne pouvons que regretter les conclusions qu’en a tirées la commission.

Je m’explique.

D’autres pays dans le monde ont adopté un même type d’exigence, bien légitime. Mentionnons le Québec : son gouvernement actuel a récemment relevé le niveau de français exigé, en même temps qu’il a augmenté le nombre d’immigrés à accueillir. Qui peut les en blâmer ? Car, dans leur cas, l’alternative n’offre comme autre malheureuse possibilité au nouvel arrivant que de devenir anglophone, mettant à mal la cohésion nationale.

En France, espérons-le pour encore longtemps, il n’y a qu’une seule langue commune et aucune autre n’est capable de s’imposer à elle. La question du niveau de français des immigrés tient donc moins à la vivacité de notre langue face à celles de chacun d’eux qu’à leur propre capacité à travailler, vivre, avoir des interactions sociales et suivre la scolarité de leurs enfants.

En plus de l’intégration à la québécoise en français, c’est l’idée de l’intégration par le français. C’est donc non pas la langue qui est menacée, mais la facilité pour les immigrés à l’utiliser à des fins d’intégration indispensable.

Or ce qui nous est présenté au moyen de ce texte, c’est-à-dire exiger demain pour un titre de séjour annuel ce que nous exigeons aujourd’hui pour un titre de séjour pluriannuel, ne semble pas tendre vers cet objectif, confondant le but, à savoir parler français, et l’outil, c’est-à-dire le français considéré alors comme critère de tri préalable entre étrangers.

Car cet outil qu’est la langue à la manière d’un outil primaire se forge, se polit et voit affûter le tranchant de sa lame avec le temps. Il faut donc donner le temps et les moyens d’y parvenir. Que voulons-nous pour les nouveaux immigrés, et notamment pour les travailleuses dont vous avez parlé, monsieur le ministre : un examen de bachotage au bout d’un an, ou une vraie maîtrise de la langue sur le temps long ?

Relever le niveau de langue exigé sans s’en donner les moyens concrets ne mène nulle part. C’est ce que nous défendrons au travers de nos différents amendements.

Le deuxième point de mon propos porte sur la disposition introduite en commission consistant à offrir un nouveau motif légal de refus de visa de long séjour, notamment aux ressortissants d’un État délivrant un nombre particulièrement faible de laissez-passer consulaires. Disons-le clairement, il n’est pas tenable que des États sabotent la mise en œuvre de décisions de la justice française en organisant de manière systémique leur incapacité supposée à reconnaître leurs nationaux.

Mais nous, socialistes, considérons que l’introduction dans la loi de cette politique de rétorsion ne permettra pas d’atteindre l’objectif annoncé, que, je le redis, nous partageons en grande partie.

Il arrive que la diplomatie réclame un peu de finesse, et que cette finesse échappe à la pensée la plus complexe de nos plus hauts dirigeants. Déjà en froid avec nos voisins méditerranéens et avec les opinions africaines, nous enverrions là un signal public bien dommageable.

Si les États, à commencer par le nôtre, ont non seulement des valeurs, mais aussi des intérêts, le travail des chancelleries vaut parfois mieux pour les faire respecter qu’une démonstration de virilité législative contre-productive. Le Gouvernement a d’ailleurs expérimenté cette méthode à compter du printemps 2021 avec les pays du Maghreb, pour constater son échec et y renoncer dès 2022. Eh oui, la diplomatie, comme la préfectorale d’ailleurs, c’est un métier !

Enfin, traitant des aspects internationaux de ce projet de loi, je me dois d’évoquer le cimetière qu’est devenue notre mer commune, la Méditerranée, berceau de civilisations – au pluriel – et matrice de tant de cultures, dont la nôtre, la culture française. On y meurt par centaines dans une indifférence dramatique. Formulons le souhait que notre pays sache, malgré les vents mauvais qui nous agitent et agitent l’opinion, continuer de distinguer les nécessaires débats sur les politiques migratoires – tel celui que nous allons avoir ici – de la nécessité absolue de sauver des vies, quel que soit le contexte et sans aucune condition préalable.

Je tiens à ce propos à faire une remarque. Depuis le début des débats ont été cités le Président Hollande – par vous, monsieur le ministre – et le Président Mitterrand – par la majorité sénatoriale –, mais – il est grand le mystère de la droite – il n’y a personne pour évoquer les déclarations récentes du chef de l’État du Vatican. Peut-être aurons-nous l’occasion de le faire plus longuement au cours des débats, mais c’est en tout cas chose faite pour la discussion générale. Décidément, les socialistes doivent tout faire ici…

Debut de section - PermalienPhoto de François-Noël Buffet

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, je veux d'abord dresser un constat, avant d'expliquer la stratégie que nous souhaitons mettre en œuvre.

Après la crise du covid-19, notre pays a renoué avec des flux très importants d'immigration irrégulière. Selon les chiffres de l'agence Frontex, 232 350 personnes ont franchi irrégulièrement les frontières de l'Union européenne au cours des huit premiers mois de l'année 2023 ; c'est le niveau le plus élevé depuis 2016.

En outre, près de 90 000 personnes ont fait l'objet d'un refus d'entrée à nos frontières en 2022, là aussi un record.

Sur notre sol, le nombre de personnes en situation irrégulière ne cesse de grandir également. Le nombre de bénéficiaires de l'AME – un critère d'appréciation parmi d'autres, qui, naturellement, ne suffit pas – s'élève ainsi à 400 000 en 2022, soit 100 000 de plus qu'il y a dix ans. Et je pourrais continuer longtemps d'égrener des chiffres…

Cette incapacité à maîtriser nos frontières est d'autant plus inquiétante qu'elle s'accompagne d'une difficulté à exécuter les reconduites dans les pays d'origine. En effet, nous le savons, sur les 120 000 OQTF prononcées annuellement au cours des dernières années, seules 10 000 sont exécutées, même si cet indicateur est imparfait, parce qu'il faut tenir compte de la difficulté à obtenir des laissez-passer consulaires.

Même notre politique d'immigration régulière est insatisfaisante. Nous n'avons jamais délivré autant de titres de séjour – 316 000 premiers titres en 2022 –, mais nous intégrons de moins en moins bien – j'y insiste.

Je le rappelle, la plupart des étrangers arrivés sur le territoire parlent ou écrivent mal le français à l'issue de leur première année de séjour et je ne parle même pas des « crises des rendez-vous » dans les préfectures. Tout cela démontre nos difficultés.

La situation de notre politique de l'asile n'est pas différente : l'Ofpra comme la CNDA sont au bord de l'embolie ! Nous enregistrerons pratiquement 140 000 demandes en 2023 et les prévisions du Gouvernement pour l'année 2024 font état de 160 000 demandes. La détérioration des délais complexifiera encore les choses…

C'est dans ce contexte que nous est soumis ce texte.

La question de départ est : de quelle politique migratoire la France veut-elle se doter ? Ensuite, une fois cette politique définie, les mesures devront être claires et compréhensibles pour tout le monde. Cette clarté doit reposer sur trois grands principes.

Premier principe : l'immigration régulière doit être une immigration choisie, c'est-à-dire moins importante et correspondant à une immigration économique qualifiée. J'ai entendu dire précédemment que l'immigration était potentiellement une chance ; sans doute, mais à quelles conditions ? Il suffit pour le savoir de relire le rapport de l'OCDE de 2021.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. François-Noël Buffet.

Sourires sur les travées du groupe SER. – Applaudisseme nts sur les travées des groupes SER et CRCE-K.

Debut de section - PermalienPhoto de François-Noël Buffet

Par conséquent, celui qui mériterait d'être protégé par l'octroi du statut de réfugié attend des années et des années, tandis que les autres attendent tranquillement leur décision, en se disant que plus elle sera tardive, mieux ce sera et qu'ils en tireront un profit ; nous sommes donc victimes deux fois… Ceux qui méritent la protection rapide de la France, que celle-ci a raison d'octroyer – cela concerne environ, si je ne m'abuse, 35 000 personnes par an –, devraient pouvoir l'obtenir vite et ceux qui ne la méritent pas devraient le savoir rapidement afin que l'on puisse les reconduire dans leur pays d'origine.

C'est en se reposant sur ces trois principes que l'on pourra avancer sérieusement et doter notre pays d'une véritable politique migratoire.

Faut-il en conclure que nous sommes durs ? Bien sûr, nous sommes fermes et nous voulons l'être, car le message que nous enverrons sera tout aussi important que les dispositions du texte. Néanmoins, nous devons aussi être responsables, en nous dotant des moyens suffisants pour intégrer ceux que l'on accepte sur notre territoire. La commission des lois a fixé à cet égard un certain nombre de règles, que les rapporteurs ont rappelées.

Récapitulons dans le peu de temps de parole qu'il me reste : pour le groupe Les Républicains, et pour la majorité sénatoriale, me semble-t-il, ce texte vise à établir de la clarté, dans un objectif d'efficacité pour ceux que l'on accueille, qui doivent bénéficier d'une prise en charge de qualité, et de fermeté pour ceux que l'on ne veut pas voir sur notre territoire, qui doivent repartir dans le cadre de procédures respectueuses, mais très rapides.

Tel est l'objet du travail de la commission des lois, que nos débats permettront d'aborder au cours des jours qui viennent.

M. Roger Karoutchi approuve.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. François-Noël Buffet.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de François-Noël Buffet

Second principe : l'intransigeance dans la lutte contre l'immigration irrégulière. On ne peut pas continuer ainsi ! Les différentes procédures permettant de contourner les mesures d'éloignement des étrangers sont très complexes et nombreuses : il existe treize ou quatorze moyens pour appuyer une saisine d'un tribunal administratif. Le rapport d'information que nous avons publié voilà un peu plus d'un an sur le sujet montrait bien que les juridictions administratives étaient en situation de saturation totale. Il serait inacceptable de le nier ! Il faut donc simplifier. Tel est l'objectif de ce texte, qui s'appuie en partie sur notre rapport d'information.

Cela rejoint d'ailleurs la nécessité de répondre rapidement aux demandes et aux situations des uns et des autres, ainsi que notre capacité à établir, disons-le clairement, un rapport de force avec les pays d'origine, parce qu'il faudra bien obtenir les laissez-passer consulaires requis. Or cela ne pourra se faire, je crois que tout le monde le sait, que si notre stratégie est parfaitement claire et parfaitement comprise et si l'on se donne les moyens d'établir ce rapport de force, fût-ce difficile, sans quoi nous n'aurons aucun choix possible.

Le troisième principe, enfin, concerne la procédure d'asile. Depuis plusieurs années, cette procédure est détournée de son objectif. Dans leur très grande majorité, les demandeurs n'ont en effet d'autre but que de rester sur le territoire national le plus longtemps possible et de bénéficier éventuellement d'autres moyens de protection.

Debut de section - PermalienPhoto de François-Noël Buffet

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, je veux d’abord dresser un constat, avant d’expliquer la stratégie que nous souhaitons mettre en œuvre.

Après la crise du covid-19, notre pays a renoué avec des flux très importants d’immigration irrégulière. Selon les chiffres de l’agence Frontex, 232 350 personnes ont franchi irrégulièrement les frontières de l’Union européenne au cours des huit premiers mois de l’année 2023 ; c’est le niveau le plus élevé depuis 2016.

En outre, près de 90 000 personnes ont fait l’objet d’un refus d’entrée à nos frontières en 2022, là aussi un record.

Sur notre sol, le nombre de personnes en situation irrégulière ne cesse de grandir également. Le nombre de bénéficiaires de l’AME – un critère d’appréciation parmi d’autres, qui, naturellement, ne suffit pas – s’élève ainsi à 400 000 en 2022, soit 100 000 de plus qu’il y a dix ans. Et je pourrais continuer longtemps d’égrener des chiffres…

Cette incapacité à maîtriser nos frontières est d’autant plus inquiétante qu’elle s’accompagne d’une difficulté à exécuter les reconduites dans les pays d’origine. En effet, nous le savons, sur les 120 000 OQTF prononcées annuellement au cours des dernières années, seules 10 000 sont exécutées, même si cet indicateur est imparfait, parce qu’il faut tenir compte de la difficulté à obtenir des laissez-passer consulaires.

Même notre politique d’immigration régulière est insatisfaisante. Nous n’avons jamais délivré autant de titres de séjour – 316 000 premiers titres en 2022 –, mais nous intégrons de moins en moins bien – j’y insiste.

Je le rappelle, la plupart des étrangers arrivés sur le territoire parlent ou écrivent mal le français à l’issue de leur première année de séjour et je ne parle même pas des « crises des rendez-vous » dans les préfectures. Tout cela démontre nos difficultés.

La situation de notre politique de l’asile n’est pas différente : l’Ofpra comme la CNDA sont au bord de l’embolie ! Nous enregistrerons pratiquement 140 000 demandes en 2023 et les prévisions du Gouvernement pour l’année 2024 font état de 160 000 demandes. La détérioration des délais complexifiera encore les choses…

C’est dans ce contexte que nous est soumis ce texte.

La question de départ est : de quelle politique migratoire la France veut-elle se doter ? Ensuite, une fois cette politique définie, les mesures devront être claires et compréhensibles pour tout le monde. Cette clarté doit reposer sur trois grands principes.

Premier principe : l’immigration régulière doit être une immigration choisie, c’est-à-dire moins importante et correspondant à une immigration économique qualifiée. J’ai entendu dire précédemment que l’immigration était potentiellement une chance ; sans doute, mais à quelles conditions ? Il suffit pour le savoir de relire le rapport de l’OCDE de 2021.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, nous voici face à un énième texte sur l'immigration. Quelle importance lui accorder ?

Notre premier texte en la matière, qui portait sur la nationalité, les étrangers et l'immigration, date de 1889. Depuis lors, tous les gouvernements, de gauche, de droite, du centre ou d'ailleurs, ont rédigé des textes – avant la guerre de 1914, pendant le Front populaire, dans les années 1950 puis encore aujourd'hui –, tous, et avec les mêmes fondements : l'immigration est une politique régalienne et elle doit être déterminée par le gouvernement et par l'État, en fonction de sa capacité à intégrer, à maintenir l'unité de la Nation, à laisser la société dans l'état dans lequel elle est.

Ainsi, c'est vrai, voici encore un nouveau texte après celui de 2018, mais la situation a bien changé au cours des quinze ou vingt dernières années !

J'ai la chance et l'honneur de représenter le Sénat au sein de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, et, à plusieurs reprises, je me suis exprimé, au sein tant de la commission des finances que de cet hémicycle, en faveur d'une intégration réussie. Je le dis de manière très calme, mais très sûre : nous n'y parvenons plus ! Un pays qui a plus de 3 000 milliards d'euros de dette, qui a les déficits budgétaires que nous connaissons, qui a les fractures sociales et sociétales qui sont les nôtres éprouve les plus grandes difficultés, matériellement, financièrement, mais également en matière de transmission, pour intégrer.

Les pays qui peuvent intégrer massivement – je pense par exemple à l'Allemagne, dont la chancelière Angela Merkel avait accepté un nombre important de migrants en une seule année – sont dans une situation forte financièrement, économiquement, humainement, ce qui était le cas de l'Allemagne à l'époque. Si Olaf Scholz change aujourd'hui de politique, c'est parce que ce pays n'est plus dans cette situation.

De même, si la France doit aujourd'hui remettre en cause ses mouvements migratoires, c'est parce que notre pays n'est plus dans la situation qui était la sienne voilà trente ou quarante ans.

Bien sûr, la France a très bien intégré, et c'est son honneur, les Italiens et les Polonais arrivés avant la guerre de 1914, les Italiens et les Espagnols venus pendant l'entre-deux-guerres et, après la Seconde Guerre mondiale, les Portugais et les Algériens. Et l'intégration s'est bien passée, il faut le dire très clairement : jusque dans les années 1960 et 1970, elle a été une force de la France.

Néanmoins, elle ne l'est plus aujourd'hui, parce que la société française a changé, parce que, malheureusement – c'est la vie –, l'économie française n'est plus ce qu'elle était, parce que nous n'avons plus la capacité d'intégrer de grands nombres. Je ne sais plus qui en a parlé, oui, l'intégration est facile quand on a un petit nombre, parce que les structures de l'État et des collectivités locales, ce que je reconnais, prennent les choses en main et réussissent cette intégration, mais, lorsque le nombre est trop important, cela ne fonctionne plus.

Je suis de ceux qui, ici, dans cet hémicycle, ont demandé que, à l'issue des cours de français, on fasse passer un examen. En tant que membre de l'Ofii, je suis allé régulièrement dans les salles de cours, j'ai constaté que beaucoup de personnes y venaient, mais que, malheureusement, les hommes imposaient parfois aux femmes de se voiler et leur interdisaient de prendre la parole ; puis, à la fin du cours, on attestait que tous avaient bien été présents quatre-vingts ou cent vingt heures, sans s'assurer qu'ils sachent le moindre mot de français. Ce n'est pas acceptable ! Nous sommes en République, nous défendons la République, la République est là pour tous ! Mais elle est là aussi pour que la société française ne soit pas plus fracturée, car elle l'est déjà suffisamment.

Nous avons tous ici une responsabilité première, en tant qu'élus : faire en sorte que la France reste la nation unique qu'elle a toujours été par rapport à ses opposants, par rapport à la compétition internationale. Si nous ne sommes pas capables d'assurer cela, comment voulez-vous que nous soyons capables d'en intégrer d'autres, de faire en sorte que leur soient transmises les valeurs françaises, républicaines et nationales ? Nous ne sommes même pas capables de faire en sorte qu'elles soient totalement assimilées par la société française…

Nous avons donc tous une introspection à faire, à gauche, à droite, au centre, car tout le monde est responsable de la situation actuelle. Nous n'avons pas vu la société française se fracturer de plus en plus, nous n'avons pas pris conscience de notre quasi-incapacité à intégrer. D'où les territoires perdus, les quartiers difficiles ; en réalité, l'inversion de nos politiques ne s'est pas faite lorsque c'était nécessaire et nous avons cru, peut-être – sûrement ! – avec trop d'angélisme, que nous y parviendrions, puisque nos ancêtres y étaient parvenus des années 1900 aux années 1950.

Or nous ne sommes plus ni dans la France, ni dans l'Europe, ni dans le monde des années 1950. Nous ne parvenons plus à intégrer et nous avons absolument besoin d'une immigration choisie, nous devons maîtriser les flux, faire en sorte qu'il y ait beaucoup moins d'entrées sur le territoire national, afin de pouvoir intégrer ceux qui veulent réellement devenir français, participer à l'économie et à la société françaises, être fiers d'être français au terme de leur intégration. Nous ne pouvons plus assumer d'avoir des apports tellement massifs qu'ils ne sont pas intégrés, pas assimilés. Nous fabriquons nous-mêmes les anti-France de l'avenir…

La responsabilité de la France et des élus est de définir les moyens dont nous disposons, de déterminer ceux que nous pouvons et ceux que nous ne pouvons pas accepter, et de ne pas aller au-delà, sans quoi nous ne faisons pas de la bonne politique migratoire ni de la bonne politique d'asile.

En effet, cela a été dit, les 140 000 demandes d'asile constituent un détournement manifeste de la procédure. Voilà dix ou quinze ans, il y en avait 35 000 ! On détourne donc clairement l'asile pour faire de l'immigration économique. Nous devons reprendre en main nos structures, parce que, si nous voulons que les immigrés soient fiers d'être français, il faut qu'ils soient parfaitement intégrés ; pour cela, ils doivent être moins nombreux. Ceux qui entrent sur le territoire de manière illégale doivent donc être reconduits à la frontière ; nous ne pouvons pas accepter que notre système explose en vol.

M. Roger Karoutchi approuve.

Debut de section - PermalienPhoto de François-Noël Buffet

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, je veux d’abord dresser un constat, avant d’expliquer la stratégie que nous souhaitons mettre en œuvre.

Après la crise du covid-19, notre pays a renoué avec des flux très importants d’immigration irrégulière. Selon les chiffres de l’agence Frontex, 232 350 personnes ont franchi irrégulièrement les frontières de l’Union européenne au cours des huit premiers mois de l’année 2023 ; c’est le niveau le plus élevé depuis 2016.

En outre, près de 90 000 personnes ont fait l’objet d’un refus d’entrée à nos frontières en 2022, là aussi un record.

Sur notre sol, le nombre de personnes en situation irrégulière ne cesse de grandir également. Le nombre de bénéficiaires de l’AME – un critère d’appréciation parmi d’autres, qui, naturellement, ne suffit pas – s’élève ainsi à 400 000 en 2022, soit 100 000 de plus qu’il y a dix ans. Et je pourrais continuer longtemps d’égrener des chiffres…

Cette incapacité à maîtriser nos frontières est d’autant plus inquiétante qu’elle s’accompagne d’une difficulté à exécuter les reconduites dans les pays d’origine. En effet, nous le savons, sur les 120 000 OQTF prononcées annuellement au cours des dernières années, seules 10 000 sont exécutées, même si cet indicateur est imparfait, parce qu’il faut tenir compte de la difficulté à obtenir des laissez-passer consulaires.

Même notre politique d’immigration régulière est insatisfaisante. Nous n’avons jamais délivré autant de titres de séjour – 316 000 premiers titres en 2022 –, mais nous intégrons de moins en moins bien – j’y insiste.

Je le rappelle, la plupart des étrangers arrivés sur le territoire parlent ou écrivent mal le français à l’issue de leur première année de séjour et je ne parle même pas des « crises des rendez-vous » dans les préfectures. Tout cela démontre nos difficultés.

La situation de notre politique de l’asile n’est pas différente : l’Ofpra comme la CNDA sont au bord de l’embolie ! Nous enregistrerons pratiquement 140 000 demandes en 2023 et les prévisions du Gouvernement pour l’année 2024 font état de 160 000 demandes. La détérioration des délais complexifiera encore les choses…

C’est dans ce contexte que nous est soumis ce texte.

La question de départ est : de quelle politique migratoire la France veut-elle se doter ? Ensuite, une fois cette politique définie, les mesures devront être claires et compréhensibles pour tout le monde. Cette clarté doit reposer sur trois grands principes.

Premier principe : l’immigration régulière doit être une immigration choisie, c’est-à-dire moins importante et correspondant à une immigration économique qualifiée. J’ai entendu dire précédemment que l’immigration était potentiellement une chance ; sans doute, mais à quelles conditions ? Il suffit pour le savoir de relire le rapport de l’OCDE de 2021.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - Mme Solanges Nadille et M. Jean-François Longeot applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de François-Noël Buffet

Par conséquent, celui qui mériterait d'être protégé par l'octroi du statut de réfugié attend des années et des années, tandis que les autres attendent tranquillement la décision, en se disant que plus elle sera tardive, mieux ce sera et qu'ils en tireront un profit ; nous sommes donc victimes deux fois… Ceux qui méritent la protection rapide de la France, que celle-ci a raison d'octroyer – cela concerne environ, si je ne m'abuse, 35 000 personnes par an –, devraient pouvoir l'obtenir vite et ceux qui ne la méritent pas devraient le savoir rapidement afin que l'on puisse les reconduire dans leur pays d'origine.

C'est en se reposant sur ces trois principes que l'on pourra avancer sérieusement et doter notre pays d'une véritable politique migratoire.

Faut-il en conclure que nous sommes durs ? Bien sûr, nous sommes fermes et nous voulons l'être, car le message que nous enverrons sera tout aussi important que les dispositions du texte. Néanmoins, nous devons aussi être responsables, en nous dotant des moyens suffisants pour intégrer ceux que l'on accepte sur notre territoire. La commission des lois a fixé à cet égard un certain nombre de règles, que les rapporteurs ont rappelées.

Récapitulons dans le peu de temps de parole qu'il me reste : pour le groupe Les Républicains, et pour la majorité sénatoriale, me semble-t-il, ce texte vise à établir de la clarté, dans un objectif d'efficacité pour ceux que l'on accueille, qui doivent bénéficier d'une prise en charge de qualité, et de fermeté pour ceux que l'on ne veut pas voir sur notre territoire, qui doivent repartir dans le cadre de procédures respectueuses, mais très rapides.

Tel est l'objet du travail de la commission des lois, que nos débats permettront d'aborder au cours des jours qui viennent.

Debut de section - PermalienPhoto de François-Noël Buffet

Second principe : l’intransigeance dans la lutte contre l’immigration irrégulière. On ne peut pas continuer ainsi ! Les différentes procédures permettant de contourner les mesures d’éloignement des étrangers sont très complexes et nombreuses : il existe treize ou quatorze moyens pour appuyer une saisine d’un tribunal administratif. Le rapport d’information que nous avons publié voilà un peu plus d’un an sur le sujet montrait bien que les juridictions administratives étaient en situation de saturation totale. Il serait inacceptable de le nier ! Il faut donc simplifier. Tel est l’objectif de ce texte, qui s’appuie en partie sur notre rapport d’information.

Cela rejoint d’ailleurs la nécessité de répondre rapidement aux demandes et aux situations des uns et des autres, ainsi que notre capacité à établir, disons-le clairement, un rapport de force avec les pays d’origine, parce qu’il faudra bien obtenir les laissez-passer consulaires requis. Or cela ne pourra se faire, je crois que tout le monde le sait, que si notre stratégie est parfaitement claire et parfaitement comprise et si l’on se donne les moyens d’établir ce rapport de force, fût-ce difficile, sans quoi nous n’aurons aucun choix possible.

Le troisième principe, enfin, concerne la procédure d’asile. Depuis plusieurs années, cette procédure est détournée de son objectif. Dans leur très grande majorité, les demandeurs n’ont en effet d’autre but que de rester sur le territoire national le plus longtemps possible et de bénéficier éventuellement d’autres moyens de protection.

M. Roger Karoutchi approuve.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. le rapporteur applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de François-Noël Buffet

Second principe : l’intransigeance dans la lutte contre l’immigration irrégulière. On ne peut pas continuer ainsi ! Les différentes procédures permettant de contourner les mesures d’éloignement des étrangers sont très complexes et nombreuses : il existe treize ou quatorze moyens pour appuyer une saisine d’un tribunal administratif. Le rapport d’information que nous avons publié voilà un peu plus d’un an sur le sujet montrait bien que les juridictions administratives étaient en situation de saturation totale. Il serait inacceptable de le nier ! Il faut donc simplifier. Tel est l’objectif de ce texte, qui s’appuie en partie sur notre rapport d’information.

Cela rejoint d’ailleurs la nécessité de répondre rapidement aux demandes et aux situations des uns et des autres, ainsi que notre capacité à établir, disons-le clairement, un rapport de force avec les pays d’origine, parce qu’il faudra bien obtenir les laissez-passer consulaires requis. Or cela ne pourra se faire, je crois que tout le monde le sait, que si notre stratégie est parfaitement claire et parfaitement comprise et si l’on se donne les moyens d’établir ce rapport de force, fût-ce difficile, sans quoi nous n’aurons aucun choix possible.

Le troisième principe, enfin, concerne la procédure d’asile. Depuis plusieurs années, cette procédure est détournée de son objectif. Dans leur très grande majorité, les demandeurs n’ont en effet d’autre but que de rester sur le territoire national le plus longtemps possible et de bénéficier éventuellement d’autres moyens de protection.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin, ministre

Je tiens tout d'abord à remercier les orateurs qui se sont exprimés, en commençant par ceux qui apportent d'ores et déjà un soutien au texte du Gouvernement : le groupe RDPI, le groupe centriste et le groupe des indépendants. J'ai compris qu'il y avait également des « On va voir », celui du groupe du RDSE et celui du groupe Les Républicains. Enfin, j'ai également compris qu'il y avait des gens qui souhaitaient s'opposer au Gouvernement par nature, même s'ils ne refusent pas la discussion…

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Roger Karoutchi.

Debut de section - PermalienPhoto de François-Noël Buffet

Par conséquent, celui qui mériterait d’être protégé par l’octroi du statut de réfugié attend des années et des années, tandis que les autres attendent tranquillement la décision, en se disant que plus elle sera tardive, mieux ce sera et qu’ils en tireront un profit ; nous sommes donc victimes deux fois… Ceux qui méritent la protection rapide de la France, que celle-ci a raison d’octroyer – cela concerne environ, si je ne m’abuse, 35 000 personnes par an –, devraient pouvoir l’obtenir vite et ceux qui ne la méritent pas devraient le savoir rapidement afin que l’on puisse les reconduire dans leur pays d’origine.

C’est en se reposant sur ces trois principes que l’on pourra avancer sérieusement et doter notre pays d’une véritable politique migratoire.

Faut-il en conclure que nous sommes durs ? Bien sûr, nous sommes fermes et nous voulons l’être, car le message que nous enverrons sera tout aussi important que les dispositions du texte. Néanmoins, nous devons aussi être responsables, en nous dotant des moyens suffisants pour intégrer ceux que l’on accepte sur notre territoire. La commission des lois a fixé à cet égard un certain nombre de règles, que les rapporteurs ont rappelées.

Récapitulons dans le peu de temps de parole qu’il me reste : pour le groupe Les Républicains, et pour la majorité sénatoriale, me semble-t-il, ce texte vise à établir de la clarté, dans un objectif d’efficacité pour ceux que l’on accueille, qui doivent bénéficier d’une prise en charge de qualité, et de fermeté pour ceux que l’on ne veut pas voir sur notre territoire, qui doivent repartir dans le cadre de procédures respectueuses, mais très rapides.

Tel est l’objet du travail de la commission des lois, que nos débats permettront d’aborder au cours des jours qui viennent.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Pas « par nature », non. Vous aurez besoin de nous !

Applaudissements sur les travé es du groupe Les Républicains.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. le rapporteur applaudit également.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. le rapporteur applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de François-Noël Buffet

Par conséquent, celui qui mériterait d’être protégé par l’octroi du statut de réfugié attend des années et des années, tandis que les autres attendent tranquillement la décision, en se disant que plus elle sera tardive, mieux ce sera et qu’ils en tireront un profit ; nous sommes donc victimes deux fois… Ceux qui méritent la protection rapide de la France, que celle-ci a raison d’octroyer – cela concerne environ, si je ne m’abuse, 35 000 personnes par an –, devraient pouvoir l’obtenir vite et ceux qui ne la méritent pas devraient le savoir rapidement afin que l’on puisse les reconduire dans leur pays d’origine.

C’est en se reposant sur ces trois principes que l’on pourra avancer sérieusement et doter notre pays d’une véritable politique migratoire.

Faut-il en conclure que nous sommes durs ? Bien sûr, nous sommes fermes et nous voulons l’être, car le message que nous enverrons sera tout aussi important que les dispositions du texte. Néanmoins, nous devons aussi être responsables, en nous dotant des moyens suffisants pour intégrer ceux que l’on accepte sur notre territoire. La commission des lois a fixé à cet égard un certain nombre de règles, que les rapporteurs ont rappelées.

Récapitulons dans le peu de temps de parole qu’il me reste : pour le groupe Les Républicains, et pour la majorité sénatoriale, me semble-t-il, ce texte vise à établir de la clarté, dans un objectif d’efficacité pour ceux que l’on accueille, qui doivent bénéficier d’une prise en charge de qualité, et de fermeté pour ceux que l’on ne veut pas voir sur notre territoire, qui doivent repartir dans le cadre de procédures respectueuses, mais très rapides.

Tel est l’objet du travail de la commission des lois, que nos débats permettront d’aborder au cours des jours qui viennent.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… – alors par définition ou en introduction –, et qui, sans faire le débat d'avance sont ouverts à un certain nombre de propositions ; c'est le cas des groupes communiste, socialiste et écologiste.

Je ne répondrai pas à tous les orateurs, je me concentrerai sur quelques-uns, soit parce que leurs propos appellent un complément de la part du Gouvernement, soit pour répondre à des questions, soit pour préciser d'emblée certains termes, puisque nous allons passer quelques jours et peut-être quelques nuits à travailler sur ce texte important.

Monsieur Benarroche, il me semble que nous devons dès le début fonder notre discussion non sur des présupposés ou des postures, mais sur des réalités. Vous reprochez par exemple au Gouvernement de plaider pour l'intégration tout en diminuant les crédits destinés à financer l'ADA, l'aide sociale que nous versons aux demandeurs d'asile. Mais c'est au contraire tout à fait cohérent : si j'inscrivais dans le projet de budget une augmentation de ces crédits, cela signifierait que j'anticipe que le présent texte ne sera pas efficace !

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, nous voici face à un énième texte sur l'immigration. Quelle importance lui accorder ?

Notre premier texte en la matière, qui portait sur la nationalité, les étrangers et l'immigration, date de 1889. Depuis lors, tous les gouvernements, de gauche, de droite, du centre ou d'ailleurs, ont rédigé des textes – avant la guerre de 1914, pendant le Front populaire, dans les années 1950 puis encore aujourd'hui –, tous avec les mêmes fondements : l'immigration est une politique régalienne et elle doit être déterminée par le gouvernement et par l'État, en fonction de sa capacité à intégrer, à maintenir l'unité de la Nation, à laisser la société dans l'état dans lequel elle est.

Ainsi, c'est vrai, voici encore un nouveau texte après celui de 2018, mais la situation a bien changé au cours des quinze ou vingt dernières années !

J'ai la chance et l'honneur de représenter le Sénat au sein de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, et, à plusieurs reprises, je me suis exprimé, au sein tant de la commission des finances que de cet hémicycle, en faveur d'une intégration réussie. Je le dis de manière très calme, mais très sûre : nous n'y parvenons plus ! Un pays qui a plus de 3 000 milliards d'euros de dette, qui a les déficits budgétaires que nous connaissons, qui a les fractures sociales et sociétales qui sont les nôtres éprouve les plus grandes difficultés, matériellement, financièrement, mais également en matière de transmission, pour intégrer.

Les pays qui peuvent intégrer massivement – je pense par exemple à l'Allemagne, dont la chancelière Angela Merkel avait accepté un nombre important de migrants en une seule année – sont dans une situation forte financièrement, économiquement, humainement, ce qui était le cas de l'Allemagne à l'époque. Si Olaf Scholz change aujourd'hui de politique, c'est parce que ce pays n'est plus dans cette situation.

De même, si la France doit aujourd'hui remettre en cause ses mouvements migratoires, c'est parce que notre pays n'est plus dans la situation qui était la sienne voilà trente ou quarante ans.

Bien sûr, la France a très bien intégré, et c'est son honneur, les Italiens et les Polonais arrivés avant la guerre de 1914, les Italiens et les Espagnols venus pendant l'entre-deux-guerres et, après la Seconde Guerre mondiale, les Portugais et les Algériens. Et l'intégration s'est bien passée, il faut le dire très clairement : jusque dans les années 1960 et 1970, elle a été une force de la France.

Néanmoins, elle ne l'est plus aujourd'hui, parce que la société française a changé, parce que, malheureusement – c'est la vie –, l'économie française n'est plus ce qu'elle était, parce que nous n'avons plus la capacité d'intégrer de grands nombres. Je ne sais plus qui en a parlé, oui, l'intégration est facile quand on a un petit nombre, parce que les structures de l'État et des collectivités locales, ce que je reconnais, prennent les choses en main et réussissent cette intégration, mais, lorsque le nombre est trop important, cela ne fonctionne plus.

Je suis de ceux qui, ici, dans cet hémicycle, ont demandé que, à l'issue des cours de français, on fasse passer un examen. En tant que membre de l'Ofii, je suis allé régulièrement dans les salles de cours, j'ai constaté que beaucoup de personnes y venaient, mais que, malheureusement, les hommes imposaient parfois aux femmes de se voiler et leur interdisaient de prendre la parole ; puis, à la fin du cours, on attestait que tous avaient bien été présents quatre-vingts ou cent vingt heures, sans s'assurer qu'ils sachent le moindre mot de français. Ce n'est pas acceptable ! Nous sommes en République, nous défendons la République, la République est là pour tous ! Mais elle est là aussi pour que la société française ne soit pas plus fracturée, car elle l'est déjà suffisamment.

Nous avons tous ici une responsabilité première, en tant qu'élus : faire en sorte que la France reste la nation unique qu'elle a toujours été par rapport à ses opposants, par rapport à la compétition internationale. Si nous ne sommes pas capables d'assurer cela, comment voulez-vous que nous soyons capables d'en intégrer d'autres, de faire en sorte que leur soient transmises les valeurs françaises, républicaines et nationales ? Nous ne sommes même pas capables de faire en sorte qu'elles soient totalement assimilées par la société française…

Nous avons donc tous une introspection à faire, à gauche, à droite, au centre, car tout le monde est responsable de la situation actuelle. Nous n'avons pas vu la société française se fracturer de plus en plus, nous n'avons pas pris conscience de notre quasi-incapacité à intégrer. D'où les territoires perdus, les quartiers difficiles ; en réalité, l'inversion de nos politiques ne s'est pas faite lorsque c'était nécessaire et nous avons cru, peut-être – sûrement ! – avec trop d'angélisme, que nous y parviendrions, puisque nos ancêtres y étaient parvenus des années 1900 aux années 1950.

Or nous ne sommes plus ni dans la France, ni dans l'Europe, ni dans le monde des années 1950. Nous ne parvenons plus à intégrer et nous avons absolument besoin d'une immigration choisie, nous devons maîtriser les flux, faire en sorte qu'il y ait beaucoup moins d'entrées sur le territoire national, afin de pouvoir intégrer ceux qui veulent réellement devenir français, participer à l'économie et à la société françaises, être fiers d'être français au terme de leur intégration. Nous ne pouvons plus assumer d'avoir des apports tellement massifs qu'ils ne sont pas intégrés, pas assimilés. Nous fabriquons nous-mêmes les anti-France de l'avenir…

La responsabilité de la France et des élus est de définir les moyens dont nous disposons, de déterminer ceux que nous pouvons et ceux que nous ne pouvons pas accepter, et de ne pas aller au-delà, sans quoi nous ne faisons pas de la bonne politique migratoire ni de la bonne politique d'asile.

En effet, cela a été dit, les 140 000 demandes d'asile constituent un détournement manifeste de la procédure. Voilà dix ou quinze ans, il y en avait 35 000 ! On détourne donc clairement l'asile pour faire de l'immigration économique. Nous devons reprendre en main nos structures, parce que, si nous voulons que les immigrés soient fiers d'être français, il faut qu'ils soient parfaitement intégrés ; pour cela, ils doivent être moins nombreux. Ceux qui entrent sur le territoire de manière illégale doivent donc être reconduits à la frontière ; nous ne pouvons pas accepter que notre système explose en vol.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Roger Karoutchi.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. le rapporteur applaudit également.

M. Bruno Sido acquiesce.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - Mme Solanges Nadille et M. Jean-François Longeot applaudissent également.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

M. le président. La parole est à M. Roger Karoutchi.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

En effet, ce texte a pour objectif de simplifier les procédures afin de pouvoir dire très vite, comme l'a indiqué M. Buffet et comme j'ai essayé de vous le démontrer, oui ou non à un demandeur d'asile. Le versement de l'ADA est automatique, il s'imposera à tous les ministres de l'intérieur qui me succéderont. On ne peut pas discuter du montant de l'ADA inscrit dans le projet de budget avec les parlementaires : le Conseil d'État considère qu'il correspond au nombre de demandeurs d'asile qui se trouveront sur le territoire national, pendant la durée de la demande. Ainsi, si j'avais présenté au Parlement une augmentation du montant de l'ADA, on m'aurait dit, sans doute du côté droit de cet hémicycle : « Cher ami, vous êtes bien sympathique, mais vous prévoyez déjà que votre projet de loi – le vingtième ou le trentième sur la question – ne sera pas efficace ! » Je tâche donc d'être cohérent, monsieur Benarroche.

Cela ne signifie pas pour autant – mais ce n'est pas vraiment ce que vous disiez – que l'on n'a augmenté aucun des crédits consacrés à l'intégration dans le projet de budget que je vous ai présenté pour 2024, puisque tous les autres crédits d'intégration, y compris ceux qui sont relatifs à l'intégration par la langue, augmentent.

Donc, oui, le budget de l'ADA baisse, parce que nous réussirons, j'en suis certain, à aller plus vite dans les procédures de demande d'asile, grâce à ce projet de loi et grâce au travail essentiel des agents de l'Ofpra ; mais, non, les crédits d'intégration, notamment par la langue, ne baissent pas, ils augmentent.

Messieurs Karoutchi et Retailleau, M. Scholz prend en effet des mesures de restriction de l'immigration, mais un peu tard ! Je vous le rappelle, si nous comptons entre 130 000 et 140 000 demandes d'asile au moment où je vous parle – un chiffre stable ou en légère augmentation par rapport à l'année dernière –, l'Allemagne en compte 230 000 ! Quand je suis devenu ministre de l'intérieur, nous avions 120 000 demandes d'asile alors que l'Allemagne en avait 160 000 ; trois ans après, nous en sommes à 130 000 ou à 140 000 – nous verrons à la fin de l'année –, quand l'Allemagne en est à 225 000 ! Ils referment donc après avoir beaucoup ouvert.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, nous voici face à un énième texte sur l’immigration. Quelle importance lui accorder ?

Notre premier texte en la matière, qui portait sur la nationalité, les étrangers et l’immigration, date de 1889. Depuis lors, tous les gouvernements, de gauche, de droite, du centre ou d’ailleurs, ont rédigé des textes – avant la guerre de 1914, pendant le Front populaire, dans les années 1950 puis encore aujourd’hui –, tous avec les mêmes fondements : l’immigration est une politique régalienne et elle doit être déterminée par le gouvernement et par l’État, en fonction de sa capacité à intégrer, à maintenir l’unité de la Nation, à laisser la société dans l’état dans lequel elle est.

Ainsi, c’est vrai, voici encore un nouveau texte après celui de 2018, mais la situation a bien changé au cours des quinze ou vingt dernières années !

J’ai la chance et l’honneur de représenter le Sénat au sein de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, et, à plusieurs reprises, je me suis exprimé, au sein tant de la commission des finances que de cet hémicycle, en faveur d’une intégration réussie. Je le dis de manière très calme, mais très sûre : nous n’y parvenons plus ! Un pays qui a plus de 3 000 milliards d’euros de dette, qui a les déficits budgétaires que nous connaissons, qui a les fractures sociales et sociétales qui sont les nôtres éprouve les plus grandes difficultés, matériellement, financièrement, mais également en matière de transmission, pour intégrer.

Les pays qui peuvent intégrer massivement – je pense par exemple à l’Allemagne, dont la chancelière Angela Merkel avait accepté un nombre important de migrants en une seule année – sont dans une situation forte financièrement, économiquement, humainement, ce qui était le cas de l’Allemagne à l’époque. Si Olaf Scholz change aujourd’hui de politique, c’est parce que ce pays n’est plus dans cette situation.

De même, si la France doit aujourd’hui remettre en cause ses mouvements migratoires, c’est parce que notre pays n’est plus dans la situation qui était la sienne voilà trente ou quarante ans.

Bien sûr, la France a très bien intégré, et c’est son honneur, les Italiens et les Polonais arrivés avant la guerre de 1914, les Italiens et les Espagnols venus pendant l’entre-deux-guerres et, après la Seconde Guerre mondiale, les Portugais et les Algériens. Et l’intégration s’est bien passée, il faut le dire très clairement : jusque dans les années 1960 et 1970, elle a été une force de la France.

Néanmoins, elle ne l’est plus aujourd’hui, parce que la société française a changé, parce que, malheureusement – c’est la vie –, l’économie française n’est plus ce qu’elle était, parce que nous n’avons plus la capacité d’intégrer de grands nombres. Je ne sais plus qui en a parlé, oui, l’intégration est facile quand on a un petit nombre, parce que les structures de l’État et des collectivités locales, ce que je reconnais, prennent les choses en main et réussissent cette intégration, mais, lorsque le nombre est trop important, cela ne fonctionne plus.

Je suis de ceux qui, ici, dans cet hémicycle, ont demandé que, à l’issue des cours de français, on fasse passer un examen. En tant que membre de l’Ofii, je suis allé régulièrement dans les salles de cours, j’ai constaté que beaucoup de personnes y venaient, mais que, malheureusement, les hommes imposaient parfois aux femmes de se voiler et leur interdisaient de prendre la parole ; puis, à la fin du cours, on attestait que tous avaient bien été présents quatre-vingts ou cent vingt heures, sans s’assurer qu’ils sachent le moindre mot de français. Ce n’est pas acceptable ! Nous sommes en République, nous défendons la République, la République est là pour tous ! Mais elle est là aussi pour que la société française ne soit pas plus fracturée, car elle l’est déjà suffisamment.

Nous avons tous ici une responsabilité première, en tant qu’élus : faire en sorte que la France reste la nation unique qu’elle a toujours été par rapport à ses opposants, par rapport à la compétition internationale. Si nous ne sommes pas capables d’assurer cela, comment voulez-vous que nous soyons capables d’en intégrer d’autres, de faire en sorte que leur soient transmises les valeurs françaises, républicaines et nationales ? Nous ne sommes même pas capables de faire en sorte qu’elles soient totalement assimilées par la société française…

Nous avons donc tous une introspection à faire, à gauche, à droite, au centre, car tout le monde est responsable de la situation actuelle. Nous n’avons pas vu la société française se fracturer de plus en plus, nous n’avons pas pris conscience de notre quasi-incapacité à intégrer. D’où les territoires perdus, les quartiers difficiles ; en réalité, l’inversion de nos politiques ne s’est pas faite lorsque c’était nécessaire et nous avons cru, peut-être – sûrement ! – avec trop d’angélisme, que nous y parviendrions, puisque nos ancêtres y étaient parvenus des années 1900 aux années 1950.

Or nous ne sommes plus ni dans la France, ni dans l’Europe, ni dans le monde des années 1950. Nous ne parvenons plus à intégrer et nous avons absolument besoin d’une immigration choisie, nous devons maîtriser les flux, faire en sorte qu’il y ait beaucoup moins d’entrées sur le territoire national, afin de pouvoir intégrer ceux qui veulent réellement devenir français, participer à l’économie et à la société françaises, être fiers d’être français au terme de leur intégration. Nous ne pouvons plus assumer d’avoir des apports tellement massifs qu’ils ne sont pas intégrés, pas assimilés. Nous fabriquons nous-mêmes les anti-France de l’avenir…

La responsabilité de la France et des élus est de définir les moyens dont nous disposons, de déterminer ceux que nous pouvons et ceux que nous ne pouvons pas accepter, et de ne pas aller au-delà, sans quoi nous ne faisons pas de la bonne politique migratoire ni de la bonne politique d’asile.

En effet, cela a été dit, les 140 000 demandes d’asile constituent un détournement manifeste de la procédure. Voilà dix ou quinze ans, il y en avait 35 000 ! On détourne donc clairement l’asile pour faire de l’immigration économique. Nous devons reprendre en main nos structures, parce que, si nous voulons que les immigrés soient fiers d’être français, il faut qu’ils soient parfaitement intégrés ; pour cela, ils doivent être moins nombreux. Ceux qui entrent sur le territoire de manière illégale doivent donc être reconduits à la frontière ; nous ne pouvons pas accepter que notre système explose en vol.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, nous voilà face à un énième texte sur l’immigration. Quelle importance lui accorder ?

Notre premier texte en la matière, qui portait sur la nationalité, les étrangers et l’immigration, date de 1889. Depuis lors, tous les gouvernements, de gauche, de droite, du centre ou d’ailleurs, ont rédigé des textes – avant la guerre de 1914, pendant le Front populaire, dans les années 1950 puis encore aujourd’hui –, tous avec les mêmes fondements : l’immigration est une politique régalienne et elle doit être déterminée par le gouvernement et par l’État, en fonction de sa capacité à intégrer, à maintenir l’unité de la Nation, à laisser la société dans l’état dans lequel elle est.

Ainsi, c’est vrai, voici encore un nouveau texte après celui de 2018, mais la situation a bien changé au cours des quinze ou vingt dernières années !

J’ai la chance et l’honneur de représenter le Sénat au sein de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, et, à plusieurs reprises, je me suis exprimé, au sein tant de la commission des finances que de cet hémicycle, en faveur d’une intégration réussie. Je le dis de manière très calme, mais très sûre : nous n’y parvenons plus ! Un pays qui a plus de 3 000 milliards d’euros de dette, qui a les déficits budgétaires que nous connaissons, qui a les fractures sociales et sociétales qui sont les nôtres éprouve les plus grandes difficultés, matériellement, financièrement, mais également en matière de transmission, pour intégrer.

Les pays qui peuvent intégrer massivement – je pense par exemple à l’Allemagne, dont la chancelière Angela Merkel avait accepté un nombre important de migrants en une seule année – sont dans une situation forte financièrement, économiquement, humainement, ce qui était le cas de l’Allemagne à l’époque. Si Olaf Scholz change aujourd’hui de politique, c’est parce que ce pays n’est plus dans cette situation.

De même, si la France doit aujourd’hui remettre en cause ses mouvements migratoires, c’est parce que notre pays n’est plus dans la situation qui était la sienne voilà trente ou quarante ans.

Bien sûr, la France a très bien intégré, et c’est son honneur, les Italiens et les Polonais arrivés avant la guerre de 1914, les Italiens et les Espagnols venus pendant l’entre-deux-guerres et, après la Seconde Guerre mondiale, les Portugais et les Algériens. Et l’intégration s’est bien passée, il faut le dire très clairement : jusque dans les années 1960 et 1970, elle a été une force de la France.

Néanmoins, elle ne l’est plus aujourd’hui, parce que la société française a changé, parce que, malheureusement – c’est la vie –, l’économie française n’est plus ce qu’elle était, parce que nous n’avons plus la capacité d’intégrer de grands nombres. Je ne sais plus qui en a parlé, oui, l’intégration est facile quand on a un petit nombre, parce que les structures de l’État et des collectivités locales, ce que je reconnais, prennent les choses en main et réussissent cette intégration, mais, lorsque le nombre est trop important, cela ne fonctionne plus.

Je suis de ceux qui, ici, dans cet hémicycle, ont demandé que, à l’issue des cours de français, on fasse passer un examen. En tant que membre de l’Ofii, je suis allé régulièrement dans les salles de cours, j’ai constaté que beaucoup de personnes y venaient, mais que, malheureusement, les hommes imposaient parfois aux femmes de se voiler et leur interdisaient de prendre la parole ; puis, à la fin du cours, on attestait que tous avaient bien été présents quatre-vingts ou cent vingt heures, sans s’assurer qu’ils sachent le moindre mot de français. Ce n’est pas acceptable ! Nous sommes en République, nous défendons la République, la République est là pour tous ! Mais elle est là aussi pour que la société française ne soit pas plus fracturée, car elle l’est déjà suffisamment.

Nous avons tous ici une responsabilité première, en tant qu’élus : faire en sorte que la France reste la nation unique qu’elle a toujours été par rapport à ses opposants, par rapport à la compétition internationale. Si nous ne sommes pas capables d’assurer cela, comment voulez-vous que nous soyons capables d’en intégrer d’autres, de faire en sorte que leur soient transmises les valeurs françaises, républicaines et nationales ? Nous ne sommes même pas capables de faire en sorte qu’elles soient totalement assimilées par la société française…

Nous avons donc tous une introspection à faire, à gauche, à droite, au centre, car tout le monde est responsable de la situation actuelle. Nous n’avons pas vu la société française se fracturer de plus en plus, nous n’avons pas pris conscience de notre quasi-incapacité à intégrer. D’où les territoires perdus, les quartiers difficiles ; en réalité, l’inversion de nos politiques ne s’est pas faite lorsque c’était nécessaire et nous avons cru, peut-être – sûrement ! – avec trop d’angélisme, que nous y parviendrions, puisque nos ancêtres y étaient parvenus des années 1900 aux années 1950.

Or nous ne sommes plus ni dans la France, ni dans l’Europe, ni dans le monde des années 1950. Nous ne parvenons plus à intégrer et nous avons absolument besoin d’une immigration choisie, nous devons maîtriser les flux, faire en sorte qu’il y ait beaucoup moins d’entrées sur le territoire national, afin de pouvoir intégrer ceux qui veulent réellement devenir Français, participer à l’économie et à la société françaises, être fiers d’être français au terme de leur intégration. Nous ne pouvons plus assumer d’avoir des apports tellement massifs qu’ils ne sont pas intégrés, pas assimilés. Nous fabriquons nous-mêmes les anti-France de l’avenir…

La responsabilité de la France et des élus est de définir les moyens dont nous disposons, de déterminer ceux que nous pouvons et ceux que nous ne pouvons pas accepter, et de ne pas aller au-delà, sans quoi nous ne faisons pas de la bonne politique migratoire ni de la bonne politique d’asile.

En effet, cela a été dit, les 140 000 demandes d’asile constituent un détournement manifeste de la procédure. Voilà dix ou quinze ans, il y en avait 35 000 ! On détourne donc clairement l’asile pour faire de l’immigration économique. Nous devons reprendre en main nos structures, parce que, si nous voulons que les immigrés soient fiers d’être Français, il faut qu’ils soient parfaitement intégrés ; pour cela, ils doivent être moins nombreux. Ceux qui entrent sur le territoire de manière illégale doivent donc être reconduits à la frontière ; nous ne pouvons pas accepter que notre système explose en vol.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin, ministre

Je tiens tout d'abord à remercier les orateurs qui se sont exprimés, en commençant par ceux qui apportent d'ores et déjà un soutien au texte du Gouvernement : le groupe RDPI, le groupe centriste et le groupe des indépendants. J'ai compris qu'il y avait également des « on va voir », celui du groupe du RDSE et celui du groupe Les Républicains. Enfin, j'ai également compris qu'il y avait des gens qui souhaitaient s'opposer au Gouvernement par nature, même s'ils ne refusent pas la discussion…

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - Mme Solanges Nadille et M. Jean-François Longeot applaudissent également.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - Mme Solanges Nadille et M. Jean-François Longeot applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, nous voilà face à un énième texte sur l’immigration. Quelle importance lui accorder ?

Notre premier texte en la matière, qui portait sur la nationalité, les étrangers et l’immigration, date de 1889. Depuis lors, tous les gouvernements, de gauche, de droite, du centre ou d’ailleurs, ont rédigé des textes – avant la guerre de 1914, pendant le Front populaire, dans les années 1950 puis encore aujourd’hui –, tous avec les mêmes fondements : l’immigration est une politique régalienne et elle doit être déterminée par le gouvernement et par l’État, en fonction de sa capacité à intégrer, à maintenir l’unité de la Nation, à laisser la société dans l’état dans lequel elle est.

Ainsi, c’est vrai, voici encore un nouveau texte après celui de 2018, mais la situation a bien changé au cours des quinze ou vingt dernières années !

J’ai la chance et l’honneur de représenter le Sénat au sein de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, et, à plusieurs reprises, je me suis exprimé, au sein tant de la commission des finances que de cet hémicycle, en faveur d’une intégration réussie. Je le dis de manière très calme, mais très sûre : nous n’y parvenons plus ! Un pays qui a plus de 3 000 milliards d’euros de dette, qui a les déficits budgétaires que nous connaissons, qui a les fractures sociales et sociétales qui sont les nôtres éprouve les plus grandes difficultés, matériellement, financièrement, mais également en matière de transmission, pour intégrer.

Les pays qui peuvent intégrer massivement – je pense par exemple à l’Allemagne, dont la chancelière Angela Merkel avait accepté un nombre important de migrants en une seule année – sont dans une situation forte financièrement, économiquement, humainement, ce qui était le cas de l’Allemagne à l’époque. Si Olaf Scholz change aujourd’hui de politique, c’est parce que ce pays n’est plus dans cette situation.

De même, si la France doit aujourd’hui remettre en cause ses mouvements migratoires, c’est parce que notre pays n’est plus dans la situation qui était la sienne voilà trente ou quarante ans.

Bien sûr, la France a très bien intégré, et c’est son honneur, les Italiens et les Polonais arrivés avant la guerre de 1914, les Italiens et les Espagnols venus pendant l’entre-deux-guerres et, après la Seconde Guerre mondiale, les Portugais et les Algériens. Et l’intégration s’est bien passée, il faut le dire très clairement : jusque dans les années 1960 et 1970, elle a été une force de la France.

Néanmoins, elle ne l’est plus aujourd’hui, parce que la société française a changé, parce que, malheureusement – c’est la vie –, l’économie française n’est plus ce qu’elle était, parce que nous n’avons plus la capacité d’intégrer de grands nombres. Je ne sais plus qui en a parlé, oui, l’intégration est facile quand on a un petit nombre, parce que les structures de l’État et des collectivités locales, ce que je reconnais, prennent les choses en main et réussissent cette intégration, mais, lorsque le nombre est trop important, cela ne fonctionne plus.

Je suis de ceux qui, ici, dans cet hémicycle, ont demandé que, à l’issue des cours de français, on fasse passer un examen. En tant que membre de l’Ofii, je suis allé régulièrement dans les salles de cours, j’ai constaté que beaucoup de personnes y venaient, mais que, malheureusement, les hommes imposaient parfois aux femmes de se voiler et leur interdisaient de prendre la parole ; puis, à la fin du cours, on attestait que tous avaient bien été présents quatre-vingts ou cent vingt heures, sans s’assurer qu’ils sachent le moindre mot de français. Ce n’est pas acceptable ! Nous sommes en République, nous défendons la République, la République est là pour tous ! Mais elle est là aussi pour que la société française ne soit pas plus fracturée, car elle l’est déjà suffisamment.

Nous avons tous ici une responsabilité première, en tant qu’élus : faire en sorte que la France reste la nation unique qu’elle a toujours été par rapport à ses opposants, par rapport à la compétition internationale. Si nous ne sommes pas capables d’assurer cela, comment voulez-vous que nous soyons capables d’en intégrer d’autres, de faire en sorte que leur soient transmises les valeurs françaises, républicaines et nationales ? Nous ne sommes même pas capables de faire en sorte qu’elles soient totalement assimilées par la société française…

Nous avons donc tous une introspection à faire, à gauche, à droite, au centre, car tout le monde est responsable de la situation actuelle. Nous n’avons pas vu la société française se fracturer de plus en plus, nous n’avons pas pris conscience de notre quasi-incapacité à intégrer. D’où les territoires perdus, les quartiers difficiles ; en réalité, l’inversion de nos politiques ne s’est pas faite lorsque c’était nécessaire et nous avons cru, peut-être – sûrement ! – avec trop d’angélisme, que nous y parviendrions, puisque nos ancêtres y étaient parvenus des années 1900 aux années 1950.

Or nous ne sommes plus ni dans la France, ni dans l’Europe, ni dans le monde des années 1950. Nous ne parvenons plus à intégrer et nous avons absolument besoin d’une immigration choisie, nous devons maîtriser les flux, faire en sorte qu’il y ait beaucoup moins d’entrées sur le territoire national, afin de pouvoir intégrer ceux qui veulent réellement devenir Français, participer à l’économie et à la société françaises, être fiers d’être français au terme de leur intégration. Nous ne pouvons plus assumer d’avoir des apports tellement massifs qu’ils ne sont pas intégrés, pas assimilés. Nous fabriquons nous-mêmes les anti-France de l’avenir…

La responsabilité de la France et des élus est de définir les moyens dont nous disposons, de déterminer ceux que nous pouvons et ceux que nous ne pouvons pas accepter, et de ne pas aller au-delà, sans quoi nous ne faisons pas de la bonne politique migratoire ni de la bonne politique d’asile.

En effet, cela a été dit, les 140 000 demandes d’asile constituent un détournement manifeste de la procédure. Voilà dix ou quinze ans, il y en avait 35 000 ! On détourne donc clairement l’asile pour faire de l’immigration économique. Nous devons reprendre en main nos structures, parce que, si nous voulons que les immigrés soient fiers d’être Français, il faut qu’ils soient parfaitement intégrés ; pour cela, ils doivent être moins nombreux. Ceux qui entrent sur le territoire de manière illégale doivent donc être reconduits à la frontière ; nous ne pouvons pas accepter que notre système explose en vol.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Il faut le dire clairement, sans quoi on ne comprend pas la position de M. Scholz, qui, d'ailleurs, n'est manifestement pas la même que celle des socialistes français.

Monsieur Benarroche, M. Dossus et vous avez également évoqué la protection temporaire que nous offrons aux Ukrainiens. Vous me demandez – j'entends assez fréquemment cette question – pourquoi on ne fait pas comme nous avons fait avec les Ukrainiens. Je serais tenté de vous dire : chiche ! mais je ne suis pas sûr que ce soit ce que vous défendez réellement.

En effet, en quoi consiste la protection temporaire que tous les ministres de l'intérieur de l'Union européenne ont décidé ensemble d'accorder aux Ukrainiens ? À ne pas leur octroyer l'asile, justement, à leur accorder une protection limitée à une durée de trois ans ! La différence avec la situation d'un Afghan – première nationalité parmi les demandes d'asile en France – est fondamentale : à un ressortissant de cette nationalité, nous accordons l'asile ad vitam æternam, nous ne remettrons pas en cause son asile lorsque la vie démocratique reviendra dans son pays.

En l'espèce, nous pensons que nous allons gagner la guerre contre la Russie en aidant les Ukrainiens, donc, pendant un certain temps, l'ensemble des Européens accueillent les réfugiés sur le territoire européen, mais, en contrepartie, même s'ils peuvent travailler dès le premier jour, ils ne bénéficient pas de l'asile. Certaines associations se sont d'ailleurs élevées à l'époque en nous demandant pourquoi nous n'accordions pas l'asile aux Ukrainiens. C'est parce que nous pensons qu'ils pourront retourner très rapidement dans leur pays.

Ainsi, si la solution du groupe écologiste consiste à mettre fin à la politique d'asile telle qu'elle existe depuis la Révolution française et les conventions de Genève pour la remplacer par la protection temporaire qu'on offre aux Ukrainiens, …

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Pas « par nature », non. Vous aurez besoin de nous !

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - Mme Solanges Nadille et M. Jean-François Longeot applaudissent également.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… – alors par définition ou en introduction –, et qui, sans faire le débat d'avance, sont ouverts à un certain nombre de propositions ; c'est le cas des groupes communiste, socialiste et écologiste.

Je ne répondrai pas à tous les orateurs, je me concentrerai sur quelques-uns, soit parce que leurs propos appellent un complément de la part du Gouvernement, soit pour répondre à des questions, soit pour préciser d'emblée certains termes, puisque nous allons passer quelques jours et peut-être quelques nuits à travailler sur ce texte important.

Monsieur Benarroche, il me semble que nous devons dès le début fonder notre discussion non sur des présupposés ou des postures, mais sur des réalités. Vous reprochez par exemple au Gouvernement de plaider pour l'intégration tout en diminuant les crédits destinés à financer l'ADA, l'aide sociale que nous versons aux demandeurs d'asile. Mais c'est au contraire tout à fait cohérent : si j'inscrivais dans le projet de budget une augmentation de ces crédits, cela signifierait que j'anticipe que le présent texte ne sera pas efficace !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je tiens tout d’abord à remercier les orateurs qui se sont exprimés, en commençant par ceux qui apportent d’ores et déjà un soutien au texte du Gouvernement : le groupe RDPI, le groupe centriste et le groupe des indépendants. J’ai compris qu’il y avait également des « on va voir », celui du groupe du RDSE et celui du groupe Les Républicains. Enfin, j’ai également compris qu’il y avait des gens qui souhaitaient s’opposer au Gouvernement par nature, même s’ils ne refusent pas la discussion…

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… ce n'est pas le ministre de l'intérieur qui s'y opposera, sauf pour vous reprocher d'être beaucoup trop durs avec les demandeurs d'asile…

Monsieur Brossat, sans être d'accord sur le fond de votre intervention en général, j'ai été sensible à certains de vos arguments.

Je peux comprendre la distinction que vous faites entre pays d'accueil et pays d'arrivée pour déterminer ce qui motive le départ de ces personnes. Je pense qu'il y a des raisons extrêmement diverses à ces mouvements. Sans doute, il y a des pays, de grands pays d'Afrique notamment, qui offrent une couverture sociale extrêmement forte à leurs citoyens : logement gratuit, gaz quasi gratuit, essence quasi gratuite, produits de première nécessité quasi gratuits ou encore indemnisation du chômage. Il est donc vrai que leurs ressortissants ne trouvent pas en France la même protection ou en tout cas y trouvent pas une protection très différente de celle de leur pays.

Le départ de cette jeunesse, mais également, parfois, de catégories sociales ou professionnelles plus élevées, peut alors effectivement s'expliquer par la recherche d'un mode de vie : ils ne viennent pas forcément chercher seulement de la protection sociale – cela peut néanmoins être le cas –, ils cherchent parfois un mode de vie ou une protection de leur orientation sexuelle ou de leur vie religieuse, ou une protection politique. Il y a diverses motivations. Serait par conséquent fausse l'affirmation selon laquelle les personnes qui viennent en France ou en Europe cherchent uniquement à bénéficier de notre modèle social, qui est effectivement généreux. D'ailleurs, vous avez pris à dessein et à juste titre l'exemple du RSA, parce que, en effet, les personnes en situation irrégulière ne touchent pas cette prestation ; on l'entend beaucoup dire, mais ce n'est pas vrai.

Cela étant, il existe tout de même une forme d'attractivité que vous ne pouvez pas nier, monsieur Brossat ; l'honnêteté intellectuelle oblige à la reconnaître. Si 40 % des demandeurs d'asile qui s'adressent à la France viennent d'autres pays européens, c'est tout de même qu'il y a une forme d'attractivité en comparaison avec leur pays d'arrivée. Sinon, après avoir quitté leur pays en guerre ou dans lequel ils subissaient des persécutions religieuses ou politiques, une fois arrivés en Italie, en Suisse, qui est dans l'espace Schengen, en Belgique ou en Espagne, ils n'auraient pas envie d'aller dans un autre pays de l'espace européen ; là où ils sont, ils ont déjà trouvé un système démocratique, un accompagnement politique et, puisque nous avons à peu près tous signé les mêmes traités qui garantissent les droits de l'homme, l'intégrité de leur existence personnelle.

M. Bruno Sido acquiesce.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Pas « par nature », non. Vous aurez besoin de nous !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je tiens tout d’abord à remercier les orateurs qui se sont exprimés, en commençant par ceux qui apportent d’ores et déjà un soutien au texte du Gouvernement : le groupe RDPI, le groupe centriste et le groupe des indépendants. J’ai compris qu’il y avait également des « on va voir », celui du groupe du RDSE et celui du groupe Les Républicains. Enfin, j’ai également compris qu’il y avait des gens qui souhaitaient s’opposer au Gouvernement par nature, même s’ils ne refusent pas la discussion…

M. Yannick Jadot proteste.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

En effet, ce texte a pour objectif de simplifier les procédures afin de pouvoir dire très vite, comme l'a indiqué M. Buffet et comme j'ai essayé de vous le démontrer, oui ou non à un demandeur d'asile. Le versement de l'ADA est automatique, il s'imposera à tous les ministres de l'intérieur qui me succéderont. On ne peut pas discuter du montant de l'ADA inscrit dans le projet de budget avec les parlementaires : le Conseil d'État considère qu'il correspond au nombre de demandeurs d'asile qui se trouveront sur le territoire national, pendant la durée de la demande. Ainsi, si j'avais présenté au Parlement une augmentation du montant de l'ADA, on m'aurait dit, sans doute du côté droit de cet hémicycle : « Cher ami, vous êtes bien sympathique, mais vous prévoyez déjà que votre projet de loi – le vingtième ou le trentième sur la question – ne sera pas efficace ! » Je tâche donc d'être cohérent, monsieur Benarroche.

Cela ne signifie pas pour autant – mais ce n'est pas vraiment ce que vous disiez – que l'on n'a augmenté aucun des crédits consacrés à l'intégration dans le projet de budget que je vous ai présenté pour 2024, puisque tous les autres crédits d'intégration, y compris ceux qui sont relatifs à l'intégration par la langue, augmentent.

Donc, oui, le budget de l'ADA baisse, parce que nous réussirons, j'en suis certain, à aller plus vite dans les procédures de demande d'asile, grâce à ce projet de loi et grâce au travail essentiel des agents de l'Ofpra ; mais, non, les crédits d'intégration, notamment par la langue, ne baissent pas, ils augmentent.

Messieurs Karoutchi et Retailleau, M. Scholz prend en effet des mesures de restriction de l'immigration, mais un peu tard ! Je vous le rappelle, si nous comptons entre 130 000 et 140 000 demandes d'asile au moment où je vous parle – un chiffre stable ou en légère augmentation par rapport à l'année dernière –, l'Allemagne en compte 230 000 ! Quand je suis devenu ministre de l'intérieur, nous avions 120 000 demandes d'asile alors que l'Allemagne en avait 160 000 ; trois ans après, nous en sommes à 130 000 ou à 140 000 – nous verrons à la fin de l'année –, quand l'Allemagne en est à 225 000 ! Ils referment donc après avoir beaucoup ouvert.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… – alors par définition ou en introduction –, et qui, sans faire le débat d’avance, sont ouverts à un certain nombre de propositions ; c’est le cas des groupes communiste, socialiste et écologiste.

Je ne répondrai pas à tous les orateurs, je me concentrerai sur quelques-uns, soit parce que leurs propos appellent un complément de la part du Gouvernement, soit pour répondre à des questions, soit pour préciser d’emblée certains termes, puisque nous allons passer quelques jours et peut-être quelques nuits à travailler sur ce texte important.

Monsieur Benarroche, il me semble que nous devons dès le début fonder notre discussion non sur des présupposés ou des postures, mais sur des réalités. Vous reprochez par exemple au Gouvernement de plaider pour l’intégration tout en diminuant les crédits destinés à financer l’ADA, l’aide sociale que nous versons aux demandeurs d’asile. Mais c’est au contraire tout à fait cohérent : si j’inscrivais dans le projet de budget une augmentation de ces crédits, cela signifierait que j’anticipe que le présent texte ne sera pas efficace !

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Pas « par nature », non. Vous aurez besoin de nous !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ainsi, si 40 % des demandeurs d'asile enregistrés à l'Ofpra ont déposé leur demande d'asile dans un autre pays que leur pays d'arrivée, c'est bien le signe que quelque chose ne va pas. Soit les demandeurs d'asile multiplient les demandes partout en Europe, et vous savez que ce n'est pas possible eu égard à leurs conditions de vie, soit ils trouvent en France un intérêt linguistique – ils rejoignent une communauté qu'ils connaissent, par exemple –, ce qui est possible, soit ils rejoignent une famille, ce qui explique qu'une partie d'entre eux vont en Grande-Bretagne, où se trouvent plus d'un million d'irréguliers, pour rejoindre leur père, leur mère, leur fiancé ou leurs enfants, soit ils trouvent en France des moyens de travailler non officiellement – le texte vise justement à lutter contre cet écosystème irrégulier –, soit, enfin, ils y voient une attractivité sociale. Et cela n'est pas péjoratif dans ma bouche, je ferais exactement la même chose à leur place. Simplement, nous devons avoir à cet égard la même position que l'ensemble des pays européens. Ensuite, le jour où nous aurons une politique sociale analogue, il n'y aura plus de comparaison possible entre pays.

Ainsi, si ce que vous dites est juste dans certains cas, permettez-moi de dire également qu'il y a quand même une partie de ces personnes qui viennent en France pour y trouver des avantages que l'on ne trouve pas dans d'autres pays. Encore une fois, ce n'est nullement un jugement moral, c'est un constat ; ensuite, qu'on l'assume ou non, cela relève de la décision politique.

En revanche – il faut le dire clairement, tâchons d'être honnêtes –, si je ne suis pas tout à fait certain que les gens viennent en France pour notre modèle social, je suis au contraire à peu près sûr que c'est pour celui-ci qu'ils y restent, ce qui est assez différent. Je ne suis pas sûr que l'on vise spécifiquement la France après un voyage long et difficile, même si – je n'en disconviens pas et il faut effectivement y remédier – il peut exister des filières de passeurs qui promeuvent le modèle français, mais il est certain – c'est en tout cas ce que je constate depuis que j'ai pris mes fonctions comme ministre de l'intérieur il y a trois ans et demi – que les gens restent parce que notre système n'incite pas suffisamment les personnes à repartir.

Une personne faisant l'objet d'une OQTF confirmée par la justice, qui a donc passé un certain temps sur le territoire national, peut toujours travailler, peut créer sa boîte d'autoentrepreneur sans qu'on lui demande ses papiers d'identité, pour livrer des repas ou conduire des personnes dans des voitures. En effet, en l'état du droit, on peut créer son autoentreprise sans avoir à fournir ses papiers d'identité. Une vraie machine à créer de l'irrégularité ! C'est pourtant conforme à la loi française ; d'où la nécessité de ce projet de loi.

Bref, on peut venir irrégulièrement sur le territoire national et, même quand ses demandes de titre de séjour et d'asile ont été refusées, on peut tout de même créer son entreprise – on paie d'ailleurs des impôts et des charges sociales, sans bénéficier de la protection sociale –, on peut accéder à un logement, notamment à un logement social, et on peut accéder à la santé, notamment dans le cadre de l'AME. On bénéficie même, via ce dispositif, d'une couverture à 100 % au bout de neuf mois, pour des raisons que nous pourrons d'ailleurs évoquer lors du débat ; l'AME n'est pas totémique pour moi, ni dans le sens de son maintien ni dans celui de sa suppression, il faut simplement étudier les choses calmement, sereinement, et en discuter. Il faut évidemment soigner toutes les personnes qui se présentent devant le système français, mais c'est un fait que l'on est plus couvert après neuf mois d'irrégularité qu'avant. Enfin, on peut tout à fait vivre, on l'a évoqué, en ne partageant en aucune manière les valeurs de la République et sans même parler français.

Tout cela n'incite pas les gens à quitter notre pays. En effet, les OQTF reposent pour l'essentiel sur des départs volontaires : je remets un arrêté de reconduite à la frontière à quelqu'un, qui doit l'exécuter lui-même. Le nombre d'OQTF avec départ forcé, prévoyant un accompagnement policier à l'aéroport, est très faible. Il faut que nous tirions les conclusions du fait d'avoir dit non, définitivement, à quelqu'un.

M. Bruno Sido acquiesce.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… – alors par définition ou en introduction –, et qui, sans faire le débat d’avance, sont ouverts à un certain nombre de propositions ; c’est le cas des groupes communiste, socialiste et écologiste.

Je ne répondrai pas à tous les orateurs, je me concentrerai sur quelques-uns, soit parce que leurs propos appellent un complément de la part du Gouvernement, soit pour répondre à des questions, soit pour préciser d’emblée certains termes, puisque nous allons passer quelques jours et peut-être quelques nuits à travailler sur ce texte important.

Monsieur Benarroche, il me semble que nous devons dès le début fonder notre discussion non sur des présupposés ou des postures, mais sur des réalités. Vous reprochez par exemple au Gouvernement de plaider pour l’intégration tout en diminuant les crédits destinés à financer l’ADA, l’aide sociale que nous versons aux demandeurs d’asile. Mais c’est au contraire tout à fait cohérent : si j’inscrivais dans le projet de budget une augmentation de ces crédits, cela signifierait que j’anticipe que le présent texte ne sera pas efficace !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Il faut le dire clairement, sans quoi on ne comprend pas la position de M. Scholz, qui, d'ailleurs, n'est manifestement pas la même que celle des socialistes français.

Monsieur Benarroche, M. Dossus et vous avez également évoqué la protection temporaire que nous offrons aux Ukrainiens. Vous me demandez – j'entends assez fréquemment cette question – pourquoi on ne fait pas comme nous avons fait avec les Ukrainiens. Je serais tenté de vous dire chiche ! mais je ne suis pas sûr que ce soit ce que vous défendez réellement.

En effet, en quoi consiste la protection temporaire que tous les ministres de l'intérieur de l'Union européenne ont décidé ensemble d'accorder aux Ukrainiens ? À ne pas leur octroyer l'asile, justement, à leur accorder une protection limitée à une durée de trois ans ! La différence avec la situation d'un Afghan – première nationalité parmi les demandes d'asile en France – est fondamentale : à un ressortissant de cette nationalité, nous accordons l'asile ad vitam æternam, nous ne remettrons pas en cause son asile lorsque la vie démocratique reviendra dans son pays.

En l'espèce, nous pensons que nous allons gagner la guerre contre la Russie en aidant les Ukrainiens, donc, pendant un certain temps, l'ensemble des Européens accueillent les réfugiés sur le territoire européen, mais, en contrepartie, même s'ils peuvent travailler dès le premier jour, ils ne bénéficient pas de l'asile. Certaines associations se sont d'ailleurs élevées à l'époque contre cela en nous demandant pourquoi nous n'accordions pas l'asile aux Ukrainiens. C'est parce que nous pensons qu'ils pourront retourner très rapidement dans leur pays.

Ainsi, si la solution du groupe écologiste consiste à mettre fin à la politique d'asile telle qu'elle existe depuis la Révolution française et les conventions de Genève pour la remplacer par la protection temporaire qu'on offre aux Ukrainiens, …

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

En effet, ce texte a pour objectif de simplifier les procédures afin de pouvoir dire très vite, comme l’a indiqué M. Buffet et comme j’ai essayé de vous le démontrer, oui ou non à un demandeur d’asile. Le versement de l’ADA est automatique, il s’imposera à tous les ministres de l’intérieur qui me succéderont. On ne peut pas discuter du montant de l’ADA inscrit dans le projet de budget avec les parlementaires : le Conseil d’État considère qu’il correspond au nombre de demandeurs d’asile qui se trouveront sur le territoire national, pendant la durée de la demande. Ainsi, si j’avais présenté au Parlement une augmentation du montant de l’ADA, on m’aurait dit, sans doute du côté droit de cet hémicycle : « Cher ami, vous êtes bien sympathique, mais vous prévoyez déjà que votre projet de loi – le vingtième ou le trentième sur la question – ne sera pas efficace ! » Je tâche donc d’être cohérent, monsieur Benarroche.

Cela ne signifie pas pour autant – mais ce n’est pas vraiment ce que vous disiez – que l’on n’a augmenté aucun des crédits consacrés à l’intégration dans le projet de budget que je vous ai présenté pour 2024, puisque tous les autres crédits d’intégration, y compris ceux qui sont relatifs à l’intégration par la langue, augmentent.

Donc, oui, le budget de l’ADA baisse, parce que nous réussirons, j’en suis certain, à aller plus vite dans les procédures de demande d’asile, grâce à ce projet de loi et grâce au travail essentiel des agents de l’Ofpra ; mais, non, les crédits d’intégration, notamment par la langue, ne baissent pas, ils augmentent.

Messieurs Karoutchi et Retailleau, M. Scholz prend en effet des mesures de restriction de l’immigration, mais un peu tard ! Je vous le rappelle, si nous comptons entre 130 000 et 140 000 demandes d’asile au moment où je vous parle – un chiffre stable ou en légère augmentation par rapport à l’année dernière –, l’Allemagne en compte 230 000 ! Quand je suis devenu ministre de l’intérieur, nous avions 120 000 demandes d’asile alors que l’Allemagne en avait 160 000 ; trois ans après, nous en sommes à 130 000 ou à 140 000 – nous verrons à la fin de l’année –, quand l’Allemagne en est à 225 000 ! Ils referment donc après avoir beaucoup ouvert.

M. Bruno Sido acquiesce.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

On ne peut pas l'accompagner socialement, sinon nos politiques publiques sont contradictoires entre elles. C'est ainsi qu'il faut considérer la demande d'asile et l'accompagnement social. C'est bien ce que font tous les pays autour de nous !

Madame Narassiguin, vous avez utilisé plusieurs fois le terme de migrant, contrairement à d'autres orateurs. Peut-être pourrions-nous tous choisir de nommer les choses correctement au cours de notre discussion. Le terme général de migrant est difficile d'emploi. Pour ma part, je ne l'utilise pas. Il s'agit soit de demandeurs d'asile, dont il faut étudier la demande et répondre rapidement oui ou non, soit d'un regroupement familial ou d'une réunification familiale, ce qui n'est pas tout à fait la même chose, soit d'immigrés venus pour des raisons économiques, soit, enfin, de clandestins.

Derrière le terme de migrant se trouvent toutes ces réalités, mais l'emploi de ce terme donne l'impression que l'on affaire, quoi qu'il arrive, à des personnes persécutées auxquelles nous devons l'accueil. Ce n'est pas toujours le cas. Il y a à Lampedusa des Sénégalais, des Ivoiriens, des Marocains qui demandent l'asile comme migrants ; ce n'est pas possible !

Première nationalité des demandeurs d'asile en France : l'Afghanistan – cela peut tout à fait se comprendre et nous offrons un très grand taux de protection. Deuxième nationalité : le Bangladesh – c'est déjà un peu moins évident à comprendre, mais il peut y avoir des réfugiés climatiques, je me suis intéressé à cette question. En revanche, la troisième nationalité n'est pas du tout celle d'un pays en guerre, avec lequel nous n'aurions pas de relations diplomatiques et dans lequel nous ne ferions pas d'aide au développement. Il y a, parmi les Sénégalais, les Gabonais, les Ivoiriens, les Marocains, les Tunisiens qui demandent l'asile en France, des cas exceptionnels, qui sont possibles, mais il n'y a quand même pas 80 % de personnes persécutées dans ces pays !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

En effet, ce texte a pour objectif de simplifier les procédures afin de pouvoir dire très vite, comme l’a indiqué M. Buffet et comme j’ai essayé de vous le démontrer, oui ou non à un demandeur d’asile. Le versement de l’ADA est automatique, il s’imposera à tous les ministres de l’intérieur qui me succéderont. On ne peut pas discuter du montant de l’ADA inscrit dans le projet de budget avec les parlementaires : le Conseil d’État considère qu’il correspond au nombre de demandeurs d’asile qui se trouveront sur le territoire national, pendant la durée de la demande. Ainsi, si j’avais présenté au Parlement une augmentation du montant de l’ADA, on m’aurait dit, sans doute du côté droit de cet hémicycle : « Cher ami, vous êtes bien sympathique, mais vous prévoyez déjà que votre projet de loi – le vingtième ou le trentième sur la question – ne sera pas efficace ! » Je tâche donc d’être cohérent, monsieur Benarroche.

Cela ne signifie pas pour autant – mais ce n’est pas vraiment ce que vous disiez – que l’on n’a augmenté aucun des crédits consacrés à l’intégration dans le projet de budget que je vous ai présenté pour 2024, puisque tous les autres crédits d’intégration, y compris ceux qui sont relatifs à l’intégration par la langue, augmentent.

Donc, oui, le budget de l’ADA baisse, parce que nous réussirons, j’en suis certain, à aller plus vite dans les procédures de demande d’asile, grâce à ce projet de loi et grâce au travail essentiel des agents de l’Ofpra ; mais, non, les crédits d’intégration, notamment par la langue, ne baissent pas, ils augmentent.

Messieurs Karoutchi et Retailleau, M. Scholz prend en effet des mesures de restriction de l’immigration, mais un peu tard ! Je vous le rappelle, si nous comptons entre 130 000 et 140 000 demandes d’asile au moment où je vous parle – un chiffre stable ou en légère augmentation par rapport à l’année dernière –, l’Allemagne en compte 230 000 ! Quand je suis devenu ministre de l’intérieur, nous avions 120 000 demandes d’asile alors que l’Allemagne en avait 160 000 ; trois ans après, nous en sommes à 130 000 ou à 140 000 – nous verrons à la fin de l’année –, quand l’Allemagne en est à 225 000 ! Ils referment donc après avoir beaucoup ouvert.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… ce n'est pas le ministre de l'intérieur qui s'y opposera, sauf pour vous reprocher d'être beaucoup trop durs avec les demandeurs d'asile…

Monsieur Brossat, sans être d'accord sur le fond de votre intervention en général, j'ai été sensible à certains de vos arguments.

Je peux comprendre la distinction que vous faites entre pays d'accueil et pays d'arrivée pour déterminer ce qui motive le départ de ces personnes. Je pense qu'il y a des raisons extrêmement diverses à ces mouvements. Sans doute, il y a des pays, de grands pays d'Afrique notamment, qui offrent une couverture sociale extrêmement forte à leurs citoyens : logement gratuit, gaz quasi gratuit, essence quasi gratuite, produits de première nécessité quasi gratuits ou encore indemnisation du chômage. Il est donc vrai que leurs ressortissants ne trouvent pas en France la même protection ou en tout cas n'y trouvent pas une protection très différente de celle de leur pays.

Le départ de cette jeunesse, mais également, parfois, de catégories sociales ou professionnelles plus élevées, peut alors effectivement s'expliquer par la recherche d'un mode de vie : ils ne viennent pas forcément chercher seulement de la protection sociale – cela peut néanmoins être le cas –, ils cherchent parfois un mode de vie ou une protection en raison de leur orientation sexuelle ou de leur religion, ou bien une protection politique. Il y a diverses motivations. Serait par conséquent fausse l'affirmation selon laquelle les personnes qui viennent en France ou en Europe cherchent uniquement à bénéficier de notre modèle social, qui est effectivement généreux. D'ailleurs, vous avez pris à dessein et à juste titre l'exemple du RSA, parce que, en effet, les personnes en situation irrégulière ne touchent pas cette prestation ; on l'entend beaucoup dire, mais ce n'est pas vrai.

Cela étant, il existe tout de même une forme d'attractivité que vous ne pouvez pas nier, monsieur Brossat ; l'honnêteté intellectuelle oblige à la reconnaître. Si 40 % des demandeurs d'asile qui s'adressent à la France viennent d'autres pays européens, c'est tout de même qu'il y a une forme d'attractivité en comparaison avec leur pays d'arrivée. Sinon, après avoir quitté leur pays en guerre ou dans lequel ils subissaient des persécutions religieuses ou politiques, une fois arrivés en Italie, en Suisse, qui est dans l'espace Schengen, en Belgique ou en Espagne, ils n'auraient pas envie d'aller dans un autre pays de l'espace européen ; là où ils sont, ils ont déjà trouvé un système démocratique, un accompagnement politique et, puisque nous avons à peu près tous signé les mêmes traités qui garantissent les droits de l'homme, l'intégrité de leur existence personnelle.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Il faut le dire clairement, sans quoi on ne comprend pas la position de M. Scholz, qui, d’ailleurs, n’est manifestement pas la même que celle des socialistes français.

Monsieur Benarroche, M. Dossus et vous avez également évoqué la protection temporaire que nous offrons aux Ukrainiens. Vous me demandez – j’entends assez fréquemment cette question – pourquoi on ne fait pas comme nous avons fait avec les Ukrainiens. Je serais tenté de vous dire chiche ! mais je ne suis pas sûr que ce soit ce que vous défendez réellement.

En effet, en quoi consiste la protection temporaire que tous les ministres de l’intérieur de l’Union européenne ont décidé ensemble d’accorder aux Ukrainiens ? À ne pas leur octroyer l’asile, justement, à leur accorder une protection limitée à une durée de trois ans ! La différence avec la situation d’un Afghan – première nationalité parmi les demandes d’asile en France – est fondamentale : à un ressortissant de cette nationalité, nous accordons l’asile ad vitam æternam, nous ne remettrons pas en cause son asile lorsque la vie démocratique reviendra dans son pays.

En l’espèce, nous pensons que nous allons gagner la guerre contre la Russie en aidant les Ukrainiens, donc, pendant un certain temps, l’ensemble des Européens accueillent les réfugiés sur le territoire européen, mais, en contrepartie, même s’ils peuvent travailler dès le premier jour, ils ne bénéficient pas de l’asile. Certaines associations se sont d’ailleurs élevées à l’époque contre cela en nous demandant pourquoi nous n’accordions pas l’asile aux Ukrainiens. C’est parce que nous pensons qu’ils pourront retourner très rapidement dans leur pays.

Ainsi, si la solution du groupe écologiste consiste à mettre fin à la politique d’asile telle qu’elle existe depuis la Révolution française et les conventions de Genève pour la remplacer par la protection temporaire qu’on offre aux Ukrainiens, …

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Il faut le dire clairement, sans quoi on ne comprend pas la position de M. Scholz, qui, d’ailleurs, n’est manifestement pas la même que celle des socialistes français.

Monsieur Benarroche, M. Dossus et vous avez également évoqué la protection temporaire que nous offrons aux Ukrainiens. Vous me demandez – j’entends assez fréquemment cette question – pourquoi on ne fait pas comme nous avons fait avec les Ukrainiens. Je serais tenté de vous dire : Chiche ! mais je ne suis pas sûr que ce soit ce que vous défendiez véritablement.

En effet, en quoi consiste la protection temporaire que tous les ministres de l’intérieur de l’Union européenne ont décidé ensemble d’accorder aux Ukrainiens ? À ne pas leur octroyer l’asile, justement, à leur accorder une protection limitée à une durée de trois ans ! La différence avec la situation d’un Afghan – première nationalité parmi les demandes d’asile en France – est fondamentale : à un ressortissant de cette nationalité, nous accordons l’asile ad vitam æternam, nous ne remettrons pas en cause son asile lorsque la vie démocratique reviendra dans son pays.

En l’espèce, nous pensons que nous allons gagner la guerre contre la Russie en aidant les Ukrainiens, donc, pendant un certain temps, l’ensemble des Européens accueillent les réfugiés sur le territoire européen, mais, en contrepartie, même s’ils peuvent travailler dès le premier jour, ils ne bénéficient pas de l’asile. Certaines associations se sont d’ailleurs élevées à l’époque contre cela en nous demandant pourquoi nous n’accordions pas l’asile aux Ukrainiens. C’est parce que nous pensons qu’ils pourront retourner très rapidement dans leur pays.

Ainsi, si la solution du groupe écologiste consiste à mettre fin à la politique d’asile telle qu’elle existe depuis la Révolution française et les conventions de Genève pour la remplacer par la protection temporaire qu’on offre aux Ukrainiens, …

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ce sont des immigrés économiques ! Appelons-les ainsi ! Il ne faut pas qu'ils passent par la demande d'asile parce que, ce faisant, ils « embolisent » cette procédure au détriment de ceux qui mériteraient une protection rapide de la République.

M. Yannick Jadot proteste.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Il faut le dire clairement, sans quoi on ne comprend pas la position de M. Scholz, qui, d’ailleurs, n’est manifestement pas la même que celle des socialistes français.

Monsieur Benarroche, M. Dossus et vous avez également évoqué la protection temporaire que nous offrons aux Ukrainiens. Vous me demandez – j’entends assez fréquemment cette question – pourquoi on ne fait pas comme nous avons fait avec les Ukrainiens. Je serais tenté de vous dire : Chiche ! mais je ne suis pas sûr que ce soit ce que vous défendiez véritablement.

En effet, en quoi consiste la protection temporaire que tous les ministres de l’intérieur de l’Union européenne ont décidé ensemble d’accorder aux Ukrainiens ? À ne pas leur octroyer l’asile, justement, à leur accorder une protection limitée à une durée de trois ans ! La différence avec la situation d’un Afghan – première nationalité parmi les demandes d’asile en France – est fondamentale : à un ressortissant de cette nationalité, nous accordons l’asile ad vitam æternam, nous ne remettrons pas en cause son asile lorsque la vie démocratique reviendra dans son pays.

En l’espèce, nous pensons que nous allons gagner la guerre contre la Russie en aidant les Ukrainiens, donc, pendant un certain temps, l’ensemble des Européens accueillent les réfugiés sur le territoire européen, mais, en contrepartie, même s’ils peuvent travailler dès le premier jour, ils ne bénéficient pas de l’asile. Certaines associations se sont d’ailleurs élevées à l’époque contre cela en nous demandant pourquoi nous n’accordions pas l’asile aux Ukrainiens. C’est parce que nous pensons qu’ils pourront retourner très rapidement dans leur pays.

Ainsi, si la solution du groupe écologiste consiste à mettre fin à la politique d’asile telle qu’elle existe depuis la Révolution française et les conventions de Genève pour la remplacer par la protection temporaire qu’on offre aux Ukrainiens, …

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ainsi, si 40 % des demandeurs d'asile enregistrés à l'Ofpra ont déposé leur demande d'asile dans un autre pays que leur pays d'arrivée, c'est bien le signe que quelque chose ne va pas. Soit les demandeurs d'asile multiplient les demandes partout en Europe, et vous savez que ce n'est pas possible eu égard à leurs conditions de vie, soit ils trouvent en France un intérêt linguistique – ils rejoignent une communauté qu'ils connaissent, par exemple –, ce qui est possible, soit ils rejoignent leur famille – ce qui explique qu'une partie d'entre eux vont en Grande-Bretagne, où se trouvent plus d'un million d'irréguliers, pour retrouver leur père, leur mère, leur fiancé ou leurs enfants –, soit ils trouvent en France des moyens de travailler non officiellement – le texte vise justement à lutter contre cet écosystème irrégulier –, soit, enfin, ils y voient une attractivité sociale. Et cela n'est pas péjoratif dans ma bouche, je ferais exactement la même chose à leur place. Simplement, nous devons avoir à cet égard la même position que l'ensemble des pays européens. De fait, le jour où nous aurons une politique sociale analogue, il n'y aura plus de comparaison possible entre pays.

Ainsi, si ce que vous dites est juste dans certains cas, permettez-moi de dire également qu'il y a quand même une partie de ces personnes qui viennent en France pour y trouver des avantages que l'on ne trouve pas dans d'autres pays. Encore une fois, ce n'est nullement un jugement moral, c'est un constat ; ensuite, qu'on l'assume ou non, cela relève de la décision politique.

En revanche – il faut le dire clairement, tâchons d'être honnêtes –, si je ne suis pas tout à fait certain que les gens viennent en France pour notre modèle social, je suis au contraire à peu près sûr que c'est pour celui-ci qu'ils y restent, ce qui est assez différent. Je ne suis pas sûr que l'on vise spécifiquement la France après un voyage long et difficile, même si – je n'en disconviens pas et il faut effectivement y remédier – il peut exister des filières de passeurs qui promeuvent le modèle français, mais il est certain – c'est en tout cas ce que je constate depuis que j'ai pris mes fonctions comme ministre de l'intérieur il y a trois ans et demi – que les gens restent parce que notre système n'incite pas suffisamment les personnes à repartir.

Une personne faisant l'objet d'une OQTF confirmée par la justice, qui a donc passé un certain temps sur le territoire national, peut toujours travailler, peut créer sa boîte d'autoentrepreneur sans qu'on lui demande ses papiers d'identité pour livrer des repas ou conduire des personnes dans des voitures. En effet, en l'état du droit, on peut créer son autoentreprise sans avoir à fournir ses papiers d'identité. Une vraie machine à créer de l'irrégularité ! C'est pourtant conforme à la loi française ; d'où la nécessité de ce projet de loi.

Bref, on peut venir irrégulièrement sur le territoire national et, même quand ses demandes de titre de séjour et d'asile ont été refusées, on peut tout de même créer son entreprise – on paie d'ailleurs des impôts et des charges sociales, sans bénéficier de la protection sociale –, on peut accéder à un logement, notamment à un logement social, et on peut accéder à la santé, notamment dans le cadre de l'AME. On bénéficie même, via ce dispositif, d'une couverture à 100 % au bout de neuf mois, pour des raisons que nous pourrons d'ailleurs évoquer lors du débat.

L'AME n'est pas totémique pour moi, ni dans le sens de son maintien ni dans celui de sa suppression, il faut simplement étudier les choses calmement, sereinement, et en discuter.

Il faut évidemment soigner toutes les personnes qui se présentent devant le système français, mais c'est un fait que l'on est plus couvert après neuf mois d'irrégularité qu'avant. Enfin, on peut tout à fait vivre, on l'a évoqué, en ne partageant en aucune manière les valeurs de la République et sans même parler français.

Tout cela n'incite pas les gens à quitter notre pays. En effet, les OQTF reposent pour l'essentiel sur des départs volontaires : je remets un arrêté de reconduite à la frontière à quelqu'un, qui doit l'exécuter lui-même. Le nombre d'OQTF avec départ forcé, prévoyant un accompagnement policier à l'aéroport, est très faible. Il faut que nous tirions les conclusions du fait d'avoir dit non, définitivement, à quelqu'un.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… ce n’est pas le ministre de l’intérieur qui s’y opposera, sauf pour vous reprocher d’être beaucoup trop durs avec les demandeurs d’asile…

Monsieur Brossat, sans être d’accord sur le fond de votre intervention en général, j’ai été sensible à certains de vos arguments.

Je peux comprendre la distinction que vous faites entre pays d’accueil et pays d’arrivée pour déterminer ce qui motive le départ de ces personnes. Je pense qu’il y a des raisons extrêmement diverses à ces mouvements. Sans doute, il y a des pays, de grands pays d’Afrique notamment, qui offrent une couverture sociale extrêmement forte à leurs citoyens : logement gratuit, gaz quasi gratuit, essence quasi gratuite, produits de première nécessité quasi gratuits ou encore indemnisation du chômage. Il est donc vrai que leurs ressortissants ne trouvent pas en France la même protection ou en tout cas n’y trouvent pas une protection très différente de celle de leur pays.

Le départ de cette jeunesse, mais également, parfois, de catégories sociales ou professionnelles plus élevées, peut alors effectivement s’expliquer par la recherche d’un mode de vie : ils ne viennent pas forcément chercher seulement de la protection sociale – cela peut néanmoins être le cas –, ils cherchent parfois un mode de vie ou une protection en raison de leur orientation sexuelle ou de leur religion, ou bien une protection politique. Il y a diverses motivations. Serait par conséquent fausse l’affirmation selon laquelle les personnes qui viennent en France ou en Europe cherchent uniquement à bénéficier de notre modèle social, qui est effectivement généreux. D’ailleurs, vous avez pris à dessein et à juste titre l’exemple du RSA, parce que, en effet, les personnes en situation irrégulière ne touchent pas cette prestation ; on l’entend beaucoup dire, mais ce n’est pas vrai.

Cela étant, il existe tout de même une forme d’attractivité que vous ne pouvez pas nier, monsieur Brossat ; l’honnêteté intellectuelle oblige à la reconnaître. Si 40 % des demandeurs d’asile qui s’adressent à la France viennent d’autres pays européens, c’est tout de même qu’il y a une forme d’attractivité en comparaison avec leur pays d’arrivée. Sinon, après avoir quitté leur pays en guerre ou dans lequel ils subissaient des persécutions religieuses ou politiques, une fois arrivés en Italie, en Suisse, qui est dans l’espace Schengen, en Belgique ou en Espagne, ils n’auraient pas envie d’aller dans un autre pays de l’espace européen ; là où ils sont, ils ont déjà trouvé un système démocratique, un accompagnement politique et, puisque nous avons à peu près tous signé les mêmes traités qui garantissent les droits de l’homme, l’intégrité de leur existence personnelle.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… ce n’est pas le ministre de l’intérieur qui s’y opposera, sauf pour vous reprocher d’être beaucoup trop durs avec les demandeurs d’asile…

Monsieur Brossat, sans être d’accord sur le fond de votre intervention en général, j’ai été sensible à certains de vos arguments.

Je peux comprendre la distinction que vous faites entre pays d’accueil et pays d’arrivée pour déterminer ce qui motive le départ de ces personnes. Je pense qu’il y a des raisons extrêmement diverses à ces mouvements. Sans doute, il y a des pays, de grands pays d’Afrique notamment, qui offrent une couverture sociale extrêmement forte à leurs citoyens : logement gratuit, gaz quasi gratuit, essence quasi gratuite, produits de première nécessité quasi gratuits ou encore indemnisation du chômage. Il est donc vrai que leurs ressortissants ne trouvent pas en France la même protection ou en tout cas n’y trouvent pas une protection très différente de celle de leur pays.

Le départ de cette jeunesse, mais également, parfois, de catégories sociales ou professionnelles plus élevées, peut alors s’expliquer par la recherche d’un mode de vie : ils ne viennent pas forcément chercher seulement de la protection sociale – cela peut néanmoins être le cas –, ils cherchent parfois un mode de vie ou une protection en raison de leur orientation sexuelle ou de leur religion, ou bien une protection politique. Il y a diverses motivations. Serait par conséquent fausse l’affirmation selon laquelle les personnes qui viennent en France ou en Europe cherchent uniquement à bénéficier de notre modèle social, qui est effectivement généreux. D’ailleurs, vous avez pris à dessein et à juste titre l’exemple du RSA, parce que, en effet, les personnes en situation irrégulière ne touchent pas cette prestation ; on l’entend beaucoup dire, mais ce n’est pas vrai.

Cela étant, il existe tout de même une forme d’attractivité que vous ne pouvez pas nier, monsieur Brossat ; l’honnêteté intellectuelle oblige à la reconnaître. Si 40 % des demandeurs d’asile qui s’adressent à la France viennent d’autres pays européens, c’est tout de même qu’il y a une forme d’attractivité en comparaison avec leur pays d’arrivée. Sinon, après avoir quitté leur pays en guerre ou dans lequel ils subissaient des persécutions religieuses ou politiques, une fois arrivés en Italie, en Suisse, qui est dans l’espace Schengen, en Belgique ou en Espagne, ils n’auraient pas envie d’aller dans un autre pays de l’espace européen ; là où ils sont, ils ont déjà trouvé un système démocratique, un accompagnement politique et, puisque nous avons à peu près tous signé les mêmes traités qui garantissent les droits de l’homme, l’intégrité de leur existence personnelle.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Eh bien, appelons-les par leur nom : il s'agit de clandestins, de travailleurs économiques ou de demandeurs d'asile, mais le terme de migrant masque des réalités très différentes selon les nationalités.

M. Yannick Jadot proteste.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… ce n’est pas le ministre de l’intérieur qui s’y opposera, sauf pour vous reprocher d’être beaucoup trop durs avec les demandeurs d’asile…

Monsieur Brossat, sans être d’accord sur le fond de votre intervention en général, j’ai été sensible à certains de vos arguments.

Je peux comprendre la distinction que vous faites entre pays d’accueil et pays d’arrivée pour déterminer ce qui motive le départ de ces personnes. Je pense qu’il y a des raisons extrêmement diverses à ces mouvements. Sans doute, il y a des pays, de grands pays d’Afrique notamment, qui offrent une couverture sociale extrêmement forte à leurs citoyens : logement gratuit, gaz quasi gratuit, essence quasi gratuite, produits de première nécessité quasi gratuits ou encore indemnisation du chômage. Il est donc vrai que leurs ressortissants ne trouvent pas en France la même protection ou en tout cas n’y trouvent pas une protection très différente de celle de leur pays.

Le départ de cette jeunesse, mais également, parfois, de catégories sociales ou professionnelles plus élevées, peut alors s’expliquer par la recherche d’un mode de vie : ils ne viennent pas forcément chercher seulement de la protection sociale – cela peut néanmoins être le cas –, ils cherchent parfois un mode de vie ou une protection en raison de leur orientation sexuelle ou de leur religion, ou bien une protection politique. Il y a diverses motivations. Serait par conséquent fausse l’affirmation selon laquelle les personnes qui viennent en France ou en Europe cherchent uniquement à bénéficier de notre modèle social, qui est effectivement généreux. D’ailleurs, vous avez pris à dessein et à juste titre l’exemple du RSA, parce que, en effet, les personnes en situation irrégulière ne touchent pas cette prestation ; on l’entend beaucoup dire, mais ce n’est pas vrai.

Cela étant, il existe tout de même une forme d’attractivité que vous ne pouvez pas nier, monsieur Brossat ; l’honnêteté intellectuelle oblige à la reconnaître. Si 40 % des demandeurs d’asile qui s’adressent à la France viennent d’autres pays européens, c’est tout de même qu’il y a une forme d’attractivité en comparaison avec leur pays d’arrivée. Sinon, après avoir quitté leur pays en guerre ou dans lequel ils subissaient des persécutions religieuses ou politiques, une fois arrivés en Italie, en Suisse, qui est dans l’espace Schengen, en Belgique ou en Espagne, ils n’auraient pas envie d’aller dans un autre pays de l’espace européen ; là où ils sont, ils ont déjà trouvé un système démocratique, un accompagnement politique et, puisque nous avons à peu près tous signé les mêmes traités qui garantissent les droits de l’homme, l’intégrité de leur existence personnelle.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

On ne peut pas l'accompagner socialement, sinon nos politiques publiques sont contradictoires entre elles. C'est ainsi qu'il faut considérer la demande d'asile et l'accompagnement social. C'est bien ce que font tous les pays autour de nous !

Madame Narassiguin, vous avez utilisé plusieurs fois le terme « migrant », contrairement à d'autres orateurs. Peut-être pourrions-nous tous choisir de nommer les choses correctement au cours de notre discussion. Le terme générique « migrant » est difficile d'emploi. Pour ma part, je ne l'utilise pas. Il s'agit soit de demandeurs d'asile, dont il faut étudier la demande et répondre rapidement oui ou non, soit d'un regroupement familial ou d'une réunification familiale, ce qui n'est pas tout à fait la même chose, soit d'immigrés venus pour des raisons économiques, soit, enfin, de clandestins.

Derrière le terme « migrant » se trouvent toutes ces réalités, mais l'emploi de ce terme donne l'impression que l'on a affaire, quoi qu'il arrive, à des personnes persécutées auxquelles nous devons l'accueil. Ce n'est pas toujours le cas. Il y a à Lampedusa des Sénégalais, des Ivoiriens, des Marocains qui demandent l'asile comme migrants ; ce n'est pas possible !

Première nationalité des demandeurs d'asile en France : la nationalité afghane – cela peut tout à fait se comprendre et nous offrons un très grand taux de protection. Deuxième nationalité : la nationalité bangladaise – c'est déjà un peu moins évident à comprendre, mais il peut y avoir des réfugiés climatiques, je me suis intéressé à cette question. En revanche, la troisième nationalité n'est pas du tout celle d'un pays en guerre, avec lequel nous n'aurions pas de relations diplomatiques et dans lequel nous ne ferions pas d'aide au développement. Il y a, parmi les Sénégalais, les Gabonais, les Ivoiriens, les Marocains, les Tunisiens qui demandent l'asile en France, des cas exceptionnels, qui sont possibles, mais il n'y a quand même pas 80 % de personnes persécutées dans ces pays !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ainsi, si 40 % des demandeurs d’asile enregistrés à l’Ofpra ont déposé leur demande d’asile dans un autre pays que leur pays d’arrivée, c’est bien le signe que quelque chose ne va pas. Soit les demandeurs d’asile multiplient les demandes partout en Europe, et vous savez que ce n’est pas possible eu égard à leurs conditions de vie, soit ils trouvent en France un intérêt linguistique – ils rejoignent une communauté qu’ils connaissent, par exemple –, ce qui est possible, soit ils rejoignent leur famille – ce qui explique qu’une partie d’entre eux vont en Grande-Bretagne, où se trouvent plus d’un million d’irréguliers, pour retrouver leur père, leur mère, leur fiancé ou leurs enfants –, soit ils trouvent en France des moyens de travailler non officiellement – le texte vise justement à lutter contre cet écosystème irrégulier –, soit, enfin, ils y voient une attractivité sociale. Et cela n’est pas péjoratif dans ma bouche, je ferais exactement la même chose à leur place. Simplement, nous devons avoir à cet égard la même position que l’ensemble des pays européens. De fait, le jour où nous aurons une politique sociale analogue, il n’y aura plus de comparaison possible entre pays.

Ainsi, si ce que vous dites est juste dans certains cas, permettez-moi de dire également qu’il y a quand même une partie de ces personnes qui viennent en France pour y trouver des avantages que l’on ne trouve pas dans d’autres pays. Encore une fois, ce n’est nullement un jugement moral, c’est un constat ; ensuite, qu’on l’assume ou non, cela relève de la décision politique.

En revanche – il faut le dire clairement, tâchons d’être honnêtes –, si je ne suis pas tout à fait certain que les gens viennent en France pour notre modèle social, je suis au contraire à peu près sûr que c’est pour celui-ci qu’ils y restent, ce qui est assez différent. Je ne suis pas sûr que l’on vise spécifiquement la France après un voyage long et difficile, même si – je n’en disconviens pas et il faut effectivement y remédier – il peut exister des filières de passeurs qui promeuvent le modèle français, mais il est certain – c’est en tout cas ce que je constate depuis que j’ai pris mes fonctions comme ministre de l’intérieur il y a trois ans et demi – que les gens restent parce que notre système n’incite pas suffisamment les personnes à repartir.

Une personne faisant l’objet d’une OQTF confirmée par la justice, qui a donc passé un certain temps sur le territoire national, peut toujours travailler, peut créer sa boîte d’autoentrepreneur sans qu’on lui demande ses papiers d’identité pour livrer des repas ou conduire des personnes dans des voitures. En effet, en l’état du droit, on peut créer son autoentreprise sans avoir à fournir ses papiers d’identité. Une vraie machine à créer de l’irrégularité ! C’est pourtant conforme à la loi française ; d’où la nécessité de ce projet de loi.

Bref, on peut venir irrégulièrement sur le territoire national et, même quand ses demandes de titre de séjour et d’asile ont été refusées, on peut tout de même créer son entreprise – on paie d’ailleurs des impôts et des charges sociales, sans bénéficier de la protection sociale –, on peut accéder à un logement, notamment à un logement social, et on peut accéder à la santé, notamment dans le cadre de l’AME. On bénéficie même, via ce dispositif, d’une couverture à 100 % au bout de neuf mois, pour des raisons que nous pourrons d’ailleurs évoquer lors du débat.

L’AME n’est pas totémique pour moi, ni dans le sens de son maintien ni dans celui de sa suppression, il faut simplement étudier les choses calmement, sereinement, et en discuter.

Il faut évidemment soigner toutes les personnes qui se présentent devant le système français, mais c’est un fait que l’on est plus couvert après neuf mois d’irrégularité qu’avant. Enfin, on peut tout à fait vivre, on l’a évoqué, en ne partageant en aucune manière les valeurs de la République et sans même parler français.

Tout cela n’incite pas les gens à quitter notre pays. En effet, les OQTF reposent pour l’essentiel sur des départs volontaires : je remets un arrêté de reconduite à la frontière à quelqu’un, qui doit l’exécuter lui-même. Le nombre d’OQTF avec départ forcé, prévoyant un accompagnement policier à l’aéroport, est très faible. Il faut que nous tirions les conclusions du fait d’avoir dit non, définitivement, à quelqu’un.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ainsi, si 40 % des demandeurs d’asile enregistrés à l’Ofpra ont déposé leur demande d’asile dans un autre pays que leur pays d’arrivée, c’est bien le signe que quelque chose ne va pas. Soit les demandeurs d’asile multiplient les demandes partout en Europe, et vous savez que ce n’est pas possible eu égard à leurs conditions de vie, soit ils trouvent en France un intérêt linguistique – ils rejoignent une communauté qu’ils connaissent, par exemple –, ce qui est possible, soit ils rejoignent leur famille – ce qui explique qu’une partie d’entre eux vont en Grande-Bretagne, où se trouvent plus d’un million d’irréguliers, pour retrouver leur père, leur mère, leur fiancé ou leurs enfants –, soit ils trouvent en France des moyens de travailler non officiellement – le texte vise justement à lutter contre cet écosystème irrégulier –, soit, enfin, ils y voient une attractivité sociale. Et cela n’est pas péjoratif dans ma bouche, je ferais exactement la même chose à leur place. Simplement, nous devons avoir à cet égard la même position que l’ensemble des pays européens. De fait, le jour où nous aurons une politique sociale analogue, il n’y aura plus de comparaison possible entre pays.

Ainsi, si ce que vous dites est juste dans certains cas, permettez-moi de dire également qu’il y a quand même une partie de ces personnes qui viennent en France pour y trouver des avantages que l’on ne trouve pas dans d’autres pays. Encore une fois, ce n’est nullement un jugement moral, c’est un constat ; ensuite, qu’on l’assume ou non, cela relève de la décision politique.

En revanche – il faut le dire clairement, tâchons d’être honnêtes –, si je ne suis pas tout à fait certain que les gens viennent en France pour notre modèle social, je suis au contraire à peu près sûr que c’est pour celui-ci qu’ils y restent, ce qui est assez différent. Je ne suis pas sûr que l’on vise spécifiquement la France après un voyage long et difficile, même si – je n’en disconviens pas et il faut en effet y remédier – il peut exister des filières de passeurs qui promeuvent le modèle français, mais il est certain – c’est en tout cas ce que je constate depuis que j’ai pris mes fonctions comme ministre de l’intérieur il y a trois ans et demi – que les gens restent parce que notre système n’incite pas suffisamment les personnes à repartir.

Une personne faisant l’objet d’une OQTF confirmée par la justice, qui a donc passé un certain temps sur le territoire national, peut toujours travailler, peut créer sa boîte d’autoentrepreneur sans qu’on lui demande ses papiers d’identité pour livrer des repas ou conduire des personnes dans des voitures. En effet, en l’état du droit, on peut créer son autoentreprise sans avoir à fournir ses papiers d’identité. Une vraie machine à créer de l’irrégularité ! C’est pourtant conforme à la loi française ; d’où la nécessité de ce projet de loi.

Bref, on peut venir irrégulièrement sur le territoire national et, même quand ses demandes de titre de séjour et d’asile ont été refusées, on peut tout de même créer son entreprise – on paie d’ailleurs des impôts et des charges sociales, sans bénéficier de la protection sociale –, on peut accéder à un logement, notamment à un logement social, et on peut accéder à la santé, notamment dans le cadre de l’AME. On bénéficie même, via ce dispositif, d’une couverture à 100 % au bout de neuf mois, pour des raisons que nous pourrons d’ailleurs évoquer lors du débat.

L’AME n’est pas totémique pour moi, ni dans le sens de son maintien ni dans celui de sa suppression, il faut simplement étudier les choses calmement, sereinement, et en discuter.

Il faut évidemment soigner toutes les personnes qui se présentent devant le système français, mais c’est un fait que l’on est plus couvert après neuf mois d’irrégularité qu’avant. Enfin, on peut tout à fait vivre, on l’a évoqué, en ne partageant en aucune manière les valeurs de la République et sans même parler français.

Tout cela n’incite pas les gens à quitter notre pays. En effet, les OQTF reposent pour l’essentiel sur des départs volontaires : je remets un arrêté de reconduite à la frontière à quelqu’un, qui doit l’exécuter lui-même. Le nombre d’OQTF avec départ forcé, prévoyant un accompagnement policier à l’aéroport, est très faible. Il faut que nous tirions les conclusions du fait d’avoir dit non, définitivement, à quelqu’un.

M. Yannick Jadot proteste.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Retailleau a évoqué la question du nombre. Il rejoint ainsi les propos de M. Karoutchi ou des rapporteurs sur la capacité d'intégration. Ce sujet important est en fait éminemment politique.

Au fond, la question est la suivante : quelles sont nos capacités d'intégration ? Nous avons d'ailleurs sur ce point une vraie différence avec l'opposition de gauche : celle-ci parle non pas d'une crise migratoire, mais d'une crise de l'accueil. Je ne pense pas qu'une telle crise existe et je ne sais pas si nous connaissons une crise migratoire – il y en a eu, il y en aura peut-être demain –, en tout cas, nous avons manifestement une incapacité, comme l'a dit M. Karoutchi, à intégrer correctement des gens que jadis la République intégrait. C'est un fait.

Doit-on consacrer beaucoup plus de moyens à l'intégration ? C'est une question de moyens, certes, mais pas seulement : il y va aussi de la capacité pour notre peuple à accueillir sur tout le territoire national des immigrés. Ces derniers sont ainsi très mal répartis dans le pays, puisque 40 % d'entre eux vivent en Île-de-France. La question de la répartition soulève toutefois d'autres difficultés, notamment celles des capacités d'intégration.

Nous aurons sans doute un long débat sur l'article 3.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ainsi, si 40 % des demandeurs d’asile enregistrés à l’Ofpra ont déposé leur demande d’asile dans un autre pays que leur pays d’arrivée, c’est bien le signe que quelque chose ne va pas. Soit les demandeurs d’asile multiplient les demandes partout en Europe, et vous savez que ce n’est pas possible eu égard à leurs conditions de vie, soit ils trouvent en France un intérêt linguistique – ils rejoignent une communauté qu’ils connaissent, par exemple –, ce qui est possible, soit ils rejoignent leur famille – ce qui explique qu’une partie d’entre eux vont en Grande-Bretagne, où se trouvent plus d’un million d’irréguliers, pour retrouver leur père, leur mère, leur fiancé ou leurs enfants –, soit ils trouvent en France des moyens de travailler non officiellement – le texte vise justement à lutter contre cet écosystème irrégulier –, soit, enfin, ils y voient une attractivité sociale. Et cela n’est pas péjoratif dans ma bouche, je ferais exactement la même chose à leur place. Simplement, nous devons avoir à cet égard la même position que l’ensemble des pays européens. De fait, le jour où nous aurons une politique sociale analogue, il n’y aura plus de comparaison possible entre pays.

Ainsi, si ce que vous dites est juste dans certains cas, permettez-moi de dire également qu’il y a quand même une partie de ces personnes qui viennent en France pour y trouver des avantages que l’on ne trouve pas dans d’autres pays. Encore une fois, ce n’est nullement un jugement moral, c’est un constat ; ensuite, qu’on l’assume ou non, cela relève de la décision politique.

En revanche – il faut le dire clairement, tâchons d’être honnêtes –, si je ne suis pas tout à fait certain que les gens viennent en France pour notre modèle social, je suis au contraire à peu près sûr que c’est pour celui-ci qu’ils y restent, ce qui est assez différent. Je ne suis pas sûr que l’on vise spécifiquement la France après un voyage long et difficile, même si – je n’en disconviens pas et il faut en effet y remédier – il peut exister des filières de passeurs qui promeuvent le modèle français, mais il est certain – c’est en tout cas ce que je constate depuis que j’ai pris mes fonctions comme ministre de l’intérieur il y a trois ans et demi – que les gens restent parce que notre système n’incite pas suffisamment les personnes à repartir.

Une personne faisant l’objet d’une OQTF confirmée par la justice, qui a donc passé un certain temps sur le territoire national, peut toujours travailler, peut créer sa boîte d’autoentrepreneur sans qu’on lui demande ses papiers d’identité pour livrer des repas ou conduire des personnes dans des voitures. En effet, en l’état du droit, on peut créer son autoentreprise sans avoir à fournir ses papiers d’identité. Une vraie machine à créer de l’irrégularité ! C’est pourtant conforme à la loi française ; d’où la nécessité de ce projet de loi.

Bref, on peut venir irrégulièrement sur le territoire national et, même quand ses demandes de titre de séjour et d’asile ont été refusées, on peut tout de même créer son entreprise – on paie d’ailleurs des impôts et des charges sociales, sans bénéficier de la protection sociale –, on peut accéder à un logement, notamment à un logement social, et on peut accéder à la santé, notamment dans le cadre de l’AME. On bénéficie même, via ce dispositif, d’une couverture à 100 % au bout de neuf mois, pour des raisons que nous pourrons d’ailleurs évoquer lors du débat.

L’AME n’est pas totémique pour moi, ni dans le sens de son maintien ni dans celui de sa suppression, il faut simplement étudier les choses calmement, sereinement, et en discuter.

Il faut évidemment soigner toutes les personnes qui se présentent devant le système français, mais c’est un fait que l’on est plus couvert après neuf mois d’irrégularité qu’avant. Enfin, on peut tout à fait vivre, on l’a évoqué, en ne partageant en aucune manière les valeurs de la République et sans même parler français.

Tout cela n’incite pas les gens à quitter notre pays. En effet, les OQTF reposent pour l’essentiel sur des départs volontaires : je remets un arrêté de reconduite à la frontière à quelqu’un, qui doit l’exécuter lui-même. Le nombre d’OQTF avec départ forcé, prévoyant un accompagnement policier à l’aéroport, est très faible. Il faut que nous tirions les conclusions du fait d’avoir dit non, définitivement, à quelqu’un.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ce sont des immigrés économiques ! Appelons-les ainsi ! Il ne faut pas qu'ils passent par la demande d'asile parce que, ce faisant, ils « embolisent » cette procédure au détriment de ceux qui mériteraient une protection rapide de la République.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

On ne peut pas l’accompagner socialement, sinon nos politiques publiques sont contradictoires entre elles. C’est ainsi qu’il faut considérer la demande d’asile et l’accompagnement social. C’est bien ce que font tous les pays autour de nous !

Madame Narassiguin, vous avez utilisé plusieurs fois le terme « migrant », contrairement à d’autres orateurs. Peut-être pourrions-nous tous choisir de nommer les choses correctement au cours de notre discussion. Le terme générique « migrant » est difficile d’emploi. Pour ma part, je ne l’utilise pas. Il s’agit soit de demandeurs d’asile, dont il faut étudier la demande et répondre rapidement oui ou non, soit d’un regroupement familial ou d’une réunification familiale, ce qui n’est pas tout à fait la même chose, soit d’immigrés venus pour des raisons économiques, soit, enfin, de clandestins.

Derrière le terme « migrant » se trouvent toutes ces réalités, mais l’emploi de ce terme donne l’impression que l’on a affaire, quoi qu’il arrive, à des personnes persécutées auxquelles nous devons l’accueil. Ce n’est pas toujours le cas. Il y a à Lampedusa des Sénégalais, des Ivoiriens, des Marocains qui demandent l’asile comme migrants ; ce n’est pas possible !

Première nationalité des demandeurs d’asile en France : la nationalité afghane – cela peut tout à fait se comprendre et nous offrons un très grand taux de protection. Deuxième nationalité : la nationalité bangladaise – c’est déjà un peu moins évident à comprendre, mais il peut y avoir des réfugiés climatiques, je me suis intéressé à cette question. En revanche, la troisième nationalité n’est pas du tout celle d’un pays en guerre, avec lequel nous n’aurions pas de relations diplomatiques et dans lequel nous ne ferions pas d’aide au développement. Il y a, parmi les Sénégalais, les Gabonais, les Ivoiriens, les Marocains, les Tunisiens qui demandent l’asile en France, des cas exceptionnels, qui sont possibles, mais il n’y a quand même pas 80 % de personnes persécutées dans ces pays !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

On ne peut pas l’accompagner socialement, sinon nos politiques publiques sont contradictoires entre elles. C’est ainsi qu’il faut considérer la demande d’asile et l’accompagnement social. C’est bien ce que font tous les pays autour de nous !

Madame Narassiguin, vous avez utilisé plusieurs fois le terme « migrant », contrairement à d’autres orateurs. Peut-être pourrions-nous tous choisir de nommer les choses correctement au cours de notre discussion. Le terme générique « migrant » est difficile d’emploi. Pour ma part, je ne l’utilise pas. Il s’agit soit de demandeurs d’asile, dont il faut étudier la demande et répondre rapidement oui ou non, soit d’un regroupement familial ou d’une réunification familiale, ce qui n’est pas tout à fait la même chose, soit d’immigrés venus pour des raisons économiques, soit, enfin, de clandestins.

Derrière le terme « migrant » se trouvent toutes ces réalités, mais l’emploi de ce terme donne l’impression que l’on a affaire, quoi qu’il arrive, à des personnes persécutées auxquelles nous devons l’accueil. Ce n’est pas toujours le cas. Il y a à Lampedusa des Sénégalais, des Ivoiriens, des Marocains qui demandent l’asile comme migrants ; ce n’est pas possible !

Première nationalité des demandeurs d’asile en France : la nationalité afghane – cela peut tout à fait se comprendre et nous offrons un très grand taux de protection. Deuxième nationalité : la nationalité bangladaise – c’est déjà un peu moins évident à comprendre, mais il peut y avoir des réfugiés climatiques, je me suis intéressé à cette question. En revanche, la troisième nationalité n’est pas du tout celle d’un pays en guerre, avec lequel nous n’aurions pas de relations diplomatiques et dans lequel nous ne ferions pas d’aide au développement. Il y a, parmi les Sénégalais, les Gabonais, les Ivoiriens, les Marocains, les Tunisiens qui demandent l’asile en France, des cas exceptionnels, qui sont possibles, mais il n’y a tout de même pas 80 % de personnes persécutées dans ces pays !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre. Pour le Gouvernement, cela représente de 6 000 à 8 000 régularisations par an. Après avoir entendu certains orateurs, je me dis qu'on ne parle pas tous du même article 3 ! Je remercie à cet égard Mme Florennes d'avoir rappelé en quoi consistait réellement cet article. On est pour, on est contre, on peut le modifier, le remodifier ; quoi qu'il en soit, il n'est pas au sommet de la pyramide des normes définie par Kelsen, au-dessus même de la Constitution ! On peut débattre de tout, et il s'agit là simplement d'une proposition du Gouvernement – cet article n'est d'ailleurs peut-être pas si mauvais puisqu'il n'a pas été supprimé par la commission des lois… Discutons-en !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

On ne peut pas l’accompagner socialement, sinon nos politiques publiques sont contradictoires entre elles. C’est ainsi qu’il faut considérer la demande d’asile et l’accompagnement social. C’est bien ce que font tous les pays autour de nous !

Madame Narassiguin, vous avez utilisé plusieurs fois le terme « migrant », contrairement à d’autres orateurs. Peut-être pourrions-nous tous choisir de nommer les choses correctement au cours de notre discussion. Le terme générique « migrant » est difficile d’emploi. Pour ma part, je ne l’utilise pas. Il s’agit soit de demandeurs d’asile, dont il faut étudier la demande et répondre rapidement oui ou non, soit d’un regroupement familial ou d’une réunification familiale, ce qui n’est pas tout à fait la même chose, soit d’immigrés venus pour des raisons économiques, soit, enfin, de clandestins.

Derrière le terme « migrant » se trouvent toutes ces réalités, mais l’emploi de ce terme donne l’impression que l’on a affaire, quoi qu’il arrive, à des personnes persécutées auxquelles nous devons l’accueil. Ce n’est pas toujours le cas. Il y a à Lampedusa des Sénégalais, des Ivoiriens, des Marocains qui demandent l’asile comme migrants ; ce n’est pas possible !

Première nationalité des demandeurs d’asile en France : la nationalité afghane – cela peut tout à fait se comprendre et nous offrons un très grand taux de protection. Deuxième nationalité : la nationalité bangladaise – c’est déjà un peu moins évident à comprendre, mais il peut y avoir des réfugiés climatiques, je me suis intéressé à cette question. En revanche, la troisième nationalité n’est pas du tout celle d’un pays en guerre, avec lequel nous n’aurions pas de relations diplomatiques et dans lequel nous ne ferions pas d’aide au développement. Il y a, parmi les Sénégalais, les Gabonais, les Ivoiriens, les Marocains, les Tunisiens qui demandent l’asile en France, des cas exceptionnels, qui sont possibles, mais il n’y a tout de même pas 80 % de personnes persécutées dans ces pays !

M. Rachid Temal s'exclame.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Eh bien, appelons-les par leur nom : il s'agit de clandestins, de travailleurs économiques ou de demandeurs d'asile, mais le terme « migrant » masque des réalités très différentes selon les nationalités.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ce sont des immigrés économiques ! Appelons-les ainsi ! Il ne faut pas qu’ils passent par la demande d’asile parce que, ce faisant, ils « embolisent » cette procédure au détriment de ceux qui mériteraient une protection rapide de la République.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

J'ai lu des éléments dans la presse qui ne correspondent pas toujours à ce que le Gouvernement a proposé : j'en suis même venu à me demander si mon cabinet ou la Direction générale des étrangers en France n'aurait pas, nuitamment, réécrit l'article que j'avais rédigé avec Olivier Dussopt, mais tel n'est pas le cas : ils sont demeurés loyaux !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ce sont des immigrés économiques ! Appelons-les ainsi ! Il ne faut pas qu’ils passent par la demande d’asile parce que, ce faisant, ils « embolisent » cette procédure au détriment de ceux qui mériteraient une protection rapide de la République.

Sourires.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Retailleau a évoqué la question du nombre. Il rejoint ainsi les propos de M. Karoutchi ou des rapporteurs sur la capacité d'intégration. Ce sujet important est en fait éminemment politique.

Au fond, la question est la suivante : quelles sont nos capacités d'intégration ? Nous avons d'ailleurs sur ce point une vraie différence avec l'opposition de gauche : celle-ci parle non pas d'une crise migratoire, mais d'une crise de l'accueil. Je ne pense pas qu'une telle crise existe et je ne sais pas si nous connaissons une crise migratoire – il y en a eu, il y en aura peut-être demain –, en tout cas, nous avons manifestement une incapacité, comme l'a dit M. Karoutchi, à intégrer correctement des gens que jadis la République intégrait. C'est un fait.

Doit-on consacrer beaucoup plus de moyens à l'intégration ? C'est une question de moyens, certes, mais pas seulement : il y va aussi de la capacité pour notre peuple à accueillir sur tout le territoire national des immigrés. Ces derniers sont ainsi très mal répartis dans le pays, puisque 40 % d'entre eux vivent en Île-de-France. La question de la répartition soulève toutefois d'autres difficultés, notamment celles des capacités d'intégration.

Nous aurons sans doute un long débat sur l'article 3.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Eh bien, appelons-les par leur nom : il s’agit de clandestins, de travailleurs économiques ou de demandeurs d’asile, mais le terme « migrant » masque des réalités très différentes selon les nationalités.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

L'article 3 n'a pas changé : il vise « l'étranger qui a exercé une activité professionnelle salariée figurant dans la liste des métiers et zones géographiques caractérisés par des difficultés de recrutement ». Je précise que la liste des métiers en tension est définie non par le ministère de l'intérieur, mais par un arrêté du ministre du travail.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

C’est pourtant le terme qu’utilise Emmanuel Macron !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Eh bien, appelons-les par leur nom : il s’agit de clandestins, de travailleurs économiques ou de demandeurs d’asile, mais le terme « migrant » masque des réalités très différentes selon les nationalités.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre. Pour le Gouvernement, cela représente de 6 000 à 8 000 régularisations par an. Après avoir entendu certains orateurs, je me dis qu'on ne parle pas tous du même article 3 ! Je remercie à cet égard Mme Florennes d'avoir rappelé en quoi consistait réellement cet article. On est pour, on est contre, on peut le modifier, le remodifier ; quoi qu'il en soit, il n'est pas au sommet de la pyramide des normes définie par Kelsen, au-dessus même de la Constitution ! On peut débattre de tout, et il s'agit là simplement d'une proposition du Gouvernement – cet article n'est d'ailleurs peut-être pas si mauvais puisqu'il n'a pas été supprimé par la commission des lois… Discutons-en !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Retailleau a évoqué la question du nombre. Il rejoint ainsi les propos de M. Karoutchi ou des rapporteurs sur la capacité d’intégration. Ce sujet important est en fait éminemment politique.

Au fond, la question est la suivante : quelles sont nos capacités d’intégration ? Nous avons d’ailleurs sur ce point une vraie différence avec l’opposition de gauche : celle-ci parle non pas d’une crise migratoire, mais d’une crise de l’accueil. Je ne pense pas qu’une telle crise existe et je ne sais pas si nous connaissons une crise migratoire – il y en a eu, il y en aura peut-être demain –, en tout cas, nous avons manifestement une incapacité, comme l’a dit M. Karoutchi, à intégrer correctement des gens que jadis la République intégrait. C’est un fait.

Doit-on consacrer beaucoup plus de moyens à l’intégration ? C’est une question de moyens, certes, mais pas seulement : il y va aussi de la capacité pour notre peuple à accueillir sur tout le territoire national des immigrés. Ces derniers sont ainsi très mal répartis dans le pays, puisque 40 % d’entre eux vivent en Île-de-France. La question de la répartition soulève toutefois d’autres difficultés, notamment celles des capacités d’intégration.

Nous aurons sans doute un long débat sur l’article 3.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

C’est pourtant le terme qu’utilise Emmanuel Macron !

M. Rachid Temal s'exclame.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Retailleau a évoqué la question du nombre. Il rejoint ainsi les propos de M. Karoutchi ou des rapporteurs sur la capacité d’intégration. Ce sujet important est en fait éminemment politique.

Au fond, la question est la suivante : quelles sont nos capacités d’intégration ? Nous avons d’ailleurs sur ce point une vraie différence avec l’opposition de gauche : celle-ci parle non pas d’une crise migratoire, mais d’une crise de l’accueil. Je ne pense pas qu’une telle crise existe et je ne sais pas si nous connaissons une crise migratoire – il y en a eu, il y en aura peut-être demain –, en tout cas, nous avons manifestement une incapacité, comme l’a dit M. Karoutchi, à intégrer correctement des gens que jadis la République intégrait. C’est un fait.

Doit-on consacrer beaucoup plus de moyens à l’intégration ? C’est une question de moyens, certes, mais pas seulement : il y va aussi de la capacité pour notre peuple à accueillir sur tout le territoire national des immigrés. Ces derniers sont ainsi très mal répartis dans le pays, puisque 40 % d’entre eux vivent en Île-de-France. La question de la répartition soulève toutefois d’autres difficultés, notamment celles des capacités d’intégration.

Nous aurons sans doute un long débat sur l’article 3.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… mais il n'en demeure pas moins que les exemples qui ont été pris dans le secteur de la restauration par certains orateurs ne s'appliquent pas à ce projet de loi !

En outre, l'article ne vise que certaines zones géographiques : il ne permet donc pas de régulariser des personnes dans toute la France, mais seulement dans les zones où la situation sur le marché du travail est tendue, où le chômage est très bas. Nous ne visons donc pas les zones où le celui-ci est déjà élevé, auquel cas on pourrait craindre, en effet, une concurrence avec les étrangers en situation régulière, dont plus de 40 % d'entre eux sont au chômage, ou les Français. Le Gouvernement a déjà porté une grande réforme de l'assurance chômage. Peut-être faut-il faire d'autres réformes.

Je poursuis la lecture de l'article : l'étranger qui a travaillé, grosso modo, durant au moins huit mois au cours des vingt-quatre derniers mois, « occupant un emploi relevant de ces métiers et zones » – nous insistons bien sur ces limitations –, « et qui justifie d'une période de résidence ininterrompue d'au moins trois années en France se voit délivrer de plein droit une carte de séjour temporaire portant la mention “travail dans des métiers en tension” d'une durée d'un an », qui n'ouvre pas droit au regroupement familial.

Enfin, il est bien précisé que ces dispositions ne sont applicables que jusqu'au 31 décembre 2026.

Les orateurs de la gauche qui nous ont reproché de créer un dispositif valable trois ans, qui forcerait les personnes concernées à vivre dans l'irrégularité et dans la peur des contrôles, n'ont pas dû lire le bon article !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

J'ai lu des éléments dans la presse qui ne correspondent pas toujours à ce que le Gouvernement a proposé : j'en suis même venu à me demander si mon cabinet ou la Direction générale des étrangers en France n'aurait pas, nuitamment, réécrit l'article que j'avais rédigé avec Olivier Dussopt, mais tel n'est pas le cas : ils sont demeurés loyaux !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre. Pour le Gouvernement, cela représente de 6 000 à 8 000 régularisations par an. Après avoir entendu certains orateurs, je me dis qu’on ne parle pas tous du même article 3 ! Je remercie à cet égard Mme Florennes d’avoir rappelé en quoi consistait réellement cet article. On est pour, on est contre, on peut le modifier, le remodifier ; quoi qu’il en soit, il n’est pas au sommet de la pyramide des normes définie par Kelsen, au-dessus même de la Constitution ! On peut débattre de tout, et il s’agit là simplement d’une proposition du Gouvernement – cet article n’est d’ailleurs peut-être pas si mauvais puisqu’il n’a pas été supprimé par la commission des lois… Discutons-en !

Protestations sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.

Sourires.

M. Rachid Temal s ’ exclame.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre. Pour le Gouvernement, cela représente de 6 000 à 8 000 régularisations par an. Après avoir entendu certains orateurs, je me dis qu’on ne parle pas tous du même article 3 ! Je remercie à cet égard Mme Florennes d’avoir rappelé en quoi consistait réellement cet article. On est pour, on est contre, on peut le modifier, le remodifier ; quoi qu’il en soit, il n’est pas au sommet de la pyramide des normes définie par Kelsen, au-dessus même de la Constitution ! On peut débattre de tout, et il s’agit là simplement d’une proposition du Gouvernement – cet article n’est d’ailleurs peut-être pas si mauvais puisqu’il n’a pas été supprimé par la commission des lois… Discutons-en !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

L'article 3 n'a pas changé : il vise « l'étranger qui a exercé une activité professionnelle salariée figurant dans la liste des métiers et zones géographiques caractérisés par des difficultés de recrutement ». Je précise que la liste des métiers en tension est définie non par le ministère de l'intérieur, mais par un arrêté du ministre du travail.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

J’ai lu des éléments dans la presse qui ne correspondent pas toujours à ce que le Gouvernement a proposé : j’en suis même venu à me demander si mon cabinet ou la Direction générale des étrangers en France n’aurait pas, nuitamment, réécrit l’article que j’avais rédigé avec Olivier Dussopt, mais tel n’est pas le cas : ils sont demeurés loyaux !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

J’ai lu des éléments dans la presse qui ne correspondent pas toujours à ce que le Gouvernement a proposé : j’en suis même venu à me demander si mon cabinet ou la direction générale des étrangers en France n’aurait pas, nuitamment, réécrit l’article que j’avais rédigé avec Olivier Dussopt, mais tel n’est pas le cas : ils sont demeurés loyaux !

M. Rachid Temal s ’ exclame.

Sourires.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

J’ai lu des éléments dans la presse qui ne correspondent pas toujours à ce que le Gouvernement a proposé : j’en suis même venu à me demander si mon cabinet ou la direction générale des étrangers en France n’aurait pas, nuitamment, réécrit l’article que j’avais rédigé avec Olivier Dussopt, mais tel n’est pas le cas : ils sont demeurés loyaux !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre. Ce n'est pas du tout ce que nous avons écrit ! Il s'agit que des personnes qui sont rentrées en France quand vous étiez aux responsabilités…

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

L’article 3 n’a pas changé : il vise « l’étranger qui a exercé une activité professionnelle salariée figurant dans la liste des métiers et zones géographiques caractérisés par des difficultés de recrutement ». Je précise que la liste des métiers en tension est définie non par le ministère de l’intérieur, mais par un arrêté du ministre du travail.

Sourires.

Mêmes mouvements.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… mais il n'en demeure pas moins que les exemples qui ont été pris dans le secteur de la restauration par certains orateurs ne s'appliquent pas à ce projet de loi !

En outre, l'article ne vise que certaines zones géographiques : il permet donc de régulariser des personnes non pas dans toute la France, mais seulement dans les zones où la situation sur le marché du travail est tendue, où le chômage est très bas. Nous ne visons donc pas les zones où celui-ci est déjà élevé, auquel cas on pourrait craindre, en effet, une concurrence avec les étrangers en situation régulière, dont plus de 40 % d'entre eux sont au chômage, ou les Français. Le Gouvernement a déjà porté une grande réforme de l'assurance chômage. Peut-être faut-il faire d'autres réformes.

Je poursuis la lecture de l'article : l'étranger qui a travaillé, grosso modo, durant au moins huit mois au cours des vingt-quatre derniers mois, « occupant un emploi relevant de ces métiers et zones » – nous insistons bien sur ces limitations –, « et qui justifie d'une période de résidence ininterrompue d'au moins trois années en France se voit délivrer de plein droit une carte de séjour temporaire portant la mention “travail dans des métiers en tension” d'une durée d'un an », qui n'ouvre pas droit au regroupement familial.

Enfin, il est bien précisé que ces dispositions ne sont applicables que jusqu'au 31 décembre 2026.

Les orateurs de la gauche qui nous ont reproché de créer un dispositif valable trois ans, qui forcerait les personnes concernées à vivre dans l'irrégularité et dans la peur des contrôles, n'ont pas dû lire le bon article !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

L’article 3 n’a pas changé : il vise « l’étranger qui a exercé une activité professionnelle salariée figurant dans la liste des métiers et zones géographiques caractérisés par des difficultés de recrutement ». Je précise que la liste des métiers en tension est définie non par le ministère de l’intérieur, mais par un arrêté du ministre du travail.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Mes chers collègues, ne coupez pas la parole à l'orateur.

Protestations sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre. J’indique d’ailleurs que la restauration ne figure pas dans la liste des métiers en tension, ce qui soulève des questions, …

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… que l'on ne peut plus expulser parce qu'elles ont fait leur vie et construit une famille en France, mais aussi parce que nous avons besoin d'elles dans la mesure où elles travaillent dans des métiers en tension, comme l'agriculture, le BTP, etc. – je vous épargnerai la litanie de ces secteurs, dont vous vous faites parfois les porte-parole, mesdames, messieurs les sénateurs, pour réclamer des régularisations –, qui vivent en France depuis au moins trois ans – c'est une proposition dont nous pouvons discuter – puissent être, dans certaines circonstances, régularisées jusqu'en 2026.

Ainsi, une personne qui arriverait aujourd'hui en France ne pourrait pas être régularisée en 2027, puisque le mécanisme aura cessé d'exister !

Protestations sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.

Protestati ons sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre. J’indique d’ailleurs que la restauration ne figure pas dans la liste des métiers en tension, ce qui soulève des questions, …

Protestati ons sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je comprends les questions que peut soulever l'originalité de cet article et je ne suis pas fermé à la discussion. Je tiens toutefois à attirer votre attention sur la situation de certaines personnes qui pourraient être régularisées, mais dont l'employeur ne souhaite pas qu'elles le soient.

Quand l'employeur souhaite obtenir la régularisation d'un employé, il lui suffit de s'adresser au préfet qui peut procéder à une régularisation sur le fondement de la circulaire dite Valls : 7 000 admissions exceptionnelles au séjour en raison d'une activité économique sont ainsi prononcées chaque année. Mais cette circulaire sert aussi de fondement à 23 000 admissions exceptionnelles au séjour pour des motifs familiaux. Lorsqu'une régularisation n'est pas possible, dans ce cadre, au seul titre du travail, le préfet cherche souvent des critères familiaux pour régulariser des personnes dont l'employeur ne demande pas la régularisation.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre. Ce n'est pas du tout ce que nous avons écrit ! Il s'agit que des personnes qui sont rentrées en France quand vous étiez aux responsabilités…

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… mais il n’en demeure pas moins que les exemples qui ont été pris dans le secteur de la restauration par certains orateurs ne s’appliquent pas à ce projet de loi !

En outre, l’article ne vise que certaines zones géographiques : il permet donc de régulariser des personnes non pas dans toute la France, mais seulement dans les zones où la situation sur le marché du travail est tendue, où le chômage est très bas. Nous ne visons donc pas les zones où celui-ci est déjà élevé, auquel cas on pourrait craindre, en effet, une concurrence avec les étrangers en situation régulière, dont plus de 40 % d’entre eux sont au chômage, ou les Français. Le Gouvernement a déjà porté une grande réforme de l’assurance chômage. Peut-être faut-il faire d’autres réformes.

Je poursuis la lecture de l’article : l’étranger qui a travaillé, grosso modo, durant au moins huit mois au cours des vingt-quatre derniers mois, « occupant un emploi relevant de ces métiers et zones » – nous insistons bien sur ces limitations –, « et qui justifie d’une période de résidence ininterrompue d’au moins trois années en France se voit délivrer de plein droit une carte de séjour temporaire portant la mention “travail dans des métiers en tension” d’une durée d’un an », qui n’ouvre pas droit au regroupement familial.

Enfin, il est bien précisé que ces dispositions ne sont applicables que jusqu’au 31 décembre 2026.

Les orateurs de la gauche qui nous ont reproché de créer un dispositif valable trois ans, qui forcerait les personnes concernées à vivre dans l’irrégularité et dans la peur des contrôles, n’ont pas dû lire le bon article !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… mais il n’en demeure pas moins que les exemples qui ont été pris dans le secteur de la restauration par certains orateurs ne s’appliquent pas à ce projet de loi !

En outre, l’article ne vise que certaines zones géographiques : il permet donc de régulariser des personnes non pas dans toute la France, mais seulement dans les zones où la situation sur le marché du travail est tendue, où le chômage est très bas. Nous ne visons donc pas les zones où celui-ci est déjà élevé, auquel cas on pourrait craindre, en effet, une concurrence avec les étrangers en situation régulière, dont plus de 40 % d’entre eux sont au chômage, ou les Français. Le Gouvernement a déjà engagé une grande réforme de l’assurance chômage. Peut-être faut-il faire d’autres réformes ?

Je poursuis la lecture de l’article : l’étranger qui a travaillé grosso modo durant au moins huit mois au cours des vingt-quatre derniers mois, « occupant un emploi relevant de ces métiers et zones » – nous insistons bien sur ces limitations –, « et qui justifie d’une période de résidence ininterrompue d’au moins trois années en France se voit délivrer de plein droit une carte de séjour temporaire portant la mention “travail dans des métiers en tension” d’une durée d’un an », qui n’ouvre pas droit au regroupement familial.

Enfin, il est bien précisé que ces dispositions ne sont applicables que jusqu’au 31 décembre 2026.

Les orateurs de la gauche qui nous ont reproché de créer un dispositif valable trois ans, qui forcerait les personnes concernées à vivre dans l’irrégularité et dans la peur des contrôles, n’ont pas dû lire le bon article !

Mêmes mouvements.

Protestations sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.

Protestati ons sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… mais il n’en demeure pas moins que les exemples qui ont été pris dans le secteur de la restauration par certains orateurs ne s’appliquent pas à ce projet de loi !

En outre, l’article ne vise que certaines zones géographiques : il permet donc de régulariser des personnes non pas dans toute la France, mais seulement dans les zones où la situation sur le marché du travail est tendue, où le chômage est très bas. Nous ne visons donc pas les zones où celui-ci est déjà élevé, auquel cas on pourrait craindre, en effet, une concurrence avec les étrangers en situation régulière, dont plus de 40 % d’entre eux sont au chômage, ou les Français. Le Gouvernement a déjà engagé une grande réforme de l’assurance chômage. Peut-être faut-il faire d’autres réformes ?

Je poursuis la lecture de l’article : l’étranger qui a travaillé grosso modo durant au moins huit mois au cours des vingt-quatre derniers mois, « occupant un emploi relevant de ces métiers et zones » – nous insistons bien sur ces limitations –, « et qui justifie d’une période de résidence ininterrompue d’au moins trois années en France se voit délivrer de plein droit une carte de séjour temporaire portant la mention “travail dans des métiers en tension” d’une durée d’un an », qui n’ouvre pas droit au regroupement familial.

Enfin, il est bien précisé que ces dispositions ne sont applicables que jusqu’au 31 décembre 2026.

Les orateurs de la gauche qui nous ont reproché de créer un dispositif valable trois ans, qui forcerait les personnes concernées à vivre dans l’irrégularité et dans la peur des contrôles, n’ont pas dû lire le bon article !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Prenons l'exemple, monsieur Retailleau, d'une femme dans ce cas : si elle a des enfants, la circulaire Valls prévoit qu'elle peut être régularisée, ce qui n'est pas le cas si elle n'a pas d'enfants.

En bloquant le dispositif, on encourage les étrangers à faire des enfants en France, …

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Mes chers collègues, ne coupez pas la parole à l'orateur.

Protestati ons sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mme Laurence Rossignol. C'est bon pour la natalité !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… que l'on ne peut plus expulser parce qu'elles ont fait leur vie et construit une famille en France, mais aussi parce que nous avons besoin d'elles dans la mesure où elles travaillent dans des métiers en tension, comme l'agriculture, le BTP, etc. – je vous épargnerai la litanie de ces secteurs, dont vous vous faites parfois les porte-parole, mesdames, messieurs les sénateurs, pour réclamer des régularisations –, qui vivent en France depuis au moins trois ans – c'est une proposition dont nous pouvons discuter – puissent être, dans certaines circonstances, régularisées jusqu'en 2026.

Ainsi, une personne qui arriverait aujourd'hui en France ne pourrait pas être régularisée en 2027, puisque le mécanisme aura cessé d'exister !

Sourires sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre. Ce n’est pas du tout ce que nous avons écrit ! Il s’agit que des personnes qui sont rentrées en France quand vous étiez aux responsabilités…

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre. Ce n’est pas du tout ce que nous avons écrit ! Il s’agit que des personnes qui sont rentrées en France quand vous étiez aux responsabilités, …

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… ce qui est incompatible avec la loi du nombre. Notre droit est donc quelque peu bizarre !

Nous avons besoin d'une disposition législative pour pouvoir régulariser des personnes qui méritent de l'être, quand bien même l'employeur ne le souhaite pas.

Drôle d'employeur, avouons-le, que celui qui embauche des sans-papiers et refuse leur régularisation ! Voilà un comportement peu acceptable au regard des valeurs républicaines.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je comprends les questions que peut soulever l'originalité de cet article et je ne suis pas fermé à la discussion. Je tiens toutefois à attirer votre attention sur la situation de certaines personnes qui pourraient être régularisées, mais dont l'employeur ne souhaite pas qu'elles le soient.

Quand l'employeur souhaite obtenir la régularisation d'un employé, il lui suffit de s'adresser au préfet qui peut procéder à une régularisation sur le fondement de la circulaire dite « Valls » : 7 000 admissions exceptionnelles au séjour en raison d'une activité économique sont ainsi prononcées chaque année. Mais cette circulaire sert aussi de fondement à 23 000 admissions exceptionnelles au séjour pour des motifs familiaux. Lorsqu'une régularisation n'est pas possible, dans ce cadre, au seul titre du travail, le préfet cherche souvent des critères familiaux pour régulariser des personnes dont l'employeur ne demande pas la régularisation.

Mêmes mouvements.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

M. Gérald Darmanin, ministre. Ce n’est pas du tout ce que nous avons écrit ! Il s’agit que des personnes qui sont rentrées en France quand vous étiez aux responsabilités, …

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Mes chers collègues, ne coupez pas la parole à l’orateur.

Mêmes mouvements.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Notons que 50 % de ces employeurs sont eux-mêmes étrangers.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Prenons l'exemple, monsieur Retailleau, d'une femme dans ce cas : si elle a des enfants, la circulaire Valls prévoit qu'elle peut être régularisée, ce qui n'est pas le cas si elle n'a pas d'enfants.

En bloquant le dispositif, on encourage les étrangers à faire des enfants en France, …

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… que l’on ne peut plus expulser parce qu’elles ont fait leur vie et construit une famille en France, mais aussi parce que nous avons besoin d’elles dans la mesure où elles travaillent dans des métiers en tension, comme l’agriculture, le BTP, etc. – je vous épargnerai la litanie de ces secteurs, dont vous vous faites parfois les porte-parole, mesdames, messieurs les sénateurs, pour réclamer des régularisations –, qui vivent en France depuis au moins trois ans – c’est une proposition dont nous pouvons discuter – puissent être, dans certaines circonstances, régularisées jusqu’en 2026.

Ainsi, une personne qui arriverait aujourd’hui en France ne pourrait pas être régularisée en 2027, puisque le mécanisme aura cessé d’exister !

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Mes chers collègues, ne coupez pas la parole à l’orateur.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mme Laurence Rossignol. C'est bon pour la natalité !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… que l’on ne peut plus expulser parce qu’elles ont fait leur vie et construit une famille en France, mais aussi parce que nous avons besoin d’elles dans la mesure où elles travaillent dans des métiers en tension, comme l’agriculture, le BTP, etc. – je vous épargnerai la litanie de ces secteurs, dont vous vous faites parfois les porte-parole, mesdames, messieurs les sénateurs, pour réclamer des régularisations –, qui vivent en France depuis au moins trois ans – c’est une proposition dont nous pouvons discuter – puissent être, dans certaines circonstances, régularisées jusqu’en 2026.

Ainsi, une personne qui arriverait aujourd’hui en France ne pourrait pas être régularisée en 2027, puisque le mécanisme aura cessé d’exister !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Nous avons des difficultés, en effet, pour identifier les circuits professionnels parallèles. Tous les élus locaux le savent et vous-mêmes pour avoir géré, tous, des collectivités locales : dans le BTP, dans la sous-traitance, dans l'agriculture, les sans-papiers sont nombreux.

L'article 3 n'est pas ce qu'on en dit. Je suis prêt au compromis, notamment dans le sens évoqué par Mme Florennes. Il pourrait être en effet complété, comme l'a dit M. Retailleau, en intégrant le critère de respect des valeurs de la République. Cela s'inscrit tout à fait dans le fil rouge du texte que nous portons. Il ne s'agit pas de régulariser, au prétexte qu'il travaillerait dans un métier en tension, quelqu'un qui aurait un casier judiciaire ou qui adhérerait à une idéologie radicale.

Vous avez estimé, monsieur Retailleau, que la disposition prévue par le Gouvernement à l'article 10 était, certes, intéressante dans sa philosophie, mais que, du fait des nombreuses exceptions, elle manquait de clarté. Vous avez parfaitement raison !

Nous nous sommes fondés sur l'avis du Conseil d'État. La rédaction initiale, que nous lui avons transmise, visait à supprimer toutes les protections contre les mesures administratives d'expulsion et le prononcé des peines judiciaires d'interdiction du territoire français : il aurait été possible de prononcer directement des mesures d'éloignement ou d'expulsion, à charge pour le juge de se prononcer, le cas échéant, sur l'équilibre entre le droit à la vie privée et familiale et la menace pour l'ordre public. Cette rédaction aurait sans doute aussi soulevé des questions au regard de sa constitutionnalité et de sa conventionnalité, en particulier au regard de la Convention européenne des droits de l'homme.

L'avis du Conseil d'État n'était pas extrêmement clair, si je puis me permettre de le dire, mais il nous a fait douter. Comme l'a dit Mme Florennes, il semblait indiquer que le Gouvernement accentuait la tendance au rapprochement, en cours depuis plusieurs années, des régimes de l'expulsion et de l'éloignement…

Sourires sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je comprends les questions que peut soulever l’originalité de cet article et je ne suis pas fermé à la discussion. Je tiens toutefois à attirer votre attention sur la situation de certaines personnes qui pourraient être régularisées, mais dont l’employeur ne souhaite pas qu’elles le soient.

Quand l’employeur souhaite obtenir la régularisation d’un employé, il lui suffit de s’adresser au préfet qui peut procéder à une régularisation sur le fondement de la circulaire dite « Valls » : 7 000 admissions exceptionnelles au séjour en raison d’une activité économique sont ainsi prononcées chaque année. Mais cette circulaire sert aussi de fondement à 23 000 admissions exceptionnelles au séjour pour des motifs familiaux. Lorsqu’une régularisation n’est pas possible, dans ce cadre, au seul titre du travail, le préfet cherche souvent des critères familiaux pour régulariser des personnes dont l’employeur ne demande pas la régularisation.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je comprends les questions que peut soulever l’originalité de cet article et je ne suis pas fermé à la discussion. Je tiens toutefois à appeler votre attention sur la situation de certaines personnes qui pourraient être régularisées, mais dont l’employeur ne souhaite pas qu’elles le soient.

Quand l’employeur souhaite obtenir la régularisation d’un employé, il lui suffit de s’adresser au préfet qui peut procéder à une régularisation sur le fondement de la circulaire dite Valls : 7 000 admissions exceptionnelles au séjour en raison d’une activité économique sont ainsi prononcées chaque année. Mais cette circulaire sert aussi de fondement à 23 000 admissions exceptionnelles au séjour pour des motifs familiaux. Lorsqu’une régularisation n’est pas possible, dans ce cadre, au seul titre du travail, le préfet cherche souvent des critères familiaux pour régulariser des personnes dont l’employeur ne demande pas la régularisation.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… ce qui est incompatible avec la loi du nombre. Notre droit est donc quelque peu bizarre !

Nous avons besoin d'une disposition législative pour pouvoir régulariser des personnes qui méritent de l'être, quand bien même l'employeur ne le souhaite pas.

Drôle d'employeur, avouons-le, que celui qui embauche des sans-papiers et refuse leur régularisation ! Voilà un comportement peu acceptable au regard des valeurs républicaines.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je comprends les questions que peut soulever l’originalité de cet article et je ne suis pas fermé à la discussion. Je tiens toutefois à appeler votre attention sur la situation de certaines personnes qui pourraient être régularisées, mais dont l’employeur ne souhaite pas qu’elles le soient.

Quand l’employeur souhaite obtenir la régularisation d’un employé, il lui suffit de s’adresser au préfet qui peut procéder à une régularisation sur le fondement de la circulaire dite Valls : 7 000 admissions exceptionnelles au séjour en raison d’une activité économique sont ainsi prononcées chaque année. Mais cette circulaire sert aussi de fondement à 23 000 admissions exceptionnelles au séjour pour des motifs familiaux. Lorsqu’une régularisation n’est pas possible, dans ce cadre, au seul titre du travail, le préfet cherche souvent des critères familiaux pour régulariser des personnes dont l’employeur ne demande pas la régularisation.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ces régimes, définis aux articles 9 et 10, ne donnent pas les mêmes garanties aux étrangers ni les mêmes prérogatives à l'État. Le ministère de l'intérieur préfère procéder à des expulsions, car c'est plus rapide et plus efficace.

Nous souhaitons « faire sauter » les protections, à l'exception de celle, d'ordre judiciaire, relative au respect de la Convention européenne sur l'exercice des droits des enfants. J'y insiste : les personnes qui ont commis des crimes ou des délits lorsqu'elles étaient mineures ne sont pas concernées par la levée des protections. En revanche, nous souhaitons supprimer les huit autres protections existantes.

Nous avons donc proposé une rédaction tenant compte de l'avis du Conseil d'État, même si celle-ci semblait un peu moins claire que celle qui était prévue initialement…

La commission a donc eu raison de chercher à préciser la rédaction, au regard de l'avis du Conseil d'État. Sur mon initiative, le Gouvernement a déposé un amendement sur l'article 10, dont la rédaction me semble encore plus claire. J'espère que nous parviendrons, avec les rapporteurs, à une solution commune. Il s'agit de prendre le risque, en effet, de supprimer l'intégralité des protections, sauf celle qui est relative aux mineurs, pour revenir à la rédaction initiale du projet de loi.

Rien ne serait pire, toutefois, qu'une mesure aussi centrale dans le projet de loi soit censurée par le Conseil constitutionnel.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Prenons l’exemple, monsieur Retailleau, d’une femme dans ce cas : si elle a des enfants, la circulaire Valls prévoit qu’elle peut être régularisée, ce qui n’est pas le cas si elle n’a pas d’enfants.

En bloquant le dispositif, on encourage les étrangers à faire des enfants en France, …

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Notons que 50 % de ces employeurs sont eux-mêmes étrangers.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mme Laurence Rossignol. C’est bon pour la natalité !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Prenons l’exemple, monsieur Retailleau, d’une femme dans ce cas : si elle a des enfants, la circulaire Valls prévoit qu’elle peut être régularisée, ce qui n’est pas le cas si elle n’a pas d’enfants.

En bloquant le dispositif, on encourage les étrangers à faire des enfants en France, …

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je pense qu'il est possible de trouver une rédaction adéquate. En tout cas, le Gouvernement est animé de la même volonté que la commission de chercher à éliminer les protections et les exceptions, qui donnent lieu à des jurisprudences interminables.

Vous avez aussi évoqué le délit de séjour irrégulier, qui a été supprimé en décembre 2012 par la précédente majorité, lorsque François Hollande était Président de la République. J'étais député à l'époque et j'ai voté contre.

L'honnêteté me pousse à vous dire que c'est malheureusement une directive européenne élaborée par le parti populaire européen (PPE) qui a abouti à la suppression de ce délit.

Sourires sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.

Sourires sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mme Laurence Rossignol. C’est bon pour la natalité !

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Elle rendait impossible la peine de prison, mais pas l'amende.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Nous avons des difficultés, en effet, pour identifier les circuits professionnels parallèles. Tous les élus locaux le savent, de même que vous-mêmes pour avoir géré, tous ici, des collectivités locales : dans le BTP, dans la sous-traitance, dans l'agriculture, les sans-papiers sont nombreux.

L'article 3 n'est pas ce qu'on en dit. Je suis prêt au compromis, notamment dans le sens évoqué par Mme Florennes. Il pourrait être en effet complété, comme l'a dit M. Retailleau, en intégrant le critère de respect des valeurs de la République. Cela s'inscrit tout à fait dans le fil rouge du texte que nous portons. Il ne s'agit pas de régulariser, au prétexte qu'il travaillerait dans un métier en tension, quelqu'un qui aurait un casier judiciaire ou qui adhérerait à une idéologie radicale.

Vous avez estimé, monsieur Retailleau, que la disposition prévue par le Gouvernement à l'article 10 était, certes, intéressante dans sa philosophie, mais que, du fait des nombreuses exceptions, elle manquait de clarté. Vous avez parfaitement raison !

Nous nous sommes fondés sur l'avis du Conseil d'État. La rédaction initiale, que nous lui avons transmise, visait à supprimer toutes les protections contre les mesures administratives d'expulsion et le prononcé des peines judiciaires d'interdiction du territoire français : il aurait été possible de prononcer directement des mesures d'éloignement ou d'expulsion, à charge pour le juge de se prononcer, le cas échéant, sur l'équilibre entre le droit à la vie privée et familiale et la menace pour l'ordre public. Cette rédaction aurait sans doute aussi soulevé des questions au regard de sa constitutionnalité et de sa conventionnalité, en particulier au regard de la Convention européenne des droits de l'homme.

L'avis du Conseil d'État n'était pas extrêmement clair, si je puis me permettre de le dire, mais il nous a fait douter. Comme l'a dit Mme Florennes, il semblait indiquer que le Gouvernement accentuait la tendance au rapprochement, en cours depuis plusieurs années, des régimes de l'expulsion et de l'éloignement…

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… ce qui est incompatible avec la loi du nombre. Notre droit est donc quelque peu bizarre !

Nous avons besoin d’une disposition législative pour pouvoir régulariser des personnes qui méritent de l’être, quand bien même l’employeur ne le souhaite pas.

Drôle d’employeur, avouons-le, que celui qui embauche des sans-papiers et refuse leur régularisation ! Voilà un comportement peu acceptable au regard des valeurs républicaines.

Sourires sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Certes, mais il faut reconnaître que ce texte n'est pas ce que l'on a fait de mieux !

Il existe toutefois toujours un délit de maintien sur le territoire, que la police utilise peu. J'ai donné instruction aux services, il y a plus d'un an et demi, d'y recourir davantage. Je note d'ailleurs que la commission a réintroduit non pas des peines de prison, mais une amende en cas de situation irrégulière sur le territoire. Je serai favorable à cette mesure, qui existe dans d'autres pays européens et qui n'est pas contraire au droit européen. Une telle mesure manque aujourd'hui ; elle paraît de nature à renforcer l'efficacité de nos services de police.

Je suis très attaché à la disposition que le président Buffet a fait introduire dans le texte visant à prévoir des restrictions à la délivrance de visas à l'encontre des pays qui ne délivrent pas de laissez-passer consulaires.

Certes, ce n'est pas la panacée, mais les ministres de l'intérieur de ces pays me disent qu'ils appliquent notre droit, mais que celui-ci ne permet pas de conditionner l'octroi des visas à celui des laissez-passer consulaires. Il convient donc d'adopter cette disposition : quand un pays ne délivre aucun laissez-passer consulaire, il n'y a pas de raison de délivrer plus de visas à ses ressortissants que de coutume. C'est très important.

La difficulté, vous le savez bien, monsieur le président, c'est qu'il s'agit d'un sujet européen. Le Président de la République a été courageux en décidant de restreindre les visas pour les ressortissants des pays du Maghreb. Mais comme l'Espagne octroie des visas, ces personnes essaient de passer par ce pays. Nous plaidons pour un travail commun sur ce sujet à l'échelon européen et défendons ces dispositions. J'ai bon espoir qu'elles pourront être adoptées cette année. De telles mesures ont déjà été adoptées pour l'Irak – même si peu de ses ressortissants sont concernés – ; il faut désormais faire de même avec les pays du Maghreb. Toutefois, ce n'est pas parce que le problème appelle une solution européenne qu'il ne faut pas commencer par agir en France. Je donnerai donc un avis favorable à l'adoption de ces mesures.

Monsieur Patient, je le redis, nous allons traduire directement dans la loi, et non pas par voie d'ordonnance, les mesures d'adaptation pour les collectivités d'outre-mer, hormis pour celles qui relèvent de l'article 74 de la Constitution – le droit en vigueur en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie est en effet très différent. Les mesures concernant les territoires ultramarins méritent d'être examinées dans un débat au Parlement, et non d'être renvoyées à un examen dans le clair-obscur des bureaux des ministères. Je remercie d'ailleurs mes services d'avoir réfléchi à ce sujet, afin que nous puissions aborder ce point, dès l'examen au Sénat.

Je suis aussi extrêmement favorable aux amendements que vous proposez relatifs à Mayotte et à la Guyane. Vous avez raison de souligner qu'il existe un détournement du droit d'asile par le biais du Brésil et que les Guyanais subissent cette situation. Il convient que cela change.

J'indique d'ailleurs que l'adoption de ces dispositions qui relèvent de la loi ordinaire ne doit pas nous interdire d'envisager, si l'on veut aller plus loin pour aider les Mahorais et les Guyanais, d'adopter d'autres mesures d'ordre constitutionnel relatives au droit du sol ou au droit du sang, notamment à Mayotte.

Je tiens à remercier en conclusion tous les orateurs et j'espère que nous aurons un débat de qualité dans les jours qui viennent.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

… ce qui est incompatible avec la loi du nombre. Notre droit est donc quelque peu bizarre !

Nous avons besoin d’une disposition législative pour pouvoir régulariser des personnes qui méritent de l’être, quand bien même l’employeur ne le souhaite pas.

Drôle d’employeur, avouons-le, que celui qui embauche des sans-papiers et refuse leur régularisation ! Voilà un comportement peu acceptable au regard des valeurs républicaines.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

La discussion générale est close.

Nous passons à la discussion du texte de la commission.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ces régimes, définis aux articles 9 et 10, ne donnent pas les mêmes garanties aux étrangers ni les mêmes prérogatives à l'État. Le ministère de l'intérieur préfère procéder à des expulsions, car c'est plus rapide et plus efficace.

Nous souhaitons « faire sauter » les protections, à l'exception de celle, d'ordre judiciaire, qui est relative au respect de la Convention européenne sur l'exercice des droits des enfants. J'y insiste : les personnes qui ont commis des crimes ou des délits lorsqu'elles étaient mineures ne sont pas concernées par la levée des protections. En revanche, nous souhaitons supprimer les huit autres protections existantes.

Nous avons donc proposé une rédaction tenant compte de l'avis du Conseil d'État, même si celle-ci semblait un peu moins claire que celle qui était prévue initialement…

La commission a donc eu raison de chercher à préciser la rédaction, au regard de l'avis du Conseil d'État. Sur mon initiative, le Gouvernement a déposé un amendement sur l'article 10, dont la rédaction me semble encore plus claire. J'espère que nous parviendrons, avec les rapporteurs, à une solution commune. Il s'agit de prendre le risque, en effet, de supprimer l'intégralité des protections, sauf celle qui est relative aux mineurs, pour revenir à la rédaction initiale du projet de loi.

Rien ne serait pire, toutefois, qu'une mesure aussi centrale dans le projet de loi soit censurée par le Conseil constitutionnel.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Notons que 50 % de ces employeurs sont eux-mêmes étrangers.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Notons que 50 % de ces employeurs sont eux-mêmes étrangers.

Gérald Darmanin

Je pense qu'il est possible de trouver une rédaction adéquate. En tout cas, le Gouvernement est animé de la même volonté que la commission de chercher à éliminer les protections et les exceptions, qui donnent lieu à des jurisprudences interminables.

Vous avez aussi évoqué le délit de séjour irrégulier, qui a été supprimé en décembre 2012 par la précédente majorité, lorsque François Hollande était Président de la République. J'étais député à l'époque et j'ai voté contre.

L'honnêteté me pousse à vous dire que c'est malheureusement une directive européenne élaborée par le parti populaire européen (PPE) qui a abouti à la suppression de ce délit.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Nous avons des difficultés, en effet, pour identifier les circuits professionnels parallèles. Tous les élus locaux le savent, de même que vous-mêmes pour avoir géré, tous ici, des collectivités locales : dans le BTP, dans la sous-traitance, dans l’agriculture, les sans-papiers sont nombreux.

L’article 3 n’est pas ce qu’on en dit. Je suis prêt au compromis, notamment dans le sens évoqué par Mme Florennes. Il pourrait être en effet complété, comme l’a dit M. Retailleau, en intégrant le critère de respect des valeurs de la République. Cela s’inscrit tout à fait dans le fil rouge du texte que nous portons. Il ne s’agit pas de régulariser, au prétexte qu’il travaillerait dans un métier en tension, quelqu’un qui aurait un casier judiciaire ou qui adhérerait à une idéologie radicale.

Vous avez estimé, monsieur Retailleau, que la disposition prévue par le Gouvernement à l’article 10 était, certes, intéressante dans sa philosophie, mais que, du fait des nombreuses exceptions, elle manquait de clarté. Vous avez parfaitement raison !

Nous nous sommes fondés sur l’avis du Conseil d’État. La rédaction initiale, que nous lui avons transmise, visait à supprimer toutes les protections contre les mesures administratives d’expulsion et le prononcé des peines judiciaires d’interdiction du territoire français : il aurait été possible de prononcer directement des mesures d’éloignement ou d’expulsion, à charge pour le juge de se prononcer, le cas échéant, sur l’équilibre entre le droit à la vie privée et familiale et la menace pour l’ordre public. Cette rédaction aurait sans doute aussi soulevé des questions au regard de sa constitutionnalité et de sa conventionnalité, en particulier au regard de la Convention européenne des droits de l’homme.

L’avis du Conseil d’État n’était pas extrêmement clair, si je puis me permettre de le dire, mais il nous a fait douter. Comme l’a dit Mme Florennes, il semblait indiquer que le Gouvernement accentuait la tendance au rapprochement, en cours depuis plusieurs années, des régimes de l’expulsion et de l’éloignement…

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Nous avons des difficultés, en effet, pour identifier les circuits professionnels parallèles. Tous les élus locaux le savent, de même que vous-mêmes pour avoir géré, tous ici, des collectivités locales : dans le BTP, dans la sous-traitance, dans l’agriculture, les sans-papiers sont nombreux.

L’article 3 n’est pas ce qu’on en dit. Je suis prêt au compromis, notamment dans le sens évoqué par Mme Florennes. Il pourrait être en effet complété, comme l’a dit M. Retailleau, en intégrant le critère de respect des valeurs de la République. Cela s’inscrit tout à fait dans le fil rouge du texte que nous défendons. Il ne s’agit pas de régulariser, au prétexte qu’il travaillerait dans un métier en tension, quelqu’un qui aurait un casier judiciaire ou qui adhérerait à une idéologie radicale.

Vous avez estimé, monsieur Retailleau, que la disposition prévue par le Gouvernement à l’article 10 était, certes, intéressante dans sa philosophie, mais que, du fait des nombreuses exceptions, elle manquait de clarté. Vous avez parfaitement raison !

Nous nous sommes fondés sur l’avis du Conseil d’État. La rédaction initiale, que nous lui avons transmise, visait à supprimer toutes les protections contre les mesures administratives d’expulsion et le prononcé des peines judiciaires d’interdiction du territoire français : il aurait été possible de prononcer directement des mesures d’éloignement ou d’expulsion, à charge pour le juge de se prononcer, le cas échéant, sur l’équilibre entre le droit à la vie privée et familiale et la menace pour l’ordre public. Cette rédaction aurait sans doute aussi soulevé des questions au regard de sa constitutionnalité et de sa conventionnalité, en particulier au regard de la Convention européenne des droits de l’homme.

L’avis du Conseil d’État n’était pas extrêmement clair, si je puis me permettre de le dire, mais il nous a fait douter. Comme l’a dit Mme Florennes, il semblait indiquer que le Gouvernement accentuait la tendance au rapprochement, en cours depuis plusieurs années, des régimes de l’expulsion et de l’éloignement…

Photo de Bruno Retailleau

Elle rendait impossible la peine de prison, mais pas l'amende.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Nous avons des difficultés, en effet, pour identifier les circuits professionnels parallèles. Tous les élus locaux le savent, de même que vous-mêmes pour avoir géré, tous ici, des collectivités locales : dans le BTP, dans la sous-traitance, dans l’agriculture, les sans-papiers sont nombreux.

L’article 3 n’est pas ce qu’on en dit. Je suis prêt au compromis, notamment dans le sens évoqué par Mme Florennes. Il pourrait être en effet complété, comme l’a dit M. Retailleau, en intégrant le critère de respect des valeurs de la République. Cela s’inscrit tout à fait dans le fil rouge du texte que nous défendons. Il ne s’agit pas de régulariser, au prétexte qu’il travaillerait dans un métier en tension, quelqu’un qui aurait un casier judiciaire ou qui adhérerait à une idéologie radicale.

Vous avez estimé, monsieur Retailleau, que la disposition prévue par le Gouvernement à l’article 10 était, certes, intéressante dans sa philosophie, mais que, du fait des nombreuses exceptions, elle manquait de clarté. Vous avez parfaitement raison !

Nous nous sommes fondés sur l’avis du Conseil d’État. La rédaction initiale, que nous lui avons transmise, visait à supprimer toutes les protections contre les mesures administratives d’expulsion et le prononcé des peines judiciaires d’interdiction du territoire français : il aurait été possible de prononcer directement des mesures d’éloignement ou d’expulsion, à charge pour le juge de se prononcer, le cas échéant, sur l’équilibre entre le droit à la vie privée et familiale et la menace pour l’ordre public. Cette rédaction aurait sans doute aussi soulevé des questions au regard de sa constitutionnalité et de sa conventionnalité, en particulier au regard de la Convention européenne des droits de l’homme.

L’avis du Conseil d’État n’était pas extrêmement clair, si je puis me permettre de le dire, mais il nous a fait douter. Comme l’a dit Mme Florennes, il semblait indiquer que le Gouvernement accentuait la tendance au rapprochement, en cours depuis plusieurs années, des régimes de l’expulsion et de l’éloignement…

Photo de Alain Marc

L'amendement n° 518 rectifié, présenté par MM. Ravier et Rochette, est ainsi libellé :

Avant l'article 1er A

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

À l'article L. 110-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, les mots : «, sous réserve du droit de l'Union européenne et des conventions internationales » sont supprimés.

La parole est à M. Stéphane Ravier.

Gérald Darmanin

Certes, mais il faut reconnaître que ce texte n'est pas ce que l'on a fait de mieux !

Il existe toutefois toujours un délit de maintien sur le territoire, que la police utilise peu. J'ai donné instruction aux services, il y a plus d'un an et demi, d'y recourir davantage. Je note d'ailleurs que la commission a réintroduit non pas des peines de prison, mais une amende en cas de situation irrégulière sur le territoire. Je serai favorable à cette mesure, qui existe dans d'autres pays européens et qui n'est pas contraire au droit européen. Une telle mesure manque aujourd'hui ; elle paraît de nature à renforcer l'efficacité de nos services de police.

Je suis très attaché à la disposition que le président Buffet a fait introduire dans le texte visant à prévoir des restrictions à la délivrance de visas à l'encontre des pays qui ne délivrent pas de laissez-passer consulaires.

Certes, ce n'est pas la panacée, mais les ministres de l'intérieur de ces pays me disent qu'ils appliquent notre droit, mais que celui-ci ne permet pas de conditionner l'octroi des visas à celui des laissez-passer consulaires. Il convient donc d'adopter cette disposition : quand un pays ne délivre aucun laissez-passer consulaire, il n'y a pas de raison de délivrer plus de visas à ses ressortissants que de coutume. C'est très important.

La difficulté, vous le savez bien, monsieur le président de la commission, c'est qu'il s'agit d'un sujet européen. Le Président de la République a été courageux en décidant de restreindre les visas pour les ressortissants des pays du Maghreb. Mais comme l'Espagne octroie des visas, ces personnes essaient de passer par ce pays. Nous plaidons pour un travail commun sur ce sujet à l'échelon européen et défendons ces dispositions. J'ai bon espoir qu'elles pourront être adoptées cette année. De telles mesures ont déjà été adoptées pour l'Irak – même si peu de ses ressortissants sont concernés – ; il faut désormais faire de même avec les pays du Maghreb. Toutefois, ce n'est pas parce que le problème appelle une solution européenne qu'il ne faut pas commencer par agir en France. Je donnerai donc un avis favorable à l'adoption de ces mesures.

Monsieur Patient, je le redis, nous allons traduire directement dans la loi, et non pas par voie d'ordonnance, les mesures d'adaptation pour les collectivités d'outre-mer, hormis pour celles qui relèvent de l'article 74 de la Constitution – le droit en vigueur en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie est en effet très différent. Les mesures concernant les territoires ultramarins méritent d'être examinées dans un débat au Parlement, et non d'être renvoyées à un examen dans le clair-obscur des bureaux des ministères. Je remercie d'ailleurs mes services d'avoir réfléchi à ce sujet, afin que nous puissions aborder ce point, dès l'examen au Sénat.

Je suis aussi extrêmement favorable aux amendements que vous proposez relatifs à Mayotte et à la Guyane. Vous avez raison de souligner qu'il existe un détournement du droit d'asile par le biais du Brésil et que les Guyanais subissent cette situation. Il convient que cela change.

J'indique d'ailleurs que l'adoption de ces dispositions qui relèvent de la loi ordinaire ne doit pas nous interdire d'envisager, si l'on veut aller plus loin pour aider les Mahorais et les Guyanais, d'adopter d'autres mesures d'ordre constitutionnel relatives au droit du sol ou au droit du sang, notamment à Mayotte.

Je tiens à remercier en conclusion tous les orateurs et j'espère que nous aurons un débat de qualité dans les jours qui viennent.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ces régimes, définis aux articles 9 et 10, ne donnent pas les mêmes garanties aux étrangers ni les mêmes prérogatives à l’État. Le ministère de l’intérieur préfère procéder à des expulsions, car c’est plus rapide et plus efficace.

Nous souhaitons « faire sauter » les protections, à l’exception de celle, d’ordre judiciaire, qui est relative au respect de la Convention européenne sur l’exercice des droits des enfants. J’y insiste : les personnes qui ont commis des crimes ou des délits lorsqu’elles étaient mineures ne sont pas concernées par la levée des protections. En revanche, nous souhaitons supprimer les huit autres protections existantes.

Nous avons donc proposé une rédaction tenant compte de l’avis du Conseil d’État, même si celle-ci semblait un peu moins claire que celle qui était prévue initialement…

La commission a donc eu raison de chercher à préciser la rédaction, au regard de l’avis du Conseil d’État. Sur mon initiative, le Gouvernement a déposé un amendement sur l’article 10, dont la rédaction me semble encore plus claire. J’espère que nous parviendrons, avec les rapporteurs, à une solution commune. Il s’agit de prendre le risque, en effet, de supprimer l’intégralité des protections, sauf celle qui est relative aux mineurs, pour revenir à la rédaction initiale du projet de loi.

Rien ne serait pire, toutefois, qu’une mesure aussi centrale dans le projet de loi soit censurée par le Conseil constitutionnel.

Photo de Stéphane Ravier

Puisqu'il faut revoir la philosophie générale du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (Ceseda) pour être à la hauteur des enjeux, commençons par le commencement et supprimons la mention explicite, qui figure dans ce code, de la soumission de notre droit national au droit de l'Union européenne et aux conventions internationales.

En effet, des verrous juridiques supranationaux empêchent les meilleures volontés politiques d'agir. Je pense, par exemple, à certaines jurisprudences : ainsi, le 21 septembre dernier, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) s'est prononcée contre la possibilité de refouler systématiquement un ressortissant étranger entré irrégulièrement sur le territoire français. C'est une véritable dépossession de notre liberté d'agir souverainement !

Cet arrêt résulte d'ailleurs d'une saisine de la Cimade, association d'extrême gauche, dont l'action avait déjà été décisive pour empêcher l'expulsion de l'islamiste et assassin de Dominique Bernard, Mohammed Mogouchkov. Il est temps de remettre en cause ces façons de procéder qui font fi de nos décisions juridictionnelles et rendent l'État impuissant.

Par ailleurs, le droit au regroupement familial est déduit, par la Cour européenne des droits de l'homme, du droit à la protection de la vie privée et familiale défini à l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme.

Nous sommes soumis, pieds et poings liés, au droit international, qui ne prend en compte que les droits des personnes, mais ne connaît pas le droit des peuples.

La CEDH interdit l'expulsion des clandestins dangereux lorsqu'il existe un risque qu'ils subissent de mauvais traitements dans leur pays d'origine. La CJUE interdit d'infliger des sanctions pénales à des clandestins. La CEDH condamne la reconduite d'une embarcation interceptée en mer dans son pays de provenance. C'est pour cette raison et pour faciliter les expulsions des migrants que le ministre britannique de l'immigration, Robert Jenrick a évoqué un retrait possible du Royaume-Uni de la Convention européenne des droits de l'homme. M. Darmanin a aussi admis que nous pourrions faire fi de ces jurisprudences dangereuses en matière d'expulsions.

Dès lors, sortons notre droit de ce carcan !

Photo de Alain Marc

La discussion générale est close.

Nous passons à la discussion du texte de la commission.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Ces régimes, définis aux articles 9 et 10, ne donnent pas les mêmes garanties aux étrangers ni les mêmes prérogatives à l’État. Le ministère de l’intérieur préfère procéder à des expulsions, car c’est plus rapide et plus efficace.

Nous souhaitons « faire sauter » les protections, à l’exception de celle, d’ordre judiciaire, qui est relative au respect de la Convention européenne sur l’exercice des droits des enfants. J’y insiste : les personnes qui ont commis des crimes ou des délits lorsqu’elles étaient mineures ne sont pas concernées par la levée des protections. En revanche, nous souhaitons supprimer les huit autres protections existantes.

Nous avons donc proposé une rédaction tenant compte de l’avis du Conseil d’État, même si celle-ci semblait un peu moins claire que celle qui était prévue initialement…

La commission a donc eu raison de chercher à préciser la rédaction, au regard de l’avis du Conseil d’État. Sur mon initiative, le Gouvernement a déposé un amendement sur l’article 10, dont la rédaction me semble encore plus claire. J’espère que nous parviendrons, avec les rapporteurs, à une solution commune. Il s’agit de prendre le risque, en effet, de supprimer l’intégralité des protections, sauf celle qui est relative aux mineurs, pour revenir à la rédaction initiale du projet de loi.

Rien ne serait pire, toutefois, qu’une mesure aussi centrale dans le projet de loi soit censurée par le Conseil constitutionnel.

Gérald Darmanin

Je pense qu’il est possible de trouver une rédaction adéquate. En tout cas, le Gouvernement est animé de la même volonté que la commission de chercher à éliminer les protections et les exceptions, qui donnent lieu à des jurisprudences interminables.

Vous avez aussi évoqué le délit de séjour irrégulier, qui a été supprimé en décembre 2012 par la précédente majorité, lorsque François Hollande était Président de la République. J’étais député à l’époque et j’ai voté contre.

L’honnêteté me pousse à vous dire que c’est malheureusement une directive européenne élaborée par le parti populaire européen (PPE) qui a abouti à la suppression de ce délit.

Photo de Philippe Bonnecarrere

Chacun comprend qu'aucun amendement ne peut modifier la hiérarchie des normes juridiques ni nous soustraire à la primauté du droit européen. L'avis de la commission est donc défavorable.

Photo de Bruno Retailleau

Elle rendait impossible la peine de prison, mais pas l’amende.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Je pense qu’il est possible de trouver une rédaction adéquate. En tout cas, le Gouvernement est animé de la même volonté que la commission de chercher à éliminer les protections et les exceptions, qui donnent lieu à des jurisprudences interminables.

Vous avez aussi évoqué le délit de séjour irrégulier, qui a été supprimé en décembre 2012 par la précédente majorité, lorsque François Hollande était Président de la République. J’étais député à l’époque et j’ai voté contre.

L’honnêteté me pousse à vous dire que c’est malheureusement une directive européenne élaborée par le parti populaire européen (PPE) qui a abouti à la suppression de ce délit.

Avant l'article 1er A

Gérald Darmanin

Certes, mais il faut reconnaître que ce texte n’est pas ce que l’on a fait de mieux !

Il existe toutefois toujours un délit de maintien sur le territoire, que la police utilise peu. J’ai donné instruction aux services, il y a plus d’un an et demi, d’y recourir davantage. Je note d’ailleurs que la commission a réintroduit non pas des peines de prison, mais une amende en cas de situation irrégulière sur le territoire. Je serai favorable à cette mesure, qui existe dans d’autres pays européens et qui n’est pas contraire au droit européen. Une telle mesure manque aujourd’hui ; elle paraît de nature à renforcer l’efficacité de nos services de police.

Je suis très attaché à la disposition que le président Buffet a fait introduire dans le texte visant à prévoir des restrictions à la délivrance de visas à l’encontre des pays qui ne délivrent pas de laissez-passer consulaires.

Certes, ce n’est pas la panacée, mais les ministres de l’intérieur de ces pays me disent qu’ils appliquent notre droit, mais que celui-ci ne permet pas de conditionner l’octroi des visas à celui des laissez-passer consulaires. Il convient donc d’adopter cette disposition : quand un pays ne délivre aucun laissez-passer consulaire, il n’y a pas de raison de délivrer plus de visas à ses ressortissants que de coutume. C’est très important.

La difficulté, vous le savez bien, monsieur le président de la commission, c’est qu’il s’agit d’un sujet européen. Le Président de la République a été courageux en décidant de restreindre les visas pour les ressortissants des pays du Maghreb. Mais comme l’Espagne octroie des visas, ces personnes essaient de passer par ce pays. Nous plaidons pour un travail commun sur ce sujet à l’échelon européen et défendons ces dispositions. J’ai bon espoir qu’elles pourront être adoptées cette année. De telles mesures ont déjà été adoptées pour l’Irak – même si peu de ses ressortissants sont concernés – ; il faut désormais faire de même avec les pays du Maghreb. Toutefois, ce n’est pas parce que le problème appelle une solution européenne qu’il ne faut pas commencer par agir en France. Je donnerai donc un avis favorable à l’adoption de ces mesures.

Monsieur Patient, je le redis, nous allons traduire directement dans la loi, et non pas par voie d’ordonnance, les mesures d’adaptation pour les collectivités d’outre-mer, hormis pour celles qui relèvent de l’article 74 de la Constitution – le droit en vigueur en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie est en effet très différent. Les mesures concernant les territoires ultramarins méritent d’être examinées dans un débat au Parlement, et non d’être renvoyées à un examen dans le clair-obscur des bureaux des ministères. Je remercie d’ailleurs mes services d’avoir réfléchi à ce sujet, afin que nous puissions aborder ce point, dès l’examen au Sénat.

Je suis aussi extrêmement favorable aux amendements que vous proposez relatifs à Mayotte et à la Guyane. Vous avez raison de souligner qu’il existe un détournement du droit d’asile par le biais du Brésil et que les Guyanais subissent cette situation. Il convient que cela change.

J’indique d’ailleurs que l’adoption de ces dispositions qui relèvent de la loi ordinaire ne doit pas nous interdire d’envisager, si l’on veut aller plus loin pour aider les Mahorais et les Guyanais, d’adopter d’autres mesures d’ordre constitutionnel relatives au droit du sol ou au droit du sang, notamment à Mayotte.

Je tiens à remercier en conclusion tous les orateurs et j’espère que nous aurons un débat de qualité dans les jours qui viennent.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Retailleau

Elle rendait impossible la peine de prison, mais pas l’amende.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

L'amendement n° 518 rectifié, présenté par MM. Ravier et Rochette, est ainsi libellé :

Avant l'article 1er A

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

À l'article L. 110-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, les mots : «, sous réserve du droit de l'Union européenne et des conventions internationales » sont supprimés.

La parole est à M. Stéphane Ravier.

Photo de Alain Marc

La discussion générale est close.

Nous passons à la discussion du texte de la commission.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Certes, mais il faut reconnaître que ce texte n’est pas ce que l’on a fait de mieux !

Il existe toutefois toujours un délit de maintien sur le territoire, que la police utilise peu. J’ai donné instruction aux services, il y a plus d’un an et demi, d’y recourir davantage. Je note d’ailleurs que la commission a réintroduit non pas des peines de prison, mais une amende en cas de situation irrégulière sur le territoire. Je serai favorable à cette mesure, qui existe dans d’autres pays européens et qui n’est pas contraire au droit européen. Une telle mesure manque aujourd’hui ; elle paraît de nature à renforcer l’efficacité de nos services de police.

Je suis très attaché à la disposition que le président Buffet a fait introduire dans le texte visant à prévoir des restrictions à la délivrance de visas à l’encontre des pays qui ne délivrent pas de laissez-passer consulaires.

Certes, ce n’est pas la panacée, mais les ministres de l’intérieur de ces pays me disent qu’ils appliquent notre droit, mais que celui-ci ne permet pas de conditionner l’octroi des visas à celui des laissez-passer consulaires. Il convient donc d’adopter cette disposition : quand un pays ne délivre aucun laissez-passer consulaire, il n’y a pas de raison de délivrer plus de visas à ses ressortissants que de coutume. C’est très important.

La difficulté, vous le savez bien, monsieur le président de la commission, c’est qu’il s’agit d’un sujet européen. Le Président de la République a été courageux en décidant de restreindre les visas pour les ressortissants des pays du Maghreb. Mais comme l’Espagne octroie des visas, ces personnes essaient de passer par ce pays. Nous plaidons pour un travail commun sur ce sujet à l’échelon européen et défendons ces dispositions. J’ai bon espoir qu’elles pourront être adoptées cette année. De telles mesures ont déjà été adoptées pour l’Irak – même si peu de ses ressortissants sont concernés – ; il faut désormais faire de même avec les pays du Maghreb. Toutefois, ce n’est pas parce que le problème appelle une solution européenne qu’il ne faut pas commencer par agir en France. Je donnerai donc un avis favorable à l’adoption de ces mesures.

Monsieur Patient, je le redis, nous allons traduire directement dans la loi, et non pas par voie d’ordonnance, les mesures d’adaptation pour les collectivités d’outre-mer, hormis pour celles qui relèvent de l’article 74 de la Constitution – le droit en vigueur en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie est en effet très différent. Les mesures concernant les territoires ultramarins méritent d’être examinées dans un débat au Parlement, et non d’être renvoyées à un examen dans le clair-obscur des bureaux des ministères. Je remercie d’ailleurs mes services d’avoir réfléchi à ce sujet, afin que nous puissions aborder ce point, dès l’examen au Sénat.

Je suis aussi extrêmement favorable aux amendements que vous proposez relatifs à Mayotte et à la Guyane. Vous avez raison de souligner qu’il existe un détournement du droit d’asile par le biais du Brésil et que les Guyanais subissent cette situation. Il convient que cela change.

J’indique d’ailleurs que l’adoption de ces dispositions qui relèvent de la loi ordinaire ne doit pas nous interdire d’envisager, si l’on veut aller plus loin pour aider les Mahorais et les Guyanais, d’adopter d’autres mesures d’ordre constitutionnel relatives au droit du sol ou au droit du sang, notamment à Mayotte.

Je tiens à remercier en conclusion tous les orateurs et j’espère que nous aurons un débat de qualité dans les jours qui viennent.

Gérald Darmanin

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

Puisqu'il faut revoir la philosophie générale du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (Ceseda) pour être à la hauteur des enjeux, commençons par le commencement et supprimons la mention explicite, qui figure dans ce code, de la soumission de notre droit national au droit de l'Union européenne et aux conventions internationales.

En effet, des verrous juridiques supranationaux empêchent les meilleures volontés politiques d'agir. Je pense, par exemple, à certaines jurisprudences : ainsi, le 21 septembre dernier, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) s'est prononcée contre la possibilité de refouler systématiquement un ressortissant étranger entré irrégulièrement sur le territoire français. C'est une véritable dépossession de notre liberté d'agir souverainement !

Cet arrêt résulte d'ailleurs d'une saisine de la Cimade, association d'extrême gauche, dont l'action avait déjà été décisive pour empêcher l'expulsion de l'islamiste et assassin de Dominique Bernard, Mohammed Mogouchkov. Il est temps de remettre en cause ces façons de procéder qui font fi de nos décisions juridictionnelles et rendent l'État impuissant.

Par ailleurs, le droit au regroupement familial est déduit, par la Cour européenne des droits de l'homme, du droit à la protection de la vie privée et familiale défini à l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme.

Nous sommes soumis, pieds et poings liés, au droit international, qui ne prend en compte que les droits des personnes, mais ne connaît pas le droit des peuples.

La CEDH interdit l'expulsion des clandestins dangereux lorsqu'il existe un risque qu'ils subissent de mauvais traitements dans leur pays d'origine. La CJUE interdit d'infliger des sanctions pénales à des clandestins. La CEDH condamne la reconduite d'une embarcation interceptée en mer dans son pays de provenance. C'est pour cette raison, et pour faciliter les expulsions des migrants, que le ministre britannique de l'immigration, Robert Jenrick, a évoqué un retrait possible du Royaume-Uni de la Convention européenne des droits de l'homme. M. Darmanin a aussi admis que nous pourrions faire fi de ces jurisprudences dangereuses en matière d'expulsions.

Dès lors, sortons notre droit de ce carcan !

Photo de Alain Marc

La discussion générale est close.

Nous passons à la discussion du texte de la commission.

projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Chacun comprend qu'aucun amendement ne peut modifier la hiérarchie des normes juridiques ni nous soustraire à la primauté du droit européen. L'avis de la commission est donc défavorable.

Avant l’article 1er A

Photo de Alain Marc

L'amendement n° 233, présenté par M. Temal, Mmes de La Gontrie et Narassiguin, MM. Bourgi, Durain et Chaillou, Mme Harribey, M. Kerrouche, Mme Linkenheld, MM. Roiron, Tissot et Marie, Mme Brossel, M. Chantrel, Mmes Conway-Mouret et G. Jourda, M. Kanner, Mmes S. Robert et Rossignol, MM. Stanzione, M. Vallet et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Avant l'article 1er A

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Il est créée une Conférence nationale du consensus sur l'immigration, le droit d'asile et l'intégration des étrangers composée de représentants de l'État, des présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, de représentants des groupes politiques représentés à l'Assemblée nationale et au Sénat, de représentants des délégations françaises représentées au Parlement européen, du Président du Conseil économique, social et environnemental, de représentants des organisations syndicales et patronales, et des représentants des associations et organisations non gouvernementales dont l'objet statutaire comporte la défense des droits des étrangers et des demandeurs d'asile.

II. – Préalablement à leur inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale ou du Sénat, tout projet de loi relatif aux droits des étrangers et au droit d'asile est soumis pour avis à cette Conférence nationale. Cet avis est rendu public.

III. – Cette Conférence nationale se réunit au moins une fois par an afin de dresser l'état des lieux de l'application des textes et règlements en vigueur et de formuler des recommandations.

IV. – Les modalités d'application du présent article sont déterminées par décret en Conseil d'État.

La parole est à M. Rachid Temal.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

L’amendement n° 518 rectifié, présenté par MM. Ravier et Rochette, est ainsi libellé :

Avant l’article 1er A

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

À l’article L. 110-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, les mots : «, sous réserve du droit de l’Union européenne et des conventions internationales » sont supprimés.

La parole est à M. Stéphane Ravier.

Avant l’article 1er A

Debut de section - PermalienPhoto de Rachid Temal

Le texte qui nous est soumis prévoit la tenue d'un débat annuel au Parlement. Ce dernier aurait la possibilité de fixer, tous les trois ans, les objectifs en matière d'immigration.

Si nous croyons évidemment en le rôle du Parlement, nous proposons de créer, à ses côtés, une Conférence nationale du consensus sur l'immigration, le droit d'asile et l'intégration, au sein de laquelle se tiendrait chaque année un débat, associant à la fois les présidents des chambres du Parlement, les groupes parlementaires, les syndicats de salariés et d'employeurs – ce qui important lorsque l'on pense à l'article 3 – et les associations.

Le mot important, j'y insiste, est celui de « consensus ». Nous débattons parfois sans pouvoir nous appuyer sur des faits ou des statistiques. Il convient que les élus, ainsi que les entreprises et les syndicats, puissent, en responsabilité, discuter du fond des sujets, afin de faire en sorte qu'un consensus puisse émerger sur un certain nombre de questions, et que le dépôt d'un projet de loi sur l'immigration et l'intégration, par exemple, ne donne pas lieu, une nouvelle fois, à des débats vains ou politiciens, qui ne contribuent pas à l'union nationale.

Si nous, socialistes, reconnaissons, conformément à notre histoire, le droit à chaque État de choisir ceux qui rentrent à l'intérieur de ses frontières, nous considérons toutefois que nous devons avoir sur ces questions des débats construits et apaisés. C'est important dans la période que nous vivons.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

Puisqu’il faut revoir la philosophie générale du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda) pour être à la hauteur des enjeux, commençons par le commencement et supprimons la mention explicite, qui figure dans ce code, de la soumission de notre droit national au droit de l’Union européenne et aux conventions internationales.

En effet, des verrous juridiques supranationaux empêchent les meilleures volontés politiques d’agir. Je pense, par exemple, à certaines jurisprudences : ainsi, le 21 septembre dernier, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) s’est prononcée contre la possibilité de refouler systématiquement un ressortissant étranger entré irrégulièrement sur le territoire français. C’est une véritable dépossession de notre liberté d’agir souverainement !

Cet arrêt résulte d’ailleurs d’une saisine de la Cimade, association d’extrême gauche, dont l’action avait déjà été décisive pour empêcher l’expulsion de l’islamiste et assassin de Dominique Bernard, Mohammed Mogouchkov. Il est temps de remettre en cause ces façons de procéder qui font fi de nos décisions juridictionnelles et rendent l’État impuissant.

Par ailleurs, le droit au regroupement familial est déduit, par la Cour européenne des droits de l’homme, du droit à la protection de la vie privée et familiale défini à l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme.

Nous sommes soumis, pieds et poings liés, au droit international, qui ne prend en compte que les droits des personnes, mais ne connaît pas le droit des peuples.

La CEDH interdit l’expulsion des clandestins dangereux lorsqu’il existe un risque qu’ils subissent de mauvais traitements dans leur pays d’origine. La CJUE interdit d’infliger des sanctions pénales à des clandestins. La CEDH condamne la reconduite d’une embarcation interceptée en mer dans son pays de provenance. C’est pour cette raison, et pour faciliter les expulsions des migrants, que le ministre britannique de l’immigration, Robert Jenrick, a évoqué un retrait possible du Royaume-Uni de la Convention européenne des droits de l’homme. M. Darmanin a aussi admis que nous pourrions faire fi de ces jurisprudences dangereuses en matière d’expulsions.

Dès lors, sortons notre droit de ce carcan !

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

L’amendement n° 518 rectifié, présenté par MM. Ravier et Rochette, est ainsi libellé :

Avant l’article 1er A

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

À l’article L. 110-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, les mots : «, sous réserve du droit de l’Union européenne et des conventions internationales » sont supprimés.

La parole est à M. Stéphane Ravier.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

Puisqu’il faut revoir la philosophie générale du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda) pour être à la hauteur des enjeux, commençons par le commencement et supprimons la mention explicite, qui figure dans ce code, de la soumission de notre droit national au droit de l’Union européenne et aux conventions internationales.

En effet, des verrous juridiques supranationaux empêchent les meilleures volontés politiques d’agir. Je pense, par exemple, à certaines jurisprudences : ainsi, le 21 septembre dernier, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) s’est prononcée contre la possibilité de refouler systématiquement un ressortissant étranger entré irrégulièrement sur le territoire français. C’est une véritable dépossession de notre liberté d’agir souverainement !

Cet arrêt résulte d’ailleurs d’une saisine de la Cimade, association d’extrême gauche, dont l’action avait déjà été décisive pour empêcher l’expulsion de l’islamiste et assassin de Dominique Bernard, Mohammed Mogouchkov. Il est temps de remettre en cause ces façons de procéder qui font fi de nos décisions juridictionnelles et rendent l’État impuissant.

Par ailleurs, le droit au regroupement familial est déduit, par la Cour européenne des droits de l’homme, du droit à la protection de la vie privée et familiale défini à l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme.

Nous sommes soumis, pieds et poings liés, au droit international, qui ne prend en compte que les droits des personnes, mais ne connaît pas le droit des peuples.

La CEDH interdit l’expulsion des clandestins dangereux lorsqu’il existe un risque qu’ils subissent de mauvais traitements dans leur pays d’origine. La CJUE interdit d’infliger des sanctions pénales à des clandestins. La CEDH condamne la reconduite d’une embarcation interceptée en mer dans son pays de provenance. C’est pour cette raison, et pour faciliter les expulsions des migrants, que le ministre britannique de l’immigration, Robert Jenrick, a évoqué un retrait possible du Royaume-Uni de la Convention européenne des droits de l’homme. M. Darmanin a aussi admis que nous pourrions faire fi de ces jurisprudences dangereuses en matière d’expulsions.

Dès lors, sortons notre droit de ce carcan !

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Si la commission souscrit à l'objectif de faire en sorte que le débat soit apaisé, elle a émis un avis défavorable, pour deux raisons.

Tout d'abord, nous souhaitons concentrer le débat sur l'immigration, selon un tempo annuel, au Parlement ; il reviendra à ce dernier de déterminer des objectifs et, comme je l'ai indiqué, de fixer un cap. Créer des comités, entrer dans une logique de « comitologie » – veuillez me pardonner si ce terme peut sembler un petit peu discourtois – risquerait d'affaiblir la force de ce débat.

Ensuite, il convient d'éviter la confusion : la conférence nationale que vous proposez de créer comprendrait des représentants des entreprises, des syndicats, etc. Celle-ci, dès lors, marcherait sur les brisées du Conseil économique, social et environnemental (Cese).

C'est pourquoi l'avis de la commission est défavorable, je le répète, même si nous admettons que votre proposition est parfaitement défendable.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Chacun comprend qu’aucun amendement ne peut modifier la hiérarchie des normes juridiques ni nous soustraire à la primauté du droit européen. L’avis de la commission est donc défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Chacun comprend qu’aucun amendement ne peut modifier la hiérarchie des normes juridiques ni nous soustraire à la primauté du droit européen.

La commission émet donc un avis défavorable.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Chacun comprend qu’aucun amendement ne peut modifier la hiérarchie des normes juridiques ni nous soustraire à la primauté du droit européen.

La commission émet donc un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

L'amendement n° 233, présenté par M. Temal, Mmes de La Gontrie et Narassiguin, MM. Bourgi, Durain et Chaillou, Mme Harribey, M. Kerrouche, Mme Linkenheld, MM. Roiron, Tissot et Marie, Mme Brossel, M. Chantrel, Mmes Conway-Mouret et G. Jourda, M. Kanner, Mmes S. Robert et Rossignol, MM. Stanzione, M. Vallet et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Avant l'article 1er A

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Il est créée une Conférence nationale du consensus sur l'immigration, le droit d'asile et l'intégration des étrangers composée de représentants de l'État, des présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, de représentants des groupes politiques représentés à l'Assemblée nationale et au Sénat, de représentants des délégations françaises représentées au Parlement européen, du Président du Conseil économique, social et environnemental, de représentants des organisations syndicales et patronales, et des représentants des associations et organisations non gouvernementales dont l'objet statutaire comporte la défense des droits des étrangers et des demandeurs d'asile.

II. – Préalablement à leur inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale ou du Sénat, tout projet de loi relatif aux droits des étrangers et au droit d'asile est soumis pour avis à cette Conférence nationale. Cet avis est rendu public.

III. – Cette Conférence nationale se réunit au moins une fois par an afin de dresser l'état des lieux de l'application des textes et règlements en vigueur et de formuler des recommandations.

IV. – Les modalités d'application du présent article sont déterminées par décret en Conseil d'État.

La parole est à M. Rachid Temal.

Debut de section - PermalienPhoto de Rachid Temal

Le texte qui nous est soumis prévoit la tenue d'un débat annuel au Parlement. Ce dernier aurait la possibilité de fixer, tous les trois ans, les objectifs en matière d'immigration.

Si nous croyons évidemment en le rôle du Parlement, nous proposons de créer, à ses côtés, une Conférence nationale du consensus sur l'immigration, le droit d'asile et l'intégration, au sein de laquelle se tiendrait chaque année un débat, associant à la fois le président de chacune des chambres du Parlement, les groupes parlementaires, les syndicats de salariés et d'employeurs – ce qui important lorsque l'on pense à l'article 3 – et les associations.

Le mot important, j'y insiste, est celui de « consensus ». Nous débattons parfois sans pouvoir nous appuyer sur des faits ou des statistiques. Il convient que les élus, ainsi que les entreprises et les syndicats, puissent, en responsabilité, discuter du fond des sujets, afin de faire en sorte qu'un consensus puisse émerger sur un certain nombre de questions, et que le dépôt d'un projet de loi sur l'immigration et l'intégration, par exemple, ne donne pas lieu, une nouvelle fois, à des débats vains ou politiciens, qui ne contribuent pas à l'union nationale.

Si nous, socialistes, reconnaissons, conformément à notre histoire, le droit à chaque État de choisir ceux qui entrent à l'intérieur de ses frontières, nous considérons toutefois que nous devons avoir sur ces questions des débats construits et apaisés. C'est important dans la période que nous vivons.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Si la commission souscrit à l'objectif de faire en sorte que le débat soit apaisé, elle a émis un avis défavorable, pour deux raisons.

Tout d'abord, nous souhaitons concentrer le débat sur l'immigration, selon un tempo annuel, au Parlement ; il reviendra à ce dernier de déterminer des objectifs et, comme je l'ai indiqué, de fixer un cap. Créer des comités, entrer dans une logique de « comitologie » – veuillez me pardonner si ce terme peut sembler un petit peu discourtois – risquerait d'affaiblir la force de ce débat.

Ensuite, il convient d'éviter la confusion : la conférence nationale que vous proposez de créer comprendrait des représentants des entreprises, des syndicats, etc. Celle-ci, dès lors, marcherait sur les brisées du Conseil économique, social et environnemental (Cese).

C'est pourquoi l'avis de la commission est défavorable, je le répète, même si nous admettons que votre proposition est parfaitement défendable.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

L’amendement n° 233, présenté par M. Temal, Mmes de La Gontrie et Narassiguin, MM. Bourgi, Durain et Chaillou, Mme Harribey, M. Kerrouche, Mme Linkenheld, MM. Roiron, Tissot et Marie, Mme Brossel, M. Chantrel, Mmes Conway-Mouret et G. Jourda, M. Kanner, Mmes S. Robert et Rossignol, MM. Stanzione, M. Vallet et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Avant l’article 1er A

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Il est créée une Conférence nationale du consensus sur l’immigration, le droit d’asile et l’intégration des étrangers composée de représentants de l’État, des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, de représentants des groupes politiques représentés à l’Assemblée nationale et au Sénat, de représentants des délégations françaises représentées au Parlement européen, du Président du Conseil économique, social et environnemental, de représentants des organisations syndicales et patronales, et des représentants des associations et organisations non gouvernementales dont l’objet statutaire comporte la défense des droits des étrangers et des demandeurs d’asile.

II. – Préalablement à leur inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale ou du Sénat, tout projet de loi relatif aux droits des étrangers et au droit d’asile est soumis pour avis à cette Conférence nationale. Cet avis est rendu public.

III. – Cette Conférence nationale se réunit au moins une fois par an afin de dresser l’état des lieux de l’application des textes et règlements en vigueur et de formuler des recommandations.

IV. – Les modalités d’application du présent article sont déterminées par décret en Conseil d’État.

La parole est à M. Rachid Temal.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Rachid Temal

Le texte qui nous est soumis prévoit la tenue d’un débat annuel au Parlement. Ce dernier aurait la possibilité de fixer, tous les trois ans, les objectifs en matière d’immigration.

Si nous croyons évidemment en le rôle du Parlement, nous proposons de créer, à ses côtés, une Conférence nationale du consensus sur l’immigration, le droit d’asile et l’intégration, au sein de laquelle se tiendrait chaque année un débat, associant à la fois le président de chacune des chambres du Parlement, les groupes parlementaires, les syndicats de salariés et d’employeurs – ce qui important lorsque l’on pense à l’article 3 – et les associations.

Le mot important, j’y insiste, est celui de « consensus ». Nous débattons parfois sans pouvoir nous appuyer sur des faits ou des statistiques. Il convient que les élus, ainsi que les entreprises et les syndicats, puissent, en responsabilité, discuter du fond des sujets, afin de faire en sorte qu’un consensus puisse émerger sur un certain nombre de questions, et que le dépôt d’un projet de loi sur l’immigration et l’intégration, par exemple, ne donne pas lieu, une nouvelle fois, à des débats vains ou politiciens, qui ne contribuent pas à l’union nationale.

Si nous, socialistes, reconnaissons, conformément à notre histoire, le droit à chaque État de choisir ceux qui entrent à l’intérieur de ses frontières, nous considérons toutefois que nous devons avoir sur ces questions des débats construits et apaisés. C’est important dans la période que nous vivons.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

L’amendement n° 233, présenté par M. Temal, Mmes de La Gontrie et Narassiguin, MM. Bourgi, Durain et Chaillou, Mme Harribey, M. Kerrouche, Mme Linkenheld, MM. Roiron, Tissot et Marie, Mme Brossel, M. Chantrel, Mmes Conway-Mouret et G. Jourda, M. Kanner, Mmes S. Robert et Rossignol, MM. Stanzione, M. Vallet et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Avant l’article 1er A

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Il est créée une Conférence nationale du consensus sur l’immigration, le droit d’asile et l’intégration des étrangers composée de représentants de l’État, des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, de représentants des groupes politiques représentés à l’Assemblée nationale et au Sénat, de représentants des délégations françaises représentées au Parlement européen, du Président du Conseil économique, social et environnemental, de représentants des organisations syndicales et patronales, et des représentants des associations et organisations non gouvernementales dont l’objet statutaire comporte la défense des droits des étrangers et des demandeurs d’asile.

II. – Préalablement à leur inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale ou du Sénat, tout projet de loi relatif aux droits des étrangers et au droit d’asile est soumis pour avis à cette Conférence nationale. Cet avis est rendu public.

III. – Cette Conférence nationale se réunit au moins une fois par an afin de dresser l’état des lieux de l’application des textes et règlements en vigueur et de formuler des recommandations.

IV. – Les modalités d’application du présent article sont déterminées par décret en Conseil d’État.

La parole est à M. Rachid Temal.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Rachid Temal

Le texte qui nous est soumis prévoit la tenue d’un débat annuel au Parlement. Ce dernier aurait la possibilité de fixer, tous les trois ans, les objectifs en matière d’immigration.

Si nous croyons évidemment en le rôle du Parlement, nous proposons de créer, à ses côtés, une Conférence nationale du consensus sur l’immigration, le droit d’asile et l’intégration, au sein de laquelle se tiendrait chaque année un débat, associant à la fois le président de chacune des chambres du Parlement, les groupes parlementaires, les syndicats de salariés et d’employeurs – ce qui important lorsque l’on pense à l’article 3 – et les associations.

Le mot important, j’y insiste, est celui de « consensus ». Nous débattons parfois sans pouvoir nous appuyer sur des faits ou des statistiques. Il convient que les élus, ainsi que les entreprises et les syndicats, puissent, en responsabilité, discuter du fond des sujets, afin de faire en sorte qu’un consensus puisse émerger sur un certain nombre de questions, et que le dépôt d’un projet de loi sur l’immigration et l’intégration, par exemple, ne donne pas lieu, une nouvelle fois, à des débats vains ou politiciens, qui ne contribuent pas à l’union nationale.

Si nous, socialistes, reconnaissons, conformément à notre histoire, le droit à chaque État de choisir ceux qui entrent à l’intérieur de ses frontières, nous considérons toutefois que nous devons avoir sur ces questions des débats construits et apaisés. C’est important dans la période que nous vivons.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Si la commission souscrit à l’objectif de faire en sorte que le débat soit apaisé, elle a émis un avis défavorable, pour deux raisons.

Tout d’abord, nous souhaitons concentrer le débat sur l’immigration, selon un tempo annuel, au Parlement ; il reviendra à ce dernier de déterminer des objectifs et, comme je l’ai indiqué, de fixer un cap. Créer des comités, entrer dans une logique de « comitologie » – veuillez me pardonner si ce terme peut sembler un petit peu discourtois – risquerait d’affaiblir la force de ce débat.

Ensuite, il convient d’éviter la confusion : la conférence nationale que vous proposez de créer comprendrait des représentants des entreprises, des syndicats, etc. Celle-ci, dès lors, marcherait sur les brisées du Conseil économique, social et environnemental (Cese).

C’est pourquoi l’avis de la commission est défavorable, je le répète, même si nous admettons que votre proposition est parfaitement défendable.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Si la commission souscrit à l’objectif de faire en sorte que le débat soit apaisé, elle a émis un avis défavorable, pour deux raisons.

Tout d’abord, nous souhaitons concentrer le débat sur l’immigration, selon un tempo annuel, au Parlement ; il reviendra à ce dernier de déterminer des objectifs et, comme je l’ai indiqué, de fixer un cap. Créer des comités, entrer dans une logique de « comitologie » – veuillez me pardonner si ce terme peut sembler un petit peu discourtois – risquerait d’affaiblir la force de ce débat.

Ensuite, il convient d’éviter la confusion : la conférence nationale que vous proposez de créer comprendrait des représentants des entreprises, des syndicats, etc. Celle-ci, dès lors, marcherait sur les brisées du Conseil économique, social et environnemental (Cese).

C’est pourquoi l’avis de la commission est défavorable, je le répète, même si nous admettons que votre proposition est parfaitement défendable.

Photo de Alain Marc

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret, sur l'article.

Photo de Hélène Conway-Mouret

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, je voudrais, avant que le débat ne s'ouvre, dire quelques mots, qui constitueront un simple rappel, plus particulièrement à l'attention de la majorité sénatoriale.

Le texte que nous allons examiner relève, certes, de la politique intérieure de notre pays et représente une occasion de parler aux Français, comme vous l'avez justement rappelé, monsieur le ministre. Je puis néanmoins vous assurer que ce qui sera dit ici dépassera largement les murs de notre hémicycle. Notre débat sera, en effet, suivi, écouté et analysé par-delà nos frontières, et il aura des influences sur notre diplomatie.

Parce que la France a la réputation, traditionnellement, d'être une terre d'accueil et d'immigration, dans ce grand mouvement de mobilité mondiale que vous avez également évoqué dans votre intervention, monsieur le ministre, ce débat affectera le rôle et la place de notre pays dans les relations internationales.

Représentant les communautés françaises établies à l'étranger, je veux témoigner de l'érosion de notre relation avec des populations pourtant francophiles et francophones dont le désir de France a été déçu, notamment par une politique de délivrance de visas trop respective : celle-ci a été vécue comme une punition collective injuste, à laquelle vous avez heureusement mis fin.

S'agissant de Choose France, il n'y a que le ministre de l'économie pour y croire ! Ce n'est pas parce que nous durcirons les règles relatives à l'immigration et que nous ferons preuve de fermeté, que nous n'aurons pas à faire preuve de pédagogie demain sur les enjeux de notre politique migratoire, laquelle, madame la rapporteure, est une chance pour la France : une chance pour le passé et une chance pour l'avenir, ainsi que l'Institut national d'études démographiques (Ined) vient de le rappeler dans son document de travail intitulé Enjeux et perspectives démographiques en France 2020-2050.

Qui peut nier que le vieillissement généralisé des populations européennes nous impose de réfléchir de manière lucide et collective sur la question migratoire ?

Nous devons donc veiller, mes chers collègues, à ce que notre démarche ne soit pas dévoyée, et à ce que le message que nous adresserons, à l'occasion de l'examen de ce texte, ne soit pas celui d'une France qui renonce à son histoire et à certaines de ses valeurs fondamentales, au prix d'une méconnaissance de ses besoins.

Photo de Alain Marc

La parole est à M. Olivier Paccaud, sur l'article.

Photo de Olivier Paccaud

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, l'article 1er A prévoit l'instauration d'un débat annuel sur la politique migratoire. Il importe de parler d'immigration sans tabou, avec lucidité, calme, et courage peut-être aussi.

Depuis des décennies, la politique d'immigration française se fourvoie dans une ornière que l'on résumera d'un proverbe que nous connaissons tous : qui trop embrasse mal étreint.

À force d'accueillir des étrangers en trop grand nombre, nous échouons inexorablement à les intégrer, à leur offrir des perspectives désirables, à leur inspirer l'envie de s'assimiler à notre communauté, à fonder une harmonie culturelle et identitaire qui permette d'assurer la cohésion de la société, de faire Nation en somme.

Qu'on ne se méprenne pas, il s'agit non pas de tarir les flux migratoires, mais d'en retrouver la maîtrise. On ne fera pas de la France un fort Chabrol !

Il n'y a n'a rien de honteux à souhaiter reprendre le contrôle de l'immigration en France, quitte à réduire au besoin le nombre d'étrangers présents sur notre sol. Personne n'a le monopole du cœur §même si certains s'arrogent la boussole de la bonne conscience.

Un certain François Mitterrand, cela a été rappelé, ne craignait pas d'être malséant lorsqu'il reconnaissait qu'un seuil de tolérance avait été atteint dès les années 1970…

Réussir l'intégration, c'est d'abord maîtriser l'immigration, pour que celle-ci soit choisie et non pas subie. C'est mieux orienter et contrôler l'aide au développement. C'est faire reculer le communautarisme qui ronge notre vivre-ensemble.

L'immigration peut apporter des plus-values à notre pays, comme elle l'a fait jadis, et l'on pourrait à ce propos citer de superbes exemples dans les domaines politiques, artistiques ou scientifiques – Marie Curie, Gambetta, Joséphine Baker. En revanche, l'immigration massive et incontrôlée est une source de déstabilisation sociale et politique incontestable. Elle ne constitue n'est pas une chance pour notre pays aujourd'hui.

Monsieur le ministre, votre projet de loi comporte d'incontestables points positifs ; la commission des lois en a ajouté d'autres. Il reste quelques écueils, des récifs à éviter pour que votre portulan ne se brouille : je pense notamment aux fameux articles 3 et 4. Mais, quand il y a une volonté, il y a un chemin !

Article 1er A

Gérald Darmanin

Et réciproquement !

L'article L. 123-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile est ainsi rédigé :

« Art. L. 123 -1. – Les orientations pluriannuelles de la politique d'immigration et d'intégration peuvent faire l'objet d'un débat annuel au Parlement.

« Le Parlement prend alors connaissance d'un rapport du Gouvernement, rendu avant le 1er juin de chaque année, qui indique et commente, pour les dix années précédentes, en métropole et dans les outre-mer :

« 1° Le nombre des différents visas accordés et celui des demandes rejetées ;

« 2° Le nombre des différents titres de séjour accordés et celui des demandes rejetées et des renouvellements refusés ;

« 3° Le nombre d'étrangers admis au titre du regroupement familial et des autres formes de rapprochement familial ;

« 4° Le nombre d'étrangers admis aux fins d'immigration de travail ;

« 5° Le nombre d'étrangers ayant obtenu le statut de réfugié, le bénéfice de la protection subsidiaire ou le statut d'apatride, ainsi que celui des demandes rejetées ;

« 6° Le nombre de mineurs non accompagnés pris en charge par l'aide sociale à l'enfance et les conditions de leur prise en charge ;

« 7° Le nombre d'étrangers mineurs ayant fait l'objet d'un placement en rétention et la durée de celui-ci ;

« 8° Le nombre d'autorisations de travail accordées ou refusées ;

« 9° Le nombre d'étrangers ayant fait l'objet de mesures d'éloignement effectives comparé à celui des décisions prononcées ;

« 10° Les moyens et le nombre de procédures, ainsi que leur coût, mis en œuvre pour lutter contre l'entrée et le séjour irréguliers des étrangers ;

« 11° Le nombre d'attestations d'accueil présentées pour validation et le nombre d'attestations d'accueil validées ;

« 12° Les moyens mis en œuvre et les résultats obtenus dans le domaine de la lutte contre les trafics de main-d'œuvre étrangère ;

« 13° Les actions entreprises avec les pays d'origine pour mettre en œuvre une politique de gestion concertée des flux migratoires et de co-développement ;

« 14° Le nombre de contrats d'intégration républicaine souscrits en application de l'article L. 413-2 ainsi que les actions entreprises au niveau national pour favoriser l'intégration des étrangers en situation régulière en facilitant notamment leur accès à l'emploi, au logement et à la culture ;

« 15° Le nombre d'acquisitions de la nationalité française, pour chacune des procédures ;

« 16° Des indicateurs permettant d'estimer le nombre d'étrangers se trouvant en situation irrégulière sur le territoire français ;

« 17° Le nombre de personnes ayant fait l'objet d'une mesure d'assignation à résidence, le nombre des mesures de placement en rétention et la durée globale moyenne de ces dernières ;

« 18° Une évaluation qualitative du respect des orientations fixées par le schéma national d'accueil des demandeurs d'asile.

« Le Gouvernement présente, en outre, les conditions démographiques, économiques, géopolitiques, sociales et culturelles dans lesquelles s'inscrit la politique nationale d'immigration et d'intégration. Il précise les capacités d'accueil de la France. Il rend compte des actions qu'il mène pour que la politique européenne d'immigration et d'intégration soit conforme à l'intérêt national.

« Sont jointes au rapport du Gouvernement les observations de :

« a ) L'Office français de l'immigration et de l'intégration ;

« b ) L'Office français de protection des réfugiés et apatrides, qui indique l'évolution de la situation dans les pays considérés comme des pays d'origine sûrs.

« Le Sénat est consulté sur les actions conduites par les collectivités territoriales compte tenu de la politique nationale d'immigration et d'intégration.

« Le Parlement détermine, pour les trois années à venir, le nombre des étrangers admis à s'installer durablement en France, pour chacune des catégories de séjour à l'exception de l'asile, compte tenu de l'intérêt national. L'objectif en matière d'immigration familiale est établi dans le respect des principes qui s'attachent à ce droit. »

Photo de Olivier Paccaud

J'espère, monsieur le ministre, que votre pragmatisme saura le trouver.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret, sur l'article.

Sourires.

Photo de Alain Marc

L'amendement n° 331 rectifié, présenté par MM. Dossus et Benarroche, Mme M. Vogel, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée et Souyris, est ainsi libellé :

Supprimer cet article.

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, je voudrais, avant que le débat ne s'ouvre, dire quelques mots, qui constitueront un simple rappel, plus particulièrement à l'attention de la majorité sénatoriale.

Le texte que nous allons examiner relève, certes, de la politique intérieure de notre pays et représente une occasion de parler aux Français, comme vous l'avez justement rappelé, monsieur le ministre. Je puis néanmoins vous assurer que ce qui sera dit ici dépassera largement les murs de notre hémicycle. Notre débat sera, en effet, suivi, écouté et analysé par-delà nos frontières, et il aura des influences sur notre diplomatie.

Parce que la France a la réputation, traditionnellement, d'être une terre d'accueil et d'immigration, dans ce grand mouvement de mobilité mondiale que vous avez également évoqué dans votre intervention, monsieur le ministre, ce débat affectera le rôle et la place de notre pays dans les relations internationales.

Représentant les communautés françaises établies à l'étranger, je veux témoigner de l'érosion de notre relation avec des populations pourtant francophiles et francophones dont le désir de France a été déçu, notamment par une politique de délivrance de visas trop respective : celle-ci a été vécue comme une punition collective injuste, à laquelle vous avez heureusement mis fin.

S'agissant de Choose France, il n'y a que le ministre de l'économie pour y croire ! Ce n'est pas parce que nous durcirons les règles relatives à l'immigration et que nous ferons preuve de fermeté, que nous n'aurons pas à faire preuve de pédagogie demain sur les enjeux de notre politique migratoire, laquelle, madame la rapporteure, est une chance pour la France : une chance pour le passé et une chance pour l'avenir, ainsi que l'Institut national d'études démographiques (Ined) vient de le rappeler dans son document de travail intitulé Enjeux et perspectives démographiques en France 2020-2050.

Qui peut nier que le vieillissement généralisé des populations européennes nous impose de réfléchir de manière lucide et collective sur la question migratoire ?

Nous devons donc veiller, mes chers collègues, à ce que notre démarche ne soit pas dévoyée, et à ce que le message que nous adresserons, à l'occasion de l'examen de ce texte, ne soit pas celui d'une France qui renonce à son histoire et à certaines de ses valeurs fondamentales, au prix d'une méconnaissance de ses besoins.

Photo de Thomas Dossus

Cet amendement vise à supprimer cet article.

Nous ne sommes pas opposés à la tenue d'un débat sur l'immigration – nous sommes nombreux sur ces bancs à vouloir discuter de cette question –, mais nous sommes opposés à la philosophie qui sous-tend cet article : l'approche quantitative de l'immigration, la politique du chiffre, qui déshumanise, comme on l'a constaté à plusieurs reprises.

Le dernier alinéa prévoit que le Parlement fixera des objectifs en la matière. C'est revenir à la logique de l'immigration choisie et non subie, pour reprendre le slogan de Nicolas Sarkozy. Cette politique a lamentablement échoué et Nicolas Sarkozy, lui-même, en est revenu, à la fin de son mandat.

Dans la mesure où nous sommes opposés à cette logique de quotas et d'objectifs que nous n'atteindrons pas, nous vous proposons de supprimer cet article.

Article 1er A

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Paccaud

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, l'article 1er A prévoit l'instauration d'un débat annuel sur la politique migratoire. Il importe de parler d'immigration sans tabou, avec lucidité, calme, et courage peut-être aussi.

Depuis des décennies, la politique d'immigration française se fourvoie dans une ornière que l'on résumera d'un proverbe que nous connaissons tous : qui trop embrasse mal étreint.

À force d'accueillir des étrangers en trop grand nombre, nous échouons inexorablement à les intégrer, à leur offrir des perspectives désirables, à leur inspirer l'envie de s'assimiler à notre communauté, à fonder une harmonie culturelle et identitaire qui permette d'assurer la cohésion de la société, de faire Nation en somme.

Qu'on ne se méprenne pas, il s'agit non pas de tarir les flux migratoires, mais d'en retrouver la maîtrise. On ne fera pas de la France un fort Chabrol !

Il n'y a n'a rien de honteux à souhaiter reprendre le contrôle de l'immigration en France, quitte à réduire au besoin le nombre d'étrangers présents sur notre sol. Personne n'a le monopole du cœur §même si certains s'arrogent la boussole de la bonne conscience.

Un certain François Mitterrand, cela a été rappelé, ne craignait pas d'être malséant lorsqu'il reconnaissait qu'un seuil de tolérance avait été atteint dès les années 1970…

Réussir l'intégration, c'est d'abord maîtriser l'immigration, pour que celle-ci soit choisie et non pas subie. C'est mieux orienter et contrôler l'aide au développement. C'est faire reculer le communautarisme qui ronge notre vivre-ensemble.

L'immigration peut apporter des plus-values à notre pays, comme elle l'a fait jadis, et l'on pourrait à ce propos citer de superbes exemples dans les domaines politiques, artistiques ou scientifiques – Marie Curie, Gambetta, Joséphine Baker. En revanche, l'immigration massive et incontrôlée est une source de déstabilisation sociale et politique incontestable. Elle ne constitue n'est pas une chance pour notre pays aujourd'hui.

Monsieur le ministre, votre projet de loi comporte d'incontestables points positifs ; la commission des lois en a ajouté d'autres. Il reste quelques écueils, des récifs à éviter pour que votre portulan ne se brouille : je pense notamment aux fameux articles 3 et 4. Mais, quand il y a une volonté, il y a un chemin !

L’article L. 123-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile est ainsi rédigé :

« Art. L. 123 -1. – Les orientations pluriannuelles de la politique d’immigration et d’intégration peuvent faire l’objet d’un débat annuel au Parlement.

« Le Parlement prend alors connaissance d’un rapport du Gouvernement, rendu avant le 1er juin de chaque année, qui indique et commente, pour les dix années précédentes, en métropole et dans les outre-mer :

« 1° Le nombre des différents visas accordés et celui des demandes rejetées ;

« 2° Le nombre des différents titres de séjour accordés et celui des demandes rejetées et des renouvellements refusés ;

« 3° Le nombre d’étrangers admis au titre du regroupement familial et des autres formes de rapprochement familial ;

« 4° Le nombre d’étrangers admis aux fins d’immigration de travail ;

« 5° Le nombre d’étrangers ayant obtenu le statut de réfugié, le bénéfice de la protection subsidiaire ou le statut d’apatride, ainsi que celui des demandes rejetées ;

« 6° Le nombre de mineurs non accompagnés pris en charge par l’aide sociale à l’enfance et les conditions de leur prise en charge ;

« 7° Le nombre d’étrangers mineurs ayant fait l’objet d’un placement en rétention et la durée de celui-ci ;

« 8° Le nombre d’autorisations de travail accordées ou refusées ;

« 9° Le nombre d’étrangers ayant fait l’objet de mesures d’éloignement effectives comparé à celui des décisions prononcées ;

« 10° Les moyens et le nombre de procédures, ainsi que leur coût, mis en œuvre pour lutter contre l’entrée et le séjour irréguliers des étrangers ;

« 11° Le nombre d’attestations d’accueil présentées pour validation et le nombre d’attestations d’accueil validées ;

« 12° Les moyens mis en œuvre et les résultats obtenus dans le domaine de la lutte contre les trafics de main-d’œuvre étrangère ;

« 13° Les actions entreprises avec les pays d’origine pour mettre en œuvre une politique de gestion concertée des flux migratoires et de co-développement ;

« 14° Le nombre de contrats d’intégration républicaine souscrits en application de l’article L. 413-2 ainsi que les actions entreprises au niveau national pour favoriser l’intégration des étrangers en situation régulière en facilitant notamment leur accès à l’emploi, au logement et à la culture ;

« 15° Le nombre d’acquisitions de la nationalité française, pour chacune des procédures ;

« 16° Des indicateurs permettant d’estimer le nombre d’étrangers se trouvant en situation irrégulière sur le territoire français ;

« 17° Le nombre de personnes ayant fait l’objet d’une mesure d’assignation à résidence, le nombre des mesures de placement en rétention et la durée globale moyenne de ces dernières ;

« 18° Une évaluation qualitative du respect des orientations fixées par le schéma national d’accueil des demandeurs d’asile.

« Le Gouvernement présente, en outre, les conditions démographiques, économiques, géopolitiques, sociales et culturelles dans lesquelles s’inscrit la politique nationale d’immigration et d’intégration. Il précise les capacités d’accueil de la France. Il rend compte des actions qu’il mène pour que la politique européenne d’immigration et d’intégration soit conforme à l’intérêt national.

« Sont jointes au rapport du Gouvernement les observations de :

« a) L’Office français de l’immigration et de l’intégration ;

« b) L’Office français de protection des réfugiés et apatrides, qui indique l’évolution de la situation dans les pays considérés comme des pays d’origine sûrs.

« Le Sénat est consulté sur les actions conduites par les collectivités territoriales compte tenu de la politique nationale d’immigration et d’intégration.

« Le Parlement détermine, pour les trois années à venir, le nombre des étrangers admis à s’installer durablement en France, pour chacune des catégories de séjour à l’exception de l’asile, compte tenu de l’intérêt national. L’objectif en matière d’immigration familiale est établi dans le respect des principes qui s’attachent à ce droit. »

Article 1er A

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Avis défavorable.

La commission souhaite rétablir le rôle du Parlement sur ces sujets. Nous voulons non seulement instaurer un débat annuel, mais aussi que le Parlement fixe des objectifs, lorsque cela est possible : tel n'est pas le cas pour le droit d'asile et pour le regroupement familial, mais il est tout à fait envisageable de fixer des plafonds et des règles pour les titres à caractère professionnel.

Ce débat constituerait aussi l'occasion pour la société française d'avoir, par l'intermédiaire de ses parlementaires, un débat – M. Paccaud en évoquait l'intérêt – aussi complet que possible, à partir d'un ensemble de données assez large, comme le texte le prévoit. Cette discussion serait, selon nous, intéressante. Nous mesurons bien les difficultés, qui ont été soulignées par Mme Conway-Mouret et qui le seront aussi sans doute par ses collègues représentant les Français établis hors de France, relatives au difficile équilibre entre la politique diplomatique et les politiques régaliennes d'immigration. Mais c'est bien au Parlement que ce débat doit avoir lieu.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Et réciproquement !

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret, sur l’article.

L’article L. 123-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile est ainsi rédigé :

« Art. L. 123 -1. – Les orientations pluriannuelles de la politique d’immigration et d’intégration peuvent faire l’objet d’un débat annuel au Parlement.

« Le Parlement prend alors connaissance d’un rapport du Gouvernement, rendu avant le 1er juin de chaque année, qui indique et commente, pour les dix années précédentes, en métropole et dans les outre-mer :

« 1° Le nombre des différents visas accordés et celui des demandes rejetées ;

« 2° Le nombre des différents titres de séjour accordés et celui des demandes rejetées et des renouvellements refusés ;

« 3° Le nombre d’étrangers admis au titre du regroupement familial et des autres formes de rapprochement familial ;

« 4° Le nombre d’étrangers admis aux fins d’immigration de travail ;

« 5° Le nombre d’étrangers ayant obtenu le statut de réfugié, le bénéfice de la protection subsidiaire ou le statut d’apatride, ainsi que celui des demandes rejetées ;

« 6° Le nombre de mineurs non accompagnés pris en charge par l’aide sociale à l’enfance et les conditions de leur prise en charge ;

« 7° Le nombre d’étrangers mineurs ayant fait l’objet d’un placement en rétention et la durée de celui-ci ;

« 8° Le nombre d’autorisations de travail accordées ou refusées ;

« 9° Le nombre d’étrangers ayant fait l’objet de mesures d’éloignement effectives comparé à celui des décisions prononcées ;

« 10° Les moyens et le nombre de procédures, ainsi que leur coût, mis en œuvre pour lutter contre l’entrée et le séjour irréguliers des étrangers ;

« 11° Le nombre d’attestations d’accueil présentées pour validation et le nombre d’attestations d’accueil validées ;

« 12° Les moyens mis en œuvre et les résultats obtenus dans le domaine de la lutte contre les trafics de main-d’œuvre étrangère ;

« 13° Les actions entreprises avec les pays d’origine pour mettre en œuvre une politique de gestion concertée des flux migratoires et de co-développement ;

« 14° Le nombre de contrats d’intégration républicaine souscrits en application de l’article L. 413-2 ainsi que les actions entreprises au niveau national pour favoriser l’intégration des étrangers en situation régulière en facilitant notamment leur accès à l’emploi, au logement et à la culture ;

« 15° Le nombre d’acquisitions de la nationalité française, pour chacune des procédures ;

« 16° Des indicateurs permettant d’estimer le nombre d’étrangers se trouvant en situation irrégulière sur le territoire français ;

« 17° Le nombre de personnes ayant fait l’objet d’une mesure d’assignation à résidence, le nombre des mesures de placement en rétention et la durée globale moyenne de ces dernières ;

« 18° Une évaluation qualitative du respect des orientations fixées par le schéma national d’accueil des demandeurs d’asile.

« Le Gouvernement présente, en outre, les conditions démographiques, économiques, géopolitiques, sociales et culturelles dans lesquelles s’inscrit la politique nationale d’immigration et d’intégration. Il précise les capacités d’accueil de la France. Il rend compte des actions qu’il mène pour que la politique européenne d’immigration et d’intégration soit conforme à l’intérêt national.

« Sont jointes au rapport du Gouvernement les observations de :

« a) L’Office français de l’immigration et de l’intégration ;

« b) L’Office français de protection des réfugiés et apatrides, qui indique l’évolution de la situation dans les pays considérés comme des pays d’origine sûrs.

« Le Sénat est consulté sur les actions conduites par les collectivités territoriales compte tenu de la politique nationale d’immigration et d’intégration.

« Le Parlement détermine, pour les trois années à venir, le nombre des étrangers admis à s’installer durablement en France, pour chacune des catégories de séjour à l’exception de l’asile, compte tenu de l’intérêt national. L’objectif en matière d’immigration familiale est établi dans le respect des principes qui s’attachent à ce droit. »

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Paccaud

J'espère, monsieur le ministre, que votre pragmatisme saura le trouver.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, je voudrais, avant que le débat ne s’ouvre, dire quelques mots, qui constitueront un simple rappel, plus particulièrement à l’attention de la majorité sénatoriale.

Le texte que nous allons examiner relève, certes, de la politique intérieure de notre pays et représente une occasion de parler aux Français, comme vous l’avez justement rappelé, monsieur le ministre. Je puis néanmoins vous assurer que ce qui sera dit ici dépassera largement les murs de notre hémicycle. Notre débat sera, en effet, suivi, écouté et analysé par-delà nos frontières, et il aura des influences sur notre diplomatie.

Parce que la France a la réputation, traditionnellement, d’être une terre d’accueil et d’immigration, dans ce grand mouvement de mobilité mondiale que vous avez également évoqué dans votre intervention, monsieur le ministre, ce débat affectera le rôle et la place de notre pays dans les relations internationales.

Représentant les communautés françaises établies à l’étranger, je veux témoigner de l’érosion de notre relation avec des populations pourtant francophiles et francophones dont le désir de France a été déçu, notamment par une politique de délivrance de visas trop respective : celle-ci a été vécue comme une punition collective injuste, à laquelle vous avez heureusement mis fin.

S’agissant de Choose France, il n’y a que le ministre de l’économie pour y croire ! Ce n’est pas parce que nous durcirons les règles relatives à l’immigration et que nous ferons preuve de fermeté, que nous n’aurons pas à faire preuve de pédagogie demain sur les enjeux de notre politique migratoire, laquelle, madame la rapporteure, est une chance pour la France : une chance pour le passé et une chance pour l’avenir, ainsi que l’Institut national d’études démographiques (Ined) vient de le rappeler dans son document de travail intitulé Enjeux et perspectives démographiques en France 2020-2050.

Qui peut nier que le vieillissement généralisé des populations européennes nous impose de réfléchir de manière lucide et collective sur la question migratoire ?

Nous devons donc veiller, mes chers collègues, à ce que notre démarche ne soit pas dévoyée, et à ce que le message que nous adresserons, à l’occasion de l’examen de ce texte, ne soit pas celui d’une France qui renonce à son histoire et à certaines de ses valeurs fondamentales, au prix d’une méconnaissance de ses besoins.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, je voudrais, avant que le débat ne s’ouvre, dire quelques mots, qui constitueront un simple rappel, plus particulièrement à l’attention de la majorité sénatoriale.

Le texte que nous allons examiner relève, certes, de la politique intérieure de notre pays et représente une occasion de parler aux Français, comme vous l’avez justement rappelé, monsieur le ministre. Je puis néanmoins vous assurer que ce qui sera dit ici dépassera largement les murs de notre hémicycle. Notre débat sera, en effet, suivi, écouté et analysé par-delà nos frontières, et il aura des influences sur notre diplomatie.

Parce que la France a la réputation, traditionnellement, d’être une terre d’accueil et d’immigration, dans ce grand mouvement de mobilité mondiale que vous avez également évoqué dans votre intervention, monsieur le ministre, ce débat affectera le rôle et la place de notre pays dans les relations internationales.

Représentant les communautés françaises établies à l’étranger, je veux témoigner de l’érosion de notre relation avec des populations pourtant francophiles et francophones dont le désir de France a été déçu, notamment par une politique de délivrance de visas trop respective : celle-ci a été vécue comme une punition collective injuste, à laquelle vous avez heureusement mis fin.

S’agissant de Choose France, il n’y a que le ministre de l’économie pour y croire ! Ce n’est pas parce que nous durcirons les règles relatives à l’immigration et que nous ferons preuve de fermeté, que nous n’aurons pas à faire preuve de pédagogie demain sur les enjeux de notre politique migratoire, laquelle, madame la rapporteure, est une chance pour la France : une chance pour le passé et une chance pour l’avenir, ainsi que l’Institut national d’études démographiques (Ined) vient de le rappeler dans son document de travail intitulé Enjeux et perspe ctives démographiques en France 2020-2050.

Qui peut nier que le vieillissement généralisé des populations européennes nous impose de réfléchir de manière lucide et collective sur la question migratoire ?

Nous devons donc veiller, mes chers collègues, à ce que notre démarche ne soit pas dévoyée et à ce que le message que nous adresserons, à l’occasion de l’examen de ce texte, ne soit pas celui d’une France qui renonce à son histoire et à certaines de ses valeurs fondamentales, au prix d’une méconnaissance de ses besoins.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret, sur l’article.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Mon propos vaudra sur cet amendement, comme sur la plupart des amendements déposés sur cet article.

Le Gouvernement n'est pas défavorable à la disposition introduite par la commission des lois du Sénat – il y est même, d'une certaine manière, très favorable.

En novembre 2019, le Premier ministre de l'époque avait organisé un comité interministériel sur l'immigration et l'intégration, qui avait acté le principe d'un débat annuel au Parlement : ce dernier, qui avait été annoncé par le Président de la République, chacun s'en souvient, devait permettre de définir annuellement des cibles ou des quotas. Cela allait dans le sens, monsieur le président de la commission des lois, monsieur le rapporteur, de votre proposition.

Le droit de l'Union européenne n'interdit évidemment pas de fixer des quotas ou des volumes d'entrée sur le territoire pour les ressortissants de pays tiers qui viennent en France dans le but d'y chercher un emploi salarié ou non salarié.

Le dispositif proposé par la commission des lois ne vise que l'immigration économique : il ne s'agit pas d'instaurer des quotas pour l'asile ou le regroupement familial – d'autres dispositions du texte concernent d'ailleurs ce sujet.

Cette disposition est donc tout à fait conforme au droit européen et elle ne semble pas non plus, à notre connaissance, non conforme à la Constitution. Le Conseil constitutionnel n'a jamais eu à statuer sur ce point : il s'était même prononcé plutôt favorablement lorsque le gouvernement, durant le quinquennat de M. Sarkozy, avait imaginé un certain nombre de dispositions afin de mettre en œuvre l'immigration choisie, sans aller d'ailleurs, à l'époque, jusqu'à l'instauration de quotas. Ce texte serait donc une concrétisation de cette démarche.

La tenue d'un débat annuel au Parlement serait utile : il est bon que le Gouvernement ait à justifier, peut-être même de façon encore plus explicite qu'il ne le fait aujourd'hui, sa politique migratoire en matière économique. Les Français et les parlementaires pourraient mieux la juger.

Le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement et soutient l'article 1er A inséré par la commission des lois.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

L'amendement n° 331 rectifié, présenté par MM. Dossus et Benarroche, Mme M. Vogel, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée et Souyris, est ainsi libellé :

Supprimer cet article.

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

La parole est à M. Olivier Paccaud, sur l’article.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, je voudrais, avant que le débat ne s’ouvre, dire quelques mots, qui constitueront un simple rappel, plus particulièrement à l’attention de la majorité sénatoriale.

Le texte que nous allons examiner relève, certes, de la politique intérieure de notre pays et représente une occasion de parler aux Français, comme vous l’avez justement rappelé, monsieur le ministre. Je puis néanmoins vous assurer que ce qui sera dit ici dépassera largement les murs de notre hémicycle. Notre débat sera, en effet, suivi, écouté et analysé par-delà nos frontières, et il aura des influences sur notre diplomatie.

Parce que la France a la réputation, traditionnellement, d’être une terre d’accueil et d’immigration, dans ce grand mouvement de mobilité mondiale que vous avez également évoqué dans votre intervention, monsieur le ministre, ce débat affectera le rôle et la place de notre pays dans les relations internationales.

Représentant les communautés françaises établies à l’étranger, je veux témoigner de l’érosion de notre relation avec des populations pourtant francophiles et francophones dont le désir de France a été déçu, notamment par une politique de délivrance de visas trop respective : celle-ci a été vécue comme une punition collective injuste, à laquelle vous avez heureusement mis fin.

S’agissant de Choose France, il n’y a que le ministre de l’économie pour y croire ! Ce n’est pas parce que nous durcirons les règles relatives à l’immigration et que nous ferons preuve de fermeté, que nous n’aurons pas à faire preuve de pédagogie demain sur les enjeux de notre politique migratoire, laquelle, madame la rapporteure, est une chance pour la France : une chance pour le passé et une chance pour l’avenir, ainsi que l’Institut national d’études démographiques (Ined) vient de le rappeler dans son document de travail intitulé Enjeux et perspe ctives démographiques en France 2020-2050.

Qui peut nier que le vieillissement généralisé des populations européennes nous impose de réfléchir de manière lucide et collective sur la question migratoire ?

Nous devons donc veiller, mes chers collègues, à ce que notre démarche ne soit pas dévoyée et à ce que le message que nous adresserons, à l’occasion de l’examen de ce texte, ne soit pas celui d’une France qui renonce à son histoire et à certaines de ses valeurs fondamentales, au prix d’une méconnaissance de ses besoins.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

La parole est à Mme Marie-Pierre de La Gontrie, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Cet amendement vise à supprimer cet article.

Nous ne sommes pas opposés à la tenue d'un débat sur l'immigration – nous sommes nombreux sur ces bancs à vouloir discuter de cette question –, mais nous sommes opposés à la philosophie qui sous-tend cet article : l'approche quantitative de l'immigration, la politique du chiffre, qui déshumanise, comme on l'a constaté à plusieurs reprises.

Le dernier alinéa prévoit que le Parlement fixera des objectifs en la matière. C'est revenir à la logique de l'immigration choisie et non subie, pour reprendre le slogan de Nicolas Sarkozy. Cette politique a lamentablement échoué et Nicolas Sarkozy, lui-même, en est revenu, à la fin de son mandat.

Dans la mesure où nous sommes opposés à cette logique de quotas et d'objectifs que nous n'atteindrons pas, nous vous proposons de supprimer cet article.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Paccaud

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, l’article 1er A prévoit l’instauration d’un débat annuel sur la politique migratoire. Il importe de parler d’immigration sans tabou, avec lucidité, calme, et courage peut-être aussi.

Depuis des décennies, la politique d’immigration française se fourvoie dans une ornière que l’on résumera d’un proverbe que nous connaissons tous : qui trop embrasse mal étreint.

À force d’accueillir des étrangers en trop grand nombre, nous échouons inexorablement à les intégrer, à leur offrir des perspectives désirables, à leur inspirer l’envie de s’assimiler à notre communauté, à fonder une harmonie culturelle et identitaire qui permette d’assurer la cohésion de la société, de faire Nation en somme.

Qu’on ne se méprenne pas, il s’agit non pas de tarir les flux migratoires, mais d’en retrouver la maîtrise. On ne fera pas de la France un fort Chabrol !

Il n’y a n’a rien de honteux à souhaiter reprendre le contrôle de l’immigration en France, quitte à réduire au besoin le nombre d’étrangers présents sur notre sol. Personne n’a le monopole du cœur §même si certains s’arrogent la boussole de la bonne conscience.

Un certain François Mitterrand, cela a été rappelé, ne craignait pas d’être malséant lorsqu’il reconnaissait qu’un seuil de tolérance avait été atteint dès les années 1970…

Réussir l’intégration, c’est d’abord maîtriser l’immigration, pour que celle-ci soit choisie et non pas subie. C’est mieux orienter et contrôler l’aide au développement. C’est faire reculer le communautarisme qui ronge notre vivre-ensemble.

L’immigration peut apporter des plus-values à notre pays, comme elle l’a fait jadis, et l’on pourrait à ce propos citer de superbes exemples dans les domaines politiques, artistiques ou scientifiques – Marie Curie, Gambetta, Joséphine Baker. En revanche, l’immigration massive et incontrôlée est une source de déstabilisation sociale et politique incontestable. Elle ne constitue n’est pas une chance pour notre pays aujourd’hui.

Monsieur le ministre, votre projet de loi comporte d’incontestables points positifs ; la commission des lois en a ajouté d’autres. Il reste quelques écueils, des récifs à éviter pour que votre portulan ne se brouille : je pense notamment aux fameux articles 3 et 4. Mais, quand il y a une volonté, il y a un chemin !

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Paccaud

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, l’article 1er A prévoit l’instauration d’un débat annuel sur la politique migratoire. Il importe de parler d’immigration sans tabou, avec lucidité, calme, et courage peut-être aussi.

Depuis des décennies, la politique d’immigration française se fourvoie dans une ornière que l’on résumera d’un proverbe que nous connaissons tous : qui trop embrasse mal étreint.

À force d’accueillir des étrangers en trop grand nombre, nous échouons inexorablement à les intégrer, à leur offrir des perspectives désirables, à leur inspirer l’envie de s’assimiler à notre communauté, à fonder une harmonie culturelle et identitaire qui permette d’assurer la cohésion de la société, de faire Nation en somme.

Qu’on ne se méprenne pas, il s’agit non pas de tarir les flux migratoires, mais d’en retrouver la maîtrise. On ne fera pas de la France un fort Chabrol !

Il n’y a rien de honteux à souhaiter reprendre le contrôle de l’immigration en France, quitte à réduire au besoin le nombre d’étrangers présents sur notre sol. Personne n’a le monopole du cœur §même si certains s’arrogent la boussole de la bonne conscience.

Un certain François Mitterrand, cela a été rappelé, ne craignait pas d’être malséant lorsqu’il reconnaissait qu’un seuil de tolérance avait été atteint dès les années 1970…

Réussir l’intégration, c’est d’abord maîtriser l’immigration, pour que celle-ci soit choisie et non pas subie. C’est mieux orienter et contrôler l’aide au développement. C’est faire reculer le communautarisme qui ronge notre vivre-ensemble.

L’immigration peut apporter des plus-values à notre pays, comme elle l’a fait jadis, et l’on pourrait à ce propos citer de superbes exemples dans les domaines politiques, artistiques ou scientifiques – Marie Curie, Gambetta, Joséphine Baker. En revanche, l’immigration massive et incontrôlée est une source de déstabilisation sociale et politique incontestable. Elle ne constitue pas une chance pour notre pays aujourd’hui.

Monsieur le ministre, votre projet de loi comporte d’incontestables points positifs ; la commission des lois en a ajouté d’autres. Il reste quelques écueils, des récifs à éviter pour que votre portulan ne se brouille : je pense notamment aux fameux articles 3 et 4. Mais, quand il y a une volonté, il y a un chemin !

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

La parole est à M. Olivier Paccaud, sur l’article.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Cet article comporte des éléments intéressants : le Parlement pourra débattre de la politique d'immigration et d'intégration sur la basse de toute une série de données et fixer des orientations dans ce domaine. Tout cela est très bien, mais la conclusion de cet article est beaucoup plus préoccupante, en tout cas de notre point de vue, puisqu'il est écrit que : « Le Parlement détermine, pour les trois années à venir, le nombre des étrangers admis à s'installer durablement en France. » En clair, c'est l'instauration d'une politique de quotas !

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Et réciproquement !

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Paccaud

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, l’article 1er A prévoit l’instauration d’un débat annuel sur la politique migratoire. Il importe de parler d’immigration sans tabou, avec lucidité, calme, et courage peut-être aussi.

Depuis des décennies, la politique d’immigration française se fourvoie dans une ornière que l’on résumera d’un proverbe que nous connaissons tous : qui trop embrasse mal étreint.

À force d’accueillir des étrangers en trop grand nombre, nous échouons inexorablement à les intégrer, à leur offrir des perspectives désirables, à leur inspirer l’envie de s’assimiler à notre communauté, à fonder une harmonie culturelle et identitaire qui permette d’assurer la cohésion de la société, de faire Nation en somme.

Qu’on ne se méprenne pas, il s’agit non pas de tarir les flux migratoires, mais d’en retrouver la maîtrise. On ne fera pas de la France un fort Chabrol !

Il n’y a rien de honteux à souhaiter reprendre le contrôle de l’immigration en France, quitte à réduire au besoin le nombre d’étrangers présents sur notre sol. Personne n’a le monopole du cœur §même si certains s’arrogent la boussole de la bonne conscience.

Un certain François Mitterrand, cela a été rappelé, ne craignait pas d’être malséant lorsqu’il reconnaissait qu’un seuil de tolérance avait été atteint dès les années 1970…

Réussir l’intégration, c’est d’abord maîtriser l’immigration, pour que celle-ci soit choisie et non pas subie. C’est mieux orienter et contrôler l’aide au développement. C’est faire reculer le communautarisme qui ronge notre vivre-ensemble.

L’immigration peut apporter des plus-values à notre pays, comme elle l’a fait jadis, et l’on pourrait à ce propos citer de superbes exemples dans les domaines politiques, artistiques ou scientifiques – Marie Curie, Gambetta, Joséphine Baker. En revanche, l’immigration massive et incontrôlée est une source de déstabilisation sociale et politique incontestable. Elle ne constitue pas une chance pour notre pays aujourd’hui.

Monsieur le ministre, votre projet de loi comporte d’incontestables points positifs ; la commission des lois en a ajouté d’autres. Il reste quelques écueils, des récifs à éviter pour que votre portulan ne se brouille : je pense notamment aux fameux articles 3 et 4. Mais, quand il y a une volonté, il y a un chemin !

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Avis défavorable.

La commission souhaite rétablir le rôle du Parlement sur ces sujets. Nous voulons non seulement instaurer un débat annuel, mais aussi que le Parlement fixe des objectifs, lorsque cela est possible : tel n'est pas le cas pour le droit d'asile et pour le regroupement familial, mais il est tout à fait envisageable de fixer des plafonds et des règles pour les titres à caractère professionnel.

Ce débat constituerait aussi l'occasion pour la société française d'avoir, par l'intermédiaire de ses parlementaires, un débat – M. Paccaud en évoquait l'intérêt – aussi complet que possible, à partir d'un ensemble de données assez large, comme le texte le prévoit. Cette discussion serait, selon nous, intéressante. Nous mesurons bien les difficultés, qui ont été soulignées par Mme Conway-Mouret et qui le seront aussi sans doute par ses collègues représentant les Français établis hors de France, relatives au délicat équilibre entre la politique diplomatique et les politiques régaliennes d'immigration. Mais c'est bien au Parlement que ce débat doit avoir lieu.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Paccaud

J’espère, monsieur le ministre, que votre pragmatisme saura le trouver.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Et réciproquement !

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Nous sommes bien d'accord !

Vous prévoyez une exception pour les demandeurs d'asile. Encore heureux ! Il n'est d'ailleurs pas possible d'instaurer des quotas en matière d'asile. Toutefois, vous voulez en établir pour les étudiants et pour le regroupement familial. Nous aurons l'occasion de reparler des étudiants tout à l'heure. En ce qui concerne le regroupement familial, la rédaction se heurte à des dispositions internationales.

Sans ce dernier alinéa, nous aurions été favorables à cet article. Mais comme nous sommes opposés à l'instauration d'une politique de quotas, dont il n'est d'ailleurs pas précisé comment elle sera mise en œuvre, nous soutiendrons l'amendement de notre collègue Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

L’amendement n° 331 rectifié, présenté par MM. Dossus et Benarroche, Mme M. Vogel, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée et Souyris, est ainsi libellé :

Supprimer cet article.

La parole est à M. Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Paccaud

J’espère, monsieur le ministre, que votre pragmatisme saura le trouver.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Mon propos vaudra sur cet amendement, comme sur la plupart des amendements déposés sur cet article.

Le Gouvernement n'est pas défavorable à la disposition introduite par la commission des lois du Sénat – il y est même, d'une certaine manière, très favorable.

En novembre 2019, le Premier ministre de l'époque avait organisé un comité interministériel sur l'immigration et l'intégration, qui avait acté le principe d'un débat annuel au Parlement : ce dernier, qui avait été annoncé par le Président de la République, chacun s'en souvient, devait permettre de définir annuellement des cibles ou des quotas. Cela allait dans le sens, monsieur le président de la commission des lois, monsieur le rapporteur, de votre proposition.

Le droit de l'Union européenne n'interdit évidemment pas de fixer des quotas ou des volumes d'entrée sur le territoire pour les ressortissants de pays tiers qui viennent en France dans le but d'y chercher un emploi salarié ou non salarié.

Le dispositif proposé par la commission des lois ne vise que l'immigration économique : il ne s'agit pas d'instaurer des quotas pour l'asile ou le regroupement familial – d'autres dispositions du texte concernent d'ailleurs ce sujet.

Cette disposition est donc tout à fait conforme au droit européen et elle ne semble pas non plus, à notre connaissance, non conforme à la Constitution. Le Conseil constitutionnel n'a jamais eu à statuer sur ce point : il s'était même prononcé plutôt favorablement lorsque le gouvernement, durant le quinquennat de M. Sarkozy, avait imaginé un certain nombre de dispositions afin de mettre en œuvre l'immigration choisie, sans aller d'ailleurs, à l'époque, jusqu'à l'instauration de quotas. Ce texte serait donc une concrétisation de cette démarche.

La tenue d'un débat annuel au Parlement serait utile : il est bon que le Gouvernement ait à justifier, peut-être même de façon encore plus explicite qu'il ne le fait aujourd'hui, sa politique migratoire en matière économique. Les Français et les parlementaires pourraient mieux la juger.

Le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement et soutient l'article 1er A inséré par la commission des lois.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Cet amendement vise à supprimer cet article.

Nous ne sommes pas opposés à la tenue d’un débat sur l’immigration – nous sommes nombreux sur ces bancs à vouloir discuter de cette question –, mais nous sommes opposés à la philosophie qui sous-tend cet article : l’approche quantitative de l’immigration, la politique du chiffre, qui déshumanise, comme on l’a constaté à plusieurs reprises.

Le dernier alinéa prévoit que le Parlement fixera des objectifs en la matière. C’est revenir à la logique de l’immigration choisie et non subie, pour reprendre le slogan de Nicolas Sarkozy. Cette politique a lamentablement échoué et Nicolas Sarkozy, lui-même, en est revenu, à la fin de son mandat.

Dans la mesure où nous sommes opposés à cette logique de quotas et d’objectifs que nous n’atteindrons pas, nous vous proposons de supprimer cet article.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

L’amendement n° 331 rectifié, présenté par MM. Dossus et Benarroche, Mme M. Vogel, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée et Souyris, est ainsi libellé :

Supprimer cet article.

La parole est à M. Thomas Dossus.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

La parole est à Mme Marie-Pierre de La Gontrie, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Thomas Dossus

Cet amendement vise à supprimer cet article.

Nous ne sommes pas opposés à la tenue d’un débat sur l’immigration – nous sommes nombreux sur ces bancs à vouloir discuter de cette question –, mais nous sommes opposés à la philosophie qui sous-tend cet article : l’approche quantitative de l’immigration, la politique du chiffre, qui déshumanise, comme on l’a constaté à plusieurs reprises.

Le dernier alinéa prévoit que le Parlement fixera des objectifs en la matière. C’est revenir à la logique de l’immigration choisie et non subie, pour reprendre le slogan de Nicolas Sarkozy. Cette politique a lamentablement échoué et Nicolas Sarkozy, lui-même, en est revenu, à la fin de son mandat.

Dans la mesure où nous sommes opposés à cette logique de quotas et d’objectifs que nous n’atteindrons pas, nous vous proposons de supprimer cet article.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures trente.

La séance est suspendue.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Cet article comporte des éléments intéressants : le Parlement pourra débattre de la politique d'immigration et d'intégration sur la basse de toute une série de données et fixer des orientations dans ce domaine. Tout cela est très bien, mais la conclusion de cet article est beaucoup plus préoccupante, en tout cas de notre point de vue, puisqu'il est écrit que : « Le Parlement détermine, pour les trois années à venir, le nombre des étrangers admis à s'installer durablement en France. » En clair, c'est l'instauration d'une politique de quotas !

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Avis défavorable.

La commission souhaite rétablir le rôle du Parlement sur ces sujets. Nous voulons non seulement instaurer un débat annuel, mais aussi que le Parlement fixe des objectifs, lorsque cela est possible : tel n’est pas le cas pour le droit d’asile et pour le regroupement familial, mais il est tout à fait envisageable de fixer des plafonds et des règles pour les titres à caractère professionnel.

Ce débat constituerait aussi l’occasion pour la société française d’avoir, par l’intermédiaire de ses parlementaires, un débat – M. Paccaud en évoquait l’intérêt – aussi complet que possible, à partir d’un ensemble de données assez large, comme le texte le prévoit. Cette discussion serait, selon nous, intéressante. Nous mesurons bien les difficultés, qui ont été soulignées par Mme Conway-Mouret et qui le seront aussi sans doute par ses collègues représentant les Français établis hors de France, relatives au délicat équilibre entre la politique diplomatique et les politiques régaliennes d’immigration. Mais c’est bien au Parlement que ce débat doit avoir lieu.

La séance, suspendue à vingt heures,

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Avis défavorable.

La commission souhaite rétablir le rôle du Parlement sur ces sujets. Nous voulons non seulement instaurer un débat annuel, mais aussi que le Parlement fixe des objectifs, lorsque cela est possible : tel n’est pas le cas pour le droit d’asile et pour le regroupement familial, mais il est tout à fait envisageable de fixer des plafonds et des règles pour les titres à caractère professionnel.

Ce débat constituerait aussi l’occasion pour la société française d’avoir, par l’intermédiaire de ses parlementaires, un débat – M. Paccaud en évoquait l’intérêt – aussi complet que possible, à partir d’un ensemble de données assez large, comme le texte le prévoit. Cette discussion serait, selon nous, intéressante. Nous mesurons bien les difficultés, qui ont été soulignées par Mme Conway-Mouret et qui le seront aussi sans doute par ses collègues représentant les Français établis hors de France, relatives au délicat équilibre entre la politique diplomatique et les politiques régaliennes d’immigration. Mais c’est bien au Parlement que ce débat doit avoir lieu.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

La séance est reprise.

Nous poursuivons la discussion du projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Nous sommes bien d'accord !

Vous prévoyez une exception pour les demandeurs d'asile. Encore heureux ! Il n'est d'ailleurs pas possible d'instaurer des quotas en matière d'asile. Toutefois, vous voulez en établir pour les étudiants et pour le regroupement familial. Nous aurons l'occasion de reparler des étudiants tout à l'heure. En ce qui concerne le regroupement familial, la rédaction se heurte à des dispositions internationales.

Sans ce dernier alinéa, nous aurions été favorables à cet article. Mais comme nous sommes opposés à l'instauration d'une politique de quotas, dont il n'est d'ailleurs pas précisé comment elle sera mise en œuvre, nous soutiendrons l'amendement de notre collègue Thomas Dossus.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Mon propos vaudra sur cet amendement, comme sur la plupart des amendements déposés sur cet article.

Le Gouvernement n’est pas défavorable à la disposition introduite par la commission des lois du Sénat – il y est même, d’une certaine manière, très favorable.

En novembre 2019, le Premier ministre de l’époque avait organisé un comité interministériel sur l’immigration et l’intégration, qui avait acté le principe d’un débat annuel au Parlement : ce dernier, qui avait été annoncé par le Président de la République, chacun s’en souvient, devait permettre de définir annuellement des cibles ou des quotas. Cela allait dans le sens, monsieur le président de la commission des lois, monsieur le rapporteur, de votre proposition.

Le droit de l’Union européenne n’interdit évidemment pas de fixer des quotas ou des volumes d’entrée sur le territoire pour les ressortissants de pays tiers qui viennent en France dans le but d’y chercher un emploi salarié ou non salarié.

Le dispositif proposé par la commission des lois ne vise que l’immigration économique : il ne s’agit pas d’instaurer des quotas pour l’asile ou le regroupement familial – d’autres dispositions du texte concernent d’ailleurs ce sujet.

Cette disposition est donc tout à fait conforme au droit européen et elle ne semble pas non plus, à notre connaissance, non conforme à la Constitution. Le Conseil constitutionnel n’a jamais eu à statuer sur ce point : il s’était même prononcé plutôt favorablement lorsque le gouvernement, durant le quinquennat de M. Sarkozy, avait imaginé un certain nombre de dispositions afin de mettre en œuvre l’immigration choisie, sans aller d’ailleurs, à l’époque, jusqu’à l’instauration de quotas. Ce texte serait donc une concrétisation de cette démarche.

La tenue d’un débat annuel au Parlement serait utile : il est bon que le Gouvernement ait à justifier, peut-être même de façon encore plus explicite qu’il ne le fait aujourd’hui, sa politique migratoire en matière économique. Les Français et les parlementaires pourraient mieux la juger.

Le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement et soutient l’article 1er A inséré par la commission des lois.

Article 1er A

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

La parole est à Mme Marie-Pierre de La Gontrie, pour explication de vote.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin

Mon propos vaudra sur cet amendement, comme sur la plupart des amendements déposés sur cet article.

Le Gouvernement n’est pas défavorable à la disposition introduite par la commission des lois du Sénat – il y est même, d’une certaine manière, très favorable.

En novembre 2019, le Premier ministre de l’époque avait organisé un comité interministériel sur l’immigration et l’intégration, qui avait acté le principe d’un débat annuel au Parlement : ce dernier, qui avait été annoncé par le Président de la République, chacun s’en souvient, devait permettre de définir annuellement des cibles ou des quotas. Cela allait dans le sens, monsieur le président de la commission des lois, monsieur le rapporteur, de votre proposition.

Le droit de l’Union européenne n’interdit évidemment pas de fixer des quotas ou des volumes d’entrée sur le territoire pour les ressortissants de pays tiers qui viennent en France dans le but d’y chercher un emploi salarié ou non salarié.

Le dispositif proposé par la commission des lois ne vise que l’immigration économique : il ne s’agit pas d’instaurer des quotas pour l’asile ou le regroupement familial – d’autres dispositions du texte concernent d’ailleurs ce sujet.

Cette disposition est donc tout à fait conforme au droit européen et elle ne semble pas non plus, à notre connaissance, non conforme à la Constitution. Le Conseil constitutionnel n’a jamais eu à statuer sur ce point : il s’était même prononcé plutôt favorablement lorsque le gouvernement, durant le quinquennat de M. Sarkozy, avait imaginé un certain nombre de dispositions afin de mettre en œuvre l’immigration choisie, sans aller d’ailleurs, à l’époque, jusqu’à l’instauration de quotas. Ce texte serait donc une concrétisation de cette démarche.

La tenue d’un débat annuel au Parlement serait utile : il est bon que le Gouvernement ait à justifier, peut-être même de façon encore plus explicite qu’il ne le fait aujourd’hui, sa politique migratoire en matière économique. Les Français et les parlementaires pourraient mieux la juger.

Le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement et soutient l’article 1er A inséré par la commission des lois.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus, au sein de l'article 1er A, aux amendements identiques n° 363 rectifié et 519.

L'amendement n° 363 rectifié est présenté par MM. Duffourg et Verzelen, Mme Lermytte et MM. Hingray, Wattebled et Gremillet.

L'amendement n° 519 est présenté par M. Ravier.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Alinéa 2

Remplacer les mots :

peuvent faire

par le mot :

font

La parole est à M. Alain Duffourg, pour présenter l'amendement n° 363 rectifié.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Cet article comporte des éléments intéressants : le Parlement pourra débattre de la politique d’immigration et d’intégration sur la basse de toute une série de données et fixer des orientations dans ce domaine. Tout cela est très bien, mais la conclusion de cet article est beaucoup plus préoccupante, en tout cas de notre point de vue, puisqu’il est écrit que : « Le Parlement détermine, pour les trois années à venir, le nombre des étrangers admis à s’installer durablement en France. » En clair, c’est l’instauration d’une politique de quotas !

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

La parole est à Mme Marie-Pierre de La Gontrie, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Duffourg

La commission des lois a introduit la possibilité d'un débat annuel au Parlement sur les orientations pluriannuelles de la politique d'immigration et d'intégration.

Nous proposons de faire de ce débat un rendez-vous régulier, sur la base du rapport annuel remis par le Gouvernement, des indicateurs qu'il contient et des perspectives qu'il trace.

La tenue annuelle d'un tel débat est justifiée par le contexte sensible, marqué par une pression migratoire accrue à l'échelle nationale et européenne et par la lutte contre le terrorisme.

Cela permettrait un contrôle régulier par le Parlement de la mise en œuvre des mesures engagées, de l'effectivité des décisions rendues par les juridictions compétentes, de la définition des choix structurants de la politique publique en matière d'immigration et d'asile, mais aussi de prendre la mesure des défis à relever dans les années suivantes.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures trente.

La séance est suspendue.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Cet article comporte des éléments intéressants : le Parlement pourra débattre de la politique d’immigration et d’intégration sur la basse de toute une série de données et fixer des orientations dans ce domaine. Tout cela est très bien, mais la conclusion de cet article est beaucoup plus préoccupante, en tout cas de notre point de vue, puisqu’il est écrit que : « Le Parlement détermine, pour les trois années à venir, le nombre des étrangers admis à s’installer durablement en France. » En clair, c’est l’instauration d’une politique de quotas !

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

La parole est à M. Stéphane Ravier, pour présenter l'amendement n° 519.

La séance, suspendue à vingt heures,

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Nous sommes bien d’accord !

Vous prévoyez une exception pour les demandeurs d’asile. Encore heureux ! Il n’est d’ailleurs pas possible d’instaurer des quotas en matière d’asile. Toutefois, vous voulez en établir pour les étudiants et pour le regroupement familial. Nous aurons l’occasion de reparler des étudiants tout à l’heure. En ce qui concerne le regroupement familial, la rédaction se heurte à des dispositions internationales.

Sans ce dernier alinéa, nous aurions été favorables à cet article. Mais comme nous sommes opposés à l’instauration d’une politique de quotas, dont il n’est d’ailleurs pas précisé comment elle sera mise en œuvre, nous soutiendrons l’amendement de notre collègue Thomas Dossus.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

Le Parlement débat annuellement de la maîtrise des dépenses publiques ou du rapport de la Cour des comptes.

Or la politique migratoire n'est en aucun cas moins importante que la maîtrise des dépenses publiques : l'une et l'autre sont étroitement intriquées.

La politique d'immigration nous coûte 35 milliards d'euros par an selon l'OCDE, et plus de 54 milliards d'euros selon le démographe Jean-Paul Gourévitch.

Mes chers collègues, avons-nous encore le droit de faire part au Gouvernement de l'avis des Français sur cette gabegie ?

La politique migratoire trace un cap politique, une ligne directrice qui engage notre pays, non pas pour l'année ou les cinq ans qui viennent, mais pour les dix, vingt ou cinquante prochaines années. Elle est donc fondamentale.

On se remet d'un déficit, on peut réduire les dépenses et augmenter les recettes, mais un peuple qui est altéré dans sa substance même ne peut pas, fondamentalement, revenir à sa forme d'origine.

Deux millions de personnes sont entrées sur notre sol depuis le début du mandat d'Emmanuel Macron. Nous battons des records de non-exécution des expulsions et nous ne pourrions pas avoir un débat souverain au Parlement sur ce sujet !

En 2019, après l'assassinat par un terroriste islamiste de quatre fonctionnaires de police à la préfecture de Paris, le Président de la République lui-même s'était pourtant engagé à faire en sorte que le Gouvernement prononce devant le Parlement une déclaration suivie d'un débat sur la politique migratoire de notre pays, en application de l'article 50-1 de la Constitution.

Après une première déclaration en octobre de la même année, ce débat parlementaire n'a jamais été reconduit. Voilà la considération dont bénéficient les victimes et leur famille !

L'immigration est pourtant l'une des préoccupations majeures des Français pour laquelle aucun changement d'orientation politique n'a été opéré.

Pour rappel, non seulement la question migratoire n'a jamais été soumise à une consultation démocratique directe par voie référendaire, mais elle échappe également au contrôle indirect des parlementaires.

Mes chers collègues, en refusant d'inscrire dans la loi la tenue obligatoire d'un débat annuel sur l'immigration au Parlement, vous acteriez une véritable déconnexion de nos institutions avec leur socle populaire.

C'est pourquoi je sais pouvoir compter sur votre soutien et sur votre vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

La séance est reprise.

Nous poursuivons la discussion du projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Nous sommes bien d’accord !

Vous prévoyez une exception pour les demandeurs d’asile. Encore heureux ! Il n’est d’ailleurs pas possible d’instaurer des quotas en matière d’asile. Toutefois, vous voulez en établir pour les étudiants et pour le regroupement familial. Nous aurons l’occasion de reparler des étudiants tout à l’heure. En ce qui concerne le regroupement familial, la rédaction se heurte à des dispositions internationales.

Sans ce dernier alinéa, nous aurions été favorables à cet article. Mais comme nous sommes opposés à l’instauration d’une politique de quotas, dont il n’est d’ailleurs pas précisé comment elle sera mise en œuvre, nous soutiendrons l’amendement de notre collègue Thomas Dossus.

Article 1er A

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Nous ne sommes pas déconnectés. Nous avons toujours considéré que ce débat serait annuel.

La commission émet un avis favorable sur ces deux amendements identiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus, au sein de l'article 1er A, aux amendements identiques n° 363 rectifié et 519.

L'amendement n° 363 rectifié est présenté par MM. Duffourg et Verzelen, Mme Lermytte et MM. Hingray, Wattebled et Gremillet.

L'amendement n° 519 est présenté par M. Ravier.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Alinéa 2

Remplacer les mots :

peuvent faire

par le mot :

font

La parole est à M. Alain Duffourg, pour présenter l'amendement n° 363 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures trente.

La séance est suspendue.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Duffourg

La commission des lois a introduit la possibilité d'un débat annuel au Parlement sur les orientations pluriannuelles de la politique d'immigration et d'intégration.

Nous proposons de faire de ce débat un rendez-vous régulier, sur la base du rapport annuel remis par le Gouvernement, des indicateurs qu'il contient et des perspectives qu'il trace.

La tenue annuelle d'un tel débat est justifiée par le contexte sensible, marqué par une pression migratoire accrue à l'échelle nationale et européenne et par la lutte contre le terrorisme.

Cela permettrait un contrôle régulier par le Parlement de la mise en œuvre des mesures engagées, de l'effectivité des décisions rendues par les juridictions compétentes, de la définition des choix structurants de la politique publique en matière d'immigration et d'asile, mais aussi de prendre la mesure des défis à relever dans les années suivantes.

La séance, suspendue à vingt heures, est reprise à vingt-et-une heures trente, sous la présidence de Mme Sophie Primas.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures trente.

La séance est suspendue.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin, ministre

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

La parole est à M. Stéphane Ravier, pour présenter l'amendement n° 519.

La séance, suspendue à vingt heures, est reprise à vingt-et-une heures trente, sous la présidence de Mme Sophie Primas.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

Le Parlement débat annuellement de la maîtrise des dépenses publiques ou du rapport de la Cour des comptes.

Or la politique migratoire n'est en aucun cas moins importante que la maîtrise des dépenses publiques : l'une et l'autre sont étroitement intriquées.

La politique d'immigration nous coûte 35 milliards d'euros par an selon l'OCDE, et plus de 54 milliards d'euros selon le démographe Jean-Paul Gourévitch.

Mes chers collègues, avons-nous encore le droit de faire part au Gouvernement de l'avis des Français sur cette gabegie ?

La politique migratoire trace un cap politique, une ligne directrice qui engage notre pays, non pas pour l'année ou les cinq ans qui viennent, mais pour les dix, vingt ou cinquante prochaines années. Elle est donc fondamentale.

On se remet d'un déficit, on peut réduire les dépenses et augmenter les recettes, mais un peuple qui est altéré dans sa substance même ne peut pas, fondamentalement, revenir à sa forme d'origine.

Deux millions de personnes sont entrées sur notre sol depuis le début du mandat d'Emmanuel Macron. Nous battons des records de non-exécution des expulsions, et nous ne pourrions pas avoir un débat souverain au Parlement sur ce sujet !

En 2019, après l'assassinat par un terroriste islamiste de quatre fonctionnaires de police à la préfecture de Paris, le Président de la République lui-même s'était pourtant engagé à faire en sorte que le Gouvernement prononce devant le Parlement une déclaration suivie d'un débat sur la politique migratoire de notre pays, en application de l'article 50-1 de la Constitution.

Après une première déclaration en octobre de la même année, ce débat parlementaire n'a jamais été reconduit. Voilà la considération dont bénéficient les victimes et leur famille !

L'immigration est pourtant l'une des préoccupations majeures des Français, et aucun changement d'orientation politique n'a été opéré.

Pour rappel, non seulement la question migratoire n'a jamais été soumise à une consultation démocratique directe par voie référendaire, mais elle échappe également au contrôle indirect des parlementaires.

Mes chers collègues, en refusant d'inscrire dans la loi la tenue obligatoire d'un débat annuel sur l'immigration au Parlement, vous acteriez une véritable déconnexion de nos institutions avec leur socle populaire.

C'est pourquoi je sais pouvoir compter sur votre soutien et sur votre vote.

Les amendements sont adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

L'amendement n° 158, présenté par Mmes de La Gontrie et Narassiguin, MM. Bourgi, Durain et Chaillou, Mme Harribey, M. Kerrouche, Mme Linkenheld, M. Roiron, Mme Brossel, M. Chantrel, Mmes Conway-Mouret et G. Jourda, MM. Kanner et Marie, Mmes S. Robert et Rossignol, MM. Stanzione, Temal, Tissot, M. Vallet et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 3

Remplacer les mots :

avant le 1er juin de chaque année

par les mots :

à la date de son choix

La parole est à Mme Audrey Linkenheld.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Nous ne sommes pas déconnectés. Nous avons toujours considéré que ce débat serait annuel.

La commission émet un avis favorable sur ces deux amendements identiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Audrey LINKENHELD

Cet amendement porte non pas sur le débat annuel dont il a été question jusqu'à présent, mais sur le rapport sur les orientations pluriannuelles de la politique d'asile, d'immigration et d'intégration.

Le Gouvernement est censé présenter ce rapport au Parlement chaque année avant le 1er octobre. Or nous sommes au mois de novembre, nous sommes au cœur d'un débat sur un projet de loi relatif à ces questions, et il n'aura échappé à personne que nous n'avons pas reçu, pour l'année 2022, le rapport qui aurait dû être remis au Parlement avant le 1er octobre 2023.

Le Parlement n'a d'ailleurs pas reçu non plus le rapport annuel pour l'année 2021, qui aurait dû lui être transmis avant le 1er octobre 2022.

Constatant cet état de fait, qui ne nous permet pas de disposer de l'ensemble des données les plus récentes nécessaires à une discussion éclairée, le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, peut-être facétieux, mais surtout très réaliste, propose, par cet amendement, de supprimer la date obligatoire et de donner la possibilité au Gouvernement de transmettre le rapport au Parlement à la date de son choix.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin, ministre

Même avis.

Les amendements sont adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

L'amendement n° 158, présenté par Mmes de La Gontrie et Narassiguin, MM. Bourgi, Durain et Chaillou, Mme Harribey, M. Kerrouche, Mme Linkenheld, M. Roiron, Mme Brossel, M. Chantrel, Mmes Conway-Mouret et G. Jourda, MM. Kanner et Marie, Mmes S. Robert et Rossignol, MM. Stanzione, Temal, Tissot, M. Vallet et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 3

Remplacer les mots :

avant le 1er juin de chaque année

par les mots :

à la date de son choix

La parole est à Mme Audrey Linkenheld.

Debut de section - PermalienPhoto de Audrey LINKENHELD

Cet amendement porte non pas sur le débat annuel qui vient d'être évoqué, mais sur le rapport sur les orientations pluriannuelles de la politique d'asile, d'immigration et d'intégration.

Le Gouvernement est censé présenter ce rapport au Parlement chaque année avant le 1er octobre. Or nous sommes au mois de novembre, nous sommes au cœur d'un débat sur un projet de loi relatif à ces questions, et il n'aura échappé à personne que nous n'avons pas reçu, pour l'année 2022, le rapport qui aurait dû être remis au Parlement avant le 1er octobre 2023.

Le Parlement n'a d'ailleurs pas reçu non plus le rapport annuel pour l'année 2021, qui aurait dû lui être transmis avant le 1er octobre 2022.

Constatant cet état de fait, qui ne nous permet pas de disposer de l'ensemble des données les plus récentes nécessaires à une discussion éclairée, le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, peut-être un peu facétieux, mais surtout très réaliste, propose, par cet amendement, de supprimer la date obligatoire et de donner la possibilité au Gouvernement de transmettre le rapport au Parlement à la date de son choix.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

L'amendement n° 369 rectifié, présenté par MM. Duffourg et Verzelen, Mme Lermytte, M. Hingray, Mme Guidez et MM. Wattebled et Gremillet, est ainsi libellé :

Alinéa 3

Remplacer le mot :

dix

par le mot :

cinq

La parole est à M. Alain Duffourg.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Duffourg

Cet amendement tend à réduire la comparaison décennale à cinq ans au lieu des dix que prévoit le texte en discussion, la version en vigueur de l'article L. 123-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile prévoyant simplement une comparaison avec l'année écoulée.

Le Conseil d'État souligne que la politique d'immigration et d'asile a connu sept modifications législatives majeures en seize ans, le présent projet de loi étant la huitième.

Or la complexité croissante des actes, titres et procédures complique la maîtrise du droit.

Il serait plus utile d'avoir un état des lieux plus récent et de connaître les perspectives d'évolution, la question de la pertinence d'une étude systématique sur dix ans pouvant se poser.

Debut de section - PermalienPhoto de Muriel Jourda

Avis défavorable. Il nous paraît préférable de disposer d'éléments sur dix ans plutôt que sur cinq. Comme le dit l'adage : « Qui peut le plus peut le moins ! » Nonobstant ces considérations, les données en question seront, en tout état de cause, utiles à la représentation nationale.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

L'amendement n° 369 rectifié, présenté par MM. Duffourg et Verzelen, Mme Lermytte, M. Hingray, Mme Guidez et MM. Wattebled et Gremillet, est ainsi libellé :

Alinéa 3

Remplacer le mot :

dix

par le mot :

cinq

La parole est à M. Alain Duffourg.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Duffourg

Cet amendement tend à réduire la comparaison décennale à cinq ans au lieu des dix que prévoit le texte en discussion, la version en vigueur de l'article L. 123-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile prévoyant simplement une comparaison avec l'année écoulée.

Le Conseil d'État souligne que la politique d'immigration et d'asile a connu sept modifications législatives majeures en seize ans, le présent projet de loi étant la huitième.

Or la complexité croissante des actes, titres et procédures complique la maîtrise du droit.

Il serait plus utile d'avoir un état des lieux plus récent et de connaître les perspectives d'évolution, la question de la pertinence d'une étude systématique sur dix ans pouvant se poser.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

L'amendement n° 149, présenté par Mme Conway-Mouret, M. Chantrel, Mmes de La Gontrie et Narassiguin, MM. Bourgi, Durain et Chaillou, Mme Harribey, M. Kerrouche, Mme Linkenheld, M. Roiron, Mmes Brossel et G. Jourda, MM. Kanner et Marie, Mmes S. Robert et Rossignol, MM. Stanzione, Temal, Tissot, M. Vallet et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 4

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Pour les visas de long séjour portant la mention « étudiant », le rapport indique, par pays, le nombre de visas accordés et rejetés, en précisant si l'étudiant dispose d'un baccalauréat français ou d'un diplôme étranger, le délai moyen d'instruction des demandes, le nombre des avis, positifs et négatifs, émis par Campus France pour des demandes de départ vers la France, et le nombre d'étudiants qui abandonnent leurs études en France en cours de cursus.

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret.

Debut de section - PermalienPhoto de Muriel Jourda

Avis défavorable. Il nous paraît préférable de disposer d'éléments sur dix ans plutôt que sur cinq. Comme le dit l'adage : « Qui peut le plus peut le moins ! » Nonobstant ces considérations, les données en question seront, en tout état de cause, utiles à la représentation nationale.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

L'article 1er A vise notamment à enrichir le rapport annuel remis par le Gouvernement au Parlement sur les orientations pluriannuelles de la politique d'asile, d'immigration et d'intégration, afin d'accroître la transparence de l'action gouvernementale en la matière et d'accorder davantage de visibilité à la représentation nationale.

Cet amendement a le même objectif : compléter le rapport avec des données sur les conditions d'examen et de délivrance des visas long séjour délivrés aux étudiants étrangers qui poursuivent leurs études en France.

En effet, nous manquons d'informations sur la mobilité étudiante, qui est pourtant devenue en 2021 le premier motif d'admission au séjour en France.

Cette immigration régulière et contrôlée par le soin de nos agents consulaires, dont je salue ici le travail, est une source d'influence. Elle nous permet de former les élites de demain et de renforcer leurs liens avec la France, sans compter son importance pour la francophonie. Elle est aussi une source de richesse économique, puisque l'accueil d'étudiants étrangers permet à l'État de bénéficier d'enregistrer des flux financiers entrants importants, comme le souligne une étude de Campus France. Elle doit donc être soutenue, dans un contexte de compétition internationale accrue.

Les candidats rencontrent toutefois de nombreux obstacles, à commencer par les délais d'attente pour l'obtention d'un rendez-vous et pour l'instruction de leur demande.

Je vous invite donc à voter cet amendement, afin que de telles données soient transmises au Parlement.

Debut de section - PermalienPhoto de Muriel Jourda

La commission répond favorablement à cette invitation. Des données supplémentaires seront bienvenues. Avis favorable.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

L'amendement n° 149, présenté par Mme Conway-Mouret, M. Chantrel, Mmes de La Gontrie et Narassiguin, MM. Bourgi, Durain et Chaillou, Mme Harribey, M. Kerrouche, Mme Linkenheld, M. Roiron, Mmes Brossel et G. Jourda, MM. Kanner et Marie, Mmes S. Robert et Rossignol, MM. Stanzione, Temal, Tissot, M. Vallet et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 4

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Pour les visas de long séjour portant la mention « étudiant », le rapport indique, par pays, le nombre de visas accordés et rejetés, en précisant si l'étudiant dispose d'un baccalauréat français ou d'un diplôme étranger, le délai moyen d'instruction des demandes, le nombre des avis, positifs et négatifs, émis par Campus France pour des demandes de départ vers la France, et le nombre d'étudiants qui abandonnent leurs études en France en cours de cursus.

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

L'article 1er A vise notamment à enrichir le rapport annuel remis par le Gouvernement au Parlement sur les orientations pluriannuelles de la politique d'asile, d'immigration et d'intégration, afin d'accroître la transparence de l'action gouvernementale en la matière et d'accorder davantage de visibilité à la représentation nationale.

Cet amendement a le même objectif : compléter le rapport avec des données sur les conditions d'examen et de délivrance des visas long séjour aux étudiants étrangers qui poursuivent leurs études en France.

En effet, nous manquons d'informations sur la mobilité étudiante, qui est pourtant devenue en 2021 le premier motif d'admission au séjour en France.

Cette immigration régulière et contrôlée par le soin de nos agents consulaires, dont je salue ici le travail, est une source d'influence. Elle nous permet de former les élites de demain et de renforcer leurs liens avec la France, sans compter son importance pour la francophonie. Elle est aussi une source de richesse économique, puisque l'accueil d'étudiants étrangers permet à l'État d'enregistrer des flux financiers entrants importants, comme le souligne une étude de Campus France. Elle doit donc être soutenue, dans un contexte de compétition internationale accrue.

Les candidats rencontrent toutefois de nombreux obstacles, à commencer par les délais d'attente pour l'obtention d'un rendez-vous et pour l'instruction de leur demande.

Je vous invite donc à voter cet amendement, afin que de telles données soient transmises au Parlement.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

Je suis saisie de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 160, présenté par Mmes de La Gontrie et Narassiguin, MM. Bourgi, Durain et Chaillou, Mme Harribey, M. Kerrouche, Mme Linkenheld, M. Roiron, Mme Brossel, M. Chantrel, Mmes Conway-Mouret et G. Jourda, MM. Kanner et Marie, Mmes S. Robert et Rossignol, MM. Stanzione, Temal, Tissot, M. Vallet et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 10

Après le mot :

rétention

insérer les mots :

ou en zone d'attente

La parole est à Mme Corinne Narassiguin.

Debut de section - PermalienPhoto de Muriel Jourda

La commission répond favorablement à cette invitation. Des données supplémentaires seront bienvenues. Avis favorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Cet amendement vise à modifier le contenu du rapport prévu à l'article 1er A.

Nous sommes en effet particulièrement préoccupés par la question de l'accueil des mineurs. Nous savons qu'il y a par ailleurs une inquiétude générale quant à l'augmentation du nombre de mineurs que nous devons accueillir et aux conditions dans lesquelles nous le faisons.

Nous demandons que le rapport comporte des éléments chiffrés sur le nombre de mineurs étrangers placés en zone d'attente. Cela permettrait de disposer de données beaucoup plus complètes et de vérifier que ces mineurs sont bien accueillis dans le respect du droit.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

L'amendement n° 311 rectifié, présenté par M. Benarroche, Mme M. Vogel, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée et Souyris, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 20

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« ...°L'ensemble des données relatives à la mise en œuvre des mesures de rétention, de maintien en zone d'attente et d'assignation à résidence ayant concerné des mineurs accompagnants ou non accompagnés ;

La parole est à M. Guy Benarroche.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Le nouvel article 1er A a pour objet d'instaurer une discussion annuelle entre le Parlement et le Gouvernement sur les orientations pluriannuelles de la politique d'immigration et d'intégration.

Il prévoit la communication par le pouvoir exécutif au pouvoir législatif d'un certain nombre de données permettant un dialogue fondé sur des faits partagés.

Notre groupe ne peut pas soutenir les dispositions du texte enjoignant le Parlement à déterminer le nombre d'étrangers admis à s'installer durablement en France pour chacune des catégories de séjour.

Néanmoins, nous irons dans le sens de la majorité sénatoriale sur la nécessité d'une plus grande transparence dans les données de traitement des étrangers sur notre sol.

L'opacité des pratiques relatives à l'enfermement administratif des mineurs dans toutes ses formes nous inquiète particulièrement.

Aujourd'hui, les données sont disparates. Elles sont principalement recueillies par les associations qui interviennent dans des lieux de privation de liberté, y compris les zones d'attente.

Un certain nombre de données, notamment le nombre d'enfants dont les parents sont visés par une mesure d'assignation à résidence, ne sont pas rendues publiques.

Par le présent amendement, nous souhaitons obtenir de telles données de la part de l'exécutif.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Comme l'a indiqué M. le ministre tout à l'heure, il n'y a plus de mineurs dans les centres de rétention.

Les auteurs de l'amendement n° 160 demandent au Gouvernement de faire preuve de transparence en communiquant au Parlement des éléments sur les mineurs qui se trouveraient en zone d'attente. Cela nous paraît légitime.

Ceux de l'amendement n° 311 rectifié souhaitent disposer de données chiffrées relatives non seulement aux mineurs placés en rétention ou en zone d'attente, mais également à ceux qui accompagnent leurs parents dans le cadre d'une assignation à résidence.

Compte tenu de leur rédaction, les deux amendements sont contradictoires, et l'adoption du premier, qui nous semble logique, aurait pour effet de faire tomber le second. Dans ce cas, la question que soulève M. Benarroche demeurerait. Monsieur le ministre, aurez-vous la possibilité de donner des indications quant au nombre de mineurs accompagnant leurs parents dans le cadre d'une assignation à résidence ?

La commission émet donc un avis favorable sur l'amendement n° 160. Toutefois, si celui-ci n'était pas adopté, nous serions alors favorables à l'amendement n° 311 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

Je suis saisie de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 160, présenté par Mmes de La Gontrie et Narassiguin, MM. Bourgi, Durain et Chaillou, Mme Harribey, M. Kerrouche, Mme Linkenheld, M. Roiron, Mme Brossel, M. Chantrel, Mmes Conway-Mouret et G. Jourda, MM. Kanner et Marie, Mmes S. Robert et Rossignol, MM. Stanzione, Temal, Tissot, M. Vallet et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 10

Après le mot :

rétention

insérer les mots :

ou en zone d'attente

La parole est à Mme Corinne Narassiguin.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

Cet amendement vise à modifier le contenu du rapport prévu à l'article 1er A.

Nous sommes en effet particulièrement préoccupés par la question de l'accueil des mineurs. Nous savons qu'il y a par ailleurs une inquiétude générale quant à l'augmentation du nombre de mineurs que nous devons accueillir et aux conditions dans lesquelles nous le faisons.

Nous demandons que le rapport comporte des éléments chiffrés sur le nombre de mineurs étrangers placés en zone d'attente. Cela permettrait de disposer de données beaucoup plus complètes et de vérifier que ces mineurs sont bien accueillis dans le respect du droit.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin, ministre

Même position que la commission : avis favorable sur l'amendement n° 160 et, si celui-ci n'était pas adopté, avis favorable sur l'amendement n° 311 rectifié.

L'amendement n° 160 correspond en effet plus à ce que nous pourrions proposer au Parlement.

Si le texte est voté dans les termes souhaités par le Gouvernement, il n'y aura plus aucun mineur de moins de 16 ans dans les centres de rétention, à l'exception de Mayotte, où la mesure serait reportée à 2026, pour des raisons que nous pourrons évoquer lors de l'examen des dispositions portant sur les outre-mer.

Si seuls les centres de rétention administrative (CRA) sont mentionnés, j'estime que le Gouvernement doit néanmoins fournir au Parlement toutes les données qu'il demande, qu'il s'agisse des lieux de rétention administrative (LRA), des zones d'attente ou encore des assignations à résidence.

Mesdames, messieurs les sénateurs, vous avez sans doute visité des centres de rétention administrative : sans être des lieux carcéraux, il s'agit tout de même de lieux difficiles. En dehors des bébés de quelques mois, il n'est pas souhaitable de laisser des enfants en âge de se construire évoluer dans de tels lieux pendant plusieurs jours, parfois plusieurs semaines. C'est donc une bonne politique que de vouloir les en écarter.

En revanche, pour des raisons évidentes d'efficacité, le ministère de l'intérieur peut être amené à assigner des personnes à résidence dans un hôtel ou à domicile, en attendant qu'elles soient éloignées du territoire national.

Chacun comprend que le maintien à domicile et la privation de liberté, pendant quelques instants ou quelques heures, de personnes qui sont sur le point d'être reconduites dans un avion ou à la frontière fait partie du travail de la police aux frontières.

Cela ne doit pas nécessairement se faire dans un milieu quasi carcéral, dans les centres de rétention administrative par exemple. D'ailleurs, depuis que je suis ministre de l'intérieur, j'ai souhaité que, désormais, seules des personnes radicalisées ou dangereuses pour l'ordre public y soient placées. À ce titre, les enfants doivent en être écartés, et les femmes ne devraient s'y trouver que de manière exceptionnelle.

En outre, afin d'augmenter le nombre de places disponibles, j'ai, mis fin à la plupart des lieux de famille qui existaient dans les CRA, si bien que, aujourd'hui, 98 % des personnes qui sont présentes dans les CRA sont des hommes et qu'on n'y trouve plus aucun mineur.

Permettez-moi enfin d'appeler l'attention du Parlement sur la situation particulière de Mayotte. L'idée n'est évidemment pas que la loi oublie ce territoire ; il s'agit simplement de laisser au Gouvernement le temps de prendre les dispositions adaptées.

Plus de 50 % du total des reconduites à la frontière se font depuis Mayotte ; je le précise – le Gouvernement ne triche pas ! –, les données relatives à Mayotte sont exclues des chiffres nationaux des reconduites à la frontière. Ce nombre élevé s'explique évidemment par la proximité des Comores.

Le CRA de Mayotte accueille un flux continu de familles qui, parfois, y restent seulement quelques minutes ou quelques heures. La situation sur place mérite donc d'être considérée différemment. Pour l'avoir visité plusieurs fois, je vous assure qu'il n'est pas tout à fait comparable aux CRA situés sur le territoire métropolitain.

Les reconduites à la frontière à Mayotte concernant essentiellement des familles, le Gouvernement a besoin d'un peu plus de temps – je propose une année supplémentaire – pour adapter sa politique aux spécificités de ce territoire.

En résumé, je suis tout à fait prêt à me livrer à l'exercice de transparence demandé par le Parlement.

Si l'amendement n° 160 est adopté, le Parlement pourra obtenir de la part du Gouvernement toutes les informations qu'il demande sur les zones d'attente et autres lieux de rétention.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

L'amendement n° 311 rectifié, présenté par M. Benarroche, Mme M. Vogel, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée et Souyris, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 20

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« ...°L'ensemble des données relatives à la mise en œuvre des mesures de rétention, de maintien en zone d'attente et d'assignation à résidence ayant concerné des mineurs accompagnants ou non accompagnés ;

La parole est à M. Guy Benarroche.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

La parole est à M. Guy Benarroche, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Le nouvel article 1er A a pour objet d'instaurer une discussion annuelle entre le Parlement et le Gouvernement sur les orientations pluriannuelles de la politique d'immigration et d'intégration.

Il prévoit la communication par le pouvoir exécutif au pouvoir législatif d'un certain nombre de données permettant un dialogue fondé sur des faits partagés.

Notre groupe ne peut pas soutenir les dispositions du texte enjoignant le Parlement à déterminer le nombre d'étrangers admis à s'installer durablement en France pour chacune des catégories de séjour.

Néanmoins, nous convergeons avec la majorité sénatoriale sur la nécessité d'une plus grande transparence dans les données de traitement des étrangers sur notre sol.

L'opacité des pratiques relatives à l'enfermement administratif des mineurs dans toutes ses formes nous inquiète particulièrement.

Aujourd'hui, les données sont disparates. Elles sont principalement recueillies par les associations qui interviennent dans des lieux de privation de liberté, y compris les zones d'attente.

Un certain nombre de données, notamment le nombre d'enfants dont les parents sont visés par une mesure d'assignation à résidence, ne sont pas rendues publiques.

Par le présent amendement, nous souhaitons obtenir de telles données de la part de l'exécutif.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Monsieur le ministre, je reconnais qu'il n'y a plus de mineurs de moins de 16 ans dans les centres de rétention.

Puisqu'il y aura de moins en moins de mineurs dans les CRA, les chiffres que nous demandons auront une valeur d'autant plus significative. Je remercie Mme Marie-Pierre de La Gontrie d'avoir formulé une telle demande de précision.

Mais il serait également important de connaître le nombre – j'ai noté votre engagement de nous le communiquer, monsieur le ministre – d'enfants assignés à résidence avec leurs parents.

Je maintiens donc mon amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bonnecarrere

Comme l'a indiqué M. le ministre tout à l'heure, il n'y a plus de mineurs dans les centres de rétention.

Les auteurs de l'amendement n° 160 demandent au Gouvernement de faire preuve de transparence en communiquant au Parlement des éléments sur les mineurs qui se trouveraient en zone d'attente. Cela nous paraît légitime.

Ceux de l'amendement n° 311 rectifié souhaitent disposer de données chiffrées relatives non seulement aux mineurs placés en rétention ou en zone d'attente, mais également à ceux qui accompagnent leurs parents dans le cadre d'une assignation à résidence.

Compte tenu de leur rédaction, les deux amendements sont contradictoires, et l'adoption du premier, qui nous semble logique, aurait pour effet de faire tomber le second. Dans ce cas, la question que soulève M. Benarroche demeurerait. Monsieur le ministre, aurez-vous la possibilité de donner des indications quant au nombre de mineurs accompagnant leurs parents dans le cadre d'une assignation à résidence ?

La commission émet donc un avis favorable sur l'amendement n° 160. Toutefois, si celui-ci n'était pas adopté, nous serions alors favorables à l'amendement n° 311 rectifié.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin, ministre

Monsieur le sénateur Benarroche, ne voyez nulle malice de notre part dans le fait d'avoir émis un avis favorable sur l'amendement n° 160, dont l'adoption aurait pour conséquence de faire tomber le vôtre.

D'ailleurs, si les auteurs de l'amendement n° 160 souhaitaient le rectifier pour y ajouter une référence aux mineurs assignés à résidence, je n'y verrais aucun inconvénient.

Marques d'assentiment au banc des commissions.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin, ministre

Même position que la commission : avis favorable sur l'amendement n° 160 et, si celui-ci n'était pas adopté, avis favorable sur l'amendement n° 311 rectifié.

L'amendement n° 160 correspond en effet plus à ce que nous pourrions proposer au Parlement.

Si le texte est voté dans les termes souhaités par le Gouvernement, il n'y aura plus aucun mineur de moins de 16 ans dans les centres de rétention, à l'exception de Mayotte, où la mesure serait reportée à 2026, pour des raisons que nous pourrons évoquer lors de l'examen des dispositions portant sur les outre-mer.

Si seuls les centres de rétention administrative (CRA) sont mentionnés, j'estime que le Gouvernement doit néanmoins fournir au Parlement toutes les données qu'il demande, qu'il s'agisse des lieux de rétention administrative (LRA), des zones d'attente ou encore des assignations à résidence.

Mesdames, messieurs les sénateurs, vous avez sans doute visité des centres de rétention administrative : sans être des lieux carcéraux, il s'agit tout de même de lieux difficiles. En dehors des bébés de quelques mois, il n'est pas souhaitable de laisser des enfants en âge de se construire évoluer dans de tels lieux pendant plusieurs jours, parfois plusieurs semaines. C'est donc une bonne politique que de vouloir les en écarter.

En revanche, pour des raisons évidentes d'efficacité, le ministère de l'intérieur peut être amené à assigner des personnes à résidence dans un hôtel ou à domicile, en attendant qu'elles soient éloignées du territoire national.

Chacun comprend que le maintien à domicile et la privation de liberté, pendant quelques instants ou quelques heures, de personnes qui sont sur le point d'être reconduites dans un avion ou à la frontière fait partie du travail de la police aux frontières.

Cela ne doit pas nécessairement se faire dans un milieu quasi carcéral, par exemple dans les centres de rétention administrative. D'ailleurs, depuis que je suis ministre de l'intérieur, j'ai souhaité que, désormais, seules des personnes radicalisées ou dangereuses pour l'ordre public y soient placées. À ce titre, les enfants doivent en être écartés, et les femmes ne devraient s'y trouver que de manière exceptionnelle.

En outre, afin d'augmenter le nombre de places disponibles, j'ai mis fin à la plupart des lieux de famille qui existaient dans les CRA, si bien qu'aujourd'hui, 98 % des personnes présentes dans les CRA sont des hommes et que l'on n'y trouve plus aucun mineur.

Permettez-moi enfin d'appeler l'attention du Parlement sur la situation particulière de Mayotte. L'idée n'est évidemment pas que la loi oublie ce territoire ; il s'agit simplement de laisser au Gouvernement le temps de prendre les dispositions adaptées.

Plus de 50 % des reconduites à la frontière se font depuis Mayotte ; je le précise – le Gouvernement ne triche pas ! –, les données relatives à Mayotte sont exclues des chiffres nationaux des reconduites à la frontière. Ce nombre élevé s'explique évidemment par la proximité des Comores.

Le CRA de Mayotte accueille un flux continu de familles qui, parfois, y restent seulement quelques minutes ou quelques heures. La situation sur place mérite donc d'être considérée différemment. Pour l'avoir visité plusieurs fois, je vous assure qu'il n'est pas tout à fait comparable aux CRA situés sur le territoire métropolitain.

Les reconduites à la frontière à Mayotte concernant essentiellement des familles, le Gouvernement a besoin d'un peu plus de temps – je propose une année supplémentaire – pour adapter sa politique aux spécificités de ce territoire.

En résumé, je suis tout à fait prêt à me livrer à l'exercice de transparence demandé par le Parlement.

Si l'amendement n° 160 est adopté, le Parlement pourra obtenir de la part du Gouvernement toutes les informations qu'il demande sur les zones d'attente et autres lieux de rétention.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

La parole est à M. Guy Benarroche, pour explication de vote.

La séance, suspendue à vingt-et-une heures cinquante, est reprise à vingt-et-une heures cinquante-cinq.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Monsieur le ministre, je reconnais qu'il n'y a plus de mineurs de moins de 16 ans dans les centres de rétention.

Puisqu'il y aura de moins en moins de mineurs dans les CRA, les chiffres que nous demandons auront une valeur d'autant plus significative. Je remercie Mme Marie-Pierre de La Gontrie d'avoir formulé une telle demande de précision.

Mais il serait également important de connaître le nombre – j'ai noté votre engagement de nous le communiquer, monsieur le ministre – d'enfants assignés à résidence avec leurs parents.

Je maintiens donc mon amendement.

Debut de section - Permalien
Gérald Darmanin, ministre

Monsieur le sénateur Benarroche, ne voyez aucune malice de notre part dans le fait d'avoir émis un avis favorable sur l'amendement n° 160, dont l'adoption aurait pour conséquence de faire tomber le vôtre.

D'ailleurs, si les auteurs de l'amendement n° 160 souhaitent le rectifier pour y ajouter une référence aux mineurs assignés à résidence, je n'y verrai aucun inconvénient.

Marques d'assentiment au banc des commissions.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

La séance, suspendue à vingt-et-une heures cinquante, est reprise à vingt-et-une heures cinquante-cinq.

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